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Full text of "Revue numismatique"

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MHA 
Ke yi 


REVUE 


NUMISMATIQUE 








COLLABORATEURS 


Dont les articles ont paru dans la Revue 


numismatique 


(nouvelle série , 1856 — 1862). 





MM. | 

ACY (Ernest d’), à Villers-aux-Era- 
bles : Somme). 

BARTHELEMY (Anat. de), à Cha- 
lons-sur-Marne, 

BEULE (Ernest), & Paris, 

BIGOT (A: )» à Rennes, 

BLACAS D'AULPS (Le duc de), à 
eee (Var). 

AU (L.), & Tours. 

BOUDARD , à Beziers. 

BRETAGNE, & Nancy. 

BRUGIÈRE DE LAMOTTE, à Mont- 
uçon. 

CARPENTIN (A.), à Marseille. 

CAVEDONI (L'abbé C.), & Modène. 

CHARVET (J. d à Paris. 

COCHET (L'abbé), à Dieppe. 

COHEN ( Henry), à Paris, 

COLSON (Le docteur A. ), à Noyon. 

CRAZANNES (Le baron Chaudruc 
de), à Castel-Sarrazin, 

DAUBAN ( Alfred ), à Paris. 

DELOCHE é Maximin}, à Paris, 

DENIS LAGARDE, à Brest. 

DESCHAMPS DE PAS (Louis ), à 
Saint-Omer. 

DEVILLE (Achille), à Paris. 

DUPRÉ (Prosper), à Montjay (Seine- 
et-Marne ). 

EVANS (J.), à Londres. 

FEUARDENT, à Montmartre. 

GARRUCCI (R.), à Rome. 

GAYRAUD DE SAINT-BENOIT, à 
Saint-Benoît ( Aude). 

GERY (R.),à Voiron (Isère). 

HUCHER (| Eugène), au Mans. 

HUILLARD-BREHOLLES (A.), à 

aris. 

HURON (E.), & Montoire-sur-Loir. 

JUDAS (Le docteur A. ), à Passy. 

KŒHNE (Le baron de), à Saint-Pé- 
tersbourg. 

LAGOY é Le marquis de), & Aix 
(Bouches-du-Rhône). 

LAMBERT € douard ), à Bayeux. 

LAPREVOTE, & Mirecourt (Vosges). 

LA SAUSSAYE (Louis de), & Lyon. 


MM. 


LENORMANT François), à Paris. 
LONGPÉRIER ( Adrien de), à Paris 
LONGPÉRIER-GRIMOARD (Alfred 
de). à Fongpérier ( Oise ). 
LUYNES (Le uc de), à Dampierre. 


MASSAGLI ( Ds & Lucques. 
MAXE-WERLY ( . 
MILLER { Gmmenuel ) & Paris. 
MORBIO (Carlo), & Milan, 
MULLER (Louis), à Copenhague. 
NAMUR, à Luxembourg. 
PETIGNY (Jules de), à Clénor (Loir- 
et-Cher |. 
POEY D'AVANT (F.), à Maillezais 
renee). 
PONTHIEUX (N.), à Beauvais. 
PONTON D'AMÉCOURT (Gustave), 
à Trilport (Seine et Marne), 
PORRO (Comte Jules ), à Milan. 
PROMIS (Chev. Dom. ), à Turin. 
PROKESCH-OSTEN (Baron de), a 
Constantinople. 


UCHE (D*), à Rennes. 
VALLIER (Gustave), & Grenoble. 
VASQUEZ-QUEIPO (V.), à Madrid. 


VOGUE ( Le comte Melchior de ), au 
Pezeau | he). 

WADDINGTON (W. H.), à Bourne- 
ville ( Aisne). 

WI (J. de), à Paris. 


———— 
Paris. — Imprimé par E. Taunor et C*, 26, rue Racine, près de l’Odéon. 


REVUE 


NUMISMATIQUE 


PUBLIÉE 
mn 


J. DE, WITTE 


Membre de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 
Correspondant de l'Institut 
et de la Société impériele des Antiquaires de France, 


ar 


ADRIEN DE LONGPERIER 


Membre de l'Institut ot de la Société impériale des Antiquatres de France, 
Amocié étranger de l'Académie royale des Sciences de Belgique. 


Ostendite mihi oumisma censuis... Coyus 
‘est Imago hac, et superscriptio ? 
MatTa., xx, 19-20, 


NOUVELLE SÉRIE. TOME SEPTIÈME. 


PARIS 


AU BUREAU DE LA REVUE 
CHES MM. CAMILLE ROLLIN ET FEUARDENT 
42, now Vivien. 





ee ert 
QEWYOS 


MÉMOIRES ET DISSERTATIONS 





LETTRES A M. A. DE LONGPERIER 


SUB 


LA NUMISMATIQUE GAULOISE. 
(Pl. 1.) 


Neuvième articlo.—Voir le n° 6 de 1858, p. 437; le n° 6 de 1859, p. 313; le 
n° 6 de la même année, p. 401; le n° 3 de 1860, p. 164; le n° 4, p. 249; 
le n° 5, p. 345 ; le n° 6 de la même année, p. 409, et le n° 2 de 1861, p. 77. 


XIV. 


Trouvaille de Chantenay. 


Mon cher ami, tu sais mieux que personne le parti que 
Yon peut tirer de l'étude minutieuse d'un dépôt de mon- 
paies antiques que le hasard met au jour; aussi la dé- 
couverte et la possession d’un dépôt de ce genre sont-elles 
les rêves favoris de tout numismatiste tant soit peu pas- 
sionné. Cette bonne fortune, toujours espérée, toujours 
attendue en vain, j'ai eu cet été le bonheur de la rencon- 
trer. Juge de ma joie! Un trésor de mes chères monnaies 
gauloises est tombé tout entier entre mes mains, et c’est 

1862. — 1. 1 








2 MÉMOIRES 


de la composition de ce trésor que je vais, cette fois, t'en- 
tretenir. 

Avant tout , je dois te faire partager les émotions que 
j ai savourées, et pour cela je vais te raconter le plus briè- 
vement possible toute l’histoire de ma précieuse conquête. 

Pendant que je faisais consciencieusement, au mois de 
juillet dernier, mes dévotions à la nymphe de Contrexéville, 
à qui, hélas! j'ai voué bon gré mal gré un culte assidu, je 
reçus de mon digne ami, M. Aug. Chassaing , substitut du 
procureur impérial à Cusset et numismatiste trés-distin- 
gué, ce qui ne gate rien, l'annonce d'une trouvaille de quel- 
ques centaines de pièces d'argent consulaires et gauloises, 
exhumées tout récemment sur la limite des départements 
de l'Allier et de la Nièvre. Certes, cette nouvelle était bien 
faite pour m'affriander. Je répondis courrier pour courrier, 
en suppliant M. Chassaing d'acquérir au plus vite le tout 
pour mon compte. Enfin, après quelques jours d'une 
impatience fièvreuse, je l'avoue sans scrupule, je reçus 
la bonne nouvelle, dont je commengais presque à déses- 
pérer, que le trésor en question était devenu ma propriété. 
Peu après je rentrais à Paris, et je tenais le bienheu- 
reux sac qui m apportait les vénérables reliques du temps 
passé que j'allais étudier à mon aise. Je n’eus pas le 
temps de faire plus que de jeter un coup d'œil d’amoureux 
sur.le contenu du sac en question, car je partis aussitôt 
pour la Suisse, où dans les heures de loisir que m'a laissées 
une longue saison d'eaux dans un établissement isolé, j'ai 
eu tout le temps d'examiner, de classer, de peser mon riche 
butin; cette étude m'a donné d'assez curieux résultats pour 
que je sois assuré que la communication que j'en fais par 
toi aux lecteurs de la Revue numismatique, les intéressera à 
un haut degré. 


ET DISSERTATIONS. 3 


J'avais chargé M. Chassaing de me procurer le plus pos- 
sible de détails précis sur cette importante découverte, et 
j'ai reçu de lui une lettre qui lui avait été envoyée, en ré- 
ponse à ses questions, par M. Doumet, de Moulins, par l'en- 
tremise duquel il avait pu acquérir pour moi tout le con- 
tenu de la trouvaille. Cette lettre, si obligeamment écrite 
par M. Doumet, je ne saurais mieux faire que de la trans- 
crire fidèlement. La voici donc : 

« 25 septembre 1861. 

« Les renseignements que je puis vous fournir sur la 
trouvaille des médailles de Chantenay sont, à mon grand 
regret, très-imparfaits et peu détaillés. Vous connaissez le 
paysan, toujours défiant et dissimulé; voici donc tout ce 
que j'ai pu obtenir de celui dont je m'étais fait le commet- 
tant : , 

« Dans le courant de mai dernier, en pénétrant à environ 
40 centimètres de profondeur, dans un champ dépendant 
d'une des maisons du bourg de Chantenay (Nièvre) et 
située au midi de ce bourg, il déterra ua petit pot en terre 
grossière et rougeâtre, de forme ovale tronqué, de 12 à 
45 centimètres de diamètre; ce pot, comblé jusqu’à la 
gueule par une terre assez compacte, fut brisé par lui d’un 
violent coup de sabot, et il en vit sortir une quantité de 
petites médailles ; il les recueillit au nombre de plus de 500, 
et me les apporta dans le but d'en connaître la valeur. 

« Tels sont les seuls renseignements que j'ai pu obtenir 
du trouveur ; en voici d'autres venus de mon côté : 

« Le champ où s’est faite la trouvaille, appartient depuis 
quelques années à Vannéreux (Pierre) ; c'est son frère qui 
l'a faite : ce champ dépendait d'une maison ancienne ap- 
partenant à la famille Meure des Regnauts ; i] est situé au 
sud du bourg de Chantenay, non loin du chemin de grande 





h MEMOIRES 


communication de Chantenay 4 Dorny, 4 200 métres envi- 
ron de l’église. 

« En faisant, il y a quelques années, des fouilles dans ce 
champ, à un mètre de profondeur, on a découvert des fon- 
dations romaines, quantité de briques et de tuiles indiquant 
parfaitement cette origine. 

« Dans diverses localités de cette même commune, on 
rencontre les vestiges d’une voie romaine ‘, et l’on a trouvé 
plusieurs antiquités, dont quelques-unes sont au Musée de 
Nevers; toute la contrée présente les traces de l’époque 
gallo-romaine. 

« Veuillez, etc. A. DouxET. » 


Maintenant, mon cher ami, que tu en sais autant que 
moi sur la trouvaille de Chantenay, je passe à l'analyse du 
trésor qu'elle a mis entre mes mains: à tout seigneur tout 
honneur ; je commence donc par les monnaies gauloises. 


Ligue contre les Germains. 


Les piéces de la ligue contre Arioviste et les Germains 
entrent pour une assez forte proportion dans la trouvaille 
de Chantenay. On en compte 81 exemplaires appartenant 
aux trois espèces suivantes : 


DVRNACOS—AVSCRO. . . . . .. 67 
Idem, illisibles. . . . . . . 6 
DVRNACVS—DONNVS. . . . . .. 16 
DVRNACVS—ESIANNI. . . .. Lu 2 
81 


1 La voie romaine dont il est question dans cette lettre allait de Bourbon- 
l'Archambault à Decise. 


ET DISSERTATIONS. 5 


Nous allons nous occuper successivement de chacune de 


ces espèces. 
DVRNACOS.— AVSCRO. 


DVRNACOS. Tête casquée de Pallas. 

BR. AVSCRO. Cavalier la lance en arrét. 

57 exemplaires lisibles, plus 6 autres sur lesquels les 
légendes n’ont jamais été empreintes. Le poids moyen de 
ces quinaires est de 15,915. Ils sont en général usés 
comme des monnaies qui ont eu-un cours assez prolongé. 

Un exemplaire est incus, et porte au revers la tête cas- 
quée et une portion de la légende DVRNACOS en creux. 

Un autre est frappé au droit de deux parties du type, 
dont les grènetis forment au centre du flan deux arcs de 
cercle à peu près tangentiels. Je reviendrai un peu plus 
loin sur les conclusions à tirer de cet accident de mon- 


nayage. 
EsiANNI(0S?) —Donnvs. 


Parmi les monnaies gauloises qui composent le trésor de 
Chantenay, l'une des plus intéressantes est sans contredit 
celle que je vais décrire et qui paraît pour la première fois. 
Elle se rattache à la riche série des quinaires au cavalier 
armé, de la ligue contre les Germains et Arioviste. Au droit 
on voit comme de coutume la tête casquée de Pallas, et 
devant la figure on lit ESIANNI. Au revers paraît Je cavalier 
galopant la lance en arrêt. Entre les jambes de son cheval 
est inscrit le nom DONNVS. Le poids des deux pièces est 
pour chacune de 45,925 (pl. I, n°1 et 2). Elles sont assez 
usées et frottées pour qu'il n’y ait pas de doute sur le cours 
d'un certain pombre d'années qu’elles ont subi, avant d'être 
confiées à la terre. 

Nous savons que le plus ordinairement les quinaires au 


6 MÉMOIRES 


cavalier gaulois offrent une légende géographique du côté 
de la tête, et le nom d'un chef au-dessous du cavalier. Si 
cette règle, qui jusqu'ici a paru souffrir quelques rares 
exceptions, est applicable cette fois, nous devons, dans le 
mot ESIANNI(OS?), chercher le nom d’une peuplade qui 
aurait fait partie du petit royaume de DONNVS. Or nous 
trouvons mentionnés parmi les peuples soumis à Donnus, le 
père de Cotus , les Esubiani (de Pline, III, 24, 4) ou Vesu- 
biani (de l’arc de Suze). 

D’Anville (p. 293) s'exprime ainsi à leur sujet: « Or 
«croit voir quelque rapport entre le nom d’Esubiani et 
« celui des rivières d’ Ubaye et d’ Ubayette, dont la jonction 
« se fait au-dessus de Barcelonnette..... Il est constant que 
« des noms de rivière ont fait les noms de divers peuples. » 

L'illustre géographe se demande ensuite si les Esubiani ne 
doivent pas se confondre avec les Vesubiani de l’arc de Suze. 

D'Anville mentionne de plus (p. 695) une vallée des 
Alpes, traversée par un torrent qui va se jeter dans le Var 
et qui se nomine la Vesubia. 

M. Henry, ancien archiviste de Toulon’, au sujet des 
Esubii (probablement il faut lire Esubiani), dit ce qui suit : 
«On peut assigner pareillement aux Esubii la vallée qui 
u s'étend depuis Mauren jusqu’au Riou-Bourdous, vallée 
aqui, à raison de ses forêts épaisses et sombres, portait 
«le nom de vallis Nigra, et que parcourt dans toute sa 
« longueur la rivière d'Ubaye, laquelle a pu porter le nom 
« d’ Esubia qu elle donnait à ce pays. » 

En résumé, Pline mentionne les Esubiant d'après l’in- 
scription de l'arc de la Turbie; il les nomme après les 


1 Recherches sur la géographie ancienne et les antiquités du département des 
Basses-Alpes, p, 22. Digne, 1842, 8°. 


ET DISSERTATIONS. 7 


Edenates, dont la position est déterminée à Seine (vallée de 
Barcelonnette), ce qui conduit à placer les Esubiani sur les 
tives de l’Ubaye, cours d'eau affluent de la mème vallée. 

Sur l'arc de Suze, les Vesubiani sont cités après les Qui- 
riates, que l'on place avec toute raison dans la vallée de 
Queiras, voisine de celle de Barcelonnette. Il y a donc à 
peu près certitude que les Vesubiani doivent être confondus 
avec les Esubiani. 

N'oublions pas cependant qu'il existe un torrent nommé 
Vesubia qui se jette dans le Var, ce qui permettrait alors 
d'admettre l'existence de deux peuples distincts dont l'un 
aurait vécu dans la vallée de Barcelonnette, et l’autre dans 
la vallée de la Vesubia. - 

Hatons-nous de terminer cette discussion en faisant re- 
marquer que la peuplade qui se donnait 4 elle-méme le 
nom d'Esiannios appartenait à Donnus, et que pour celle-là 
l'identification avec les Esubiani des bords de l'Ubaye est 
de beaucoup la plus probable. 

Quoi qu'il en soit, nous avons une forte présomption de 
plus en faveur de l'identification du Donnus des monnaies 
gauloises avec le roi Donnus, père de Cotus, mentionné 
sur l'arc de Suze’. 


DvVRNACVS. —Donnys. 


Le trésor de Chantenay contenait 16 quinaires de l'espèce 
bien connue déjà, dont la description suit, et dont il est 
inutile de faire ressortir la ressemblance frappante avec 
celles à la légende ESIANNI. 


1 La monnaic gravée sous le n° 2 présente, après les caractères SIANNI, 
un point , un jambage vertical suivi d'un petit trait parallèle moins distinct. 
On pourrait pent être, après un mûr examen, lire sur notre pièce ESIANNI I" 
Esienni filius ? 





8 MÉMOIRES 


DVRNACVS. Tête de Pallas casquée. 

R. DONNVS. Cavalier la lance à la main. 

Le poids moyen des quinaires de Donnus est de 45,93. 
Hs sont en général d’assez bonne conservation. Trois d'entre 
eux présentent une singularité que j'avais déjà remarquée 
sur certaines pièces gauloises, mais dont je ne m'étais pas 
rendu compte. Voici en quoi elle consiste : le côté du revers, 
c'est-à-dire du cavalier, est net et remplit bien le champ, 
tandis qu’au droit on voit trés-distinctement, vers le centre 
de la pièce, deux grènetis à peu près tangents l'un à l’autre, 
contenant, celui de droite, une portion de la partie pesté- 
rieure du type; celui de gauche, une portion de la partie an- 
térieure, c’est à-dire du visage et de la légende DVRNACVS 
placée devant. Ce fait curieux ne me paraît explicable qu’en 
supposant que plusieurs flans métalliques étaient reliés 
en grappe avant la frappe, et que les deux coins, la pile 
et le trousseau, ont été désajustés pendant cette frappe. Si 
le coin avait tréflé, comme on dit en terme du métier, cette 
tangence des deux types de la face ne serait pas régulière 
comme elle l’est constamment, et une empreinte aurait em- 
piété sur l'autre. Il y a plus : on pourrait admettre que plu- 
sieurs coins étaient gravés sur une seule et même matrice 
qui se serait déplacée latéralement pendant l'opération, de 
sorte qu'en taillant ensuite les flans au poids légal, la cisaille 
aurait entamé deux types de face, en respectant l'intégrité de 
celui du revers, sur lequel l’ajusteur se guidait probable- 
ment, parce qu'il était considéré comme le type essentiel 
à cause de la présence du nom du chef. C'est là un fait qui 
me paraît aujourd hui hors de doute, et qui nous révèle une 
certaine partie des opérations du monnayage gaulois. 

Nous avons vu tout à l'heure que les quinaires analogues 
du chef AVSCROCOS sont au nombre de 57, et probable- 


ET DISSERTATIONS. 9 


ment de 63, en admettant, comme je n’en doute guère, que 
les 6 pièces totalement privées de leurs légendes, par suite 
de la frappe et de la taille, appartiennent aussi au chef 
Auscrocos. Cette comparaison nous montre que les qui- 
naires de Donnus sont à très-peu près quatre fois moins 
communs que ceux d Auscrocos. À mon avis, les deux es+ 
pèces appartiennent certainement à la même peuplade, ou 
plutôt au même ensemble de peuplades confédérées sous 
l'autorité d’un seul chef, et comme les quinaires d’Aus- 
crocos sont sensiblement plus usés par le frai que ceux 
de Donnus, et que d'ailleurs ceux-ci pèsent 45,93. tandis 
que les autres n'ont pour poids commun que 15,915, il en 
résulte forcément que Donnus a succédé à Auscrocos, qui fut 
probablement son père, et par suite le grand-père de Cotus. 

11 me semble aujourd'hui qu'il n’y a plus guère de possi- 
bilité de voir dans les noms DVRNACOS et DVRNACYS : 
autre chose que la désignation sous laquelle étaient con- 
nues parmi les Gaulois les peuplades placées sous l'autorité 
d’Auscrocos et de Donnus. Qui sait si cette appellation n’a 
pas quelque signification analogue à celle de montagnards 
ou de riverains des torrents? Il appartient aux celtisants 
de le décider, ou mieux de le reconnaître. Si ce fait était 
une fois établi, il en résulterait forcément que l’attribu- 
tion à Ambiorix des quinaires à la légende AMBIL, AMBILO 
ou AMBILLI , au droit, avec la légende EBVRO au revers, 
devrait être définitivement abandonnée. Le mot Eburo se- 
rait alors le nom écourté d’un chef qui se serait appelé 
Eburovix, peut-être. Je le regretterais sans doute, parce 
qu’il me paraissait fort intéressant d'avoir des monnaies de 


t Remarquons en passant que la forme en OS serait ainsi plus ancienne 
que la forme en VS, comme cela semblait probable à priori. 


10 MÉMOIRES 


Yillustre Ambiorix ; mais « si amicus Ambiorix, magis amica 
veritas. » L’Eburovix en question aurait été ainsi à la fois 
chef d'nne nennlade désionée nar les mots Ambil. Amhilo et 


ET DISSERTATIONS. 11 


2. COIOS. Tête ornée d'une coiffure, ressemblant à un 
casque, et du torques. 

&. ORCHITIRIX. Cheval galopant à gauche. 

A exemplaires en bon état. — Poids moyen, 15,825. 

3. ORC:T:RIX. (L'E est formé de trois points.) Cheval 
galopant à gauche; dessous, un gros poisson. 

À. # TPILI.I' (ATPILI. F.). Tête de femme à gauche. 

3 exemplaires un peu frottés, sauf pour le côté concave, 
qui porte le nom d'Orgetirix et qui est bien conservé. — 
Poids moyen, 15,80. 

h. Mémes légendes et mêmes types, sauf que le poisson 
est remplacé par une étoile. 

2 exemplaires frottés. — Poids, 15,825. 

5. (O)RCITIRI.. Cheval galopant à gauche. 

R. Même tête qu'aux n° 3 et 4. La légende n’a pas porté 
sur le flan. | 

L'E du nom d Orgetirix est bienremplacé cette fois parunlI. 

4 exemplaire. — Poids. 45°,76. Pièce très-frottée. 

6. Pièce à la légende ATPILI. F., avec double surfrappe 
inversée. 

4 exemplaire. — Poids, 45,80. 


Monnaies éduennes. 


Les quinaires d’argent appartenant aux Eduens sont 
dans une trés-grande proportion dans le trésor de Chan- 
tenay. Il n’y a rien là que de trés-naturel , grâce au voisi- 
page de cette importante peuplade qui étendait peut-être 
sa domination jusque-là. L'examen attentif de toutes ces 
curieuses petites monnaies confirme pleinement la classifi- 
cation que j'ai proposée pour celles qui sont anépigraphes, 
et que je regarde comme les plus anciennes. C'est par 


49 MÉMOIRES 


celles-là que je vais commencer mon énumération des va- 
riétés qui sont très-nombreuses. 


Anépigraphes. 


4. Flan large et mince. Fabrique extrémement barbare, 
et ayant une grande analogie avec celle des monnaies gau- 
loises qu'il faut rapporter aux peuplades des bords du 
Rhin. 

Tête casquée ; derrière la nuque, quatre points disposés 
en croix :. 

À. Cheval sanglé galopant à gauche ; au-dessus et au- 
dessous, un cercle centré, et devant le poitrail, une tige 
terruinée par un arc de cercle ouvert à l'extérieur, et ter- 
miné par de gros points. C'est probablement une dégéné- 
ration du timon du char. 

9 exemplaires. — Poids moyen, 15,88. 

2. Tête casquée ; derrière la nuque, quatre points en 
croix. Style beaucoup meilleur, le casque est mieux dessiné. 
Flan plus petit. 

&. Même type que sur la variété précédente, sauf que 
l'arc de cercle rattaché au timon est remplacé par un cercle 
centré, et qu’au-dessous du cercle placé sous le ventre du 
cheval on voit un epsilon renversé. 

5 exemplaires. — Poids moyen, 15,783. 

3. Mémes types, sauf que derrière la téte casquée on 
voit les quatre gros points réunis par des traits, de façon à 
former une véritable croix. 

5 exemplaires. — Poids moyen, 15,80. 

A autres exemplaires sur lesquels il n’est pas possible de 
voir la croix placée derrière la nuque, pesant en moyenne 
A1e",825. 


ET DISSERTATIONS. 43 


4. Tête casquée; devant le nez, un cercle centré. 

&. Cheval galopant à gauche. Au-dessus et au-dessous, 
un annelet; flèche du timon encore visible. 

2 exemplaires. — Poids moyen, 15,85. 

6. Pièce très-usée et très-barbare. Tête casquée. 

®. Cheval libre galopant à gauche. Au-dessus et au-des- 
sous, un annelet. Devant la tête du cheval, un arc de cercle 
aplati, ouvert vers le centre de la pièce. Pas de flèche 
de timon. 

4 exemplaire. — Poids, 15,80. 

6. Assez large et très barbare. Tête casquée, avec la 
croix derrière la nuqne. 

à. Cheval sanglé et bridé galopant à gauche; au-des- 
sus, un annelet centré surmonté de deux signes ou S cou- 
chées ; au-dessous, un gros point rond et le signe 7, où 
lepsilon devient méconnaissable. 

4 exemplaire. — Poids, 4*,85. 

7. Trés-barbare. Téte casquée. 

R. Cheval galopant à gauche ; au-dessus? et au-dessous, 
un annelet. L’inférieur est placé au-dessus d’un T. 

4 exemplaire. — Poids, 45,80. 

8. Très-barbare et très-usée. Tête casquée. 

à. Cheval galopant à gauche ; au-dessus , un annelet, et 
les signes ©T.... Le premier (C renversé) placé au-dessus 
de la tête du cheval. 

4 exemplaire. — Poids, 15,85. 

9. Très-barbare et très-usée. Tête casquée. 

ñ. Cheval ; au-dessus , un cercle perlé, à gauche duquel 
la lettre V et à droite la lettre I ; sous le ventre du cheval, 
un annelet centré. 

3 exemplaires. — Poids, 45,80. 


14 MÉMOIRES 


Cette pièce est très-curieuse et mérite une étude parti- 
culière. 

10. Usée et barbare. Tête casquée. 

À. Cheval à gauche; dessus, un large annelet (ou cercle 
perlé?) ; dessous, un annelet surmonté d’un angle très- 
obtus. 

4 exemplaire. — Poids, 45,80. 

41. Usée et barbare. Tête casquée ; derrière, une petite 
croix. 

R. Cheval de trés-mauvais style; au-dessus et au-dessous, 
un annelet. 

4h exemplaires. — Poids moyen, 4°',857. 

42. Méme pièce, mais de style plus correct. 

2 exemplaires. — Poids moyen, 45,75. 

13. Usée et barbare ; exactement semblable au n° 11, 
sauf que derrière la tête on croit voir seulement deux points 
superposés, au lieu de la croisette. 

3 exemplaires. — Poids moyen, 15,865. 

4h. Trés-barbare; exactement semblable aux n™ 14 et 43, 
sauf qu'au revers on voit un annelet de plus devant le poi- 
trail du cheval. . 

4 exemplaire. — Poids, 15,80. 


ÉDUENNES EPIGRAPHIQUES. 


4. Tête casquée, à gauche. 

4. Cheval sanglé et bridé, galopant à gauche; au- 
dessus, KA A; au-dessous, un A et un € superposés (sic 4); 
devant le poitrail, un Y. 

5 exemplaires seulement de cette monnaie, d’ailleurs si 
commune, se trouvaient dans le trésor de Chantenay. — 
Leur poids moyen est de 4,84. Pièces usées. 


ET DISSERTATIONS. 15 


2. Téte casquée. 

k. Méme cheval, seulement le A est placé la pointe en 
bas. 

{ exemplaire. — Poids, 15,90. Usée. 

3. Tête casquée ; style médiocre. 

rk. Même cheval; au-dessus, KVA. 

1 exemplaire. — Poids, 45,86. Usée. 

A. Tête casquée d’assez bon style. 

R. Cheval un pied de devant posé & terre, l’autre levé; 
entre les deux jambes, l'O de la légende EAOY; sous le 
cheval, monogramme composé dun € et d’un A. 

2 exemplaires. Pièces très-usées. — Poids, 15,90 et 
45,85. 

5. Tête casquée. 

#. Cheval bridé et sanglé galopant à gauche; au-des- 
sus, KAA; dessous, une rouelle à quatre rayons au-dessus 
d'un © renversé; devant le poitrail, l'Y couché. 

6 exemplaires usés. — Poids moyen, 15,833. 

6. Tête casquée; derrière la nuque, une fleur. 

R. Cheval ordinaire ; au-dessus, K/ À ; au-dessous, une 
rouelle à quatre rayons. 

1 exemplaire en assez bon état. — Perds, 15,86. 

7. Tête casquée, très-barbare. 

à. Cheval sanglé et bridé galopant à gauche; au-dessus, 
une croix pommetée; au-dessous, une rouelle à quatre 
rayons, et un «© (sigma?) renversé. 

4 exemplaire en bon état. — Poids, 15,93. 

Quatre pièces à la légende KAA, mais en trop mauvais 
état pour être rapportées à la variété à laquelle elles ap- 
partiennent, pèsent en moyenne 15,85. 


16 


MÉMOIRES 


ANoRBO. — DvBNonix. 


ET DISSERTATIONS. 17 


devant la figure, quelques points qui semblent exclure la 
présence d'une légende. Une longue chevelure part de 
dessous le casque; elle est formée de deux traits et de deux 
lignes de points. La tête porte un collier de perles. 

R. Cheval sanglé et bridé galopant à droite; sous le 
ventre, un annelet centré , et au-dessous un trait arrondi 
qui ressemble à un C renversé. 

4 exemplaire. — Poids, 15,85. 

3. ANORBO. Même tête casqute. La mèche de cheveux 
est formée de deux traits simples non accompagnés de 
lignes de points. Collier de perles. 

R. Cheval bridé et sanglé galopant à droite; au-dessus, 
un annelet centré ; au-dessous, la légende DVBNO. 

6 exemplaires plus ou moins usés.—Poids moyen, 15,87. 

4. ANORBO. Méme tête casquée qu'au n° 2, mais sans 
qu il soit possible de savoir si la légende DVBNO manque 
par un simple défaut de frappe. 

Deux de ces pièces sont évidemment des produits du 
même coin. 

5 exemplaires. — Poids moyen, 15,88. 

5. Même tête qu'au n° 4. Devant la figure, les deux der- 
nières lettres BO (la première, douteuse ), suivie d’un glo- 
bule entouré d'un cercle de points. 

&. Cheval galopant à droite; dessous, DVBN. seule- 
ment. 

Cette pièce présente les deux grénetis tangents, indices 
de la fabrication par grappe de flans. 

4 exemplaire. — Poids, 45,90. 

6. ...RBO... Tête du n° 3. 

ñ. Cheval bridé et sanglé ; au-dessus et au-dessous, un 
annelet centré et la légende DVBNO. | 

4 exemplaire. Poids, 45",87. 

1862. — 1. 2 


18 MÉMOIRES 


7. Tête casquée du n° 4. Un torques remplace le collier 
de perles. Deux grènetis tangents. 

R. Cheval ; au-dessous, la légende DVBNO soulignée. 

4 exemplaire. — Poids, 15,85. 

8. Tête casquée du n° 3. Deux grénetis tangents. 

R. Sous le cheval, DVBN seulement. 

Un exemplaire. — Poids, 45,85. 

9. Tête casquée. Les festons ne sont pas centrés. Deux 
grènetis tangents; derrière celui de gauche, ...RB.. 

à. Cheval bridé et sanglé , galopant à droite; au-dessus 
et au-dessous, un annelet centré. Sous le cheval .. BHO (sic) ; 
au-dessus du pied de devant, RX, fin de la légende 
DVBNORX (sic). 

4 exemplaire. — Poids, 45,90. 

40. Méme pièce que la précédente, sauf que les festons 
du casque sont centrés. 

4 exemplaire. — Poids, 15,89. 


DvVBNORIX—DVBNOCOV. 


Les monnaies de cette série sont frappées sur des flans 
un peu concaves, plus larges et plus minces que celles à 
la légende ANORBO; elles sont pour la plupart bien con- 
servées. En voici la description : 

4. DVBNOCOV. Tète de divinité féminine. (Toujours sur 
le côté convexe du flan. ) 

4. DVBNOREX. Dubnorix debout de profil et casqué, 
tenant des deux mains une courte hampe surmontée d’un 
sanglier. 

10 exemplaires, dont un incus et un surfrappé. — Poids 
moyen, 11,82. 

2. Fabrique un peu moins soignée. 


ET DISSERTATIONS. 49 


DVBNOCOV. Tête de divinité féminine ; derrière la nuque, 
un ornement formé d'un arc, au-dessus duquel on voit 
trois points disposés 2 et 4, et au-dessous, deux groupes 
de trois points disposés 2 et 1. 

R. DVBNOREIX. (Sur un exemplaire il n’y a que 
DVBOREIX.) Dubnorix debout et de face. Il est casqué et 
cuirassé, et porte une longue épée suspendue au flan droit; 
de la main droite il tient un carnyx et un sanglier-ensei- 
gne ; de la main gauche, une tête coupée. 

4 exemplaires. — Poids moyen, 45,875. 


LITAVICVS. 


Les quinaires de Litavicus sont, en général, d’une bonne 
conservation. Ils présentent trois variétés principales, sans 
tenir compte des variétés insignifiantes de coin. 

1. Tête de Diane à droite. Le carquois est remplacé par 
une sorte de fleuron; devant la figure, un sceptre plus ou 
moins orné. 

4. Litavicus à cheval, et cuirassé. Il galope à droite, et 
tient des deux mains le sanglier-enseigne. Sous le cheval 
LITA. Le casque du guerrier est simple et sans cimier. 

19 exemplaires. — Poids moyen, 15,8815. 

2. Mémes types, sauf qu'au revers on lit LIT. 

4 exemplaire. — Poids, 44,75. 

3. Même type au droit. 

à. Litavicus, coiffé d’un casque à cimier, dans la même 
attitude que sur les variétés précédentes. Autour de lui on 
lit LITAVICOS. 

5 exemplaires, de fabrique plus défectueuse que les pré- 
cédentes. — Poids moyen, 15',92. 


20 | MÉMOIRES 


Q. Docirix. 


Les monnaies de Q. Docirix sont assez nombreuses dans 
le trésor de Chantenay, ce qui confirme leur attribution aux 
Éduens. C’est toujours la pièce si connue présentant les 
types suivants : 

1. Tête casquée , à gauche, devant le visage, Q. DOCI. 

R. Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche. Au-dessus, 
Q. DOCI ; au-dessous, SAA.F. 

36 exemplaires , presque tous fortement usés. — Poids 
moyen, 4&,875. 

Le type ordinaire présente les variétés suivantes : 

2. Sous le cheval du revers, on voit SAAI". 

4 exemplaire. — Poids, 1,85. 

3. Mémes types, seulement on ne lit que DOCI au revers. 
Le cheval a le pied droit de devant fortement relevé; au- 
trement dit, les deux jambes de devant ne galopent pas 
parallélement. | 

2 exemplaires. — Poids, 15,88. Pièces très-usées. 

h. Mémes types. Au revers , ]’S initiale est placée isolé - 
ment au-dessus des jambes de devant. 

2 exemplaires. — Poids, 1F,825, 


TOGIRIX. 


Les monnaies grossières de ce chef sont des plus com- 
munes de la suite gauloise. On les rencontre à peu près 
dans toute la France, et Grivaud de la Vincelle cite, entre 
autres trouvailles faites dans les fouilles du jardin du 
Luxembourg, une agglomération de petites pièces rendues 
friables par l'oxidation , et qui n'étaient que des quinaires 
de Togirix. Le trésor de Chantenay nous fournit naturelle- 


ET DISSERTATIONS. 21 


mect son contingent de pièces de cette espèce. Elles sont 
au nombre de 22, et présenteat toutes le type ordinaire, 
qui est le suivant : : 

TOGIRIX. Tête casquée, à gauche. 

É. TOGIRI. Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche, 
au dessus d'un reptile qu'on a pris jusqu'ici, et moi comme 
tout le monde, pour une branche garnie de baies. Comme 
ces baies sont invariablement au nombre de quatre , oppo- 
sées deux à deux, j y vois aujourd'hui les quatre pattes d'un 
lézard. 

22 exemplaires. — Poids moyen, 1*,881. 

La différence constante des légendes TOGIRIX et TOGIRI 
du droit et du revers semblerait prouver qu'il s’agit d'un 
Togirix, fils de Togirix , la forme TOGIRI indiquant plutôt 
un génitif qu'un nominatif; mais jusqu'ici la chose reste 
indécise , quand ce ne serait qu’en considération des lé- 
gendes Q. BOCI et Q. DOCI SAM F., qui se lisent sur les 
deux faces des mémes quinaires. 


Ivuivs Tocirix. 


Voici la description du seul spécimen de cette rare mon- 
naie que contenait le trésor de Chantenay. 

Tête à gauche, probablement casquée comme sur les 
quinaires de Togirix; devant le nom, IVLIV. Ce nom est 
précédé d’un point très-net et très-apparent, précédé lui- 
même d'une ligne courbe qui représenterait assez bien le 
reste d'un Q. Faudrait-il donc lire Quintus Julius Togirix? 
C’est ce qu'un bon exemplaire nous apprendra tôt ou tard. 

R. TOGIR.... Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche. 
Le reste du type est insaisissable. 

i exemplaire, un peu frotté.— Poids, 15,80. 


22 MÉMOIRES 


IMIOCI. 


Nous voici arrivé & une piéce fort extraordinaire, qui pa- 
rait pour la premiére fois, et dont je me déclare tout 
à fait hors d'état de donner l'explication. 

IMIOCI. Tête casquée à gauche. 

ñ. Cheval bridé et sanglé, galopant à gauche ; entre ses 
jambes 2AA. Au-dessus du cheval, traces d’une légende 
inappréciable. (Pl. I, n°’ 3, À et 5.) 

5 exemplaires se complétant l’un l’autre. — Poids 
moyen, 15,80. 

L'ensemble des types relie très-étroitement cette étrange 
pièce à celle du chef Docirix. Serait-il question ici d’un 
Imiocirix ? C’est possible, mais fort douteux. 

L'examen de ces quinaires donne lieu à quelques obser- 
vations assez curieuses. D’abord les deux I de la légende, 
sur deux exemplaires, sont suivis d'un point et munis à la 
partie inférieure d'un petit trait très-oblique, ce qui donne 
à la lettre la forme 4. Sur les trois autres, la présence 
d'un I n’est pas discutable. La forme de l’M, ainsi faite M, 
comme un omega renversé, est une nouveauté, je crois, et 
n'a été signalée sur aucune autre pièce gauloise, à ma con- 
naissance. Enfin le cheval, dont les jambes de devant sont 
étrangement disposées, a la tête de face. La légende du 
revers est lettre close pour moi. En résumé, je souhaite 
que de plus habiles parviennent à deviner l'attribution de 
cette monnaie. , 


EPOMED... 


La pièce qui porte cette légende est connue depuis long- 
temps, mais non encore expliquée. Elle a été publiée pour 


ET DISSERTATIONS. 23 


la première fois par M. de la Sanssaye. d’après un exem- 
plaire de Munich, puis par Duchalais *, qui lisait la légende 
EROMELOS. Cette monnaie, que l’on trouve en Auvergne 
beaucoup plus fréquemment qu'ailleurs, appartient proba- 
blement aux Arvernes. Le trésor de Chantenay n’en conte- 
pait qu'un seul exemplaire assez défectueux et fortement 
usé par le frai. En voici la description : 

Deux têtes d homme jeune tournées à droite. 

8. Un lion en arrêt, la patte gauche de devant levée. 
Sous le ventre, la lettre V; à l’exergue, ..POMIID. 

I] faut rapprocher plusieurs exemplaires de cette rare 
monnaie pour en avoir le type complet. 

Poids, 26,35. Ce poids est tout à fait en désaccord avec 
celui des pièces que nous avons examinées jusqu'ici, et 
par conséquent elle appartient à un autre système, c'est- 
à-dire à d’autres lieux, ou à un autre temps *. Comparée 
aux drachmes de Marseille de la dernière époque, on trouve, 
non pas identité de poids, mais bien un rapprochement 
frappant *. C'est donc probablement à une peuplade plus 
rapprochée de la Province proprement dite, qu'il faut attri- 
buer cette monnaie. 


SÉQUANES. 
Les quinaires des Séquanes compris dans le trésor de 


1 Rerue numisin., 1848, t. VIII, p. 411. 

9 Méd. gaul. de la Biblioth. rogale, p. 91, n° 305. 

3 Je possédais déja troie exemplaires de cette rare monnaie , provenant 
tous de Gergovia ou de Corent. Le poids de 2,35 est exactement celui de 
ces trois exemplaires. 

‘ Les drachmes marseillaises de la dernière époque sont celles qui offrent 
un lion la patte levée et d’un dessin médiocre, avec lettres variées à l'exergue. 
De beaux exemplaires de cette variété m'ont donné les poids suivants : 2,70, 
2,50 et 2,40. Il y a donc rapprochement, mais non identité de poids, 


24 MÉMOIRES 


Chantenay sont extrèmement usés et paraissent avoir eu 
un cours assez long. Ce sont, de toutes les espèces compo- 
sant ce trésor, celles qui paraissent les plus anciennes. A 
quelques légères différences de coin près, elles sont toutes 
semblables. En voici les types : 


Tête à chevelure bouclée à gauche. 
R. SEQVANO IOTVOS. Sanglier passant à gauche. 
20 exemplaires. — Poids moyen, 15,865. 


SÉGUSIAVES. 


Les charmantes monnaies qui appartiennent à cette peu- 
plade, dont, le premier, tu as rétabli le nom à l’aide des 
inscriptions antiques ‘, étaient représentées dans le trésor 
de Chantenay : 


Buste casqué, à droite, un javelot à l'épaule. Devant 
la figure, SEGVSIA ; derrière la tête, V et S. Ces trois por- 
tions de légende, qui ne sont pas séparées par des points, 
forinent, suivant toi, un seul mot : SEGVSIAVS, pour Segu- 
siavus, de même qu’on voit dans mainte inscription VIVS 
pous Vivus *, et, ce qui est encore plus frappant, BATAVS 
et FLAVS pour Batavus et Flavus. 

R. ARVS. Hercule de face , s'appuyant de la main droite 
sur sa massue , qui repose verticalement sur un appui; de 
‘ la main gauche, par-dessus laquelle passe une pièce d’é- 
toffe (la peau du lion? ), il tient une corde attachée au cou 
d'un petit personnage, de face, monté sur une estrade et 


1 Mém. de la Société des antiquaires de France, t. VIII, 1846, p. 262, 

2 Cette opinion a été exposée , en 1847, dans Ja Revue de Philologie, t. II, 
p- 195; rappelée dans le Bulletin de l’Académie royale des sciences de Bruxelles, 
t. XIX, 2° part., p. 398, et dans la Rerue numism., 1858, p. 333. 


ET DISSERTATIONS. 95 


vétu du manteau qui caractérise le dieu Télesphore, com- 
pagnon habituel d’Esculape. 

4 exemplaires. — Poids moyen, 15,825. 

Ces quatre pièces, d'un style trés-remarquable, sont en 
bon état de couservation. 


Lvcios. 


Voici maintenant la description d’une précieuse mon- 
naie qui, si elle n’est pas entièrement nouvelle, paraît 
néanmoins pour la première fois avec sa lecture complète. 

M. de la Saussaye avait vu à Clermont, dans la collection 
de M. Ledru, un denier semblable sur lequel on ne lisait 
que LVC, ou LVCl*. Ce même denier a été reproduit plus 
tard dans le recueil de M. Peghoux *. On l’attribuait, sang 
grande hésitation, à Lucterius, l’illustre chef des Cadur- 
ques. Il faut aujourd'hui renoncer définitivement à cette 
hypothèse, qui n’est plus admissible. grâce à la trouvaille 
de Chantenay. 

Tête de Diane, à gauche. La déesse est bien caractérisée 
par le croissant qui surmonte sa coiffure. Devant la figure, 
LVCIOS. 

R. LVCIOS. Guerrier debout, de face, et la tête nue. De 
la main gauche il s'appuie sur un long bouclier gaulois ; 
de la droite il tient un long sceptre, terminé par un trèfle, 
et sur la hampe duquel est placé un sanglier. 

9 exemplaires. —Poids moyen, 15,8466. (PI. I, n°’ 7 et8.) 

On le voit, cette monnaie a la plus grande analogie avec 
les pièces ordinaires de Vérotal. Elles sembleraient donc 


1 Revue numism., 1840, pl. XVI. 
3 Essai sur les monnaies des Arcerni, 1857, pl. III, n° 38. 


26 | MÉMOIRES 


appartenir à deux peuplades voisines, sinon à Ja même ; 
quelle serait cette peuplade ? C'est ce qu'il est encore bien 
difficile de décider. Lucios, comme Vérotal, ont-ils été des 
chefs des Pictons? des Santons? c'est possible, mais non 
pas démontré. Quoi qu'il en soit, les pièces de Lucios ont 
certainement précédé celle de Vérotal, au même type, 
puisque le trésor de Chantenay n'offre que des deniers au 
lion, tandis que les pièces de Vérotal au type des monnaies 
de Lucios, y manquent absolument. 

Si nous rapprochons maintenant les deniers d'argent du 
chef Lucios des charmantes petites pièces de cuivre publiées 
pour la première fois par M. de la Saussaye, et qui offrent 
au droit une tête d'un style tout romain, avec la même lé- 
gende Lucios, et au revers un sanglier au dessus d'un fleu- 
ron, on arrive forcément à une supposition que je regarde 
comme assez plausible. Les pièces de cuivre)de Lucios se 
trouvent d'ordinaire dans le Périgord, et j'en possède un 
exemplaire déterré à Écorne-Bœuf, l’ancien oppidum des 
Pétrucoriens. C’est donc à ce peuple que pour ma part 
j'attribue les rares monnaies du chef Lucios. Remarquons 
de plus que les pièces anépigraphes des Pétrucoriens, 
attribuées avec certitude, grâce à leur provenance con- 
stante d’Ecorne-Beeuf, sont toutes empreintes du type du 
sanglier. En définitive donc, je propose formellement de 
voir dans Lucios un chef des Pétrucoriens, qui, après avoir 
fait sa paix avec Rome, a continué à émettre des monnaies 
de cuivre. La fréquence dans le Poitou des découvertes de 
la petite pièce de cuivre de Vérotal me porte à penser 
que ces deux chefs, l'un des Pétrucoriens et l’autre des 
Pictons, avaient adopté le même type monétaire. — 


ET DISSERTATIONS. 


t# 
“I 


VEROTAL. 


Les deniers ordinaires du chef Vérotal, connus de tout le 
monde, et qui se rencontrent si fréquemment dans les ré- 
gions centrales et occidentales de la Frafice, manquent 
complétement dans le trésor de Chantenay. Mais en re- 
vanche, ils sont remplacés par une monnaie infiniment 
plus rare du même personnage. C'est la pièce au lion, 
dont on ne connaissait encore que l’exemplaire, passé du 
cabinet Wiczay dans la suite de M. de la Saussaye’, 
et celui appartenant à M. le docteur Colson, de Noyon. 
Le trésor de Chantenay en contenait trois exemplaires, 
qui offrent tous des variétés de coin. En voici la des- 
cription : 

Téte de divinité féminine (Diane probablement) à gau- 
che, dans un cercle, ou dans un cercle doublé à l'extérieur 
d'un second cercle de points ou grènetis. Derrière la nuque 
se voit une sorte de fleuron, qui semble une dégénérescence 
du carquois de Diane. 

à. VIIPOTAL, au-dessus d’un lion passant à gauche; le 
terrain est formé d’un trait doublé d’une rangée de points. 

3 exemplaires. — Poids moyen, 1:°,883. 


GAIV. IVLI—OMAPATIS 
Voici la description de la pièce la plus précieuse de la 
trouvaille de Chantenay, pièce qui malheureusement est 
restée unique, et a grande chance de le rester encore long- 


temps. 


t Revue numismat., 1860, pi. V, n° 11. 


28 MÉMOIRES 


GAL. IVLI. Buste de chef à gauche. 

K. OMAPATIS. Cheval libre galopant à gauche; au-des- 
sous, un oiseau allant à droite. 

4 exemplaire. — Poids, 15,85. (PI. I, n° 6.) 

La légende du revers est-elle complète, ou y manque-t-il 
une initiale ? de le crois, sans pouvoir l'affirmer. Faut-il, 
comme pour Vérotal, lire ..OMARATIS, et non Omapatis? 
Je le crois encore. Quant à compléter le nom, les premières 
hypothèses qui se présentent sont qu'il faut lire COMAPATIS 
ou DOMAPATIS. Mais quittons bien vite ce terrain peu 
solide. | 

La présence des noms GAIVS IVLIVS semble démontrer 
que le chef en question avait fait sa soumission aux Ro- 
mains, et qu'il s'était, en signe de fidélité, affilié à la fa- 
mille du conquérant, dont il avait adopté les noms et pré- 
noms. Peut-être l'oiseau placé au-dessous du cheval n’est-il 
qu'une réminiscence du paon qui se voit au-dessus du che- 
val, sur les pièces de cuivre si épaisses que l’on trouve en 
Auvergne (à Corent surtout), et sur certains statéres, qui 
conviennent aussi bien aux Bituriges qu'aux Arvernes. 
Quoi qu'il en soit, la pièce que je viens de décrire est une 
bien intéressante acquisition pour la suite monétaire des 
Gaulois. 

DIASVLOs. 


Les monnaies attribuées jadis aux Diablintes sont en 
assez notable proportion dans le trésor de Chantenay. 
Leur étude m'a démontré une fois de plus la nécessité 
de comparer le plus grand nombre possible d'exemplaires 
d'une même monnaie gauloise, afin d'arriver à la lecture 
cerlaine de ses légendes. C'est ainsi que tout le monde a 
cru sur la foi de Pellerin, et que j'ai cru fermement moi- 


ET DISSERTATIONS. 29 


même, que le nom à lire sur les monnaies qui nous oecu- 
pent, était DIAVLOS; or il y manque une lettre essentielle, 
que trois exemplaires frappés de façon à présenter intégra- 
lement la portion du flan placé devant la tête du cheval, 
m'ont fait reconnaître. C’est un S bien caractérisé; en 
sorte qu'il faut désormais lire DIASVL OS. Que signifie cette 
légende ? Je l'ignore. Est ce un nom de chef? C’est pro- 
bable, puisque nous ne connaissons aucun nom de peuplade 
analogue Quant à ia peuplade qui a émis cette monnaie, 
elle doit être naturellement assez voisine de Chantenay, 
puisque les pièces qui lui reviennent sont en général d’une 
bonne conservation relative, et ne semblent avoir eu qu'un 
cours peu prolongé, si on les compare, par exemple, aux 
monnaies éduennes primitives et aux séquanes Voici la 
description de la pièce en question : 


Tête nue à gauche, les cheveux disposés en rangées de 
boucles inclinées en sens inverse; le cou est orné d'un 
large torques. 

®. Cheval galopant, à droite; il porte une sangle, et sa 
queue, fort courte, semble coupée carrément. Au-dessus 
du cheval, on lit DI4; devant la tête, S; sous la bouche, V, 
et sous le corps, LOS. 

21 exemplaires. — Poids moyen, 45°,8614. 


Nous allons voir la méme téte se présenter exactement 
sur des pièces de même style, de même fabrique, mais 
avec des légendes toutes différentes. 


Mémes types que la pièce précédente, seulement on lit 
cette fois au-dessus du cheval, YNO, et au-dessous, 9. 

8 exemplaires. — Poids moyen, 15,85. 

Le puids plus faible et l’état de conservation moins satis- 
faisant de ces pièces, prouve suffisamment qu'elles sont 


30 MÉMOIRES 


antérieures à celles qui présentent la légende DIASVLOS. il 
en est de méme des deux suivantes. 

Téte méconnaissable. 

à. Cheval galopant, à droite. Au-dessus, trace de la 
lettre 0; au-dessous, NA. 

4 exemplaire. — Poids, 15,80. 

Mêine tête, avec l'oreille fortement accusée. 

à. Cheval sanglé galopant à droite; au-dessous, À. 

4 exemplaire. — Poids, 45,85. 

Je soupçonne toutes ces petites pièces d'être des Ar- 
vernes, ou mieux de quelque peuplade voisine. 


DVRATIVS. 


Les rares monnaies de Duratius sont représentées dans 
le trésor de Chantenay par deux exemplaires seulement. 

DVRAT. Tête de Diane, à gauche. 

8. Cheval libre galopant , à droite; au-dessus, un mo- 
nogramme ainsi formé A, probablement celui des Pic- 
tons. À l’exergue, sur l’un des deux exemplaires, IVLIOS; 
sur l’autre, IVLIO seulement. 

Poids du premier, 45,80 ; du second, 1#,95. 


SANTONOS ET SANTONOS ARIVOS. 


SA/ ONOS. Tête casquée, à gauche. 

À. Cheval bridé et sanglé, galopant à droite ; dessous : 
un globule entouré d’un cercle de ponts. 

b exemplaires. — Poids moyen, 45,88. 

Même type, sauf qu'au droit on lit ARIVOS, et au revers, 
au-dessous du cheval, SANTONO. 

10 exemplaires. — Poids moyen, 15,84. 


ET DISSERTATIONS. 31 


Les pièces d’Arivos sont un peu plus frottées que celles 
à la légende SANTONOS seule; elles sont donc plus an- 
ciennes. 
ATEVLA-VLATOS. 


Les monnaies si communes d’Ateula sont en trés-petit 
nombre dans le trésor de Chantenay ; elles sont mal frap- 
pées et toutes du méme type. | 

ATEVLA. Buste de génie ailé, de face, avec la tête de 
profil ; il a un torques au cou. 

R. VLATOS. Cheval fantastique, à droite; au-dessus, 
le symbole @e/® ; au-dessous, lc pentagramme ; à l’exer- 
gue, un croissant double. 

5 exemplaires, dont un surfrappé et un incus. — Poids 
moyen, 15,80. 

Le type à l'épi ne paraît pas dans le trésor de Chan- 
tenay ; il est donc postérieur au type du croissant. 

Le pentagramme dont cette pièce est empreinte serait-il 
l'origine du pentagramme de Déols? C'est possible. En 
tout cas, il paraît probable que cette pièce appartenait à 
quelque chef du centre de la France, qui aura régné du 
côté de Châteauroux, par exemple. F. DE SAULCY. 


(Sera continué dans le numéro suivant. ) 


32 MÉMOIRES 


DE QUELQUES MÉDAILLES 


DE MARCUS VIPSANIUS AGRIPPA. 


M. le conseiller aulique Léopold Welzl de Wellenheim, 
dans le catalogue de sa remarquable collection publié en 
4844, décrit, sous le n° 9568, un moyen bronze sur lequel 
on lit la légende ordinaire : M. AGRIPPA. L. F. COS. III, 
autour d’un buste d'Agrippa la poitrine couverte de la peau 
de lion; le revers offre la figure de Neptune en pied, 
accompagnée des caractères S. GC, et la contre-marque 
TI. AY. | 

M. H. Cohen n'a pas admis cette curieuse médaille dans 
sa Description historique des monnaies frappées sous l'empire 
romain, soit qu'il ait considéré comme erronée l'indication 
fournie par M. de Wellenheim , soit que la pièce de bronze 
lui ait paru étrangère à la série romaine proprement 
dite. 

Je n'ai pas, à la vérité, vu le monument original; mais 
je n’ai aucune raison de me défier du témoignage de M. de 
Wellenheim, dont le catalogue, rédigé avec un très-grand 
soin, dénote l'expérience que peuvent faire acquérir à un 
homme instruit quarante années d’études spéciales. 

D'ailleurs, le détail qui distingue la médaille en question 
des autres moyens bronzes si connus d'Agrippa, la dépoutlle 


. ET DISSERTATIONS. 33 


du lion, n'est pas un accessoire étranger à la numismatique 
romaine , et dans ce Recueil même, notre savant ami M. J. 
de Witte a expliqué, à diverses reprises, les causes qui 
ont amené les personnages des familles impériales à em- 
prunter les attributs d’Hercule *. De la part d'un homme 
modeste et austère comme l'était Agrippa, l'adoption de ces 
imposants attributs pourrait étonner. Mais il faut cepen- 
dant se rappeler que le vainqueur d’Actium s'était laissé 
décerner un étendard couleur de mer qui l’assimilait pres- 
que à Neptune *; on connaît la célèbre statue du palais 
Grimani à Venise, qui représente l'amiral romain avec 
l'ajustement héroïque, reposant la main gauche sur un 
dauphin, que soutient un petit autel”. D'ailleurs une mon- 
paie peut être une œuvre indépendante de la volonté de 
celui qu'elle représente. Rien dans la légende n’indique où 
la médaille de la collection Wellenbeim a été frappée ; 
mais il n’en faut pas conclure qu'elle est nécessairement 
fabriquée à Rome; on connaît des moyens bronzes d'Agrippa 
au type de Neptune dont le style est tout à fait étranger à 
l'Italie, quelquefois extraordinairement barbare. On ne sau- 
rait, d’ailleurs, considérer comme étant de coin romain 
toutes les monnaies impériales de bon style qui portent les 
légendes conçues suivant le système de la métropole. 

On sait que par la défaite des Cantabres, qu'il réduisit 
en l’an 730, Agrippa acheva de soumettre l'Espagne. De là 
naturellement naissait pour les flatteurs une occasion de 


1 Médailles inédites de Posiume. Revue numism., 1844, p. 330. — De quelques 
empereurs romains qui ont pris les attributs d Hercule , ibid., 1845, p. 266. 

* Sueton., Oct. 25 : « M. Agrippam in Sicilia post navalem victorinm cæ- 
ruleo vexillo donavit. » 

® Pococke, Descript. of the East, t. If, pl. XCVII. — Visconti, Iconogr. ro- 
maine, pl. VIII, n° 7.— Clarac, Musée de sculpt., n° 2344 6, 


1862. — 1. 3 


3h MÉMOIRES 


comparer le général romain au vainqueur de Géryon; 
Horace (Carm., III, 44, 4-4) n’a pas négligé cette allusion 
mythologique en l'honneur d’Auguste revenu de la Pénin- 


sule : 
Herculis ritu modo dictus, o Plebs, 
Morte venalem petiisse laurum, 
Cæsar Hispana repetit Penates 
Victor ab ora. 


Plusieurs villes d’ Espagne , Gadés, Cæsaraugusta, Celsa, 
placèrent la tête d'Agrippa sur leurs monnaies. A Saragosse, 
l'effigie décurée de la couronne rostrale et entourée de la 
légende M. AGRIPPA. L. F. COS III pourrait être confondue 
avec celle de la monnaie romaine. Mais le revers nous 
montre les noms de duumvirs et le type du prêtre qui 
trace l'enceinte de la colonie. 

À Cadiz, l'ami d'Auguste reçoit les titres de Patronus 
municipi, de Parens municipii; son portrait remplace la 
tête d'Hercule, type habituel de la monnaie; son nom et 
ses titres, M. AGRIPPA COS II] MVNICIPI PARENS, accom- 
pagnés de l’aplustre, symbole de victoire navale, sont asso- 
ciés à l’image du dieu phénicien *. 

Qu’y aurait-il donc d'étonnant à ce que le moyen bronze 
au type de Neptune ait été, à l'aide d’une variante, l’addi- 
tion de la dépouille du lion, accommodé pour la circon- 
stance? 

Ce n’est pas, au reste, la seule modification que le type 
primitif ait subie. I] y a une vingtaine d’années, j’ai vu à 
Londres, entre les mains de feu John Doubleday, un moyen 


1 Florez, Medallas de España, t. I, tab. VIII, n°4, 5; t. Il, tab. XXVI, 
n* 5, 6, 7,8; tab. XXVII, n° 1; tab. LII, n° 9.— Eckhel , Num. cet. anecd., 
tab. I, n° 1.— Delgado, Catalogue Lorichs, n°* 262 à 264, 623à 625, 699, 816, 
901 à 903. 


ET DISSERTATIONS. 35 


bronze d’Agrippa dont le revers présente, placée aux pieds 
de Neptune debout, une petite Scylla semblable à celle que 
porte le denier d'argent de Sextus Pompée, sur lequel on 
lit : PRAF. ORA. MARIT. ET. CLAS. EX, SC. Je fis alors de 
vaines tentatives pour acheter cette pièce, que j'aurais 
voulu donner à notre Cabinet des médailles de Paris. Mal- 
gré l’obligeance dont il m’a bien souvent fourni des 
preuves, Doubleday ne put jamais se décider à me laisser 
emporter en France une pièce si rare et si singulière. Je 
ne saurais donc en publier le dessin; mais le lecteur n’é- 
prouvera aucun embarras à se la représenter, car les deux 
figures mythologiques qui viennent d’être indiquées sont 
connues de tous les numismatistes. 

Ainsi que Visconti l’a dit, «les rapports entre le dieu de la 
mer et le destructeur des flottes de Sextus Pompeius et de 
Marc-Antoine sont faciles à saisir. * » J'ajoute que la Scylla 
convenait très-naturellement à un personnage qui avait eu 
la Sicile pour théâtre de ses exploits. Les succès qu’ Agrippa 
obtint sur terre près de Messine, ses victoires navales près 
de Myla et de Naulochus, justifieraient l'adoption du type 
que je viens de signaler. Mais je crois qu’en plaçant aux 
pieds d’un Neptune, relativement colossal, une petite figure 
du monstre gardien de la côte sicilienne, que Sextus avait 
pris pour emblème de la vigilance et de la force qu’il ap- 
portait dans ses fonctions de præfectus oræ maritimz, on a 
voulu exprimer tout particulièrement le contraste que pré- 
sentent la confiance et la défaite du fils de Pompée. 

Suétone nous dit assez que cet important événement de- 
vait être attribué à l'habileté d’Agrippa, et nous n’en vou- 
drions pour preuve que le sentiment dont Caligula était 


* Jconogr. rom., t. 1, p. 210. 


36 MÉMOIRES 


animé lorsqu'il abolissait les fêtes destinées à célébrer 
l'anniversaire des victoires d’Actium et de Sicile *. On sait 
qu'il ne voulait pas permettre qu'on rappelât qu'il avait 
eu pour ancêtre un membre de la famille plébéienne 
Vipsania. Mais si ce fou couronné n’estimait pas qu Agrippa 
fat d'assez bonne maison pour avoir lhonneur d’être son 
aïeul, les peuples du temps d’Auguste n'en ont pas moins 
cru possible d’assimiler à Hercule et à Neptune ce grand 
capitaine qui avait fait triompher les armes impériales. 

M. Raoul-Rochette, dans un article destiné au Diction- 
naire de l'Académie des beaux-arts et publié par avance 
dans la Revue archéologique, dit qu'une « médaille de 
moyen bronze d'Agrippa avec les lettres S.C gravées dans 
le champ du revers, qui indiquent qu'elle a été frappée en 
vertu d'un décret du sénat, offre sur la face principale la 
couronne murale et rostrale, et au revers, Neptune debout, 
portant sur la main droite un dauphin’. » 

On a lieu de croire que le savant archévlogue , qui avait 
peu étudié la numismatique romaine, a confondu le type 
des monnaies de moyen bronze avec celui des pièces de 
métaux différents, quoiqu'il ajoute, que ques lignes plus 
bas : « La méme couronne se voit sur la tête d'Agrippa, 
type principal d'une autre monnaie qui existe en or et en 
argent, etc.» Il y a là une seconde erreur, puisque ces 
monnaies nous montrent, au revrrs de la tête d’ Auguste, le 
portrait d’Agrippa, accompagné du nom des officiers mo- 
nétaires Platorinus ou Lentulus, et par conséquent avec 
tous les caractères d'un type secondaire. Quoi qu'il en soit, 
je n’ai jamais pu découvrir le moyen bronze d'Agrippa pré- 


1 « Actiacas siculasque vetuit solemnibus feriis celebrari. » Sueton., Calig., 


23. 
2 Rev. arch.,t. IX, 1852, p. 174. 


ET DISSERTATIONS. | 37 


sentant la couronne murale et rostrale, et je vois qu'après 
toutes les recherches auxquelles il s’est livré, M. H. Cohen 
ne l’a point rencontré non plus. Lorsque l’Académie des 
beaux-arts donnera à l'impression la seconde livraison du 
Dictionnaire qu’elle publie avec tant de luxe, il sera peut- 
être bon de modifier dans la biographie d'Agrippa le pas- 
sage que j'ai signalé, afin d'éviter aux artistes, pein- 
tres, sculpteurs et graveurs, le soin de chercher un 
monument que les numismatistes ne pourraient pas leur 
fournir. 

Je ne saurais parler d’Agrippa sans mentionner l'opinion 
exposée récemment par un antiquaire de Nimes, M. Auguste 
Pelet, qui croit devoir reporter à l’époque des Antonins la 
série de monnaies offrant la légende COL. NEM. 

M. Pelet reprend le système de Jean Poldo d’Albenas, qui, 
ilyatrois cents ans, prétendait que ces monnaies représen- 
tent, non pas comme tous les numismatistes le croient, les 
portraits d’Auguste et d’Agrippa, mais ceux de Marc-Aurèle 
et de Lucius Vérus ‘. 

ll suffit, je pense, de considérer avec quelque attention 
les monnaies de Nimes pour reconnaitre qu elles appartien- 
nent bien réellement au 1° siècle avant Jésus-Christ. Sur 
les exemplaires les mieux frappés, on distingue parfaite- 
ment la tête tournée à gauche. ceinte d'une couronne ros- 
trale, décoration glorieuse pour un général, mais qui serait 
étrange pour un empereur. Enfin, ce qui domine toute la 


Essai sur les médailles de Nemausus, dans les Mémoires de l’Académie du 
Gard, 1860. — Spon dit, en parlant de Poldo d’Albenas et de son explication 
des monnaies de Nimes : « Il estoit pardonnable, en ce que la science des mé- 
dailles n’estoit pas cultivée de son temps avec tant de soin qu’elle l’est à pré- 
sent. » Recherches curieuses d'antiquité (1683), p. 166. Sommes-nous moins- 
avancés qu’on ne l'était lorsque Spon écrivait ces lignes ? 


38 ; MEMOIRES 


question, les têtes ne sont pas tellement mal gravées qu’or 
ne puisse en distinguer trés-exactement les traits; or ces 
traits sont ceux d’Auguste et de son gendre. On me per- 
mettra, & moi qui ai continuellement sous les yeux, au 
Louvre, les deux plus beaux bustes connus d’ Agrippa et de 
Lucius Vérus, d’être familiarisé avec la physionomie parti- 
culiére de ces personnages, et je crois, par conséquent, 
être en droit d'affirmer que les monnaies de Nimes portent 
la tête d’Agrippa, assez bien reproduite pour ne laisser 
aucune incertitude. 

Mais tandis que M. Pelet retire à Agrippa les bronzes de 
Nimes, d’autres antiquaires s'efforcent d'enlever ces mêmes 
monnaies à la capitale des Volces Arécomiques pour les 
donner à l'Auvergne. En 1857, M. Mioche lisait à l’Acadé- 
mie de Clermont une notice sur les médailles dites de 
Nimes, dans laquelle il proposait ce changement d’attribu- 
tion. M. Mathieu, peu après, reprenait l'opinion de son 
confrère, et s’exprimait ainsi dans l'ouvrage intitulé Des 
colonies et des voies romaines en Auvergne : « Les abrévia- 
tions COL. NEM. se compléteraient très-bien par COLONIA 
NEMOSSENSIS ou NEMETENSIS, colonie de Nemossos ou 
de Nemetum, les deux noms primitifs de Clermont contem- 
porains l’un et l’autre de la bataille d’Actium... Ces mon- 
naies coloniales aux têtes adossée d’Auguste et d'Agrippa se 
rencontrent en si grande quantité dans la ville, et parfois 
enfouies en si grand nombre dans le sol des environs, et 
jusque sur les plateaux de Gergovia et de Corent, qu'elles 
supposeraient, entre deux cités si éloignées, des relations 
commerciales vraiment extraordinaires; tandis qu’en ad- 
mettant à Nemetum l'atelier où elles se fabriquaient, on a 
l'explication naturelle de la légende, qui constate l’établis- 
sement d'une colonie latine, fondée ou du moins développée 


ET DISSERTATIONS. 39 


et embellie par le fils du divin Jules, Divi filius, et proba- 
blement sous la préfecture d' Agrippa. » 

L'auteur de ce passage ne s’est pas rappelé que les mon- 
naies à la légende COL. NEM sont recueillies par milliers 
à Nimes et dans les environs. Si ces pièces, découvertes à 
Nimes, ont été frappées à Clermont, comme il le suppose, 
il faut admettre qu’elles ont franchi exactement la même 
distance que si elles avaient été transportées de Nîmes en 
Auvergne. 

Il y aurait donc là une pétition de principe; on en re- 
marque une seconde dans cette phrase que je rencontre un 
peu plus loin, à propos de l'opinion accréditée : « L'erreur, 
sir'en est une, était facile; aucune dissertation n’a, jusqu'à 
ce jour, révélé que Clermont est d’origine coloniale. » 

En effet, même après la lecture du livre de M. Mathieu, 
on demeure convaincu que Clermont n’a jamais été colonie 
romaine, ou du moins on ne connaît aucune autre preuve 
ou démonstration de ce fait que la légende GOL. NEM. de 
nos médailles. 

Le titre contenu dans cette légende ne peut donc servir 
à étayer la nouvelle attribution. 

Mais s'il n'existe aucun texte, aucun monument qui nous 
oblige à croire que Clermont a porté le titre de colonte, 
nous pouvons, d'un autre côté, citer bon nombre d'inscrip- 
tions antiques dans lesquelles la colonie de Nîmes est men- 
tionnée '. C'est là un genre d’autorités que nous ne devons 


1 Gruter, CCCX XII, 6; CCCLI, 6 ; CCCCLXVII, 3; CCCCLXXIX, 5 — 
Reinesius, CCCACIV, 11. — Maffei, Gall. antiquit., p. 56, et Mus. Ver., 
CCCCXIV, 3.— Acad. des inscript., t. XIV, 2° pl. M.— Spon, Méscell., p. 169, 
— Muratori, MCMLXXX VII, 5. — Millin, Voy. dans le Midi, t. IV, p. 233.— 
Ménard, Hist. des antiq. de la ville de Nismes, éd. de 1826, n° 1,3, 4.— Bull, 
de l'Inst, arch., 1848, p. 21. 


40 MEMOIRES 


pas perdre de vue. Autrement, on en viendrait bientôt à 
réclamer les monnaies à la légende COL. NEM. pour les 
Nemetes de Spire, pour Nemelobriga de Galice, pour Neme- 
tacum ou Nemetocenna des Atrébates, pour les Nemanin- 
genses d'Aschaffenburg, ou les Nemaloni de Provence. Mais 
M." Mathieu lui-même n'a pas condamné sans hésitation 
l'opinion de ses devanciers , et il a sagement émis, malgré 
ses sympathies pour Nemossus ou Augustonemetum des 
Arvernes, un doute dont j'ai souligné plus haut l’expres- 
sion, afin de lui en laisser tout l’honneur. 


ApRIEN De LONGPEBIER. 


TS ES aes 


ET DISSERTATIONS. hi 


MEDAILLES DE COLOGNE 


(COLONIA AGRIPPINENSIS). 


La ville des Ubii, peuples qui habitaient autrefois la rive 
droite du Rhin, recut le nom de Colonia Agrippina ou 
Colonia Agrippinensis , d'Agrippine, fille de Germanicus et 
mére de Néron, qui naquit dans ses murs. 

Agrippina, quo rim suam sociis quoque nationibus osten- 
tarel, in oppidum Ubiorum , in quo genila erat, veleranos 
coloniamque deduct impelrat, cui nomen indilum ex voca- 
bulo ipsius. — Tacit., Ann., XII, 27. 

Il parattrait cependant que trente-six ans avant l'ère 
chrétienne, quand Vipsanius Agrippa permit aux Ubii, qui 
avaient traversé le Rhin, de s'établir sur la rive gauche du 
fleuve , ces peuples prirent déjà le nom d'Agrippinenses. 
C'est ce qu'on peut croire d’après ce que disent Tacite et 
Strabon *. 

Ac forte acciderat ut eam gentem, Rheno transgressam , 
avus Agrippa in fidem acciperet.—Tacit., l. cit. — Cf. De 
moribus German., 28. 


1 Geograph., IV, p. 194. — Cf. Tacit., Hist., IV, 28. — Dion Cass., Hist, 
ALVIII, 49. — Voyez aussi Amédée Thierry, Histoire des Gaulois, 3° édition, 
t. TI, p. 240. 


42 MÉMOIRES 


In Germania inferiore Agrippinenses juris [lalici sunt. 
— Paull., in Digest., L, 15. 

Nous avons dit qu'on trouve les deux formes Colonia 
Agrippinensis et Colonia Agrippina. 

La première est donnée par Tacite ‘, Suétone * et Pline”; 
la seconde se lit dans Ammien Marcellin *, Fortunat °, Si- 
doine Apollinaire * et quelques autres. 

Dans l'itinéraire d’Antonin, la ville des Ubii est désignée 
sous le nom d’ Agrippina Civitas et de Colonia Agrippina, 
et dans la Notice des provinces de la Gaule ”, sous celui de 
Civitas Agrippinenstum. 

La Table Théodosienne donne la forme Agripina (sic), 
_tandis que dans Eutrope *, Trebellius Pollion °, Vopiscus”*°, 
Aurelius Victor ** et Orose '*, on trouve Agrippina, dans 
Zosime '* et Zonare'*, Ayourniva, Aypirnim, et dans Ptolé- 
mée**, Aypermiwrvatc. 

Quelques inscriptions ont conservé le nom de la cité des 
Ubii. 


1 Hist., I, 56 et 57 ; IV, 55 et 63. 

3 In Vitell., X. 

8 ALN., IV, 17, 31. 

4‘ XV, 8 et 11. 

5 Carm., III, 19. 

@ Carm., VII, 115. 

T Notitia Provinctarum et Civitatum Galliæ, dans Guérard, Essai sur le 
système des divisions territoriales de la Gaule, p. 20. Paris, 1838, in-8e. 

8 Hist., VIII, 2, et IX, 17. 

® Triginta tyranni, V et VI. 

10 Probus, XVIII. 

11 De Cæsaribus, XXX VII, 3; Epitom., XIII, 3 et XXX VII, 2 et 3. 

12 Hist., VII, 12 et 24. 

13 Hist., 1, 38. 

is Ann., XII, 24, 

18 Geograph,, II, 9, 15. 


ET DISSERTATIONS. 3 


M.MARIO M.F. 
STEL. TITIO RVFINO 
cos. 
LEG.LEG.T MINER.P.F. 
CVR.COL.CLAVD. AVG. 
AGRIPPINENSIVM 
PROCOS. PROV. SICILIAE 
GVR. AMERINOR. PRAET. 
TR.PL.Q.PROV.MACEDON. 
SEVIR. TVRMAR EQ.ROM. 
TRIB.LATICL.LEG.T ADI.P.F. 
INT VIRO STLITIB.IVDIC. 
FIDES CVM HELLADE ET 
TERTIO PARENTIBVS EIVS. 


Gruter, p. ccccxxxv1, 7. — Th. Mommsen, Inscript. 
regni Neapolitani lating, n° 1426. 

Une colonne milliaire aux noms des empereurs Marc- 
Aurèle et Lucius Vérus porte COL. AGRIP.—Orell., Inscript. 
lating selectz, n° 876. 

Une autre inscription fait mention d’un Masclinius Ma- 
ternus qualifié de décurion : DECCA ( Decurioni Coloniz 
Agrippinz ). — Orell., L cit., n° 1108. 

Le mème recueil d'inscriptions d’Orelli fournit trois au- 
tres pierres dans lesquelles paraît le nom de Cologne : 
N° 2454, AGRIP. (Agrippinensi patria).— N° 3384. — 
Marini, Frat. Arv., p. 543.— Mommsen, l. cit., n° 2862, 
NATVS COL. AGRIPPINENSE.— N° 3664, AGRIPPINENSI. 

Ce fut à Cologne’, où il résidait comme gouverneur de 


! Eutrop., Hist., VIII, 2. — Aurel. Victor., Epitom., XIII, 3. — Oros., 
Hist., VII, 12. — Cf. Clinton, Fasti Romani, t. 1, p. 84, — Roulez, Memoire sur 


ET DISSERTATIONS. hd 


des empereurs romains, t. II, p. 51), de son côté, ne décrit 
que la pièce aux initiales de Colonia Agrippinensis, C.C.A.A. 

C'est d'après ces indications qu'Eckhel n’a pas hésité à 
admettre dans son immortel ouvrage (D. N., 1, p. 74) 
comme parfaitement authentiques les pièces coloniales ro- 
maines frappées à Cologne. 

Toutefois, malgré l'autorité d'Eckhel, il pouvait rester 
des doutes sur l'existence réelle de ces pièces, si l'on com- 
pare les descriptions exactes de Banduri et de Beauvais, et 
même celle du Hollandais Smetius, avec les descriptions 
que Caronni et Sestini ont données au commencement de 
ce siècle. 

En effet, le Père Caronni, dans le Musée d'Hedervar 
(t Il, p. 322, n° 2915), donne la description suivante : 

POSTVMO.P.F.AV. Cap. rad. 

K. P.N.C.C... lit. retrogradè in area dispositis, figura 
adversa stans d. hastam vel caduceum longum, s. fors 
ramum. Æ. Il. 

Sestini (Classes generales, éd. 2, p. 10, Florent., 14821), 
tout en rappelant Jes médailles décrites par ses devanciers, 
donne une tout autre description de cette piéce, probable- 
ment la méme, vue et décrite par Caronni. 

IMP.POSTVMO P.F.AG (sic). Caput Postumi radiatum. 

&. COL.PO.CL.AGR. COS. in area Ad 

vO 
id est Cotonia CLAUDIA Postoma AGrippinNa. Pallas stans 
obversa d. hastam tricuspidem, s. victoriolam. Æ. 2. 

Des descriptions aussi peu exactes et en desaccord les 
unes avec les autres pouvaient faire craindre que l'attri- 
bution à Cologne d’une pièce frappée sous le règne de 
Postume n'était fondée que sur une mauvaise lecture. Il 
existe un nombre considérable de médailles de Postume 


ET DISSERTATIONS. 47 


Je ne connais que deux exemplaires de la première de 
ces deux pièces. L'un fait partie de la collection de feu M. G. 
Rolin de Guise, et m’a été communiqué par mademoiselle 
Rolin, sa fille, qui a conservé la collection formée par son 
père. L’autre, à fleur de coin, appartient à M. Asselin, à 
Cherbourg , et c'est grâce à notre collaborateur M. Feuar- 
dent, toujours empressé à servir les intérêts de la science, 
que j'ai pu l’examiner et le faire dessiner pour être mis 
sous les yeux des lecteurs de la Revue. 

Il existe à ma connaissance trois exemplaires de la pièce 
qui porte seulement des initiales : le premier dans la col- 
lection de feu M. G. Rolin (c’est l’exemplaire que j'ai fait 
dessiner * ); le second faisait partie de la collection de few 
M. Tôchon d'Annecy; le troisième appartient à mon ami 
M. le commandant Oppermann. 

A mon passage à Bordeaux, au mois de septembre der- 
nier, j'ai trouvé dans la collection de M. Péry, notaire, une 
autre pièce de Postume, inconnue jusqu’à ce jour, et qui 
porte les initiales de l'atelier de Cologne. Grâce à l'obli- 
geance du possesseur, il m’est permis de mettre ici un des— 
sin de cette rare médaille sous les yeux des lecteurs. 


IMP. C. POSTVMYS P. F. AVG. Buste radié, à droite. 
à. IOVI VICTORI. Jupiter armé du foudre et tenant un 


du recueil de Grater et dont nous avons donné une copie, supra, p. 48, fournit 
également les noms de COL. CLAVD. AVG. AGRIPPINENSIVM. 

4 Cette piboe, qui faisait partie de la trouvaille de Macon, près Chimay 
(Hainaut), est décrite dans la Revue muméematique de 1837, p. 144. 


48 MEMOIRES 


sceptre, marchant à gauche et detournant la tête à droite. 
Dans le champ, des deux cétés du dieu, les lettres C. A. 
( Colonia Agrippinensis), — Æ. 

Les médailles qui portent la légende COL. CL. AGRIP. ou 
simplement les sigles C. C. A.A. sont marquées du qua- 
trième consulat de Postume. Cette marque fixe la date de 
leur émission. On a des pièces d’or qui, avec la septième 
puissance tribunitienne TR. P. VII, portent la mention du 
troisième consulat de Postume. Ainsi, en 264 de l'ère chré- 
tienne, l’empereur gaulois qui était monté sur le trône en 
258, n’avait encore pris la dignité de consul que trois fois. 

Des pièces de billon et de petit bronze avec la mention 
de la neuvième puissance tribunitienne TR. P. VIIII, don- 
nent le quatrième consulat, COS. III. On pourrait donc 
présumer que Postume n’a pris son quatrième consulat 
qu’en 266, dans la neuvième année de son règne. Toutefois, 
je suis porté à croire que la date du quatrième consulat de 
Postume doit être fixée à l'an 265, la même année où il 
associa Victorin.à l'empire. Sans entrer ici dans tous les 
développements nécessaires, qu'il me suffise de faire ob- 
server que l'on a des médailles d’or, de billon et de bronze 
portant la marque du quatrième consulat, sans mention 
de la huitième puissance tribunitienne (jusqu’à ce jour 
on n'a retrouvé aucune pièce avec l'indication de la hui- 
tième puissance tribunitienne dé Postume ‘ ). Ajoutons que 
l'on connaît un aureus sur lequel paraît Postume, revêtu 
de la dignité de consul pour la quatrième fois, P. M. T. P. 
COS. TITI. P. P. dans un char de triomphe, que des pièces 
de billon et de petit bronze ont pour type la Victoire 


‘ La pièce décrite par Banduri (t.J, p. 294) est une pièce mal conservés 
de la neuvième puissance tribunitienne. P.M.TR.P.VIII. 


ET DISSERTATIONS. 49 


debout, qui tient une palme et se pose une couronne 
sur la tête, COS. III; enfin que la médaille inédite de la 
collection de M. Péry a pour type Jupiter Victorieux, IOVI 
VICTORI '. En rapprochant tous ces types, on arrive à la 
conclusion suivante : c’est que Postume, avec l'aide de 
Victorin , a fini par battre Gallien, et a repoussé l'empereur 
romain hors des Gaules. Ces événements eurent lieu en 265 *. 

Maintenant que l'on connaît la signification des lettres 
C. A. gravées dans le champ d’une médaille à l'effigie de 
Postume, il resterait à chercher ce que peuvent indiquer 
d'autres lettres que l'on rencontre, soit dans le champ, soit 
à l'exergue de quelques monnaies de ce règne. 

D'après ce qui précède, il est certain que les sigles C. A. 
indiquent Colonia Agrippinensis. C'est dans cette ville, le 
-boulevard de l'empire gaulois, que Postume avait établi 
l'atelier de ses monnaies. Qui pourrait en douter en voyant 
le type de la Monnaie gravé sur les pièces frapptes à 
Cologne ? C'est sur les bords du Rhin, le salut des provinces 
gauloises, SALVS PROVINCIARVM, que résidaient la plu- 
part du temps les chefs militaires qui, au milieu du 11° siè- 
cle de notre ère, gouvernaient la Gaule. Auparavant Cologne 
devait être la résidence des gouverneurs de la Germanie 
inférieure et des généraux qui commandaient les armées du 
Rhin. C'est encore probablement à Cologne que Postume 
avait établi son Sénat. 

Voici les lettres que l’on rencontre sur les monnaies de 
Postume : 

4. —P. à lexergue, avec FIDES EQVIT. ( billon et petit 


1 Le type de Jupiter Victoricux, IOVI VICTORI, est connu et même 
commun. 


* Cf. le beau mémoire de Brequigny dans les Mémoires de l'Académie des 
inscrips, et belles-letires, t. XXX, p. 355. 


1862. — 1. 4 


50 MÉMOIRES 


bronze). Dans le champ, avec ORIENS AVG. (billon et petit 
bronze), et avec PAX AVG. (billon). A l'exergue, avec 
SALVS AVG. Esculape (petit bronze), et avec SPES PVBLICA 
(petit bronze ). 

2. — S. à lexergue, avec CONCORD. EQVIT. (billon et 
petit bronze), et avec VIRTVS EQVITVM, Hercule (billon 
et petit bronze). 

8. —T. à l'exergue, avec FIDES EQVIT. (petit bronze), 
avec PAX EQVITVM (billon ), et avec VIRTVS EQVIT. Mars 
(billon et petit bronze). 

Faut-il voir dans ces trois lettres P, S, T des initiales de 
noms de villes ou de peuples, par exemple Pictones ou 
Petrucorii, Senones, Santones ou Sequani, Treviri ou Tu- 
rones? Je ne le pense pas, et je crois qu'il s’agit ici tout 
simplement des officines monétaires, prima, secunda, terlia. 


J. DE WITTE. 


ET DISSERTATIONS. 51 


NOTICE 
SUR DIVERSES MONNAIES DU VIHII* SIÈCLE AU XV". 
(Pl. II.) 


La monnaie gravée sous le n° 1, trouvée près d’Autun, 
me semble appartenir incontestablement au commencement 
du vur‘ siècle. Elle tient, par son style et son module, le 
milieu entre les deniers des derniers Mérovingiens et ceux 
de Pépin le Bref. À cette époque les maires du palais et les 
dignitaires ecclésiastiques s'emparaïent progressivement 
des droits régaliens, et l’on ne sera pas étonné de me voir 
chercher dans les caractères que porte notre pièce d'argent 
autre chose que le nom d’un roi. D'un côté, on reconnaît 
facilement SLO, abréviation ordinaire de Sancto; de l’autre, 
se présente un monogramme composé des lettres TRVPM 
qui me paraît représenter le nom de saint Trophime écrit 
quelquefois Trufimus et Truphimus, même sur des mon- 
naies. Mais au vu‘ siècle il n'était guère question de saint 
Trophime, bien que suivant Grégoire de Tours, ce person- 
nage eût été prélat dans la Gaule et à Arles même. C'est 
dans un acte de l’évêque Pontius, daté de 1029, que nous 
voyons pour la première fois le nom de saint Trophime 
placé à la suite de celui de saint Étienne, premier patron de 
la ville. Cependant, comme le corps de saint Trophime 


ET DISSERTATIONS. 58 


frappé à Amiens qu'a publié M, le docteur Rigollot !, 
comme celle qui entre dans le nom du monétaire Rodland 
(Rev. num., 1858, pl. XIII, n° 39), ou même quelquefois 
dans le nom de Charlemagne (ibid., pl. XIII, n°’ 37, 39, 
43, 45). 

N° 3. CAROLUS en deux lignes. 

Revers. hIESON (pl. Il, n° 3). J'avais d’abord supposé, 
je dois l'avouer, que cette monnaie pouvait être attribuée 
à Soissons; mais en admettant même l'existence d'un mo- 
nogramme représentant SV, on n'obtenait que SVIESON, 
ce qui n’est pas SVESSION. 

Un plus mir examen m'a fait reconnaître ici un nom 
d’officier monétaire : Hieso-onis. C’est un nom que nous 
trouvons depuis le vu° siècle jusqu’au x1° dans Jes chartes 
et dans les chroniques, sous diverses formes Hezo, Heizo, 
Haizo, Hizo, Hesso, Iso *. En Italie il a pris la forme Gezo ° 
que nous voyons employée pour désigner un juge de Pavie 
sous le règne de Hugues, un évêque, un abbé de Brema 
(Bremetum). C’est ainsi que Hierusalem, Îesus, Hierony- 
tous, lanuarius, Hyacinthus, Hieroglyphi ont produit Ge- 
rusalemme, Gest, Geromino, Gennaro, Giacinto, Geroglifi. 

Nous n'hésitons pas à considérer le nom du moine de 
Saint Gall, Iso, comme une variante de Hizo, Hieso et Gezo. 
De même qu'on trouve les noms de certains personnages 
écrits Hirmino et Irmino, Hismundus et Ismundus, Hisem- 
bardus et Isembardus, Hirmingarda et Irmingarda. 

La présence des noms de monétaires sur les deniers 


t Conbrouse, pl. 167, n° 2. 

3 Dom Bouquet, Histor, de France, t. VI, p. 241; t. VIT, p. 642; t. VIN, 
p. 406. 

3 Muratori, Ant. Jtal.,t. III, p. 449; t. IV, p. 737, 738, 742, 761. — Ci- 
brario, Hist. patr. monum., t. I, p. 195, 


54 MÉMOIRES 


carlovingiens, comme sur les deniers des Saxons d’Angie- 
terre, est maintenant un fait acquis à la science. 

La pièce rangée sous le n° 6 est une belle bractéate sur 
laquelle je lis, en commençant par le bas, le monogramme 
de LVDOVICVS. La légende circulaire semble donner 
+ ISEAI VILLA. Je ne tenterai pas de décider la question 
de savoir si cette pièce doit être attribuée à un des Is de 
Bourgogne ou de Champagne, à Isé dans le Maine, ou à Isieu 
dans la Bresse; mais je ferai remarquer combien il est cu- 
rieux de retrouver une bractéate carlovingienne. 

Le monogramme composé des caractères LVDOVCS dis- 
posés de façon que le C occupe la place consacrée pour le 
monogramme de Charles, se voit encore sur deux deniers 
que nous possédons et qui portent, l'un la légende ROTV- 
MACVS CIVI, l’autre le nom LVDOWICVS au revers d’ARELA 
CIVIS. Cette dernière pièce nous démontre la valeur du 
monogramme, dans lequel un D très-nettement substitué à 
VR dans la partie supérieure suffit pour changer le nom de 
Carolus en Ludovicus, alors que le K a déjà fait place à un C. 
En effet, M. de Longpérier nous a expliqué que l'emploi du 
K pour écrire la syllabe KA était un usage antique des La- 
tins‘, tandis que ce caractère ne pouvait pas servir à 
écrire CVS. 

N° 7. Ce denier porte les légendes circulaires + GRATIA 
D-I REX et + SCI 4VINTINI MO. Au centre un monogramme 
que j ose considérer comme exprimant le nom de Lothaire 
HLOARIVS. La lettre H est tout à fait semblable à celle qui 
figure dans le monogramme de Hugues, duc de France. 

La seule difficulté que soulève mon explication du mono- 
gramme pourrait naître de la présence du nom de Saint 


4 Revue numism., 1858, p. 246, 


ET DISSERTATIONS. .- 55 


Quentin. Lothaire I ne possédait pas ce monastére ; et nous 
voyons par une ordonnance de 853 que Charles le Chauve 
envoyait l'évêque Immo inspecter le Vermandois. 

Mais, en 857, Lothaire II et son oncle Charles le Chauve 
vinrent à Saint-Quentin pour y faire une déclaration com- 
mune, et il est possible que l’abbaye ait fait au roi de Lor- 
raine l'honneur de placer momentanément son monogramme 
sur quelques deniers. Le style de la pièce ne permet pas 
de l’attribuer au roi Lothaire du x° siècle. 

A côté des monnaies de Charlemagne on peut placer celles 
des deux derniers rois longbards dont il conquit le territoire. 
Les deux pièces d’or que nous nous sommes procurées sont 
des monuments historiques de la plus grande rareté. 

La première a pour légendes : D-N AISTVLF REX et 
FLAVIA LVCA (pL IT, n° 4). C'est une variété de la pièce 
portant + D.N AI.STVL.F RE— + FL.AVIA. LVCA, publiée 
par Caronni, que nous n'avons jamais vue en France et qui 
n'existe même pas à Lucques dans la belie collection de 
M. D. Massagli. Elle a été frappée pendant le règne d’ Astol- 
phe entre 749 et 756. On en connaît une autre de Pise 
+ FLAVIA PIFAC. . 

La seconde appartient à l'infortuné Didier qui vint mou- 
rir en France dans le monastère de Corbie; on y lit: + DN 
DESID. RIVS RX. et + FL. A. PLACENT-IAVG (PL liés, AVG 
en monogramme, pl. II, n° 5). Cette pièce, frappée à Plai- 
sance entre 756 et 774, nous était jusqu’à présent tout à fait - 
inconnue ; elle complète la série des monnaies d’or de Didier 
sur lesquelles on lit jusqu’à présent FLAVIA LVCA (Lucques), 
FLAVIA MEDIOLANO (Milan), FLAVIA TICINO (Pavie), 
FLAVIASTBR191 :. 


Le chanoine Rambaldo degli Azzoni attribue cette dernière pièce à Tré- 
vise. Zanetti, Nuova raccotia, t, IV, p. 56. 


56 MÉMOIRES 


Toutes ces villes sont dites flaviennes, Plaisance flavienne 
auguste. Le Père Caronni avance que ce titre tire son origine 
de la fainille de Vespasien et de la grande influence qu'elle 
eut sur ses contemporains et leurs successeurs ‘. Mais il 
n’est pas besoin de remonter si haut et d'attribuer à des 
rois longbards du vir siècle cette rénovation de la mémoire 
d'un empereur du 1° siècle. Le Père Caronni aurait pu se 
contenter de rappeler que Constantin et tous ses fils ont 
porté le nom de Flavius; que ce nom du premier empereur 
chrétien avait ensuite été adopté à peu près comme celui 
de César dans le haut empire, et qu’on l'avait vu successive- 
ment porté par Népotien, Magnence, Sylvain, Jovien, Va- 
lentinien, Valens, Gratien, Valentinien II, Théodose, Victor, 
Arcadius, Constantin III, Valentinien III, Léon II, Népos 
et Romulus. 

Aussi, quand Odoacre, roi des Hérules, s empara de I’ Italie 
(476-484), prit-il le nom de Flavius, ainsi que le montrent 
ses monnaies fabriquées à Ravenne*. Quand saint Epiphane 
releva Pavie détruite, il alla trouver Odoacre, et obtint de 
lui en faveur de ses ouailles l'exemption des contributions 
d’État pour cing ans. C'est bien probablement à cette occa- 
sion que la nouvelle ville prit le nom de Flavia Ticinus. Dès 
lors les autres durent l’imiter, car Odoacre s'était fait 
reconnaître comme lieutenant des empereurs. Mn trouvera ce 
dernier fait savamment expliqué dans l'excellent ouvrage de 
M. Amédée Thierry, Récits de l'histoire romaine au v° siècle 
(p. 272 à A498). 

Les rois longbards avaient aussi un puissant intérêt à se 
présenter comme les successeurs des empereurs d'Occident. 


1 Ragguaglio di alc. monum. di antichità, part. II, p. 167. 
3 Steinbüchel, Notice sur les médaillons rom. en or du Mus. I. et R. de Vienne, 
p-}.—d. Friedländer, Die Münzen der Vandalen, 1849. 


ET DISSERTATIONS. 57 


Tout ce qui pouvait les rattacher à la famille de Constantin 
devait leur être agréable. 

N° 8. ROB REX en monogramme. Autour MISERICORDIA 
DEI. 

R. TVRONES CIVITAS. Croix. Denier d'argent (pl. II, 
n° 8). 

Le style des lettres de cette monnaie est trés-remarqua- 
ble; elle sont trés larges, et les deux R du monogramme 
parfaitement distincts. C’est la premiére piéce de cette fa- 
brique que nous ayons vue. Jl existe pour ce type des va- 
riétés assez nombreuses qui démontrent, à ce qu'il me 
semble, d’une manière évidente que le hasard ou l’igno- 
rance d'un graveur ne doivent pas être invoqués pour 
expliquer le monogramme dans lequel le nom de Robert se 
reconnaît fort clairement. I! existe dans la belle collection 
de M. Jarry, à Orléans, des pièces au même monogramme, 
portant le nom de Blois, d'Orléans. de Tours. On pouvait 
voir autrefois chez M. Cartier, à Ambroise, un denier de 
Tours sans la croisette en avant du monogramme. Comment 
donc les graveurs de ces différentes villes se seraient-ils 
entendus pour commettre une même erreur et pour pro- 
duire chacun de son côté des monogrammes d'Eudes dans 
lesquels on lit si distinctement le nom de son frère Robert? 
Il y a autant de différence entre les monogrammes de ces 
deux princes qu'entre ceux de Charles le Simple et de 
Raoul, et il faudrait fermer les yeux volontairement pour 
ne pas s'en apercevoir. 

Il est à remarquer que le denier de Raoul, autrefois attri- 
bué à Reims et restitué à Poissy (Pincius) par M. de Long- 
périer ‘, porte un monogramme qui est une imitation bien 


1 Notice ds la collect. Rousseau, 1847, p, 172. 


58 MEMOIRES 


évidente de celui d'Eudes. Le graveur a sur cette pièce aussi 
remplacé le premier O par une croisette'. Mais le nom du 
roi Raoul étant écrit en toutes lettres dans la légende cir- 
culaire, on n'hésite pas à voir, dans le champ, le nom du 
même prince, caractérisé par la présence d’un F. Avec un 
peu de mauvaise volonté, on pourrait cependant, si la lé- 
gende circulaire n'existait pas, interpréter le monogramme 
par Odo rex Francorum. Mais c’est le cas, ainsi qu’on nous 
le rappelait dernièrement, de comprendre la nécessité des 
distinctions. 

Édouard III d'Angleterre. — + AGN DEI QVI TOL. 
PECA.MVDI.MISERE-NOB. Mouton tourné à gauche, te- 
nant la bannière ; au-dessous, EOA REX. 

my. XPC.VINCIT.XPC.REGNAT.XPC.IMPERAT, Grande 
croix fleuronnée, cantonnée de quatre lis, dans un entou- 
rage formé de quatre arcs de cercle et de quatre angles 
accostés chacun de deux petits lis; les mots de la légende 
séparés par des doubles tréfles. Trouvée à Cheppes près 
Vitry-le-François, avec environ trois cents monnaies d'or du 
x1v* siècle (pl. II, n°9 ). 

Cette belle pièce n'offre pas de ressemblance avec le 
mouton d’or de saint Louis et de ses successeurs. C'est une 
copie du denier d or à l'agnel de Jean Il qui fut fabriqué en 
France de 1355 à 1359. On s est tenu aussi près que possi- 
ble de la légende Mh REX jusqu’à défigurer le D d'Édouard 
en lui donnant Ia forme d'un O. Néanmoins on ne peut pas 
hésiter sur la lecture de ce nom abrégé. 

Un autre exemplaire du denier d’or à l’agnel portant, 
sous les pieds du mouton EDVARD, existe au département 
des médailles de la Bibliothèque impériale. M. de Long- 


1 Poey d'Avant, Monnaies féodeles, t. 1, pl. 1, n° 13. 


ET DISSERTATIONS. 59 


périer l’a publié ‘ dans le supplément qu'il a fourmi au li- 
braire Hearne pour les Illustrations of the Anglo-French 
coinage du général Ainslie *. Comme sur cette seconde pièce 
le titre de roi manque, plusieurs numismatistes, s'appuyant 
sur l'absence de léopards ou de tout autre signe anglais 
du côté de la croix, se refusaient à donner au roi Édouard : 
la pièce unique de la Bibliothèque. La nôtre ne permet pas 
le même doute. 

On a dit aussi que les monnaies d’Edouard III au type 
français avaient été frappées en Flandre par Jacques Arte- 
veld, le célèbre brasseur de Gand. Cela est très-possible 
quant au denier d'or à l’écu imité de celui de Philippe de 
Valois; mais il n’en saurait être de même de l’agnel; car 
il est bien évident que toute copie doit être postérieure à 
l'original qu’elle reproduit. Or Jacques Arteveld était mort 
dix ans avant la fabrication des premiers deniers d’or à l'a- 
gnel de Jean. 

Les ordonnances relatives à cette monnaie datent du 17 
janvier 1355 au 40 septembre 1359. C'est précisément le 
temps qui s’est écoulé de la bataille de Poitiers au traité de 
Bretigny, c'est-à-dire l’époque pendant laquelle Edouard IIR 
a fait plusieurs expéditions en France. 

Henri V d’ Angleterre.— -|- HENRIC : DI: G. FRANCORV : 
REX. Écu aux armes de France. 

3. + SIT : NOME : DNI : BENEDICTY (astre sous la croi- 
sette). Croix cantonnée de deux fleurs de lis et de 


1 Voir, au sujet de cette pièce , la note publiée par M. J. Y. Akerman, & 
nemismatic manual, 1840, p. 375. 

» M. Cartier et, après lui, quelques autres antiquaires donnent à ce général 
le nom d’Ainsworth , sous lequel il est absolument inconnu en Angleterre. 
Le baron Marchant a dédié en 1829 au général Ainslie sa lettre sur le système 
monétaire de Dioclétien. 


60 MÉMOIRES 


deux couronnes. — Blanc à l'écu, dit guenar (pl. Il, 
n° 40). 

Voici encore une monnaie d’un roi anglais qui ne porte 
pas plus que notre agnel d’Edouard II] de léopards dans 
les cantons de la croix. Cette particularité la distingue, au 
moins autant que le type de l’écu, du blanc florette connu 
dans plusieurs collections (Ainslie, Illustrations of the An- 
glo-French coinage, pl. VI, n° 77). 

Je terminerai cette notice par la description d'une ma- 
gnifique pièce qui a autrefois appartenu à la Bibliothèque 
impériale et qui en est sortie par suite d'un échange. C'est 
un essai de monnaie ou piéfort un peu moins épais que 
l'exemplaire qui est resté au Cabinet des médailles. 

LYDOVICYS : DEI : GRA : FRANCORVM : REX. Saint-Mi- 
chel en armure, tenant une épée et un écu aux armes de 
France, foulant aux pieds un dragon. 

i). + KAROLVS : DEI : GRATIA : FRANCORVM : REX. 
Charles VII debout, couronné, en armure recouverte par 
une cotte fleurdelisée, la main droite armée d’une épée, et 
la gauche reposant sur un écu aux armes de France placé 
devant lui; entourage composé de dix petits arcs de cercle. 
— Argent (pl. ll, n° 41). 

Il existe encore au Cabinet des médailles une petite mon- 
naie d'or au type de saint Michel avec le nom de Louis XI 
seulement, Au revers une croix accompagnée de la légende 
XPC.VINCIT, etc. (Conbrouse , Catal. des monnaies nat., 
n° 399). . 

La grande et la petite piéce ont évidemment été gravées 
en même temps; donc la nôtre appartient bien au règne de 
Louis XI, et non à celui de Charles VIII comme on l’a sup- 
posé ( Trésor de numismat. art monét. chez les modernes, 
pl. Ill, n° 16, p. 9). 


ET DISSERTATIONS. 61 


On conçoit parfaitement comment Louis XI, lorsqu'il 
fonda en 1469 l'ordre de Saint-Michel, a éprouvé le désir 
de consacrer cet événement important dans sa politique 
par quelque monnaie ou pièce de plaisir. On ne compren- 
drait pas pourquoi une pareille idée serait venue à Char- 
les VIII, et surtout pourquoi il aurait fait graver sa propre 
effigie en négligeant celle de son père. Le contraire eût été 
beaucoup plus naturel. 

Aussi n’hésité-je pas à voir au revers du saint Michel un 
des patrons de la France, le portrait de Charles le Victo- 
rieux. Quoique assurément Louis XI n'ait pas été le modèle 
des fils, il était certaines occasions où la politique l'ame- 
nait à ménager les souvenirs de son père. 

C'est saint Michel qui était apparu à Jeanne d’ Arc à Dom- 
rémy, et lui avait donné l'ordre de se rendre en France 
pour faire lever le siége d'Orléans. Le 7 mai 1429, à l'as- 
saut des Tourelles, forteresse occupée par les Anglais sur 
la rive gauche de la Loire, on avait vu dans les nuées Je 
chef de la milice céleste combattant du côté des Français, 
et Charles VII en mémoire de cette assistance avait fait 
peindre sur un étendard la figure de l’archange. A la fin du 
xv° siècle les Orléanais firent placer sa statue dorée au-des- 
sus de la tour de leur beffroi :. , 

Nous voyons dans la première promotion des chevaliers 
de Saint-Michel, au nombre de quinze, figurer des serviteurs 
dévoués de Charles VII, tels qu’Antoine de Chabannes, 
André de Laval, maréchal de Lohéac, Jean de Beuil, comte 
de Sancerre, que Louis XI avait disgraciés en 1461. Il y 
avait donc en 1469 ce qu'on appellerait maintenant une 
réaction en faveur des amis du feu roi. Nouvelle raison pour 


' Mantellier, le Siege et la délicrance d'Orléans, 1855, p. 148. 


62 MÉMOIRES 


croire que c'est son image qui a été placée sur la pièce 
dont j'examine les types si curieux '. 
FEUARDENT. 


1 M. À. Vallet de Viriville, professeur à l'École des chartes, veut bien ex- 
traire pour nous du second volume (sous presse) de sa remarquable Histoire de 
Charles VII la note suivante, dont nous nous empressons de faire profiter le 
lecteur. 

« Charles VI, en l’honneur de saint Michel , donna le nom de cet archange 
à l’une de ses filles. Frère de Michelle de France, Charles VII s’appropria ce 
culte et le transmit à son fils. Charles VII avait une dévotion particulière en- 
vers Saint-Michel-au-péril-de-la-mer, ou le Mont Saint-Michel, lieu de pèlerinage 
célèbre , et l’un des trois points qui, aux trois extrémités nord, ouest et est 
(Tournay, Mont Saint-Michel, Vaucouleurs). tinrent ferme et persévéramment 
pour sa cause, au temps le plus désastreux de son règne. En 1426, Charles VII 
fit construire une chapelle dédiée a saint Michel en son château d'Amboise. Louis XI 
y institua l'ordre de Saint-Michel en 1469. Voyez Lemaire, Hist. d'Orléans, 
p. 188, répété par Anselme, Palais d'honneur, p. 126, et l’Hist, de Charles VII, 
t. I, p. 852, note 1. » 


ET DISSERTATIONS. 63 


Ile LETTRE DE M. ROBERT A M. Ap. DE LONGPERIER 


SUR DES COLLECTIONS D'ITALIE. 


Ma lettre datée de Milan ‘, vous annonçait, cher direc- 
teur, une nouvelle communication. Je vous demande de 
l'ndulgence pour un si long retard et pour la manière in- 
complète dont je tiens aujourd'hui ma promesse. Je me 
proposais de mettre sous vos yeux un certain nombre de 
monnaies encore inédites, sorties des ateliers de Milan et 
de Gênes, au temps de la domination française *, mais les 
clichés que j'en avais pris ont été presque tous brisés pen- 
dant le voyage. 


Louis XII. 
Or. — Double ducat. 


+ LVDOVICVS. D. G. FRANCOR’. REX. Tête du roi, tour- . 
née à droite. 
À. MEDIOLA NI DVX. Saint Ambroise à cheval. 


1 Recue num., 1860, p. 197-207. 

? Les nombreuses pièces franco-italiennes fabriquées à Asti, ont été gravées 
dans un important mémoire de M. Domenico Promis, que tout le monde con- 
nait; les monnaies napolitaines au uom de Charles VIJI ont été publiées par 
Fusco; mais le monnayage de Louis XII et de François I°" à Milan et à Gênes 
attend encore une monographie. 


64 MÉMOIRES 


Cet exemplaire diffère de celui qui a été publié‘, par 
la coupure du mot MEDIOLA NI. 

Musée de Bréra. 

Le ducat simple se forgeait au même coin que le double, 
sur flan moitié moins épais. 


Ducat. 


LY.REX.FRANC’ EC’Z.IANVE D. Dans le champ et au mi- 
lieu d’une épicycloïde, une porte que Leblanc prenait pour 
une machine à couper les têtes. Une fleur de lis surmonte 
l'édifice. 

Le type de la porte ou du château, fréquent au moyen 
âge dans les diverses parties de l'Europe, s'est très-long- 
temps conservé à Gênes. 

§. + CONRAD. REX. ROMANOR. S. B. Au centre, une 
croix pattée dans un double contour en forme d’épicycloide, 
avec fleurons aux angles. 

pereur Conrad avait assuré aux Génois, en 1139, le 
: frapper monnaie *. Le nom de ce prince, tradi- 
ement maintenu dans la légende, était devenu un 
: du type. Les lettres SB me paraissent également 
r un nom ancien, celui du premier doge, Simon 
gra’. 

e de Bréra. 

ucat différent de légende, est donné par Le Blanc 
324 c). 


anc, Traité des monnaies de France, édition de Paris p. 324 b. 

anc, p. 329, 

metis Htalize medii xei hactenus non eculyatie que in patrio museo ser- 
rema dissertatio. Ferraris, 1774. Tav. VI, n°1. 





ET DISSERTATIONS. 65 


Argent. — Ducaton. 


N°1. + LVDOVICVYS. D. G. REX. FRANCORVM. Buste du 
roi, tourné à droite. 

$. ET MEDIOLANI DVX. Saint Ambroise à cheval, à 
droite, tenant un fouet ; au-dessous, SA (sanctus Ambrosius) 
entre trois fleurs de lis. 


On pense en général que le fouet rappelle les triomphes 
de saint Ambroise sur l'arianisme. D’autres supposent que 
cet emblème singulier fait allusion à l'intervention du pa- 
tron de Milan dans la bataille de Parabiago, où on le vit, 
arméde lanières, mettre en fuite les ennemis d'Azzo Visconti‘. 

Argent , pesant 05,38. 


1 « Quando Lodrisio Visoonte havea preso I’ armi contra il nipote Azzo pa- 
drone di Milano , et si venne alla battaglia a Parabiago , invocd piamente il 
Capitano d’Azzo il nostro padre sant’ Ambrogio, il quale miracolosamente lo 
soceorse, et liberd la sua cittä; onde venne l’ uso di dipingerlo colla sferza in 
mano, » Giovanni Francesco Bascapè, Libro di alcune chise di Milano, 1676, 

«Ne mi faceva difficolts il riflettere, che appunto in quest’ anno s6la- 
mente (1339), in cui anche poi mori Azone, era seguita la battaglis di Para- 
Dingo, che avea data occasione a rappresentare l’ imagine di sant'Ambrogio 
collo staffile ; perché io ecorgo, che nell’ arca di san Pietro Martire terminata 
appunto in quest’ anno, come dismostrerd fra poco, sull’ angolo destro vi si 
vede una piccola status di quel santo nostro pastore collo staffile nella destra, » 
Memorie spatianti alla storia, al governo od alla descrizions della cilia ¢ cam- 
pagna di Milano, dal conte Giorgio Giulini, vol. V, p. 272. 

1862,— 1. 5 


66 MÉMOIRES 


Cette magnifique pièce, de flan épais, doit être considé- 
rée comme un essai, sinon comme un piedfort; elle m'a été 
communiquée par le comte Ch. Taverna, dans la famille 
duquel elle est entrée au dernier siècle, après avoir long- 
temps fait partie du musée Cigalini, à Côme. 

Il en existe un autre exemplaire dans le médaillier du 
roi, à Turin. 

N° 2. LVDOVICYS. D. G. REX. FRANCORVM. Buste du 
roi, à droite. 

®. MEDIOL ANI DVX. Écu écartelé de France et de Vis- 
conti. 

Essai en or, d'un ducaton déjà gravé dans Le Blanc' 
et Argelati *. 

Collection formée par l'historien comte Pierre Verri, et 
possédée aujourd’hui par son fils, le comte Gabriel. 

N° 3. Autre ducaton semblable frappé sur argent, avec 
le même coin au revers, mais présentant quelques diffé- 
rences au droit. 

Collection Verri. 


Demi-ducaton. 


+ LVDOVIC’. D. G. REX. FRANCORVM. Buste du roi, 
tourné à droite. 


1 Loe. cit., pe 824 D. 
* Vol. LT, tar. V, n° 29, 


ET DISSERTATIONS. 67 


à. ET. MEDIOLANI. DVX ET. C ; au centre, l'écu aux 
lis et à la guivre, accosté de deux couronnes. La tête de 
saint Ambroise, différent de l'atelier de Milan, se voit dans 
la légende. 

Cette pièce présente sensiblement le mème type que la 
précédente. De flan mince, elle ne peut être que le demi- 
ducaton dont parle Le Blanc sans le décrire. Elle n'est pas 
rare et se trouve notamment à Bréra et dans la collection 
de M. Verri. Elle est gravée dans Bellini ‘. 


T'eston. 


Ne 4. + LVDOVICVS. D. G. FRANCOR’ REX. Buste du 
roi, à droite. 

#. ME DIOL ANI D VX. Saint Ambroise à cheval, à droite; 
au dessous, l’écu de France. 

Collection de M. Ch. Taverna. 

N° 2. LVDOVIC’ D’ G’ FRANCOR’ REX. Écu de France ac- 
costé de deux lis. 

à. MEDIOLA NI DVX. Saint Ambroise assis, tenant une 
crosse de la main gauche et un fouet de la droite. La lar- 
geur du flan est de 27 ou 28 millimétres. 

Ce type n'est indiqué dans Le Blanc que pour l'or. 

Musée Bréra. 

La même pièce existe à Milan chez MM. Verri, Taverna, 
Morbio, etc., avec de légères différences. 

Ne 3. + LVDOVICVS. D. G. FRANCORVM REX. Buste du 
roi, à droite. | 

#. ME DIO LANI D VX. Saint Ambroise à cheval. 

Collection Verri et musée Trivulce. 


t Loe. cit., tav. X, n° 11, 


68 MEMOIRES 


N° 4. Même type et mème dispositif de la légende au 
droit. 

R. ME DI OLA NI DVX. Saint Ambroise à cheval. 

Musée Bréra. 

Je ne cite que pour mémoire ces variétés de coin du 
teston le plus commun de Louis XII. J'en ai rencontré 
d’autres où la légende du revers est partagée de manière 
différente ; ainsi l’exemplaire gravé dans Argelati porte 
ME D 10 LA NI: DVX. 


Demi-teston. 


N° 4. + LVDOVICYS. D. G. FRANCOR’ REX. Ecu de 
France, accosté de deux lis. | 

R. MEDIOLANI DVX. ET. C. Saint Ambroise assis. 

Pièce à peu près de même diamètre que le teston pré- 
-cédent, mais beaucoup plus mince; c'est le demi- 
teston ’. 

Musée de Bréra et collection Verri. 

. Tl existe dans les autres médailliers de Milan plusieurs 
variétés de ce demi-teston. 

N° 3. Le musée Trivulce possède une monnaie en argent 
également du module du teston, mais de flan mince, qui 
présente comme la précédente. d’un côté l’écu écartelé de 
France et de Milan, mais de l'autre une croix fleurie. Cette 
pièce est complétement inédite ; elle sera, je l'espère, pu- 
bliée par le comte J. Porro, avec d’autres raretés de cette 
collection si variée. 


1 Il a existé aussi des trois quarts de teston de Louis XII. D. Promis, 
Munete della zecca d’Asti, tav. IV, n° 10. 


ET DISSERTATIONS. 69 


Faancois I, 


* FRANCISCVS + D+-G-++ FRANCORVM + REX+. La téte 
de saint Ambroise sert de différent monétaire. Dans le 
champ, le buste du roi tourné à droite ; grénetis et contour 
épicycloidal. 

à. *MEDIOLANI ** DVX * ET * C’ * (et cetera). Écu écar- 
telé de France et de Milan. 

Cette plaque de cuivre, large de prés de 40 millimétres, 
fait partie depuis longtemps du médaillier de la famille 
Verri, où elle est considérée comme un essai du temps. 

Agréez, etc. 

G. ROBERT. 

Metz, le 25 novembre 1861. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Description historique des monnaies frappées sous l'empire 
romain, communément appelées médailles impériales , 
par Henry Come. Paris, C. Rollin, 4859. Temes | et If, 
in-8°, 88 planches. 


Deuxième article !. 
NeEron. 


M. Cohen (n° £48) donne avec un signe de doute le nom de 
Neptune à la statue érigée dans Fintérieur du macellum d'Au- 
guste, MA. AVG. ; il parie aussi de poissons placés de chaque côté 
des six marches qui donnent accès à l’éditice. Si la chose existe 
réellement ?, il s’ensuivrait que le poisson était regardé comme 
principal approvisionnement {obsenium) aussi bien à Rome qu'en 
Grèce et en Asie. Cf. Forcellini, sub v. Obsontum ; ct en effet le 
macellum est nommé &yopà tiv Sfwv par Dion Cassius (Hist., 
LXI, 18). Le macellum d’Auguste figuré sur les monnaies de 
Néron est surmonté d’une coupole élevée (tholus) comme 
l’ancien macellum, selon le dire de Varron (ap. Nonium, VI, 2, 
sub v. Sulcus): Trisulcum fulmen.... mattat in THOLUM MACELLI. 
Dans un fragment d’inscription découvert aux ruines du Tabula- 


1 Voyez Revue numismatique, 1861, p. 479 et suiv. 

9 Il ne peut exister le moindre doute sur la présence de deux dauphins placés 
le long des degrés. Il s'ensuit naturellement que la statue érigée au milieu 
du macellum doit représenter Neptune. J. W. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 41 


rium (Buil. de l’Inst. arch., 1851, p. 406), on trouve mentionné 
le procureur, PROCVRATOR MACELLI MAGNI, et ce macellum 
magnum doit probablement étre le méme que le macellum 
d’ Auguste, MA AVG. des monnaies de Néron. 

Les pompeuses légendes PACE P. R. TERRA MARIQ. 
PARTA, PACE P. R. VBIQ. PARTA d’autres monnaies de 
Néron se trouvent éclaircies quand on les rapproche d'un vers 
de la satire du poéte Turnus, dirigée contre les extravagances 
de cet empereur : 

Et molle imperii senium sub nomine pacis. 
{ Poste minores, ed. Lemaire, t. II, p. 130; 
t. III, p. 98, ed. Wernsdorf. ) 


Crops Macer. 


Aux rares monnaies de Clodius Macer décrites par M. Cohen 
(p. 216 et 217), il faut ajouter celle qui montre au droit la tête 
de Rome casquée, ayant deux pliimes sur le casque et accom- 
pagnée de la légende ROMA et au revers un trophée, monnaie 
décrite par moi dans les Annales de l'Institut archéologique 
(t. XXIU, p. 247). L'auteur, qui n’a connu que tardivement 
ces observations sur la numismatique impériale, ainsi que celles 
que j’ai publiées dans le Bulletin archéologique de Naples, se 
propose d’en faire usage dans un supplément qu’il compte 
ajouter à son nouvel ouvrage '. 


1 Les importantes observations de M. l’abbé Cavedoni sur la numismatique 
impériale depuis Jules-César jusqu'à Marc-Aurèle et ses enfants ont été pu- 
bliées dans les Annales de l'Institut archéologique de Rome, t. XXII, XXIII et 
XXV, et dans le Bulletin archéologique de Naples, années IV et V de la nou- 
velle série. L'auteur a eu l'intention de donner un supplément à l'ouvrage 
fundamental d’Eckhel. Pour faire connaître l'importance de ces observations 
par rapport à l'histoire, j’ai choisi les suivantes : 

Eckhel (D. N., V1, p. 202) et M. Coben (t. 1, p. 131) disent que l’année de la 
naissance de Drusus, fils de Tibère et de Vipsanie Agrippine est incertaine, 
M. Cavedoni ( Ann. de PInst, arch., t. XXIII, p. 231 ) fait observer qu'on sait 
anjourd’bui la date précise de la naissance de Drusus. D'après un fragment du 


72 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Gaba. 


. IMP. SER. GALBA AVG, Tête laurée, à droite. 

n LIBERTAS P. R. Femme debout de face et regardant a 
droite, tenant un pileus dans la main droite; de chaque côté un 
épi s’élevant du sol. — Æ. 

La description de cette rare monnaie , donnée par M. Cohen 
(n° 49) d’après l’exemplaire du Cabinet des médailles de Paris, 
confirme son authenticité , contestée par Schlegel. La présence 
des denx épis plaeés de chaque côté de la Liberté a été expliquée 
par Eckhel (D. N., VI, p. 293). Le geste de la Liberté, les 
mains levées, semble indiquer qu’elle exhorte les laboureurs à 


calendrier de Cumes publié par M. Mommeen, Borghesi ( Bullet. de l'Inst. 
arch., 1846, p. 79-80 } a fait voir que la naissance de Drusus doit être fixée 
au 7 octobre de l’an de Rome 739. 

M. Cohen (t I, p. 131, n° 1) décrit ainsi une médaille de Drusus : Tétes des 
deux enfants de Drusus ( Tibère et ...... ? ) sur deux cornes d'abundance; au milieu 
un caducée ailé, Æ, 1. 

Les noms des deux fils jumeaux de Drusus le Jeune sont Tibère et Germa- 
nicus, nés en 772, ce qui résulte d'une inscription de l'île de Cypre publiée 
dans le Corpus inscr. gr., n° 2630 : AIAYMON YIQN Azoveou TIBEPIOY KAT 
TEPMANIKOY. Cf. Ann. de l’Inst. arch., t. XXIII, p. 232. 

On a dit d’une manière trop absolue (Cohen, t. II, p. 1) que les historiens 
n’ont fait mention d'aucun des faits qui sont représentés dans les bas-reliefs de 
la colonne Trajane. M, l’abbé Cavedoni ( Bull. arch. Nap., ann. IV, p. 48) re- 
connaît sur la monnaie décrite par M. Cohen (t. II, n° 419) Rome triomphante 
aseise , foulant aux pieds la tête de Décébale, roi des Daces. Voici les raison- 
nements sur lesquels s'appuie l'illustre numismatiste : Dion Cassius ( Hist., 
LXVIII, 14) raconte que Décébale, se voyant réduit à tonte extrémité, se 
donna la mort, et qu’on lui coupa la tête pour être portée à Rome. Tretzds 
(Chiliad., II, 75) ajoute que Trajan retourna triomphant de la Dacie à Rome, 
portant avec lui la tête de Décébale et emmenant les captifs daces. Or, sur la 
colonne Trajane (n° 313) on voit deux soldats romains qui, dans le camp, 
montrent la tête de Décébale placée sur une table; plusieurs des assistants 
saisis d'horreur détournent les regards, tandis que d’autres contemplent avec 
avidité la tête de l'ennemi des Romains, Le revers de la médaille de Trajan 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 73 


caltiver en toute liberté les champs, ce qui rappelle le vers de 
Virgile (Eclog., 1, 45) : 


Pascite, ut ante, boves, pueri : submittite tauros. 


On peut aussi rappeler en cette circonstance les greniers de 
Galba , horren Galbiana, mentionnés par un auteur ancien. 
Voir Mommsen, Chronographen vom Jahr, 354, p. 632. 

2 SER. SVLPI. GALBA IMP. CAESAR. AVG. Tête laurée. 

B. PIETAS AVGVSTI S. C. La Piété debout auprès d’un 
autel allumé, orné d’un bas-relief, qui montre Enée portant sur 
ses épaules son père Anchise, et tenant par la main son fils 
Ascagne; pres de l’uutel, un taureau ou un bélier. — AL 1. 

L’aatel et lu victime font allusion à la piété envers les Dieux, 
et le pieux Enée (pius Æneas ) à la piété envers les parents. 


montre évidemment Rome victorieuse foulant aux pieds non la tête d'un Dace 
quelconque, comme dit M. Cohen, mais bien celle du fier et cruel Décébale, 
qui pendant wne vingtaine d’années Jutta contre Ja puissance romaine Insulter 
ainsi aux nations vaincues peut sembler une action vile et basse; mais les Ro- 
mains n’en jugeaient pas ainsi; ils se rappelaient trop les atrocités des Daces. 
Sur la colonne Trajane (n° 178 , on voit les femmes daces, animées par les 
sentiments les plus barbares, occupées à brûler vivants et à petit feu les mal- 
beureux Romains pris à la guerre, et qui sont amenés nus, les mains liées 
derrière le dos.— Sur une médaille d'or de Trajan (Cohen, t. II, p. 42, n° 264. 
— Cayius, n° 288) est représenté l'empereur lui-même foulant aux pieds la 
tète de Déodbale. 

On peut citer encore les réflexions pleines d'intérêt de M. l'abbé Cavedoni 
sur les monnaies fausses de Trajan (p. 70) et sur les types géographiques des 
monnaies d’Hadrien (p. 122 et suiv. ). 

Dans le Bulletin archéologique de Naples (ann. V, p. 16, n° 27), M. j’abbé 
Cavedoni parle d’un médaillon de bronze à l'effigie d’Antouin le Pieux gravé 
dans le Trésor de numismatique et de glyptique (Iconographie des empereurs romains 
et de leurs familles, pl. XXXITIE, n° 8) et au revers duquel seraient figurés les 
jeux du cirque. Ce revers n’a pas été décrit dans l'ouvrage de M. Cohen, au 
règne d’Antonin le Pieux, par la bonne raison qu'il n'existe pas et que c’est 
un revers de Gordien II (Cohen, t. IV, Gordien III, pl. VII, n° 189). On 
doit lire TR.P.VII et non XII comme M. Cavedoni l’a dit par erreur. C'est 
par inadvertance que, dans le Trésor de numismatique, le revers des jeux du 
cirque de Gordien HII a été accolé à l'effigie d’Antonin le Pieux. J. W. 


7h BULLETIN RIBLIOGRAPHIQUE. 


M. Cohen (p. 238), d’après observation de M. Poole, Gn 
des conservateurs du Musée Britannique, fait remarquer que 
sur quelques médailles de Galba, au revers de Rome, la tête 
de l’empereur est ceinte d’une couronne de chêne; il regarde 
avec raison cette couronne comme un attribut destiné à rap- 
peler que Galba avait conservé la vie à un grand nombre de 
citoyens. Cette particularité ne doit pas être très-fréquente, 
puisque sur toutes les monnaies de ce prince que j’ai eu oc- 
casion d’examiner, sa tête porte constamment la couronne de 
laurier. 

L’auteur range parmi les monnaies autonomes frappées a 
Rome pendant l’interrègne qui suivit la mort de Néron et parmi 
celles de Galba le denier attribué jusqu’à ce jour à M. Brutus, 
portant au droit la légende LIBERTAS, qui accompagne le 
buste de la déesse, et au revers les mots P. R. RESTITVTA, 
gravés autour d'un pileus entre deux poignards (Cohen, Mon- 
nates de la République romaine, pl. XXIII, Junta, ne* 14 et 15). 
Il corrobore cette opinion en disant que le poids et la fabrique 
de ce denier ainsi que la légende correspondent exactement à 
d’autres monnaies indubitablement frappées sous le régne de 
Galba, et en rappelant d'un autre côté les paroles de Suétone 
(in Nerone, 57): Plebs pileata tota urbe discurreret. Toutefois, 
il me reste un léger doute en considérant que Néron finit sa vie 
par le suicide, et ne succomba pas, comme Jules-César, sous 
les coups des poignards des conjurés. 


VITBLLIUS. 


4. A. VITELLIVS GERMAN, IMP. AVG. P.M. TR. P. Busie 
lauré. 

R. L. VITELLIVS COS. IT. CENSOR. Vitellius le pere assis 
sur la chaise curule, tenant une branche d'arbre garnie de feuilles 
dans la main droite étendue, et le sceptre d’ivoire (scipio) sur- 
monté de l'aigle dans la main gauche. — AV. et Æ. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 75 


Aucun numismatiste n'avait encore remarqué Ja branche 
d'arbre garnie de feuilles, particularité des plus importantes, 
puisque si d’un côté l’attribut du sceptre d’ivcire (scipio) sur- 
monté de l'aigle, fait allusion au triple consulat de L. Vitellius, 
père de l'empereur, d’un autre côté la branche d’arbre, pro- 
bablement d’olivier (felicis olivæ), doit être rapportée à sa qua- 
lité de censeur et au lustre accompli (lustrum conditum ) à la 
fin de sa charge. (Cf. Borghesi, Ult. serie dei censori , p. 116, 
421). 

VESPASIEN. 


IMP. CAESAR. VESPASIANVS AVG. 7‘éte laurée. 

WH. GENIVM P. R. Le Génie du peuple romain debout tenant! 
de la main droite une patère et de la gauche une couronne. — AR. 

Ce denier du Musée Britannique me paraît remarquable par 
la légende GENTVM P. R. à l’accusatif, ce qui ajoute un exem- 
ple de plus à d’autres légendes analogues : PORTVM TRAIANTI, 
VRBEM RESTITVTAM , FELICITATEM ITALICAM, GALLIE- 
NVM AVG. P. R. et d’autres. ( Voir Eckhel, 7). N., VI, p. 316, 
426; Vil, p. 219, 344 — Bull. arch Napol., anno IV,p 62"). 
Du reste, le Génie du Peuple romain, qui ordinairement tient 
une patère et une corne d’abondance, semble ici porter une 
couronne de laurier pour rappeler les victoires de Vespasien et 
de Titus. 

2. IMP. CAES. VESP. AVG. CENS. Tête laurée. 

yh. PAX AVG. La Paix, debout, tenant un caducée ailé de la 
main droite el un rameau d’olimer dans la gauche ; près d’elle un 
trépied sur lequel est placée la bourse de Mercure. — AV. et Æ. 

On pourrait croire que l’objet placé sur le trépied est un . 
poisson comme sur certaines monnaies de Vitellius (Cohen, 


$ Si dans la numismatique romaine il y a peu d'exemples de cette forme 
de l'accusatif, d'un autre côté il y a un grand nombre de médailles à légendes 
grecques qui portent les noms des empereurs à l'accusatif. Quelques-unes por- 
tent des noms de divinités au même cas. J. W. 


76 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


n* 45 et 46); mais si réellement c’est la bourse de Mer- 
cure, comme lassure M. Cohen (n° 143 et 145), cet attri- 
but montrerait que l'argent est ami de la paix, et l’on pourrait 
se rappeler aussi l'amour extrême de Vespasien pour l’argent, 
particulièrement pour les belles pièces d’or. Sueton., in Ves- 
pas., 231. . 

3. IMP. VESPASIAN. AVG. TR. P. P. P. COS. Nil. Tête 
laurée. 

R. PAX. AVGVST. Vespasien couvert du paludamentum, de 
bout, relevant une femme à genoux, la tête tourelée — AV. 

M. Cohen (n° 447) reconnaît dans le type de ce remarquable 
aureus du Muséé Britannique, |’ Arménie relevée par Vespasien, 
mais il me paraît plus probable qu'on doit voir ici la Comemagéne. 
Antiochus, roi de Commagène, ayant été accusé d'avoir trameé 
une conspiration contre les Romains en s‘alliant avec les Par- 
thes, Cæsennius Pætus, préfet de Syrie, par ordre de l'empe- 
reur, s’empara de la Commnagène et réduisit ce royaume en 
province. Joseph. Bell. Jud., Vil, 7. Cf. Eckhel, 2. N., IM, 
__p. 285, et VI, p. 320. 


Donrtiex, 


M. Cohen (t. I, p. 456) avait d’abord reconnu un hippopotame. 
dans le grand quadrupède qui est figuré sur les petites monnaies 


1 L'objet placé sur le trépied n’est ni un poisson, ni la bourse de Mercure 
. (crumena). C’est le même objet que tient ordinairement Ja Fertilité, Ubertas. 
Or, dans une lettre datée de Modène, le 19 octobre 1861, et adressée par 
M. l'abbé Cavedoni à M. Cohen, l’illustre numismatiste, dit que l’attribut dans 
la main d’Ubertas n’est ni une bourse, ni une grappe de raisin, comme on l'a 
cru, mais bien un pis de vache (uber, ubera), et cette ingéniense explication, 
que M. Cohen et moi nous adoptons sans hésitation, est confirmée par le type 
de la femme qui trait une vache, accompagné de la légende VBERITAS, au re- 
vers des médailles de Carausius (Cohen, t. V, n° 253). Ce rapprochement, qui 
vient si heureusement à l'appui de l'explication de l'attribut porté par Ubertas, 
est dû également à M. l'abbé Cavedoni, J. W. 


BULEETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 77 


de bronze de Domitien; mais plus tard (t. IL. p. u), il s’est ravisé 
et a adopté avec raison l’opinion d’Eckhel (D. .V., VI, p. 393), 
qui nomme ce quadrupède un rhinocéros. Je ferai observer en 
même temps qu’Eckhel reconnait un rhinocéros a deux cornes 
sur les monnaies de Domitien; mais le docte Blumenbach 
(Comment. Socretatis Gotting., t. XXI, part. 1, p. 183) assure 
avoir vu la représentation d’un rhinocéros à une seule corne sur 
une de ces petites monnaies d’une conservation parfaite. qu'il 
avait trouvée dans le riche Musée Hunter, à Glasgow. Le même 
savant fait remarquer que l'espèce du rhinocéros à une seule 
corne est originaire de l’Inde, et celle du rhinocéros à deux cornes 
de I’ Afrique ; rt comme il lui paraît peu probable que les Romains 
eussent reçu de l’inde niême les rhinocéros à une seule corne, 
il pense que l'espèce africaine produisait quelquefuis un rhino- 
eéros à une seule corne. Mais il me paraît qu’il n’y a rien d’im- 
posible que les Romains fissent venir directement de lInde, 
par la voie d'Alexandrie, les rhinocéras à une seule corne, tels 
que furent ceux menés en triomphe par Pompée et par Au- 
guste (Plin., 7. N., VUL, 20, 29; Dio Cass., Hist., LI, 22). 
On est porté à croire que le rhinocéros vu par Strabon (XVI, 
p. 774.—Cf. Cuvier, Adnot. ad Plin., VIH, 20, 29) à Alexandrie 
était venu de l’Inde, parce que le géographe décrit cet animal 
mieux que tout autre écrivain de l'antiquité, et, entre autres par- 
ticularités parle des deux appendices, semblables à des volutes, 
formés par la peau repliée de chaque côté du dos (Eyet 2 xal atélous 
860, a bv onelpac paxévru ) ; ces appendices sont très-bien indi- 
qués sur les petites monnaies de Domitien dont il vient d’être 
question. 


TRAJAN. 


4. VIRTVTI ET FELICITATI. Za Valeur et la Félicité, de 
bout avec leurs attributs. — AV. 

M. Cohen (n° 294) décrit ce remarquable aureus d’après ba 
gravure du comte de Caylus; il aurait pu citer également Eckhel, 


78 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


D. N., Vi, p. 436. J'ai déjà rappelé (Bull. arch. Nap., ann. IV, 
p. 64) quelques passages qui se rapportent à ce type. On peut y 
ajouter les paroles suivantes d’Ammien Marcellin (XIV, 6, 3): 
Roma ut augeretur sublimibus incrementis, federe pacis xternz 
Virtus convenit atque Fortuna plerumque dissidentes, etc. 

2. PORTVM TRAIANI, S. C. Port de forme hexagone, en- 
touré de grands édifices. — Æ. I. Se 

M. Cohen (n° 365) reconnaît dans ce type l’enceinte des 
murs de Civita-Vecchia. J’étais porté à adopter l'opinion de 
Nibby, qui voit ici le port intérieur ajouté par Trajan au port 
d’Ostie, construit par Claude (cf. Bull. arch. Nap., ann. IV, 
p. 62); cependant je crois l’explication d’Eckhel encore préfé- 
rable, d’autant plus que Popinion de l’illustre numismatiste vien- 
nois me semble se corroborer par un passage de Ptolémée (Geo- 
graph., Wl, 4, 4) dans lequel Civeta- Vecchia, ou Centumcellz, 
est nommé Tpaiavdc Av, peu de temps après le règne de 
Trajan. 

3. IMP. CAES. NERVAE. TRAIANO AVG. GER. DAC. P.M. 
TR. P. P. P. Buste lauré a droite. 

y. S. P.Q. R. OPTIMO PRINCIPL S.C. Prêtre voilé qui con- 
duit deux bœufs attelés à une charrue. — Æ. 1. 

Le type de ce rare sesterce de bronze fait vraisemblablement 
allusion aux colonies envoyées par Trajan dans la Dacie, pays 
conquis par lui. Un exemplaire de cette pièce a été vendu, au 
dire de M. Cohen (n° 488), le prix énorme de 4,087 fr. 80 c. à 
la vente de la collection de M. Herpin, faite à Londres en 
1857. 

M. Cohen (n° 482) veut reconnaître le Tibre furieux dans le 
type du Danube qui ravage et opprime la Dacie (cf. Budi. 
arch. Nap., ann. I, p, 52); cette explication ne me semble pas 
heureuse. Sur la colonne Trajane (segm. XXI-XXII) on voit des 
Daces, avec leurs chevaux, renversés et entrainés par des tor- 
rents qui se précipitent du haut de montagnes couvertes de 
bois. | 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 79 
HAaDRIEN. 


M. Cohen a négligé de décrire, et j'ignore par quelle raison’, 
parmi les belles médailles géographiques du règne d'Hadrien, 
celle qui porte la légende : EXERCITVS IVDAICVS. Cf. Eck- 
hel, D. N., VI, p. 496. Mais, d’un autre côté, il ajoute la des- 
cription de la pièce suivante (n° 624), qui est tout à fait nou- 
velle et singulière : 


4. HADRIANVS AVG. COS. P. P. Buste lauré avec le paluda- 
mentum. 

3» ADVENTVI AVG. PARTHIAE. 8S. C Hadrien debout, en 
face de la Parthie, en habits courts, la tête couverte du pileus et 
tenant une patére et un roseau (?). Entre les deux personnages un 
autel allumé et auprès une victime accroupie. — Æ. 1. 

Peu de temps après la mort de Trajan, Hadrien rappela 
les légions qui occupaient l’Arménie, la Mésopotamie et l’As- 
syrie, et fixa les limites de l’empire romain aux rives de l’Eu- 
phrate. Il ne pouvait donc pas visiter la Parthie comme pro- 
vince de l'empire romain, après avoir pris ces mesures, ce qui 
pourrait faire élever quelques doutes sur l’authenticité de cette 
pièce. Mais comme l’exemplaire décrit par M. Cohen se trouve 
au Cabinet de France, et que l’auteur le donne comme parfaite- 
ment authentique, il faut supposer qu’Hadrien en visitant la 
Syrie et l'Arabie, vers l’an 130, arrivé aux confins de J’empire, 
rencontra un ambassadeur du roi des Parthes, envoyé peut-être 
avec la mission de réclamer le trône que Trajan avait enlevé. 
(Spartian. in Hadr., 13.) 

Peut-être le roi des Parthes, afin d’ubtenir ce qu'il désirait, 
envoya-t-il un ambassadeur pour offrir une couronne d’or où 


' Ayant écrit à l'auteur pour l’avertir de cette omission, il vient de me 
répondre que ne trouvant le type de l'Exercitus Judaicus décrit seulement par — 
Patin (ad Sueton., p. 377 ) , il l’a omis avec intention; cependant il convient 
que peut-être i) a eu tort, 


80 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


quelques autres dons à Hadrien, comme il arriva daris les pre- 
mières années du règne d’Antonin le Pieux ; la Parthie est fi- 
gurée sur une médaille de grand bronze, au revers de la têle 
d’Antonin le Pieux, PARTHIA, tenant d’une main une couronne 
radiée et de l’autre un arc avec le carquois. Eckhel, D. N., VII, 
p. 5 et 10. 


2. TELLVS STABILITA, S. C. ou STABIL. La Terre, debout, 
tenant un soc de charrue et un râteau oubident. — AV. MR. et Æ. I. 

Je m’estinie heureux de m'être rencontré avec M. Cohen dans 
explication de l'instrument auquel Eckhel (D N., VE p. 509) 
donne le nom de hoyau (/igo). Voir Bull. arch. Nap., ann. IV, 
p. 126. Du reste, ces monnaies, qui vantent le rétablissement 
de univers et de l’agriculture, ont été probablement frappées 
postérieurement à l’atroce guerre juduique qui ébranla pour 
ainsi dire tout l’empire romain. Dio Cass. -Htst. LXIX, 13: 
Hans the elrsiv, xivoupévnc ext cudtep | tip roddpmp) tis olyoupdvrc. 


3. FELICITATI AVG. COS, Il. P. P. S. C Triréme avec ses 

rameurs, le mlote, des enseignes militaires et differents orne- 
ments. — AR. Æ Let IL. 
Hadrien dut se plaire à multiplicr ce type sur ses monnaies; 
il rappelait sa navigation heureuse dans plusieurs mers : aussi 
M. Cohen décrit-il sept coins différents dans l’argent et bien 
quarante-deux dans le grand et le moyen bronze. Sur les pièces 
de bronze, on voit la plupart du temps à la proue un Triton 
qui souffle dans une conque marine (voir Bull. arch. Nap., 
ann. IV, p. 139), tantôt Neptune debout ou bien Pallas com- 
battant, ou Pégase ; ce sont 1a peut-être les divinités tutélaires 
(tutelæ) des vaisseaux qu) avaient transporté par mer cet em- 
pereur, grand amateur de voyages. Un médaillon de bronze 
frappé à Cyzique porte la légende €YTYX€CTATOY CEB. Trireme. Ce 
médaillon a été gravé dans l'ouvrage de Caronni, Mus. Wiczay 
Hedervar. tab. XX, n° 44€. — Cf. Mionnet, V Suppl , p. 317 
et 318, n° 223. — Greppo , Mémoire sur les voyages de l'em- 
pereur Hadrien, p. 161, Paris, 4842, in-8*, 


BULLETIN BIRLIOGRAPHIQUE. 84 


4. SALVS AVG. S. C. La Santé debout donnant à manger à 
un serpent qui lève la téle en s’enrowlant autour d’un autel ; dans 
la main gauche, un gouvernail appuyé sur un globe. — A. I. 

Le gouvernail posé sur le globe terrestre, attribut propre à la 
Fortune et à la Providence, est mis dans la main de la Santé de 
Vempereur probablement pour donner à entendré que le bon gou- 
vernement de la chose publique dépendait de Ja santé d’Hadrien 
lui-même. La même idée se trouve indiquée sur une monnaie : 
d’Auguste ayant pour légende : OB Rem Publicam CVM SALVTe 
IMPeratoris CAESARis AVGusti CONServatam. Voir Bull. arch. 
Nap., aon. V, p. 128, et Cohen, Auguste, n° 349 *. 

3. HADRIANVS AVG. 7éte laurée. 

y. S.C. La dispute de Palla et de Neptune pour la possession 
d'Athènes. — Æ, I, 

Ce type, extrêmement rare { Cohen, n° 1116), se rapporte 
manifestement à la ville d’Athénes, agrandie et considérable- 
ment embel'ie par Hadrien. 

6. VICTORIA AVG, Victoire debout demi-nue, tenant une 
palme dans la main gauche et un aigle avec une couronne de lau- 
rier en son bec, sur la main droite. — AV. 

Cet aureus du Musée Britannique (Cohen, n° 513) me parait 
très-remarquable, en ce que le type sert à expliquer la cou- 
ronne de laurier dans le bec de l’aigle qu’on voit sur un grand 
nombre de monnaies tant impériales que de villes. La Victoire 
tient ordinairement dans une main une palme et dans l'autre 
la couronne de laurier ; et sur cet aureus, comme la déesse porte 
de la main droite, au lieu de la simple couronne de laurier, un 
aigle tenant la couronne en son bec, il en résulie que c’est 
comme si l’on disait que /a victoire est donnée par Jupiter. Cf. 
Eckhel, D. N., VI, p. 507?. 


1 Cf. Revus numism., 1857, p 360. 

? L’aigle est le symbole de la victoire. Dans la guerre des Titans contre les 
Dieux, l'aigle vint au-devant de Jupiter, qui aussitôt remporta la victoire. Serv. 
ad Virg., Æn., 1, 394. Ipsam (aquilam), etiam Jovi, cum adversus Titanas be!lum 

1862,— 1. 6 


82 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


L. Æruius César. 


L. AELIVS CAESAR. Tête nue, à droite. 

y. HISPANIA. S. C. Femme assise sur un rocher ou colline, et 
tenant un rameau d’olivier dans la main droite. — Æ.I. : 

Je ne sais pourquoi M. Cohen dit que ce sesterce du Musée 
Britannique a été frappé hors de Rome, puisque la présence 
des sigles S. C. s'oppose à cette supposition. 

La Bétique, province d’Espagne riche par ses oliviers (ëata) 
semble faire allusion à la patrie dela famille Ælia dans laquelle le 
nouveau César venait d’être admis. Cf. Cohen, Antonin, n° 612. 


C. Cavepont. 
gereret, obvolasse in augurium , ac statim victoriam consecutum. L'aigle était l'au- 


gure le plus favorable quand on l’apercevait, et c'est pourquoi cet oiseau est 
placé sur les enseignes militaires. Serv. ad Virg., 2. cit., IX, 564,  J. W. 


D 


CIIRONIQUE. 





LETTRE 


A M. Ch. Robert sur un denier de Mirecourt. 





Monsieur et cher maitre, 


Je viens d’abord vous remercier de la communication si in- 
téressante pour les amateurs de monnaies lorraines que vous 
nous avez faite dans la Revue numismatique‘. Il serait fort 
à désirer que votre exemple fût suivi par tous ceux qui 
ont quelques raretés de ce genre : nous finirions par avoir les 
éléments nécessaires pour faire des suppléments devenus 
indispensables aux remarquables travaux de M. de Saulcy sur 
les monnaies des dues de Lorraine, des comtes de Bar et 
des évêques de Metz, ainsi qu’à vos recherches sur les mon- 
naies des évêques de Toul. Ces suppléments seraient d’au- 
tant plus complets, et les renseignements ou analyses qui ac- 
compagneraient la description des pièces seraient d’autant plus 
exactes, que le tout aurait été d’avance soumis à l’examen et à 
la critique des nombreux lecteurs de la Revue, qui, disséminés 
sur un grand nombre de points, sont quelquefvis plus à 
même de connaitre une circonstance ou un fait concernant la 
localité ou le pays que chacun d’eux habite , et sur l’histoire 


t Année 1861, p. 313 et suiv. 


Sh CHRONIQUE. 


desquels il n’est pas rare qu'il ait fait des études ou des recher- 
ches souvent plus minutieuses que ne pourrait le faire celus 
qui s’occupe de l’histoire de tout un peuple ou même d'une 
province. 

C'est justement ce qui marrive aujourd'hui au sujet d’une 
des pièces que vous venez de publier, et dont j’oserai vous de— 
mander la permission de discuter avec vous l'attribution. I} 
s’agit de la pièce anonyme au cavalier armé et à l’aigle éployée, 
sortant de l'atelier de Mirecourt, et dessinée sous le n° 2 de 
la planche XIIL de la Revue de 1861; vous. reconnaissez biens 
sur cette pièce le type des deniers anonymes de Nancy. 
Sierck , Thionville , Lunéville (ou Ligniville? ), attribués à Ma- 
thieu IT par M. de Saulcy', ainsi que du denier inédit de 
Prény que vous publiez au n° 1 de la même planche, et que 
vous laissez au même prince; cependant vous croyez devoir 
indiquer comme appartenant à Ferri Il le denier à l’aigle frappé 
à Mirecourt, parce que c’est seulement sous ce prince qu'a 
commencé à faire partie de la Lorraine la terre de Mirecourt, 
qu'il acheta , en 1284, d'Isabelle, fille et héritière d’Eudes, 
comte de Toul. Mais alors la prise de possession ou plutôt l’ac- 
quisition de cette place, déjà importante à cette époque, se trou- 
verait constatée par l’émission simultanée de deux monnaies 
offrant des types bien différents , le denier à l’aigle que vous 
avez publié et ceux au cavalier armé et à l’épée de marquis at- 
tribués à Ferri III par M. de Saulcy *. 

Mais cette double émission est un fait bien peu probable, et 
il faut chercher ailleurs une autre origine pour l'un ou pour 
l’autre de ces deniers. D’abord il est bon de constater que 
l'aigle , ce type presque constant des monnaies de Mathieu II, 
avait disparu à l'avénement de son fils Ferri à la couronne de 
Lorraine en 1951, et il semblerait déjà bien extraordinaire de 


1 Recherches sur les monnaies des ducs héréditaires de Lorraine, pl. 11, fig. là 
10, et p. 27 et suiv. 
4 Loc. cit., pl. Il, fig. 5, 6 et 7, et pl. XXXVI, fig. 3, p. 41 et 236. 


CHRONIQUE. 85 


ne le voir reparaîlre qu’en 4984 après un intervalle de trente- 
trois années , s’il n’existait pas une autre preuve qui, je pense, 
sera suflisante pour nous convaincre à ce sujet. 

H est un fait incontestable dans la vie de Mathieu II, c’est 
que ce prince n'a jamais manqué de constater par une émission 
de monnaies à légendes locales la prise de possession d’une lo- 
ealité quelconque, fut-il certain de ne pas en rester le maître, 
comme cela arriva pour Thionville, dont il avait reçu, comme : 
faisant partie de la dot de sa femme Catherine de Limbourg, la 
souveraineté honorifique seulement, et qu’il s’empressa de re- 
mettre au bout d’un an au comte de Luxembourg moyennant 
une faible somme d’argent. A plus forte raison dit-il agir ainsi 
sil s'agissait d’une ville qu’il avait conquise par les armes, et 
qu'il pouvait espérer avoir ajoutée au domaine ducal, et c’est 
justement ce qui existe à propos de la ville de Mirecourt qui 
était aux comtes de Toul, et qui, enclavée comme elle l'était 
au milien des possessions des ducs de Lorraine , dut exciter 
souvent leur convoitise. Au xme siècle, alors que les évêques 
tentaient par tous les moyens de substituer leur autorité à celle 
des comtes de Toul, Mathieu crut sans doute le moment op- 
portun pour déclarer la guerre au comte Ferri ou Frédéric V, 
et pour s'emparer de cette place qu’il posséda pendant plu- 
sieurs années. 

Voici, monsieur, la preuve de cette occupation de la ville de 
Mirecourt par le duc Mathieu II : 


Pendant la guerre qui eut lieu en 1229 et 1230 entre le duc 
de Lorraine ( Mathieu ) et le comte de Bar ( Henri IL), les deux 
adversaires se trouvèrent en présence devant la ville de Mire- 
court, déjà fortifiée dès avant cette époque, et sous les murs 
de laquelle les deux adversaires, d’accord avee le comte de 
Champagne, conclurent une trève qui ne dut pas être de longue 
durée, puisque dès le 25 décembre 1229 le comte de Bar se 
jetait en Lorraine , et y brilait soixante-dix villages ; le duc, de 
son côté, alla ravager les terres de son ennemi, et brila la ville 


86 CHRONIQUE. 


de Pont (à Mousson) qui venait d’être construite. Bientôt Ma- 
thieu fut obligé de faire la paix, dont les conditions furent ré- 
glées par deux arbitres, Thibaut, comte de Champagne, pour 
le duc de Lorraine , et Philippe , comte de Boulogne , pour le 
comte de Bar. 

Dans ce traité de paix, qui porte la date du jeudy après la 
feste de saint Nicolas , au mois de décembre 1230, après avoir 
réglé certaines réparations pour des dommages causés « deputs 
la trefve qui fut prise par le comte de Champaigne en l’ost de Me- 
ricourt, » les deux arbitres décident entre autres choses que le 
comte de Bar n’a rien à réclamer à Mirecourt et à Charmes, et 
que si le comte de Toul a quelques réclamations à faire à ce 
sujet , c’est au duc de Lorraine seul qu’il deyra s’adresser, et 
que ce dernier lui rendra raison ou justice *. 

Vous le voyez, monsieur, en 1229 déjà très-probablement , 
mais bien certainement en 1230, le duc Mathieu II était maître 
de Mirecourt , et, après le traité de paix qu’il avait fait avec le 
comte de Bar, il pouvait avoir l'espoir de conserver cette 
conquête, dont il dut se hâter, selon son habitude, de constater 
l’occupation en y faisant frapper ce denier anonyme que vous 
avez publié, et qui présente le type si constant des monnaies de 
ce prince. 

Maintenant pendant combien de temps a pu se faire cette 
émission, c’est-à-dire quand et comment Mirecourt est-elle 
sortie du pouvoir de Mathieu pour rentrer en celui du comte 
de Toul? Il m’a été impossible de trouver sur ce fait aucun ren- 
seignement : toujours est-il qu’en décembre 4234 Frédéric ou 
Ferri V, comte de Toul, était redevenu mattre de cette ville, 


1 « Dendroit de Mericourt et de Charmes et des appartenanees, le Cuens de 
Bar ni reclaime rien; et si li Cuens de Toul en set que demander, li Duc l’en 
fera raison. » 

Ce traité, le plus ancien titre écrit en francais qui soit dans les preuves de 
l'Histoire de Lorraine de dom Calmet, se trouve au tome II, pages ccecexlij et 
ecccxliij de la première édition ; il a été supprimé dans la seconde. 


CHRONIQUE. 87 


puisqu'à ectte époque il donna à ses habitants des chartes d’af- 
franchissement. 

J'espère, monsieur, avoir prouvé d'une manière satisfaisante 
pour tous que ce dernier doit être attribué à Mathieu IT; quant 
à moi, connaissant le traité et les faits qu’il constate , avant 
même d’avoir vu la pièce qui nous occupe, j'étais tellement 
convaincu que Mathieu avait dû frapper monnaie à Mirecourt, 
que j’avais recommandé à plusieurs marchands de monnaies de 
rechercher, parmi les deniers à l’aigle, s’il ne s’en trouverait pas 
qui porteraient le nom de cette ville, et c’est ensuite de ces 
recommandations que j'ai appris l’existence sur les cartons d’un 
amateur d’un exemplaire de ce denier que je regardais alors 
comme unique, et que je suis parvenu à faire acheter pour mon 
compte, il y a bien cinq à six ans. Il est exactement le même 
que celui dessiné par vous, c’est-à-dire que les lettres AUT sont 
retournées et se présentent ainsi AZ T, ce qui m'avait fait douter 
si ces signes étaient bien des lettres ou la représentation d'une 
valeur quelconque. Aujourd’hui, après un examen nouveau de 
cette pièce et de celles de Neufchatel (Neufchâteau ) à l’épée en 
pal, présentant les mêmes signes, et attribuées par M. de Saulcy 
à Ferri lll, j’en suis arrivé à me demander si ces dernières ne 
pourraient pas être restituées au due Mathieu ; mais là n’est plus 
la question que je m'étais proposé d'examiner, et d’ailleurs je 
m'aperçois que cette lettre est déjà beaucoup plus longue que 
je ne pensais la faire; aussi je m’arrête, laissant à d’autres plus 
habiles le soin de débrouiller et d’expliquer ce dernier point. 

Veuillez recevoir, monsieur, assurance de mon bien sincère 
dévouement, LaPREVOTE , 


Avocat à Mirecourt. 


Van Loon. Histoire métallique des Pays-Bas. 


La continuation de cet ouvrage célèbre (entreprise et conduite 
jusqu’à la quinzième livraison par l’Institut royal des sciences des 
Pays Bas) sera publiée par l’Académie royale chez l'éditeur, 


88 CHRONIQUE. 


Frénéric Mutter, à Amsterdam, et sera divisée en 5 livraisons, 
renfermant les années 1766 à 1806. Ces livraisons formeront un 
volume de 400 à 500 pages in-folio et 40 planches gravées avec 
le plus grand soin; le tout imprimé sur beau papier de Hol- 
lande. La première de ces livraisons a été mise en vente en 
septembre 1861 , les quatre suivantes paraitront en quatre ou 
cing années, et coûteront ensemble : en petit papier, 75 fr., et 
en grand papier, 95 fr. On souscrit chez MM. Frénéric Muicen et 
G. Tuéon. Bou, libraires, à Amsterdam, et chez les principaux 
libraires de l’étranger. 

Le livre de M. le comte Nauurs, intitulé : Histotre numisma- 
tique sous le règne de S. M. Louis-Napoléon, roi de Hollande 
(1806-1810), un volume grand in-4°, 200 pages, avec 14 plan- 
ches, dont 5 coloriées, publié en 4858 chez Fréd. Muller, à 
Amsterdam, au prix de 20 fr. avec des planches noires, et 24 fr. 
avec des planches coloriées, forme le complément de l’ouvrage 
de Van Loon. 

S’adresser à i’Énireur ou à M. G. Tnaéov. Box, à Amsterdam. 


Notre collabrateur, M. Louis Deschamps de Pas, vient d'a- 
chever et de publier, sous le titre de Aistotre sigillaire de la 
ville de Saint-Omer, l'ouvrage qu’il avait entrepris il y a vingt- 
cinq ans en collaboration avec feu A. Hermand. Ce volume, qui 
contient les figures de 333 sceaux en 43 planches, se rattache 
étroitement à la numismatique, tant par les tvpes que portent les 
scels et contre: scels. que par Ja paléographie des légendes. C'est 
à ce titre que nous en recommandons l’étude à nos lecteurs. 

Nous leur signalerons encore pour la même raison l’ouvrage 
publié l’année dernière par M. Blancard : /conographie des sceaux 
et bulles conservés dans les archives des Bouches-du-Rhône, livre 
orné de 71 planches dues à M. A. Laugier, artiste distingué qui 
fournit à notre Revue de si bons dessins des monnaies de Provence. 


MÉMOIRES ET DISSERTATIONS 





LETTRES A M. A. DE LONGPERIER 


BUR 


LA NUMISMATIQUE GAULOISE. 


Dixième article. — Voir le n° 6 de 1858, p. 437; le n° 5 de 1859, p. 313 
n° 6 de la même année, p. 401; le n° 3 de 1860, p. 164; le n° 4, p. ©: 
le n° 5, p. 345 ; le n° 6 de la m6me année, p. 409; Je n° 2 de 1861, p. 7% 
le n° 1 de 1862, p. L. 


Trouvaille de Chantenay (suite ). 


Bituriges. 


J'entends par pièces bituriges celles qui présentent la 
tête aquitanique, c’est-à-dire coiffée de trois grandes mé- 
ches de cheveux bordées de traits qui vont se réunir à un 
point rond. Ces pièces , d’ailleurs en petit nombre dans le 
trésor de Chantenay, offrent diverses variétés que je vais 
décrire successivement. 

4. Flan plat, tête à gauche. 

®. Cheval entier le pied de devant hors montoir levé, 
Au-dessus, une branche garnie de baies ; dessous, un an- 
nelet centré. 

Style très grossier. 2 exemplaires. — Poids, 45,80. 

1862. — 2. | 7 


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90 MÉMOIRES 


2. Même pièce, sauf que, sous le cheval, les lettres CAM 
ont remplacé l’annelet centré. 

4 exemplaire. — Poids, 45,55. La pièce est très-usée. 
3. Flan épais. Mémes types ; au-dessus du cheval, rien: 
au-dessous , un annelet au bout d’une hampe. Types bien 

en relief. 

4 exemplaire. — Poids, 1,84. 

4. Mêmes types généraux. Au-dessus du cheval, une 
épée ; au-dessous, une rouelle à quatre rayons. 

4 exemplaire. — Poids, 1*,90. 

5. Flan plat et large. Mémes types généraux. Au-dessus 
du cheval, rien ; au-dessous, le pentagramme. 

4 exemplaire. — Poids, 46,46. 

6. Mémes types généraux. Style très-grossier ; sous le 
cheval, un annelet centré. Flan assez épais. 

4 exemplaire. — Poids, 45,86. 

7. Style assez grossier. Mémes types généraux. Au- 
dessus du cheval, un sanglier ; au dessous, une croisette. 

2 exemplaires. — Poids, 45,80. 


SOLIMA. 


SOLIMA. Tête à gauche; derrière la tête, le symbole ¢ >. 

À, La légende inscrite d'ordinaire au-dessus du cheval 
n’a pas trouvé place. Cheval sanglé galopant à gauche; 
au-dessous, un poisson. 

2 exemplaires. — Poids, 45,90. 


Indéterminables. 


Restent enfin sept pièces dont les types sont mécon- 


naissables. 
Si nous faisons la somimne totale des monnaies gauloises 


ET ISSERTATIONS. 01 


comprises dans le trésor de Chantenay, nous trouvons. 


409 pièces. 

Il s'agit maintenant de tirer toutes les conséquences que 
ous pourrons, de l'examen comparatif des espèces qui 
figurent dans le dépôt dont nous venons d'analyser le 
contenu. | 

Commençons par ranger toutes les espèces par ordre de 
poids, nous aurons le tableau suivant : 


grammes 
Pièce arverne? à la légende EPOMIID. . .... 2,35 
Durnacus.— Donnus. . . .. se... 1,93 
Esianni. — Donnns. . . . .. soso... 1,925 
Durnacos. — Auscre. ... ....,...,..... 1,91#% 
Solima. so... 1,90 
Litavicus.. .................. »-. 1,90 
Verotal au lion. .......... ete tee . 1,883 
Togirix. — Togirl, .. ... ..... oe oe. oo 1,841 
Santonos......... ra .. » 1,88 
Durat. — Julios..... . rss sus 1,875 
Dabvorix. — Dubnocov ; à ia tate coupee’. . . . 1.873 
KAA et variétés. . .......... wee ee 1,869. 
Dubnorix. — Anorbe. ,..'............ 1,866 
Séqnanes.. ,.......... .... ee ee ee) 1,868 
Diasnlos.......... rss se 1,8614 
Q. Docirix. — Sam. f.... soso *, 6 1,8575 
Eduis. — Orgetirix. . ......…..,...... 1.8 
Gaiu. Juli.— Omapatis, .. ........... « 4, 
VNO. — 9 (type du Diasulos }., . ...... 1,85 
CM... eee eee ce ou... oe. es 1,85 
Lucios. «meer cease ss... 1,8466- 
Santonos. — Arivos.. . . . . .. + 1,84 
Bituriges (7 variétés). . .. .. .. ........ 1,838 
Orgetirix Coios. . . . .. ..... ess. 1,825 
Orgetirix Atpili. f. ( & l'étoile ). . . . .. . .... 1,825 
Ségusiaves. . .. 2. 2. eee eee ss. ],825 
Bubnorix. — Dubnocov (à l'étendard) , . . .. . 1.82 
Éduennes anépigraphes. . .,.,....,....,.. . 1,819 
Orgetirix Atpili. f. {au duuphin). . . . . . .. -- 1,80 
Julins Togirix. ...., 0... ee . 1,86 
Imioci. ,... so ee es 1,80: 
Ateula Vlatos ......... oe et tw °. 1,80 


0, — N&(tvpe du Diasulos),..... oe 1,80 


eee ee ee ee —E 


ee. 


99 MÉMOIRES 


Voyons quelles sont les conséquences qui découlent de 
ce tableau. Il est évident, au premier abord, que la pièce à 
la légende EPOMIID. appartient à un tout autre système 
monétaire que toutes les autres monnaies du trésor de 
Chantenay. Le poids des drachmes grecques de Marseille 
est sensiblement le même; c'est donc au système marseil- 
lais que se rattache la pièce d'EPOMHD. , et par conséquent 
le peuple qui l'a émise était proche voisin de la province 
romaine, puisqu'il avait adopté pour ses monnaies une 
taille et un poids qui leur permissent d’avoir cours dans 
cette province. 

Le trésor de Chantenay ne renferme pas un seul exem- 
plaire des pièces des Volkes Arécomiques, des Voconces ni 
des Allobroges ; c'est dunc au sud de l’Arvernie qu’il faut 
placer le lieu d’émissien de la monnaie d'Épomed, chez 
les Helviens peut-être, qui étaient séparés des Arvernes par 
les Cévennes « Mons Cebenna qui Arvernos ab Helviis dis- 
cludit. » (Cæsar, lib. VIT, cap. 8). 

Tout ee que le trésor de Chantenay contient de monnaies 
gauloises appartient à l'Aquitaine ou à la Celtique, mais 
les premières sont relativement en très-petit nombre ( 39 
sur 409). Nous n’y trouvons pas une seule pièce attribuable 
à la Belgique. En un mot, à l'exception de la monnaie 
d’ Epomed et de celles au cavalier en course, nous avons 
pour l'époque précise de l'enfouissement du trésor en 
question, la représentation fidèle du numéraire gaulois mis 
en circulation dans les provinces centrales de la Gaule, 
c'est-à-dire dans la Celtique proprement dite. 

Venons à la comparaison des poids. 

‘Les pièces au cavalier en course, tout usées qu'elles 
sont, pèsent au delà de 45,90. Elles ont donc eu primitive- 
ment la moitié juste du poids des deniers de la répu- 


ET DISSERTATIONS. 93 


blique romaine, et elles représentent exactement le qui- 
paire. 

Toutes les autres pièces du trésor de Chantenay sem- 
blent appartenir à un seul et mème système, comportant 
un poids très-voisin, mais un peu moins élevé. Cet abaisse- 
ment de poids peut très-bien avoir été motivé par la guerre 
de l'indépendance à laquelle toutes ces pièces, à peu d’ex- 
ceptions près, peuvent se rapporter. 

Il paraît naturel d'attribuer une ancienneté relative plus 
considérable aux pièces dont le poids a été un peu dimi- 
nué par le frai. Ainsi, par exemple, si nous comparons les 
monnaies frappées par les chefs helvétes et éduens cités 
par César, nous trouvons que la monnaie la plus usée est 
celle d'Orgetirix avec la légende ATPILI I' et le dauphin 
placé au-dessous du cheval du revers. Leur poids moyen est 
de 45,80. tandis que la même pièce à l’étoile a pour poids 
moyen 45,825. Celle-ci est donc postérieure. Les Orgetirix- 
Coics ont le mème poids moyen de 45,825 ; ils sont donc 
contemporains des pièces à l'étoile, et dès lors frappés 
vraisemblablement dans une région monétaire différenie. 
Enfin les Orgetirix-Eduis (à l’ours ) pèsent en moyenne 
16,85. Ils ont donc encore été frappés ailleurs, et natu- 
rellement dans le pays des Éduens. Or si nous comparons 
maintenant avec la pièce d'Orgetirix-Eduis, et entre elles 
les différentes espèces de Dubnorix, nous trouvons que les 
Dubnorix-Dubnocov (à la téte coupée) pèsent en moyenne 
1,875, que les Dubnorix-Anorbo pèsent en moyenne 
1,866, et enfin que les Dubnorix-Dubnocov à l’étendard, 
pèsent en moyenne 45,82. Voilà incontestablement l'espèce 
qui semble la plus ancienne. Les Dubnorix-Anorbo auraient 
suivi, et auraient été suivis à leur tour des Dubnorix-Dub- 
nocov, à la tête coupée , qui seraient les dernières pièces 


04 MÉMOIRES 


émises par ce chef. Les pièces d’Orgetirix-Eduis précéde- 
raient donc les Dubnorix-Anorbo, dans l'ordre chronolo- 
gique de leur émission. | 

‘Nous savons que Dubnorix a été mis à mort près du 
Portus Itius, dans la cinquième campagne de César, au 
moment de son départ pour la Grande-Bretagne, c’est-a- 
dire l'an 54 avant l'ère chrétienne. D'un autre côté, c'est 
pendant le siége de Gergovia que Litavicus a levé l'éten- 
dard de la révolte contre les Romains, les monnaies de ce 
chef doivent donc être plus pesantes, c'est-à dire moins 
usées que toutes celles de Dubnorix ; c’est ce qui arrive eu 
effet, puisque les pièces de ce chef pèsent en moyenne 
dF ,90. 

La monnaie à la légende Solima pèse de même 415,90. 
Eile a donc été émise très-probablement vers l’année qui a 
vu s'effectuer les siéges de Gergovia et d'Alesia. Les mon- 
naies anépigraphes des Eduens pèsent en moyenne 4*,819, 
tandis que les pièces à la légende KAA pèsent en moyenne 
45,869. Les premières sont donc à très peu près contem- 
poraines des Dubnorix-Dubnocov à l’étendard, et celles à Ia 
lézende KAA ont suivi les Dubnorix-Anorbo, et précédé les 
Dubnorix-Dubnocov à la tête coupée. En sorte que nous 
aurions la série suivante des types classés par ordre d’an- 
cienneté : 


Monnaies d'Orgetirix frappées en trois loralités différentes, 
l'année quia précédé ta venue de César. 


Orgetirix Atpilt. f (au dauphin). 
Orgetirix Atpili. f. (à l'étoile). 
Orgetirix Cotes. 

Orgetirix Eduis. 


ET DISSERTATIONS. 95 


Monnaies éduennes. 


Éduennes anépigraphes. 

Dubnorix-Dubnocov (à l'étendard), contemporaines de 
l'Orgetirix Coios, et frappées peut-être dans le même atelier. 

Dubnorix Anorbo. 

KAA et variété de ce type. 

Dubnorix Dubnocov (a la tête coupée). 

Litavicus ( frappées pendant la septième campagne). 

Ces deux séries, mises en regard, nous donnent les con- 
temporanéités suivantes : 

Éduennes anépigraphes. 

Dubnorix-Anorbo, légitimement frappée au pays éduen. 

Orgetirix Atpili. f., au dauphin. 

Idem, à l'étoile. 

Dubnorix-Dubnocov, à l’étendard. frappée en dehors de 
l'autonomie éduenne. 

Orgetirix Coios. 

Orgetirix Eduis. 

KAA et variétés de ce type. Monnaie éduenne légitime. 

Dubnorix Dubnocov, à la tête coupée, frappée en dehors 
de l'autonomie éduenne et avant la cinquième campagne 
de César. 

Litavicus, frappée pendant la septième campagne de - 
César. 

Passons à d'autres monnaies. Les pièces d'Arivos, chef 
des Santons, pèsent en moyenne 45,84, et les pièces sans 
tom de chef, 15,88. Celles-ci sont donc plus récentes, et 
Arivos a frappé ses monnaies en même temps que le chef 
Lucios des Petrucoriens, dont les deniers pèsent, en 
moyenne, 15,8466. Les pièces de Durat, le chef picton, : 


96 MÉMOIRES 


allié des Romains, pèsent 1,875. Celles-ci sont contempo- 
raines de la huitième campagne de César, ou mieux de peu 
postérieures. Les pièces des Santons sans nom de chef sont 
donc contemporaines. Le Verotal au lion pèse 45,883. Il est 
donc postérieur à toutes les pièces que nous venons d’énu- 
mérer; il est intéressant de remarquer encore une fois 
que le trésor de Chantenay ne contenait pas de denier de 
Verotal aux types des Lucios; car il eût été bien précieux 
d'en constater la postériorité par le poids. 

Les Togirix offrent une étrange anomalie. Ainsi les To- 
girix-Togiri pèsent en moyenne 15,881 ; ils sont par con- 
séquent à très-peu près contemporains du Verotal au lion, 
des Santonos sans nom de chef, des Durat, des Dubnorix à 
la tête coupée, et un peu plus récents que les éduennes à 
la légende KAA, et que les Dubnorix-Anorbo. 

Le Julius Togirix. au contraire, ne pèse que 45,80, et 
il est en bon état de conservation. Ceci semblerait indiquer 
un abaissement de poids volontaire et non pas résultant du 
frai de la monnaie. A ce système de pièces moins pesantes 
se rattachent les IMIOCI et les Ateula-Vlates, au type du 
croissant, les seuls que la trouvaille nous ait offerts. La 
présence du surnom Julios est pour moi un indice évident 
de l'antériorité des Togirix-Togiri. Il en est de même pour 
le rare denier à la légende Gaiu-Juli-Omapatis, qui, bien 
que très-bien conservé, ne pèse que 15,86. 

Les monnaies des Ségusiaves, tout aussi bien conservées, 
pèsent en moyenne 44,825 seulement. Je ne doute donc 
pas de l'existence d’un abaissement du poids des monnaies 
gauloises, au moment où la conquête césarienne fut on 
fait accompli. © . 

. Les monnaies des Séquanes, toutes fort usées, pèsent en 
moyenne 45,866. Elles sont donc contemporaines des 


ET DISSERTATIONS. 97 


- Dabnorix-Anerbo et des éduennes nationales à la légende 
KAA. 

Les Q. Docirix Sam, f. pèsent en moyenne 41,8575. Ils 
sont donc postérieurs aux Togirix-Togiri et aux éduennes 
à da légende KAA, aussi bien qu’aux Dubnorix-Anorbo et 
aux deniers des Séquanes. Ce Quintus Docirix me semble 
donc un chef séquane frappant ses monnaies après l'émis- 
sion des deniers à la légende Sequanoiotuos. 

Les monnaies au type essentiellement biturige, lesquelles 
sont toutes fort usées, ne pèsent plus en moyenne que 
1#,838 ; elles seraient donc à peu près contemporaines des 
Santonos-Arivos, si celles-ci n’étaient pas infiniment mieux 
conservées, et ne pouvaient par couséquent prendre rang 
dans la sérre des monnaies de poids inférieur frappées après 
la guerre de Gésar. 

Reste enfin à examiner une série demeurée jusqu'ici sans 
autre attribution que celle tout à fait inacceptable qu'avait 
proposée Pellerin : je veux parler des deniers à la légende 
Diasulos. Ils pèsent en moyenne 1°,8614, et sont en très- 
bon état généralement. Je les crois à très-peu près con- 
temporains du Gaiu Juli Omopatis, qui pèse 15,85, et leur 
présence en nombre dans le trésor de Chantenay m'y fait 
voir aujourd hui des monnaies bituriges. 

Trois variétés de légende se rapportent aux mêmes types ; 
mais ces variétés, qui ne pèsent plus que 15,85 et mème 
16,80, sont donc antérieures. Ce seraient par conséquent 
des espèces ayant succédé aux Bituriges anépigraphes, ou 
avec la légende CAM. 

Quant aux Ateula-Vlatos, ils appartiennent incontestable- 
ment à un système monétaire plus faible de poids. Mais à 
quel peuple les attribuer? Il serait bien difficile de le dire ; 
ces pièces se trouvent à peu près. partout. Il ne faut pas 


98 MÉMOIRES 


oublier cependant qu'on les a trouvées en nombre à la 
Rousseliére , à Bazoche en Dunois et à Lillebonne ; ce peut 
donc être une monnaie des Turons Carnutes plutôt qu'une 
monnaie des Calétes, ainsi que je l’avais cru jusqu'ici. Re- 
marquons en effet que l'épi qui se présente sur les pièces 
les plus récentes à la légende Ateula- Vlatos (pièces dont le 
trésor de Chantenay ne contenait aucun spécimen), est un 
type très fréquent dans la série monétaire des Turons. 

Je viens d'énumérer toutes les conclusions que je crois 
permis de tirer de la composition du trésor de Chantenay, 
quant au poids des monnaies qu'il contenait. Nous allons 
maintenant faire connaître les monnaies romaines qui se 
trouvaient mélangées avec les gauloises que nous venons 
d'étudier, et l'examen de ce catalogue nous donnera la 
date vraisemblable de l'enfouissement du trésor, en tenant 
compte du temps que la monnaie la plus récente de cette 
classe a dû mettre à venir dans la cireulation gauloise, au 
cœur même de la Gaule. 

M. Feuardent s’est chargé de la classification des deniers 
consulaires renfermés dans le trésor de Chantenay, et nous 
sommes heureux de lui témoigner ici notre gratitude pour 
Yempressement avec lequel il a bien voulu mettre à notre 
disposition sa profonde connaissance de la numismatique 
romaine. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici in ex- 
tenso la description complète de toutes ces monnaies, telle 
que M. Feuardent nous l’a remise; mais comme la série ne 
contient Aucune pièce inédite, nous croyons suffisant de 
placer sous les yeux du lecteur une liste sommaire , avec. 
renvoi aux planches de l'ouvrage publié par M. Henri 
Cohen sous le titre de Pescripiion générale drs monnaies 
de la rérublique romaine. 

Naturellement les monnaies consulaires de Chantenay ont 


ET DISSERTATIONS. 


99 


été classées par ordre chronologique.en profitant des beaux 
travaux des Borghesi, des Cavedoni, des Mommsen. 


An de 
Rome. 


-550. Domitia. Cohen, pl. XVI, 


-569, 
560. 


625. 


638. 


616. Herennia. 


647. 
648 


650. Appuleia. 


655. 
660. 


Porcia. 
Cornelia. 
Flaminia. 
Bæbia. 
Minucia. 


. Fabia. 
. Antestia. 


Id. 


. Sempronia. 
. Dowitia. 


Cecilia. 
id. 
Cartia, 
Servilia. 
Opennia. 
Fonteia. 


Emilia. 
Casaia. 


Claudia. 

Silia. 

Urbinia. 
Id. 

Memmia. 
Id. 

Cecilia. 

Fonteig 

Porcia. 

Titia. 

Id. 


662. Pomponia. — 
— Calpnrnia. — 


Id. 
Fabia. 
Junia. 


—. 


XXXIV, 
XIV, 
XVII, 
WIT. 
XX VIII. 
AVH, 
i, 
thel., 
AXXVI, 
XVI, 
VII, 
fhid , 
XVI. 
XXXVI, 
XXX. 
XVII, 
XIX 
I, 
XI, 
VI, 
XII, 
XXXVHI, 
XL, 
ibid., 
XXVI, 
ibid... 
Vii. 
XVII, 
XXXV, 
XXXIX, 
ibid., 
XXXIV, 
IX, 
ibid. , 
XVII, 
XXII, 


1. 


Denier. 

Denier, 2 exemplaires. 
11. 

Plenier, 3 ex. 

fd, 

14. 

H. 

Id., 2 ex. 

El. 

Id, 
fd, 

id. 

Td. 

td, 2 ex. 

Id, 

Id. 

Id., 2 ex.( lettres I et 0}. 
Hd,, Sex (var. de lettres). 
Id., 2 ex. 

Id. 

Id., 3 ex. (var. de lettres). 
Id., 2 ex. | 
Id. 

Id., 2 ex. : 

Id., 3 ex. 

Id, 

Id , 2 ex. var. 

Ja. 

Hd. 

Quinnire. 

Denier, 3 ex. 

Id., 7 ex. 

Id. 

I., 3 ex. (iettres A.FH }, 
Quinaire. 

Denicr. 

Id. 





100 


An de 


666. Pompeia. Cohen. 


668. 
670. 
671. 
672. 
678. 


—  Norbana. 


Tituria. 
Id, 

Vibia. 
Carvilia. 
Faria, 
Lucilia. 
Minucia. 
Servilia. 


Crepusia. 
Antonia. 


Annia. 
Id. 
Manlia. 
Marcia. 

Julia. 


Rubria. 


674? Volteia. 


676? Lucretia. 


680. 


682? Postumia. 
684? Satriena. 
. Pletoria. 


693. 


Claudia, 
Nævia. 
Papia. 


Ratilia. 


Sulpicia. 
Farsuleia, 
Poblicia. 
Procilis. 


Id. 


. Nonia. 
Emilia. 
695? Calpurnia. 
696. 
— Plautia. 
700. Aquilia. — 
— Hosidia. 


Junia. 


Furia. 


MÉMOIRES 


XXII, 


XIX, 
XIX, 


20 (terne. Id., 2 ex. 
2. Id. 
3. Id,, 2 ex. 
8. Id. 
3. Id., 4 ex. 
4. Id. 
Id. 
5. Id., 5 ex. 
6. Td. 
Id,, 2 ex. 
1. Id., 3 ex, (var. de lettres). 
1. Id, 
Id, (lég. autrem. disposées). 
2. Id., 2 ex. 
10. Id, 
5, Id, 
2. Id., 2 ex. variés. 
1. id, 
8. Id. 
2. Id., 2 ex. 
3. Id. 
Id., 2 ex. 
1. Id., 2 ex. (symboles variés). 
7. Id. 
Id. 
3. Id, (caducée derriére la téte). 
Id. 2 ex. 
2. Id. 2 ex. 
1. Id, 2 ex. 
7. Id. 2 ex. (lettres Cet F), 
1. Id, 
2. Id 
Id. 
5. Ja. 
10. Id.,4 ex.(var. design. au dr.). 
11. Id. 
1 (saits!. Id. 2 ex, 
2. Id. 
1. Id. 
5. 1a, 2 ex. 


ET DISSERTATIONS. 


704. Cordia. — XIV, 1, 
— Id, — did, 2 
— Julia. — XX, 9 
— Id, _ ibid., 10 
705. Carisia. — x, 1 
— Id, —_— ibid. , 3 
— Marcia. — XXVI, 8, 
706. Acilia. — I, 3 

2. 


— Julia, _ XX, 11. 
— Licinia — XXIV, 7. 
— Lollis. — XXV, 2. 
— Valeia. — XL, 6. 
710. Emilia, — U, _ 15. 
— Mettia. — XXVIII, 4. 
711. Vibia. — XLI, 11. 
716. Claudia. — XII, 9. 
_ Id. — ibid. 6. 
—  Ventidia. — - XL. 

— Vibis — XLI, 18, 
— Id. — ibid, 17. 
718. Nasidia. — XXIX, L. 
— Julia. — XXI, 36. 
— Id, — ibid. , 31. 
— Id —  ibid., 32. 
— Antonin. — IV, 29 
_ Id — V, 46. 


Denier. 
Id., 3 ex. 
Id. 

Id. 

Id., 2 ex. 
Id. 


_ Id., 2 ex. 


Id., 3 ex. 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 


Id. 
Id, 
Id. 
Id. 
Id. 
Id. 
fd. 
Id. 
Id., 8 ex. 
Id. 
Id. 
Id. 


101 


Id., revers même tête inouse. 


Id. 
id. 
Id., 2 ex. 
Id. 
Id, 


MÉDAILLES D EPOQUES INCERTAINES. 


Fam. Aquilia, Cohen, pl. V1, n° 1. 
— Cipis. — XII. 
— Cornelia. — XIV, 5. 
— Fonteia. — XVIII, 9. 
Deniers.nom. — XLIII, 14. 


Denier, 2 ex. 
Id., 3 ex. 

Id. 

Id. 

Id. 


Les monnaies romaines de la trouvaille de Chantenay 





102 MÉMOIRES 


appartenant à l'époque certaine la plus récente sont, ainsi 
qu'on vient de le voir, dans le catalogue raisonné de 
M. Feuardent, des deniers émis dans l’année de Rome 718: 
(36 av. J. G.). Elles sont donc postérieures de quatorze an-- 
nées aux dernières campagnes de Jules-César dans la Gaule, 
puisque les huit années perdant lesquelles la conquête 
césarienne s effectua, se placent entre les années 58 et 50 
avant l'ère chrétienne. 

Les monnaies gauloises contenues dans le mème trésor: 
ne peuvent être qu’antérieures à l'émission de ces deniers. 
romains ou postérieures d'une année au plus, si nous ad- 
mettons, ce qui d'ailleurs est fort contestable, qu il a fallu 
une année entière aux espèces romaines pour qu'elles par- 
vinssent par la circulation dans le midi de la Gaule, et dans 
le voisinage de la Province par excellence. Je ne crains pas 
de dire que ce délai d'un an me semble exagéré, et j ad-- 
mets en conséquence que les pièces gauloises les plus ré- 
centes de la trouvaille de Chantenay ont dû être frappées- 
également en l'année 718 de Rome (36 avant Jésus- 
Christ). 

Nous avons vu plus haut que l'étude attentive de ces 
pièces gauloises nous donne la certitude que certaines 
espèces, répandues dans les collections numismatiques, 
sont postérieures à la date d'enfouissement du trésor de- 
Chantenay. Mais nous savons que l'autonomie monétaire: 
des Gaulois prit fin en 27 avant Jésus-Christ, lorsqu’Au- 
guste, suivant le conseil d'Agrippa, changea compléte- 
ment l'antique constitution de la nation soumise, et fonda 
l'atelier monétaire purement romain de Lyon, destiné à 
pourvoir aux besoins de la Gaule entière ; il s'ensuit que 
toutes les munnaies gauloises autonomes postérieures à 
l'enfouissement de Chantenay, ont dd être émises dans l’in- 


ET DISSERTATIONS. _ 103 


tervalle de neuf ans écoulé entre les années 36 et 27 avant 
l'ère chrétienne. 

Voilà, mon cher Adrien, les faits nouveaux qui ressortent 
de l'étude du trésor de Chantenay. J'espère avoir montré 
une fois de plus aux lecteurs de notre chère Revue tout le 
parti qu'on peut tirer de l'examen attentif d'un trésor de 
ce genre. 

Tout à tot. 

F. pe SAULCY. 


104 MÉMOIRES 


MÉDAILLES ROMAINES. 
( PI. HI.) 


mamans 


En 1859, M. Gonzalès, de Mantoue, nous montra une sutte- 
de médailles romaines de grand et de moyen bronze, d'une. 
beauté et d’une conservation des plus remarquables. Il s'y 
trouvait des raretés du premier ordre, une Annia Faustina. 
de grand bronze (Cohen, Description des monnaies frappées 
sous l'empire romain, t. III, p. 553, pl. XVIII, n° 4); un 
Domitien, aussi de grand bronze, portant au revers la 
légende DIV] CAESARIS MATER (Cohen, J. cit., t. I, p. 459, : 
n° 9); un Galba, au revers de LIBERTAS RESTITVTA, l’em- 
pereur relevant une femme agenouillée (Cohen, l. cit., t. I, 
p. 234, n° 455); un Vespasien, au même revers, mais avec. 
la légende ROMA RESVRGES (Cohen, l. cit., t. I, p. 317. 
n° 391); un Émilien, presque aussi grand qu’un médaillon... 
au revers de ROMAE AETERN. (Cohen, J. cit., t. IV, p. 308, 
n° 46)', etc. 

M. Gonzalés nous permit de choisir dans sa collection. 
quelques pièces inédites et de les faire dessiner pour être- 
publiées dans la Revue. Nous avons réuni dans la plan- 
che III cinq de ces belles médailles. 


‘ J'apprends que presque toutes les médailles de M. Gonzales ont passé 
dans Ja riche collection de M. Wigan, à Londres, 


ET DISSERTATIONS. 105 


N° 4. M.AGRIPPA L.F.COS.IIT. Tête à gauche avec la 
couronne rostrale. 


R. DIVVS AVGVSTYS PATER. Tête radiée à gauche. — 
Moyen bronze. 


Cette pièce, frappée après la mort d’Auguste comme l’in- 
dique l’épithéte de divus donnée à l'empereur, a dû être 
fabriquée sous le règne de Tibère. On connaissait déjà une 
monnaie de moyen bronze à l'effigie d’Agrippa, monnaie 
de restitution et qui certainement est de l'époque de 
Tibère. 


M.AGRIPPA L.F.COS.ITT. Tête à gauche avec la cou- 
ronne rostrale. . 


À. TI.CAES.DIVI AVG.F.AVGVST.P.M.TR.POT.XXIIII. 
Dans le champ, S.C.— Cohen, l. cit., t. I, p. 109, 
n° À. | 

Cette pièce est de l'an 775 de Rome, 22 de l’ère chré- 
tienne; par conséquent elle a été frappée trente-trois ans 
après la mort d’Agrippa qui mourut dans la Campanie, 
l'an 742, au retour d'une expédition en Pannonie. L’an 22 
de l'ère chrétienne répond à la neuvième année du règne 
de Tibère. 


Plusieurs empereurs, Titus, Domitien, Trajan, ont fait 
frapper des médailles en l'honneur d’Agrippa. Quelques 
villes coloniales d'Espagne ont également honoré ce grand 
personnage en mettant son effigie sur leurs monnaies, 
même à l'époque de Caligula' qui affectait de le mé- 
priser *. 


1 Eckhel, D. N., 1, p. 37, ot VI,p. 166. — Cf. Rerue numismat.., 1861, 
p. 71. 
? Sueton. in Calig , 23. 


1862.— 2. | 8 


106 MÉMOIRES 


N°2. IMP.CAESAR VESPASIANVS AVG.P.M T.P.P.P.COS. 
iti. Tête laurée à droite. 

À. CONCORDIA SENATVI. L’empereur debout, tourné à 
gauche, tenant sur la main droite une Victoire et dans la 
gauche une palme, couronné par le Sénat sous la forme 
d'un personnage barbu, vêtu de la toge et tenant une 
branche d'olivier. A l'exergue, S.C. — Grand bronze. 

M. Cohen (t. I, p. 300, n° 264) a décrit cette médaille 
d’une manière imparfaite d'après un exemplaire de la col- 
lection Campana. 

Le Sénat, personnifié par un vieillard vétu de la toge, est 
représenté de la même facon sur quelques médailles ro- 
Juaines. . 

On connaît des pièces de grand bronze qui, au revers de 
la téte de Galba, montrent le Sénat tenant un rameau et 
posant une couronne sur la tête de l'empereur. La légende 
est : SENATVS PIETATI AVGVSTI. Cohen, t. I, p. 243, 
n° 232. 

D'autres grands bronzes portant la légende PROVIDEN- 
TIA SENATVS, ont pour type, au revers de l'effigie de 
Nerva, le Sénat revêtu de la toge et offrant un globe à l’em- 
pereur. Cohen, t. I, p. 479, n° 116. 

Un médaillon de bronze d'Hadrien a pour revers le Sénat 
personnifié tenant le sceptre d'ivoire, près d'un autel 
allumé, et le Peuple ayant pour attributs une corne d’abon- 
dance et une patère ; la légende est: SENATVS POPVLVS 
QVE ROMANVS VOTA SVSCEPTA. Cohen, t. Il, p. 168, 
n° 553. 

Un aureus que je crois inédit. et qui fait depuis peu partie 
de la précieuse collection de M. le duc de Blacas, montre 
au même règne un type analogue. Voici la description de 
celte pièce : 


ET DISSERTATIUNS. 407 


IMP.CAESAR TRAIAN.HADRIANVS AVG. Buste lauré à 
droite. 

pn). P.M.TR.P.COS.IIT, et à l'exergue, V.S.PRO RED. 
( Vota suscepta pro reditu). Le Sénat tenant le sceptre et le 
Peuple avec la corne d’abondance et la patère sacrifiant 
sur un autel allumé placé au milieu. — Cf. le denier d’or 
à l'effigie d'Hadrien ayant pour légende au revers VOT.PVB. 
Cohen, t. II, p. 163, n°* 521 et 522. La, ce n'est ni Jupiter 
ni l’empereur lui-même, mais bien le Sénat personnifié qui 
est représenté en face du Génie du Peuple. 

Le même type se trouve au revers de l'effigie de 
Trajan, accompagné de la légende P.M.TR.P.COS. VI. P.P. 
S.P.Q.R. A l'exergue, VOTA SVSCEPTA.—Denier d'or de la 
collection de M. le duc de Blacas; denier d'argent du Ca- 
binet des médailles de la Bibliothèque impériale. Cohen, 
t. II, p. 47, n° 292 et 293. Cf. Num. Chronicle, nov. se- 
ries, t. I, pl. IV, n°6. C'est également à tort que l'on a 
donné au personnage barbu, revêtu de la toge, le nom de 
Trajan. Cet empereur n’est jamais représenté avec la barbe, 
et d’ailleurs les sigles S.P.Q.R. de la légende ne permet- 
tent aucune équivoque. 

GENIO SENATVS, sur des deniers d'argent et des piètes 
de bronze à l’effigie d'Auntonin le Pieux est la légende in- 
scrite auprès d'un personnage drapé, tenant un rameau et 
un sceptre, dans lequel on a reconnu tantôt le Sénat per- 
sonnifié, tantôt l'empereur lui-même. Cohen, t. II, p. 297, 
n°4651 et p. 363, n° 603-606. 

Commode tenant un livre et donnant la main au Sénat 
personnifié, le sceptre à la main, PIETATI SENATVS est le 
type de quelques deniers d'argent et de quelques grands 
bronzes du fils de Marc-Aurèle. Cohen, t. III, p. 71, n°130 
et 131, et p. 154, n* 639 et 640. 


108 MÉMOIRES 


- Un personnage analogue est figuré sur des deniers de la 
famille Cassia (Cohen, Description des médailles de la répu- 
hlique romaine, pl. XI, Cassia, n° À et 5); mais là il tient 
à la main une tablette ou vote Ainsi dès les temps de la 
république cette figure du Sénat était un type consacré par 
l'usage. 

On a même donné le nom de Génie du Sénat à un per- 
sonnage drapé tenant une branche d’olivier et un sceptre, 
figuré sur des deniers d argent de Gordien d'Afrique le 
l'ère‘, bien que la légende porte l'.M.TR.P.COS P.P. 
(Cohen, t. IV, p. 407, n° 2). Mais sur ces deniers c'est évi- 
demment l'empereur, et non le Sénat, qu'ona voulu figurer, 
et ce type se retrouve d'ailleurs au revers d'un grand 
nombre de médailles impériales, entre autres aux règnes 
de Caracalla, de Balbin, de Pupien, de Volusien, de Pos- 
tume, de Claude le Gothique, de Tetricus, etc. 

L'explication de cette idertité de forme et d’attributs 
entre l’empereur et le Sénat se trouve dans la légende 
PATER SENATVS, titre attribué à Commode sur quelques 
pièces de bronze où l’on voit l'empereur vêtu de la toge et 
portant le rameau et le sceptre. (Cohen, t. III, p. 153, 
u° 632*.) 

On ne peut avoir le moindre doute sur le nom qu’il 
convient de donner au personnage âgé qui représente le 
Sénat sur les médailles romaines, quand on rapproche de 
cette personnification un passage de Dion Cassius*, dans 
lequel il est question d'un songe de Trajan qui avait 
cru voir un vieillard revêtu du costume que les ar- 


1 Vaillant, Numism. imp. rom., t. II, p. 295, Rom., 1743, in-4e, 

2 Cf. Tacit., Ann., XI, 25. Vipsanius consul retulit, Patrem Senatus appel- 
lardum ess2 Claudium. 

2 Hist,, LX VIN, 5. 


ET DISSERTATIONS. 109 
tistes ont l'habitude de donner au Sénat. personnifié. 
Edéxer dudox noeaSitry év inatto uzi è0ñte meoemopyipw Ext Oe 
uxt otegave tytoiicudvoy, ox mov xai try Depnuctay ypaqovat, 
x. Te À. | 

Sur les médailles frappées en Grèce et surtout sur celles 
de l'Asie Mineure, on voit souvent le Sénat représenté en 
buste et accompagné des légendes BOYAH, FEPOYSIA, 
SYNKAHTOZ, quelquefois IEPA BOYAH, JEPA XYN- 
KAHTOS et QEON EYNKAHTON. Eckhel' a très-bien 
expliqué la différence des mots ZsyxAx,70¢ et Boul , le pre- 
mier désignant ordinairement le Sénat romain, et le second 
le conseil ou Sénat local. Tepouotæ ne doit pas être confondu 
non plus avec l'assemblée désignée par le mot Bov7y. 
La plupart du temps, sur les nombreuses médailles grecques 
qui ont pour type le Sénat, cet être collectif est figuré par un 
buste jeune, imberbe, d'un sexe ambigu, quoique souvent il 
se rapproche de la personnification du Peuple (Azucc), la 
tête nue ou laurée, ou quelquefois ceinte du diadéme; sur 
d'autres pièces c'est évidemment une tête de femme voi- 
lée, les mots BouAñ, Tepouaiæ, EvyxAstos en grec étant 
tous du genre féminin”. Quelquefois on a donné à la tête 


1 D. N., TV, p. 190 et 224 sq. 

? Ua vase peint de la collection du rei de Danemark représente le Senat 
(RouAù) sous la forme d’une femme et le Peuple (Añuoç) figuré par un per- 
sonnage barbu, de chaque côté d’un autel sur lequel est tracé le mot 
AHMOSIA. Voyez Lettera del marchese Francesco Maria Berio in dilucidazione 
di un vaso etrueco diretia a s. ecc. Giuseppe Capece Latro Arcivescovo di Tarenlo. 
Napoli, 1808, in-4°. — Cf. Elite des monum. céramograph., t. II, p. 146. 

Une singulière médaille de Tibériopolis de Phrygie porte au droit la tète 
jeune et nue du Sénat. IEPA CYNKA., et au revers l'EPOY.BOYA.TIBEPIOIIOAIT. 
Figure voilée et vêtue de la toge debout, tenant un rameau dans la main droite: 
auprès une femme également debout, tenant un caducée. Æ. 4. Eckhel, D, N., 
II, p. 175, et IV, p. 191. — Mionnet, t. IV, p. 372, n° 1006. 


410 MÉNOIRES 


de femme qui personnifie le Sénat les traits de quelque 
impératrice, par exemple sur les médailles frappées à Syn- 
nada de Phrygie. Mionnet, t IV, p. 366, n°° 974 et 975. 
Quelquefois c’est une déesse qui figure le Sénat, comme sur 
les médailles de Lamia de Cilicie’, IEPA SYNKAHTOC 
AAMIGQN, où, par des raisonnements ingénieux, Pa- 
nofka* a reconnu la déesse éponyme Aphrodite Lamia *. 

Il y a cependant des exceptions à cette règle de figurer le 
Sénat:sous les traits d'une femme ou d’un éphèbe efféminé, 
mais elles sont extrèmement rares. 

On cite d'abord un médaillon d'argent frappé sous le 
règne de Tibère par les habitants de la ville de Cydonia 
de Crète. En voici la description : 


TIBEPIQ KAÏZAPI SEBASTQ EN KOP.AY. Tête lau- 
rée à droite. 

R. ZSYNKAHTQ KPHTEZ KYAQNEATON. Tête barbue 
et voilée, à droite *. 

Mais la médaille de Cydonia n'est pas la seule pièce qui 
montre la tête barbue du Sénat romain, accompagnée 
d'une légende grecque. Une autre pièce d'argent que je 
crois inédite et qui fait partie du médaillier de la Biblio- 
thèque impériale a pour type une tête semblable. C'est 
une médaille frappée à Axus de Crète, également sous le 
règne de Tibére. En voici la description : 


TI. KAI. SEBASTOS E.K.AY. Tête laurée à droite. 


' Monum. inéd. de UInst. arch., t. 1, pl. LVII, B, n°1. 

3 Annales de l'Inst. arch., 1833, t. V,p. 287 et suiv. 

3 Atben., VI, p. 253, A et B. 

* Eokbel , D. N., II, p. 303.— On connaît plusieurs varict's de cette pièce, 
qui est gravée dans le recueil de Morell, Fam. rom., Cornelia, tab. VII, et 
Imp. rom., Tiberius, tab. IV, n° 25.— Cf. Mionnct, 1V, Suppl. p. 313, n° 119. 
— Cat. d'Ennery, p. 284, n° 889. 


ET DISSERTATIONS. 111 


RK. SYNKAHTO KPHTES AI. Tête barbue et voilée 
du Sénat romain, à droite. — AM. 7. 

Ne 3. HADRIANVS AVG.COS IIT P.P. Tête laurée à 
droite. 

R. AELIVS CAESAR. Tête nue 4 droite - Moyen bronze. 
Cohen, t. II, p. 275, n°1. 

Cette pièce a probablement été frappée à l’époque de 
l'adoption d'Ælius par Hadrien; mais , comme le succes- 
seur de Trajan avait déjà pris son troisième consulat en 
l'an 419 de notre ère, et qu'Ælius ne fut adopté qu'en 135 
ou 136, la mention du troisième consulat ne peut fournir 
aucun éclaireissement , Hadrien n'ayant pas renouvelé sa 
charge de consul jusqu à mort. 

N° 4 DIVA FAVSTINA PIA. Buste à droite. 

À. AETERNITAS. Faustine jeune tenant un sceptre, en- 
levée sur les épaules de la Victoire, qui s'envole et tient 
des deux mains un flambeau allumé. Dans le champ, S.C. 
— Grand bronze. Cohen, t. It, p. 591, n° 123. 

Cette belle médaille a été frappée par ordre de Marc- 
Aurèle, après la mort de Faustine. On connaît plusieurs 
types de consécration de cette princesse. Les historiens * 
ent rapporté les circonstanees de cette apothéose, et toutes 
les folies que l'empereur fit pour manifester sa douleur et 
cacher la honte de sa femme. 

N° 5. DIVO ANTONINO MAGNO. Tête nue de Caracalla, 
à droite. 

R. CONSECRATIO. Aigle les ailes éployées, sur une 
base ornée de guirlandes et regardant à droite. À l'exergue, 
S.C. — Grand bronze. Cohen, t. III, p. 415, n° 395. 


1 Dio Cass., Hist., LXXI, 30 et 31.— Jul. Capitolinus, in M. Aurel., 26 — 
Spartian, in Caracalla, 11. —Cf. Eckhel, P. N., VII, p. 76 et 80. 


412 MÉMOIRES 


Eckhel] ‘ a rappelé les motifs de l’apothéose de Caracalla 
sous le règne Ce Macrin, et quant à l’épithète de Magnus 
que porte ici Je fils de Septime Sévère, l'explication en est 
donnée par les historiens * qui parlent de sa prétention de 
ressembler à Alexandre le Grand et de se comparer au héros 
macédonien. 

J. DE WITTE. 


t D. N., VU, p. 219. 
? Dio Cass., Hist., LXXVII, 7. — Aurel. Victor., Epitom. 21, 3. — Spar 
tiun., in Caracalla, 2. 


ET DISSERTATIONS. 113 


SUR DEUX DÉNÉRAUX DU XII" SIÈCLE. 





Nous nous empressons de profiter de l'occasion que 
vient d'offrir aux lecteurs de la Revue numismatique M. de 
Longpérier, en faisant connaître, dans un curieux et inté- 
ressant article, la belle découverte faite par MM. Rollin et 
Feuardent, du royal d'or de saint Louis, pour signaler à 
leur attention une circonstance qui paraît s’y rattacher. 

Nous possédons, dans notre collection de poids moné- 
taires, un petit étalon que nons croyons se rapporter à 
cette découverte, mais qui dans tous les cas aura son im- 
portance directe, puisqu'il servira à rectifier une opinion 
émise par feu Je marquis de Lagoy, dans sa Description 
de plusieurs fiertons ou poids monétaires de sa collection, 
publiée dans la Revue de 1858, p. 443, pl. XIX. 

Le petit monument dont nous nous occupons, figuré dans 
la vignette ci-dessus, fut trouvé, il y a une trentaine d’an- 
nées, dans la commune de Juage, canton de Balleroy, ar- 
rondissement de Bayeux. C'est un morceau de bronze, 
applati au marteau. épais de 2 millimètres, qui n’a pas 
été fondu en flan, ni les bords réparés à la lime, comme il 
est d'ordinaire pour ces sortes d'étalons. Il est frappé d’un 


ET DISSERTATIONS. 445 


la dénomination de dénera!, dénéraux est bien plus an- 
cienne que l’on ne supposait d’abord, puisqu'on la faisait 
seulement remonter à Henri II. Il devient constant aujour- 
d'hui, par l'exhibition de notre étalon monétaire, qui ap- 
partient d'une manière indubitable au x1n° siècle, que l'in- 
troduction du mot dénéral a dû remplacer de bonne heure 
le nom de fierton et de fiertonneurs, que l’on n’a pas encore 
rencontré inscrit sur les espèces métalliques. Ceci peut 
être considéré comme un fait désormais acquis à la science. 

Les réaux ou royaux d'or des successeurs de saint Louis 
furent modifiés dans leurs-types et dans leurs poids, et la 
simple couronne, qui dans le principe occupait le champ, 
fut remplacé par l'effigie royale en pied. Ainsi, soit que 
l'on attribue ces espèces à Philippe III, dit le Hardi (de 
1270 à 1286 ), ou à Philippe IV, le Bel (de 1285 à 1314), 
ou même à Philippe V, le Long (de 1316 à 4322), il n’en 
est pas moins vrai que le changement dut amener celui des 
étalons destinés à servir pour ajuster les flans, qui devaient 
être monnayés, au à vérifier l'intégralité du poids que la 
pièce devait avoir. C'est cette circonstance qui explique 
l'existence de ces jolis dénéraux, appartenant aux xixi° et 
xiv siècles, qui se trouvent dans quelques collections. 
Nous reproduisons, d'après un exemplaire de notre suite, 
un de ces étalons d’une très-belle conservation, trouvé dans 
les environs de Bayeux, que nous considérons comme ap- 
partenant aux dernières années du xu1° siècle, en raison de 
sa bonne exécution, du style de la gravure et de la forme 
des caractères. 

Le poids du réal figuré par M. de Lagoy, sous le n° 7, 
ne donne que 70 grains; le nôtre en fournit 78, ce qui est 
un grain seulement de moins que les royaux de Charles le 
Bel et de Philippe de Valois, et cette légère différence vient 


ET DISSERTATIONS, 447 


ESSAI 


L’HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE 
DE LA MAISON DE BOURGOGNE, 


ET DESCRIPTION DE LEURS MONNAIES D'OR ET D'ARGENT. 


(Pi. IV.) 


Quatrième article. — Voir les n° 2, 3, 6 de 1861, p. 106, 211 et 458, 


PHILIPPE LE Bon (1419-1467). Suite. 


La multiplication des hôtels de monnaies du duc de 
Bourgogne rendait nécessaire le renouvellement des me- 
sures décrétées si souvent pour empêcher l'exportation des 
matières d'or et d'argent. Le 10 novembre 1433, les gens 
commis par lui au gouvernement de ses Etats pendant son 
absence , chargent Jehan de Hughelettes d'arrêter et de re- 
tenir tout le billon que l’on exportera, puis d’en informer 
les chambres des comptes, qui seront compétentes. Ils 
allouent au dit Jehan le quint denier de tout le billon qu'il 
arréterait '. 


1 Déjà, le 9 janvier 1421, la duchesse de Bourgogne , Michelle de France, 
en l’absence de son mari, avait rappelé l'exécution des ordonnances sem- 
blables, en prescrivant de faire conduire le billon et les délinquants devant la 
chambre des comptes de Lille. 


418 MÉMOIRES 


Par suite de l’extension des Etats de Philippe le Bon, les 
gages du maître général des monnaies n'étaient plus suffi- 
sants. 1] recevait auparavant 200 florins; par lettre du 
44 juillet 1434, le duc alloue à cet officier, Guillaume Da- 
gardin, 200 autres florins. Plus tard, le 8 octobre 1438, il 
retrace les obligations de ce haut fonctionnaire: elles étaient 
assez importantes, si l'on en juge par les détails donnés 
dans cette pièce ‘. 


1 Les maîtres généraux peuvent et doivent visiter les monnaies et les offices 
d'icelles, faire clore les boîtes, savoir si les changeurs des villes fournissent 
les monnaies telles qu’il appartient ; 

Ordonner à tout changeur, où faire se pourra , de délivrer à la monnaie une 
quantité de mares d’or par an, suivant l’importence du change qu'il exerce; 

Payer chaque année au profit du duc la valeur du seigneurage restant à 
payer ; 

Visiter les poids et balances des changeurs , orfévres, merciers et de tous 
ceux qui s’immiscent en matière de monnaies et de billon ; 

Les faire comparaître par-devant eux, maîtres genéraux , ou par-devant les 
juges et magistrats du lien, et requérir jnstice contre les délinquants, sans 
jamais aller contre les franchises et priviléges. 

Nal , de quelque état et condition qu'il soit, ne pent faire ouverture des 
boîtes , si ce n'est en la présence des maîtres généraux, sous peine d'amende 
arbitraire et d’autre punition. 

Nul ne peut bailler les monnûies, si ce n'est lesdits maîtres. 

Le garde de le monnaie doit enregistrer tontes les délivrances d’or et d’ar- 
gent sur un livre de parchemin qui sera mis avec les boîtes ; il mettra les de- 
niers en boîtes bien et loyalement à chaque délivrance sans les choisir ; il 
enregistrera le poids et l’aloi de l’argent le plus justement qu'il pourra. 

Il aura soin que les deniers soient bien ouvrés et bien monnayés, et de bon 
recburs. 

Si l’on ne trouvait point de maîtres particuliers pour reprendre les monnaies, 
on y placerait dans chaque lieu un commis habile et suffisant, qui ferait ou- 
vrer en or et en argent toutes les matières que les changeurs apporte- 
raient. 

Chaque fois que les monnaies seront à bailler, on les fera publier dans les 
bonnes villes et savoir à certains particuliers, afin que lesdites monnaies soient 
mises à prix et affermées selon l'usage. 

Et comme on dit qu’il y a plusieurs touchiauz et touches appartenant an due 


— - 


ET DISSERTATIONS. 119 


En même temps, Philippe, qui ne perdait pas de vue ses 
intérêts financiers, faisait faire une information sur les 
‘grands profits que l'on prétendait être faits par les maîtres 
particuliers des monnaies de Flandre, Brabant, Hainaut et 
Hollande. On les accusait de ne pas payer aux marchands 
le prix des matières d’or et d'argent fixé dans les instruc- 
tions, et de ne pas donner au duc la somme à laquelle il 
avait droit comme seigneur. Il est probable que les faits, 
‘sans être complétement faux, n'avaient pas toute la gravité 
qu'on leur attribuait, car le 20 juin 1436, le duc quitte 
lesdits maîtres des demandes qu'il leur avait faites de ce 
chef. | 

La paix d'Arras, qui venait d'être conclue le 21 septem- 
bre 4435, avait encore augmenté les États héréditaires des 
ducs de Bourgogne. Parmi les villes cédées à Philippe le 
Bon, étaient Amiens et Saint-Quentin, où se trouvaient 
établis des ateliers monétaires royaux. À peine en posses- 
sion de ces villes, il s'empresse de faire acte de souverain 
en ordonnant d'y battre monnaie. Déjà, dès le 20 juillet 
44361, Philippe avait mandé au bailli d'Amiens, à son 
lieutenant et aux gardes de ses monnaies, en cette ville, 
que nonobstant toutes lettres du roi de France qui voulait 
exiger qu'on envoyat à la chambre des monnaies de Paris 
les boîtes de la monnaie d’ Amiens, ils ne devaient pas faire 


qui ont été engagés, ils seront rachetés et payés par l'avis des gens des comptes 
pour être conservés en la chambre des monnaies. 
( Archives ds la chambre des comptes de Lille, reg. des chartes, 
côté 10, fol. 237 v°.) : 

1 En son logis devant Calais. L'Art de vérifier les dates donne l’année 1437 
pour le siége de Calais par Philippe le Bon. M. de Barante indique le mois de 
juin 1436 pour le commencement de ce siége. Cette date correspond avec celle 
de la pièce que je cite, renfermée dans le registre des chartres, côté 10, fol. 154, 
de la chambre des comptes de Lille. Je la crois donc exacte, 


ET DISSERTATIONS. 421 


cation des demi-gros, quarts de gros et doubles mites. On 
agissait ainsi suivant le besoin du moment et le manque de 
telle ou telle division de la monnaie en usage. Au moyen 
de ces diverses instructions et prorogations de bail, on ar- 
rrva enfin à l’année 4453, expiration du terme fixé par le 
duc pour le maintien des mémes monnaies. 

Le changement de monnaies était trop profitable au sou- 
verain pour que Philippe le Bon ne saisit pas l'occasion qui 
se présentait. Aussi, le 18 janvier 1453 (v. st.), parut une 
ordonnance prescrivant la fabrication de nouvelles mon- 
naies d'or appelées Lyon et Lyonceau. L’instruction don- 
née à la même date contient les renseignements sur le poids 
et l’aloi de ces pièces : 

« Premièrement mondit seigneur a ordonné et vuelt faire 
« forgier ung denier d'or appellé Lyon d’or qui sera à vingt- 
« trois karas d'or fin et de cinquante-sept et demi de taille 
« au marc de Troyes à ung quart de karat de remède en 
« aloy et demi estrelin de remède en poix, lequel denier 
a aura cours pour soixante gros de la monnoye de Flandres 
« à présent courant audit pais de Flandres. » 

« Item ung aultre denier d'or appellé Lyonceau de sem- 
« blable aloy de quatre-vingt-six un quart de taille au mare 
« à ung quart de karat de remède en aloy et ung estrelin de 
«remède en poix qui aura cours pour quarante gros dite 
a monnoye. » | 

Le marc d'or fin était estimé quinze livres de gros; on 
devait donner aux changeurs et marchands 44 livres 14 sous 
de gros ; il restait par conséquent 6 sous gros pour le droit 
de seigneurage et la fabrication. 

. L’instruction se termine par ]’énoncé des monnaies au- 
*, torisées, dans lequel l’écu Philippus, désigné sous le nom 


“ dde Riddre (Ridder, cavalier), est estimé à quatre sous trois 
N 


1962. — 2. 9 


422 MÉMOIRES 


deniers gros, tandis qu'auparavant il avait cours seulement 
pour quatre sous de gros. Quant aux monnaies d'argent 
à émettre au même temps que les monnaies d’or précitées, 
voici ce qu'en dit l'instruction : 

« Et quant à la monnoye blanche, tant double gros ap- 
« pelléz patars et gros derrenièrement forgiés et qui de 
« présent ont cours comme les placques et cromsters de cinq 
« estrelins pièce et petits gros dont les deux font une vielle 
« placqueet autres menues monnoyes desdites forges ende- 
« soubz demoura en son cours valeur et estat, et se les 
« maistres particuliers ausquelx ces monnoyes demouront 
« peuvent finer de matière il seront tenus de forgier des- 
« dits patars ainsi et en la forme et manière que contenu 
« est en l'ordonnance et instruction des monnoyes qui sur 
« ce furent faites en l’an mil coccxxxut enregistrées en la 
« chambre des comptes audit Lille. » 

Peu de temps après, le 14 mars de la même année, le 
duc, pour favoriser le cours de la nouvelle monnaie, pu- 
blie une empirance des monnaies précédentes. C'était une 
espèce de démonétisation à peu près complète, puisqu'on 
était obligé de ne donner ces monnaies que pour le prix fixé 
par le souverain. 

A cause de la révolte des Gantois, arrivée en 1461, le 
duc de Bourgogne avait transporté à Bruges l'atelier mo- 
nétaire de Gand. I] avait réouvert en même temps celui de 
Malines. Tous les deux portaient le titre de monnaie de 
Flandre. Il paraît que la première émission des Lyon et 
Lyonceau se fit dans le dernier de ces ateliers, car le préam- 
bule de l'instruction précédente dit: « Instruction de la 
« Monnoye d'or que monseigneur le duc de Bourgogne, etc... 
« vuelt estre présentement et de nouvel faite et forgée à 
«ses nom et armes et à telz poix aloy et remède cy-aprés 


ET DISSERTATIONS. | 493 


« déclarez en sa monnoye de Flandres, sauve en sa ville de 
« Bruges... '. » Le maitre particulier, Etienne Boursier, 
devait fabriquer cette monnaie pendant deux ans. Cepen- 
dant, le 41 juin 1454, paraît une autre instruction, par la- 
quelle deux autres maîtres particuliers, Humbert Musch et 
Pierre Ghiselbrecht, devaient forger aussi, pendant deux ans, 
«en sa ville de Malines » les mêmes monnaies. Il est vrai 
qu'une nouvelle division de ia monnaie d'or, le tiers de 
lion, y est ajoutée, et que c'est probablement oe qui a mo- 
tivé la nouvelle instruction où elle est ainsi mentionnée : 

« Item encore ung autre petit denier d'or appellé tiers 
ade Lyon de vint xu ung quart de taille au marc à ung 
« quart de karat de remède en aloy et ung estrelin de re- 
« méde en poix qui aura cours pour xx gros de la des- 
a susdite monnoye. » 

Quant aux monnaies d'argent, on se contente de dire que 
si l'on peut se procurer des matières, on en fera de sem- 
blables à celles ordennées en 1433 *. 

eux ans après, le 1°" juillet 1456, une autre instruction, 
donnée pour un an pour l'émission des mêmes monnaies, 
contenait au contraire ce passage: «..... Et par condition 
a que ladite année durant, les monnoyes de Malines et de 
« Valenciennes ne seront point ouvertes ne baillées, et ay 
«aura seulement pour ledit an que ladite monnoye de 
« Bruges au pié dessus dit. » Elle est renouvelée également — 
pour un an le 31 août de l'année suivante, en faveur de 
Georges Le Caboetre et Guérardin Tuelame, maîtres parti- 


1 Une instruction identique est envoyée, à la même date, au maître parti- 
<tlier de la monnaie de Valenciennes. 

2 La même aunée, le 12 juin 1454 , paraît une ratification des priviléges de 
garde, tailleur, essayeur et monnayeurs de Flandre, faite par Charles, comte 
de Charolais, en l'absence de son père. 








42h MÉMOIRES 


liers. On trouve dans cette dernière instruction des rensei- 
gnements curieux sur la monnaie de Flandre, que je crois 
devoir transcrire. « ... Pour considération du petit ou- 
« vrage qui est apparant estre en ladite monnoye (de Bruges) 
« obstant le fourcours de plusieurs deniers d’or, a esté avizé 
«et conditionné que ou lieu des xx |. gros que a prins et 
« souloit prendre le garde de ladite monnoye pour sa dé- 
« pense, moitié à la charge de nostre dit seigneur et l’autre 
« moitié à la charge du maistre particulier, ledit George 
« Caboetre et Guérardin Tuelame oultre leur somme paie- 
« ront pour la despense d'icelluy garde la somme de v1. gros 
« pour an; ainsi aura seulement ladite garde xxv 1. gros tant 
« pour despense comme pour ses gaiges; et sera estre 
« avisé et accordé ausdiz George et Guérardin Tuelame que 
« pour subvenir au menu peuple de inonnoye noire, ils 
« feront ouvrer deniers nommés Courtos qui seront à 
« X11 grains d’aloy comme ilz l'ont esté jusques à présent, 
« mais ou lieu de ce qu’ilz étoient de xvux s. en taille ilz 
« seront durant le temps de ladite ferme de xx s. de taille 
« aux remèdes accoustumeéz..... » 

On ajoute les défenses habituelles pour empêcher qu'on 
donne à un plus haut prix les deniers ayant cours que celui 
fixé par les ordonnances, et pour prohiber le cours de ¢er- 
taines monnaies étrangères; et il est dit en outre que, dans 
le cas où l'on ne punirait pas ceux qui transgresseraient ces 
défenses, les maîtres particuliers auraient le droit de ré- 
clamer la résiliation de leur bail dans le délai d’un mois. 

La paix était faite avec ceux de Gand depuis 1453 ; Phi- 
lippe le Bon les avait reçus en grâce; mais, comme nous 
venons de le voir, il n'avait pas rétabli chez eux son hôtel 
de monnaies pour la Flandre. Le 23 avril 4456, sur l'ordre 
du duc de Bourgogne, les échevins et conseil de la ville de 


ET DISSERTATIONS. 495 


. Gand avarent délégué deux personnes dudit conseil pour 
faire forger à Bruges de la monnaie avec laquelle devaient 
être payées les dettes laissées par le nommé Pauwels. En- 
fin, se rendant aux supplications des Gantois, Philippe or- 
donne que l'atelier monétaire de Bruges sera de nouveau 
établi à Gand ‘. Au reste, cette translation n’annula pas. 
l'atelier de Malines, car on trouve une instruction du. 


t Voici le texte de cette ordonnance, dans laquelle Philippe ne parle pas 
de la rébellion, qui était la cause principale du malheur de Gand. 

« Philippe, etc..... Comme noz bien améz les eschevins des deux bancgs de 
« nostre ville de Gand pour et ou nom de tout le commun d'icelle nostre ville 
« nous aient remonstré comment ladite ville pour aucunes choses nagaires 
« advenues et passées, comme il est assez notoire est grandement admenrie et 
« diminuée de peuple et de chevaulx et pourroit encoires plus estre se de 
« nostre grace n’estoit pourveu à icelle; pour laquelle provision lesdis esche- 
« vins ou nom que dessus nous aient requis que leur vueillons ottroyer plu- 
« sieurs poins et articles moiennant lesquelz nostre dite ville de Gand se 
« pourra ressourdre et entretenir; et entre les aultres qu’il nous plaise leur 
« ottroyer que nostre monnoye de Flandres qui de toute anchienneté comme 
« ilz dient a esté en nostre dite ville de Gand, y soit remise et establie comme 
« elle a esté ou temps passé : savoir faisons que nous considéré ce que dit 
« est, et oyes les remonstrances et supplications à nous faites par les dessus- 
« diz de nostre dite ville de Gand, désirant le relièvement d’icelle et qu’elle 
« soit entretenue en bon estat soubz la bonne obéissanee de nous et de noz: 
«successeurs contes de Flandres et meismement que lea causes pour les- 
« quelles avons mise et transportée hors d’ieelle nostxe ville de Gand nostre . 
« dite monnoye de Flandres, cessent à présent ; à iceulx de nostre dite ville de 
« Gand avons ottroyé et ottroyons de grace espécial que nostre dite monnoye- 
«de Flandres estant présentement en nostre ville de Bruges soit remise et 
« restablie en nostre dite ville de Gand ou lieu où elle a esté le temps passé 
« et voulons et ordonnons que des maintenant nostre dite monnoye avec ce 
~ qui est nécessaire pour le fait et ouvrage d’icelles soit remise en nostre hoste: 
« de la monnoye audit lieu de Gand et nostre dit hostel disposé à ce comme il 
« appartient. Si donnons en mandement, etc., etc... Donné en nostre ville de 
« Brouxelle le xxv* jour de may l’an de grace mil quatre cens cinquante huit. 
« Ainsi signé, par monseigneur le duc, J. Milet. » 

(Archives de la chambre des comptes de Lille, 
Registre des chartes, côté 12, folio 1x3%1111.) 


496 MÉMOIRES 


47 mars 1458 (v. st.) pour le rebail de ladite mon- 
naie. 

Peu de temps après cet événement, le 31 janvier 1458 
(v. st.), le duc de Bourgogne renouvelait ses ordonnances 
contre le cours de la monnaie étrangère, et donnait aussi 
une évaluation des espèces ayant cours légal. En même 
temps, par une autre lettre, dans l'intérêt du maintien de 
la bonne monnaie d’or et d'argent, il défend dans ses pays 
les florins postulats de Liége et autres semblables : il or- 
donne que ces florins réputés pour billon seront envoyés au 
plus prochain hôtel de monnaies, sur l'amende de 60 s. 
pour chaque pièce, qu’encourera tant celui qui les recevra 
que celui qui les donnera. Quant aux deniers dor dont le 
cours est autorisé, ceux qui n’auront pas leur poids seront 
coupés par les changeurs et envoyés à la monnaie sous 
peine de confiscation et d'amende arbitraire. 

Dans toutes ces prohibitions de monnaies étrangères, on 
voit qu'il est beaucoup question de florins. C’est qu'en effet 
c'était devenu une monnaie à la mode, qu'émettaient à 
lenvi tous les seigneurs. Le duc de Bourgogne finit par 
suivre l’exemple des autres. Il en ordonne la fabrication 
dans son instruction du 23 mai 1466, dont voici les passages: 

« Premièrement est ordonné estre fait un florin d'or ap- 
« pellé florin de Bourgongne qui sera à x1x karas d'or fin 
«en aloy nobles d’Engleterre ouvréz par le roy Henry 
« comptéz pour fin à ung douzieme de karat de remède en 
a aloy et sera l’aliance de quatre karats d'argent fin et de 
« ung Karat de cuyvre, de soixante douze de taille ou marc 
«de Troyes, à demi-estrelin de remède en poix pour marc 
« d’euvre, lesquelz remèdes que le maistre particulier ne 
« porra excéder tant en poix comme en aloy, se ledit 
« Maistre particulier sen ayde, appartendront ‘à mondit 


ET DISSERTATIONS. 497 


«Seigneur, duquel denier, qui aura cours pour quarante 
« ung gros de la nouvelle momnoye blanche cy après dé- 
a clarée mon avandit seigneur prendra pour son seignou- 
« rage de chacun marc duditor fin quatorze grosde Flandres. » 

a Jtem ung denier d’or de ce mesme aloy et de sept vingz 
« quatre de taille oudit marc, à telz remède lyage et poix 
« que dessus qui aura cours pour vingt gros et demi de 
« ladite monnoye blanche, duquel denier d'or, mondit sei- 
a gneur prendra pour son seignourage de chacun mare d’or 
a semblable quatorze gros dite monnoye. » 

La traite du marc d'or fin est estimée à 15 1. 10 s. 9 d. 
gros: les marchands devaient avoir 98 1/4 desdits florins 
valant 45 1. 4 s. 6 d. et six mites gros; il restait par con- 
séquent, pour le droit de seigneurage et pour l'ouvrage, 
9 s. 4d. et 18 mites gros. L’aloi étant estimé 5s. 3 d. 
gros, il reste par suite pour le duc et le maître particulier 
3s. 10 d. 18 mites gros. 

« Item est ordonné estre fait ung denier de fin argent à 
« onze deniers douze grains argent le roy et de soixante dix 
a neuf et demy d’iceulx deniers de taille ou marc de Troyes 
« qui aura cours pour quattre gros de Flandre, dont la traitte 
« est vingt sept solz sept deniers xix mittes et trois quars 
« de mitte gros ; dont l’on donra au marchant pour chacun 
«marc d'argent le roy, vingt six solz neuf deniers gros; 
« demeure pour seignourape et ouvrage dix deniers dix neuf 
« mittes et trois quars de mitte gros, et aura le maistre 
« particulier pour remède ung grain en aloy et ung demy 
«d'iceulx deniers en taille sur chacun marc d’euvre et non 
« plus, lesquelz remédes appartiendront 4 mondit seigneur 
« comme dessus. » 

a Item ung aultre denier, à six deniers d’aloy argent le. 
« roy et de quatre vingz deux et demy d’iceulx deniers.de 


128 MÉMOIRES 
« taille oudit marc de Troyes ayant cours pour deux gros 
«de Flandre pièce, dont ka traitte du marc d'argent est 
« vingt sept solz six deniers gros, et dont l'on devra aux 
« marchans de chacun marc d'argent le roy vingt six solz 
« quatre deniers gros, demeure pour seignourage et ouvrage 
« quatorze deniers gros, à ung grain de remède en aloy et 
« demy denier en poix sur le marc d’euvre.....» 

« Item ung autre denier, ayant cours pour ung gros de 
« Flandre à cing deniers d’aloy argent le roy et de six 
« vingz dix neuf d’iceulx deniers en taille, dont la traitte 
«du marc d’argent est vingt sept solz neuf deniers dix 
« mitte demye gros dont l’on donra aux marchans vingt six 
« solz quatre deniers gros, demeure pour seignourage et 
«ouvrage dix sept gros dix mittes et demy, à ung grain 
« de remède en aloy et demy d’iceulx deniers en poix sur 
« le marc d’euvre.....» 

a Item encoire ung autre denier à quatre deniers douze 
« grains d'aloy argent le roy, ayant cours pour demy gros 
« de Flandre et de vingt et ung solz quatre deniers en taille 
« dont la traitte du marc d'argent est vingt huyt solz cincq 
« deniers huyt mittes gros dont l’on donra aux marchans 
« vingt six solz quatre deniers gros, demeure pour seignou- 
« rage et ouvrage deux solz ung denier huyt mittes gros, a 
« ung grain de remède en aloy et quatre d'iceulx deniers 
« en taille pour marc d’euvre..... » 

« Item ung autre denier nommé quart de gros à trois 
« deniers d'aloy argent le roy et de vingt neuf solz en taille, 
« duquel denier la traitte est vingt neuf solz gros.» Les 
marchands devaient recevoir le même prix que dans les cas 
précédents, le reste était pour le seigneurage et la façon. 
Le remède en aloi était aussi le même, et en poids il était 
de « huyt d’iceulx deniers, » 


ET DISSERTATIONS. 1499 


« Item a esté ordonné aussi, estre fait ung noir denier 
« nommé courie ou double mitte qui sera à dix grains d’aloy 
« argent le roy et de seze solz six deniers en taille au marc 
« de Troyes, à ung grain de remède en aloy et à six deniers 
« en taille par marc d'euvre. » Douze de ces deniers vau- 
dront un gros: la valeur du marc d'argent est estimée 
39 s. 7 d. 5 mites gros; le marchand reçoit le prix fixé pour 
les deniers d'argent, et le reste est attribué pour le seigneu- 
rage et l'ouvrage. 

« Item ung autre denier noir appellé mitte qui sera 4 six 
« grains d'aloy argent le roy et vingt ung solz en taille, à 
« ung grain de remède en aloy et à huyt d'iceulx deniers en 
a taille pour marc d’euvre. » La valeur du marc d’argent 
monnayé est estimée 428. gros; le marchand ayant le méme 
prix que dans les cas précédents, il reste pour le seigneur 
et le maître particulier 15 s. 8 d. gros. 

Le droit de seigneurage est d’ailleurs porté, tant pour 
les monnaies d'argent que pour les monnaies noires, à un 
gros et demi de ladite monnaie. 

Peu après la date de cette instruction, Philippe le Bon, 
considérant que les monnaies de mauvais aloi abondent 
dans ses États, et qu’on les y fait passer pour plus qu’elles 
ne valent, tandis que celles qu'il fait forger, étant beau- 
coup meilleures, sont par suite exportées pour revenir en- 
suite en espèces d'un titre inférieur, ordonne, le 3 juin 
suivant, qu'il n’y aura pas d'autre numéraire, ayant cours 
légal, que celui dont l’énonciation est portée à la suite de 
l'instruction précédente. 

Les espèces d'argent, émises en vertu de ladite instruc- 
tion, sont encore de celles qui portent le nom de vierlander, 
mais la taille au marc étant plus considérable, il en résultait 
que ces pièces devaient peser moins. Afin d'éviter la con- 


130 MÉMOIRES 


fusion et ne pas forcer au pesage des deniers, il devait y 
avoir entre eux une différence qui n’est pas indiquée dans 
les documents écrits. Leur aspect, plus noir, puisque la 
proportion d'argent était moindre, devait déjà servir à les. 
faire distinguer. Or les pièces de cette dernière catégorie 
sont précisément celles dont la croix n’est pas cantonnée. 
J'en conclus que ce devait être là surtout la marque à la- 
quelle on pouvait faire la différence entre les deniers de la 
dernière émission et ceux des précédentes, qui, en vertu 
des prescriptions du prince, devaient toujours conserver 
leur cours légal pour leur ancien prix. I] serait difficile au- 
trement de distinguer les pièces de la nouvelle émission des 
anciennes *. 

La commission pour forger la monnaie de Flandre à 
Gand, donnée à Georges Le Caboetre et Guérardin Thieu- 
lame, l'était pour cinq ans. Philippe étant mort le 15 juin 
1467, il est probable qu'il ne fit pas d'autre ordonnance 
dans ce court espace de temps. Quoi qu'il en soit, je n'en ai 
pas retrouvé. 

Toutes les diverses émissions de monnaies durant le 
gouvernement de Philippe le Bon sont. à peu de choses 
près, représentées sur nos planches. Nous allons les passer 
en revue. 

Les pièces forgées en vertu de l'instruction du 7 novembre 
4419, sont faciles à déterminer. Elles doivent être sem- 
blables aux dernières de Jean sans Peur; aussi n'y a-t-il 
aucun doute que ce soient les suivantes : 

34. — Écu incliné à cing quarts, surmonté d'un heaume 


' Les monnaies de cette émission, en supposant vraie mon hypothèse, sont 
tres-rares. Den Duyts en donne une pour Ja Flandre. M. R. Châlon en a 
donné deux pour le Hainaut, et M. Van der Chijs, deux également pour le 
Brabant. 


ET DISSERTATIONS. 431 


ayant une fleur de lis pour cimier. Légende: PHS:DEI:G: 
DVX:BVRG:Z:COMES:FLAND’. 

®. Croix ornée terminée à chaque bras par une fleur de 
lis et deux feuilles, dans un entourage de quatre demi- 
cercles ayant dans les angles formés par leur rencontre 
quatre lions. Légende: + BENEDICTYS:QVI:VENIT:IN: 
NOMINE:DNI. 

Heaume d'or. PI. XI, 4864, n° 34°. 

35. — Lion debout portant sur le flanc un écu à cinq 
quarts. Légende : + PH'S:DVX:BVRG:Z:COMES:FLANDRIE. 

R. Croix longue partageant tout le champ de la pièce, et 
cantonnée des quatre lettres FLAD’. Légende: MONET A: 
COMITIS:FLANDRIE. 

Argent. Double gros kromstaert. Poids, 70 grains. PI. XI. 
n° 35 *. 

36. — Mémes types et mêmes légendes qu'au précédent, 
sauf l’abréviation du dernier mot dans la légende du revers. 

Argent. Gros kromstaert. Poids, 40 grains. PI. XI, n° 36 *. 

37. — Ecusson a cing quarts, entouré de la légende : 
+PHS.D.B.Z.COM FLAND’. 

à. Croix cantonnée des lettres FLAD’. Légende: + MO- 
NETA.COM.FLAND’. 

Argent. Quart de gros. Poids, 41 grains. PI. XI, n° 37 *. 


1 Cette monnaie appartient au Musée de la Haye. Je dois la communication 
de son empreinte à l’obligeance de M. Meyer, conservateur de ce Musée. 

Le poids de cette monnaie, fixé par l'instruction, devait être de 68 grains 
5/68. 

2 Duby, pl. LI, n° 8. Cet auteur indique pour le poids de son exemplaire 
63 grains. Une autre est figurée aussi pl. LIV, n° 6; elle est tirée du recueil 
de de Boze, et ne ressemble à rien. Voir aussi Den Duyts, pl. X, n° 63, 
et Serrure, op. cit., p. 242. 

3 Serrure, op cit., p. 242. — Den Duyts, pl. XI, n° 64, Le poids légnl 
devait être 40 grains 29/115. 

* I) ya une grande différenoo de poids entre celui ci et celui fixé par l'in- 


132 MÉMOIRES 


H manque par conséquent à cette série le demi-gros, qui 
n’a pas été retrouvé jusqu'ici, du moins à ma connaissance. . 

Viennent maintenant les monnaies d’or, frappées en vertu 
de Fordonnance du 12 juin 1425, qui sont le noble de Flan-- 
dre et ses divisions. Je ne connais en nature que: le noble 
lui-même, dont voici la description. 

38. — Le duc couronné, debout sur une nef, ayant l'épée 
nue dans la main droite, et à son bras gauche l'écu à cinq 
quarts. Légende : PHS.DET:GRA:DVX:BVRG:COMES:Z:DNS: 
FLAND’. 

à. Même type et même légende qu’aux nobles de Phi- 
lippe le Hardi'. 

Noble d'or. Poids, 132 grains, Pl. XX, 1861, n° 38 *. 

Les divisions du noble ne nous sont connues que par les 
placards. En voici la description : 

39. Méme type que le noble. Légende : PHS. DEI. GRA.. 
DVX. BVRG. COMES. ET DNS FL. 

R. Méme type que le numéro précédent. Légende - 
+ DOMINE. NE. IN. FVRORE. TVO. ARGVAS. ME. — Demi- 
noble d'or. 

h0. Quart de noble d’or, identique, comme types et lé- 
gendes, au noble de cette série. 


struction, qui est de 15 grains 1/3. Cependant, par l’analogie du type et Ia 
composition des légendes, cette pièce devait faire partie de la même série. 
Voir Serrure, op. cit., p. 241. 

1 Voir Revue numismat., 1861, p. 137. 

3 Le poids fixé par l'instruction est d’environ 131 grains. 

Décrit par Duby, pl. LIT, n° 9. D’autres nobles et demi-nobles sont donnés 
æusai par cet auteur, pl. LIV, n 1, 2,3. Il les avait extraits du recueil de Van- 
Alkemade; ils ne méritent aucune confiance.— Dans le catalogue de la vente 
Rousseau, M. Fillon attribue ce noble à Philippe le Hardi; il suffit d'examiner 
la série des instructions monétaires que j'ai donnée, pour faire justice de cette 
attribution. D'ailleurs, il est prouvé par l'inspection des sceaux, que jamais 
Philippe le Hardi ne prit le lion de Flandre en surtout dans ses armoiries. 


ET DISSERTATIONS. 133 


N'ayant jamais rencontré ces pièces, je n'ai pas jugé con- 
“enable de les reproduire. 

Nous avons vu que l'ordonnance précitée ne parlait pas 
‘de monnaies d'argent. Il est cependant dans la série des 
pièces de Philippe le Bon un double gros que l’analogie de 
type avec les monnaies émises en même temps que les 
nobles de Jean sans Peur nous engage à classer ici comme 
ayant été frappé en même temps que kes premiers nobles 
dont je viens de parler. Je rappellerai d’ailleurs que nous 
n'avons pas l'instruction qui a dû suivre l'ordonnance de 
4425. et qu'il peut se faire que celle-ci prescrive la fabrica- 
tion de monnaies d'argent dont l'ordonnance ne fait pas 
mention. Ce ne serait pas la seule fois que ce fait se ren- 
contrerait. ll faudrait avoir les comptes des maîtres parti- 
culiers, à défaut des instructions non retrouvées pour pou- 
voir se prononcer d'une manière précise Quoi qu'il en soit, 
voici la monnaie à laquelle je fais allusion : 

hi. Deux écussons dans le champ ; celui de gauche, de 
Bourgogne, à cinq quarts; celui de droite, au lion de Flan- 
dre. Hs sont surmontés d’un heaume timbré d’une fleur de 
lis, Légende : PHS: DVX:BVRG:Z:COMES:FLANDRIE. 

à. Croix pattée cantonnée de deux fleurs de lis et de 
deux lions entourés de la légende : + MONETA:NOVA: 
COMITIS:FLANDRIE. 

A. Double gros. Poids, 84 grains. PI. XX, n° 41°. 


1 Serrare, op. cif., p. 241.— Duby, pl. LV, n° 6, dessiné d’après un 
exemplaire pesant 79 grains. Une variété, tirée du recueil de de Boze, qui me 
paraît inexacte, est figurée n° 7 de la même planche. Le n° 8, extrait de l’or- 
donnance de 1618, est une autre variété, qui consiste en ce que la croix du 
revers est cantonnée de quatre fleurs de lis au lien de deux lions et de deux 
fleurs de lis, ce qui me paraît une erreur grave. Au reste, cette pièce est repré- 
sentée de la même manière dans les placards suivants. 


134 . MÉMOIRES 


La présence de l’écusson à cing quarts sur cette pièce la 
classe forcément entre 1419 et 1430; après cette dernière 
date, Philippe le Bon prit toujours des armoiries à sept 
quartiers, dont il sera parlé ci-après. D'un autre côté, les 
instructions qui nous sont parvenues ne laissent aucune 
incertitude sur Ja monnaie d'argent : il suffit de les par- 
courir ; et le poids de la pièce ci-dessus n’est en rapport 
avec aucun de ceux indiqués par lesdites instructions. On 
est donc forcé d'admettre l'hypothèse que je mets en avant 
ou toute autre plus plausible, sans quoi l’on ne saurait où 
classer cette monnaie. 

Après les nobles de la première émission, viennent les 
klinkaerts, dont il est question dans l’ordonnance du 8 no- 
vembre 4426. | 

h2. Le duc couronné, assis dans une chaire gothique, 
tient de la main droite une épée nue, et de la gauche un 
écusson à cinq quarts; le tout dans un entourage de cin- 
tres. Légende : + PHS: DVX : BVRG.. COM. FLAND’ : BRS: 
HOLR. 

à. Croix trés-ornée dans un entourage de quatre demi- 
cercles. Légende : + XPC : VINCIT: XPC : REGNAT: XPC: 
INPERAT :. | 

Point secret sous be G. de BVRG , au droit, et sous le G de 
REGNAT au revers *, indices de l'atelier de Gand. 


1 Serrure, op. cit., p.343. — Duby a donné au n* 1, pl. LVII, un double 
klimkaert tiré de Van Alkemade. Cette pièce, reproduite également dans le 
placard de 1633, et où Je duc est représenté assis, ayant à ea droite l'écnsson 
an lion, et tenant de la main gauche l’écnsson à cinq quarts, ne me paraît pas 
frappée pour la Flandre. Les instructions n'en font aucune mentiun. 

2 M. Dewisme possède aussi dans sa colléction un autre klinkaert, où le 
point secret est sous l’À de REGNAT au revers. Je pense qu'il y a eu erreur 
de la part du graveur dn coin, qui devait mettre ledit point sous le N du même 
mot, pour indiquer l'atelier de Namur, ainsi que le portent les instructions; 


ET DISSERTATIONS. 135 


Écu d’or de Hollande, dit klinkaert. Poids, 69 grains. 
Pl. XX, n° 39. 

453. Mémes types et mêmes légendes qu'au numéro pré- 
cédent. | 

Or. Demi-klinkaert. Pl. XX, n° 40. 

Cette dernière monnaie ne porte pas le point secret qui 
justifierait son attribution à l'atelier monétaire de Gand; 
mais comme, sauf le différent, tout le reste est semblable, 
j'ai cru devoir néanmoins en donner le dessin. 

Je n’ai pas retrouvé les monnaies d’or frappées en vertu 
de l'instruction du 14 septembre 1427. Quant à la série des 
monnaies d'argent, nous avons vu qu'étant identiques de 
poids avec celles frappées en 1419, il est presque certain 
que ces pièces devaient avoir le même type. Il n’y a donc 
aucun moyen de les distinguer de celles-ci. 

Parmi les pièces faisant partie de l'émission de 1428, 
voici celles qui nous sont parvenues : 

hh. Même type que le n° 38, sauf qu'il y a un lion yssant 
de la poupe du navire. Légende : + PH’S: DEI:GRA: DVX: 
BVRG:COMES:Z:DNS:FLAND. 

à. Même revers qu’au n° 38, excepté que le milieu de 
la croix porte une rosette au lieu d'un P. 

Noble d'or. Poids, 132 grains. PI. XX, n° 42. 

Cette monnaie est entierement conforme aux indications 
que donne l'instruction. Le poids fixé par celle-ci, qui est 
de 431 grains et demi environ, est presque identique à 
celui trouvé ci-dessus '. 

h5. Méme type que le précédent. Légende : + PHS. 
DEI:G:DVX:BVRG:COM:Z:DNS:FLAND. 


sans quoi, je ne saurais à quel atelier attribuer cette pièce, celui d’Alost étant 
fermé depuis longtemps. 
1 Duby, pl. LIII, n° 10. — Serrure, op. cit., p. 240. Je ferai remarquer 


136 MÉMOIRES 


À. Méme type qu'au n° AA. Légende : + DOMINE:NE: 
IN:FVRORE:TVO:ARGVAS:ME. 

Demi-noble d'or. Pl. XX, n° 43‘. 

i] manque le quart de noble. En ce qui regarde les mon- 
naies d'argent, nous savons par l'instruction qu'elles sont 
semblables à celles de l'émission précédente, par conséquent 
aux pièces ayant pour type un lion debout avec un écusson 
sur le flanc, sauf que tous les A sont barrés tant au droit 
qu’au revers. Ces pièces existent en effet, et moi-même 
j ai dans mes cartons un gros de cette émission qui répond 
à ce signalement. La différence de poids, déjà si minime 
lorsque les pièces étaient neuves, est devenue impossible à 
constater sur des monnaies ayant circulé. 

Nous arrivons maintenant aux monnaies émises par Phi- 
lippe le Bon lorsque, ayant réuni sous sa domination le 
Brabant, le Hainaut et la Hollande, il voulut y faire régner 
une certaine uniformité sous le rapport du numéraire , et 
* dont la première manifestation apparaît pour la Flandre 
par l'ordonnance du 12 octobre 1433. Ce sont les sui- 
vantes : 


h6. Le duc couvert d’une armure, la tête protégée par 
un heaume à visière grillagée, timbré d’une fleur de lis, et 
accompagné de lambrequins, la main droite tenant l'épée 
haute, est monté sur un cheval au galop caparaçonné ; sur 
le caparaçon on remarque les briquets du collier de la 
Toison d'or. Dessous, en exergue, FLAD’. Légende : PHS: 
DEI:GRA:DVX:BVRG:Z:COMES:FLANDRIE. 

À. Ecu à sept quarts’ sur une croix, dont les extrémités 


seulement que le lion sort de la poupe et non de la proue du navire. — Den 
Duyts, pl. X, n°61, 

1 Collection de M. Mallet, à Amiens, — Den Duyts, pl. X, n° 62. 

2 L’écusson à sept quarts est ainsi composé : Écartelé au premier et qua- 


ET DISSERTATIONS. 437 


sont formées par une pomme de pin et deux fleurons. 
Légende : + SIT : NOMEN : DOMINI : BENEDICT VM : AMEN: 
Briquet. 

Cavalier ou ridder d’or. Poids, 69 grains '. PI. XXI, 1864, 
n° AA. 

A7. Méme type. Légende : PHS:DEI:GRA:DVX: BYRG: Z: 
CO:FLAD. 

&. Même type qu'au n° 46. Légende : + SIT:NOMEN: 
DNI:BENEDICTVM:AMEN. — 

Demi-ridder d'or. Poids, 34 grains forts. PI. XXI, n° 46 *. 

h8. Les armoiries adoptées par Philippe le Bon , à partir 
de 1430, occupent tout le champ de la pièce. Légende : 
+ PHS:DEIL:GRA:DVX:BVRG:Z:COMES:FLAND’. 

®. Croix portant en cœur une fleur de lis. Elle est can- 
tonnée de deux fleurs de lis et de deux lions, et partage en 
quatre parties tout le champ de la pièce ainsi que la lé- 
gende +-MONETA:NOVA:COMITIS:FLAND’. 

AM. Double gros vierlander. Poids , 63 grains. PI. XXI, 
n° 46°. 


trième canton, de Bourgogne moderne; au deuxième, mi-partie de Bourgogne 
ancien et de Brabant ; au troisième, mi-partie de Bourgogne ancien et de Lim- 
bourg, ayant en surtout le lion de Flandre. 

1 Serrure, op. cit., p. 247. — Den Duyts, pl. XI, n° 65.— Duby donne 
un bon dessin de cette pièce au n° 10, pl. VI,de son Supplément, d’après un 
exemplaire pesant 67 grains. Un autre dessin tiré de Van Alkemade est repré- 
senté aussi pl. LIV, n° 4, mais c'est une mauvaise copie, de même que le n° 6 
de la même planche, tandis que le dessin du Supplément est exact; preuve nou- 
veile que Duby. lorsqu'il avait sous les yeux les exemplaires des pièces qu'il 

"publiait, ne s’est pas tant livré à l'invention qu'on le lui a attribué. 

3 Cabinet des médailles à la Bibliothèghe impériale, et collection de 
M. Mallet, à Amiens. — Serrure, op. cit., p. 247, — 

3 Serrure, p. 247,— Den Duyts, pl. XI, n° 67. — Duby, ol. LY, n° 1, 
d’après un exemplaire pesant 62 grains. — Le poids fixé par l'instruction est 

_ 64 grains. | 
1862. — 2. 10 


ET DISSERTATIONS. 139 


R. Croix portant en cœur -une fleur de lis. Légende : | 
+ MONETA.NA.COM.FLAND”. 

Billon. Poids, 20 grains. PI. XXI, n° 50". 

Les monnaies d'argent que nous venons d'examiner ont 
été frappées pendant trés-longtemps : les instructions mo- 
nétaires que j'ai analysées renvoient, pour la fabrication 
des espèces de ce métal, à celle de 1433. Il n’en est pas de 
même de celles d’or. En 1463 un nouveau type fut ordonné, 
et il est assez clairement désigné pour qu'il n'y ait pas 
d'incertitude sur les pièces qui sont les suivantes : 

53. Lion tourné à gauche, assis au milieu d'un édicule 
gothique surmonté de deux frontons en accolade et accosté 
de deux briquets avec étincelles. Légende : PHS:DEI:GRA: 
DVX:BVRG:COM:FLAND. 

À Écusson à sept quarts sur une croix dont les extrémi- 
tés sont formées par un fleuron et deux feuilles. Légende : 
+SIT:NOMEN:DOMINI:BENEDICTVM:AMEN. Briquet. 

Lion d’or. Poids, 78 grains. PI. XXI, n° 61 *. 

5&. Variété avec le mot COMES dans la légende du droit. 
' — Poids, 77 grains ?. 

55. Méme type qu'au n° 53. Légende : PHS:DEI:6:DVX: 
BYRG:CO:FLAND’. . 

à. Même type qu'au n° 53. Légende : +SIT:NOMEN: 
DNI:BENEDICTVM:AMEN. 


1 Serrure, op. cit., p. 243.— Den Duyts, pl. XII, n° 71.— Le poids fixé par 
l'instruction est 21 grains 43 centièmes. 

? M. Serrure, op. cit., p. 245. — Den Duyts, pl. XI, n° 66. — Duby, 
pl. LIV, n° 9. — Le poids fixé par l'instruction est 80 grains et demi. 

® Serrure, op. cit., p. 246. — Duby, pl. LIV, n° 8. Le n°7 de la même 
plasche, tiré du recueil de Van Alkemade, est fort incorrect. Quant an n° 10, 
extrait de l'ordonnance de 1548, dans lequel le lion est tourné à droite et 
couché, il me paraît être le résultat d’un dessin fait sur nne pièces mal conservés: 
cette pièce m'est totalement inconnue. 


4 10 MÉMOIRES 


. . Double tiers de lion d’or, appelé dans l'instruction lyon- 
ceau. — Poids, 54 grains’. Pl. XXI, n° 52. 

L’instruction de 1453 n'indique que tes deux divisions 
précédentes ; la dernière, le tiers de lion, ne fut ordonnée 
que par l'instruction du 41 juin 4454. C'est la monnaie 
suivante : 

56. Lion assis à gauche dans un entourage de huit cin- 
tres. Légende : + PHS. DEI.GRA.DVX. BVRG.CO.FLAND’. 

®. Ecusson à sept quarts dans un entourage de huit cin- 
tres. Légende : +SIT. NOMEN. DOMINI.BENEDICTVM. Bri- 
quet. | 

Tiers de lion d'or *. Pl. XXI, n° 53. ; 

L'instruction où il est fait mention pour la première fois 
du tiers de lion, était adressée aux maîtres particuliers de la 
monnaie de Malines, qui travaillait en même temps que la 
monnaie de Bruges. Il est rationnel de supposer qu'il y 
avait un moyen de distinguer les pièces sorties de chacun 
des deux atelrers. On a en effet des pièces au lion qui 
portent le titre de seigneur de Malines ajouté aux autres 
titres du duc, et il est très-probable qu'elles ont été émises 
par l'atelier de cette ville. En voici une qui appartient au 
Musée de Saint-Omer. . 

57. Entièrement semblable au n° 53, sauf la légende du 
droit, qui est PHS:DEI:GRA:DVX:BVRG:BRAB:DNS:M’H. 

Nous voici enfin arrivés aux dernières monnaies émises 
pendant la longue durée du gouvernement de Philippe le 
Bon : ce sont celles frappées en vertu de l'instruction du 


1 Serrure, op. cit., p. 246. Le poids fixé par l'instruction est 53 grains 
66 centièmes. 

? L’exemplaire que j'ai ou entre les mains était cassé et rogné. Le poids 
légal devait être en nombre ronds 27 grains, Voy. l’ouvrage de M. Serrure, 
p. 246. 


ET DISSERTATIONS. 141 
3 nai 1466. Toutes ne nous sont pas parvenues ; elles se- 
réduisent à trois, qui sont les suivantes : 

58. Saint André tenant sa croix devant lui, entouré de 
ces mots : SANCTVS:ANDREAS. 

8. Ecusson à sept quarts, posé sur une croix longue par- 
tageant tout le champ de la pièce, et la légende PH'S:DVX: 
BVRG:COMES:FLAND". 

Florin d'or. Pords, 62 grains *. Pl. V, 1862, n° 54. 

59. Écusson à sept quarts, entouré de la légende +PH'S: 
DEI:GRA:DVX:BVRG:COMES:FLAND’. 

à. Croix fleuronnée ayant en cecur une fleur de lis. Lé- 
gende : +SIT:NOMEN: DOMINI:BENEDICTVM:AME’. 

AM. Double patard. Poids, 56 grains. Pl. V, n° 55 *. 

.60. Ecusson à sept quarts dans un double trilobe. Lé- 
gende : -++-PH’S:DEI:GRA:DVX:BVRG:COMES:FLANDRIE. 

à. Creix différente du précédent, mais aussi fleuronnée, 
et ayant également au centre une fleur de lis ; elle est en- 
tourée de la légende -++ SIT:NOMEN:DOMINI:BENEDICTVM: 
AMEN. 

Æ. Double patard. Poids, 57 grains. PI. V, n° 56°: 

H nous manque de cette série le demi-florin d’or 

Deux hypothèses se présentent pour expliquer l’existence- 
de deux doubles patards de types différents, quand il pa- 
rait certain que, vu le peu de temps qui s’est écoulé entre 
la date de la dernière instruction monétaire et la mort de 
Philippe le Bon, il ne put y avoir de nouvelle ordon- 


1 Le poids fixé par l'ordonnance est 63 grains 1/6. 

? Duby, pl. LV, n° 3. Le poids fixé par l'instruction est 58 grains 1/4. 

? Dessiné dans Duby, d’après le recueil de Van Alkemade, pl. LV, n° 4. 
Cet antenr donne également un autre double patard dont l’écusson du droit 
est dans un ‘quatre lobes ; je ne connais pas cette pièce, tirée également de 
Van Alkemade. 


442 MÉMOIRES 


nance prescrivant une modification des monnaies. La pre- 
mière est d'admettre que ces deux pièces de fin argent ant 
été frappées dans deux ateliers différents, ce qui serait 
pôssible. Rien ne dit, en effet, que l’atelier de Malines cessa 
de fonctionner lorsque le duc rétablit à Gand l'hôtel des 
monnaies transporté momentanément à Bruges. La seconde 
hypothèse, qui me paraît la plus probable, repose sur le 
fait suivant : Une pièce sans date’, mais que son contexte 
rapporte précisément .4 la dernière année du règne de 
Philippe le Bon, nous fait connaître les représentations 
faites aux commissaires du due au sujet des monnaies. 
Philippe s'efforce de faire droit aux justes réclamations 
de ses sujets, et l’on y remarque le passage suivant : 

« Et pour ce que les deniers tant d’or et d'argent que 
« les courtes * et mites qui derrainement ont esté forgiéz, 
« ont esté mal ouvréz tant en taille comme en emprainte, 
« par quoy ilz n’ont esté ne sont réputéz si bons comme ilz 
« sont et ainsy n’ont esté si plaisans à recevoir que mestier 
« feust, nous avons ordonné et ordonnons que pour pour- 
« veoir et remédier à ce, le denier de 11 gros sera fait 
« plus court et plus espés de la largeur du gros de mets. 
« Et à ceste fin, seront mis en euvre tailleurs pour tailler les 
« coings aultres plus abiles et meilleurs ouvriers que ceulx 
« qui ont taillé les aultres. Et sera prins garde à ce que les 
« dessusdiz deniers soïent bien forgiéz et ouvréz et de 
« bonne rondeur, comme il appartient. » 

Ce serait donc pour différencier les pièces nouvelles 
d’avec les premières faites que le type aurait été un peu 


1 Archives de la chambre des comptes de Lille, minute en papier. 

? Cette expression de courtes, qui se trouve précisément insérée dans l'in- 
struction de 1466 pour désigner les doubles mites, est une des raisons de la 
date que j'ai cru devoir assigner à ¢e document. 


ET DISSERTATIONS. 443 


modifié. Il est malaisé de déterminer lequel des deux dou- 
bles patards décrits ci-dessus est de la dernière émission. 
Cependant la ressemblance du n° 69, où l’écusson du droit 
n'est pas entouré, avec les doubles patards de Charles le 
Téméraire, me porte à penser qu’il est le résultat des mo- 
difications prescrites par Philippe le Bon. Il est d’ailleurs 
d'un diamètre un peu plus faible et un tant soit peu plus 
épais que le n° 60. 

Quant aux autres monnaies d'argent émises en vertu de 
l'instruction de 1466, la faible différence de poids qui existe 
avec celles émises conformément à l'instruction de 1433, 
empêchera toujours, ainsi que je l'ai dit précédemment, 
de distinguer les unes des autres, surtout en l'absence de 
différent précis que les instructions précitées n’indiquent 
pas. Je suis donc forcé de renvoyer aux descriptions faites 
précédemment des n° 48 à 52 inclusivement ‘. 


Louis DESCHAMPS DE Pas. 
* Duby attribue encore à Philippe le Bon les n° 6,7, 8et 9 de la pl. LXXXI; 


c'est une erreur, ce sont des monnaies de Philippe le Beau : les armoiries l'in- 
diquent. 


144 MÉMOIRES 


NOTICE 


SUR QUELQUES MONNAIES ET MÉREAUX DE BAR, 
DE LORRAINE ET DE CHAMPAGNE. 


(Pl. V.) 


HENRI IV, COMTE DE Bas. 


M. de Saulcy a publié, dans ses Recherches sur les mon- 
nates des comtes et ducs de Bar, un gros d'argent frappé 4 
Pont-à-Mousson : Moneta montionensis. Le savant auteur 
Yattribue à Henri IIT (4297-1302), tout en faisant observer 
qu’il appartient peut-être à Henri IV (1337-4344); et en 
effet, on est frappé de la ressemblance que cette pièce offre 
avec la monnaie fabriquée vers 4371 par Jean duc de Lor- 
raine et Robert duc de Bar en société (Saulcy, Num. des 
ducs héréd. de Lorraine, pl. VII, 141; — Monnaies de Bar, 
pl. IV, n° 7). C’est aussi à Henri IV que je crois devoir 
attribuer la pièce suivante, double moussonais qui se rat- 
tache de très-près au gros d'argent. Les caractères de la 
légende me paraissent se rapprocher beaucoup de ceux 
qui appartiennent au milieu du xrv° siècle. 

h:COMES I ARRI. Écu d'or aux armes du Barrois. 

A. + MOTIONES DVPLEX (pour Montionensis). Croix 
pattée. (PI. V, n° 4.) 








ET .DISSERTATIONS. 445 


IL n'est point de charte qui fasse connaître la création 
d’un atelier monétaire à Pont à-Mousson, ni aucun fait qui 
sy rapporte. Les comtes ou ducs de Bar frappèrent mon-- 
paie dans différentes localités , telles que Bar, Saint-Mihiel, 
Étain, Clermont-en-Argonne, la Marche, Varennes, la 
Chaussée, Pont-à-Mousson. Les ateliers d’Étain !, de Cler- 
mont-en-Argonne * et de la Marche * ne nous sont connus 
que par les archives, et jusqu'à présent on n’a point ren- 
contré de monnaies qui puissent leur être attribuées. Tan- 
dis qu'il n’est mentionné nulle part qu'il y ett des ateliers 
établis à la Chaussée *, à Varennes * et à Pont-à-Mousson, 
et cependant on connaît des monnaies sortant de ces ate- 
liers, mais qui sont jusqu'à ce jour restées très-rares. 


IOLANDE DE Bar. 


Je n'ai point oublié l'indication que M. de Longpérier 
m'avait donnée dans une lettre du 27 janvier 1861, au 
sujet d'une monnaie de Robert, duc de Bar, sur laquelle 
figure un écusson en losange ‘. Mais je n’avais pu, à cette 
époque, accepter l'interprétation proposée. Cependant les 
recherches que j'ai faites depuis et les renseignements que 


1 F. de Sauloy, Recherches sur les monnaïes des comtes et ducs de Bar, p. 25. 

? Dom Calmet, Histoire de Lorraine, preuve DCXXII. 

3 F. de Saulcy, Recherches sur les monuaies des comies et ducs de Bar, p. 40. 

* Pièce que j’ai rencontrée dans la riche collection de M. Monnier de 
Nancy. Cette monnaie est au type de celle d'Henri IV; les légendes sont 
TRES BARRI au droit; M DE...LCES an revers, pour CALCES, Calcia, La 
Chaussée. — Voir les titres imprimés dans l'Histoire ce Lorraine, t. II, 
p. DCLXXV et DCLXXVI, années 1351 et 1399. 

§ F. de Saulcy, Recherches sur les monnaies des comtes et ducs de Bar, p. 43. 

6 F. de Sauley, Recherches sur lex monnaies des comtes et durs de Bar, 1843, 
pl. IV, n° 3. 


146 MÉMOIRES 

je dois à Pobligeance de M. Servais, numismatiste distin- 
gué, m'ont convaincu de la justesse de l'opinion dont je 
n'avais pas d’abord apprécié la valeur. 

Les premières années du règne de Robert sont pleines 
de confusion, et les dates erronées de certains faits rap- 
portés par Dom Calmet et autres auteurs, n’ont fait qu’ob- 
scurcir davantage le chaos que M. Servais s’efforce de dis- 
siper. Les recherches auxquelles il s’est livré nous font 
espérer, pour cette année, une histoire complète du règne 
de Robert, avec les preuves à l'appui. 

Jolande de Flandre, comtesse de Bar, cessa d'être régente 
d’Edouard en 1349; mais bien que son fils eût été réputé 
majeur et autorisé à gouverner par le roi Philippe de Va- 
lois, elle dut cependant continuer à administrer la comté, 
en raison de la jeunesse de ce prince, ainsi que Je prouve 
son intervention dans un traité d'alliance, conclu le 2 trai 
‘4352, entre Marie de Blois, duchesse régente de Lorraine, 
et le comte de Bar '. 

A la mort d'Édouard, arrivée vers le mois de juin 1352, 
Robert, son frère, lui succéda. La tutelle de ce prince, 
ainsi que la régence, qui appartenait de droit à Jolande, 
lui furent disputées par Jeanne de Bar, comtesse de Garenne, 
fille d'Henri III, qui prétendait gouverner à sa place, comme 
grand'tante de Robert. Cette affaire, portée devant le par- 
lement de Paris, fut terminée en 1353. 

I] paraîtrait que dans ces discussions il n'avait pas été 
tenu compte de l'émancipation de Robert, à qui le roi 
Jean, par lettres datées de Conflans le 27 juillet 1352, 
avait accordé un bénéfice d'âge. On connaît également 
une lettre de bénéfice d'âge accordé à Robert par l’empe- 


‘ Dom Calmet, Preuves de l'histoire de Lorraine, DCXVIL. 


ET DISSERTATIONS. | 147 


reur Charles IV; cette lettre est datée de Trèves, le 22 fé- 
vrier 4353 !, | 

A partir de cette année, lolande cessa de gouverner 
légalement , mais à différentes époques elle administra les 
États de son fils, ainsi que le prouve une lettre patente, 
datée du 9 juin 4357, par laquelle Robert prie sa mère 
d'avoir soin du duché de Bar *. 

Jolande, qui avait frappé monnaie comme régente 
d'Édouard avant 1349, ne cessa point de le faire après 
cette époque, puisqu’en 1354 elle nommait Geoffroi de 
Gondrecourt maître de la monnaie de Clermont, comté 
qu'elle avait eu en douaire. On ne connaît point de mon- 
naie au nom d'lolande portant le nom de l'atelier de Cler- 
mont; mais on peut supposer que cette comtesse continua 
à émettre des espèces au nom de Robert, son fils, en pla- 
çant dans le champ de la face, comme preuve de leur ori- 
gine, l’écu en losange aux armes da Barrois. 

La forme de cet écu, qui, en éveillant l'attention de 
M. de Longpérier, l'a porté à donner cette pièce à lolande, 
doit justifier cette attribution. En effet dans le blason, 
l'écu en losange était destiné aux femmes, et se retrouve 
sur les jetons de Rénée de Lorraine, de Jeanne, épouse 
de Philippe de Valois, d’Isabeau de Bavière et de bien - 
d'autres princesses; sur les monnaies obsidionales de 
Jametz, frappées par Charlotte de la Marck. 

M. de Longpérier a déjà fait remarquer que lorsque 
Bonne de Bourbon fut reconnue tutrice de son petit-fils 
Amédée VIII, comte de Savoie, elle placa sur la monnaie 
son écu en losange *. Ceci résulte, non-seulement de l’exa- 


1 Idem, ibid. 
3 Don Calmet, DLII. 
3 Recue numism.,. 1859, p. 209. 


148 MEMOIRES 


men des monnaies de ce seigneur, mais encore du texte 
d'une charte dont nous devons la connaissance au savant 
chevalier D. Promis. Bonne, par un acte du 5 avril 1393, 
concède à Jean Raflano de Treffort la fabrication de la 
monnaie à Nion; on y trouve ce passage : « 5° Quarti di 
grossi et in istis..... ab una parte erit impressus flavellus 
cum galea armorum nostri comitatus : et ab alia parte erit 
losingia armorum nostrorum, et erit descriptum circum- 
circa tam ab una parte quam ab altera quantum intrare 
poterit AMEDEVS COMES SABAVDIE DVX CHABLASY ET 
AVGVSTE ET IN ITALIA MARCHIO :. » 

Si l'écu en losange qui figure sur cette pièce de Robert 
n'est point le résultat du caprice du monnayeur, il est cer- 
tain que l'on doit attribuer cette monnaie à Iolande de 
Flandre. Le mot DVX, qui y est inscrit, ne doit point ici. 
faire obstacle. En 1355 Robert prit le titre de duc, soit en. 
vertu d’une concession accordée par le roi Jean le Bon ou 
par Charles IV, empereur d'Allemagne, lors de son voyage. 
à Metz, soit de sa propre autorité. Quoi qu'il en soit, les. 
chartes, qui vers la fin de 1354, portent la désignation de- 
comte, mentionnent dans les premiers mois de 1355 le- 
titre de duc, et je ne connais aucune pièce authentique qui 
puisse éclaircir ce fait. 

Par un acte daté du 4 mai 4354, Robert traite avec 
Humbelet de Gondrecourt pour sa monnaie de lacomté de 
Bar qui devait être frappée à Saint-Mihiel. « C’est à savoir, 
que nous li avons donnei et donnons plein pooir et liberté. 
de faire et faire faire, à Saint-Mihiel ou ailleurs en notre 
comtei..... Item volons que hdit Humbelet fasse et puisse 
faire, ou puisse faire faire toutes manières de menoies 


1 Monete dei reali di Savoia, t. I, p. 108. 


ET DISSERTATIONS. 1 19 


blanches et noires, de tel poix et aloi comme sont et seront 
les menoies dou roy de France...... et seront en notre nom, 
et averont emprente, comme lidit Humbelet verra que 
mieux sera... ‘9 

Plus tard, Jorsqu’ il eut pris le titre de duc, en 1355, il 
traita de nouveau avec ce même Humbelet, et lui accorda 
‘pour deux ans la monnaie de Bar et de Clermont. ds... C'est 
la manière comment li receveur à marchandei à madame la 
-comtesse de Bar, des monnoies de la duchié de Bar et de 
Clermont....... il fera ouvre à un denier de moins de loy, 
les monnoies blanches que on forgerat en ta duchié de Bar, 
que celles dou royaume de France...... *y 

Ici encore on voit que c’est la comtesse lolande qui agit 
au nom de son fils, comme Bonne de Bourbon au nom du 
sien. Il est donc tout naturel d’appliquer au denier de Bar 
Yexplication du type fournie par le texte méme de la com- 
iesse de Savoie. 


ROBERT, COMTE DE Bar. 


Je citerai également une monnaie de Robert qui porte 
le titre de comte. Cette variété, inconnue à M. de Saulcy, 
m'a été indiquée par M. Servais, qui se propose de nous 
donner dans son travail sur le règne de Robert des rensei- 
gnements fort curieux à l'égard de cette pièce, et je joins 
ici le dessin que je dois à son obligeance. 

ROBERTVS. C.. ES. Croix. Légende extérieure : BNDITV: 
SIT, etc., etc. 


1 Dom Calmet, DCXXII. 
? Dom Calmet, DCXXIII. 


ET DISSERTATIONS, Ab! 


RENÉ II, puc DE LORRAINE. 


Une variété d'une pièce publiée par M. de Saulcy, 
pl. XIV, n° 3, nous offre une particularité fort curieuse 
dans la figure de la croix. Ce n’est point le résultat d’un 
accident dans la frappe, mais bien une forme inusitée. Les 
branches transversales sont au nombre de trois, et, con- 
trairement à celles de la croix papale, la barre du milieu 
est plus petite que la première et moins grande que la 
dernière. 

RENATVS:D:G:REX:SICIL. Épée recouverte de l’écusson 
de Lorraine. 

R. MONETA:FACTA:IN:NANC. Croix de Lorraine à trois 
branches. (PI. V, n° 4.) 


OBOLE ANONYME DE PROVINS. 


Obole sans légendes. Peigne provinois, au-dessus un T 
où Y entre deux annelets. 

à, Croix cantonnée de deux annelets et des lettres alpha 
et oméga, qui sont reliées au centre de la croix par un trait 
diagonal au lieu d’être attachées aux branches horizon- 
tales, ainsi qu’on le voit sur les monnaies de Sens et de 
Provins. (PL V,n°6.) | 

(Collection de M. Saubinet, à Reims. ) 

Cette obole appartient sans aucun doute au x1° siècle, 
mais rien ne peut la faire attribuer, soit à Thibaut, soit à 
Henri, comtes de Champagne. Ce n'est pas, comme on 
pourrait le croire au premier coup d’cil, un denier rogné ; 
les parties de métal qui entourent le cercle ne présentent 
aucune trace de caractères. 


459 MEMOIRES 
MONNAIE DE Toux. 


Les évêques de Toul jouissaient depuis longtemps du 
droit de battre monnaie dans leur ville et dans les terres 
de leur dépendance, lorsque Pierre de Brixey, ayant re- 
construit la forteresse de Liverdun avec l'autorisation du 
duc Simon, obtint de l'empereur Frédéric Barberousse, en 
4478, la confirmation du droit de battre monnaie dans 
cette place, droit qui lui avait été octroyé par le même 
empereur en 1168 *. 

M. Ch. Robert, dans son excellent travail sur les mon- 
naies de Toul, cite de cet évèque deux variétés avec la lé - 
gende LIBDVN (Liberdunum) et LIVIR (Livirdunum ); puis 
dans la description de monnaies des évêques qui lui suc- 
cédent, il n’en rapporte aucune qui ait été frappée dans 
cette ville. 

Cependant il ne faut pas conclure de cette absence de 
toute monnaie au nom de Liverdun que les évêques de Toul 
aient négligé de jouir du droit qui leur avait été accordé. 
Dom Calmet rapporte que « Thomas de Bourlémont laissait 
à Chaudrin, fils de Jeannin Fulvel de Liverdun, le droit de 
fabriquer toutes sortes de monnaies blanches à son coin à 
Liverdun ou à Brixey, et même d'y fabriquer des trabourgis 
ou monnaies de Strasbourg, des eschelins et autres mon- 
naies au nom d'autres que de l’évêque, excepté toutefois 
les monnaies du roy de France et du duc de Lorraine, 
qu'il ne lui permettait pas de contrefaire. Ces monnaies 
étaient de tel aloi que dans chaque marc d'eschelins et 
autres monnaies blanches il devait y entrer quatre onces 


1 Benoît, Hist. de Toul, preuves, XXX. — Dom Calmet, p. 126. 


ET DISSERTATIONS. 153 : 


d'argent du roy, et pour chaque marc le monnoyeur ren- 
dait au prélat quatre sols forts; un toulois pour trois de- 
piers, un eschelin pour quatre. Il lui était aussi permis de 
fabriquer toutes sorte de florins d’or, et il rendait à l’évêque 
pour chaque marc d'or mis en œuvre un petit florin de 
Florence ou la valeur '.n 

li sortit à cette époque de l'atelier de Liverdun quantité 
de monnaies frappées à limitation de celles de Metz, et le 
nombre en fut si grand que l’évèque Adhémar de Monthil 
s'en plaignit fortement à Thomas de Bourlémont *. 

B. D. LI. L’évéque debout, vu de face, tenant de la main 
droite une crosse , de la gauche le livre des Evangiles. 

à. MONETA. Dans le champ, épée la pointe en bas. 
(Pl. V, n°6.) . 

Notre obole est l'imitation exacte de celles de Renaud de 
Bar, évéque de Metz, mais l'argent est à plus bas titre. 

L'attribution que je propose de cette obole à Bertrand 
de la Tour, évéque de Toul, repose uniquement sur la lé- 
gende B.D.LI. (Bertrand de Liverdun ); les points qui se 
trouvent placés entre les lettres B, D, L m’empéchent d’y 
voir LIBD, ce qui ferait de cette légende le complément de 
celle du revers MONETA LIBD (monnaie de Liverdun ). fl 
me sera sans doute objecté qu'il serait difficile de com- 
prendre que Bertrand, qui vivait en 1354-63, eût copié un 
type émis trente cinq ans auparavant, mais on possède 
assez d'exemples de faits analogues pour expliquer cette 
imitation tardive d'un type fort en faveur. 

Si cette attribution ne pouvait être acceptée et qu’il me 
fallût voir dans la légende de la face les premières lettres du 


1 Beuoît, Hist. de Toul, preuves, année 1345, 
* D. Calrmnet, p. 631. 


1862. — 2. ll 





454 | MÉMOIRES 


mot Libdunum, je proposerais alors de placer cette monnaie 
à l'épiscopat de Jean d’Arzillières ou d'Amédée de Genève. 

M. Robert, dans son ouvrage sur les monnaies de Toul, 
rapporte le texte d'un acte daté du mois de juillet 1353, 
par lequel Bertrand de la Tour s'engage à faire frapper la 
monnaie pendant douze ans dans la ville de Toul par 
Mathieu Graisdepain de Dijon, maître de la Monnaie. 
(Page 55.) 

Bertrand de la Tour n’aurait point été Je seul qui aurait 
copié ce.type alors en faveur; plusieurs princes lorrains 
fabriquaient également des imitations, et bénéficiaient ainsi 
de la différence du poids ou du titre qui existait entre leurs 
deniers et ceux qu ils copiaient. 

Je joins ici le dessin d'un petit spadin de Ferri:IV, in- 
connu à M. de Saulcy, et que j'ai trouvé dans la collection 
de M. le comte de Widranges. 

FER. D (Ferri Dux). Le duc debout , vu de face, la tête 
couverte d’un capuchon, tenant dans la main droite une 
épée et de l’autre un oiseau. 

. À. MONETA. Epée la pointe en bas. (PI. V, n° 7.) 

Cette variété, du poids de 05,042, est à un titre woins 

élevé que le spadin de Renaud, évêque de Metz. 


JEAN DE SIERCK, ÉVÊQUE DE TouL. 


S'il était accepté que la légende NovicasTRi, qui se 
trouve sur quelques deniers de Pierre de Brixey, soit le 
nom nouveau qui aurait été donné à Liverdun après sa 
reconstruction, en 4176, je proposerais d'attribuer à Jean 
de Sierck , évêque de Toul, l'obole suivante , que possède 
M. le comte de Widranges. 

l'.NTI. L’éyéque debout et vu de face, tenant de la main 


ET DISSERTATIONS. 155 


droite la crosse épiscopale et de la gauche le livre des 
Evangiles. 

ij. MONETA. Epée la pointe en bas. — Poids, € OF 050. 
(PL V, n°8.) 

Jean de Sierck, qui avait émis des espèces , imitations 
exactes des deniers de Jean d’Aprement et de Jacques de 
Lorraine, évèques de Metz, n'aura poirt négligé de prendre . 
pour modèle de quelques-unes de ses monnaies le type fort 
répandu de Renaud de Bar; quant à la légende I'NTI, il 
faudrait y lire Johannes NovicasTrl et croire, avec M. Rolin 
de Nancy, que cette désignation nouvelle de la ville de 
Liverdun s était conservée jusqu'à cette époque. 


MÉREAUX. 


La sainte Vierge tenant l'enfant Jésus. Dans le champ, 
les lettres A.C. — Légende : ORATE. PRO. MORTVIS. VI. 
(PI. V, n° 9.) 

(Cuivre. — Collection de M. Saubinet, à Reims. ) 

Ce méreaa, frappé d’un seul côté, me paraît, si j'en juge 
par sa fabrique, appartenir au xvi‘ siècle. L’analogie qui _ 
existe entre cette pièce et celle bien connue de Reims, à la 
légende MoNETA ECCLESIE REMENSIS, me la fait attribuer à 
cette ville. — Les méreaux bractéates ne sont point rares; 
Saint-Amat de Douai, le chapitre d’Evreux, Saint-Hilaire 
de Poitiers, Saint -Martial de Limoges et les églises de 
Saint Valérien et de Saint-Philibert de Tournus firent frap- 
per des méreaux de plomb et de cuivre dont un seul côté 
reçut une empreinte. Les lettres A.C. qui occupent le 
champ doivent être les initiales des mots ADORANDA CRVX, 
ou plutôt encore les derniers vestiges de l’A et de l'A. 

Quant au chiffre VI, je crois pouvoir l'expliquer en disant 


156 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS. | 


qu’il signifiait six deniers, somme allouée à ceux qui assis- 
taient à l'office pour lequel ce méreau était une marque de 
présence. 

La pièce suivante a, au premier coup d'œil, un aspect 
antique, qui s’accorde mal avec la date qu'elle porte, et 
avec la forme du caractère R quatre fois répété. 

La sainte Vierge tenant l'enfant Jésus, au-dessous un | 
grand U gothique , de chaque côté la lettre R, le tout dans 
un cercle formé de onze demi-cercles reliés entre eux à 
leurs extrémités par des fleurs de lis. 

À. Dans le champ, un grand Ÿ gothique surmonté de la 
date 1595, accosté de deux R et enfermé dans un cercle 
semblable à celui de la face. (Pl. V, n° 40.) 

( Cuivre. — Collection de M. Saubinet, à Reims.) 

Quoiqu'il n'y ait que les lettres R dans le champ du re- 
vers et de la face qui puissent légitimer l'attributron que je 
ferai à Reims de ce méreau, la présence du type de Ia Vierge 
me paraît justifier cette attribution. Le grand D gothique 
indique la valeur de la pièce. 

LÉON Maxe-WER Ly. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 





Des anneaux et des rouelles, antique monnaie des Gaulois. 
Notice par M. le comte HIPPOLYTE DE WiDRANGES. In-8° 
de 16 pages et 6 planches gravées. Bar-le-Duc, 1861. 
Et Note sur la médaille à la légende KAAETEAOY. 


I m'en coûte un peu de rendre compte de cette brochure 
qui m’a été trés- obligeamment envoyée, parce que je serai for- 
cément conduit à contredire toutes les conclusions que voudrait 
faire admetire son honorable auteur; mais s’il est certaines 
règles de critique dont on ne doit pas s’écarter en matière de 
recherches archéologiques et numismatiques, d'un autre côté 
le progrès lent mais constant de la science impose à l’érudit 
qui aborde un sujet, le devoir de tout connatre , de tout peser 
dans l’ordre de faits qu’il traite, sans se croire obligé de subor - 
donner nécessairement son jugement, éelairé par des faits 
nouveaux , à des considérations émises autrefois par d'illustres 
savants, il est vrai, mais sous Pempire de découvertes res- 
treintes et auxquelles il manquait la sanction du temps. 

M. le comte de Widranges me paraît avoir été dominé surtout 
dans sa brochure par le désir trés-respectable, en lui-même de 
maintenir, au sujet des rouelles réputées gauloises, les idées 
préconisées en 1836! et 1837 * par les numismatistes qui se 
sont, les premiers, occupés de ce genre de monuments A cetle 
époque, on ne connaissait guère que de petites rouelles en 
bronze à quatre rayons de la taille et du poids des monnaics; 


S Revue num., 1836, p. 169. 
2° Rerue num., 1837, p. 72. 


458 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


eette similitude matérielle, jointe à la remarque faite par tous 
les numismatistes que le numéraire gaulois était tout constellé 
de ces rouelles, depuis les charmantes petitrs médailles de 
Marseille pasqu’aux informes statéres de l’Armorique, cette 
identité de poids et de figure avaient bien pu tromper, au début 
des études numismatiques, d’Hlustres savants; mais aujourd hu? 
on sait, du reste, quelles sont les plus anciennes médailles 
gauloises, et l’on ne pense plus à revendiquer, pour ouvrir la 
série déjà si riche du numéraire gaulois, ces joujoux métal- 
liques , dignes tout au plus de figurer dans un musée ethnogra- 
phique comme éehantillons des amulettes d’un peupte adonné 
aux pratiques superstitieuses. 

Il est vrai que depuis 1836 on n’a jamais eontredit ouverte- 
tement l’opinion favorable à l’idée monnaie. Mais il semble que 
la seule raison se chargeait de ruiner pièce à pièce ce système. A 
mesure que s’accumulaient dans nos collections ces monuments 
singuliers que nous accueïllions par respect pour les sentiments _ 
émis dans la Renue de 1836, quelques-unes de nos illusions 
disparaissaient. Un jour, par exemple, il m'arrive une char- 
mante rouelle d’or à huit rayons, de travail filigranique, fréle 
comme la boucie d'oreille d’une Mexicaine, quelque chose 
daérien comme la trame d’Arachné ; du reste, de l'or le plus 
pur. Les raies, épaisses d’un dixième de millimètre , sont guil- 
lochées sur un tour sans doute microscopique : la jante est 
composée de trois cercles d’or concentriques, celui du miligu 
également tourné et guilloché ; le moyeu est saillant, évidé et 
composé de deux petites bandes d’or contournées en cercle et 
soudées de chaque côté de la roue à une âme pleme, de sorte 
que ce moyeu, quoique évidé, n’est pas percé à jour. 

Que penser de ce petit monument, le frère de celui du musée 
d'Épinal', mais plus frêle et plus soigné qne lui? Comment 


' Je possède une empreinte de cefte jolie rouelle toute semblable à la 
mienne, mais plus solide et moins soignée; celle de M. Bénard ( Revue nusm., 
1846, p. 316) est grossière. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 459 


supposer que ce travail délicat a pu figurer dans l’escarcelle, 
eu si l’on y tient, pendu, à la selle d’un rapide cavaher gaulois, 
côte à côte avec les grandes rouelles à dix rayons de M. de 
Widranges, qui mesurent sept centimètres de diamètre avec. 
un moyeu présentant une épaisseur de plus de denx centimètres ? 

Mais le hasard m'avait encore ménagé l’occasion de parler 
ici d’un monument de ce genre, beaucoup plus concluant que 
les rouelles déjà si grandes de M. de Widranges: je veux parler 
d’une énorme rouelle de bronze d'environ douze centimètres de 
diamètre , large par conséquent comme une assiette et pourvue 
d’un moyeu plein dont l’épaisseur totale est de six centimètres 
environ: les raies sont soudées à la jante d’une manière assez 
grossière, mais leur travail est fleuri et ornementé. 

Ce monument, dont j'ai longtemps ignoré la valeur à défaut 
d'autres rouelles de même taille qui pussent s’en rapprocher plus 
ou moins, avait été trouvé, m'a-t-on dit, dans la Saône , en. 
compagnie de plusieurs bracelets de bronze de forme trés- 
originale. 

Depuis cette époque, il m’est venu une de ces grandes rouelles 
à buit rayons du genre de celles que M. de Widranges 2 repré- 
sentées sous les n° 4 à 6 de la pl. V de sa brochure, qui font 
comme le trait d’union entre cette pièce gigantesque et les pe- 
tites rouelles à quatre rayons anciennement connues. 

Dès lors, je me suis trouvé parfaitement aatorisé à rapprocher 
ma charmante petite rouelle d'or de l’énorme bronze dont je 
viens de parler, et à chercher la solution du problème tout à fait 
en dehors de la numismatique, puisque ee rapprochement seul 
excluait l’idée que deux monuments de complexion si diffé- 
rente eussent pu constituer une monnaie usuelle, des éléments 
de même nature destinés à se frotter l’un à l'autre. 

La monnaie véritable n’est jamais disparate à ce point : elle 
présente d’ailleurs chez tous les peuples un aspect solide, plus 
ou moins globuleux, une constitution résistante et capable de 
lutter contre le frottement inséparable de sa fonction. 


160 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Or je demande ce que deviendraïent au contact de mon zs 
grave ,non-seulement la mince et légère rouelle d'or dont je viens 
de parler, mais même certaines rouelles de bronze à six rayons 
soudées à un moyeu évidé, qui, bien que mesarant plus de deux 
centimètres de diamètre, offrent des raies de moins d'un demi- 
millimètre d'épaisseur. M. de Widranges a figuré, dans son 
texte (p. 14), une de ces rouelles, si fréles que le moindre choc 
les pulvériserait. 

Évidemment un tel numéraire ne résisterait pas un seul jour 
à la manutention ta plus attentive, et les éléments les plus pré- 
cieux seraient précisément ceux qui seraient le plus compromis. 

Sachons donc bon gré à M. le comte de Widranges de nous 
avoir fait connaître }es grandes rouelles qui figurent sur les 
pi. IV et V à l'appui de sa brochure. Cette publication a dû 
faire tomber les dernières illusions ; eHe m’a donné le courage 
de rapprocher deux monuments aussi disparates, à première 
vue, que mes deux rouelles, et elle a porté le dernier eoup à 
une idée vieillie, qui n’a été émise au début des études numis- 
matiques qu’au vu d’une série de monuments, les petites 
rouelles à quatre rayons, identiques de poids et de métal avec 
les potins gaulois. 

Jat parlé d’amulettes à l’occasion des rouelles ; je m’expli- 
que : je crois y voir quelque chose comme un symbole de vic- 
toire, un anathema, ou un signum bont eventi. Apollon, le 
même que le Sol mvictus des bas-temps, porte à l’origine du 
monnayage gaulois une rouelle à quatre rayons à son casque. 
Pellerin *, le président de Saint-Vincens*, Téchon d’Annecy *, 
le marquis de Lagoy’, M. de La Saussaye ‘, Lelewel * et Du- 


1 T. HI, p. 126, et pl. CXV, n° 17. 

3 Pl. JI, n° 11. 

3 PI. XIX,ne4 et 5. 

& Descript. de quelques méd, ined, de Mussilia, etc., p. 10 et 11, et n° 10 à 13 
de la planche. 

8 Numismatique narbonnaise, p. 56, et n° 11 à 17 de la planche I**, 
6 Nes 28 et 27 de la planche VII. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 161 


chalais ‘ ont décrit ou figuré ces intéressantes médailles, et la 
place qu’occupe cette rouelle est significative. On la retrouve 
encore au bonnet des cochers du cirque suivant des représen- 
tations que j’ai vues autrefois entre les mains de M. Muret du 
Cabinet des médailles. Dans certaines médailles armoricaines *, 
la Victoire fait flotter une rouelle à quatre rayons devant la tête 
de Pandrocéphale, à la place même du tableau sur lequel on 
crait que les Gaulois inscrivaient leurs succès militaires. 

Dans cet ordre d’idées religieuses et militaires tout s’explique: 
et le disparate de ces monuments, dont l’usage devient dès 
lors multiple, et la complexion délicate de quelques-uns d’entre 
eux qui peuvent, étant cousus à la coiffure ou à l'habit, acquérir 
une certaine consistance à la manière des amulettes de plomb, 
ajourées, que les pèlerins du moyen âge attachaient à leurs 
personnes ou aux tentures de leurs appartements °. 

Du reste, je ne tiens nullement à cette explication, et le ha- 
sard se chargera peut-être d’en donner une meilleure : mais 
j'ai cru utile, dans Pintérêt de la science qui nous est chère, 
de protester contre l'opinion de M. de Widranges, qui se pro- 
duit avec un cortége de planches charmantes au sujet des- 
quelles on ne saurait trop le féliciter. 

Ce soin et cette perfection dans la reproduction des objets 
d’archéologie dont nos voisins d’outre-Manche nous donnent 
l'exemple, avancent plus qu’on ne pense la situation des ques- 
tions en litige; ici les moindres détails sont appréciables, ce 
qui est d’un prix inestimable lorsqu'il s’agit de monuments sur 
la destination desquels on n’est pas d’accord. 

Mais les rouelles dont nons venons de parler ne sont pas les 
seules que M. de Widranges veuille faire passer pour des mon- 


1 Duchalais, (Catalogue, etc , p. 28,) croit que l'effigie est celle de Vulcain, 
et non d’Apollon. | 

9 Recue num., 1852, pl. VI, n° 8. 

3 Des enseignes de pélerinaye, par E. Hucher, dans le Bull. mon., année 1851. 
— Collection de plombs historiés, par Arthur Forgeais. Paris, 1858, in-8° fig. 
— Pilgrim’s signs, par Roach-Sinith, dans les Collect, ant., 1850, t. II, p. 43. 


.462 BULLETIN RIBLIOGRAPHIQUE. 


naies, et si nous en avons parlé en première ligne, c'est que 
jusqu'ici ce sont les seuls monuments de ce genre dont les 
maîtres de la science se soient occupés. Il existe deux autres 
séries de rouelles qui sont plutôt des anneaux, et qu’instinctive- 
ment on a placées dans les collections à côté de la première 
série‘. M. de Widranges n’hésite pas à y voir aussi des spéci- 
mens du plus ancien numéraire gaulois. 

Ces anneaux, que l’honorable antiquaire réunit dans sa des- 
cription. constituent pour moi deux séries distinctes : l’une est 
surtout en bronze, à sections circulaire ou lenticulaire ou lo- 
sangée; l’autre est toujours en plomb, à section presque con- 
stamment triangulaire; je dis presque toujours, car j’en pos- 
sède un rare échantillon d’ancien style, dont le moyeu offrirait 
une section rectangulaire. Mais ce qui distingue surtout cette 
série, ce sont ces singulières arêtes qui décorent le pourtour ou 
le moveu de la roue, et qui forment comme autant de tronçons 
très-courbes de raies à section lozangée. Ces tronçons pénétrant 
dans le moyeu triangulaire, donnent naissance à de petits plans. 
contrariés d’un aspect original. 

Ce singulier monument, qui rappelle certainement la roue 
dans ses éléments constitutifs et essentiels, me paraît avoir été 
en usage pendant fort longtemps, soit chez les Gaulois, soit 
chez los Gallo-Romains, soit pendant la période mérovin- 
gienne, soit même plus tard; la rouelle de plomb à section 
rectangulaire dont j'ai parlé est toute constellée d’annelets 
pareils à ceux qu'on voit sur les monuments réellement gau- 
lois et sur certains ustensiles mérovingiens, et sa patine est 
fort épaisse ; tandis que je possède un autre plomb à section 
triangulaire qui n’a aucune patine, et qui, pour ce motif, pour- 
rait être fort récent. 


‘ 


1 M. Lambert a publié, dans son bel ouvrage sur la Numism. gauloise du Nord- 
Ouest, sept de ces anneaux, tous variés de forme, qui auraient été trouvés avec 
des potins gaulois; au moins on l'avait assuré à M. Deville, qui les avait réunis 
au musée de Rouen. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 168 


Maintenant, si l’on me demande à quel usage ces plombs ont 
pu servir, je répondrai que je n’en sais rien. Peut-être ont-ils eu 
dans les campagnes un emploi très-ordmaire. J’ai entendu un 
de mes amis émettre l’opinion qu'ils avaient pu servir à lester 
le fuseau des fileuses; un autre de mes correspondants m'a 
suggéré l’idée qu’ils avaient peut-être décoré une sorte de fibule 
servant à attacher les chemises des paysans. Dans tous les cas, 
on voit que l’idée monnate était bien loin de leur pensée. 

L'examen attentif d’une dizaine de ces plombs m’a fait consta- 
ter cette circonstance caractéristique , que sur tous ces exem- 
plaires, variés de style et de facture, l'ouverture circulaire du 
moyeu est légèrement conique et non cylindrique; d’un autre 
côté, les plus usés portent des traces irrécusables d’un frotte- 
ment vertical dans la surface interne du petit cône, comme si 
cette roue avait été enfilée dans nn objet légèrement conique 
lui-même, un fuseau, par exemple. Enfin, sur certains exem- 
plaires, les arêtes sont tout à fait obtuses et lisses, ainsi que le 
seraient celles d’une roue dentée dont le pourtour aurait subi 
un long frottement. 


Il est bon, du reste, de constater que ces plombs sont fré- 
quemment trouvés dans les champs et non dans des sépultures, 
où il paraît, d'après M. de Widranges, qu'on aurait rencontré 
quelques rouelles de bronze à jour. 


Il ne me reste plus qu’à parler des anneaux de bronze lisses. 
Je crois ceux-ci antiques et réellement gaulois : j’ai dimé moi- 
même un petit anneau de ce genre très-globuleux , à section 
circulaire, dans une masse de plus de deux cents potins gaulois. 
Mais s’ensuit-il que cet annelet fit une monnaie? Dans tous les 
dépôts de monnaies, on truuve des bijoux ou des objets usuels 
contemporains mélés aux monnaies. Cet usage d’enfouir pêle- 
mêle tous les objets précieux a duré jusqu'au moyen âge. 
D'ailleurs cet annelet était en unité, et comme ce genre de mo- 
numents est toujours fort rare, on ne comprendrait pas que ces 
anneaux, qui auraient circulé avec les potins, c’est-à-dire dans 


464 BUELEPIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


les bas temps de l’autonomie gauloise eussent été si peu nom - 
breux qu’ils formaient comme un appoint imperceptible à un 
numéraire d’un autre côté très-abondant, et par conséquent 
très-suffisant. 

Disons tout de suite qu’il faut voir là encore un objet à desti- 
nation inconnue comme les rouelles proprement dites. Je pos- 
sède trois seulement de ces anneaux. Ce sont les seuls qui me 
soient parvenus, tandis qu’il m'est passé par les mains des 
milliers de monnaies gauloises. Tous trois, disons le franche- 
ment, sont couverts d’un oxyde épais et qui dénote une grande 
antiquité. Je ne pense pas, bien que l’un d’eux soit en plomb, à 
les assimiler aux plombs à arêtes frangées dont je viensde parler ; 
la surface interne évidée n'est-nullement conique, puisque leur 
section est circulaire ou lenticulaire, et rien n’annonce qu'ils 
aient été enfilés avec adhérence; on pourrait plutôt penser ici 
au système de groupement des monnaies chinoises. an moyen 
d’une lanière lâche et ne laissant pas de trace sur les arêtes de: 
ces bronzes. 

. Le temps se chargera d’elucider ces questions de détails. 
L'essentiel, c’est de protester aujourd’hui contre toute assimila- 
tion entre ces singuliers monuments et la monnaie proprement 
dite des Gaulois ; si de tels anneaux avaient eu cours à ce titre 
dans les Gaules, César n’aurait pas manqué d’en faire la re- 
marque, comme il l’a donné à entendre à l'égard des Bre- 
tons. ° 

Il me reste encore à faire un petit procès à M. de Widranges 
au sujet de son étrange explication des monnaies gauloises. 
sur lesquelles on lit depuis 1838‘ KAAE€TEAOY, mot dont 
M. de Saulcy vient de publier? une explication trés-satisfai- 
sante. 

Comment M. de Widranges peut-il dire que les légendes. 


1 Revue num., 1838 , p. 302, article de M. de la Saussaye sur le mémoire de 
M. de Lagoy offrant la médaille à la légende KAA€T. 
9 Recue num., 1858, p. 281. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 165 


KAATV et KAAG6V, qui, suivant lui, figurent seules sur ces mé- 
dailles, désignent le nom celtique du Chaté de Boviolles (Meuse), 
où ces médailles se sont trouvées en nombre, lorsque nous 
savons tous que ces denx prétendus mots KAATY et KAA@V, que 
l'honorable antiquaire interprète par KAA, rondeur, TV et @V, 
montagne (lieu sur la calotte de la montagne), n'existent pas? 

M. de Widranges a néghgé un élément essentiel dans cette 
légende : Vepstion, qui, à la vérité, est souvent couché sous le 
delta, dans une position excentrique qui l’expose presque tou- 
jours à être emporté par la rognure du flan; d’un autre côté, il 
paraît avoir pris pour un fhéfa un caractère monograminalique 
@ comprenant les deux lettres ED. Il est vrai que M. Lambert 
avait figuré ce caractère sous la forme d’un théta 8, dans le 
catalogue qu’il donne des légendes de ces médailles, mais alors 
toujours avec l’omicron. 

En résumé, il n'y a pour ces monnaies que deux lectures 
possibles : l’une, qui a été indiquée d’abord par M. de Lagoy 
et ensuite complétée parfaitement par M. de La Saussaye dès 
l’année 1838, c’est KAA€TEAOT ; et ce sont, suivant moi, les plus 
anciens exemplaires qui donnent cette légende. La priorité des 
médailles à légende complète sur les autres me semble prouvée 
par le peu d'épaisseur du flan, le meilleur dessin et l’état plus 
parfait de la tête et des caractères de la légende. Sur ces exem- 
plaires , l'A présente les formes à et A plus régulières que ce . 
grossier caractère À , qui ne ressemble plus à rien, et qui a 
causé les premières hésitations des numismatistes en 1836. 

Duchalais a donc eu tort de proposer pour lu lecture KAA€T- 
EAUY un ostracisme absolu *; cette légende existe sur de nom- 
breux exemplaires , et c’est encore un lapsus à relever dans le 
livre de notre regretté confrère ; je possède dans ma modeste 


1 KFT-6-0-T, p. 141; je crois que notre excellent confrère a renversé par 
erreur l’A et l’L : sur ces médailles il y a bien KPAQOY, l'A toujours pourva 
de son appendice allongé. 

3 Descript. des méd. gaul., p. 217. 


166 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 





CHRONIQUE. 





LETTRE A M. DE WITTE. 


Monsieur, 

La Revue numismatique a publié ( année 1861, p. 233) une 
curieuse monnaie de plomb trouvée à Alise Sainte-Reine par 
M. Philibert Beaune; j’en connaissais un autre exemplaire tout 
à fait semblable dans la collection de M. le docteur Alexandre 
Colson, à Noyon, et qui m’avait été signalé il y a cinq ou six ans. 
Ce second exemplaire de la monnaie de plomb d’Alise vient 
d’être déposé au Cabinet des médailles par ordre de l'Empereur, 
à qui M. le docteur Colson en a fait hommage. 

Je vous envoie aujourd’hui une autre monnaie de plomb non 
moins intéressante, non moins authentique, absolument sem- 
blable quant aux types à celle d’Alise, et confirmant d’une ma- 
nière irrécusable l’existence de l'atelier de Perthes, que j'ai déjà 
signalé aux lecteurs de la Revue il y a neuf ans ( Revue nu- 
mism., 1853, p. 81 ). Voici la description de cette monnaie : 

Mercure nu, debout, tourné à gauche, dans un édicule à 
deux colonnes , tenant de la main droite une bourse, et de la 
gauche le caducée ; à ses pieds, un coq. 

#. PERTE. Rameau. 


168 CHRONIQUE. 


Cette pièce a été rognée assez récemment, et la lettre E qui 
termine la légende a presque entièrement disparu par suite 
de cette mutilation. | 

Perthes, village de huit à neuf cents habitants, situé entre 
Vitry-le-Français et Saint-Dizier, paraît avoir été du temps des 
Gaulois le chef-lieu d’un vaste territoire qui s’étendait entre 
Chälons-sur-Marne et Bar-le-Duc et entre Chaumont et les Ar- 
dennes sur les anciennes provinces du Perthois proprement 
dit, du Vallage, du Bocage et de Bassigny. 

Le centre du pays que les Pertenses occupaient pendant la 
domination romaine est indiqué par le nom d’un village Moélain 
(Mediolanum ), situé entre Eclaron et Saint-Dizier. Cette 
donnée permet de fixer avec précision sur la carte de la Gaule 
les limites du Pagus Pertensts. 

Nous trouvons Vitry-en-Perthois dans le département de la 
Marne, Aulnois-en-Perchois, Savonière-en-Perthois, Juvigny-en- 
Perthois dans la Meuse; au sud, Saint-Urbain, qui jusqu'au 
ixe siècle s’est appelé Villars-en-Perthois. La première de ces 
localités est à peu près l'extrême limite occidentale du Per- 
thois; les quatre autres indiquent ses limites orientale et méri- 
dionale. 

Perthes était une station romaine entre Gorzum et Châlons- 
sur-Marne, sur la grande voie de Lyon à Reims. Cette voie 
devait aller directement de Gorzum ( Le Châtelet) à Mediolanum 
( Moëlain), laissant sur la droite Olonna (Saint-Dizier ), passer 
Ja Marne à Nova villa ad Pontem (La Neuville-au-Pont) pour 
arriver à Perthes, et de là, suivant toujours la ligne droite, passer 
la Saulx entre Victoriacum ( Vitry-le-Brûlé) et Pontigo (Pon- 
thion), et entrer dans Catalauni. Pontigo fut une célèbre rési- 
dence des rois mérovingiens. Sur la même voie, entre Gorzum 
et Langres , était Andelaus (Andelot), où fut signé le traité de 
ce nom. | 

Perthes se rattachait aussi par des embranchements à d’au- 


« tres voies importantes; une ligne sur Wassy conduisait chez les 


CHRONIQUE. 169 


Tricasses par la voie de Bar-le-Duc à Bar-sur-Aube. .Enfin les 
lignes qui se croisaient à Gorzum mettaient Perthes en commu- 
nication avec toutes ces villes, qui, par leur position , se rap- 
prochaient des frontières de la Belgique à l’époque gauloise; 
de l’Austrasie sous les Mérovingiens, de la Lorraine au moyen 
âge, et semblaient vouées à la destruction, comme Nasium 
(Naix), Granum (Grand), Solimaria (Soulosse), Mosa 
(Meuvy ), etc. | 

La monnaie que je publie aujourd’hui ne saurait être refusée 
à la capitale du pays Perthois; trouvée à Perthes même, dé- 
crite aussitôt par le savant curé de cette commune, M. l'abbé 
Boillevaux, dans son intéressant livre intitulé : Pélerinage à 
Saint-Léger-en-Perthots ( Chaumont, 1849), elle a été recueillie 
par M. Bénard, maire de Sermaise, à la mort duquel elle est 
entrée dans ma collection. 

Rapprochée de la monnaie d’Alise publiée par M. de Long- 
périer, elle révèle l’existenre d’une série entièrement inconnue 
jusqu'ici de monnaies de plomb autonomes gauloises émises 
sous la domination romaine. 

A propos d’un plomb dont le type rappelle les imitations des 
monnaies celtibériennes de Rhoda, M. Duchalais disait il y a 
quinze ans ( Description des médailles gauloises de la Biblio- 
thèque royale, p. 404. Paris, 1846, in-8°) : « C’est, avec une 
« médaille aux types d’Apollon et du lion de Marseille dégé- 
a nérés, trouvée, à Saint-Reverien en Bourgogne, par M. Char- 
a leuf, la seule pièce gauloise en plomb qui soit encore connues | 

Je viens d'apprendre sur les ruines même de Gorzum que 
Pabbé Phulpin, l'inventeur de la Julia Titi d’or et de tant 
d’autres pièces d'or cachées dans les cendres du Châtelet, y 
avait trouvé un plomb gaulois portant la légende NASI (Na- 
sium). L’abbé Phulpin est mort, et l'on ignore ce qu’est de- 
venu ce plomb. 

Ainsi les trois pièces d'Alise publiées dans la Revue de 1861, 
celle actuellement au Cabinet des méduilles de la Bibliothèque 

1868, — 2. 12 


470 CHRONIQUE. 


impériale, celle qui fait l’objet de cette lettre, la pièce de 
Nasium et les deux monnaies signalées par M. Duchalais, por- 
teraient à huit le nombre des monnaies de plomb gauloises 
connues jusqu’à ce jour '. ; 

Agréez, etc. Gustave D'AMÉCOURT. 


Les journaux grecs nous apportent souvent des nouvelles de 
l’accroissement du Cabinet national des médailles a Athènes. 
Au mois de novembre 1859, on avait trouvé prés du village de 
Zougra (l’ancienne Palléne), en Achaie, un vase de bronze ren- 
fermant des monnaies antiques d’argent, du poids de 17 oc- 
ques 1/4 (22*,80). Ce trésor, acquis par la reine, a été offert 
généreusement à la collection nationale. Les monnaies conte- 
nues dans le vase de bronze appartiennent aux pays suivants : 


Thessalie (trioboles du 1v° et du m° siècle avant J. C.). 43 
Epire (diobole du ar siècle). . . .. ......... { 
Etolie (trioboles du m° siècle). . . . . . . . . . . . . . 42t 
Locride (trioboles du rv* et du m° siècle). . . . . . . . 4146 
Béotie { drachmes et trioboles du v*, duvet du ur siècle). 289 
Egine (drachmes du v° et du iv° siècle) . .. . .. . . 44 
Achaie (trioboles du 1v° siècle, tétroboles de la ligue 
achéenne). . ess 5689 
_ Élide (triobole du 1° + sidele). se ee sos. 4 
Messénie (trioboles du n° siècle). . 
Argolide (trioboles des vit, v°, rv° et me siècle). . . . . 4409 
Arcadie (trioboles du iv® et du sut siècle). . . . . .. 


Total. ..,........ 9471 


1 Indépendamment des monnaies gauloises de plomb indiquées ici par 
M. d'Amécourt, M. Deville en a décrit deux autres dans la Rerwe numismatique 
de 1846, p. 165. I] faut d’ailleurs distinguer les pièces qui appartiennent au 
temps de l'autonomie. J. W. 


CHRONIQUE. 474 


Les plus anciennes piéces de cette trouvaille appartiennent 
an vit siècle avant notre ère: ce sont des trioboles d’Argos: Les 
plus récentes sont les pièces de la ligue achéenne (284-146 avant 
J. GC.) Plusieurs de ces monnaies sont inédites, d’après ce que 
dit M. Achille Postolacas. 

Il paraît certain que ce trésor a da être enfoui avant la prise 
de Corinthe par Mummius, c’est-à-dire 146 ans avant l’ère chré- 
tieune. 

Parmi les autres dons faits à la collection nationale en 1861, 
on remarque : une monnaie d’or d’Agathocle, roi de Sicile, un 
triobole très-ancien de Larissa de Thessalie, ayant pour type 
une sandale, type qui fait allusion à Jason. Le héros avait perdu 
une de ses sandales en traversant le fleuve Anauros, On re- 
marque encore parmi les dons une pièce de cuivre de Meliboea 
de Messénie, quatre d’Ægosthènes de la Mégaride, une de 
Cyaneæ de Lycie. Deux de ces villes n'étaient pas encore repré- 
sentées dans la numismatique. Quant à Cyaneæ, on en connais- 
sait déjà plusieurs pièces '. Je citerai encore une darique d’ar- 
gent, un roi de la Characène dont la légende n’est pas indiquée 
dans le journal grec, etc. J. W. 





Monnaies d’or romaines trouvées à Pourville, pres de Dieppe 
( Seine-Inférieure). 


Vers 1846, on trouva à Pourville, sous la falaise même où est 
assis le corps de garde des douaniers , une centaine environ de 
monnaies d’or au type des derniers Césars qui ont régné sur les 
Gaules. Depuis quinze ans le galet avait recouvert les roches, 


1 Voyez un article de M. Koner (Pinder und Friedländer, Beiträge zur dl- 
teren Münzkunde, Berlin, 1851, p. 115), qui a décrit huit pièces de cette ville, 
la plupart déjà signalées par Borrell, Numismatic Chronicle, X, p. 82 





472 CHRONIQUE. 


dans les fentes desquelles se recueillaient les précieuses médañlles. 
En 1861 la rivière s’est de nouveau frayé un lit au nord-est de 
la vallée, et la mer aidant, les galets ont été balayés une seconde 
fois. Le fond de roche est apparu, et avec lui se sont présentées 
de nouvelles pièces d’or. Dix viennent d’étre recueillies depuis 
quelques jours. Six d’entre elles ont été remises à M. l’abbé Cochet 
qui en a fait l’acquisition pour le Musée départemental. Ces mon- 
naies, à fleur de coin, sont des empereurs d'Orient et d'Occident. 
Elles appartiennent à Valentinien I" (375), à Valens (378), à 
Théodose (393), à Arcadius son fils (393-408), et à Honorius 
(395 à 423). J. W. 


Recriricarion Numismarique. Besancon et Riga. — Dans la Des- 
ertption des monnaies seigneuriales françaises composant sa col- 
lection, M. Poey d’Avant donne, sous le n° 4457, la descrip- 
tion suivante : henIC:ARChIePI; buste mitré de face. Revers. 
+ MOneTA:BISONTIE; croix archiépiscopale cantonnée d’un 
lis. — Denier de billon, 18 gr., pl. XX, n° 7, et il ajoute : 

« Je place cette pièce à la fin du monnayage des évêques de 
Besançon, paree que, par sa fabrique, elle me paraît descendre 
jusqu’au xiv* siècle. Du reste , cette monnaie offre un problème 
que, malgré tous mes efforts et mes recherches, je suis forcé de 
laisser meoluble. Aucun archevêque de Besancon ne porte le 
nom d'Henri ou tout autre nom auquel la légende puisse être 
applicable. On en est venu . non pas à révoquer en doute l’au- 
thenticité de cette pièce, qui est incontestable, mais à se de- 
mander si elle appartient à Besancon, et s’il n'existe pas en 
dehors de la France quelque autre archevéché qui porte le nom 
de Bisontia. Cette coïncidence me paraît peu probable. Au sur- 
plus, la publication que je fais donnera sans doute l’occasion 
à quelque numismatiste de fournir le mot de cette énigme. » 

Lorsqu’en 1853 M. Poey d'Avant écrivait ces lignes, il y avait 


CHRONIQUE. 473 
onze ans que la solution cherchée par lui se trouvait donnée 
dans le Zeitschrift fur Minz-Stegel-und Wappenkunde publié & 
Berlin. Ce journal de numismatique contient en effet, à la 
page 77 du tome If (1842), un mémoire de M. B. de Koehne 
sur les monnaies des archevêques de Riga en Livonie, où se 
trouvent décrites les espèces émises par Henning Scharfenberg, 
qui occupa le siége épiscopal de 1424 à 1448, et la planche III 
(n°3) du même recueil nous montre la monnaie attribuée à 
un archevêque inconnu de Besançon, mais cette fois avec ses 
légendes exactes, c'est-à-dire : h€nIG’:ARChePS — MOn€TA. 
RIGENSIS. D’autres variétés portent hénIC’, et, au lieu d’AR- 
ChePS, AREPVS et ARCIEPVS. Du reste, au revers du buste 
mitré de face, on voit, comme dans le dessin publié par 
M. Poey d'Avant, non pas une croix archiépiscopale, mais une 
crosse croisée avec une croix, entre les hampes desquelles est 
placé un lis renversé. Ce type, moins la fleur de lis, se voit aussi 
sur les deniers des archevêques Jean Habundi (1418-1424) et 
Michel Hildebrand (1484-1509), sur d’autres pièces encore, 
frappées par le chapitre pendant l’épiscopat d'Étienne de Grube 
(4479 - 1483 ), et qui offrent les légendes MOn€TA ECCLESIE — 
ET CIVITATIS RIGEnS. 

Il ne peut donc y avoir aucun doute, la pièce dessinée dans 
l'ouvrage de M. Poey d’Avant porte clairement henlC”’, et c’est 
le mot RIGENSIS qui. lu BISOnTIE, a trompé ce numismatiste. 
Le problème n’était donc pas tnsoluble, mais tout simplement 
étudié d’une manière incomplète. 

Dans le troisième volume des Monnaies féodales de France 
qui paraît neuf ans après la Description des monnaies setgneu- 
riales, M. Poey d’Avant donne de nouveau place à la monnaie 
de Riga parmi celles de Besançon (p. 4138). «C'est dans 
le x1v* siècle. dit-il encore, qu’il faut rechercher ce nom (Henri), 
car le style de la pièce que nous avons accnse cette époque. » 

On a vu par ce qui précède que la monnaie de Riga a été 
frappée au xv° siècle. M. Poey d'Avant reconnaitra donc qu'il 


474 CHRONIQUE. 


peut quelquefois se tromper sur l’âge des mouuments, et que, 
lorsqu'il s’agit de ces nombreuses monnaies qu’il classe à l’aide 
de la seule observation du style, il est permis de n’étre pas, 
quoique à regret, toujours de son avis. Je consigne ici cette 
rectification, non pas pour le vain plaisir de faire de la critique, 
mais afin d’éviter aux antiquaires de la Franche-Comté la peine 
de chercher une monnaie qui ne se rattache pas à leurs collec- 
tions. A. L. 


Méreaux des corporations de métiers. 


Nos lecteurs n’ont pas oublié Vintéressant article dans lequel 
M. Eugène Hucher nous a fait connaître quelques méreaux de 
plomb recueillis dans le lit de la Seine (Rev. num., 1858, p. 338). 
Ces plombs sont extraits du sable, avec une multitude de frag- 
ments d’ustensiles et de petits objets de toute nature et de toute 
matière, par des dragueurs qui curent le fleuve dans la traversée 
de Paris, et principalement sur les points qui avoisinent la 
Cité. 

M. Arthur Forgeais, habitant au quai des Orfèvres, et qui était 
journellement témoin des triages que les ouvriers faisaient dans 
le sable, a eu l’heureuse idée de former une collection des dé- 
pouilles de la Seine; nous l’avons vu pendant plus de dix ans 
réunir un à un les éléments qui la composent. 

Les méreaux constituent une des sections les plus intéres- 
santes, et M. le ministre d’État en a fuit dernièrement l’acquisi- 
tion pour le musée de l'hôtel de Cluny où, comme on sait, vien- 
nent se grouper les monuments de l’histoire parisienne. Le 
ministre, avant de prendre cette détermination, avait consulté 
les hommes les plus expérimentés, parmi lesquels il nous suffira 
de citer MM. de Saulcy, le marquis de La Grange et Depaulis. 
La collection des plombs recueillis dans la Seine a d’ailleurs été, 


CHRONIQUE. 475 


pendant plusieurs années, livrée à l'examen d’un grand nombre 
de numismatistes habiles qui, comme M. Hucher, en ont ap- 
précié tout le mérite. M. Arthur Forgeais ne s’est pas borné à 
réunir une série de méreaux qui, sous le rapport de la nou- 
veauté et de l’authenticité, ne laissent rien à désirer , il a voulu 
nous montrer tout l'intérêt qu'ils offrent pour l'histoire de Paris, 
et dans une publication récente ‘ il décrit quatre’ vingt-dix- 
huit plombs émis par les corporations de métiers, dont voici la 
liste : | 

Apothicaires, Balanciers, Boulangers, Bourreliers, Boursiers, 
Brodeurs-Chasubliers, Brasseurs , Ceinturonniers, Chandeliers, 
Chapeliers, Charpentiers, Chaussetiers, Cordonniers, Corroiers, 
Couteliers, Epingliers, Etuvistes, Fruitiers, marchands de Gi- 
biers, vendeurs de Grains, Hôteliers, Imprimeurs-libraires, Jar- 
diniers, Lanterniers, Libraires, Macons-tailleurs de pierres, Ma- 
réchaux ferrants, Menuisiers, Merciers, Pâtissiers-oublieurs, 
Pâtissiers-gaufriers, Paulmiers, Plombiers-couvreurs, marchands 
de Poissons de mer, marchands de Poissons d’eau douce, Po- 
tiers d’étain, Rôtisseurs, Selliers, Serruriers, Tailleurs de robes, 
Tapissiers, Teinturiers de draps, Tondeurs de draps, Tonne- 
liers, Traiteurs, Vergettiers, Vignerons, marchands de Vin. 
Outre les figures des saints patrons, ces méreaux nous montrent 
les insignes qui distinguent chaque métier, leurs œuvres ou 
leurs outils, et il y a là de curieux documents pour l'étude de 
notre histoire familière. 

On sait que les ponts de Paris ont été pendant plusieurs siè- 
cles chargés de maisons et de boutiques; ce ne fut qu’en 1786 
qu’un édit ordonna la démolition de toutes ces constructions 
parasites, qui fut commencée en 1788. En ce qui concerne le 
pont Saint-Michel, l’édit ne reçut son exécution qu’en 1808; 
nous avons vu il y a quelques années disparaître les bou- 


1 Collection de plombs historiés trouvés dans la Seine. Première partie. Méréauxz 
des Corporations de métiers. Paris, 1862, in-8°. 


476 CHBONIQUE. 


tiques régulièrement espacées sur les deux côtés du Pont- 
Neuf. 

Mais avant ces opérations ofticielles et volontaires , les ponts 
de Paris avaient été bien souvent emportés par les crues d’eau, 
par les glaces, détruits par les incendies, et la chute de tant de 
maisons, de tant de boutiques qu’ils soutenaient, explique .par- 
faitement comment on trouve dans le lit de la Seine, particu- 
lièrement aux abords des ponts Notre-Dame, Saint-Michel, du 
Petit-Pont, du Pont-au-Change, une si grande quantité de 
fragments d’objets de ménage et d'outils de toute sorte mélés 
aux méreaux des marchands et artisans. | 

M. Forgeais ne s’est pas borné à nous donner dans sa publi- 
cation la description de ces méreaux de plomb, il y ajoute de 
nombreux détails sur les métiers, leurs statuts, leur organisa- 
tion, leur chronologie, et son ouvrage sera certainement étudié 
avec fruit par tous ceux qui voudront désormais s'occuper de 
l’histoire de Paris. 

Il y a plus de vingt ans, notre collaborateur, M. Louis Des- 
champs de Pas, dont la plume habile rend avec tant de finesse 
et de vérité tous les détails des monnaies du moyen âge, avait 
réuni les dessins d'une curieuse série de méreaux de plomb 
recueillis sur l'emplacement de la ville de Térouanne (Pas-de- 
Calais), qui fut, comme chacun se le rappelle, incendiée et 
rasée par Charles-Quint en 1553. Les ruines de cette malheu- 
reuse cité ont aussi, et non moins fidèlement que les sables de 
la Seine , protégé les fragiles symboles de l’activité du vieux 
temps. A. L. 


MÉMOIRES ‘ET DISSERTATIONS. 





LETTRES A M. A. DE LONGPERIER 


SUR 


LA NUMISMATIQUE GAULOISE. 
(Pl. VI.) 


Onzième article. — Voir plus haut, p. 89. _ 


XV. 
Monnaies des Lixoviates. 


Mon cher Adrien, 


Depuis que je m'occupe sérieusement de débrouiller le 
chaos des monnaies de nos ancêtres les bons Gaulois, jai 
nombre de fois été invité à me presser, à entamer la publi- 
cation que je prépare laborieusement, à dire enfin le der- 
nier mot sur cette numismatique naguère si obscure. Le 
dernier mot! nous en sommes loin; et je ne me suis que 
trop haté de donner comme positifs des faits qui n'étaient 
que probables encore. Tu vas en juger par les modifications 
qu'il me faut apporter déjà aux opinions que j’émettais, il 





ET DISSERTATIONS. 479 


Lexoviens aux types du Cisiambos, Cattos Vergobreto, 
mais avec la légende ARCANTODAN. MA...., dans laquelle 
je retrouve les noms de Maufennius et d’Arcantodan. 

Enfin je viens d'aller visiter les importantes fouilles de 
Berthouville, entreprises par mon ami M. Le Metayer Mas- 
selin, et j'en ai rapporté de belles pièces gauloises trou- 
vées, les unes tout récemment (septembre 1861), les autres 
il y a une trentaine d'années, c'est-à-dire antérieurement à 
Ja découverte du fameux trésor qui fait aujourd'hui le plus 
bel ornement des vitrines du Cabinet des médailles. Ces 
dernières m'ont été offertes avec une grâce et une géné- 
rosité parfaites par M. le docteur Bardet, de Bernay. Parmi 
les pièces provenant des fouilles de Berthouville, il y a plu- 
sieurs beaux semis de CISIAMBOS. CATTOS VERGOBRETO, 
et, ce qui vaut mieux encore, deux exemplaires de la rare 
pièce de La Saussaye, en très-bon état de conservation, et 
qui viennent rectifier sa lecture. 

Muni de pareils documents, je ne pouvais me dispenser 
de revenir sur la numismatique lexovienne, et c'est le ré- 
sultat de ce travail complémentaire que je m'empresse de 
te communiquer. 

Reprenons donc une à une les pièces formant la série 
dont ma lettre XIII contenait le catalogue, et étudions-les 
à nouveau, en notant qu'elles sont toutes de cuivre. 


~ 


Ne 4. 


Il faut malheureusement renoncer à l'attribution à Viri- 
dovix de cette belle et rare monnaie. Voici la description 
que je crois aujourd'hui définitive. 

Tête d’Apollon à droite ; devant le visage, LIXOVIATIS. 

à. LIXOVIATIS. Cheval à gorge fourchue galopant à 


180 - MÉMOIRES 


droite; derrière lui, un arbre déraciné (et non une flèche); 
à droite et à gauche de l'arbre, un globule dans le champ, 
sous le ventre du cheval, une rouelle à huit rayons. (PI. VI, 
n° 8.) 

La pièce de La Saussaye (pl. VI, n° 8 bis), aujourd'hui 
qu'un autre bon exemplaire est venu la compléter, se lit à 
merveille dans toutes les parties des légendes reçues par le 
flan. Il n’y a plus le nom de VIRIDOVIX, mais bien l’ethni- 
que LIXOVIATIS, auquel nous ne nous attendions guère, et 
qu'il nous faut pourtant bien adopter pour l’avenir. La 
peuplade que les Romains ont appelée les Lixovii ou 
Lexovii, se donnait à elle-même le nom de Lixoviates, nom 
de méme formation que ceux des Sotiates, des Elusates, 
des Namasates, des Atrébates, des Sibutzates, des Taru- 
sates, etc. , etc. 


N° 2, 


La pièce à la légende CISIAMBOS, et que je croyais aux 
mêmes types que la précédente, a été décrassée au revers 
avec le plus grand soin par moi, et j'ai été tout étonné de 
trouver un véritable lion, là où j'avais cru voir un cheval à 
gorge fourchue. C'est donc derrière un lion que paraît cette 
fois l'arbre déraciné accosté de deux globules. Sous le 
ventre du lion on ne voit qu'une rouelle beaucoup plus 


_ petite, et dans le champ, derrière le lion, on aperçoit 


trois globules disposés en triangle, comme au revers des 
pièces à l'aigle de PIXTILOS. (PI. VI, n°7.) 


N° 3. 


Rien de nouveau à dire sur les pièces à la légende 
CISIAMBOS. CATTOS VERGOBRETO, dont les types sont 


ET DISSERTATIONS. 481 


suffisamment bien connus. Quant aux légendes étu- 
diées en détail, elles m'ont fourni la variante PVPLICOS, 
de l'adjectif accolé au terme SIMISSOS. L’ethnique, sur 
cette variante, semble présenter constamment la forme 
LIXOVIO. Mais si l’on y regarde de près, on est forcé de 
conserver des doutes sur cette lecture, et peut-être faut-il 
voir LEXOVIO. (Pl. VI, n°2 ) 

Sur certains exemplaires, en effet, le premier I est éloi- 
gué de l’X qui le suit, et entre ces deux lettres on distingue 
deux petits points qui, rattachés au corps de l’1, en feraient 
certainement un E. 


N° 4. 


La première pièce surfrappée qui porte ce numéro 
d'ordre dans ma liste de la XIII* lettre, est semblable à celle 
que possèdent le Cabinet impérial et La Saussaye, et que 
j'ai publiée en 1837 (Rev. num., p. 12 et suiv.). Derrière 
la nuque de Cisiambos paraît en miniature l'emblème cru- 
ciforme des pièces de la variété n° 3. Sur la joue de l'effigie 
paraissent encore les traces du type cruciforme. Au revers, 
lethnique est écrit cette fois LEXOVIO, et l’on distingue 
parfaitement les deux aigles superposés des deux types 
dont le méme flan a été successivement empreint. Enfin 
l'ordre des mots de la légende est interverti, et elle porte 
en réalité PVBLICA SEMISSOS LEXOVIO. (Pl. VI, n° 5.) 


Ne 5. 
Cette monnaie de Cisiambos avec effigie porte au revers 


l'aigle et la légende ARCANTODAN; les deux lettres qui 
suivent ce nom sont certainement MA... Je n’en saurais 


ET DISSERTATIONS. 183 


ancien que |!’ Arcantoda. Maufenn..., et voyons s’il y a pos- 
sibilité de coordonner avec ce point de départ toutes les 
autres pièces des Lixoviates. | 

Nous aurions ainsi la distribution forcée suivante : 

1. Cisiambos. Cattos. Vergobreto ; 

2. Arcantoda. Maufenn ; 

3. Pièce de Cisiambos à effigie, surfrappée sur l’une quel- 
conque des deux précédentes ; 

h. Pièce à effigie de Gisiambos, avec la légende ARCAN- 
TODAN MA..... au revers. 

Ainsi, le nom de Cisiambos disparaîtrait pour reparaître 
après la disparition du nom Maufenn, qui reparaîtrait à 
son tour, après une éclipse de quelque temps. 

Et puis le Cisiambos à effigie que je supposais le plus 
ancien , à cause de l'attribution aujourd'hui abandonnée 
d'une pièce lixovienne à Viridovix, reviendrait encore une 
fois après le Maufennius. Car, maintenant que la seule 
raison qui me forçait à attribuer à ce Cisiambos une ancien- 
neté relative plus considérable n'existe plus, je n’ai pas le 
moindre scrupule à rapprocher cette pièce et comme style, 
etcomme taille, et comme fabrique, des belles monnaies de 
Pixtilos, qui assurément sont postérieures aux campagnes 
de César. De plus, les pièces à la légende LIXOVIATIS se 
trouvent nécessairement, et par la même raison de ressem- 
blance frappante, rejetées à la fin de la série monétaire 
qui nous occupe. 

Décidément, cette première distribution n'est pas pos- 
sible, et elle doit être abandonnée. Passant à l’autre hypo- 
thèse et admettant que Maufennius ait précédé Cisiambos ; 
qu'en résulte-t-il ? Nous avons la série suivante : 

4. Maufennius, Arcantodan ;- 

2. Cisiambos. Cattos Vergobreto ; 


aon aiheee 





ET DISSERTATIONS. 485 


lerkes , sous la conduite de Camulogéne, former le noyau 
de l'armée gauloise. Or les Lixoviates et les Aulerkes, dont 
les territoires se touchent et qui d’ailleurs avaient agi exac- 
tement de méme en massacrant leur sénat, qui ne voulait 
pas entamer la guerre avec les Romains, lors de la levée de 
boucliers de Viridovix (lib. III, c. 47), devaient être, cette 
fois encore, animés de sentiments identiques et courir les 
mémes chances. Je suis donc bien tenté aujourd’hui de 
voir dans les Lixoviates des adyersaires acharnés des 
Romains. Maufennius, qui a frappé des monnaies dans les 
premiers mois de l’an 52, disparaît tout à coup, tué sans 
doute dans un combat, et Cisiambos prend sa place. Après 
le sac d’Avaricum, César va à Decetia juger le différend qui 
s'est élevé entre les deux vergobrets, rivaux des Éduens, 
Cotus et Convictolitanes. César dépose Cotus, et le nouveau 
chef des Lixoviates, qui a reconnu Cotus pour vergobret 
légitime, maintient le nom et le titre de ce personnage sur 
les premières monnaies qu'il fait frapper à son propre nom, 
en constatant ainsi la suprématie des Éduens sur toute la 
Celtique , et en protestant du même coup contre l'inter- 
vention romaine. 

Bientôt le nom du vergobret Cattus disparaît de la mon- 
naie des Lixoviates, et Cisiambos frappe des monnaies à 
son effigie. Plus de traces alors de la suprématie éduenne. 
Cisiambos émet d’abord une pièce au revers de laquelle 
nous retrouvons les noms d'Arcantodan et de Maufennius; 
c'est sans doute en souvenir de deux héros de la liberté, 
qu'il atilise le coin de revers des monnaies émises par son 
prédécesseur, qui fut peut-être son père. Puis, immédiate- 
‘ ment après, ce même Cisiambos fait surfrapper ses propres 
monnaies portant le nom du vergobret Cattos, en reprenant 

a légende PVBLICOS SEMISSOS LEXOVIO, qui ne diffère 


ET DISSERTATIONS. 487 


reconnaissance. J'avais déjà un exemplaire fruste de cette 
monnaie, provenant du cabinet de feu M. Mioche, de Cler- 
mont, et toutes deux dormaient depuis quelques mois 
dans le tiroir des indéterminées, lorsqu’a force de tourner 
et de retourner ce joli petit monument, j'en ai tout à coup 
eatrevu la lecture. 

Voici la description de cette monnaie : 


Tête casquée à droite; devant, la légende bo. RE, que 
je lis VRIDO(vix) RE(x). 

R. Lion courant à droite; au-dessus, un astre. Petit 
bronze de fabrique excellente et tout à fait analogue à celle 
des pièces de CONTOVTOS, LVCIOS, etc. (PI. J, n° 11.) 


Si je ne me trompe pas, et je ne crois pas me tromper, 
n'est-il pas curieux de voir se vérifier si bien et si promp- 
tement ce que je te disais dans ma XIJI* lettre, et ce que 
je te demande la permission de te rappeler ? 

a Si Adietuanus a frappé des monnaies en Aquitaine avec 
« le titre de Rex, nous sommes tout naturellement amenés a 
« conclure que Viridovix , dont I’autorité dans l'Armorique 
«est caractérisée par les mêmes expressions de César, et 
a cela dans le récit des campagnes de la même année, a pu 
«et dû émettre des monnaies à son nom, et portant peut- 
« être aussi le titre de Rex. Qui sait si l'avenir ne nous ré- 
« serve pas la découverte de ces précieuses monnaies ? Celle 
« que La Saussaye a publiée le premier, et qui lui semblait 
« porter le nom de Viridovix, ouvre, ainsi que je te l'ai dit 
« plus haut, la série des monnaies lexoviennes. Son attri- 
« bution à Viridovix est-elle indubitable ? Je n'oserais l'af- 
« firmer, en présence d’une légende incomplète, bien que 
« je sois tout porté à l’admettre, etc. » 

Je suis charmé, mon cher Adrien, d’avoir été assez heu- 


ET DISSERTATIONS. 489 


fouilles, de la pièce à la légende LIXOVIATIS. Cette fois la 
légende du revers ne permet plus de conserver le moindre 
doute sur sa teneur, car elle montre très-nettement LIXO..…. 
J'ai donc deviné juste en répudiant la leçon VIRIDOVIX. 


IL, 
12 décembre 1861. 


Encore une bonne nouvelle, mon cher Adrien : les 
fouilles de Berthouville continuent à être fructueuses , et il 
y a quelques jours on y trouvait une belle pièce de Cisiam- 
bos, tout à fait analogue à celle que j'ai décrite plus haut, 
et qui offre au revers le type de l'arbre déraciné et du 
lion : mon ami Le Métayer vient de me l’adresser. La 
tête, cette fois, n’a plus du tout la physionomie de la tête 
d’Apollon placée sur les monnaies de Pixtilos à l’aigle. Le 
revers est bien semblable à celui de la pièce déjà connue; 
mais au lieu d’une rouelle à quatre rayons, c’est une 
étoile fort nette qui se voit sous le lion, à gauche du tronc 
d'arbre; et c'est, je crois, une autre étoile qui remplace le 
triangle formé de trois points placés derrière l'animal. 
(Pl. VI, n° 6. ) 

En résumé, c'est une très-curieuse nouveauté à ajouter 
à la suite déjà si importante des monnaies émises par les 
Lixoviates. 

F. DE SAULCY. 


ET DISSERTATIONS. 491 


@EO (an 161 de l'ère des Séleucides, 154 avant J.-C. ). 
Apollon assis sur l’omphalos , tenant une flèche de la main 
droite, la gauche appuyée sur son arc. Drachme. 

Sur la pièce du Musée Britannique, aussi bien que 
sur la nôtre, l'Y du surnom OEOY manque, quoique le 
graveur ait eu à sa disposition un champ suflisant pour 
tracer ce caractère. Or on remarquera que les deux 
drachmes sont de coins différents. 

De prime abord nous avions pensé que le mot DIAIT se 
rapportait à Philippopolis de Trachonitide, située près de la 
frontière d'Arabie, dont il est fait mention dans les actes 
du concile de Chalcédoine; mais plusieurs auteurs anciens 
sont d'accord pour nous apprendre que cette ville doit son 
nom à l'empereur Philippe (244-249 )', qui l’a fait 
construire quatre siècles après l’époque à laquelle notre 
drachme a été fabriquée. D'ailleurs cette médaille nous pa- 
rait de style syrien, observation secondaire toutefois, 
puisque la plus grande partie des monnaies émises au 
nom des Séleucides reste encore sans attribution aux villes 
que comprenait le vaste empire de ces princes. 

Indiquer exactement la contrée où était située la ville 
qui nous occupe est chose à peu près impossible dans l’état 
actuel de la science. Découvrir même quel fut le parrain 
de cette localité, c'est encore un problème dont la solution 
paraît peu facile. 

On ne peut admettre que cette ville ait été ainsi nommée 
en mémoire de Philippe IT, roi de Macédoine. Ce héros ne 
poussa jamais ses conquêtes jusqu'en ces lointaines con- 


t Zonare, éd. de Paris, 1686, p. 625.— Cedrenus, éd, de Paris, 1647, p. 257. 
— Aurélius Victor, éd. d'Amsterdam, 1733, p. 390. — Voir, au sujet de 
Philippopolis et des médailles qui y ont été frappées, le savant écrit de Tôchon 
d'Annecy intitulé : Mémoire sur les médailles de Marinus, Paris, 1817. 


ET DISSERTATIONS. 193 


donna la plus grande marque d'estime en lui confiant la 
robe royale, son diadème et tous les ornements indices de 
la souveraineté pour les porter à son successeur, âgé de 
neuf ans’. Mais le jeune Antiochus ne voulut tenir aucun 
compte des dernières volontés de son père; il abandonna 
Philippe pour l’envoyé des Romains, le fameux Lysias. 
Dès l'année suivante , Philippe revint de la Perse à la tête 
d'une forte armée pour détrôner le fils de son ancien ami, 
qui, par sa conduite, s'était rendu odieux à ses sujets. En 
l'an 462 avant Jésus-Christ, il s'était rendu maître de la 
ville d’Antioche, capitale des Etats du jeune prince *, et 
l'armée et le peuple l'avaient salué du titre de roi. Le pou- 
voir de Philippe n'eut qu’une courte durée; Lysias, accouru 
en toute hate, le vainquit dans cette même capitale *. 

A l'aide des faits qui précèdent, on peut entrevoir que 
Philippe eut une assez grande célébrité pour donner son 
nom à l’une des villes d'un pays dont il fut le souverain. 
On doit aussi comprendre que son nom ne dut subsister 
que seulement pendant le règne de Démétrius 1°", qui s’é- 
chappa si miraculeusement des prisons romaines pour re- 
vendiquer ses droits à la couronne *, et qui y réussit pro- 


1 Josèphe, Guerre des Juifs, lib, XII, cap. XIV. 

? Machab., cap. XII, 23. 

3 Josèphe, Guerre des Juifs, lib. XII, cap. XV. 

* En l’an 123 de l'ère des Séleucides, Antiochus le Grand tenta une nouvelle 
guerre contre les Romains. Il fut battu en Thrace, en Troade et dans la partie 
de l’Asie en sa possession ; il fut forcé d'accepter la paix aux conditions les plus 
dures, entre autres celle de livrer en otage vingt des notables de son royaume 
et Antiochus, son second fils, plus tard Antiochus IV. A quelque temys de là, 
Séleucus IV, son fils aîné, offrait aux Romains d’accepter en échange de son 
frère son propre fils, le jeune Démétrius. Cette proposition fut acceptée, et 
Antiochus obtint immédiatement la liberté. Ce dernier en arrivant à Athènes 
apprit la mort du roi, et, oubliant à quel prix il venait de recouvrer cette li- 
berté si chère, il s'empara des rênes du gouvernement, et non content de jouir 


1862. — 3. 14 


49h MEMOIRES 


bablement à cause des troubles causés par la révolte de 
Philippe contre Antiochus et Lysias. Mais ce nom dut 
disparaître dès le règne d’Alexandre Bala; le souvenir de 
l'homme qui avait aidé à renverser son prétendu frère de- 
vait lui être des plus odieux : de 1a l'oubli complet de ce 
nom de ville dans les historiens de l'antiquité. 

Si Philippe avait encore vécu sous le règne de Démétrius, 
on pourrait ne voir qu'un nom d'homme dans le mot ®IAIP 
placé en dehors de la légende ordinaire ; mais, comme le 
premier était mort avant le retour du second dans ses 
États, il n’est pas vraisemblable que Démétrius ait inscrit 
ce nom par un motif de reconnaissance, et on ne trouve 
pas dans l'histoire contemporaine la moindre trace d'un 
autre personnage portant ce même nom; ce n'est que beau- 
coup plus tard que l'on vit apparaître un autre Philippe, 
qui fut également roi de Syrie à la même époque que Dé- 
métrius III, et il est impossible de reporter notre médaille 
jusqu’à l’époque de ce dernier souverain. D'abord la tête est 
imberbe et identique à celle des divers métaux et modules 
de Démétrius I*", et d’une fabrique bien supérieure à celle de 
l’époque de Démétrius III; ensuite la date AEP (161) consti- 
tue une preuve irrécusable, évidente, de la justesse de notre 
attribution, du moins quant à l’époque d’émission. 

Si Démétrius avait voulu immortaliser le nom de Phi- 
lippe en le faisant graver sur sa monnaie, il l'eût inscrit 
dès la première année de son règne, et non sur les mé- 
dailles de la dixième année. Une autre raison nous fait en- 
core persister pour un nom de lieu, c’est que le monnayage 
des rois de Syrie de cette époque se faisait dans différentes 


pendant onze années d’une liberté ainsi usurpée, il la légua à son fils, et 
laissa Démétrius oublié dans les prisons romaines, et ce dernier y serait vrai- 
semblablement mort s’il n'avait réussi à s’enfuir. 


ET DISSERTATIONS. 495 


villes 4 la fois , et que les médailles des divers souverains 
consacrent ce fait. On nous objectera peut-être qu’il n’est 
pas moins aussi extraordinaire de rencontrer tardivement 
le nom de cette localité; rien de plus simple néanmoins, 
Philippi ou Philippopolis pouvait n'être qu'une ville secon- 
daire à l’époque où elle prit ce nom, et n'avoir acquis une 
certaine importance qu'après dix années d'un règne pros- 
père. D'un autre côté, il n'est pas impossible que Démétrius 
y ait frappé monnaie pendant tout le cours de son règne. 
Qui ue sait que la terre renferme encore en son sein des 
monnaies émises pendant des périodes entières: et que 
chaque jour elle nous restitue des merveilles dont personne 
n'avait pu supposer l'existence? Que de noms d’ hommes et 
de localités seraient à jamais inconnus sans la numisma- 
tique, témoin la médaille qui nous occupe! 

Quant à la seconde monnaie qui nous a été apportée de 
Perse, mêlée à un grand nombre de drachmes parthes et 
sassanides, nous pensons qu'elle appartient à la ville de 
Caranus, et son classement ne nous paraît pas offrir de 
dificultés. En voici la deseription : 


Même tête diadèmée. 
à. KA BASTIAEQS AHMHTPIOY 2QTHPOS. Même type 
de l’Apollon assis. Drachme. 


Pline cite Carné parmi les villes de la Syrie, sur la fron- 
titre de Phénicie. Étienne de Byzance mentionne Kæovr 
nô«e Dowlxrc, Carné, ville de Phénicie; il cite Artémidore 
qui avait écrit Kapvo, dans ce passage : « Carnus est près 
de Paltus, vient ensuite Gabala. » 

Comme Carné est sur les confins de la Séleucide et de la 
Phénicie, Cellarius, dans sa géographie antique, pense que 
c'est le même lieu que Strabon nomme Caranus, Kdpayvos ; 





196 MÉMOIRES 


suivant lui, un À aurait été ajouté ou retranché par ces au- 
teurs. On a donc : 


Kapavos dans Strabon ; 

Kepvo, dans Artémidore ; 

Kdpvn dans Étienne de Byzance; 
Carne dans Pline. 


La médaille que nous donnons ici nous semble confirmer 
la leçon de Strabon. Si la ville avait porté le nom de 
Garné, la drachme nous montrerait la première syllabe du 
nom, qui serait KAP, et non point KA, qui est la première 
syllabe de KA-PA-NOS. Telle est du moins l'opinion des 
savants qui nous ont renseigné à ce sujet. 

Quoi qu'il en soit des attributions que nous proposons 
pour ces deux monnaies, nous n'avons pas la prétention 
d'émettre une opinion décisive sur leur classement dé- 
finitif, On pourrait, par exemple, arriver à démontrer que 
les groupes de caractères ®IAII” et KA appartiennent à 
des noms d’alliés du roi de Syrie ou d'officiers monétaires. 
Les renseignements qui précèdent sont le résultat de nos 
recherches personnelles, et sans les ressources, il faut 
l'avouer, d’aucuns documents assez précis. Si nous sommes 
dans l'erreur, nos confrères en numismatique nous remet- 
tront dans la bonne voie, et nous les verrons sans regret 
substituer une opinion mieux fondée à celle que venons 
d'exposer. 

FEUARDENT. 


ET DISSERTATIONS. 497 


ESSAI 


SUR 


LES MÉDAILLES AUTONOMES ROMAINES DE L'ÉPOQUE 
_IMPERIALE. 


(PI. VII, VII, IX et X. ) 


LIBERTATI. Citoyen en toge et coiffé du bonnet de la 
Liberté, tenant une couronne de laurier dans sa main 
droite élevée et marchant à droite. 

R. S.P.Q.R. Victoire debout sur un globe à droite, te- 
nant une couronne et une palme. Æ. (PI. IX, n° 43. ) 

En examinant cette médaille, comment ne pas se rap- 
peler le passage de Suétone relatif à la mort de Néron : 

Tantumque gaudium publice præbuit, ut plebs pileata 
tota urbe discurreret. — « L'allégresse publique fut si 
grande que le peuple parcourut la ville la téte coiffée du 
bonnet de la liberté. » (Sueton.. Nero, 57.) 

Tacite, en parlant de ce grand événement, s'exprime 
ainsi: Finis Neronis, ut lztus primo gaudentium impetu 
fuerat, ita varios motus animorum, non modo in urbe 
apud patres, aut populum, aut urbanum mililem, sed 
omnes legiones ducesque conciverat....... Sed patres læti, 
usurpata statim libertale, licentius, ul erga principem novum 
et absentem...... — «La mort de Néron avait fait, quoi- 


198 MÉMOIRES 


que avec des impressions diverses, éclater la joie non-seu- 
lement dans Rome parmi les patriciens, le peuple et la 
milice urbaine , mais aussi parmi les légions et les géné- 
raux..... Les sénateurs dans leur joie avaient hâte de 
saisir la liberté, avec d'autant moins de mesure que le 
prince était nouveau et absent. » (Tacit., Hist.,1, 4.) 

Le rapport de ces deux passages avec la médaille dont 
nous veuons de donner la description, et qui de la collection 
du regrettable marquis de Lagoy est venue tomber dans la 
mienne, est évident‘, et il paraît impossible qu'elle n'ait 
pas été frappée à Rome dès le premier moment du délire 
de joie causé par la mort de celui qui la veille encore faisait 
trembler le monde romain. 

Les sénateurs avaient donc hâte de se saisir de la 
liberté, et ils profitaient de l'absence du prince, de son 
inexpérience ou de sa condescendance présumées pour re- 
prendre tout ce qu'ils avaient perdu de prestige et d’au- 
torité sous les premiers empereurs. Parmi les préroga- 
tives qu Auguste avait enlevées au sénat, une de celles 
que ce corps devait regretter le plus était, sans contredit, 
le droit de battre monnaie. Après avoir exclusivement 
régi, soit directement, soit par les triumvirs monétaires, 
eette branche de l'administration publique dans la capi- 
tale *, il avait vu cette prérogative amoindrie par César, 


1 Au moment de publier cet artiele, j'apprends qu'il existe un second exem- 
plaire au Cabinet national à Madrid. J'en dois la communication à don Fran- 
cisco Bermudez de Sotomayor, conservateur du cabinet des médaïlles. 

2 Sous la république, outre les monnaies frappées à Rome exclusivement 
par l'autorité du sénat, il existait encore des monnaies frappées dans les pre- 
vinces par certains magistrats ou per los généraux à la tête des armées, en 
vertu de lenr charge ou de leur commandement ; quelqnefois le sénat accordait 
exceptionnellement le droit de battre monnaie à des magistrats qui ne l’au- 
raient pas eu par leur charge; ces pièces sont généralement d'argent, quel- 


ET DISSERTATIONS. : 499 


et, aussitôt après la mort du dictateur, il s'était empressé 
de la reprendre et de frapper de la monnaie dans les trois 
métaux. Auguste, en réglant les attributions du prince et 
du sénat, avait réservé à l’empereur la monnaie d'or et 
d'argent; il avait accordé au sénat le droit exclusif de battre 
de la monnaie de cuivre, droit que ce corps constatait sur 
les pièces par les lettres S.C. La monnaie d'or et d'argent, 
devenue monnaie de l'empereur, était administrée par des 
officiers spéciaux faisant partie de la maison impériale, 
par des affranchis, souvent même par des esclaves’, ja- 
mais par des sénateurs ou des patriciens; celle de cuivre, 


ques-unes sont de cuivre; quant à la monnaie d’or, elle était exclusivement 
Militaire, frappée seulement par les généraux dans les expéditions loin- 
taines et pour les besoins du moment. La seule modification apportée par 
César à cette législation, fut de frapper à Rome même ses propres pièces comme 
imperator, concurremmert avec la monnaie sénatoriale, et par conséquent 
d'introduire le monnayage d’or dans la capitale. Après sa mort, le sénat 
réunit sous son autorité les deux ateliers et frappa pour la première fois de 
la monnaie d'or; par une anomalie assez singulière après une réaction ré- 
publicaine, il concéda aux généraux tour à tour vainqueurs dans les guerres 
civiles non-seulement le droit de battre monnaie sous son autorité, mais 
encore celui de mettre leur effigie sur les pitces.— Voy. Mommsen, Geschichte 
des Rymischen Münswesens, pages 363-371, 383, 428, 652, 654, 739, 741. 

4 Czsar.,.. monete... peculiares servos præposuit. Suet., J. Cæsar, 76.—Dans 
le recueil d’Orelli, n° 2153. 3570, 6642 : procuratores monetæ.— On veit dans 
le recueil de Gruter, LXXIV, 1, des officinatores monetx aurariæ et argentariz 
Cæsaris.— Dans Spon, Misc. Ant., p. 101, une familia monetalis.— Ces derniers 
étaient des ouvriers, et leur chef se nommait exactor auri argenti æris , ce qui 
pourrait faire croire que l'employé de l’empereur exercait une sorte de contrôle 
même sur la monnaie du sénat. Voy. Gruter, LXXIV, 1; MLXVI, 5; MLXX, 
1.— Cf, Mommsen, loc. cit., p. 746, note 20.—M, de Boissieu, dans son bel ou- 
vrage sur les Inscriptions de Lyon, p. 281, cite un esclave préposé à la monnaie 
de Lyon sous Tibère , et qui porte le titre de æquator monetz ( Mommsen, 
ch. VIII ).— On peut aussi consulter sur cette question les Lettres de M. Ana- 
tole de Barthélemy à M. Lecointre-Dupont sur les magistrats et les corporations 
préposés à la fabrication des monnaies, dans la Revue num., 1847, p. 350 et suiv., 
et 1848, p. 165 et suiv, On y trouve les textes et inscriptions relatifs au sujet. 


ET DISSERTATIONS. 201 


les caractères que devaient avoir des pièces frappées dans 
de semblables conditions et à cette époque. En voici la 
description d'après l’ordre alphabétique des revers ; j’y ai 
joint leur poids autant que j'ai pu me le procurer, ainsi 
que l'indication des médailles qui depuis Auguste jusqu’à 
Vitellius inclusivement, portent au revers de l'effigie impé- 
riale des types analogues. 

4. — SALVTIS. Tête diadémée de Ja Santé à droite. 

R. CONCORDIA. La Concorde debout à gauche, tenant 
une corne d'abondance et une branche d'olivier. AV. 
(Cohen, Galba, n° 252. ) 

Poids, Vienne, 75,10, (Pl. VII, n° 4. ) 


Médaille correspondante. 


SER.GALBA.IMP.CAESAR AVG P.M.TR.P. Tête laurée à droite. 

y. CONCORDIA PROVINCIARVM. La Concorde debout, tenant une 
corne d’abondance et un rameau d’olivier (Cohen, n° 12). Or. 

Poids, Musée Britannique, 75,32, 


2. — LIBERTAS RESTITVTA. Tête voilée et diadémée de 
la Liberté à droite ; devant elle un épi. 

à. CONCORDIA. La Concorde assise à gauche sur un 
trôue, tenant une enseigne surmontée du sus gallicus et un 
caducée. A. (Cohen, Galba, n° 253 1.) 

Poids, Vienne, 35,44. (Pl. VII, n° 2.) 

3. — FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes. 

à. CONCORDIA PRAETORIANORVM. La Concorde debout 


* Par une erreur qui sera rectifiée dans l’erratum, on lit dans l'ouvrage de 
M, Cohen ( Description historique des monnaies frappées sous l'empire romain, t. I, 
p. 247, n° 253) aigle romaine à la place de sus gallicus. Eckhel attribuait 
cette médaille aux légions espagnoles; il y voyait le gage de l'union entre 
Rome et l'Espagne. La valeur symbolique ne change pas depuis que les tra- 
vaux de M. de la Saussaye (Rovus numismatique, 1840, p. 245) ont fixé la véri- 
table attribution du sus gallicus, qui cst l'emblème national de nos ancêtres. 





MÉMOIRES 


ET DISSERTATIONS. 203 


8. — VESTA P.R.QVIRITIVM. Buste diadémé et voilé de 
Vesta à droite; devant elle une torche allumée. 

ñ. FIDES EXERCITVYM. Æ. (Cohen, d'après Morell, 
Vitellius, n° 102. ) 

Poids, Vienne, 3,39 : — Berlin, 35,35 ; — Turin, 35,70. 
(PI. VII, n°7.) 


Médailles correspondantes. 


IMP.SER.GALBA AVG P.M. Tête laurée à droite. 

>. FIDES MILITVM. Deux mains jointes tenant une enseigne romaine. 
Argent (Cohen, Galba, n° 32). | 

Poids, France, 35,45, 

A.VITELLIVS IMP.GERMAN. Tête laurée à droite, dessous un globe. 

>. FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes. Or (Cohen, Vitellius, no 12). 

Poids, ma collection, 55,82 ( pièce à fleur de coin ). 

>. FIDES PRAETORIANORVM. Même type (Cohen, Vitellius, n° 15). 

Poids, France, pièce fourrée 

>. CONSENSVS EXERCITV VM. Mars marchent à gauche, portant une 
lance et un trophée. Argent (Cohen, Vitellius, n° 9). 

Poids, ma collection, 3,27, 3,50. 


9. — HERCVLES ADSERTOR. Tête laurée et barbue 
d'Hercule, à droite. 

R. FLORENte FortVNA P.R. La Fortune debout, tenant 
un rameau et une corne d'abondance. M. (Cohen, Galba, 
n° 255, d'après Bimard de la Bastie, dans la Science des 
médailles du P. Jobert, t. I, p. 300.) 

Poids, Madrid, deux pièces fourrées. (PI. VII, n° 8). 


Médaille correspondante. 


IMP GALBA CAESAR AVG. P.P. Tête arée à droite. 

>. FORTVNA AVG. La Fortune debout, tenant un gouvernail et une 
eorne d’abondance (Cohen, Galba, n° 33). 

Poids, France, 3s",30. 


. 20h MÉMOIRES 


40. — VOLKANVS VLTOR. Tête de Vulcain a droite, 
coiffé d’un bonnet. 

à. GENIO P.R. Tenailles, marteau, enclume et bonnet 
de Vulcain'. AM. (Cohen, Auguste, n° 507.) 

Poids, France, 25,95 (rognée ); — ma collection, 3,15. 
(PI. VII, n° 9.) 

44. — VESTA P.R.QVIRITIVM. Buste diadémé et voilé de 
Vesta a droite; devant elle une torche allumée. 

n. 1.0.M.CAPITOLINVS. Jupiter assis à gauche dans un 
temple à deux colonnes et tenant un foudre et un sceptre. 
MR. (Cohen, Vitellius, n° 103. ) 

Poids, France, 35,25, 38,37; — Vienne, 3,46, et 
pièce fourrée ; — ma collection, pièce fourrée. 

42. — Pièce semblable, avec I.0.MAX. au revers. R. 

Poids, Londres, 24,62 ; — Berlin, 34,32; — Copenhague, 
38,10. (Pl. VII, n° 40.) 

43. — GENIVS P.R. Tête barbue du Génie du peuple 
romain à droite ; derrière, un sceptre. 

À. Semblable au précédent. Æ. (Cohen, Vitellins, 
n° 404.) 

Poids, France, pièce fourrée. (PI. VII, n° 44.) 


Médaille correspondante. 


A. VITELLIVS IMP.GERMAN. Tête laurée à droite. 

®. I.0.MAX.CAPITOLINVS. Jupiter assis dans un temple à deux co- 
lonnes, tenant un foudre et un sceptre. Argent (Cohen, Vitellius, n° 16). 

Poids, France, 35,25. 


1 Les avis sont partagés au sujet du symbole de forme conique placé au 
dessus de l'enclume. Les uns veulent que ce soit le bonnet de Vulcain, les 
autres un coin monétaire. Nous pensons qu'on doit y voir le bonnet du dieu 
ouvrier. Voyez un intéressant article de M. Jules Friedlander dans les Annales 
de l'Institut archéologique, 1869, t. XXXI, p. 407, 


ET DISSERTATIONS. 205 


44. — ROMA RESTITVTA. Buste de Rome avec le casque 
à cimier. 

R. IVPPITER CONSERVATOR. Jupiter assis à gauche, 
tenant un foudre et un sceptre. Æ. (Cohen, Galba, n° 258). 

Poids (?), Morell. 

45.— ROMA. Buste de Rome à droite, avec un casque 
tourrelé. 

R. IVPPITER CVSTOS. Même type. Æ. (Cohen, Galba, 
n° 256.) 

Poids, France, pièce fourrée ; — Madrid, 36,55 ; — Co- 
penhague, 2,60 ; — ma collection, 35,10. (PJ. VII, n°12.) 

16. — VIRT. Tête casquée de la Valeur à droite. 

à. IVPPITER CVSTOS. Même type. Æ. 

Poids, Londres, 25,95. (Pl. VII, n° 13. ) 

47. — ROMA RESTITVTA. Buste de Rome a droite, avec 
un casque à cimier. 

R. IVPPITER LIBERATOR. Même type. Æ. (Cohen, 
Galba, n° 257. ) 

Poids, France, 3°,45; — Madrid, 35,06: — Collection 
Thomsen, à Copenhague, 25,80; — ma collection, 35,05 
(usée). (Pl. VIT, n° 44.) 


Médailles correspondantes. 


NERO CAESAR AVGVSTVS. Tête laurée à droite. 

y. IVPPITER CVSTOS. Jupiter assis à gauche, tenant un sceptre et un 
foudre. Argent (Cohen, Néron, n° 13 ). 

Poids, ma collection, 3w,42. 

IMP.NERO CAESAR AVG.P.P. Tête laurée à droite. 

>. IVPPITER LIBERATOR. Même type. Or (Cohen, d’après Vaillant et 
Beger, Néron, n° 171). 

Poids (?). 


1 Eckhel {D. N., IV,p. 272) suppose, d’après Vaillant, que ces médailles 
ont été frappées par Néron , après qu'il eut échappé à la conspiration de 


ET DISSERTATIONS. 207 


23. — GENIO P.R. Tête jeune du Génie du peuple avec 
de longs cheveux bouclés à droite ; derrière, une corne 
d'abondance. 

R. MARTI VLTORI. Mars nu et casqué marchant à droite, 
armé d’un bouclier et lançant un javelot. A. (Cohen, 
Auguste, n° 509.) 

Poids, Vienne, 35,40. (PL VIII, n° 47.) 

2h. — GENIO P.R. Tête jeune avec des cheveux courts 
du Génie du peuple à droite sur une corne d’abondance. 

A. MARTI VLTORI. Mars nu et casqué, marchant à droite 
armé d’un bouclier et lançant le javelot. A. (Cohen, Au- 
guste, n° 510.) 

Poids , France, 3*,18 et 35,10; — Londres, 34,84 ; 
— Madrid, 35,50. (Pl. VIII, n° 18 ). 

25.— HISPANIA. Tête de l'Espagne à droite; dessous, un 
bouclier ; devant, une palme ; derrière, deux lances. 

R. MARKS (sic) VLTORI. Mars debout. (Cohen, Galba, 
n° 262. ) 

Poids, France, pièce fourrée. ( Pl. VIII, n° 49. ) 


Médailles correspondantes. 


CAESARI AVGVSTO. Tête laurée à droite. 

>. MAR.VLT. Temple rond, dans lequel sont deux enseignes et une aigle 
légionnaire. Or (Cohen, Auguste, n° 165). 

Poids, ma collection, 75,86. 

La même en argent (Cohen, Auguste, n° 166). 

Poids, France, 35,70. 

CAESAR AVGVSTVS. Tête nue à droite. 

>. MARTIS VLTORIS. Mars debout à droite, dans un temple. Or, 

Poids, ma collection, 7,85. 

La même en argent (Cohen, Auguste, n° 175). 

Poids, France, 31,55. 


1 La description de M. Cohen n’est pas exacte, puisque Ja tête du Génie du 
peuple est jeune; la légende n’est pas exactement rendue non plus. 


208 MÉMOIRES 
26. — BON.EVENT, Tête de la Félicité à droite. 


ET DISSERTATIONS. 209 


32, — BON.EVENT.ET FELICITAS. Buste diadémé de la 
Félicité à droite. 

®. PAX.P.R. Semblable au précédent. Æ. (Cohen, Galba, 
n° 266. ) 

Poids (?), Morell. 

33. — Tête diadémée de Vénus entre deux cornes d’abon- _ 
dance et une branche de laurier. 

à. PAX. Deux mains jointes tenant deux cornes d’abon- 
dance et un caducée ailé. Æ. (Cohen, Galba, n° 266. ) 

Poids (?), Morell. 

34. — GENIO P.R. Tête jeune ‘ avec des cheveux courts 
du Génie du peuple à droite sur une corne d'abondance. 

8. PAX. Type semblable au précédent. Æ. 

"Poids, Madrid, 35,70. (PI. VIII, n° 26.) 


Médaille correspondante. 


AVGVSTVS COS.XI. Tête laurée. 
>. PACI PERP. Temple à six colonnes, avec un autel. Argent (Cohen, 
d’après Vaillant, Auguste, n° 182). 


35. — LIBERTAS. Buste de la Liberté à droite. 

4. P.R.RESTITVTA. Bonnet de la Liberté entre deux 
poignards. A. (Cohen, Galba, n° 267.) 

Poids, France, 35,36. (Pl. VIII, n° 26). 

36. — LIBERTAS.P.R. Téte semblable a la précédente. 


1 Il y a deux têtes du Genius Populi Romani, l’une barbue et diadémée, 
avec un sceptre sur l’épaule , qui se voit déjà sur les médailles de la famille 
Cornélia (Cohen, Médailles ds la république romaine, pl. XIV, Cornelia, n™ 10 et 
11); Pautre jeune, imberbe, accompagnée d’une corne d’abondance. Plus 
tard, le génie barbu est désigné sur les médailles par la légende Genius Se- 
natus, et le génie imberbe par Genius Populi: quelquefois par Genius Ezer- 
citus. Voir la tate barbue aux n° 13, 19, 20, 22, 47, 53, et la tête imberbe aux 
n° 23, 24, 27, 34. 


1862.— 3. 15. 


240 - 


ET DISSERTATIONS: 244 


bout à gauche, tenant la haste et une branche d'olivier, 
le pied droit posé sur un globe. Æ. 
Poids, Madrid, 35,50. (Pl. VIH, n° 28 ) 


Médailles correspondantes. 


NERO CAESAR AVGVSTVS. Tête laurée à droite. 

>. ROMA. Rome casquée, assise à gauche. Argent ( Cohen, Néron, n°° 53 
et 54). 

Poids, France, 35,85, 35",30. 

Autre à peu près semblable en or ( Cohen, n° 92). 

SER.GALBA IMP. ou CAESAR AVG.GALBA IMP. Galba à cheval à 
droite. 

>. ROMA RENASCENS. Rome en habit court, debout à droite, tenant une 
haste et une petite Victoire ou le Palladium, Argent (Cohen, Galba, n° 3 et 4), 

Poids, France, 2s°,87 (usée). 

La méme en or. 

Poids, ma collection, 78,25 ( inédite). 

GALBA IMPERATOR, Tête laurée à droite. 

>. ROMA RENASC. on RENASCES ou RENASCENS. Même type que 
les médailles précédentes. Or. Plusieurs exemplaires à peu près semblables 
(Cohen, Galba, n°° 55, 60, 62, 68 ). 

Poids, France, 65,80, 75, 60. 

Les mêmes en argent (Cohen, n** 56, 57, 58, 59, 61, 64, 65). 

Poids, France, pidee fourrée et 35,30, 32,25, 38",10, 38°, 20, 3er, 32. 

GALBA IMPERATOR. Téte laurée à droite. 

x». ROMA VICTRIX. Rome debout à gauche, le pied posé sur un globe, te- 
nant une branche d’olivier et une haste. Argent (Cohen, Galba, n* 68, 70 et 71). 

Poids, France, 3*°,45; — Vienne, 85,85 et 35,32, 


hi. — MONETA. Tête nue de la Monnaie à droite. 

à. SALVTARIS. Enclume, bonnet de Vulcain, tenailles et 
marteau, le tout dans une couronne de laurier. Æ. 

Poids, France, 85, 42. (PI. IX, n° 29°.) 


* M. Cohen, dans sa Description des monnaies de la republique romaine, avait 
omis cette médaille, et, dans une note de la page 77, il avait exprimé la pensée 
qu'elle avait été falsifiée, un habile faussaire ayant adroitement, à l’aide du 
burin , substitué le mot Salutaris au nom de T. Carisius; mais , après un mûr 
examen et une observation plus approfondie, il est revenu de sa première im- 


242 MÉMOIRES 


Médaille correspondante, 


MONETA. Tête de la Monnaie à droite. 

yp. T.CARISIVS. Outils de monnayage. Argent (Cohen, Médailles de la re- 
publique romaine, pl. X, Carisia, n° 7 ). 

Poids, ma collection, 45,10. 


h2. — Buste casqué de Pallas à droite, avec l'égide sur 
la poitrine. 

R. SECVRITAS P.R. La Sécurité assise à droite, la tête 
appuyée sur la main droite et tenant un sceptre de la main 
gauche; devant ; un autel. Æ. (Cohen, Vitellius, n° 105. ) 

Poids, Vienne, 3&,27 ; — Madrid, 2,85. ( PI. IX, n° 30.) 

A3.— VESTA P.R.QVIRITIVM. Buste diadémé et voilé 
de Vesta à droite ; devant, une torche allumée. 

À. SENATVS (Roma)NVS. Victoire marchant à gauche et 
tenant de la main droite un bouclier sur lequel on lit : 
VI.AV ( Victoria Augusta ) et de la gauche une palme. Æ. 
(Cohen, Vitellius, n° 106. ) 

Poids, Vienne, 35,18. (Pl. IX, n° 34. ) 

hh. — MARS VLTOR. Tête casquée de Mars à droite. 

A. SIGNA.P.R. Aigle romaine tenant une couronne dans 
son bec, auprès d'un autel entre deux enseignes militaires. 
AV. (Cohen, Auguste, n° 511.) 

Poids, France, 75,18 et 7,06. (PI. IX, n° 32. ) 

kb. — MARS VLTOR. Tête casquée de Mars à droite. 

8. SIGNA P.R. Aigle romaine tenant une couronne dans 
son bec, auprès d'un autel allumé, entre deux enseignes 
militaires. A. (Cohen, Auguste, n° 512.) 

Poids, France, 35,30, et pièce fourrée; — Londres, 


pression, et c'est lui-même qui m'a signalé cette pièce comme devant, à 
cause de son poids, être rangée aux autonomes, — Cf, Cavedoni, Ragguaglio de’ 
precipui rispotigli antichi dé medaglie consolari, p. 61, n° 45. Modena, 1854, in-8, 


ET DISSERTATIONS. 23 


3:",A3; — Berlin, pièce fourrée ; — Vienne, 35,56 et 3,26; 
— Madrid, 35,20 ; — collection de M. Rollin, à Paris, 
3,30 ; — ma collection, pièce fourrée. (Pl. IX, n° 33. ) 

A6. __ Tête barbue et casquée de Mars à droite (sans 
légende). 

ÿ. Semblable au précédent. Æ. (Cohen, Auguste , 
n° 613.) 

Poids, France, 35,65 ; — Vienne, 3,25 et 3*, AD; — 
Berlin, 35,46; — Copenhague, 35,50 ; — ma collection, 
35",05. (PI. IX, n° 34.) 

47. — GENIVS P.R. Tête barbue et diadémée du Génie 
du peuple à droite. 

R. Semblable au précédent. AM. (Cohen, Auguste, 
n° 544.) 

Poids (?). 

48. — SALVS GENERIS HVMANI. Victoire ailée debout 
sur un globe à gauche, tenant une couronne et une palme. 

à. Semblable au précédent. Æ. (Cohen, Auguste, 
n° 646.) 

Poids, France, 35,07 ;— Vienne, 25,81; —Turin, 35,70. 
(Pl. IX, n° 35.) 

A9. — VOLKANVS VLTOR. Tête de Vulcain à droite, 
avec le bonnet. 

R. Semblable au précédent. Æ. (Cohen, Auguste, n° 516.) 

Poids, France, 3,07 ; — Vienne, 35,30. (PI. IX, n° 36.) 


Médailles correspondantes. 


AVGVSTVS. Tête nue à droite. 

>. SIGNIS RECEPTIS. Capricorne à droite, Or (Cohen, Auguste, n° 199 ). 

Poids, ma collection, 75r,90, 75,77. 

». Semblable, avec S.P.Q.R., un bouclier entre une aigle légionnaire et une 
enseigne de cohorte. Or (Cohen, Auguste, n° 204). 

Poids, ma collection, 75,90, 


ET DISSERTATIONS. 245 


54. — LIBERTAS RESTITVTA. Tête nue de la Liberté à 
droite. 

à. S.P.Q.R. sur un bouclier dans une couronne de 
chêne. AV. (Cohen, traléa, n° 272. ) 

Poids, France, 75,46 ; — Berlin, 7,60. (Pl. IX, n° 44.) 

55. — La même médaille. Æ. (Cohen, Galba, n° 273.) 

Poids, France, 3°,35; — Madrid, 35,65; — Munich, 
35,24 et 35,214 ; — collection de M. Robert, 35,51. (Pl. IX, 
n° 42.) 

56. — LIBERTATI. Citoyen en toge , coiffé du bonnet de 
la Liberté, debout à gauche, tenant une couronne dans sa 
main droite élevée. 

Q, S.P.Q.R. Victoire debout sur un globe à droite, tenant 
une couronne et une palme. Æ. 

Poids, Madrid, 3F,40 ; — ma collection, 8*,29. (Pl. IX, 
n° 43. ) 

Médailles correspondantes. 


GALBA IMPERATOR. Tête laurée à droite. 

». LIBERTAS RESTITVTA. La Liberté debout, tenant ane haste ot un 
bonnet. Or (Cohen, Galba, n° 51). 

Collection Wiozay. 

IMP.SER.GALBA AVG. Tête laurée à droite. 

>. LIBERTAS P.R. Même type; à terre, deux épis. Argent {Oohen, n° 49). 

Poids, France, 35,30. 

À VITELLIVS GERM.IMP.AVG TR.P. Tête laurés à droite. 

>. LIBERTAS RESTITVTA. Même type. Or (Cohen, Vitsilius, n° 22). 

Poids, France, 75,20. 

La même en argent (Cohen, n° 23), 

Poids, ma collection, 27,92. 


57. — MARS (ul)TOR. Tête casquée de Mars à droite. 

à. S.P.Q.R. dans une couronne de laurier. AX. (Cohen, 
Auguste, n° 517.) 

Poids, France, 3 grammes ; — Madrid, 35,70. (PI. X, 
n° 4h.) 


ET DISSERTATIONS. 217 


DIVVS AVGVSTVS. Tête radiée à droite. 

>. PAX P.R. La Paix debout à gauche, tenant un caducée et trois épis avec 
un pavot. Or (Coben , Auguste, n° 183). Frappée probablement sous le règne 
de Galba, d’après la fabrique, comme le fait observer M. Cohen. 

Poids, Musée Britannique, 7,16. 


62, — ROMA. Tête nue de Rome à droite. 

#. S.P.Q.R. dans une couronne de chêne. Æ. (Cohen, 
Galba, n° 279.) 

Poids (?), Morell. 

63. — SALVS GENERIS HVMANI. Victoire à gauche, de- 
bout sur un globe, tenant une couronne et une palme. 

R. Semblable au précédent. AV. (Cohen, Galba, n° 274.) 

Poids, France, 76,30. (Pl. X, n° 49. ) 

64: — SALVS GENERIS HVMANI. Victoire debout 
sur un globe à gauche, tenant une couronne et une 
palme. 

®, Semblable au précédent. A. (Cohen, Galba, n° 275.) 

Poids, France, pièce fourrée ; — Madrid, 85,65 et 35,20; 
— ma collection, 35,25. (Pl. X, n° 50. ) 

65. — Victoire semblable à la précédente, avec la lé- 
gende SALVS GENERIS HVMANI tournée différemment. 

à. Semblable. MR. 

Poids, Londres, 35,21; — Vienne, 35,49 ; — Madrid 
Qe, ne (Pl. X. n° 54. ) 

— SALVS GENERIS HVMANI. Victoire ailée debout 
à droite sur un globe, tenant une couronne et une 
palme. 

W. Semblable au précédent. Sur une des pièces c'est une 
couronne de laurier; sur l’autre, une couronne de chêne. 
AM. (Cohen, Galba, n° 275 bis et Auguste, n° 519.) 

Poids, France, 3,30, 34,60 et pièce fourrée ; — Londres, 
38,49, 35,57 et 38.20; — Berlin, 35,62 et 35,47; — 


ET DISSERTATIONS. 249 


®. S.P.Q.R. dans une couronne de chéne. MR. (Gohen, 
Galba, n° 282.) 

Poids (?) (Morell). 

73.—I.0.M.CAPITOLINYS. Buste diadémé de Jupiter à 
gauche; devant, une palme. 

ÿ. VESTA P.R.QVIRITIVM. Vesta assise à gauche, te- 
nant une patère et une torche allumée. MR. (Cohen, Vi- 
telltus, n° 407.) 

Poids, France, 35,65; — Vienne, 34,70: — Londres, 
36,49 et 35,56; — Berlin, 85,44 ; — Copenhague, 3r,60. 
(Pl. X, n° 58.) 


Midaille correspondante. 


A.VITELLIVS.IMP.GERMAN. Tête laurée à droite. 

>. VESTA.P.R.QVIRITIVM. Vesta assise à gauche, tenant une patère et 
une torche. Argent (Cohen, Vitelifes, n° 85). 

Poids, France, 37,35. 


Nous joignons ici la description de quelques médailles 
de Galba qui doivent aussi être rapprochées des auto- 
nomes. 


GALLIA. Baste de la Gaule à droite, entre deux hastes et deux épis; des- 
sous, un bouclier. 

>. SER.GALBA IMP, Galba à cheval à droite, tenant une haste. Argent 
(Cohen, Gelba, n° 7 ). 

Poids, France, 35,20. 

TRES GALLIAE, Trois têtes de femme à droite (les Gaules, Aquitaine, 
Narbonnaise et Lyonnaise). 

». SER.GALBA IMP.AVG. Sanbisble au fevers précédent sans la haste. 
Argent (Cohen, Galbe, n° 8). 

( Cette médaille est presque toujours fourrée ; on connaît cependant quel- 
ques exemplaires d'argent. Poids, Vienne, 35,49. ) | 

SER.SVEPICIGALBAE AVG. Buste de l'Espagne à droite; dessous, un 
globe; devant, deux épis. 

». S.P.Q.R. autour d’un bouclier posé sur deux hastes. Argent (Coben, n° 9). 

Poids, France, 3,10. 


220 MÉMOIRES 


GALBA IMPERATOR. Tête laurée à droite ; dessous, un globe. 

x. GALLIA HISPANIA, La Gaule et l'Espagne se donnant la main. 4r- 
gent ( Cohen, n° 35). 

Poids, France, 35,10. 

Autre semblable avec GALBA IMP. et la tête à gauche. Argent (Cohen, 
n° 36). | 

Poids, ma collection, 35,14, 

IMP.SER.GALBA AVG. Tête nue à droite. 

». HISPANIA, L'Espagne debout à gauche, tenant dans sa main droite 
deux épis avec un pavot, et de la main gauche deux hastes et un bouclier. 
Argent ( Cohen, n° 87). 

Quatre autres à peu près semblables aveo le même revers, en argent. 

Une autre en or du Musée Britannique à peu près semblable. 


Ouvrons maintenant l’histoire, et voyons si ces médailles 
répondent bien aux exigences politiques et historiques de 
l’époque à laquelle nous voulons les attribuer. 

La joie causée par la mort de Néron confondait tous 
les rangs, tous les ordres : « Primores equitum, dit Ta- 
cite‘. «proximi gaudio patrum; pars populi integra, et 
« magnis domibus adnexa, clientes libertique damna- 
« torum et exulum in spem erecti.» Le mouvement était 
donc général, démocratique même. Les patriciens et 
les chevaliers avaient intérêt à flatter le peuple et l'ar- 
mée avec lesquels ils faisaient cause commune; ils de- 
vaient aussi réconcilier avec le nouveau régime cette 
populace infime, sentine de l'univers, vivant dans les 
bas-fonds de la Rome impériale et qui regrettait Néron : 
« Plebs sordida, et circo ac theatris sueta , simul deterrimi 
« servorum, aut qui, adesis bonis, per dedecus Neronis, 
« alebantur *. » 

La famille des Jules venait de s'éteindre, un nouveau 


’ Hist.,1, 4. 
® Tacit., loc, cit. 


ET DISSERTATIONS. 224 


droit public, celui de l'élection, avait été inauguré ; le 
sénat comptait en profiter pour reprendre son ancienne 
influence et dominer le nouvel empereur ; les antécédents 
de Galba et les circonstances qui avaient accompagné son 
avènement semblaient même justifier ces espérances. Patri- 
cien de naissance, il s'était fait dans l'empire une réputation 
d'honnêteté et de rigidité dignes de l’époque républicaine ; 
son économie n'avait pas encore été taxée d’avarice; il 
avait poursuivi à outrance les dilapidateurs et les concus- 
sionnaires des provinces; sa sévérité avait été même parfois 
cruelle ‘. Plus tard il s'était un peu relâché de ses pre- 
mières rigueurs; tout ce qui pouvait attirer l'attention 
était dangereux * sous un prince comme Néron, et Galba 
désirait se faire oublier au fond de l'Espagne. Tout à coup 
un hasard lui ayant révélé que Néron avait décrété sa 
perte , et que des émissaires chargés de l’assassiner ve- 
naient d'arriver dans son camp, il s'était fait accla- 
mer par les légions,et avait déclaré en même temps 
qu'il ne voulait tenir son pouvoir que du sénat et du 
peuple : Legatum se senatus ac populi Romani professus 
est * ; aussitôt après, il avait choisi parmi les généraux et 
les officiers de son armée les plus anciens et les plus con- 
sidérés, pour en former un conseil, une espèce de sénat, 


* Sueton., Golda, 9. 

% Paullatim in desidiam segnitiemque conversus est, ne quid materiæ præberet 
Neroni: et ut dicere solebat, quod nemo rationem otii sui reddere cogerstur, Sueton., 
4. cit. 

3 Sueton., Galba, 10.—La médaille suivante, frappée plus tard à Rome, 
semble répondre à cette idée : 

SER.SVLP.GALBA IMP.CAESAR AVG.P.M.TR.P. Tête laurée à droite. 

>. SENATVS PIETATI AVGVSTI S.C. Le Sénat personnifié tenant un 
rameau d’olivier et posant une couronne sur la tête de l’empereur, qui tient 
un ramean et une petite Victoire. Grand bronse (Cohen, n° 232). 


222 MÉMOIRES 


dit Suétewe, qu’il voulait eonsulter dans les circonstances 
importantes ‘. Un imstant déconcerté par Ia mort dé Vinder, 
et prêt à abandonner la partie, ik songeait à se sauver ow à 
se tuer, lorsque la nouvelle des événements de Rome, de 
la mort de Néron et de l'approbation donnée par le sénat 
et le peuple à sa propre élévation, l'avaient décidé à 
prendre enfin K titre de César *. 

Les monnaies frappées dans de pareilles eirconstances 
devaient nécessairement être comme le reflet des idées du 
moment; leurs types ne devaient contenir aucune allusion 
à l'empire, qu'on désirait réformer, ni aux patriciens ou 
aux exploits de leurs ancêtres, comme cela se pratiquait 
sous l’ancienne république ; les noms mêmes des magis- 
trats monétaires devaient être effacés de la monnaie; tout 
ce qui pouvait porter ombrage au peuple ou exciter sa 
méfiance devait être soigneusement écarté. 

Or parmi les types que nous venons de décrire, quel- 
ques-uns sent empruntés au règne d’ Auguste, mats avec 
de légères modifications; les enseignes militaires sont dé- 
signées sous le nom de signa populi romani; nous y lisons 
cemme sur les pièces d’Augaste Mars ultor, ob civis sen- 
vatos, etc., mais lu tête d’Auguste est remplacée par celtes 
de Vulcain et de Mars, de la déesse Roma, de Bonus Eventus, 
du Génie du peuple ; ce n’est plus à l'empereur, c'est à un 
génie tutélaire que l’on est redevable de la conservation 
de Rome, et à Mars que l’on doit la gloire de ses armes. 


1 E primoribus, prudentia aique æiate præstantibus, velus instar Senatus, ad 
quos de majors re, quoties opus esset, referrelur, énstituit. ( Sueton., Galba, 10.) 

* Adcessit ad tanta discrimina mors Vindicis, qua maxime consternatus, destitu- 
toque similis, non mullo afuit, quin vitæ renunciaret. Sed supervenientibus ab urbe 
nunitis, ut occisum Neronem, cwnctosque in sua verbe jurasse cognovit, deposila 
legati, suscepit Cmsaris adpelationem. ( Sueton., ébid., 11.) 


ET DISSERTATIONS. 293 


D’autres sont renouvelés de Néron ; on pourrait croire que 
les mémes coins ont servi, tant ils se ressemblent, mais 
on a choisi ceux qui conviennent au nouvel ordre de choses: 
par exemple Jupiler custos, et de l’autre côté, à la tête de 
Néron on a substitué celle de Rome avec un casque tour. 
relé. Pour retrouver l'origine de quelques autres, il faut 
remonter jusqu à la république, ou du moins jusqu’à ces . 
jours de terreur qui suivirent la mort de César, par 
exemple les médailles n°’ 34, 36 et 41, copiées sur celles 
des familles Junia et Carisia. Cependant la plupart des 
types sont nouveaux; ils expriment les besoins actuels 
de la société : Concordia provinciarum, concordia przio- 
rianorum, fides militum, ou les espérances et les aspira- 
tions de tout le peuple: Roma renascens, libertas, libertas 
populi romani, libertas restituta. D'autres invoquent les 
dieux tutélaires du Capitole : Jupiter Capitolinus, Mars ultor, 
Vulcanus ultor, Vesta Populi Romani Quiritium ‘; d’autres 
enfin constatent la part que les provinces prirent à cette 
révolution. Beaucoup de ces types et de ces légendes, qui 
montrent si bien la tendance républicaine de ce mouvement, 
ont été, comme nous l'avons vu, conservés par Galba, Vitel- 
lius et leurs successeurs. Tous les historiens, depuis Tacite, 
avaient observé après la mort de Néron un revirement dans 
l'esprit des institutions impériales , qui, d’aristocratiques 
qu’elles étaient, devinrent démocratiques * ; et l'attribution 
que nous proposons comble, pour ainsi dire, une lacune 
de l’histoire monétaire en faisant coincider l'adoption des 


3 Eckhel ( D. N., VI, p. 317) fait observer que les noms de ces divinités . 
rappellent ces vers d’Ovide ( Fast. IV, 827-28) : 
Vox fuit hec regis; condenti Jupiter urbem , 
Et genitor Mavors, Vestaque mater ades. 
2 Tacit., Hist., I, 4. 


22h MÉMOIRES 


nouveaux types avec l'inauguration du nouveau droit public. 
‘ D'un bout de l'univers à l’autre, on saluait avec joie la 
mort du tyran et l’ére nouvelle qu'on croyait être celle de 
la liberté, mais en même temps toutes les ambitions parti- 
culières, plus ou moins contenues jusque-là, commençaient 
à se montrer. Le mouvement éclatz avec plus de violence 
dans l'Occident que dans les provinces orientales; la nu- 
mismatique vient encore ici à l'appui des données de l’his- 
toire. Les médailles de Clodius Macer constatent le soulè- 
vement de l'Afrique‘. Sur ces pièces la forme du génitif 


4 1° L.CLODIVS MACER. Tête nue à droite; dessous, S.C. 

>. PROPRAE.AFRICAE. Galère. Argent(Cohen, t. I,p.217, pl. XII, n° 10}. 

Poids, 3sr,70, 23,86. | 

2° L.C.MACRI CARTHAGO. Buste tourrelé de Carthage à droite ; der- 
rière, une corne d’abondance ; dessous, S.C. 

>. SICILIA, Tête de Gorgone au centre de la triquetra, accompagnée de 
trois épis. Argent (Cohen, Clodius Macer, n° 8 ). 

Poids, 35°,30. 

3° ROMA. Tête casquée de Rome à droite: dessous, S.C. 

>. L.CLODI MACRI. Trophée. Argent. 

Poids, 3,04. (Cabinet de Copenhague. Voir Falbe, Recherches sur Carthage, 
p. 122, pl. VI, n° 28.) 

4 L.CLODI MACRI S.C. La Liberté debout à gauche, tenant un bonnet 
et une couronne, 

>. LEG.I.LIB.MACRIANA. Aigle légionnaire entre deux enseignes de co- 
hortes. Argent (Cohen, n° 3), 

Poids, 25,79, 

5° L.CLODI MACRI LIBERATRIX S.C. Buste de l'Afrique à droite. 

>. Semblable au rovers précédent. Argent (Cohen, n° 7 ). 

6° Même légende, même buste. 

>. LEG.TILAVG.LIB. Même revers. Argent. 

Poids, Cabinet de Stockholm, 35,80. 

7° Autre semblable, derrière le buste de l'Afrique, deux javelots. Argent 
( Cohen, n° 6). 

8° C.(sic)CLODI MACRI LIBERA S.C. Buste de l'Afrique comme au n° 5. 

>. LEG.TIT AVG.LIB. Même revers. Argent (Cohen, n° 3). 

Poids, 3,15, 


ET DISSERTATIONS. 225 


CLODI MACRI (inusitée sur les médailles des premiers em- 
pereurs et qui ne se retrouve que beaucoup plus tard et 
rarement sur les pièces impériales); le titre de proprætor, 
au lieu de proconsul'; les lettres S. G (qui indiquaient 
l'intention réelle ou simulée de n'agir que d'accord avec le 
sénat), et les types eux-mêmes (ceux surtout des pièces 
sans la tête), sont autant de réminiscences républicaines 
et offrent plus d'un rapprochement curieux avec le mouve- 


ment de la capitale et avec les médailles dont nous nous 
occupons. 


S L. CLODI MACRI en deux lignes a droite et à gauche d'une tâte de 
lion de profil à droite. 

>. Semblable an n° 6. Argent ( Cohen, n°5). 

Poids, 3,50, 

10° Autre à peu près semblable. Argent. 

, Poids, Cabinets de France et de Saint-Pétershourg, 35,59 et 35,22, 

ile Autre semblable, avec une différence dans Ja disposition de la légende. 
Argent. 

Poids, 38",35 ( Cabinet Thomsen, à Copenhague). 

12° Semblable au n° 10, avec la légende L.C.MACRI Argent. 

Poids, 2,70 (Cabinet de Gotha). Voyez Liebe, Goth. num., p. 245. 

13° L.CLODI.MACRI. Buste ailé de Ja Victoire à droite; dans le champ, 8.C, 

>. Semblable au n° 10. Argent ( Cohen, n° 4). 

Poids, 4s",05 ( Cabinet de France et Musée Britannique'. 

M. L. Müller, à qui nous empruntons la description de ces médailles, fait 
remarquer jeur ressemblance avec les deniers romains de l'empire et celle Je 
leurs types avec ceux de la république ; nous leur tronvons une ressemblance 
encore plas frappante pour la forme des lettres, les types et les poids avec 
les autonomes. M. Müller n’admet pas l'explication de M. Mommsen ( p. 745, 
note 17), qui voit dans le titre de proprætor un retour aux usages républicains ; 
ildémontre savamment que ce titre avait souvent été donné aux gouverneurs 
d'Afrique par les empereurs. Ces observations ne nous semblent pas incompa- 
tibles avec celle de M. Mommsen ; les types républicains concordent avec un 
titre républicain, ce qui n’empâche pas que ce titre n'ait pu, dans d'autres 
temps, être donné pour d’autres raisons. ( Voyez L. Müller, Numismatique 
de Vancienne Afrique, t. II, p. 170 et suiv.) 

1 Voyez Mommsen, Geschichte des Rômischen Monzwesens, ch. VII, 1, p. 745, 


1862,— 3. 16 


226 MÉMOIRES 


L’insurrection de l'Afrique avait été précédée par celle 
de l'Espagne; le soulèvement des légions et l'entreprise 
de Galba en furent la cause et l'effet ; la Gaule, déjà ébran- 
lée par Vindex, suivit la même impulsion. 

Les pièces décrites ci-dessus (n° 5, 25, 52) avec les 
légendes GALLIA et HISPANIA, ainsi que les pièces analo- 
gues avec ou sans la tête de Galba, apportent à la série qui 
nous occupe le contingent des provinces transalpines, en 
même temps qu'elles viennent prouver, une fois de plus, 
le rôle que jouèrent l'Espagne et la Gaule dans la révolu- 
tion qui porta Galba sur le trône impérial, rôle d'autant 
plus important à constater qu'il est le premier exemple de 
Yimmixtion des provinces dans les destinées de l'empire, 
« omnes legiones ducesque conciverat, dit Tacite ', evulgato 
« imperii arcano posse principem alibi quam Rome fieri. » 

M. Hermann®* donne à la pièce décrite sous le n° 5 une 
date un peu plus récente et il la suppose frappée l’an 70 de 
notre ère, lors des troubles excités par la lutte entre les par- 
tisans de Vespasien et ceux de Vitellius, troubles à la faveur 
desquels Tutor, Civilis et Classicus essayèrent d’affranchir 
leur patrie et de fonder ce que M. Amédée Thierry appelle, 
d'après Tacite *, l'empire gaulois, Imperium Galliarum *. 
Les raisons données par M. Hermann pour justifier son 
attribution sont assez spécieuses et méritent certainement 
d’être soigrieusement examinées, d'autant plus que l'insur- 
rection de Civilis fut une des plus violentes de celles qui 


1 Hist., 1,4. 

2 Eine Gallische Unabhüngigkeit"s Hanse aus rémischer Kaiserseit, Gdttingen, 
185], in-8°. Cette rare médaille appartient à M. le docteur Hæberlin, à Franc- 
fort-sur-le- Mein. 

3 Hist., IV, 59. | 

4 Histoire des Gaulois depuis les temps les plus rerulés jusqu'à nos jours, 1. 1X, 
ch. 2,t. 1], p. 518, de la quatrième édit'on. | 


ET DISSERTATIONS. 297 


éclatèrent dans les Gaules, qu'elle fut près de réussir, 
et qu'il est fort probable que les insurgés auraient pu 
battre monnaie malgré le peu de temps qu'elle dura; 
mais jusqu'à présent nous n'avons aucune pièce que nous 
puissions attribuer d'une manière positive à cette époque; 
celle qu'a publiée M. Hermann, par son type et par sa fabri- 
que, se rapproche trop des pièces frappées dans les Gaules 
du temps de Galba pour qu'il soit permis de l’en séparer. Elle 
a surtout une grande analogie avec la médaille du Cabinet 
de Vienne décrite sous le n° 2, et sur laquelle on voit au 
revers de la tête de la Liberté, LIBERTAS RESTITVTA, 
la Concorde, CONCORDIA, assise, tenant une enseigne sur- 
montée du sus gallicus. Ici nous voyons la Gaule, GALLIA, 
et au revers deux mains jointes tenant la même enseigne, 
avec la légende FIDES ; ces deux types ne représentent-ils 
pas une seule et méme idée, celle de la fidélité des peuples 
gaulois à l'empire et de leur concorde avec les légions ro- 
maines ‘? De plus, il ne faut pas oublier que cette insurrec- 
tion, plus germanique et batave que gauloise, échoua préci- 
sément par I’ hésitation des principaux chefs gaulois, et que 
l'attachement des Séquanais à la cause romaine lui porta le 
premier coup. Enfin si des chefs, tels que Civilis et Classicus 
avaient voulu mettre leurs noms sur les monnaies, ils l’au- 
raient fait franchement et non par un symbole comme le 
suppose M. Hermann, qui voit dans la trompette gauloise 
placée derrière la tête de la Gallia les armes parlantes de 
Classicus. 
Rien dans l’histoire ou dans la situation de l'empire ne 


1 Ce que dit Tacite | Hist., I, 54) un peu plus tard au sujet des troubles 
militaires qui précédèrent la chute de Galba peut servir à expliquer ce type : 
« Miserat civitas Lingonum , vetere instituto, dona legionibus, deriris, hospilii 
insigne. » 


A  — 


223 MÉMOIRES 


s'opposant à l'attribution que nous proposons pour les 
médailles autonomés, nous allons voir maintenant si l'étude 
des monuments eux-mêmes vient encore la confirmer. 

En examinant les pièces autonomes d’or et d'argent clas- 
sées jusqu'ici à Auguste, on remarque combien elles sont 
plus légères que les pièces analogues à l'effigie de ce 
prince, et qu'elles égalent en moyenne le poids des mon- 
naies ' frappées pendant la seconde moitié du règne de 
Néron et sous Galba. 

M. Cohen a restitué à Galba les deux médailles au type 
de la famille Junia, surtout parce que leur poids rend im- 
possible de les classer à l'époque républicaine *. Pourquoi 
alors laisser au règne d’Auguste les autres qui sont exac- 


* Sur lestreize pièces d'or de Néron de ma collection, six avec la tête im- 
berbe pèsent de 76,50 à 76,70, et en moyenne 75",60 ; les autres avec la barbe 
appartenant par conséquent aux dernières années de son règne, pèsent de 
75°,15 à 75,30, en moyenne environ 78,25. 

Les pièces d’argent de Néron pèsent en moyenne, avec la tête jeune, 36,47, 
avec la tate barbue, 36",30. 

La moyenne de l'argent, sous Galba, est de 85,25 sans sa tête, ot de 35,22 
avec sa tête: celle de l'or est de 75,20, 

3 M. Cohen fait observer en même temps que ces pièces ont bien pu être frap- 
pées pendant l’interrègne ; il cite même le passage de Suétone que nous donnons 
en tête de cet article , puis il s'arrête là, et classe ces médailles avec les antres 
autonomes à la suite de Galba, M. l'abbé Cavedoni ( Revue numismatique, 1862, 
p. 74) admet l'attribution proposée par M. Cohen; il la croit trés-rationnelle, 
cependant il ajoute : « Il me reste un léger doute en considérant que Néron 
« finit sa vie par le suicide, et ne succomba pas, comme Jules César, sous le 
« poignard des conjurés. » Ce scrnpule du savant numismatiste modénais me 
semble un peu exagéré; le genre de mort est ici une chose fort secondaire, le 
principal est l’idée que l'on attachait à la mort du souverain; cette idée était 
celle de la liberté et de l’indépendance après le suicide forcé de Néron, de 
même que quatre-vingt-douze ans auparavant après l'assassinat de César.— 
Le type des deux poignards fuit souvenir aussi du passage suivant, relatif à 
la mort violente de Néron : « Conterritus duos pugiones quos secum extulerat, 
adripnit, tentaque utriusque acie, rursus condidit, » Sueton., Nero, 49, 


ET DISSERTATIONS. 229 


tement dans les mêmes conditions '? Quelques-unes de ces 
pièces sont plus légères , d’autres sensiblement plus lour- 
des, et parmi ces dernières on en remarque (comme le 
n° 73, par exemple) qui ont été attribuées à Vitellius. Si le 
principe de prendre le maximum du poids pour base du 
classement était absolu, ces pièces devraient être restituées 
à la république. Quelquefois il existe une très-grande diffé- 
rence de poids entre les exemplaires de la mème pièce. Les 
médailles de Clodius Macer , toutes frappées en Afrique et 
dans l’espace de quelques semaines. offrent un exemple 
trés-remarquable de cette inégalité dans le poids. Cette 
inégalité peut donc être considérée comme un des signes 
caractéristiques du monnayage à cette époque de pertur- 
bation. 

Le grand nombre de pièces fourrées qu'elle présente est 
encore une particularité de la série des autonomes, particu- 
larité qui convient également à un temps de troubles et de 
révolution. Les règlements contre les faux monnayeurs de- 
vaient être alors fort peu observés ; d ailleurs le sénat autori- 
sait peut-être lui-même cette fraude, qui profitait au trésor 
et aux monétaires, et à laquelle on avait déjà eu recours sous. 
la république dans des moments de crise et de pénurie. Le 
nombre des pièces fourrées qui étaient alors tolérées avait 
même été déterminé par des décrets spéciaux. Ainsi, pen- 
dant la seconde guerre punique on voit que la proportion 
én avait été fixée à un huitième de l'émission totale ?; le 


i M. Arneth, conservateur du Cabinet impérial de Vienne, avait déjà re- 
noncé à la classification d’Eckhel pour les autonomes attribuées au règne 
d’Auguste, et, dans sa Synopsis, il les partage toutes entre les règnes de Galba 
et de Vitellius; il ne lui restait done qu'un pas à faire pour arriver à la mo- 
dification que je propose aujourd’hui, et j'ose me flatter qu'il l’approuvera. 

2 Voyez Mommsen, Geschichte des Rômischen Munswesens, p. 386 et 389, 


930 MEMOIRES 


même abus sest peut-être renouvelé après la mort de 
Néron, et justifierait une fois de plus l’accusation de Tacite : 
« Usurpata libertate licentius utebantur. » 

Pour ce qui est de la fabrique, il suffit d'un coup d'œil 
jeté sur les médailles pour s'en rendre compte; celles 
mêmes qui ont été jusqu'ici classées au règne d’ Auguste 
ressemblent beaucoup moins aux médailles de ce prince 
qu'à celles de Galba pour l’aspect métallique, la forme des 
lettres et la disposition des légendes. Sans en faire l’ana- 
lyse, la vue seule des pièces montre que le titre est infé- 
rieur à celui usité du temps d’Auguste, et certainement 
supérieur à celui de Septime-Sévère. 

Il nous reste maintenant à étudier les motifs qui ont con- 
duit Eckhel à adopter sa classification et à voir s'ils sont 
assez forts pour lutter avec tout l'ensemble de faits et de 
docaments que nous lui opposons. Ce savant n’assigne de 
date précise qu'aux pièces rangées à Auguste *, et il laisse 
les autres dans les numi vagi * : voici comment il motive 
son opinion : «La plupart, dit-il, ont été classées par 
« Morell partoi les incertaines des familles, mais leur aspect 
« et leurs types ne semblent pas confirmer cette opinion ; 
« Pellerin avait essayé de classer celles qui portent les lé- 
« gendes MARS VLTOR ou Y VCLANVS VLTOR, après la prise 
« de Corinthe ou de Carthage, ce qui n’est pas admissible 
« pon plus; il est d’ailleurs fort douteux qu’il existât un 
« temple dédié à Mars Ultor sous la république, et celui 
« qu Auguste lui consacra pour y déposer les armes reeon- 
« quises sur les Parthes fut probablement le premier à 


4 Cohen, Description des monnaies frappées sous l'empire romain , t. E, p. 101. 
— Eckhel (D. N., VI, p. 96 et 108) attribue les unes à l'an 734 , et les autres 
à l'an 742 de Rome. 

1 D. N., VI, p. 96, sqq. 


ET DISSERTATIONS. 23t 


« Rome sous cette invocation; ces médailles peuvent donc 
« parfaitement avoir trait à ce dernier événement ; quant à 
a Vulcanus Ulior, nous ne lui connaissons ce titre que par les 
« médailles. » Eckhel suppose qu'il lui fut donné à l'occa- 
sion de la victoire parthique; Vuleain était un des dieux 
tutélaires de Rome; les armes des Romains étaient fabri- 
quées sous ses auspices, il était donc autant que Mars in- 
téressé à leurs suecès et 4 venger leur opprobre. « De tout 
«temps, ajoute l’illnstre numismatiste viennois, les armes 
« des vaincus étaient considérées comme une victime 
« agréable à Vuleain, et on lit dans Servius ‘ que Tarquin 
«l'Ancien ayant défait les Sabins brûla leurs armes en 
« l'honneur de Vulcain, exemple suivi plus tard par Sem- 
« pronius, qui sacrifia sur un immense bûcher les armes 
«enlevées aux Sardes*. Une inscription rapportée par 
« Grater atteste le culte d’un Vulcanus Mititaris; une autre 
« parie d’une statue consacrée à Vulcain par Auguste en 
« 745. » Eckhel suppose que les médailles sur lesquelles 
on voit des divinités remplacer la tête du prince étaient 
distribuées au peuple dans des occasions solennelles : 
par exemple , à la consécration des temples, des statues, 
ou dans les jeux du cirque, qui, au rapport de Varron 
et de Dion Cassius, se célébraient en l’honneur de Mars’, 
le À des ides de mai, et en l’honneur de Vulcain, le 40 
des calendes de septembre ‘. 

Quant aux autres, il ne les suppose frappées sous Au- 


1 Ad Virg. Æn., VIII, 562. 

2 Tit.-Liv., XL], 12. 

3 « Solemnes ludos circe eclebrate, Quirites. » Ovid., Fast, VW, 597. 

* Le fragment d'un ancien calendrier indique pour le IV des ides de mai 
LVDI.MART.IN.CIRC., et sur an marbre du Recusi! de Gruter, p. LXI, 3, les 
Vulcanalia sont fixécs an 10 des calendes de septembre, 


232 MÉMOIRES 


guste que parce que leurs types se trouvent quelquefois au 
revers de la tête de ce prince. Le Genius Populi Romani se 
voit déjà sur les deniers de Ja famille Cornélia'; sa réunion 
avec les revers aux légendes Ob rives servatos, Signa po- 
puli Romani s explique, dit Eckhel, par l'intérêt qu'il de- 
vait porter à son peuple. 

Ces raisons me semblent plus spécieuses que solides ; 
elles expliquent parfaitement la présence de ces types au 
revers des médailles d’Auguste; elles justifieraient même 
l'attribution d’Eckhel si elles étaient seules de leur espèce, 
et qu'il ne s’en trouvât pas d'autres entièrement analogues 
pour lesquelles il est obligé de chercher une place aux 
règnes de Galba et de Vitellius ; et uniquement cette fois 
parce que des revers semblables se trouvent sur les mé- 
dailles de ces empereurs ; pour être conséquent, 5l aurait 
fallu attribuer les pièces (n* 15, 16, 17, 18) à Néron , à 
cause des revers analogues IVPPITER LIBERATOR (Cohen, 
n° 17), LEIBERTAS * (Cohen, n° 48), IVPPITER CVSTOS 
(Cohen, n* 42 et 13) et à Claude le n° 60, à cause du re- 
vers PACI AVGVSTAE, qui ne se rencontre pas moins de 
dix-sept fois sur les médailles de ce prince. 

M. Cohen dit avec raison que les pièces de Galba sont 
si nombreuses, qu'il est impossible d'admettre qu'elles 
aient toutes été frappées depuis son retour à Rome, et que 
beaucoup ont dû être frappées en Espagne. Je partage son 


* Cohen, Médailles de la république romaine, pl. XIV, Cornelia, n°° 10 et 11. 
2 * Mionnet, en parlant de cet aureus de Néron, fait observer qu’il est de fa- 


n° 114. I] pourrait donc bien avoir r été frappé dans les Gaules, à l'époque de 
ja révolte de Vindex ; le mot Leibertas aurait. été comme une espèce de pro- 
testation contre Néron; l’orthographe Leibertas est celle employée sur les 
pièces républicaines de la famille Cussia. Voy. Cohen, pl. XII, Cassia, n 14 
et 15; pl. XXIII, Junia, ne 13 (quinaire), pl. XXXVIII, Servilia, n° 7. 


ET DISSERTATIONS. 233 


opinion et je propose de classer immédiatement après le 
règne de Nérop les autonomes frappées les unes à Rome 
sous l'autorité immédiate du sénat, et que l’on pourrait 
aussi appeler par cette raison monnaies sénatoriales, et les 
autres en Espagne et dans les Gaules. A la suite des auto- 
nomes, on placerait les pièces avec le cavalier et le nom de 
Galba, toutes frappées hors de Rome et peut-être mème 
avant sa proclamation par le sénat, enfin viendraient celles 
avec la tête de l'empereur, qui sont les plus récentes de ce 
règne si court. 

Ce qui eut lieu après la mort de Néron ne se renouvela 
pas après celle d'Othon. La nouvelle du changement de règne 
trouva le peuple rassemblé au théâtre et assistant aux jeux 
de Cérès ‘. Elle fut accueillie par les applaudissements de la 
multitude, pendant que Sabinus, préfet de la ville, rassem- 
blait les troupes et leur faisait prêter serment; il n’y eut 
donc pas d’interrégne, et le sénat n'eut pas le temps de 
frapper des médailles autonomes. 

Des découvertes ultérieures nous apprendront s'il existe 
des pièces de grand bronze contemporaines; nous n'en 
connaissons pas encore, mais nous avons toute une série de 
petits bronzes décrits dans l'ouvrage de M. Cohen’ à la suite 
de Vespasien le Jeune, et d’une attribution jusqu'ici incer- 
taine ; les types ne sont caractéristiques pour aucune époque 
particulière, et ils peuvent parfaitement convenir à celle-ci : 
Junon, Pallas, Jupiter, Mars, le Génie du peuple, la Liberté ; 


1 « At Rome nihil trepidationis : Ceseaies Indi ex more spectabantur. Ut 
cessisse vita Othonem et a Flavio Sabino, præfecto urbis, quod erat in urbe mi- 
iitam sacramento Vitellii adactum, certi auctores in theatrum attulerunt, 
Vitellio plausere..... In senatu cuncta longis aliorum principatibus composita 
statim decernuntur. » Tacit., Hist.. I], 55. 

3 Description historique des monnaies de l'empire romain, t. 1, p. 463. 


23h MÉMOIRES 


au revers, une colombe, un trophée, une branche de laurier, 
une chouette, la louve avec Romulus et Rémus, l'aigle éployé 
sur un foudre, l'aigle légionnaire entre deux enseignes 
de cohortes, la massue, le caducée, le trépied ; on n'y voit 
aucune légende, et seulement les lettres S. C. Je propose- 
rais donc de retrancher de la série, telle que la donne 
M. Cohen, les pièces qui ne peuvent être classées à l’in- 
terrègne, de rendre, par exemple, à Annius Vérus la mé- 
daille avec la tête d'enfant, comme on l’avait fait jusqu'ici, 
de ranger avec les tessères toutes celles qui ne portent pas 
le S. C., et je mettrais toutes les autres à la suite des 
autonomes que nous avons décrites. Cette attribution 
semble d'autant plus raisonnable que des pièces tout à fait 
semblables se trouvent à divers règnes avee les noms des: 
empereurs. 

Je ne crois pas avoir épuisé le sujet; H existe proba- 
blement d’autres pièces que je ne connais pas qui pour- 
raient trouver place dans cette série, et qui sont con- 
fondues avec les ineertaines dans les tiroirs de quelque 
médailher. Mais j'en ai dit assez pour éveiller J'attention 
des numismatistes sur les autonomes, et peut-être pour 
soulever un coin du voile qui cachait encore cette partie 
de la numismatique. 

BLACAS D'AULPS. 


ET DISSERTATIONS. 235 


DESCRIPTION 


DES 


MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUSIN. 
(PL X11, XU, XIV et XV, 1867.—PL. II, I et XVIII, 1868.) 


Dixième article. — Voir Recus numismatique, n° 5, 1861, p. 348. 


ARNAC-POMPADOUB. 


98. — -+-ARTONACO FI. Buste à droite; tête diadémée ; 
chevelure tombent sur la nuque en un seul rouleau. 

BR. MARIAIO MOIXI. Croix longue, avec un point ou glo- 
bule au premier canton; le tout dans une couronne de 
perles. 

Tiers de sou d'or. Poids, 15,05. Deuxième quart du 
vil siècle. — Médaillier de M. B. Fillon. 

112. — VRTVNACO VI (Artunaco vico). Buste à droite, 
orné de deux rangées de perles à la partie supérieure ; 
tête ceinte d’un diadème terminé par une perle sur le front 
et par deux perles sur la nuque. 

À. ..... .NDVI.. Guerrier muni d'un casque et d'une 


cuirasse, armé d’une lance, marchant à gauche sur une 
base. 


238 MÉMOIRES 


Il serait superflu, en présence du caractère si prononcé 
du style de cette pièce, d'en démontrer l'origine limousine. 
Nous nous bornerons à signaler l'identité du revers avec 
celui de Brive (n° 63), et du dispositif du buste, de la 
croisette et de la couronne du droit avec ceux de Cornil 
(n° 114). 

Dès l'an 573, nous voyons Yssandon ‘ mentionné dans 
le célèbre testament de saint Yrieix ( Aredius ) sous le nom 
de castrum Issando *. Aux 1x° et x* siècles, ce nom a subi 
une légère altération , et le pagus ainsi que la vicairie, 
dont l'antique château était le chef-lieu, prirent le nom de 
pagus et vicaria Exandonensis * ; au xr° siècle l’x se change 
en s, et nous trouvons dans plusieurs actes de cette pé- 
riode la forme Essando et Essandones *, ou Essandoneis *. 
On est revenu peu à peu, depuis cette époque, au vocable 
Issando du testament de saint Yrieix, qui a produit le 
nom moderne d'Yssandon. 


RIVISUM ?( lieu inconnu du Limousin 


65. — PLOURIDO MOI. Buste à droite; tête ornée d’un 
bandeau terminé sur la nuque par une grosse perle ; le tout 
dans un cercle perlé. 


1 Canton d’Ayen, arrondissement de Brive ( Corrèze ). 

2 Le saint prêtre dit dans son testament qu’il donne aux moines d’Atanum, 
quia pris depuis le nom de Saint-Yrieix, notamment «in [esandone castro, aream 
intramuraneam. » Charts et diplomat., édit, Pardessus, t. I, ad ann. 578. 

2 Cartulaire de Beaulieu, ch. X, ann. 886-887; LXIV, ann. 904; LXXIII, 
ann. 967. Cf. ch. IX, XI, XII. 

« Geraldus d’Essandones. - Mas. Biblioth. imp., cartul. 185, t. le", p. 249. 
Cf. ibéd., p. 549 et 657. 

«Totum onorem (sic) de Essendoneis.» Charte de Hugues de Castelnau, 
abbé laïque de Beaulieu , en faveur de l'abbé de Cluny, ann. 1076; dans notre 
Introduction au cartulaire de Beaulieu, p. XXV, note, col. 2. 


ET DISSERTATIONS. 239 


®. RIVI... AM. Croix latine sur deux degrés, dans un 
cercle de perles. 

Tiers de sou d’or pur. Troisième quart du vu° siècle. — 
Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale. 

L’'effigie qui est au droit de cette pièce ' rappelle le beau 
profil des n° 62 et 443, ci-dessus décrits. Le seul nom de 
lieu limousin que nous ayons pu jusqu’iei rapprocher de 
la légende du revers est celui de Rivisum, mentionné dans 
une charte écrite vers l'an 1058 *. La position de cette 
localité ne nous est pas connue : nous savons seulement 
qu'elle était dans le voisinage de Chamboulive *, de la 
vicairie duquel elle dépendait. Au nord de Chamboulive, 
il y a un hameau nommé la Rivière , mais ce dernier vo- 
cable provient vraisemblablement de Ribeira ou Riberia, 
et nan de Rivisum. 

SEILHAC. 


66. — BOSOLENO. Tête à droite, ceinte d’un bandeau 
terminé sur le front et sur la nuque par deux bandelettes; 
le col orné d’un double collier de pertes. 

à. +SA..11..CO FITO. Croix égale, potencée, sur up 
double degré, surmontée d’un point ou globule; dans une 
couronne de feuillage. 

Tiers de sou d'or. Troisième quart du viit siècle. — Ca- 
binet des médailles de la Bibliothèque impériale. 


1 Ce triens est peut-être celui que M. Conbrouse a reproduit dans sop 
Recueil de monét. mérov., pl. XXV, n° 1, et où il a lu au droit FLADOALDO 
MOI, et au revers RISI...INIvI. 

2 « Ugo et Willelmus Sancti Aredii concesserant unum mansum qui vo- 
catur Riviswm, in vicaria Cambolivense , audiente Ebulo vicecomite, regnante 
Aenrico rege. » Mss. Biblioth. impér., cart. 135, t. l°", p. 566. 

3 Chamhoulive est dans le eantou de Seilhac, arrondissement de Tulle 

Corrèze }. 


2h0 MÉMOIRES 


Le type de ce triens est méridional : il rappelle les n°’ 65 
et 62 (Brive); le double collier de perles est analogue à 
celui du n° 142 (Arnac-Pompadour); enfin la croix et les 
deux degrés du revers le rapprochent du n° 66 '. Le lieu 
d'émission est peut-être Salliacum, aujourd'hui Seilhac, 
chef lieu de canton dans l'arrondissement de Tulle (Cor- 
rèze), qui, au x° siècle, avait donné son nom à une cir- 
conscription administrative appelée vicaria Salliacensis *. 

Il existe au Cabinet des médailles, parmi les incertaines, 
un autre triens qui n a pas été gravé sur nos planches et 
qui provient, suivant nous, comme le précédent, du bourg 
de Seilhac. Voici la description de cette pièce, que nous 
croyons inédite. 

+BOcrELINA™. Buste à droite habillé; tête au long col, 
ornée d'un bandeau prolongé au sommet. 

R. wA..1.1..CO FIT (Salliacu?). Croix dont les branches 
sont fourchues, et dont le montant s élargit à son extré- 
mité supérieure, posée sur un degré au-dessous duquel 
est un globule, et entourée d’une couronne de feuillage. 

Le travail de cette monnaie est assez barbare pour qu'il 
convienne de la faire descendre à la fin du vit* siècle. 


VIII. GROUPE. 
TURENNE 8. 


67. — CLODOVEO. Tête nue tournée a droite ; cheveux 
hérissés ; buste habillé, sans ornement. 


1 M. B. Fillon , qui a édité cette monnaie | Revue num., ann. 1855, p. 403, 
pl. XIII, n° 6), l'a attribuée à Sailly, bourg de Saône-et-Loire; mais elle nous 
paraît avoir une origine méridionale qui ne se concilie pas avec cette attribution. 

Ch. circa ann. 1088. Mss. Biblioth. impér , inter Baluz. schedas, arm. 
jucert., paq. 2, n° 3. 
Chef-liea de canton dans l’arrondissement de Brive (Corrèze). 


ET DISSERTATIONS. 2h41 


W 


& .... RINNA:. Croix longue haussée par un degré, avec 
un R suspendu à la haste, accostée de deux globules ou 
‘gros points sous les bras. 

Tiers de sou dor. Or jaune. Poids, 15,45. An 638-656. 
— Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale. 

M. Adrien de Longpérier, qui le premier a publié cette 
curieuse monnaie, quand elle faisait partie de la collection 
de M. J. Rousseau, a lu seulement au droit .. LODOVEI, et 
au revers....INNA I. Quant à la position de l'atelier, guidé 
par le type méridional de la pièce, il a fait remarquer que la 
légende du revers était peut-être [VES]VNNA, Périgueux, 
ou [VIE]NNA , Vienne en Dauphiné, ou (BA]NNA[CIACO], 
Bannassac en Gévaudan :. 

I] est à remarquer d'abord que ces attributions ne se con- 
cilieraient guère avec les deux syllabes INNA de la légende. 
En second lieu, on voit distinctement au droit de notre 
triens la base d'un C initial et de l'O final de CLODOVEO. 
En troisiéme lieu, nous observons au revers, en avant de 
INNA, la partie inférieure d’une lettre à deux jambages, 
dont le second, celui de droite, oblique au premier, indique 
nécessairement un R, ce qui donne le fragment de légende 
RINNA. A l'égard de l’1 qui terminerait la légende, suivant 
M. de Longpérier, nous ne voyons que la partie inférieure 
d’une lettre qui peut être un F. 

Parmi les types méridionaux, celui du Limousin nous 
paraît convenir à cette pièce; et le célèbre et antique cas- 
trum TORINNA ou THORINNA. situé dans la partie sud de 
cette province, doit en recevoir mieux que toute autre 
localité, à notre connaissance, l'attribution géographique. 


1 Notice sur les monnaies françaises de la collection Rousseau, p. 35, pl. 1, 
n° 102. 


1862, — 4, | | 17 


2h2 MÉMOIRES 


La syllabe initiale TO ou THO et la croisette qui devait la 
précéder rempliraient parfaitement l’espace laissé vide 
autour de la croix du champ. ; 

Le castrum Torinna est cité pour la premiére fois dans 
les Annales de Metz, d'après lesquelles le roi Pépin le 
Bref, dans la guerre contre le duc des Gascons Waifer et 
contre l'Aquitaine insurgée, prit les trois forteresses d’Es- 
coraille (Scoralia), de Turenne ( Torinna ) et de Peyrusse 
( Petrocia ) *. 

Aux ix° et x° siècles, le château de Turenne, possédé par 
des seigneurs décorés du titre de comte et plus tard de 
vicomte, et affranchis du payement d'impôts, souverains 
sur leur terre et ne relevant que du roi, était le chef-lieu 
d'une vicairie et d'un pagus du Limousin, qui. du nom de 
ce castrum, s appelèrent Torinensis, Tornensis ou Toren- 
nensis et puis Turennensis *. 

Le nom de Clodoveo, qui est inscrit au droit de notre 
triens, est assurément, comme l’a pensé M. de Longpérier, 
celui du roi Clovis II (an 638-656), ce qui donne à cette 
pièce une date assez précise. Mais, à la différence d’une 
monnaie de notre série précédemment décrite (n°4), qui 
présente également le nom de Clovis II en légende, la tête 
ceinte d’un bandeau perlé et le col orné d’un collier de 
perles, l'effigie encadrée dans la légende du droit ne nous 
offre ici qu’une tête nue et un buste sans orrement. Ce ne 


1 « Multas munitiones adquisivit, castrum videlicet Scoraliam, Torinnam 
(alias Thorinnam) et Petrociam. .» Annal. Francor. Mettens,; dans D. Bouquet, 
Histor. de France ,t. V, p. 339, et dans Pertz, Monument. German. historic. 
SS., t. J, p. 74-75. 

8 Cartulaire de Beaulieu, ch.I,1X,.XIT, XXII, XX XIII, LAV, LXVI, CVIN, 
CXI, CXXVII, CXXXII et CXLV. — Chartes du Cartulaire de Tulle, dans 
Baluze, Histor, Tutel., append., col. 341, 348, 354 et 382. 


ET DISSERTATIONS. 243 


peut être celle du roi Clovis, encore moins celle du mon- 
nayer ; ne faut-il donc pas y voir la représentation d'un de 
ces leudes, qui, en possession de Torinna et du grand béné- 
fice que ce casitrum commandait, y faisait frapper monnaie 
à son effigie, tout en maintenant le nom du prince dans la 
légende circulaire ! ? 


IX° GROUPE. 


BEYNAT. 


68. — -++ BIAENATE PAGO. Tête à droite, casquée et 
ceinte d'un bandeau perlé se prolongeant sur Ja nuque; 
buste habillé. 

A. + SECONE MONETA. Croix à branches égales, can- 
tonnée des lettres L.E.™.0, accostée à l’une de ses bran- 
ches d’un gros point ou globule, et entourée d’un grènetis. 

Tiers de sou dor pâle. Poids, 14,15. Deuxième tiers 
du vii* siècle. — Cabinet de M. le docteur Voillemier, à 
Senlis. 

L'origine limousine de cette pièce, attestée par les lettres 
qui sont dans le champ du revers, n’a pas besoin d’être 
démontrée. M. de Longpérier l’a (dubitativement, il est 


1 I] n'est pas sans intérêt de faire remarquer que, sur la monnaie frappée 
dans le premier tiers du x111* siècle au nom des vicomtes de Turenne, la croix 
du ravers était cantonnée de deux annelets sous les bras, comme celle de notre 
triens est cantonnée de deux globules ou gros points (voir une obole publiée 
par M. Fillon, Études numismatiq., p. 69, pl. Il, n° 16). Le droit que les soi- 
gneurs de Turenne avaient de battre monnaie est constaté non-seulement 
par une sentence de Ja reine Blanche de 1250 (Cf. notre introduction au 
Cartulaire de Beaulieu , publié dans Ja Collection des documents inédits de l’his - 
toire de France, p. XXX1, not.), mais par un passage de la Chronique de 
Geoffroi de Vigeois écrite an xm° siècle (Ph. Labb., Now. Biblioth. mss., 
t. II, p. 290). 





ET MÉMOIRES 


vrai) attribuée à Beynat, chef-lieu de canton de l’arrondis- 
sement de Brive (Corrèze) *. Cette attribution est exacte, et 
nous croyons pouvoir la justifier. Le vicomte Adémar, abbé 
laïque de Saint-Martin de Tulle, fait mention dans son tes- 
tament, dressé vers l’an 930, d’une vicairie du Limousin, 
dont Beynat était le chef-lieu, et qui s'appelait ricaria 
Beennatensis *. La différence qui existe, dans la première 
syllabe, entre ce nom et celui qui est inscrit sur notre triens 
provient de l'emploi de li pour l’e, dont nous avons tant 
d'exemples dans la numismatique et dans l’épigraphie, en 
sorte qu'il y à identité entre Bienate et Beenale; quant aux 
lettres AE de notre légende, elles représentent en réalité la 
diphthongue > on l'x des Grecs , ce qui achève de nous au- 
toriser à retrouver cette légende dans le nom de Beennate 
du testament du vicomte Adémar. | 

L'importance et l'antiquité de Beynat (qui a toujours été 
en possession d'une église paroissiale et dont le château a 
joué, du reste, dans la période féodale un rôle assez consi- 
dérable ) résultent bien suffisamment de ce fait, qu'il était 
au x° siècle chef-lieu d’une circonscription judiciaire et 
administrative. 

La monnaie ci-dessus décrite offre un intérêt particulier 
en ce qu'il n'existe dans la numismatique mérovingienne 
que sept pièces (la nétre comprise) portant des noms de 
pagi : ces noms sont les suivants : Albivitense pago. — 
Austrebanto. — Biaenate pago. — Briennone pago.— Cum- 
bortese pogo. — Gavaletano. — Velecassino *. 


1 Annuaire de la Société de l'histoire de France, année 1841, p. 217. 

2 Chartes du Cartulaire de Tulle, dans Baluze, Hist. Tutel., append., 
col. 334. | 

3 On a cru voir aussi dans Brionno le nom d'un pagus qui serait la Brenne 
dans l'ancien Berry; mais cette opinion me semble douteuse. | 


ET DISSERTATIONS. 245 


Le type de la tête casquée qui caractérise le neuvième 
groupe de nos monnaies se retrouve : 4° dans un triens de 
Sarrou qui porte sur nos planches le n° 69 ( Seroenno). et 
que nous avons décrit à propos du deuxième groupe, parce 
que l’une des espèces sorties de cet atelier se rattache au 
type de face qui distingue ce dernier groupe; 2° dans un. 
triens d’Espagnac, Espaniaco (n° 70), qui porte sur le front 
un débris du type casqué, et que nous décrirons plus bas. 
Ajoutons que ces deux pièces, ainsi que celle de Beynat, 
ont le type et l'inscription du revers identiques. 


ESPAGNAC. 


70. — E w PANIACO FI. Tête à droite, ceinte d'un ban- 
deau perlé, terminé au sommet par une grosse perle, et 
sur la nuque par deux bandelettes; buste habillé; un fleu- 
ron devant la face. 

R. + GONPOLENO® m (Gondolenos m). Croix latine 
potencée, cantonnée des lettres L.E.M.0. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 45,261. Deuxième ticrs 
du vu‘ siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque 
impériale. 

74. — + SPANIACO F. Tête à droite, ceinte d’un dia- 
dème de perles terminé sur la nuque par trois bandelettes 
perlées; buste nu; sous le buste une rangée de cinq perles. 

R. — T'RTEWINDVS MOI (T'irtewindus moi'). Croix la~ 
tine potencée. | 

Tiers de sou d'or inédit. Or fin. Poids, 45,20. Troi- 
sième quart du vii* siècle. — Médaillier de M. Ponton d’A- 
mécourt. 


1 Le premier des deux V a été gravé sur nos planches comme un P; mais 
e'est bien un double W qui est inscrit sur netre pièce. 


ET DISSERTATIONS. 247 


X* GROUPE. 
VALLIERES, 


72. — VALLARIA VICO FI. Tête à droite, ceinte d'un 
bandeau perlé; buste vêtu du pallium muni de sa fibule, 
ainsi que du lambrequin. | 

R. + GLAVIO MONITARI. Croix latine à branches iné- 
gales, cantonnée sous les bras des deux lettres L. E., sé- 
parée de la Jégende circulaire par un grènetis. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 15,15. Premier quart 
du vu: siècle. — Ancienne collection de M. de Reichel, con- 
seiller d’État à Saint-Pétersbourg, aujourd’hui à |’ Ermitage 
impérial. 

418. — + VALLARIA. Tête informe, à droite, ceinte d'un 
bandeau terminé au sommet par une double bandelette 
affectant la forme d’un V; buste orné de perles. 

À. + GLAVIONE MON. Croix latine renversée. 

Tiers de sou d’or inédit. Poids, 15,16. Fin du vit siècle 
ou commencement du vin. — Cabinet de M. Ponton d'A- 
mécourt. 

Outre ces deux triens de Vallaria, il en existe au Cabinet 
des médailles de la Bibliothèque impériale un troisième, 
qui n'a pas été reproduit sur nos planches, et dont la lé- 
gende , quoiqu’en partie ragnée, permet de retrouver, 
toutes les lettres de notre n° 72 '. 


1 M. Conbrouse l’a décrit une première fois avec la leçon VALE.... 
VICO I. — ». V+LLAVIO MONITARI ( Atlas dea monn. nation. Catalog. 
des mérovingiennes , n° B40 ), et une deuxième fois avec la leçon VALENCIA 
VICO ( Monét. méroring., pl. XLVII, n° 10). Mais la publication du triens de 
M. de Reichel , dans le tome V des Mémoires de la Société archéologique de 
Saint-Pétersbourg (pl. I, n° 11 , a fait cesser tout doute au sujet dela légende 
de cette pièce. 


ET DISSERTATIONS. 249 


le rare exemple parmi les monnaies mérovingiennes du 
vétement antique, lequel atteste une fabrication voisine 
de la fin du vi* siècle ; la deuxième, qui est relative au 
nom du monnayer Glavio inscrit sur les trois pièces de 
Vallières : est-ce une famille de monnayers, dont les mem- 
bres ont successivement et à la distance de trois quarts de 
siècle fait frapper ces triens ? ou bien est-ce un nom qui 
s'est immobilisé sur les produits de l'atelier ? Il est difficile 
de se prononcer sur ce sujet, mais je pencherais vers la 
seconde solution. 


XIe GROUPE. 


BLON. 


73. — BLATOM{A]GO. Tête & droite, ornée d’un ban- 
deau ; buste habillé. 

R. + SAVELONE MONEÏTA]. Croix latine, dans une cou- 
ronne de feuillage. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 14,15. Dernier tiers du 
vu siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque 
impériale. 

7h. — BLATOMAGO. Tête à droite, ornée d’un bandeau, 
et semblable à celle du n° 73; le buste est nu. 

à. + SAVELONE MONETA. Croix latine, dans une cou- 
ronne semblable à celle du n° 73. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 45,25. Dernier tiers du 
vue siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque 
impériale. 

75. — BLATOMAGO FIT. Téte à droite, ornée d'un ban- 
deau perlé se prolongeant sur la nuque ; buste nu ; derrière 
l'épaule une baguette ornée de deux rangées de quatre 
perles chacune. 


250 MÉMOIRES 


À cc. MONETARIO. Croix cantonnée des lettres L.E. 
M.0., et séparée de la légende par une couronne de perles. 

Tiers de sou d'or. Dernier tiers du vi‘ siècle. — Du 
cabinet de M. Lambert, cette pièce paraît avoir passé dans 
le médaillier de M. Cartier. Car Lelewel, qui l'a publiée, 
annonce que M. Cartier lui en a communiqué le dessin ’. 

76. — BLATOMO SEI MART *. Tête à droite, ceinte d'un 
bandeau ; le col et le buste ornés de perles; une palme 
dans le champ devant le buste. 

À. ALOLENO M — 0. Croix latine potencée, ancrée, avec 
un I ou une barre posée au-dessus de l'angle formé par les 
deux branches, la branche de droite formant un R; sous 
le bras les deux lettres L et N; le tout séparé de la légende 
par une couronne de feuillage. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 45,30. Deuxième tiers 
du vir" siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque 
impériale. 

Les lettres L.E.M.0. qui cantonnent la croix du n° 75 
prouvent d'une manière irrécusable l'origine limousine des 
pièces de Blatomago. Quant à celle de Blatomo, forme cor- 
rompue de Blatomago, les lettres L.N. sont très-vraisem- 
blablement les deux consonnes de Le No que nous trouvons 
sur notre triens de Gremiliaco, Jumillac (n° 15). En outre, 
le type et le style de fabrication des unes et des autres les 
font attribuer sans hésitation au Limousin. C'est là, du 


1 Numismatiq. du moyen âge, t. 1, p. 74, pl. III, n° 61. 

? Le T placé à la suite de la légende et formant MART. pourrait être consi- 
déré comme représentant une partie de la croisette qui existe assez fréqnem- 
ment en tête des légendes circulaires. Mais il est à reraarquer, d’une part, 
que les trois autres monwaies de Blon (n° 73, 74 et 75) ne portent pas au 
droit cette croisctte, et, d'autre part, que les initiales Mart. s’accordent très- 
bien avec le nom du patron de l’église, qui est saint Martin. 


ET DISSERTATIONS. 9541 


reste, que tous les numismatistes ont cherché l'atelier d'où 
elles sont sorties. 

MM. Lelewel ‘ et Cartier * ont proposé de placer l'atelier 
en question à Saint-Priest-le-Bétoux, qui reçoit aussi quel- 
quefois le nom de Saint-Priest-le-Blétoux. Ce dernier mot 
leur paraissait dériver de Blatomago ou Blatomo. 

M. Conbrouse a adopté cette proposition *. Duchalais 
s'était contenté de dire que c'était «un lieu inconnu du 
a Limousin qui frappait des espèces au nom et probable- 
« ment au profit de saint Martial de Limoges ‘ ;» et notre 
savant ami avait fait observer avec raison que Sain!- 
Priest-le- Blétoux ne pouvait convenir à la légende Blatomo 
Scr Mar., qui supposait nécessairement un autre vocable 
que celui de saint Priest (sanctus l’rojectus ), mais il n'était 
pas autorisé à conclure que ce vocable fût celui de saint 
Martial, et nous allons montrer qu'il fallait y voir celui 
de saint Martin de Tours. 

De plus, la localité désignée a porté au moyen âge les 
voms latins de Betos, Betono et Bethorio’, et dans les 
pouillés des xvr° et xvii siècles, ceux de Lobetous ou de 
Saint-Priest-le-Bétoux. Il faut descendre au xvi" siècle 
pour trouver la forme Blétoux, qui a été employée par 
erreur dans le Dictionnaire d’Expilly et dans la Géographie 


* Ubi supra. 

2 Revue numism., année 1838, p. 260-261, pl. IX, n°‘ 3, 6 et 7. 

3 Atlas des monn. nationn. Catalog. des Mérocing., n°° 159, 159 bis, 159 ter at 
160. — Recuetl des monet, meroving.. pl. XV, n°* 5 et 6; pl. XLI, n° 8. 

& Revue nwmism., année 1842, p. 31. 

5 « Io. Fabri de Betos, canonicus Lemovic. Ecclesia. » Acte de 1399, — Io. 
de Betono, archidiaconus de Benevento. » Acte de 1403 — « Petrus de Bethorio 
(alias Bethonio ), canonicus Lemovic. Ecclesia. » 1431, 1438, 1444 et 1451. 
— Mss. Biblioth. impér., collection Gaigniéres, t. 186, p. 49, 50, 51 et 53, 
54 et 56. 


252 MÉMOIRES 


de la France de Dumoulin, forme toute moderne qut ne 
saurait autoriser un rapprochement avec la légende Blato- 
mago ou Blatomo. 

C'est à Blond ou plutôt Blon, chef-lieu de commune dans 
le canton de Bellac ( Haute-Vienne), qu'il faut attribuer 
nos triens. 

Ce bourg est nommé, vers 1177, Blahonium' où l'A 
remplace le ¢ de Blatomum; et en 1238, Blaomium *, où 
persiste encore I'm initiale de la troisième syllabe ; et aux 
xv° et xvi° siècles, Bion ou Blonium *. C'est encore à Du- 
moulin et Expilly qu’on doit l'addition du d qui termine le 
vocable moderne de Blond. 

On voit, d'après ce qui précède, que le nom de l'atelier 
dont il s’agit a été d'abord Blatomagus, qui s'est contracté 
en Blatomum, comme Cassinomagus en Cassanomus ou 
Cassanomum, Argentomagus en. Argentomus ou Argenio- 
mum; que Blatomum a fait Blatomium ou Blatonium 
comme Argentomum a fait Argentonium ; que la consonne 
médiane s’est d’abord affaiblie et a disparu pour laisser le 
mot Blaomium et puis Blaonium se contracter en Blonium 
et Blon. 

Quant au saint sous l’invocation duquel l’église de Blon 
est placée, son patron ancien et moderne est saint Martin 
de Tours, ce qui s accorde parfaitement avec la légende 


1 « Guido sive Guigo de Blahonio. » Nommé à cette date parmi les abbés de 
Saint-Junien. — Mss. Biblioth. impér., collection Gaignières, t. 183-184, 
p. 229 et 238. — D. Estiennot le fait vivre vers 1170 ou 1175, Antiq. Benedict., 
t. Ir", fol. 222. Ce dernier cite un G. de Blaon , abbé du Dorat en 1206. Ibid., 
fol, 601. Nov. Gall. christ, t. II, col. 550. 

2 « Umbertus de Blaomio, » Collection Gaignières, t. 186, fol. 353 et 362.. 

3 « Dauphin de Blon. » Acte de 1480. Mas. Biblioth. impér., collection Gai- 
gniores, t. 183-184, fol. 884. — « Ecolesia parroehialis de Blomio. » Acte de 
1502, dans la même collection, t. 186, fol. 103. 


ET DISSERTATIONS. 253 


de notre n° 76 (SCI MART. ), et nous donne en même temps 
sa véritable interprétation. 

Blon est une localité ancienne, auprès de laquelle on a 
reconnu les débris de l'ancienne voie romaine qui faisait 
communiquer Limoges, l'antique Augustoritum, avec Poi- 
tiers, l’ancienne Limonum. Une tradition indique à côté du 
bourg actuel l'emplacement d’une ville détruite, dont on a 
signalé de remarquables vestiges ’. : 

Notre attribution est donc, sous tous les rapports, com- 
plétement justifiée. 


NOVIC ov NOUIC. 


77.— +FLAVLFO MON. Tête à droite, ceinte d’un ban- 
deau perlé terminé sur la nuque par un rouleau ou anneau 
de perles; le col orné d'une rangée de perles; buste 
habillé. 

&. NOVOVICO FIT MON. Croix latine surmontée d'un 
demi-cercle qui rappelle la forme de la eroix ancrée, sépa- 
rée de la légende par une eouronne de feuillage. 

Tiers de sou d'or fin. Poids, 1#,06. Fin du deuxième 
tiers du vu‘ siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio- 
théque impériale *. 

78. — +FLAVLFAS M. Tête à droite, coiffée d'un cha- 
peron, et ceinte d'un bandeau perlé terminé au sommet 
par une grosse perle et se prolongeant sur la nuque; le cok 
orné d’un collier de grosses perles; buste habillé. 

R. + NOVOVICO FIT. Croix latine posée sur un globule, 
portant un R et un G attachés chacun à un côté de la haste, 


* Allou, Descript des monwum. de la Haute-Vienne, p. 397 et 320. 
* Cette monnaie a été elassée parmi les incertaines ( tiroir 21 ‘; mais on l'a 
fort à tort attribuée, par une étiquette, à la cité angevine, 


ET DISSERTATIONS. : 256 


sement de Limoges (Haute-Vienne) ‘. Mais nous leur pré- 
férons sans hésiter Novic ou Nouic, chef-lieu de commune 
dans le canton de Mézières, arrondissement de Bellac 
(Haute-Vienne ) et situé près de Blon ( Blatomagus), dont 
nos triens reproduisent le type d'une manière si accen- 
tuée. 

La voie romaine de Limoges à Poitiers, qui passait à 
Blon, traversait le bourg de Novic ou Nouic * : on a trouvé 
sur son territoire des tumulus qui contribuent à prouver son 
antique origine *, et nous sommes assuré qu'au moyen 
âge il eut une église paroissiale et un prieuré de femmes *. 

Il existe , outre nos deux triens, une monnaie de Novic 
qui he figure pas sur nos planches et qu'il importe de dé- 
crire ici d'après la gravure qu en a donnée M. Conbrouse °. 


+ NOVO VILO. Tête coiffée d’un chaperon ou diadème 
de perles fermé, et terminé sur la nuque par un rouleau 
ou anneau de perles; le buste habillé orné de perles au 
pourtour ; une croix sur le visage. 

R. FEANVEFVA (Flanulfus). Croix latme petencée, fichée 
sur un globe. 


1 Ce hameau était au x° siècle chef-lieu d’une vicairie appelée vicaria No- 
ciacensis ou Novicensis. Nov. Gall. Christ., t. 1], instrum., col. 170. — Mes. 
Biblioth. impér., cartul. 135, t. I, p. 109, 233 et 275. 

2 Cette voie, qui cst assez bien conservée sur une certaine étendue, passait 
par le Mas Vergne, Saint-Gence, Mortemart, Novic, Gajoubert et le bourg de 
Lisle-Jourdain, à trois quarts de lieue duquel les traces ont (té perdues. 
Allou, Descript. des monum. de la Haute-Vienne, p. 277 et 307. 

2 Bulletin de la Société des arts et sciences de ta Creuse, 1856, p. 370. On & 
découvert de nombreux tombenux dans la rue principale qui aboutit à l’église. 
Allou, toe. cit., p. 334. 

* « Domina Benaia, priorissa de Noico. » Acte de 1237. Mas. Biblioth. 
impér., collection Gaigniéres, t. 186, p. 459. 

8 Recueil des monnétaires meroringiens, pl. XX XIII, n° 23. 


256 MÉMOIRES 


Tiers de sou d'or. Poids, 1,20. Deuxième tiers du 
vu* siècle. — Médaillier de M. de Saulcy ’. 

Le monnayer qui a signé cette pièce est évidemment le 
même que le monnayer Flaulfus, dont le nom est inscrit 
sur les n* 77 et 78. Les ornements de la tête et du buste 
reproduisent d'une manière remarquable ceux du n° 78. 
Le vocable de l'atelier est identique à celui de nos triens. 
Il n'y a donc pas à douter que ce ne soit une monnaie de 
Novic *. D'un autre côté, la croix gravée sur le visage du 
droit et la croix du revers la différencient des deux autres. 

On connaît d’autres triens à la légende Novo vico, mais 
avec d'autres monétaires (Theodiricus, Evosius, The- 
vald, etc.) et avec d'autres types que celui de Novic en 
Limousin, et par conséquent étrangers à notre série *. 


MONTIGNAC. 


79. — MONTINIACO. Tête à droite ceinte d’un bandeau 
perlé, terminé au sommet par une grosse perle; collier de 
perles; buste habillé. 

À. + EODVLFO MONE. Croix égale, cantonnée aux pre- 
mier et deuxième cantons des lettres L.E. La croix et la 
légende entourées chacune d'une couronne de feuillage. 

Tiers de sou d’or. Poids, 4,10. Fin du deuxième tiers 
du vii° siècle. — Médaillier de M. Ponton d’Amécourt °. 


1 Conbrouse, Atlas des monn. franc. Catalog. des Méroving., n° 574 ter. 

2 C’est donc à tort qu'on l'a attribuée à Neufvy ou Neufvic en Lorraine. 
Conbrouse, loc. cit. 

3 Les numismatistes en ont laissé la position indécise ; ils se sont contentés 
d'indiquer Neuweic ou Neury, sans préciser autrement l'emplacement ou même 
ia province. 

4 Cette pièce, après avoir appartenu à M. de Roucy, juge à Compiègne, a 
été acquise par M. J. Ronssean, qui l’a cédée au possesseur actuel. 


Land 


ET DISSERTATIONS. 257 


L’origine limousine de ce triens est attestée à la fois par 
les initiales LE inscrites au revers, et par le style de fabri- 
cation. 

Il existe en Limousin plusieurs localités du nom de 
Montignac : l’une au N. E. d’ Aubusson et au S. E. de Saint- 
Alpinien; une deuxième à l'E. S. E. et près de Limoges, 
sur la rive gauche de la route de Limoges à Clermont par 
les Allois; une troisième au N. N. E. de Limoges, à droite 
de la route de Limoges à Paris, à la hauteur de Beaune '. 
C'est le premier de ces villages qui me paraît devoir être 
préféré parce qu'il se trouve dans la zone occupée au nord 
de l’ancien Limousin par le type secondaire dont nous dé- 
crivons le groupe, et- que de plus le monnayer Eodulfus dont 
le nom est inscrit sur notre triens est sans doute le même 
qui a frappé non loin de 1a, à Noubant (Novoantru, n° 120). 

11 n’est pas douteux que ce lieu a porté, comme les autres 
' du même nom, le vocable latin Montiniacum. C’est peut- 
être là qu'il faut voir le Montiniacum désigné dans une 
charte du cartulaire d’Uzerche de 1174 *. 


NOUFANT. 


420. — NOVOANTRV. Tête barbare à droite, couronnée : 
buste habillé et orné au pourtour. 

Rh EODVLFO MONET”. Croix latine, légèrement po- 
tencée , avec une pointe au scmmet de la haste; le tout 
dans un grènetis. 


1 Cassini, n° 33, f, 14. 

? Mss. Biblioth. impér., collection Guaignières, t. 185, p. 66. 

3 On pourrait lire aussi TEODVLFO MONE. Mais la leçon Eodulfo monet, 
nous a paru préférable parce qu'un triens de la même région ( Montiniaro, 
n° 79 est signé d'un monnayer du même nom. 


1862, — 4. 18 


258 MÉMOIRES 

Tiers de sou d'or. Fin du vit ou commencement du 
vins siècle. — Cabinet de M. le comte de Gourgue. 

Le revers, avec sa croix gravée dans un champ bien 
espacé, est du style limousin ; et quant à l'effigie, malgré 
Ja grossièreté du dessin, qui fait descendre cette pièce au 
vu siècle, elle rappelle encore le travail des gravures de 
coins de notre province. 

M. le comte de Gourgue, qui a lu au droit Nuroustru au 
lieu de Noroantru, a proposé, dubitativement d'ailleurs, 
de l’attribuer à Nontron. « En prononçant Nououstru, ily 
«a, suivant l'honorable archéologue, presque identité de 
« nom; dans un titre ancien, ajoute-t-il, ce nom est écrit 
« Nuntrum'.n 

Nontron , localité importante de l’ancien Limousin , con- 
viendrait, sous ce rapport, à l'attribution proposée : nous 
possédons un titre du mois de mai 785, le testament du 
comte Roger, où elle est appelée castrum Nuntronense, et 
cette forme n'est pas en effet très-éloignée de celle de No- 
roaniru. Mais nous croyons pouvoir indiquer une position 
qui est à nos yeux préférable : c'est Nouhant. Si l'on pro- 
nonce la légende de notre triens Nouoantru, on voit que 
oan s'est simplement contracté en Ja forme han, ou lh 
remplace l'o disparu *. 

Nouhant, qui est situé dans l’ancien diocèse de Limoges, 
avait au moyen âge une église paroissiale *, et est aujour- 


1 Rerue numism., année 1841, p, 187-188, pl. X, n° 20. — Cf. Conbrouse, Re- 
cueil des monét. méroving., pl. XX XIII, n° 18. 

2 NOVOantrum a fait NOUhant, comme NOVOcico a fait NOUïc. Voir ce 
qui est dit ci-dessus touchant les n°° 77 et 78. 

3 « Ecclesia parrochialis de Nohanto ad preesentationem abtatis Burgido- 
liensis. » Acte de 1483, Mss. Biblioth. impér., ccllection Gaignitres, t. 183-184, 
p. 194. 


ET DISSERTATIONS. 259 


Phat chart a 





nantan An D. 








260 MÉMOIRES 


a bien pu porter sous les Mérovingiens le nom d'Agennum. 

Ajain a eu de tout temps une église paroissiale : il avait 
au plus tard, au xn° siècle, un monastère qui. dans des 
temps plus récents, fut remplacé par un prieuré. Son im- 
portance et son antiquité, comme sa position, rendent 
donc assez vraisemblable l'attribution que nous indiquons 
ici. 

La ville d'Agen, qui s'est appelée dans les temps anciens 
et au moyen age Aginnum et Agennum, semblait, au pre- 
mier abord, étre en droit de revendiquer notre triens. Mais 
nous rappellerons Je principe posé dans plusieurs endroits 
de notre travail, à savoir qu'en présence de l’existence sur 
le sol de la Gaule de plusieurs, parfois même de nombreuses 
localités du même nom, ii faut avant tout consulter le type 
et le style de la monnaie pour en déterminer l'attribution, 
et qu'à cette considération doivent être subordonnées 
toutes les autres, même celle de l’importance de telle ou 
telle des localités concurrentes. 

M. Adrien de Longpérier, qui le premier a publié cette 
pièce ‘, a fait remarquer avec raison le nom du monétaire 
Bobbolo, dans lequel on trouve nettement accusée la forme 
cursive du b, et qui est un premier diminutif de Bobo : le 
deuxième est Bobolenus ou Bobbolenus. 


BUGILJONE oa SAGILIONE. (Lieu inconnu du Limonsin. ) 


81. — + SVGILIONE VI. Tête à droite ceinte d'un ban- 
deau perlé, terminé sur la nuque par deux bandelettes ; 
buste habillé. 

mn. ACV.. VON + 20 MON. Croix égale potencée , haus- 


1 Notice sur la collection Rousseau, p. 87, pl. 1], n° 197, 


ET DISSERTATIONS. 261 


see sur un degré, dans une couronne de perles ; la légende 
est également entourée d’une courome de perles. 

Tiers de sou d'or pâle. Poids, 15,05. Fin du deuxième 
tiers du vu‘ siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio- 
thèque impériale. 

Cette pièce nous offre, principalement au droit, le type 
et lé style de fabrication du Limousin; la petite houppe 
sur le front, la forme du bandeau et la croisette posée sous 
les bandelettes qui le terminent , les vêtements du buste, 
la font attribuer avec la plus grande vraisemblance à cette 
province. Toutefois. nous n'avons trouvé jusqu'à présent 
aucune localité appelée Sugiko eu Sagilio : la seule dont 
ke nom se rapproche un peu de notre légende est une 
via Sagia mentionnée dans un ancien titre du Limousin ; 
mais nous ne voyons pas dans ce rapprochement un motif 
suffisant pour proposer, même conjecturalement , cette at- 
tribution . 


FURSAC. 


82. — + FERRVCIACO. Tête nue à droite ; buste ha- 
billé. 

À. + TEODOALDO ™. Croix égale, ayant une pointe fichée 
à chacune des deux extrémités de la haste; accostée d’un 
point à la branche droite et, sous les bras, des lettres L.E. 
(LE) ; le tout dans un grènetis. 

Tiers de sou en électrum. Poids, 45,25. Fin du deuxième 
tiers du vi‘ siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio- 
thèque impériale. 


1 Les numismatistes n'ont encore indiqué aucune position, Voir Conbrouse , 
Rec. des monet, méroring.. où notre monnaie est mal reproduite (pl. XLLX, | 
n° 20). — Guillemot { Catalog.) et Fillon ( Revue numism., année 1845, p. 25.) 


ET DISSERTATIONS. 263 


en Lorraine’: mais la gravure que nous en donnons ne 
Jaisse aucun doute à ce sujet : la lettre initiale est un F 
dont la barre transversale supérieure a été prolongée en 
arrière de manière à suggérer l'idée d'un T. 

MM Adr. de Longpérier, Conbrouse et Guillemot’ ont in- 
diqué dubitativement la position de Ferructacus à Ferrussac, 
dont le nom moderne conviendrait bien, mats qui est situé 
en Auvergne, et doit par cette seule raison, être écarté. 

M. le comte de Gourgue a pensé-qu'il fallait y voir peut- 
être le faubourg de fa ville de Limoges appelé Ferrerie *. 
Mais ce nom provient évidemment du latin Ferraria. 

Nous croyons être en mesure de démontrer que notre. 
triens doit être attribué à Fursac. 

La plus anctenne mention que nous connaissions de 
cette localité remonte au x° siècle, et nous l'y voyous 
chef-lieu d'une circonscription administrative du Limousin, 
appelée vicaria Firciacensis *, ce qui suppose le substantif 
d'irciacus. 

Une charte du chapitre canonical de Bénévent, qui re~ 
monte au xin° siècle , nous offre la forme de Furciacus * ; 
peu d'années auparavant, le chroniqueur Geoffroi de Vi- 


1 M. de Suulcy, Observations numismaiiques, Metz, 1834, n° II; Kerue num. 
année 1836, p. 128-129.—Cf, Conbrouse , Rec. des monét. mereving., pl, XIIV, 
n° 12. 

? Annuaire de la Société de (hist, de France, année 1841, Liste des ateliers 
monét. mérovingiens. — Allas des monnaies nationales. Catalogue des méroring., 
n° 426, p. 28. — Catalog. des monn. méroving., année 1845. 

3 Revue numism., année 1851, p. 258 260, pl. XIV, n° 16. 

+ « Cedo alodum meum.... in pago Lemovicino, in cicaria Firciacense : hoc 
est curcem meam Asfac, eto. » Charte rédigée vers l'an 960. Mss. Biblivth. 
impér., cartu'. 135, t. I, p. 146. Cf. ibid., p. 233. 

® Le prevot au monastere de la Souterraine et ses moines dopneut à Beue- 
vent « terras quasdam in parrochia de Marciano pro ecclesia S. Petri de Fur, 
ciaco. » Mss. Biblioth, imp., collect. Gaigniéres, t. 183-184, p. 105. 


ET DISSERTATIONS. 265 


celui de saint Pierre, et que nous y trouvons a la fois, 
dans le moyen âge , une paroisse et un prieuré. 


XIIe GROUPE. 


Ce douzième groupe, que nous avons caractérisé dans le 
deuxiéme chapitre du présent travail, mais qui n’a pas 
été distingué sur nos planches, présente un type remar- 
quable en ce qu'il participe du limousin et du poitevin, 
ce qui s'explique naturellement par l'influence du voisi- 
nage de l’ancien diocèse de Poitiers : il comprend Bril- 
lac et Bonœil (n°° 85 et 86 ) et même Nouic (Novus vicus ) 
par l’une de ses monnaies (n° 78), qui reproduit la façon 
des effigies et des bustes poitevins. 


BRILLAC, 


85. — -+ BRILLIACO. Téte à droite, ceinte d'un double 
bandeau perlé terminé sur la nuque par une grosse perle 
ou par un fermoir ; buste habillé et orné de plusieurs rangs 
de perles. 

R. +-- EPERINO, Croix latine potencée, haussée sur un 
globe, et accostée sous les bras des sigles C.G.; aux deux 
côtés du globe, les chiffres V. et II. 

Tiers de sou d’or fin. Poids, 47,25. Fin du deuxième tiers 
ou commencement du dernier tiers du vn‘ siècle. — Ca- 
binet de M. de Saulcy. 

M. Cartier, en publiant ce triens dans l'ancienne Revue 
numismatique, a fait observer que deux localités peuvent 


1 « Prioratus curatus S. Stephani de Fursaco, ad præsentationem abbatis 
de Benevento. » Acte de 1471; Mss. Biblioth. -impér., collect. Gaignières, 
t. 183-184, p. 188. 


266 MÉMOIRES 


ET DISSERTATIONS. 271 


Tiers de sou d’or. Poids, 48,30. vin siècle. — Pièce 
provenant du médaillier de M. Maurice Ardant :. 

Ce triens a été, suivant le témoignage de M. Ardant, trouvé 
au château de Bar-sur-Corréze, très-ancienne localité du bas 
Limousin’. D’après cette circonstance, et faute de pouvoir 
juger du type d'une monnaie de fabrication aussi grossière 
et aussi fortement altérée, nous nous croyons autorisé à 
l'aitribuer au lieu où elle a été trouvée, de préférence aux 
nombreuses localités du même nom qui existent sur divers 
points du territoire de l’ancienne Gaule *. 

Le château de Bar était, au 1x° et x° siècles, le chef-lieu 
d'une circonscription administrative du Limousin, appelée 
vicaria Barinsis ou Barrensis*. Il fut toujours en posses- 
sion d’une église paroissiale. Son antiquité et son impor- 
tance, jointes à la circonstancé rappelée plus haut, rendent 
tout au moins très-vraisemblable l'attribution que nous 
indiquons ici. 

Si elle était adoptée, il faudrait rattacher notre triens 
au V* groupe où domine le monnayage d'Uzerche qui est 
peu distant du château de Bar et dont deux pièces (n°° 47 
et 119) portent au droit, comme celle-ci, des personnages 
debout dans le champ. 


1 Nous croyons savoir qu'elle a été acquise par un magistrat résidant à Bar- 
le- Duc ou à Bar-sur-Seine. 

? Rerue numism., année 1851, p. 252, pl. XIV, n° 4, 

3 Notamment Bar-sur-Seine, Bar-sur-Aube, Bar-sur-Ornain, vte. Bar-le- 
Duc ne peut entrer en concours puisqu'il ne date qno du x° siècle. 

# « Jn territorio Lemozino, in ricaria Barinse, hoc est eeclesiam nostram qua 
secus fluvium nomine Correziam ædificata et constructa est.» Cartulaire de 
Beaulieu, charte XVII, — « In orbe Lemovicino, in ricaria Barrense. » I[bid., 
chartes LV, CLXVI. Cf, Cartul. de Tulle, dans Baluze, Hist, Tutel., append., 
col. 360, 369 ef passim. 


972 MÉMOIRES 
CHATEAU-PONSAT 1, 


95. — POTENTO FIT. Tete à droite, couronnée ; buste 
nu; le tout dans une couronne de feuillage. 

&. + LAVNECV I..[I. Petite croix égale, avec deux 
points sous les deux bras; la légende et la croix entourées 
chacune d’une couronne de feuillage. 

Tiers de sou d'or pâle. Poids, 15,03. Fin du deuxième 
tiers du vu siècle. — Cabinet des médailles de la Biblio- 
thèque impériale. : 

Notre regrettable confrère Duchalais avait remarqué et 
nous avait signalé le style limousin de cette monnaie. 
L’effigie rappelle le faire des triens d’Abriac, Sarasac et 
Arnac (n° 37, 40, 112). Le col et le buste sont semblables 
à cenx du n° 40. 

Quant au revers, sa petite croix égale cantonnée aux 3° 
et 4° cantons, reproduit celles de l'église de Limoges, de 
Jumillac, d'Uzerche, d’Eyburie, de Cornil, etc. (n° 3, 14, 
50, 53, 64. 67 et 91). 11 nous semble dès lors qu'on doit y 
reconnaître une espèce frappée en Limousin ’. 

La petite ville de Château-Ponsat, à laquelle nous pro- 
posons de l'attribuer, est mentionnée pour la première 
fois dans la chronique d’Adémar de Chabanais ( première 
moitié du x1° siècle), sous le nom de castrum POTENTIA *, 


1 Chef-lieu de canton dans l'arrondissement de Bellac ( Haute-Vienne ). 

? M. Fillon a conjecturé que notre triens sortait des environs de Rouen; 
mais il n’a point justifié cette conjecture, et n’a indiqué, même dubitativement, 
aucune position. Letires à M. Dugast-Matifeux, p. 82, 

Dans Ph. Labbe, Nov. Biblioth. mss., t. I], p.272, et dans D. Bouquet, 
Histor, de France, t. X, p. 151; on trouve dans les Itinéraires plusieurs lieux 
aius appel.'s : Potentia ! Lucaniæ;, Potentia ‘ Piceni). 


274 MÉMOIRES 


L’habile et obligeant numismatiste à qui nous devons 
la connaissance de cette pièce , en avait remarqué le type 
limousin très-prononcé. Au simple aspect de la gravure que 
nous en donnons ici, le lecteur sera amené à partager cette 
opinion. Nous n'avons donc qu’à rechercher la position de 
l'atelier limousin dont est sorti le triens qui nous occupe. 

Nous ferons observer d'abord qu'elle se rapproche sen- 
siblement, par le dessin, des pièces du groupe de Limoges 
même (n° 1), dont le n° 6 notamment a une effigie et une 
croix à peu près identiques à celles de notre monnaie. 

Or, à 18 kilomètres à l’est de Limoges, dans l'ancien 
archiprétré de Saint-Paul, existait une paroisse appelée, 
dans les anciens pouillés, cura de Esgallo ou desgabo, et, 
de nos jours, Eyjaud on Eyjeaux*. On a découvert dans 
le territoire de cette commune : 1° un menbhir en granit ? ; 
2% un tumulus *; 3° les débris d'un aqueduc romain formé 
de briques à rebords*; 4° des traces de voie romaine ‘; 
5° deux triens d'Uzerche plus haut décrits. 

Toutes ces circonsiances réunies démontrent l'identité 
d'Eyjeaux et de la localité mérovingienne d'Egalum. 

(La suile à un autre numéro.) Max. DELOCHE. 


1 Mss. Biblioth. impér., fonds Saint-Germain Français, n° 878,t.I1, et 
cart. 135, t. VII.— On trouve dans un titre limousin du moyen fige le nom d'un 
« Petrus de Esgallo. » Ubi supra, cart. 135, t. I*, p. 76, 

1 Chef-lieu de commune, canton de Pierre-Buffière, arrondissement de Li- 
moges ( Haute-Vienne ). 

® Ce menhir, trouvé au lieu dit les Métayas, a 4,33 de hauteur et 5%,18 de 
diamètre. ( Bulletin de la Société archéologig. du Limousin, t. II], p. 98 à 102. ) 

4 Trouvé au Mas-Neuf, commune d'Eyjeaux. Loc. cit. 

5 Voir, sur les débris de cet ouvrage qui est enfoui à 0",%0 de profoudeur, 
ubi supra. 

© Ibid. 

7 Ibid. 11 convient d'ajouter ici qu'Eyjeaux était, au moyen âge, en posses- 
ajan d'une église paroissiale et d'un prieuré. 


ET DISSERTATIONS. 277 


demander au grand sénéchal de Provence la permission. de. 
faire battre à Marseille des quarts d'écus et des demi-gros; 
qu'aux quarts d'écus on mettroit la légende KAROLVS REX 
FRANCORVM, et au revers DOMINVS MASSILIÆ avec une 
croix et quatre fleurs de lis. Le motif de cette délibération 
fut qu'on ne voyoit dans le commerce que des petites 
monnoies comme patacs et deniers, et que les grosses 
pièces manquoient. Cette fonte de monnoie n'eut pas lieu. 
Registre de L. Gilli, secrétaire. — Ruffi, Ilistoire de Mar- 
seille, t. Il, p. 327. » 

Recourons donc à Ruffi. Cet historien s'exprime ainsi : 
« En ce même temps-là (1492), il y avoit dans Marseille 
une si grande quantité de deniers et d’une petite monnoie 
qu'on appeloit patas, qu'il fut résolu dans un conseil de la 
communauté de demander au grand sénéchal la permission 
de faire battre de la monnoie dans Marseille, scavoir de 
quarts d’escu et de demi-gros; qu'aux quarts d’escu il y 
auroit d'un côté cette inscription, Carolus rex Francorum, 
et de l’autre côté, Dominus Massiliæ, et au mitan uné croix 
avec quatre fleurs de lys. » 

On voit dès lors que l'analyse de ces passages fournie 
par Duby est insuffisante, et à quel point même elle pour- 
rait nous égarer. 

Il s'agissait, en effet, non pas de petites monnaies de 
cuivre pur comme est la mienne, mais de grosses mon- 
naies d'argent, et encore Saint-Vincent nous apprend-il 
que la fabrication n'eut pas lieu. 

En 1496, les affaires des Français dans le royaume de- 
Naples étaient en fort mauvais état. Charles VIII en quit- 
tant la capitale, le 24 maj 1495, pour s'en retourner en 
France, avait laissé comme vice-roi Gilbert de Bourbon, 
comte de Montpensier, avec une armée de quelques milliers 


278 MÉMOIRES 


d'hommes. Mais la ligue formée entre les Milanais, les Vé- 
nitiens, le Pape, le roi des Romains, le roi d’Espagne, 
donna bientôt à Ferdinand d'Aragon la faculté de rentrer 
dans la cité la plus inconstante qui existe au monde. 

Le comte de Montpensier et quelques-uns de ses capi- 
taines tinrent cependant un certain temps encore dans 
les villes de province. Ils demandèrent des secours à 
Charles VIII qui résidait à Lyon, et, en 1496, le roi envoya 
des ordres dans les ports de France pour faire passer trente 
vaisseaux à Marseille, auxquels on devait joindre vingt ou 
trente galères pour porter un renfort d’ hommes et de l’ar- 
gent à l’armée laissée dans le royaume de Naples. Ainsi 
c'était à Marseille que l’expédition se préparait, et l'on com- 
prendrait fort bien qu’on eût alors fait frapper pour la paye 
des soldats de la monnaie de cuivre du même poids, du 
même style que celle qui avait cours dans les places de 
l'Italie méridionale occupées par les Français. L'expédition. 
n'eut pas lieu; il est donc possible que l'émission moné- 
taire ordonnée ait été arrêtée, ou que les pièces frappées 
aient été mises à la fonte parce qu'elles n'étaient pas de 
nature à circuler sur notre territoire. Cela expliquerait 
comment l'exemplaire que je possède est le seul que l’on 
connaisse encore; car depuis trente ans que l’on recueille 
les monnaies nationales avec tant de soin, tant d’ardeur, 
qu'on explore toutes les collections avec une si grande, 
persévérance pour former des monographies, le quatirino 
marseillais de Charles VIII n’a pas encore été signalé. 

FERNAND. MALLET. 


280 MÉMOIRES 


nlacer la demi-salnt d’or de Charles Ier. dant ie donne i 





ET DISSERTATIONS. 284 - 


delisée , cantonnée de quatre points et renfermée dans un 
losange. 

Billon à bas titre. Poids, 0*,70. (PI. XI, n° 3.) 

C'est pour la première fois que, dans les monnaies de 
la maison d'Anjou, je rencontre l’écu en losange. 

M. Henri Morin, dans sa Numismatique du Dauphiné, a 
décrit, sous les n°* 60 et 61, au nom de Louis, duc de 
Guyenne , et, sous Je n° 68, au nom de Charles VII, comme 
fils aîné de France et dauphin (Pl. 46, n°’ 4 et 2 et pl. 16, 
n° 1), trois pièces delphinales au même type. Il est remar- 
quable que la nôtre serait antérieure à celles-ci, dont la 
plus ancienne aurait été frappée de 1409 à 1415, tandis 
que Jeanne était morte dès 1382. 

La monnaie de Savoie, avec écu en losange, frappée au 
nom d'Amédée VIII, par sa grand’mére Bonne de Bourbon, 
est de 1393. Mais celles d’Yolande de Bar, au nom de son 
fils Robert, que MM. de Saulcy et Maxe ont publiées, re- 
montent à 4355 ‘. Notre denier a été fabriqué à Naples, et 
très-certainement pendant un des trois veuvages de la reine. 

N° 4. ...DOVIG Z IOhAN (Ludovicus et Johanna)... 
Écu mi-parti de Jérusalem et de Provence. 

À. + RE......JERL’ Z SICIL’. (Rex et regina lerusalem 
et Siciliz). Croix potencée, cantonnée de quatre lis. . 

Billon. — Poids, 0*°,72. (PI. XI, n° 4.) 

Encore une piéce nouvelle de Louis et Jeanne qui vient 
à l'appui de mon observation sur le nombre des variétés 
monétaires de cette époque. Celle-ci est encore italienne. 

N° 6. — + ALFONSV. D. G. Les mots sont séparés 
par des rosaces. Buste couronné de face. 

R. + G—h—AR—S—C—V—R. Chaque lettre est sé- 


1 Voyes plus haut p. 145, et Revue numism., 1859, p. 209. 


282 MÉMOIRES 


parée par une rosace. Armes de Jérusalem , de Provence, 
de Hongrie et d’ Aragon. 

Billon noir. — Poids , 05,60. (Pl. XI, n° 5.) 

Jeanne II, petite-nièce de Jeanne I** de Provence, sœur 
de Ladislas, de la maison de Duras, succéda à son frère 
mort en 4415, sur le trône de Naples. Cette reine fut, du 
côté des femmes , la dernière de la première maison d’An- 
jou qui régnait à Naples depuis l’an 1265. 

Nous n’avons pas & nous occuper ici des troubles qui, sous 
son régne et & son époque, eurent lieu 4 Naples et en 
Provence. Rapportons seulement que cette princesse, veuve 
de Guillaume d’Autriche, et n’ayant pas d'enfants, crai- 
gnant de perdre ses Etats , que le pape Martin V offrait à 
Louis III, comte de Provence, crut trouver un auxiliaire 
puissant dans Alphonse V, roi d'Aragon, qu’elle adopta en 
4420. Mais celui-ci, appelé à titre d’allié , ne tarda pas 
à vouloir agir en maître. La reine offensée, fit part de ses 
craintes à son favori Caraccioli, et la révocation de l’adop- 
tion fut résolue. Alphonse alors leva le masque et demanda 
au pape l'investiture du royaume de Naples qui lui fut 
refusée, 1] se saisit de Caraccioli qui fut jeté en prison ; 
mais Jeanne eut le temps de se fortifier dans le chateau: 
Capouan, et d'appeler à son secours Sforze, brave capi- 
taine , tige des seigneurs de Milan, qui la délivra de son 
ennemi. Alphonse, vaincu, fut remplacé dans l'adoption 
par Louis III, qui se rendit à Naples. Mais la ville de 
Marseille éprouva toutes les fureurs de sa vengeance. 

Dépourvue de ses plus braves citoyens qui avaient suivi 
Louis en Italie, elle fut surprise le 23 novembre 1423 et 
livrée à toutes les horreurs d’un pillage qui s’étendit jus- 
qu'aux hôpitaux. 

La légende de notre petit billon, qui offre une tête de 


ET DISSERTATIONS. 288 


face toute semblable à celle de la figure assise des carlins 
du même prince, doit se lire : 

ALFONSVs Dei Gratia Gerusalem, Hungariæ , ARago- 
num, Siciliæ Citra (et) Ultra Rex. 

Cette transcription est assurée par diverses monnaies 
sur lesquelles les mots sont écrits en toutes lettres ; elles 
ont été décrites par Vergara, Mader et autres auteurs. 

On trouvera dans un mémoire de M. Joseph-Marie Fusco 
un grand carlin d’Alpbonse, frappé à Aquila, pièce qui 
nous montre des lettres initiales isolées séparées par des 
rosaces* Il paraît bien probable que notre billon est 
une division de cette monnaie; sa fabrique italienne est 
évidente; mais je le rattache 4 la série de Provence comme 
ayant été émis par un prétendant a la possession de ce 
comté. 


Restitution à l'atelier monétaire d’ Aix des À gothiques pla- 
cés sur des monnaies de Charles VIII et atiribuës à Anne 
de Bretagne. 


En général, on a voulu voir jusqu’à ce jour les initiales 
d'Anne de Bretagne dans les deux A gothiques qui can- 
tonnent la croix sur le magnifique blanc frappé par 
Charles VIII, et décrit à l’état de piéfort par Leblanc, Saint- 
Vincent, Duby, et en dernier lieu par Conbrouse, sous le 
n° 449 des monnaies tournois de son catalogue. La Bi- 
bliothèque impériale possède ce piéfort, et le musée de 
Marseille, lors de la vente du cabinet Rousseau, a fait l'ac- 
quisition d’un exemplaire de la monnaie simple. J'en donne 


3 Intorno ad alcune monete aragonesi ed a varie cillà che tennero secca in quella 
stagione ( Atti dell’ Accademia Pontaniana, vol. V). Napoli, 1846, in-4, 
tav. V, n° 1. 


ET DISSERTATIONS. 285 


sinée sous les n° 5 et 6 de sa planche 67’. Je me disais 
surtout que si l'intention de Charles VIII avait été telle 
qu'on la suppose, les deux A qui accostent le K couronné 
sur le piéfort en or du demi-blanc de Provence auraient 
été bien plus rationnellement placés aux côtés de la même 
lettre sur le Karolus de Bretagne; enfin it me semblait alors 
que l’initiale du roi est couronnée sur toutes ces pièces, que 
l'hommage rendu à la reine eût exigé le même honneur 
pour être complet. Or il est remarquable que sous 
Charles VIII ces À gothiques ne sont pas couronnés et ne se 
trouvent uniquement placés que sur les deux seules pièces 
frappées pour la Provence à l’exclusion de toutes les autres, 
mème pour la Bretagne. 

Sous Louis XII, il est vrai, nous trouvons un écu d'or. 
évidemment frappé avec l'intention d'y placer le chiffre 
de la reine; mais aussi cet écu, décrit sous le n° 549 de 
Conbrouse et fabriqué à Nantes, appartient au fief de cette 
princesse; en outre les deux À sont couronnés, et cette 
circonstance révèle l’observatron de l'espèce de conve- 
nance que je signalais tout à l'heure. Mais, en dehors de 
cette pièce, toutes celles sorties des ateliers monétaires au 
titre de la Provence sous ce règne, ne portent la lettre A 
que dans la légende, exactement à la même place et de la 
même manière que le T gothique pour Tarascon. 

Aussi, après avoir bien examiné ces diverses monnaies, 
je repoussai l’anomalie qui aurait accordé en quelque 
sorte les honneurs monétaires à la reine Anne précisément 
dans une province qui ressentait encore le contre-coup de 
son annexion au royaume et qui, par le fait, se trouvait la 
plus éloignée de son duché héréditaire et presque en rivalité 


? Rerue numism., 1847, pl. XX, n° T. 


286 MÉMOIRES 


de mœurs et de langage. J'acceptais sans conteste son 
droit sur l’écu d'or frappé à Nantes; mais je ne voulais voir 
dans les À placés sur les monnaies de Provence que les 
initiales des ateliers d'Aix, mises en évidence comme un 
reste d'autonomie. 

Comme je ne raisonnais alors que par induction, je n'ai 
pas voulu laisser cette opinion sortir de la province qu'elle 
concernait; mais aujourd'hui je suis assez heureux pour 
appuyer mes observations sur une pièce unique peut-être. 
dont je me suis hâté de faire l'acquisition. C'est un grand 
blanc de Louis XI frappé pour la Provence et sur lequel la 
lettre A se trouve placée en abime sur le point de jonction 
des branches de la croix du revers. 

N° 2. Couronnelle. LVDOVICVS :: D : G:FRANCORVM:R: 
PROVINCIE:C:. Trois lis (2 et 1) dans trois lobes de 
cercles, un petit soleil sur la couronnelle, Type du blanc 
au soleil. 

à. Couronnelle. SIT: NOMEN: DOMINI : BENEDICTVM:. 
Croix pattée dans un entourage à quatre lobes A gothique 
placé au centre de la croix. 

Billon. Poids, 25,85. (PI. XI, n° 7.) 

A l'appui de mon raisonnement, je dois d'abord chercher 
à établir que cette pièce appartient incontestablement au 
règne auquel je l'attribue. 

Le type général est indubitablement celui de monnaies 
bien connues de Louis XI, un type spécial à ce prince et qui 
n’a pas dépassé Charles VIII : c'est le grand blanc au soleil 
que Louis XII n'a pas adopté. Et, pour éloigner tout con- 
teste, un fait plus caractéristique vient justifier cette attri- 
bution : c'est la comparaison de notre pièce avec celles 
frappées par le même prince à Perpignan. En effet, si les 
numismatistes qui n'en possèdent pas de spécimens veulent 


ET DISSERTATIONS. 287 


examiner le dessin des n* 3 à 8 de la planche V de la 
Revue numismatique pour 1857, ils verront que la lettre P, 
indicative de l’atelier monétaire, se trouve placée et frap- 
pée exactement de la même manière que l'A sur notre 
monnaie. En outre l'analogie est frappante entre elle et le 
n° 5 au même type. Il n’y a donc pas, à mon avis, d’hési- 
tation possible, le signe monétaire n'ayant jamais, à une 
autre époque, été inscrit de cette manière. Et comme, sous 
Louis XI, il ne pouvait être question d’Anne de Bretagne, 
je me crois fondé à dire que la lettre A, quelle que soit la 
place qu’elle occupe, doit être, pour toutes les monnaies, 
restituée à l'atelier d’Aix, malgré toute la poésie que l’on 
pourrait rencontrer dans l’ancienne attribution. Et si, sur 
les piéforts de Charles VIII, ces lettres affectent une forme 
plus solennelle, il faut penser qu'il s’agit ici de pièces d’un 
dessin tout exceptionnel, en quelque sorte de plaisir, et 
qui, par le fait, n'ont jamais eu eours. 

Aix a conservé son initiale pour lettre monétaire jusqu'à 
* l'ordonnance du 14 janvier 1539, qui a donné à l'ate- 
lier de Paris la première lettre de l'alphabet. Cette ville a 
pris ensuite la marque & et l’a conservée jusqu'en 1786, 
époque où elle a été dépossédée de son hôtel des monnaies 
transféré à Marseille. | 


Au moment où je venais de terminer cet article, il m'est 
tombé entre les mains un blanc de haut billon de Réné 
portant également la lettre A au bas de la barre de sépara- 
tion placée entre les armes de Provence et celles de Jéru- 
salem (pl. XI, n° 6). Cette circonstance vient d'une ma- 
nière irrécusable à l’appui de l'opinion que j'ai exposée, 
et prouve non-seulement que cette lettre appartient, pendant 


ue. 





288 MÉMOIRES 


cette période du xv° siècle, uniquement à l'atelier d'Aix, mats 
encore que Charles VIII, comme son père Louis XI et son 
successeur Louis XII, n’a fait que continuer ce qui existait 
déjà à l’époque de Réné. Seulement il résulte de la pièce 
que je publie aujourd'hui que l'usage d'une lettre moné- 
taire était en vigueur pour la Provence antérieurement à 
4480, comme pour la Catalogne sous Louis XI, avant d’être 
adopté en France par l'ordonnance du 14 janvier 1539, qui 
retira la lettre A à Aix pour la donner à Paris et la rem- 
placer par le & que cet atelier a conservé jusqu'à sa fer- 
meture en 1786 *. 

Enfin M. le comte de Clapiers*, dont la collection renferme 
aussi bon nombre de pièces intéressantes, m’a communi- 
qué une monnaie de Louis XII, grand blanc au type de 
Charles VIII, sur lequel la lettre A, toujours dans le 
champ, se trouve placée au bas et au-dessous de la croix 
potencée du revers (pl. XI, n° 10). Pour compléter l’en- 
semble, j'ajoute encore la figure de l’écu d'or de Louis XII, 
dont la légende se termine par A (pl. XI, n° 9). 

Ces trois nouvelles pièces venant à l'appui de mes ob- 
servations, je n'ai garde de les négliger, car il en ressort 
que cette lettre ayant été employée dès avant 1480, et tou- 
jours placée dans le champ comme signe monétaire jusqu’ a- 
près le commencement et presque le milieu du xv1° siècle 
par Réné de Provence, Louis XI et Louis XII, il serait au 
moins étrange qu'elle eût perdu sa signification pendant le 
règne intermédiaire de Charles VIII. Que l’on ait profité, 


{ Sous le règne de Charles VI déjà une ordonnance du dauphin avait pres- 
crit l’usage des lettres initiales pour marquer la monnaie des ateliers d'Orléans, 
Loches, Chinon, Montaigu, Niort, Fontenay, Parthenay, Figeac, Bourges, 
Saumur, Montferrand et Lyon. Revue num., 1838, p. 378. 

* La bibliothèque de Marseille vient de faire l'acquisition d'une pièceidentique. 


ET DISSERTATIONS. 2389 


peut-étre aprés coup, de la double application que présen- 
tait cette initiale pour vouloir en faire l’objet d’une galan- 
terie à Anne de Bretagne, c'est possible; mais je n’en crois 
pas moins devoir revendiquer la propriété pour l'atelier 
d'Aix. 

Maintenant je vais essayer de répondre par avance à 
quelques unes des objections qui pourront m'être faites, 
et sur la voie desquelles je suis déjà mis par mon obli- 
geant ami M. de Longpérier. 

Ainsi l'on me dira que les À redoublés, et non plus un A 
seul, alternant avec les couronnes, ne sauraient que diffici- 
lement être pris pour une marque de monnaierie, et qu’il 
n'y a rien de choquant, comme fait illogique, dans la pré- 
sence des initiales de la reine Anne sur des monnaies de 
Provence; et à l'appui de ce raisonnement on invoquera la 
valeur de celles placées entre les branches de la croix 
sur bon nombre de monnaies des seigneurs du Béarn, des 
rois de Navarre, des comtes de Provence eux-mêmes, des 
papes d'Avignon, des marquis de Saluces, etc., comme sur 
quelques-unes de nos pièces royales. Enfin la même cir- 
constance du redoublement de lettre se représentant, si- 
non d’une manière identique, du moins avec la même in- 
tention, dans la petite pièce de Charles VIII, sur laquelle 
on voit A.K.A, faire le procès à l'une de ces monnaies serait 
aussi le faire à l’autre. 

Je ferai d'abord remarquer, en ce qui concerne les ini- 
tiales princières ou royales inscrites entre les branches de 
la croix, que cet usage était à peu près circonscrit aux 
contrées méridionales, ainsi qu’on peut le voir par le nom 
des fiefs que je citais tout à l'heure. C'était une sorte de 
signature que les seigneurs n’employaient que pour leurs 
domaines spéciaux. Mais il y a loin de 144 en avoir fait l’ap- 

1862. — 4. 20 





290 MÉMOIRES 


plication à une princesse du nord-ouest de la France, et 
surtout à titre royal, alors qu'à une seule exception près 
peut-être. cette mode n’a été adoptée que postérieurement 
pour nos monnaies nationales, et seulement sous le règne 
de Louis XII; et si l'on eût voulu réellement appeler ici le 
souvenir ou la pensée d'Anne de Bretagne au lieu de faire 
alterner dans les cantons de la croix les A avec des cou- 
ronnes, n’aurait-il pas été plus naturel de leur adjoindre 
les hermines dont la duchesse était si fière, et qui auraient 
clairement manifesté l'intention ? 

Puis, en dehors de ce que j'ai déjà dit sur l'anomalie 
d'attribuer à la princesse bretonne une sorte de suze- 
raineté et de droit régalien sur une autre province, ne 
serait-il pas étrange qu'on ait précisément choisi la 
Provence, cette contrée vis-à vis de laquelle existait 
l'antipathie réciproque et nationale des ponentais? Cette 
dernière observation aura plus de force encore lors- 
qu'on réfléchira que cet honneur monétaire ne lui a été 
rendu dans aucun des autres grands fiefs de la couronne. 
En définitive, si Charles VIII avait du moins annexé lui- 
même la Provence à la France, on pourrait comprendre 
qu'il eût voulu faire hommage de sa conquête à la belle 
reine qui, de son côté, lui avait apporté la Bretagne. Mais 
cet hommage illusoire d’une province déjà acquise pou- 
vait-il avoir lieu en présence de l'opposition encore si vive 
de la noblesse bretonne à la reconnaissance du roi de 
France comme son suzerain ? Dévouée à ses princes, elle 
ne voulait reconnaître que leur autorité, en même temps 
qu’elle maintenait tous leurs droits. Le duc François II, 
promoteur de la ligue du bien public, qui battit Louis XI à 
Montlhéry, n'avait pas légué à ses pairs l'amour de la dy- 
nastie royale; aussi, après sa mort, sa fille Anne, qui 


ET DISSERTATIONS. 291 


n'était alors âgée que de quatorze ans, continua-t-elle à 
user de ses droits dans toute leur plénitude, et le mariage 
à main armée et par droit de conquête, imposé à cette 
princesse en 1491 avec le roi de France, suffit à peine à 
la fière Bretagne pour lui faire reconnaître la suprématie 
royale. 

Après la mort de Charles, Anne, retirée dans son du- 
ché, frappait encore à Nantes en 1498, comme duchesse 
de Bretagne et reine douairière de France, cette belle ca- 
dière d’or si rare aujourd'hui, et il fallut son second 
mariage avec Louis XII en 1499 pour assurer l’adjonc- 
tion définitive de la province. 

On s’attendrait plutôt à trouver sur les pièces frappées 
après la conquête de Naples, les initiales de la reine unies à 
celles du roi qu'on y voit inscrites : nous n’aurions pas 
alors , comme sur la monnaie conservée à 1a Bibliothèque 
impériale , un écu d'or (n° 494 du Catalogue de Conbrouse) 
portant un écusson accosté 4 droite d'un K, et à gauche 
d’une croisette à la place de laquelle figurerait si bien l’ini- 
tiale de la reine. 

Enfin , il ne faut pas perdre de vue qu il ne s'est pas agi 
ici de monnaies courantes, mais bien de piéforts ou d'es- 
sais sur lesquels je crois pouvoir persister à voir les initiales 
de l'atelier d'Aix mises en évidence à côté des honneurs 
royaux, comme une fiche de consolation accordée à cette 
capitale récemment détronée. 

AD. CARPENTIN. 


te ne RE 


292 MÉMOIRES 


MONNAYEURS FRANÇAIS 


DANS LA GRANDE-BRETAGNE AUX XII* ET XIII* SIECLES. 


On n’a pas encore retrouvé de monnaies frappées par 
Louis de France, père de saint Louis, pendant son règne 
de quinze mois en Angleterre, du 18 juin 1216 à la fin de 
septembre 1217. On est en droit de s’en étonner; le jeune 
prince résidait dans la capitale, et il pouvait employer 
dans plusieurs villes des monnayeurs français déjà établis, 
disposés à reconnaître sa souveraineté et à travailler pour 
lui dans leurs ateliers ‘. | 

La présence des monnayeurs français en Angleterre et 
en Écosse au x11° et au xt‘ siècles est un fait curieux qui 
n’a guère été étudié de l’autre côté du détroit, et qui a été 
encore plus négligé chez nous. Il y aurait là matière à faire 
un nouveau chapitre pour l’histoire des artistes francais à 
l'étranger. 

En 1745, Stephen Martin Leake, auteur d’une histoire de 
Ja monnaie anglaise, s exprimait ainsi : 

« Stow mentionne les deniers du Conquérant portant LE 
REY WILAM que quelques-uns de nos antiquaires pensent 
appartenir plutôt à Guillaume premier d'Écosse. Mais pour- 


+ Ji faut remarquer toutefois que pour Richard Cœur de Lion on n’a que des 
deniers fabriqués en Guienne, en Poitou, à Issoudun, et que les deniers et 
aboles de Jean sans Terre sortent de l'atelier de Dublin. 


ET DISSERTATIONS. 293 


quoi un roi d'Écosse aurait-il parlé français sur sa mon- 
naie, plutôt que le conquérant qui mit cette langue en 
usage parmi nons? Je ne le comprendrais pas, spéciale- 
ment, comme (si je ne trompe pas) on ne connaît rien de 
semblable sur la monnaie écossaise. Cela est certainement 
plus naturel de la part du Normand qui a peut-être fait 
frapper ces monnaies en Normandie, et d'autant plus pro- 
bable qu'un de ces deniers, en ma possession, représente 
une tête imberbe, suivant la mode normande. » 

Wise, l’auteur du catalogue de la collection Bodléienne 
d'Oxford, impressionné par cette doctrine, a d’abord classé 
le denier portant la légende LE RE] WILAM au règne de 
Guillaume le Conquérant, ajoutant : « Comme les. Écossais 
eux-mêmes paraissent répudier cette monnaie, je ne ferai 
pas de difficulté de la placer en tête de la série anglo-fran- 
çaise. » Deux pages plus loin cependant, il la décrit une: 
seconde fois, parmi les deniers écossais; il en donne de 
nouveau la figure tout en renvoyant à sa première attribu- 
tion adoptée, dit-il, haud invitis antiquariis, avec l'assenti- 
ment des antiquaires *. 

Adam de Cardonnel ne paraît pas avoir connu l'ouvrage: 
de Wise, et dans ses Numismata Scotiz, il ne s'applique 
pas à le réfuter en particulier, mais il fait allusion à une 
opinion assez commune lorsqu'il dit : 

« Des inscriptions si inusitées dans ce royaume peuvent, 
à première vue, frapper le lecteur de l’idée qu’elles ne sont 
pas écossaises; mais si l’on examine les revers, le doute 
s'évanouira. » 

« Guillaume le Lion qui succéda à son frère Malcolm IV 


An historical account of English money, édit. de 1745, ou troisieme édit. 
de 1793, p. 42. 
2 Nummor. ant. scrin, Bodleianis recond. calal., 1750, p. 241, 243. 


294 MÉMOIRES 


en 1165, ayant été fait prisonnier par l’armée d'Heori Il, 
roi d'Angleterre, fut conduit près de ce prince, alors en 
Normandie, et retenu jusqu’à ce qu'il eût payé une rançon 
de 40,000 marcs écossais. Il sera donc permis de supposer 
que pendant qu'il résidait hors de son pays, il aurait engagé 
etenvoyéen Écosse des artistes étrangers chargés de frapper 
la monnaie nécessaire pour payer cette rançon. Ce qui ex- 
pliquerait pourquoi ce premier monnayage est français. 
D'ailleurs, quatre des localités affectées à ce monnayage 
étaient des places fortes (Roxburgh, Berwick, Edinburgh et 
Stirling) livrées en gage jusqu'à ce que la somme stipulée 
fût payée ‘. » 

M. John Lindsay, dans son ouvrage intitulé A view of the 
coinage of Scotland (1845), adopte pleinement l'opinon de 
Cardonnel; mais il n’ajoute aucun détail concernant les 
monnayeurs francais; cependant on peut dire qu'il est au- 
jourd’bui universellement admis que les légendes LE REI 
WILAM et LE REI WILLAME appartiennent & Guillaume le 
Lion d’Ecosse. 

Les légendes des revers nous donnent: 


. HVE WALTER, variante HVE WATER. 

. HVE DE EDENEBV (Edinburgh) 

. FOLPOLT DE PERT (Perth). 

. PIERES ON ROC (Roxburgh). 

. PERES ADAM ON ROK, variante ON ROKES. 
. HENRI LE RVS. 

. HENRI LE RVS PERT. 

. RAVL DE ROCESBV, variante DE ROCEBVRG. 
. RAVL BERVIC (Berwick). 


CoN oO Ge © N À 


1 Num, Scotis or a series of the Scottish coinage. Edinburgh, 1786, p. 40. 


ET DISSERTATIONS. 995 


Les monnaies d'Alexandre II, successeur de Guillaume le 
Lion (1214-1249), fournissent les noms des monnayeurs : 


10. ALAIN ANDRV DE RO (Roxburgh). 
- 44. ANDRV. 
12. PIERES ON ROC. 


Le n°4 est, je crois, frappé à Roxburgh ; déjà M. Lindsay 
a publié (pl. II, n° 36). un petit denier sur lequel on lit, 
au droit et au revers : HVE.WAL.RO. Mais je possède une 
pièce encore plus explicite, car au revers de la légende 
LE REI WILAM, on voit HVE WATER ON RO. 

Hue est une forme bien française ; c'est la traduction de 
Hugo, et si on l'écrit fort souvent Hues, cela tient à cette 
préoccupation grammaticale dont j'ai plusieurs fois déjà 
rappelé les effets’. C’est ainsi qu’on lit le nom de l'archi- 
tecte MAISTRE HVES LIBERGIERS (1263), sur une dalle 
tumulaire de Reims, et qu’on observe Hues à chaque page 
du célèbre roman de Huon de Bordeaux ?, li rois Hues dans 
le roman de Parise la duchesse *. Mais on trouve aussi le 
duc Hue de Langres dans le roman de Gui de Bourgogne, 
messire Hue conte de la Marche dans la chronique de Saint- 
Denis, Hue de Tabarié dans l’Estoire de Eracles empereur *. 

Peres et sa variante Pieres ne sont pas moins connus. 
Outre la célèbre abbaye de Saint-Pére de Chartres, nous 
avons cinq bourgs ou villages dont le nom conserve la 
même orthographe. Peres c'est Petrus après chute de la 
consonne dure; Pierre n'est qu'une forme corrompue. 


* Rerue numism., 1869, p. 268; 1860, p. 330. _ 

® Les Anciens poëtes de la France, éd. de M. Guessard, publ. pur le min. da 
l'instruction publique, t. V. 

» Jbid.,t. IV, p. 30. 

* Joid., t. I, p. 37. 

3 Historions des croisades, Occid., IT, p. 222. 





296 | MÉMOIRES 


M. John Lindsay avait lu sur les n* 6 et 7 HENRILERVS 
(pages 10 et 274) ; mais nous ne pourrions admettre un 
nom si extraordinaire, et l’on n’hésitera pas à diviser cette 
longue série de caractères en trois parties. HENRI LE RVS, 
c'est-à-dire Henri le Roux. rappelle en même temps le roi 
Guillaume le Roux, fils du Conquérant, le garde de la mon- 
naie anglaise Nigel Rufus (1214), le graveur des monnaies 
Ralph le Blund (1267), et les gardes des coins Willelmus 
Rufus et Adam Blundus (1221) ‘. Les surnoms alors étaient 
communs. Dans RVS, RAVL, l’U avait le son de ou. L’ad- 
verbe où, la conjonction ou ont été longtemps écrits avec 
un simple u. Au-dessous d’une vignette peinte dans un 
beau manuscrit de 1125 ?, on lit : 


ICI SIENT LI APOSTLE PVR IVIER (pour juger). 


Guillaume le Lion est-il le plus ancien roi d'Écosse qui 
ait employé des monnayeurs francais? C'est là une question 
à examiner. Le denier attribué par Wise a David I (1124- 
4153), pièce qui porte HVE WATAR, soulève bien des 
doutes. D'un autre côté, les monnaies d'Alexandre I et 
d'Henry de Northumberland, qui ont été publiées par 
M. Lindsay, n’offrent pas toujours des inscriptions lisibles. 

Mais si d'Écosse nous passons en Angleterre, nous ren- 
controns les noms français, dès le commencement du 
xui* siècle. GERAVD ON BRIST sous Henri I (1400-1135), 
FERRIS sous Étienne (1135-1154), ROGIER ON EX sous 
Henri II (1154-1189). C'est toutefois pendant le règne de 
Henri III (1216-41272) que les noms français abondent, et 
je citerai comme exemples : 


1 Ruding, Annals of the coinage of Gr.-Brit., t. 1, p. 26, 44 et 46. 
3 Archæologia, t. XXX VII, p. 379. 


© OC 1 © CE Ww ND æ 


RO ND KR KO KO RO RO KO KO Em en En bn Pee © pe pa 
SOON RTF À N Fe © D D JE Où æ & N À © : 


ET DISSERTATIONS. 297. 


. ALAIN ON CARD (Carlisle). 
. ALISANDRE ON R (Rochester). 
. ALISANDRE ON C (Canterbury). 
ARNAVD ON CAN. 
. BENEIT ON LVND (London). 
. ERNAYD. 
. GICEBERT. 
. HERNAVD. 
HVE ON NICOLE (Lincoln). 
. HVGON. 
. ILGIER ON LV (London). 
- IOHAN B ON CAN (Canterbury). 
- IOHAN M ON CAN. 
. IOHAN ON EXE (Exeter). 
- IOHAN ON LVNDE (London). 
. IOHAN ON NOR (Norwich). 
. IOHAN ON WINC (Winchester). 
. MILES ON WINCE. 
. NICOLE ON LEN (Lynn). 
. NICOLES ON LVND (London). (Coll. Reichel). 
. PIERES ON CICE (Chichester). 
. PIERES ON DVRE (Durham). 
. RAINAVD. 
. RAVE ON NICOL (Lincoln). 
. RAVL ON NORHT (Northampton). 
. REINIER ON WING. 
. RENAVD ON EVER (York). 
. RENAVD ON NOR (Norwich). 
. RICHARD LE ESPBE (Canterbury). 
. RICHARD DE NEKETON (London) ‘. 


1 Voyez les listes de monétaires données par Ruding, Annais, la cellection 


208 MÉMOIRES 


Je ne puis rien affirmer, on le comprendra, relativement 
à la nationalité des monnayeurs Abel, Adam, Bartelme, 
Everard, Fulke, Henri, Jacob, Jurdan, Paul, Robert, Sa- 
muel, Simon, Tomas, parce leurs noms appartiennent aussi 
bien à l'anglais qu'au français. | 

Rogier, Ilgier, Reinier sont, comme Pieres, des altéra- 
tions toutes françaises de même que bergier, vergier, man- 
gier, forgier, messagier, Bérengiers, Ysabiel, Angletierre, 
Gériaumes, etc. 

On trouve dans nos vieux textes Robiers de Flandres, 
Rogiers de Mortaigne, li daneis Ogiers, Angeliers de Bor- 
dale ‘, et tant d’autres exemples qu'on ne saurait les citer. 

FERRIS est la forme française bien connue de Frede- 
ricus. 

Au n° 5 nous trouvons le monnayeur BENEIT dont le 
nom appartient à ce système orthographique suivant lequel 
on écrivait Rei, Franceis, Daneis, Gaufrei, Peitevins, cur- 
leis (courtois), peis (poids), treis, orfreis, mei, seit. etc. 

Beneit est la contraction très-sensible de Benedictus, par 
voie de suppression des consonnes dures intérieures. Si l'on 
a plus tard écrit Benoît, c'est que la diphthongue OI avait 
le même son que El: 


Benéeite scies Marie 
Et benéeiz li fruis de tei *. 


Au n° 10, HVGON devrait logiquement être considéré 


du Numismatic chronicle, éditéo par M. J. Y. Akerman, et dans la nouvelle 
série de ce recueil les Notices de MM. R. Sainthill et Assheton Pownall, t. I, 
p. 204 et 206. 

1 Chron. attrib. à Baud. d' Acesnes. Histor, de France, t. XXI, p. 172, (74. — 
Roman d'Ottinel. Anc. poëtes de la Fr ,t. I, p, 25. — Roman de Floovant, sdéid., 
p. 44. 

2 Wace, {a Vie de la everge Marie, éd. Luzarche, p. 46. 


ET DISSERTATIONS. 999 


‘comme un dérivé de l'ablatif d'Hugo. Mais quand on se 
reporte à nos anciens textes français on s apercoit de l'exis- 
tence d'une série de diminutifs employés concurremment 
avec les noms à l’état simple, dans la prose aussi bien que 
dans les vers; c'est ainsi qu'on lit Je roi Philippon, le roi 
Pierron, le roi Charlon dans les chroniques les plus sé- 
rieuses !. 

Les chansons de geste nous montrent dans les mémes 
pages Karles et Karlon, Kalles et Kallon, Challes et Challon, 
Giles et Gillon, Guis et Guion, Nales et Nalon ; enfin Hues, 
Uges, Hugues, Huon, Hugon et Hugons *. Chaïlon et Cha- 
lon, en tant que noms d'homme, viennent de Charles et 
n’ont qu'un rapport fortuit et extérieur avec le nom de nos 
villes. 

IOHAN est parfaitement français; des monnayeurs anglais 
d'Henri III signent IOHN. Voyez, entre autres textes, la vie 
de la Vierge Marie par Wace où Johan est sans cesse répété. 

MILES et NICOLES appartiennent bien encore à notre 
pays; je renonce à démontrer un fait qui ressort de la lec- 
ture de tant de textes. 

Les monétaires HVE et RAVF (en anglais on écrit Hugh 
et Ralph), travaillaient à Lincoln dont ils font Nicole, ce 
qu'on peut considérer comme un trait de caractère suffisant 
pour révéler l'origine de ces personnages. L’ignorance de la 
langue parlée dans le pays étranger qu'on habite a toujours 
été le fait de nos compatriotes. 


§ Chron. anon. Histor. de Fr.,t. XXI, p. 132, 133, 134. — Chron. attrib. à 
Baud. 0’ Avesnes, ibtd., p. 172 à 181. 

2 Girart de Rossillon, éd. Mignard, 1858, p. 78, 75, 84, 137, 148, 204, 225. 
— Doon de Mayence, Anc. pottes franç., t. II, p. 186, 187, 189, 242. — Huon de 
Bordeaux, ibid.,t. V, p. 2,8, 7, 11. — Gaufrey, sbid., t. III, p. 1, 2, 3, 5, 19, 
23. — Fierabras , ibid., t. IV, p. 2,3, 6, 7, 9, 11 — Gui de Nanteuil, ibid, 
t. VI, p. 10, 12, 13, 67. — Aye d'Avignon, ibid., t. VI, p. 32, 33, 49, etc. 


300 MEMOIRES 


Que dans!’ Estoire de Eracles empereur on trouve : le conte 
do Perches qui fu ocis a Nicole (Thomas, comte de Perche, 
qui périt à la bataille de Lincoln en 1217)', qu’au xtv* siècle 
un notaire de Guienne fasse signer & un prince anglais 
une charte francaise dans laquelle il est intitulé fils du roi 
d’ Angleterre..... comte de Derbit et Nicole*, cela se concoit 
encore. Mais que dans la Grande-Bretagne même, qu’à 
Lincoln, des employés du roi Henri III altèrent le nom de 
la ville où ils travaillent, cela paraîtrait incroyable de la 
part de tout autres que de Français. 

Aux n° 6 et 8 ERNAUD se présente sous deux formes et 
dans le Roman de Gaufrey on remarque le nom d’Ernaud 
de Biaulande (p. 6) écrit Hernaud aux pag. 14, 12,17, 24. 

Tous ces noms comme ARNAVD, ERNAVD, RAINAVD, 
RAVF, GERAVD, ont en anglais conservé I'L que le francais. 
remplace par un U. D’ Alfonse nous avons fait Aufous ; d’Al- 
bigeois, Aubegois; d’Almeria, Aumerie, et ce qui est plus. 
fort, d’Alsace, Auçoi. Raoul d’Aucoi, dans la chronique de- 
Saint-Denis, c’est Rodolfe de Habsbourg. 

Je ne pousserai pas plus loin la discussion de ces noms; 
on pourra facilement trouver à l'aide des textes que j'ai in- 
. diqués la solution de toutes les difficultés qu'ils pourraient 
faire naître dans l’esprit des lecteurs. Il nous a suffi de si- 
gnaler à l'attention des numismatistes francais cette série 
de monnayeurs qui ont été dans la Grande-Bretagne les 
précurseurs des Nicolas Briot, des Simon, des Dassier. 

ADR. DE LONGPERIER. 


V Histor. des croisades, Occid., t. I], p. 821. 
Venuti, Disser!, sur les anc. monum, de Bordeaux, 1754, p. 179. 


Ott me tn a el 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 





Lupwic Miter. -Undersôgelse af græske Mynter med 
Tegnet Tau til Typ. (Examen des monnaies grecques 
ayant pour type le signe tau.) Kjébenhayn. 1859. In-8°, 
une planche gravée. 


L’étude des caractères isolés qui servent de type à un certain 
nombre de monnaies grecques a déjà fourni à notre savant col- 
laborateur, M, le docteur Müller, le sujet d’un mémoire inséré 
dans notre reeueil (41859, p. 4). Dans le travail écrit en danois 
que je vais essayer de faire connaître, Pauteur de la Numisma- 
tique d'Alexandre a réuni les dessins de quatorze pièces qui 
toutes portent un T au revers, et il y a joint quatre petites mon- 
naies sur lesquelles trois T sont rapprochés par la base. Voici 
la description de tous ces monuments : 

4. — Tête du fleuve Achéloüs tauriforme. »'. T dans le champ. 
A. Poids, 1,06. 

2. — Méine tête. À. T entre deux rameaux de chêne avcc 
glands ; au-dessous, KAA. AR. Poids, 0,87. 

3. — Casque. À. T dans le champ. A. Poids, 0,74. 

4. — Casque tourné à gauche. r'. Amphore sur la panse de 
laquelle est tracé un T. A. Poids, 0,26. 

5. — ®QKEQN. Trois bucranes avec bandelettes. #. Un T au 
milieu d’une couronne de laurier { Phoeide}. AZ. Poids, 9 gr. 
et 8 gr. 

6. — Tête de nègre. x. Trois T réunis par la base (Delphi). 
A. Poids, 0,69. | 


302 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


7.— % occupant le champ. r. Carré creux dans lequel est 
un T entre deux points ( Phlius). AX. Poids, 0°,59. 

8. — NAM; ces caractères sont plarés entre trois glands. 
8. Trois T réunis par la base ( Mantinea ). A. Poids, 0*,67. 

9. — Tête diadémée de Jupiter. K. FAA, caractères placés 
entre trois T réunis par la base (Elis). AX. Poids. 0*,49. 

40.— Tête de Méduse de face. r. KPA; caractères placés 
entre trois T réunis par la base (Cranium). Æ. Poids, 0,68. 

44. — Tête d'Hercule tournée à gauche. s'. IR rétrogrades et 
T entre deux glands ou deux grappes. AX. Poids, 0,70. 

42.— Téte d’Apollon? couronnée de laurier, à gauche. 
a. T dans dans le champ. AR. Poids, 05,92. 

143. — Même tête, de style plus récent. n. T dans le champ. 
A. Poids, 0*,81. 

14.— Coquille pecten. À. T accompagné de trois points dans 
un grénetis. AR. Poids, 0,184. 

15.— Même type. x. T accompagné de trois points. 

46. — T accompagné de trois points, grénetis. 5. T avec 
trois points sans grénetis. 

17. — T avec trois points, type répété sur les deux faces de 
la monnaie. AR. Poids, 0°,22, 0",198. 

48. — Même type avec un N au-dessus du T. Æ. Poids, 
OF 748. 

Que siguifie ce T reproduit sur tant de pièces ? Représente-t- 
il un nom de lieu ? 

Non, répond-on , puisque les monnaies qui le portent appar- 
tiennent évidemment à des localités différentes, dont quelques- 
unes, caractérisées par des légendes, avaient un nom coinmen- 
cant par M, K, 9, etc. 

Ce caractère exprime-t-il le nom de la monnaie ou sa valeur? 

Non, dit-on encore, puisqu'on le trouve sur des pièces de 
cuivre aussi bien que sur des pièces argent et que ces der- 
nières sont de poids très-divers. 

Cependant, les systèmes monétaires offrant de grandes va- 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. $03 


riantes, il faudra, avant d’admettre ce dernier raisonnement, 
examiner une à une toutes ces pièces pour reconnattre si elles 
ne peuvent se rapporter à des multiples ou à des divisions dont 
les facteurs pourraient être Térrapa ou Tpeïs. 

Il ne peut être question ici du Tetpé8paypov, ni du Tetpu6odov 
ou du Tpudbodrov, dont le poids dépasserait à coup sûr celui des 
pièces qui viennent d’être décrites. Mais on remarquera déjà 
quele Tpmprobd)tov, c’est-à-dire la pièce d’une obole et demie ou 
quart de drachme, devrait peser suivant le système attique, le 
plus généralement cmployé, 4°,062, comme la pièce n° 1. 

Le Tptrnuopwv, ou trois quarts d’obole, serait de 0,531: le 
Tpmprtapteudpwy, ou trois huitièmes d’obole, de 0°,265; le 
Tezaptynydpiov, ou quart d’obole, de 0,177. 

Or, quand on tient compte des diversités de système qui par- 
tageaient le monde antique, de la difficulté d’étalonner les trés- 
petites divisions monétaires, du nombre restreint de pièces 
pesées et de leur plus ou moins mauvais état de conservation , 
on voit qu'il ne faut pas rejeter trop absolument l'explication 
du T par les valeurs monétaires, tout en avouant qu’une même 
marque représentant des fractions si différentes constitue une 
singularité fort étonnante. 

On ne peut raisonnablement supposer que ce F soit l'initiale 
d'un nom d'homme ; mais pour les n°° 44, 15, 16, 17 et 18, qui 
appartiennent à la numismatique de Tarente, il est difficile de 
ne pas établir un rapprochement entre le caractère-type et le 
lieu d'émission. 

Quoi qu’il en soit, M. Müller pense que le F a un sens religieux, 
et il s'explique ainsi l’adoption qui en a élé faite par un assez 
grand nombre de peuples et de villes. Ce tau une fois considéré 
comme un symbole, M. Müller s’attache à montrer sou analogie 
avec la croix ansée qui se trouve sur les monnaies de Tarse en 
Cilicie et de Cypre; il le compare, lorsqu’H est trois fois répété 
( voyez plus haut la description des n° 6,8, 9 et 10), à la tris- 
kèle ou triquetra des monnaies lyciennes, considérée par 


304 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


d’éminents antiquaires comme un symbole de la triple Hécate. 
Le triple tau, avec une valeur de signe de vie analogue à celle 
que mentionne Ezéchiel, ou à celle que les Égyptiens attribuaient 
à la croix ansée, pourrait représenter une trinité masculine, celle 
des trois Jupiter. M. Müller fait remarquer que la valeur reli- 
gieuse du signe T a été admise parles chrétiens, qui ont considéré 
ce caractère comme une figure de la croix ou patibulum, et à 
ce propos il cite le T qui se voit sur les monnaies d’or de 
Roger IT, grand comte de Sicile; mais le rapprochement n’est 
pas parfaitement juste. Les monnaies d’or dont il est ici ques- 
tion ont été fabriquées à Messine par des musulmans qui y ont 
inscrit la formule : Mohammed est Penvoyé de Dieu, et qui, pour 
imiter la monnaie des chrétiens sans déroger à leurs propres 
croyances, employaient un T qui ressemble à une croix, et qui 
cependant, dans leur opinion, n’en était pas du tout l’équiva- 
lent. C’est ce qu'avait déjà fait Mouca ben Nocéir qui avait 
voulu imiter, soit en Afrique, soit en Espagne, les monnaies 
d’Héraclius, et cette dernière particularité n’a pas échappé à la 
sagacité de M. de Saulcy, quand il nous a ‘fait connaître d’une 
façon si intéressante les premières monnaies des musulmans. 

L'idée de M. Müller, attribuant une valeur religieuse au tau 
signalé par lui sur tant de monnaies, nous paraît ingénieuse, 
et nous croyons qu’elle pourrait être complétée encore par 
l'étude comparative de quelques autres monuments. On connaît 
cette belle monnaies des Epirotes publiée par M. Arneth, et qui 
porte au revers un chêne chargé de trots glands et accompagné 
de trois colombes. 

Ce type est, comme l’a très-bien montré le savant conserva- 
teur du Cabinet des médailles de Vienne, destiné à rappeler la 
célèbre forêt de Dodone et l’oracle du Jupiter des Pélasges. On 
a, à la vérité, révoqué en doute l'authenticité de cette médaille ; 
mais c’est là un point contesté ( ct fort contestable, à ce que j’ai 
entendu dire, car je n’ai jamais vu la monnaie originale). Dans 
tous les cas, de belles et authentiques n:onnaies de l’Épire nous 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, 306 


montrent Jupiter Dodonéen couronné de chéne ( voyez Mionnet, 
t. IT, Suppl., pl. XII). Je serais donc disposé à croire que les 
T accompagnés de glands représentent le 7'an antique; le grand 
dieu dont les monnaies crétoises portant la double légende TAN 
KPHTATENHE et ZEYZ KPHTATENHE, associée à une même 
figure, établissent si clairement l’identité. Ce nom de Tan a sur- 
vécu à l'introduction de formes différentes. Non-seulement nous 
pouvons citer les médailles de Polyrrhenium et d’Hierapytna 
frappées sous Auguste, mais dans une inscription de Pile de 
Philé, tracée en l’honneur du même empereur, nous trouvons 
ce vers : 


TANI TOI EK TANOZ IHATPOZ EAEY@EPIQ 1, 


On peut objecter que Täv est une forme dialectique pour Zdv; 
mais les dialectes dans toutes les langues conservent les formes 
les plus antiques, et d’ailleurs lexistence de Tan en Crète fait 
présumer son origine pélasgique, et fournit un lien de plus avec 
le Jupiter de Dodone, dont l’oracle, il est bon de le remarquer, 
conserva pendant bien longtemps la direction des institutions 
religieuses chez les peuples helléniques. 

Mais toutefois il me semble important de ne pas attribuer in- 
distinctement une valeur mystique à tous les T qui occupent le 
champ des médailles grecques. Il faut se garder des explica- 
tions trop générales. Une étude attentive des monuments nous 
montre que dans l'antiquité, aussi bien que pendant le moyen 
âge, des figures identiques ont eu, suivant les temps, les lieux 
et la nature des objets qui les portent, des valeurs fort diffé- 
rentes. À. L. 


1 Hamilton, Ægyptiaca, p. 52. — Journal des savants, 1821, p. 305. — Bul- 
letin des sciences historiques, de Férussac, mai 1825, p. 397. Dans la copie de — 
M. Hamilton, publiée par M. Letronne , les T ont été figurés eomme des I. 
Recueil des inscriptions de l'Égypte, t. 1], p. 142. 





1862. — 4. 21 


306 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, 


Description historique des monnaies frappées sous l'empire 
romain, communément appelées médailles impériales, 
par Henry Coen. Paris, C. Rollin, 4859. Tomes | et II, 
in-8°, 38 planches. 


Troisième article *. 
ANTONIN LE Prevx. 


J’ai taché de fixer les années des neuf libéralités d’Antonin 
le Pieux (voyez Bull. arch. Nap., ann. V, p. 23), et les dates 
que j’ai assignées à chacune de ces libéralités se trouvent con- 
firmées par la description de M. Cohen, excepté pourtant que 
la septième libéralité ( LIBERALITAS VII), qui, selon moi, 
tombe err l’année 154, devrait être avancée de deux ans, si les 
légendes TR. P. XV et TR. P. XVI sont exactes. M. Cohen a 
rencontré ces deux chiffres sur des monnaies qui portent l’indi- 
cation de la septième libéralité (LIBERALITAS VII), tandis 
_ que sur deux autres i! a lu, comme sur la pièce que j’ai eue 
sous les yeux, TR. P. XVII. Je serais donc porté à croire que 
sur les deux premières pièces une des unités ou bien les deux 
dernières unités du chiffre XVII ont pu avoir disparu par suite 
du frottement. Que si la légende TR. P. XV est complète et 
certaine, il en résulterait que la mention de la même libéralité 
continuait à être rappelée sur la monnaie pendant trois ou 
plusieurs années de suite’. 

Une remarque importante de l’auteur ( p. 323, n° 359) est celle 


1 Voyez Revue num,, 1861, p. 479 et suiv., et 1862, p 70 et suiv. 

2 Voici l’ordre chronologique des libéralités d’Antonin le Pieux , d'après 
M. l'abbé Cavedoni : 

LIB. I, an 139. — LIB. II, an 140.— LIB. IT], an 144 ?— LIB. IIII, an 145. 
— LIB. V, an 148. — LIB. VI, an 151. -- LIB. VII, an 154, — LIB. VIII, 
an 158, — LIB. VIIII et CONG, AVG. VIIJI, an 161. — Maintenant quant à 


= 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 307 


qui a rapport aux légendes VOTA SVSCEPTA et VOTA SOLVTA ; 
quand il s’agit sur les monnaies impériales des vœux formés, 
VOTA SVSCEPTA, on y voit l’empereur faisant une libation 
sur un trépied, sans qu’on aperçoive une victime destinée au 
sacrifice ; quand il s’agit au contraire de vœux accomplis, VOTA 
SOLVTA, la victime est étendue par terre auprès du trépied. 
Cette remarque est sujette cependant à quelques rares excep- 
tions. Cohen, Anfonin, n° 408, où un victimaire assomme un 
taureau, VOT. SVSC. DEC. IIl. 

4. ANTONINVS AVG. PIVS P. P.TR. P. XI. COS. IT. Buste 
nu, avec le paludamentum, à gauche. 

n. Tensa du cirque, trainée par quatre chevaux marchant len- 
tement et ornée de festons, portant la légende ROM. sur le devant 
et la louve allaitant les jumeaux sur le côté droit, qui est visible, 
avec la statue de Rome assise sur la partie antérieure, la plus 
élevée en forme de petit fronton triangulaire, entre deux palmes 
aux angles. — A. M. M. 

Ce magnifique médaillon de bronze de la collection de 
M. Dupré, décrit et gravé dans l'ouvrage de M. Cohen (pl. XI, 
n° 450), est des plus remarquables. Antonin le Pieux avait cé- 
lébré, en 146, l’année 900 de la fondation de Rome (Aurel. 
Victor, De Cæsaribus, XV). Sur un autre médaillon, où se trouve 
marquée la douzième puissance tribunitienne, est figuré le cir- 
que avec sa pompe, ses chars (fensæ) et ses athlètes. (Voir 
Bull. arch. Nap., ann. V, p. 14-16). Il résulte de l’examen du 
médaillon décrit plus haut que dans l’année 148 Antonin avait 
dédié à Rome un char (tensa) qui était destiné à figurer dans 
les pompes du cirque avec ceux des divinités du Capitole et des 


la septième libéralité (LIBERALITAS VII), que M. Cohen indique avec la 
quinzième puissance tribunitienne (TR. P. XV, n° 183) et avec la seizième 
(TR, P. XVI, n° 178 et 185), 11 est certain que sur l’exemplaire d'or du 
Cabinet il n’y a jamais eu que TR. P. XVI. Quant aux deniers d'argent, il 
serait possible que le chiffre ne fût pas complet et que les unités eussent dis- 
para en partie, J. W. 


308 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


personnages divinisés, prédécesseurs ou ancètres de l’empe- 
reur. 

2. ANTONINVS AVG. PIVS P. P. TR. P. COS. IL Tête 
laurée. 

R. DISCIPLINA AVG. S. C. Antonin marchant à droite, suivi 
d’un héraut (accensus) et de trois soldats portant des enseignes 
militaires; le dernier portant de plus une trompette recourbée. 
— Æ. I. 

Ce revers montre qu’Antonin s’appliquait à maintenir la dis- 
cipline militaire établie par Hadrien. Je n’oserais affirmer avec 
M. Cohen (n° 579) que le chef de ces soldats soit Antonin en 
personne, plutôt qu'un de ses lieutenants; nous savons par 
Capitolin que cet empereur, d’un caractère des plus pacifiques, 
ne fit aucune expédition militaire ; il se rendait à ses champs 
en Campanie : Nec ullas expeditiones obitt, nist quod ad agros 
suos profectus est ad Campaniam. Capitolin., in Anton., 7. 

3. ANTONINVS AVG. PIVS P. P. TR. P. COS. III. Téte 
laurée. 

5. MONETA AVG. S. C. Femme vêtue, debout, tenant dans la 
main droite des balances et un objet en forme de cœur, et dans la 
gauche une corne d’abondance. — Æ. I. 

Selon M. Cohen (n° 691), la Monnaie personnifiée tient dans 
la main droite des balances surmontées d'une grenade. Mais, 
sans nier que l’attribut de la grenade ne puisse être accepté, 
sur un exemplaire que j’ai sous les yeux, l’objet en question a 
tout à fait la forme d’un petit sac destiné à contenir des mon- 
naies, sacculus nummartus, crumena, serré étroitement par un 
lien à la partie supérieure, de manière que l'ouverture du sac 
s’élargit au-dessus du lien et donne l’apparence de ce que lau- 
teur a pu prendre pour la couronne de la grenade, couronne qui 
d’ailleurs serait disproportionnée quant à la graudeur avec le 
fruit luieméme. Mazzabarba regarde cet objet comme une 
bourse, crumena, et tout le monde conviendra que la bourse ou 
sac, crumena, sacculus nummarius cst un attribut des mieux 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 309 


appropriés à la Monnaie. D'ailleurs, il est constant que chez les 
anciens les petits sacs destinés à renfermer la monnate , saecult 
nummarit, avaient précisément la forme que donne la pièce 
d’Antonin, décrite sous le n° 694. Cf. Bull. de l’Inst. arch., 
4844, p. 23'. 

4. Légende et tête comme au n° 3. 

7. OPI AVG. S. C. Femme vêlue, assise, dans l’action de tou- 
cher de la main droite un globe et d'appuyer son coude gauche 
sur un second globe, tandis qu’elle tient dans la main gauche un 
sceptre. — AL. I. 

M. Cohen (n° 698) reconnaît dans la femme assise la Richesse 
personnifiée, ou la déesse Ops, qui présidait aux richesses. 
Je préfère le nom d’Ops, épouse de Saturne, fille du Ciel et 
de Vesta ou de la Terre. (Voir Forcellini, s. v. Ops.) Les deux 
globes, le globe céleste et le globe terrestre, sont ses attributs. 
Ajoutons que dans le temple d’Ops on conservait l'argent 
{ pecunta ). Forcellini , loc. cit. 


FAUSTINE MÈRE. 


Parmi les nombreux médaillons de Fausline mère décrits par 
l’auteur, les trois types suivants me paraissent particulièrement 
remarquables (n® 126, 432, 433). 

4. Mars nu casqué, le bouclier et la chiamyde sur le bras gau- 
che, posant la main droite sur un tronc d’arbre et regardant 
Rhéa Sylvia couchée sur le sein d'un homme qui lève la main 
droite et tient de la gauche un roseau ; auprès une urne à l’entrée 
d’un antre, derrière lequel est un arbre. 

Rhéa serait ici appuyée sur le sein de son père le 7ibre, ou 
bien du Sommeil, qui l’endort *. 


' Voyez une monnaie de la famille Lollia, sur laquelle M. l'abbé Cavedoni 
a aussi reconnu un petit sac. Riccio, le Monete delle ant. famiglie di Roma, 
tav. LX, n°2. J. W. 
2 Voyez l'explication du tableau de Pompéi donnée par Raoul Rochotte, 


310 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


2. Faustine sous la forme de Vesta, assise, tenant le Palladium 
dans la main droite et un sceptre dans la gauche; à ses pieds une 
vestale debout, avec un vase sur la téte. 

La vestale debout en face de la déesse Vesta ou de Faustine 
divinisée fait peut-être allusion à la dédicace du sol du temple de 
l’impératrice : il est certain que quand il s’agissait de la consécra- 
tion d’un temple, au nombre des cérémonies prescrites, les ves- 
tales purifiaient le sol en y versant de l’eau puisée aux sources — 
vives et aux rivières : Virgines vestales, cum pueris puellisque 
patrimis matrimisque aqua vivis e fontibus emnibusque hausta, 
periuere (aream ). Tacit., Hist., 1V, 53. Cependant on pourrait 
également voir ici la vestale Tuccia, faussement accusée, portant 
de l'eau dans un crible, en preuve de sa chasteté, et invoquant la 
déesse de la manière suivante : Vesta, st sacris tuts castas sem- 
per admovt manus, effice, ut hoc (cribro) haurtam e Tiberi aquam, 
et in adem tuam perferam. Plin., H. N., XXVHI,2, 3. — Valer. 
Max., VIII, 1, 5. Le crible, dans ce cas particulier, était em- 
ployé à la place de l'hydrie que l’on portait sur la tête‘. Sur 
un autre médaillon de Faustine déifiée (Cohen, n° 128) est figu- 
rée la vestale Claudia, en faveur de laquelle il arriva également 
un prodige; pour prouver sa chasteté elle conduisit au rivage, 
au moyen de sa ceinture, le vaisseau qui portait le simulacre de 
Cybèle, arrivé de Pessinunte. Ces deux types peuvent se rap- 
porter à la prétendue vertu de Faustine, que l’on cherchait, 
aux yeux du vulgaire, à faire passer, après sa mort, pour une 
princesse de mœurs irréprochables. 

3. Femme voilée , accompagnée d’un homme tenant un attribut 
incertain et assise dans un char trainé par deux bœufs, précédés 
par un homme en habit court qui les conduit vers un temple rond, 
surmonté d'une coupole. 


Monum. ined., p. 36-42, 114.— Cf. Ann. de U Inst. arch., 1828, t. I, p. 247.— 
Museo Borbonico, t. IV, tav. IT. J. W. 

1 De nombreuses peintures de vases montrent des vierges hydrophores au- 
près d’une fontaine. Voir Gerhard, Vasenbilder, pl. CCCVII-CCCIX. J. W. 





BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 311 


M. Cohen, tout en manifestant des doutes, pense que l’on doit 
voir ici Vesta, et que l’homme assis à côlé de la déesse tient 
dans la main le fifuus augural. Mais Caronni (Mus. Wiczay 
Hedervar, t. If, p. 157-138), qui avait sous les yeux ce mé- 
daillon , bien qu'il dise qu’il est assez fruste et usé, reconnait 
dans Fobjet tenu par le personnage placé auprès de la déesse, 
non un /ttuus, mais un pedum à l'usage des bergers: et le 
dessin joint à la description de Caronni (/mpp. arg., tab. I, 8) 
donne en effet la forme d’un pedum ; d'où il me semble assez 
probable que la déesse doit être Cybele (Mater Deum satutaris), 
qui, sur un autre médaillon de Faustine déifiée, est représentée 
assise dans son temple, à côté duquel se tient debout son cher 
Atys (Eckhel, D. N., VII, p. 39-40). Le pedum est l’attribut 
d’Atys, et le tholus ou coupole convient parfaitement au temple 
de Cybéle aussi bien qu’à celui de Vesta. Cf. Martial, L 
epigr. T1, 10. 


"Et Cybeles picto stat Corybante THOLUS, 


H est vrai que Cybèle est ordinairement représentée assise sur 
un char tiré par deux lions; mais les bœufs soumis au joug con- 
viennent également à cette déesse, puisque Virgile ( Æ»., ll, 
411) lui donne l'épithète de Mater cultrix. 


M. AunèLe. 


4. M. ANTFONINVS AVG. GERM. SARM. Zéte laurée. 

#. FORT. DVCI TR. P. XXX IMP. VIII. COS. Ill. La Fortune 
assise, tenant la corne d’abondance dans la main gauche et dans 
la droite le gouvernaïil posé sur un globe ; une roue sous le siège. 
— MR. 


Ls mé dailles de Mastaura en Lydie ont pour type un tewreau. Eckhel , 
D. N., I, p. 108. Or, d'après Etienne de Byzance (+, Méotaupa:), le culte de 
Ma, la même que Cybèle ou Rhéa, florissait dans cette ville, et on lui saorifiait 
des taureaux. JW. 


312 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


M. Cohen (n° 78) semble mettre en doute la lecture DVCI; 
mais Eckhel (D. N., VII, p. 63) a prouvé d’une manière positive 
que la lecture DVCI est incontestable, en faisant connaître que 
cette épithéte se trouve sur plusieurs monnaies de Marc-Aurèle 
et de Commode. L’inscription de Telesia consacrée à la Fortune 
qui conduit, FORTVNAE DVCI (Orelli, n° 5790), est entièrement 
d’accord avec la légende des monnaies, et comme cette épithète 
de la Fortune ne se trouve qu’à l’époque des Antonins, il est 
vraisemblable que l’inscription de Telesia appartient à cet âge. 

2. P.M. TR. P. XVIII. IMP. If. COS. Il. Femme debout ré- 
pandant les richesses de la corne d’abondance dans un autre vase. 
— Me 

M. Cohen (n° 160, ef. n° 174, 402) laisse le lecteur dans 
lincertitude , si l’on a voulu ici représenter |’Abondance. Il me 
semble plus probable que c’est la Bienfaisance, Beneficentia, 
Edepyecla, déesse nouvelle à Rome et ainsi dénommée par le 
bienfaisant M. Auréle. Dio Cass., Hist., LXXI, 34. — Cf. Bull. 
arch. Nap., ann. V,p. 79, n° 16. 

3. M. ANTONINVS AVG. TR. P. XXIX. Buste lauré avec le 
patudamentum. 

5. IMP. VII. COS. Ill. Apollon assis, vu de face, tenant le 
plectrum dans la main droite et lar lyre dans la gauche ; pres de 
lui un arbre. — Æ. M. M. 

L’Apollon figuré sur ce médaillon est probablement l’Apollon 
des jardins impériaux, rappelé par Jules Capitolin (in Marco 
Ant., 6): Quum Lucillam matrem Marci in Vinianio veneruntem 
SIMULACRUM APoLLINIS vidisseé. L’arbre indique ici les jardins. 
(Gf. Bull. arch. Nap., ann. V, p. 77, n° 40.) Sur les médail- 
lons d’Antonin le Pieux, on voit également les types de plu- 
sieurs divinités accompagnées d’arbres et d’autres objets qui 
indiquent des lieux champêtres (voir Cohen, n 405, 409, 411, 
415, 447, 419, 422, 424, 495, 498, 430, 433), et ainsi se trouve 
confirmé l’avis d’Eckhel et d’autres numographes qui considè- 
rent les médaillons impériaux de coin romain comme ayant 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 513 


été frappés spécialement à l’occasion des fêtes publiques et par- 
ticulières de la cour impériale, d'autant plus qu’Antonin le 
Pieux aimait beaucoup à se reposer à la campagne, et se plai- 
sait dans les retraites champêtres. Capitolin., in Antonino, 11. 

4. AVRELIVS CAES. ANTON. AVG. PIIF. Buste nu a droite, 
avec le paludamentum. 

5). TR. POT. XHI. COS. IT. Neptune nu debout, le pied gauche 
posé sur une proue de vaisseau , appuyé de la main gauche sur le 
trident et la main droite étendue vers la porte d’une ville entou- 
rée de hautes muraïlles crénelées ; derrière lui des flots et un dau- 
phin qui saute. — Æ. M. M. 

M. Cohen reconnaît dans le type de ce magnifique médaillon 
de bronze de la collection de M. Dupré ( pl. XVI, n° 385) Nep- 
tune auprès des murs de Troie, et derrière lui un monstre marin, 
mais dans la gravure paraît un dauphin. Si sur la pièce originale 
on voit réellement un monstre marin, on pourrait penser au 
monstre auquel fut exposée Hésione, et la muraille qu’on voit 
en face de Neptune serait le mur élevé par Hercule, son libé- 
rateur, le ceiyoc éuolyurov, près duquel se tient Neptune 
( {liad., XX, 445). Si au contraire c’est un dauphin, il vaudrait 
mieux penser à quelque ouvrage romain sur le littoral du 
Latium ou de la Grande Grèce. 

5. AVRELIVS CAESAR AVGVSTI PII F. Buste nu, avec le 
paludamentum. 

D. Cavalier au galop, lançant un javelot contre un sanglier 
courant. — Æ, M. M. 

M. Cohen ( n° 408, dans une note) dit que M. Curt reconnaît 
ici le jeune César poursuivant un sanglier, tandis que M. Dupré, 
qui possède ce beau médaillon, est porté à voir plutôt dans 
le cavalier Méléagre ou un autre héros de la mythologie, 
parce que le caractère et les fortes études de Marc-Aurèle 
devaient le tenir éloigné des jeux ou chasses (venationes). 
Mais en faveur de la première explication, qui reconnaît Marc- 

_Auréle lui-même dans ce cavalier, se présente le témoignage 


31h BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


positif de l'historien Dion Cassius | Hist., LXX1, 36), qui atteste 
que le jeune César avait l'habitude, grâce à sa force prodigieuse 
et à son adresse, de tuer les sangliers d’un seul coup de javelot, 
quand il se mettait à les poursuivre à cheval. Le rapport entre ce 
type et les paroles de l’historien est si frappant, qu’autrefois 
j'avais conçu quelques doutes sur l’authenticité de cette pièce 
(voir Bull. arch. Nap., ann. V, p. 76, n° 4); aujourd'hui je ré- 
tracte très-volontiers ce que j'ai pu dire contre l'authenticité de ce 
médaillon. Fronton (ad M. Cæs., Ul, F'pist., 20) écrivait à son 
élève : Ube vivartum dedicabitis, memento quam diligentissime, 
st feras percuties, equum admittere. Et le jeune César adressait à 
son maître les paroles suivantes (IV Æprist., 5) : Ad venationem 
profecti sumus, fortia facinora fecimus : apros captos esse fando 
audimus ; nam videndi quidem nulla faeultas fuit. 

6. AVRELIVS CAESAR AVG. PIIF. Buste jeune, le plus sou- 
vent avec le paludamentum. 

5. HONOS. S. C. L’Honneur debout vêtu de la toge, tenant dans 
la main droite un rameau garni de feuilles et dans la gauche une: 
corne d'abondance. — Æ. I et Il. | 

Une observation heureuse et importante de M. Cohen (note, 
n° $02) est que sur les monnaies impériales, à partir du règne 
d’Antonin le Pieux, lÆonneur est représenté vêtu de la toge, la 
tête tantôt nue, tantôt radiée, d’où il paraît résulter qu’on avait 
l'intention, au moyen d’une adulation fine et spirituelte, de repré- 
senter l’Auguste ou le César comme personnifiant l’Honneur. Et 
cette observation se trouve confirmée de la manière la plus sa- 
tisfaisante, parce que, dit l’auteur, sur les monnaies de Marc- 
Aurèle César, l’Honneur a la tête radiée, seulement sur les pièces- 
de moyen bronze, où la tête du prince, figurée au droit, est éga- 
lemont radiée. Je ne saurais accepter de même l'opinion de l’au- 
teur (loc. cit.) relative à la figure virile vêtue de la toge qu’on est 
convenu d’appeler le Génie du Sénat. M. Cohen dit que ce n’est 
pas un vrai génie, mais bien plutôt un sénateur ou le sénat lui- 
même représenté sous l’habit d’un des membres de ce corps. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 319 


Cette opinion est tout à fait en opposition avec ce que dit Dion 
Cassius (Hist. LXVIN, B): ESdéxe: ävôpa xpecGdtyy tv iuatlp nat 
Eorite xeprropptpm, Er: St xal otepavep, totodrcpsvov, ola nov xal 
viv l'epouolav. Ypépouar, x. ¢. À. Il s’agit dans le passage de I’histo- 
rien d’un songe de Trajan qui avait cru voir un vieillard dans 
le costume que les artistes donnent au Sénat personnifié. (Cf. 
Bull. arch. Nap., ann. V, p. 13, n° 9'.) 

7.M. ANTONINVS AVG. TR. P. XXVI. éte laurée. . 

#. PROVIDENTIA AVG. IMP. Vi. COS. IHS. C. Marc-Aurèle 
avec un autre personnage à côté de lui sur une estrade, dans l’ac- 
tion de haranjuer quatre soldats.— Æ. I. 

M. Cohen (n° 611) croit reconnaître dans ee revers Marc- 
Aurèle qui présente pour la première fois à l’armée son fils 
Commode alors âgé de onze ans. Mais cette explication ne me 
paraît guère admissible. La pièce a été frappée en l’an 172, 
et le jeune César Commode ne se rendit auprès de son père, 
occupé de la guerre en Germanie que trois ans plus tard, c’est- 
à-dire au mois de mai 175. Cf. Eckhel, 2. N., Vil, p. 102. 
Ajoutons que le personnage placé à côté de Marc-Aurèle doit 
être un homme, puisque Vaillant y reconnaît le préfet des préto- 
riens, tandis que si c'était Commode, enfant de onze ans seule- 
ment, il devrait être d’une taille beaucoup au-dessous de celle 
de son père. 

La légende PROVIDENTIA AVGusiz da revers peut se rap- 
porter à une allocution faite d’une façon opportune ou à un 
autre fait qui indiquait la haute prévoyance de l'empereur phi- 
losophe. Cf. Bull. arch. Nap., ann. V, p. 79. 

Enfin je ferai remarquer le mot latin LAETITAS pour LAE- 
' TITIA que l’auteur a trouvé sur un grand bronze de Faustine 
jeune (n° 486) mot qui est à ajouter aux lexiques, ainsi que le 
mot ITERO pour ITERVM qu'on lit sur une monnaie d’Hadrien 
(n° 98). Cf. Eckhel, D. N., VI, p. 477. C. Caveponi. 


1 Voir ce que j'ai dit (suprd, p. 106 et suiv.) sur les représentations du 
Sénat personnife. JW. 


310 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Description générale des monnaies byzantines frappées sous 
les empereurs d'Orient depuis Arcadius jusqu'à la prise 
de Constantinople par Mahomet II, par J. SABATIER. 
1+ vol. in-8°, avec 33 pl. gravées représentant 840 mon- 
naies. Paris, Rollin et Feuardent, 1862. 


Voici le premier des deux volumes dans lesquels M. Sabatier 
se propose de publier le catalogue méthodique des monnaies 
byzantines. Les travaux antérieurs de ce numismatiste lui 
donnent qualité pour entreprendre ce travail qui, avec les eing 
volumes dus & M. Cohen sur le Haut-Empire, forme un im- 
portant corps d’ouvrage pour la numismatique romaine. 
M. Sabatier a eu la bonne chance d’avoir MM.{Rollin et Feu- 
ardent pour éditeurs ; les abonnés de la Revue savent tous avec 
quel zèle désintéressé ces deux messieurs, depuis quelques 
années, ont facilité la publication d’ouvrages de numismatique 
aussi précieux pour les savants que pour les collectionneurs. 

Tant d’archéologues se sont occupés de l’étude des monnaies 
et des médailles romaines, qu’il faut avoir une grande recon- 
naissance aux personnes qui ont la patience, par des cata- 
logues soigneusement élaborés, de coordonner les travaux, 
un peu disséminés partout. Avec les ouvrages de MM. Cohen 
et Sabatier, on peut savoir à peu près exactement quelles sont 
les ressources de la science jusqu’en 1862 ; on a aussi moins à 
craindre de faire des découvertes dans lesquelles on aurait été 
prévenu à son insu. 

Tous les archéologues et les numismatistes qui se sont oc- 
cupés de la période byzantine connaissent les travaux multipliés 
du baron Marchant; dans toutes les bibliothèques des savants on 
trouve aussi le bel ouvrage dans lequel M. de Saulcy, il y a vingt- 
trois ans , entreprenait, le premier, le classement des monnaies 
byzantines, et le catalogue avec prix publié par M. Soleirol. Il est 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 317 


donc temps aujourd’hui d’entreprendre la description de toutes 
les pièces connues de cette série, et aussi, en fixant la valeur 
vénale de ces monuments, de faire cesser l'arbitraire du com- 
merce. 

La Description générale s'ouvre per quatre-vingt-quatorze 
pages dans lesquelles M. Sabatier résume les principales dates 
des annales de Pempire d'Orient, ainsi que ce que Von a retrouvé 
jusqu’ici sur l’histoire de la monnaie depuis Arcadius jusqu’à 
Constantin XI Paléologue. Notre collaborateur passe en revue 
les types principaux, les ateliers, les systèmes de For, de l'ar-. 
gent et du cuivre, les légendes, les dates, les monogrammes et 
les imitations faites par des peuples étrangers à l'Empire : il 
restitue judicieusement aux monnaies elles-mêmes les dénomi- 
nations qu’elles portaient légalement. Cette introduction forme 
un manuel utile pour le numismatiste qui désire classer et étu- 
dier sa collection. 

Lorsque le second volume aura paru , nous nous réservons 
d'examiner la description elle-même , ainsi que les attributions 
nouvelles et les rectifications proposées par M. Sabatier. 

Ce n’est certes pas l’art qu’il faut chercher dans les monnaies 
des empereurs de Constantinople; ce n’est pas non plus l'in- 
térêt qui s’attache à ees beaux types historiques ou monumen- 
taux de la Grèce et du Haut-Empire : la monnaie byzantine n’a 
de valeur scientifique que par les dates qu'elle révèle, par les 
légendes qui sont des inscriptions authentiques et contempo- 
raines des faits étudiés par l'historien. N’oublions pas non plus 
que cette série numismatique, dans laquelle il y a encore tant. 
de problèmes à résoudre, est la transition entre le monnayage 
antique et celui des rots barbares et des Mérovingiens. 

La monnaie byzantine résume les abus de la centralisation 
administrative exagérée : l’art disparait; à certains moments, 
lorsque la main du souverain n’est plus assez vigoureuse, le 
désordre se révèle et prend promptement de larges proportions. 
La monnaie byzantine émane du Bas-Empire. Pendant que le: 


318 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


souverain était entouré d'hommages qui le plaçaient presque au 
rang des anciens dieux , l'esprit envahissant d'une armée de 
fonctionnaires étouffait son autorité; l’Empire se divisait : loin 
de la capitale, l'unité tendait à s’évanouir. C'était le règne 
égoïste des parvenus : du luxe, beaucoup d'or, rien que de 
Por, et plus d'art. Par suite du vieil adage qui veut que les 
_ extrêmes se touchent, il semblait, qu’à l'exemple de la déma- 
gogie, la trop grande centralisation amenait le règne de la mé- 
diocrité : on ne cherchait plus que la jouissanoe matérielle et 
immédiate, sans se soucier beaucoup des savants ni des artistes. 
A. ve B. 


Numismatique béthunoise, recueil des monnaies, méreaux, 
médailles et jetons de la ville et de l'arrondissement de 
Béthune, par L. Dancotsne. Un volume in-8°, avec 26 pl. 
Arras, Brissy, 1859. 


Malgré la date qu'il porte, le nouveau travail de M. Dancoisne 
n’est guère en vente que depuis quelques mois. Nous devions 
cette petite explication avant de commencer le compte-rendu 
que nous allons faire, lequel pourrait, de prime abord, paraître 
bien tardif. 

L'auteur aborde son sujet à la période mérovingienne et le pour- 
suit jusqu’à nos jours. Les divers monuments numismatiques 
qu’il publie, au nombre de 185, sont classés d’après les localités 
auxquelles ils appartiennent, Béthune, Allouagne, Amettes, 
Carvin-Épinoy, Henin-Liétard, Isbergue, Labeuvrière, Lambres, 
Lens, Lillers, le Locon, et Saint-Venant. De ces localités, d’ail- 
leurs, cinq seulement sont représentées par des monnaies, des 
méreaux ou des médailles qui ne soient pas uniquement de dé- 
votion. 

M. Dancoisne laisse à Bethune, mais non sans exprimer ses 
doutes, un tiers de sou aux légendes BERTVNO FIT et BILO 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 319 


MONETAR , attribué à cette ville par M. de Reichel. Il en fait 
connaître un second, trouvé à Béthune même, et sur lequel 
semble bien être le mot BITVNIA; mais c’est à peu près tout ce 
qu’on y lit; le nom du monétaire, dont presque toutes les lettres 
n’ont marqué qu’incomplétement sur le flan trop petit, est tout 
à fait indéchiffrable. Trois autres tiers de sou figurent dans l’ou- 
vrage : ce sont ceux aux légendes LENNA CAS et AEGOALDO 
MO, généralement attribués à Lens depuis quelque temps 
déjà (4). 

Les monnaies carlovingiennes ne sont représentées dans le 
travail de M. Dancoisne que par trois deniers de Charles le 
Chauve frappés à Lens (Lennis fisco). 

Les monnaies seigneuriales, des xn° et xin’ siècles, sont plus 
nombreuses. Elles ont été frappées pour la plupart à Béthune ; 
quelques-unes l’ont été à Saint-Venant. Ce sont presque tous 
petits deniers d’argent, forgés dans le système artésien; c'est 
dire que, par leurs dimensions, ces pièces feraient presque la 
concurrence aux lentilles. Quelques deniers de Béthune avaient 
déjà été publiés par Lelewel, par M. Hermand et par M. Dan- 
coisne lui-même. Nous en comptons, cette fois, jusqu’à onze 
variétés réunies sur une même planche, plus une obole, et l’au- 
teur déclare qu’il s’est attaché à ne faire dessiner que les variétés 
les mieux caractérisées. 

Dans l’œuvre de noire confrère, la portion vraiment neuve, en 
même temps que riche en remarques curieuses, est celle qui 
traite des méreaux relatifs à Béthune. Parmi ceux-ci, les iné- 
reaux communaux, qui étaient de petites pièces d’étain mélangé 
de plomb, frappées aux armes de la ville, et d’une valeur no- 


1 À la page 183 de son ouvrage, M. Dancoisne exprime le regret de n'avoir 
pas trouvé daus le catalogue des monnaies mérovingiennes de M. Cartier l’in- 
dication de la collection où existait la variété du tiers de sou de Lens portant 
le nom du monétaire Ægoaldus dn côté de la tête. Une note de 1838 , que 
nous conservons dans nos documents, nous apprend qu'à cette date le triens 
appartenait à M. Bénassis. 


320 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


minale de 4 et 2 deniers, appellent tout particulièrement l'at- 
tention par le rôle illégal qu’ils ont presque constamment joué, 
c’est-à-dire par l’emploi qui en était fait comme de monnaies 
courantes. 

M. Dancoisne a fort bien fait voir comment ces méreaux com- 
munaux, dont l’usage remonte au x1v° siècle, après avoir d'abord 
servi exclusivement à établir entre les commerçants en grains et 
les portefaix le compte de ce qui était dû à ceux-ci pour leur 
labeur, ont ensuite, par la tolérance un peu aveugle des repré- 
sentants du pouvoir dans la localité, fini par devenir une sorte 
de monnaie fictive ayant cours par toute la ville. Il y a là un 
curieux rapprochement à faire entre ces méreaux et d’autres 
monnaies fictives qui eurent cours également dans certaines lo- 
calités des Pays-Bas, tels que les deniers de laiton de Notre- 
Dame de Termonde, les monnaies jaun”s de Notre-Dame de 
. Cambrai et les deniers de plomb de l’abbesse de Maubeuge. Ce 
rapprochement, que nous avions indiqué sommairement dans 
la Revue numismatique, en 1849, pourrait être fait aujourd'hui 
d’une manière beaucoup plus complète. 

Les méreaux communaux furent parfois, pour la ville de Bé- 
thune, un moyen de se créer des ressources, au moins momen- 
tanément. Elle payait avec ces méreaux les ouvriers qu’elle 
employait en 1510 et en 1511 à la construction d’un de ses 
ponts, et en 1549 à la réparation de ses fortifications. Mais avec 
un semblable système la ville arriva à se trouver infestée de ses 
propres méreaux, et les gens de la campagne qui approvision- 
, haient de vivres son marché les recevaient en payement avec 
d’autant plus de répugnance, qu’il y en avait de faux. Il fallut 
en venir à la suppression générale des méreaux communaux, ce 
qui eut lieu en 1534. On est fondé à supposer, par l'importance 
des sommes que la ville dut alors affecter au rachat des méreaux, 
que le nombre de ceux-ci n’était pas de moins de cent mille, 

Outre les monnaies fictives dont il vient d’être question, 
M. Dancoisne publie d’autres méreaux de Béthune, se rappor- 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 321 


tant à diverses institutions civiles ou religieuses. L'auteur ne se 
dissimule pas que plusieurs de ses attributions pourront être 
contestées, et l’on doit reconnaître qu'il ne peut guère en être 
‘ autrement, quand il s’agit de pièces de cette nature, qui parlent 
souvent si peu par elles-mêmes, et au sujet desquelles on man- 
que le plus souvent du moindre renseignement. 

Nous laissons de côté les médailles historiques relatives à 
Béthune, à Hénin-Liétard, à Lens et à Saint-Venant, que M. Dan- 
coisne a reproduites dans son recueil, et qui sont pour la plu- 
part bien connues; mais nous devons indiquer encore en 
passant un méreau jusqu'ici unique du chapitre de Lillers, 
Capitulum sancti Audomarti in urbe Lileriensi, et les rares mon- 
naies de nécessité auxquelles donna lieu le siége de Saint-Venant, 
par Turenne, en 1657. Quant aux médailles de dévotion, en 
très-grand nombre dans l’ouvrage, elles ont, généralement, un 
intérêt tout local, et nous ne nous y arréterons pas ici plus 
qu’elles ne peuvent le comporter. Il en est deux cependant qui 
méritent une mention particulière par leur ancienneté. Ce sont 
des plaques unifaces en plomb, du genre dit enseigne, remon- 
tant pour le moins au xv° siècle, et rappelant le pèlerinage de 
saint Druon, le prince berger dont deux localités se partageaient 
particulièrement le culte, Épinoy-les-Carvin , où il était né, et 
, Sebourg -en-Hainaut, où il mourut. Seize autres médailles moins 
anciennes rappellent la même dévotion dans le recueil de 
_M. Dancoisne, mais nous ne sommes pas bien sûr qu’il ne faille 
. pas en retrancher une, le n° 4 de la planche xvi, où le saint 
représenté, indiqué par les initiales S.D, est entouré de nuages 
que sillonne la foudre. Cette pièce, du xvu° ou du xvi‘ siècle, 
_ hous paraît être une médaille de saint Donat, et non pas de saint 
Druon. Saint Donat, on le sait, était invoqué contre le péril des 
orages. Des médailles de saint Donat se vendaient en grand 
nombre à Arlon, où il existait de ses reliques; mais ceci nous 
conduit un peu loin de Béthune. 

M. Dancoisne, prévoyant le cas où l'on pourrait lui reprocher 


1862.— 4. 22 


322 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


de ne s’être pas occupé des monnaies de Maximilien de Béthune, 
le célèbre Sully, ainsi que des monnaies et jetons de Maximilien- 
François de Béthune, son petit-fils, a fait remarquer avec raison 
que ces pièces ont été frappées pour la principauté d’Henriche- 
mont et Boisbelle, et qu’elles n’ont rien de commun avec Bé- 
thune. On doit ajouter, d’ailleurs, que depuis très-longtemps 
déjà, à l’époque dont il s’agit, Béthune n’était plus la propriété 
de la famille qui en tirait son nom. Mais nous ne saurions être 
d'accord avec l’auteur lorsqu'il fait connaître qu’il a cru devoir 
également ne pas comprendre dans la numismatique de Béthune, 
« à cause, dit-il, de son origine tournaisienne, » un jeton frappé 
en 1785 aux armes et au nom d’Eugène-François-Léon, prince 
de Béthune, marquis d’Hesdigneul et comte de Noyelles. 

Nous ne contestons pas que le jeton en question, publié par 
M. Chalon dans la Revue numismatique belge de 1888, pl. xi, ne 
puisse se rattacher à la numismatique de Tournay par les consi- 
dérations que M. Chalon a très-bien fait valoir, considérations 
tirées en partie de la résidence qu’avait choisie le personnage que 
le jeton concerne. Mais on ne peut perdre de vue, d’autre part, 
que ce personnage, l’un des descendants de Sully, était, lui, véri- 
tablement prince de Béthune, comme la légende du jeton le rap- 
pelle, et que le domaine de Béthune lui avait été attribué en 1778, 
en compensation partielle de la cession que son père avait faite 
à la couronne, sous Louis XV, de la terre souveraine d'Henri- 
chemont et Boisbelle. Le jeton qui consacre un semblable évé- 
nement nous paraît, en définitive, faire essentiellement corps 
avec la numismatique béthunoise. 

Cette question, au surplus, n’est pas de celles sur lesquelles 
les avis ne puissent être partagés sans inconvénient. Mais un 
point sur lequel nous pensons que l’opinion sera générale, c’est 
que la monographie que vient de nous donner M. Dancoisne 
satisfera jusqu’aux lecteurs les plus difficiles, par le soin et le 
savoir avec lesquels il a traité son sujet. J. R. 





324 CHRONIQUE. 


4568. Il y en a 12 de France, 14 d’Espagne, 4 de Portugal, 
3 d'Italie, 4 de Suisse et 1 de Hongrie. 

Les princes dont on lit les noms et dont on voit les effigies, 
sont, pour la France, Louis XII (1498-1513), François I** (4545), 
Henri IL (1547-1559) et Charles IX (une seule de 1567); pour 
l'Espagne, Ferdinand V et Isabelle (1474-1504), Jeanne et 
Charles (1506-1516), Charles-Quint, empereur et roi(1516 1556), 
et Philippe IT (4556-1598); pour le Portugal, Jean III (1521- 
4557) et Sébastien I** (1557-1578); pour la Hongrie, Mathias 
Corvin (1490-1504) ; pour l'Italie, Alphonse I* (1505-1534) et 
Hercule II (1534-1597), ducs de Ferrare; la Suisse est repré- 
sentée par une seule pièce de la cité de Genève (1568). 

Maintenant à quelle époque faire remonter cette cachette ? 
Généralement, en Normandie, on a caché des trésors à la fin du 
xvi° siècle, pendant les guerres de la Ligue et surtout au moment 
de la bataille d’Arques et du siége de Dieppe, en 1589. 

Les cachettes de cette dernière époque renferment ordinaire- 
ment un bon nombre de pièces de Charles IX et de Henri Ill, 
parfois même de Charles X, roi de la Ligue. Ici, au contraire, 
pas une pièce française n’est postérieure à 1567, et encore la 
seule qui soit de Charles IX est à fleur de coin. 

Sans repousser absolument l’époque de la Ligue, M. l’abbé 
Cochet est plus disposé à attribuer cette cachette au temps de 
la Saint-Barthélemy. J. W. 


326 MÉMOIRES 


ll est encore question du même personnage un peu plus 
loin, à propos du malencontreux coup de main que César 
tenta devant Gergovia; coup de main qui faillit un instart 
réussir, mais qui n’aboutit qu'à une sérieuse défaite. Le 
bon roi des Nitiobriges avait ses habitudes, à ce qu’il paraît, 
puisqu'il manqua tomber aux mains des légionnaires, au 
moment où il faisait la sieste dans sa tente, et au beau mi- 
lieu de son camp. Voici comment (ésar mentionne ce fait 
curieux (même livre. chap. XLVI) : « Ac tanta fuit in 
castris capiendis celeritas, ut Teutomatus, rex Nitiobrigum, 
subito in tabernaculo oppressus, ut meridie conquieverat, 
superiore corporis parte nudata , vulnerato equo, vix se ex 
manibus prædantium militum eriperet. » Tu vois que notre 
personnage put se vanter de l’avuir échappé belle, comme 
nous dirions en pareille occurrence. 

Le nom du roi des Nitiobriges nous a-t-il été conservé 
intact, sous cette forme germanique? Il est permis d’en 
douter. Ne sommes-nous pas édifiés déjà sur le respect 
des noms propres gaulois pratiqué chez les écrivains ro- 
mains, par les étranges altérations qu'a subies le nom 
d’Adietuanus, le roi des Sotiates, ou. pour être plus correct, 
des Sotiotes ? Si Adietuanus est devenu, sous la plume des 
copistes de César, Adcantuannus. nous avons bien le droit 
de supposer que la forme Teutomatus n’a pas plus de res- 
semblance avec la véritable forme du nom que portait le 
roi des Nitiobriges. 

Tu vas voir, du reste, que j'ai mieux atoffrir qu’une 
pure hypothése sur ce point. Mais avant, permets-moi de te 
rappeler que le nom d’Adietuanus se rencontre , suivant les 
mapuscrits que l’on consulte , sous les formes par trop di- 
verses : Adiatunnus, Adiatonnus, Adcatuannus, et enfin 
Adcantuanus. Pourquoi n’en serait-il pas de même du nom 


ET DISSERTATIONS. 327 


propre caché sous la forme Teutomatus? Voyons donc les 
variantes que nous fournissent les manuscrits comparés par 
Nipperdey. 

Pour le premier passage (VII, 31), le manuscrit B 
(Parisinum primum) donne Teutomatus. Le manuscrit C 
( Vossianum primum ), Tautomatus; et tous les autres Teu- 
tomotus. . 

On devrait croire, ce semble, que les copistes ont, pour 
le second passage (VII. 46), respecté la forme qu'ils 
avaient adoptée pour le premier; il n’en est vraiment rien. 
Aussi le manuscrit À (Bongarsianum primum) et le ma- 
puscrit a (Parisinum secundum) donnent Votomatus. Le 
manuscrit d (Cujacianum ), Vitomatus, et le manuscrit B 
( Parisinum primum), Votomapatus. D’autres, ajoute Nip- 
perdey, sans les désigner d'une manière plus précise, 
offrent les leçons Notomatus, Vocomapatus, Vatomapatus, 
Notomapatus. Tu vois que nous avons à choisir. De toutes 
ces formes du même nom, quelle est la bonne? Il serait 
plus que difficile de le deviner. Toutefois, si nous observons 
que la forme Votomapatus nous est présentée par le ma- 
nuscrit B (Parisinum primum ), qui donne, pour le nom si 
complétement défiguré Adcantuannus, la forme Adiatunnus, 
qui est celle qui se rapproche le plus du vrai nom Adietuanus 
du roi des Sotiotes, que de plus le manuscrit C (Vossia- 
num primum ), qui à lui tout seul porte les deux variantes 
à peu près correctes, Adiatonnus et Adiatunnus, nous offre 
aussi, dans le second passage (VII, 46), la forme Voto- 
matus, nous serons amenés à supposer que le nom du roi 
des Nitiobriges devait présenter une forme assez voisine 
des deux variantes Votomatus et Votomapatus. 

Ceci posé, rappelle toi la charmante pièce de la trouvaille 
de Chantenay, sur laquelle on lit du côté de la tête les 


328 MÉMOIRES 


noms GAIV.IVLI... et au revers la fin de la légende 
-».-OMAPATIS au-dessus du cheval qui galope à gauche, en 
franchissant un oiseau marchant en sens inverse‘. À mon 
avis, nous avons là une monnaie du roi des Nitiobriges 
qui faillit se laisser enlever par les Romains, sous les murs 
de Gergovia. A mon avis encore, ce personnage se nommait 
en réalité Votomapatis ou Votomapatus, et il n’y a rien que 
de naturel à préférer à toutes les variantes fournies par les 
manuscrits, celle qui nous a conservé la lecon Votoma- 
patus. De la sorte nous sommes délivrés de la forme germa- 
nique Teutomatus, si embarrassante et si invraisemblable, 
lorsqu'il s’agit d'un prince des Nitiobriges, d'un Aquitain 
pur sang. 

Ollovicon, père de Votomapatus, avait été déclaré par le 
sénat, ami du penple romain. Son fils ne fit que céder à 
l'entraînement général et certes bien justifié, qui poussa 
toutes les peuplades des trois Gaules sous l’étendard victo- 
rieux de Vercingétorix. Mais après la catastrophe d’Alesia, 
bon nombre de ces chefs n’hésitèrent pas à faire leur sou- 
mission : témoin Togirix et Duratius qui s'affilièrent à la 
sens Julia. et dont les monnaies ornent nos collections ; 
témoin encore l'Éduen Époredirix et tant d’autres dont 
les inscriptions nous ont transmis le souvenir et l'entrée 
dans la même famille. N'oublions pas d’ailleurs qu’Epore- 
dirix fut l'auteur du massacre des citoyens romains de 
Noviodunum, pendant le blocus de Gergovia, qu’il fut fait 
prisonnier par les Romains à la bataille dans laquelle Ver- 
cingétorix fut vaincu, avant d'aller s'enfermer à Alesia, et 
qu'il n’en rentra pas moins en grâce, puisqu'il prit pour 
lui et pour sa descendance, le nom de Julius, ainsi que le 


1 Revue numism, 1862, pl. I, n° 6, p. 27. 


ET DISSERTATIONS. 329 


constate la belle inscription d’Autun. Hien peut donc être 
exactement de méme de Votomapatus, et ceci nous conduit 
à penser que César, loin de conserver une rancune fort vive 
contre les chefs puissants qui l’avaient combattu, s'em- 
pressa de les accueillir et de se les attacher par toutes les 
faveurs compatibles avec les intérêts du peuple romain. 
D'ailleurs, le souvenir de son père Ollovicon servit proba- 
blement à la réhabilitation de Votomapatus, qui ne se con- 
tenta pas de prendre le nom de famille de César, mais y 
joignit aussi son prénom. Votomapatus devint donc, après 
la conquête accomplie, Caïus Julius Votomapatus. 

Voilà une grande et regrettable lacune comblée dans la 
suite des monnaies gauloises , et la civitas des Nitiobriges 
sera enfin représentée par une belle et bonne pièce. Serait- 
il impossible, maintenant que nous avons planté un jalon 
sur la route à suivre pour trouver le contingent numisma- 
tique de cette peuplade, de déméler dans le chaos de ce 
qui reste encore de pièces anépigraphes à classer, quel- 
que pièce à joindre à celle de Votomapatus? Je ne sais. 
Toutefois, je ne veux pas terminer cette lettre sans te 
soumettre une idée que tu prendras pour ce qu'elle vaut, 
c'est-à-dire, je le confesse humblement, pour une idée 
en l'air. Je t'ai déjà dit quelque part, je ne sais plus où, 
qu'à mon avis la série si nombreuse des pièces d’or et 
d'argent qui se rattachent étroitement au système moné- 
taire de Vercingétorix, pourraient bien n'être que des mo- 
netz casirenses, frappées en même temps et dans un sys- 
tème uniforme à Gergovia, par tous les chefs des peuplades 
qui avaient répondu à l'appel du héros arverne. Ainsi s'ex- 
pliquerait de la manière la plus facile et, j'ose le dire, la 
plus satisfaisante, la multiplicité des emblèmes secondaires 
qui se rencontrent sur les beaux statères des trouvailles. 


330 MÉMOIRES 


d’Orcines et de Pionsat, statères que la présence seule de 
” ces emblémes attribuerait plausiblement à tel ou tel peuple, 
plutôt qu à tout autre. Or nous connaissons de jolies petites 
pièces d'argent sur lesquelles on voit un oiseau au-dessous 
du cheval en course, et ces pièces sont les plus communes 
de celles que l’on découvre de temps à autre à Gergovia et 
à Corent. Seraient-ce des monnaies des Nitiobriges, frappées 
dans le camp de l'armée confédérée, par le corps nombreux 
de cavalerie que Votomapatus avait amené d’ Aquitaine 
sous les drapeaux de l'insurrection? Cela est fort possible; 
mais je me garderais bien de l’aflirmer, tout en m’avouant 
fort disposé à le croire. Il est vrai que l’on rencontre assez 
souvent à Corent des pièces globulenses de bronze, sur 
lesquelles on voit un oiseau, probablement un paon, placé 
sur le dos du cheval; mais celles-ci me semblent d’un 
système tout différent, et elles pourraient bien être pure- 
ment arvernes. C’est là un problème que les découvertes 
ultérieures nous permettront seules de résoudre. 

Quoi qu'il en soit, je tiens fort à ma découverte du denier 
de Votomapatus, et je suis enchanté de t'en offrir la pri- 
meur. 

Tout à toi de cœur, 

F. pg SAULCY. 





ET DISSERTATIONS. 831 


TÉTRADRACHME INÉDIT 


DE PTOLÉMÉE PHILADELPHE. 





Dans notre Essai sur le classement des monnaies d'argent 
des Lagides, nous avons fait voir que la masse du numéraire 
de ce métal, monnayé dans les domaines des rois d Egypte 
sous les trois premiers Ptolémées, portail uniformément 
l'effigie de Soter, fondateur de la dynastie. Rien n’est plus 
rare que des tétradrachmes d'argent marqués de la tête 
d'autres souverains avant l'avénement de Philopator. Jus- 
qu’à présent mème nous ne connaissions qu'une pièce de 
ce genre offrant les traits de Ptolémée III Évergète dans sa 
jeunesse, pièce qui est au Musée Britannique et que nous 
avons publiée dans notre ouvrage. 

C'est cette circonstance qui donne un véritable intérêt au 
tétradrachme gravé en tête du présent article, et emprunté 
aux riches cartons de MM. Rollin et Feuardent. Cette monnaie 
appartient évidernment aux premiers âges de l'empire la- 
gide, et la tête qui en décore le droit n’est ni celle de Soter 


332 MEMOIRES 


ni celle d’Evergéte. Mais en se reportant aux beaux té- 
trastéres d'or à la légende OEQN-AAEA®ON et aux quatre 
effigies de Soter et de Bérénice, de Philadelphe et d’ Arsinoé, 
il devient impossible de ne pas reconnaître sur notre té- 
tradrachme l'image de Ptolémée II Philadelphe. Pourrendre 
ce fait manifeste aux yeux du lecteur, nous avons fait placer 
en face du dessin de la piéce que nous publions pour la 
première fois, le côté d’un des médaillons d’or où sont re- 
présentés le fils de Ptolémée Soter et la reine, qui était à 
la fois sa sœur et son épouse. L'identité des deux effigies 
ressort si évidente de la confrontation, qu’elle ne demande 
pas de longs commentaires. Les traits sont semblables et 
l'expression du visage est la même. En recourant aux plan- 
ches de l’Iconographie grecque de Visconti‘ ou du Trésor 
de numismatique”, on sera également frappé, nous n’en 
doutons pas, de l’analogie qui existe entre la tête de notre 
monnaie et celle du roi représentée sur l’admirable camée 
du Cabinet de Vienne , où Eckhel * et Visconti * ont déjà 
proposé de reconnaître Ptolémée Philadelphe. 

Le tétradrachme de MM. Rollin et Feuardent présente 
deux monogrammes dans le champ du revers, des deux 
côtés de l'aigle. Le premier, composé manifestement des 
lettres KYTP, est celui des Cypriens, que nous avons déjà 
fait connaître dans notre travail et qui se retrouve avec 
quelques légères variantes sur des pièces aux effigies de 
Soter *, d’Epiphane ‘ et de la célèbre Cléopâtre”, ainsi que 


1 PI. LXIV A,n°1,. 

3 Numismatique des rois grecs, pl. LX XXIII. 

3 Choiz de pierres gravées du Cabinet impérial de Vienne, p. 28. 
+ Iconographie grecque, t. III, p. 211. 

5 Revue num., 1853, pl. XVII, n° 5, 

© Ibid., p. 333. 

T Jbid,, pl, XVII, ne 2, 


ET DISSERTATIONS. 333 


sur des bronzes incertains qui doivent dater des derniers 
règnes de la dynastie lagide ‘. Cependant cette monnaie 
n'est évidemment pas de fabrique cypriote ; elle ne res- 
semble ni par le style ni par la nature du métal aux tétra- 
drachines si multipliés qui portent les marques des ate- 
liers de Paphos, Salamis et Cittium. Les caractères de la 
fabrique, du style et du métal reportent le tétradrachme 
que nous publions vers la région de la Phénicie. de la 
Palestine ou de la Basse-Égypte. Le monogramme des Cy- 
priens ne doit donc y figurer que comme marquant une 
alliance monétaire, et l'indication du véritable lieu d’émis- 
sion doit être cherchée dans le second monogramme; et, 
en effet, ce dernier 4 est celui méme que, le rencontrant 
sur des tétradrachmes à la tête de Soter, nous avons dé- 
composé en PAT et attribué à la ville de Phatmis, laquelle 
donnait son nom à l’une des embouchures les plus orientales 
du Nil. 

Si l’on pouvait se fier absolument au dessin, exécuté 
d'après une médaille très-mal conservée, qui se rencontre 
dans le bel ouvrage de M. L. Müller sur la Numismatique 
de l'ancienne Afrique *, le Cabinet de Vienne posséderait un 
didrachme dont l'effigie, entièrement analogue à celle de 
la pièce de MM. Rollin et Feuardent, devrait être attribuée 
à Philadelphe. Seulement ce didrachme est originaire d'une 
tout autre contrée que notre tétradrachme. La plante du 
silphium qu’on y voit dans le champ en reporte avec certi- 
tude le lieu de fabrication dans la Cyrénaique. 


FRANCOIS LENORMANT. 


1 Revue num., 1853, pl. XVII, n° 4. 
2T.I,p 137, n° 361. 


334 MÉMOIRES 


LETTRE A M. A. DE LONGPERIER 


SUR QUELQUES MONNAIES FRANÇAISES 
RARES OU DYÉDITES. | 


{ Pl. XII.) 





Lorsqu’à mon dernier séjour à Paris, au mois de septem- 
bre de l'année passée, j’eus le plaisir de vous soumettre, 
cher ami, quelques monnaies rares et inédites de mes 
séries françaises, vous avez bien voulu m’encourager à les 
publier dans votre excellente Revue. Voici donc la descrip- 
tion de ces pièces: vous le voyez, j'ai franchement profité des 
notes savantes que vous avez bien voulu me communiquer 
sur plusieurs de mes monnaies. J'ai saisi cette occasion 
pour joindre quelques monnaies curieuses conservées dans 
d'autres collections hyperboréennes et j'ai même répété la 
description de plusieurs deniers illustrés déjà dans les 
Mémoires de la Société d'archéologie de Saint-Pétersbourg, 
ouvrage peu répandu en France. Privé de l'avantage de 
consulter tous les ouvrages parus sur la numismatique fran- : 
çaise du moyen-âge, je vous prie d'agréer ces lignes aveo 
indulgence et d'excuser si vous y trouvez quelques mon- 
naies mieux publiées dans les livres français que je n’ai 
pas été à même de me procurer. 

Tout à vous de cœur. 


ET DISSERTATIONS. 335 


Mérovingiennes. 


4. + AVEILANOL. Tête diadémée, à droite. 

A. + AVEILANOL. Croix. — Tiers de sou d'or. (PI. XII, 
n° 4.) 

Le dernier caractère sur chaque face est coupé par le 
haut, mais paraît être un C, comme celui qui figure au 
troisième rang. On devrait donc lire Aucilano castro. 
Mais où trouver cet endroit? Il existe au département du 
Pas-de-Calais, un village nommé Aurhel et dans la Drôme 
un lieu nommé Auccellon. Mais notre tiers de sou, d'après 
son style, paraît appartenir au centre ou au sud de la 
France plutôt qu'à l’est. 

2. AVLMYNDV. Buste diadémé à droite. 

#. TYMVNML. Croix. — Tiers de sou d’or. 

Cette belle pièce est tout à fait énigmatique. Le nom du 
monétaire est inscrit rétrograde. Mais quel est le lieu où a 
été frappée la monnaie et dont le nom se lit au revers? En 
quel point devons-nous même commencer à le lire? 


Javouls. 


3. GAVALORVM. Buste diadémé, à droite. 

à. Deux figures debout, dans une couronne de feuillage. 
— Tiers de sou d'or. (PI. XII, n° 2.) 

Une pièce semblable, mais rognée, a été publiée par 
Lelewel, Numism. du moyen âge, atlas, pl. IV, n° 26, qui 
lisait dans sa légende HVA... LORVM et ne lui a pas moins 
donné une bonne attribution que mon exemplaire confirme. 

Javouls, Javoulx, Javols (Anderitum), ancienne ville du 
Gévaudan (Languedoc), est représentée dans la numisma- 


336 MÉMOIRES 


ET DISSERTATIONS. 337 


Pétersbourg, t. ILE, pl. XVI, n° 7, et IV, p. 104. Collection 
de M. le comte Al. Stroganoff et trouvée à Rostoff. 

6. Type semblable. 

à. Croix pattée, cantonnée du mot AV, SO, NA et d'un 
astre. — Obole dorée. (PL. XH, n° 5.) 

Même collection. 

7. Obole semblable, maïs avec caractères et astre plus 
petits. 

Ma collection. 

La première monnaie connue d'Auxonne est de Hu- 
gues 1V, duc de Bourgogne, qui en 1237, reçut d’Etienne 
comte de Bourgogne et de Jean, comie de Chalon, la Sei- 
gneurie d Auxonne, en échange des fiefs de Bracon, Villefans 
et Ornans. V. Barthélemy, Monnaies des ducs de Bourgo- 
gne, p. 19 et 21. Mais nos pièces sont beaucoup plus an- 
ciennes, la première appartient sans contredit au milieu 
du xu siècle. Les deux autres exemplaires ressemblent 
pour le type de la croix, à deux deniers de Metz, publiés 
par notre savant ami M. de Saulcy dans son supplément 
aux Recherches sur les monnaies des évêques de Metz, 
pl. III, n°° 92 et 93, pièces attribuées avec beaucoup de 
raison, à l’évêque Etienne de Bar, de 1119 à 4163, ainsi 
qu'à un denier anonyme de la même ville, trouvé 
en 1832, à Tronville et que cet éminent numismatiste a 
décrit sous le n° 26 dans une notice spéciale et sous les 
n°* 4 à 6 dans ses recherches sur les monnaies de la cité 
de Metz. Le trésor de Tronville paraît avoir été enfoui 
avant 1107. Nos deux dernières monnaies d’ Auxonne sont à 
peu près de la méine époque, savoir du commencement 
du x11' siècle. 

Quoique Auxonne et Metz n’appartiennent pas à la même 
province, ces villes n'en sont pas moins situées dans le 


338 MEMOIRES 


même région de la France orientale et reliées par Épinal, 
situé à peu près à égale distance de chacune d'elles. 

Aussi ne penserai-je pas à Vich en Catalogne, nommé au- 
trefois Ausa, Ausonia, Vicus Ausoniae, ville épiscopale, 
dont une monnaie à la légende EPISCOPI VICI-SANTI 
PETRI a été publiée par M. Poey d'Avant (Monnaies féoda- 
les, 11, p. 206, pl. LXXVI). Notre première pièce provient 
du sol de la Russie qui n'a jamais recélé des pièces espa- 
gnoles ou du midi de la France, mais bien souvent des 
monnaies messines, belges et rhénanes. 

La terre d'Auxonne, ville située sur la rive gauche de la 
Saône fut donnée vers la fin du 1x° siècle À l’abbaye de 
Saint-Vivent sous Vergy, près de Belley, par Agilman, fils 
du comte d'Amons. En 1034. cette terre appartenant alors 
à la maison de Brienne, fut déclarée souveraine dans un 
traité conclu entre Henri I'* de France et l'Empereur 
Conrad II. En 1135, Guillaume, seigneur d'Auxonne, 
s'obligea envers Burkard, prieur de Saint-Vivent, de con- 
struire la ville d'Auxonne. Nos monnaies donc doivent 
avoir été frappées au château d’Auxonne qui a existé long- 
temps avant la fondation de la ville. Nous avons vu 
comment en 4237, Auxonne fut réuni au duché de Bour- 
gogne avec lequel il passa plus tard sous la domination de 
la France. 

Mäcon. 


Painippe It (1060-1108.) 


8. + FILIPVS REX. Croix avec un carré au milieu et can- 
tonnée de quatre globules. 

À. + MATISCON. Croix cantonnée de quatre globules. 
— Obole. 


ET DISSERTATIONS. 339 


M. Poey d'Avant (Monnaies seigneuriales, p. 304) décrit 
plusieurs deniers d’un type pareil, qu’il attribue aux comtes 
de Macon. Ils portent la légende + PHIPVS REX, tandis que 
notre obole offre distinetement FILIPVS, et dans le mot REX 
la lettre E jointe au R. Ce même savant cite l'obole comme 
étant très-rare, mais sans en donner la gravure. 


Metz. 
Tarerry J] (1004-1046). 


9. DE....V@d wm ( Deodericus es). Croix cantonnée de 
quatre globules. 


R MAR. 
SAL. — Denier. (Pl. XII, n° 6.) 


Une monnaie semblable, mais avec la légende + DEODE- 
RICVS P, se trouve dans la riche collection de M. le comte 
Alexandre Stroganoff, et est publiée dans les Mémoires de 
la Société d'archéologie de Saint-Pétersbourg, vol. 1V, p. 54. 
Un troisième exemplaire, avee la légende D... Vu Elu, 
faisant partie d’un petit trésor déterré en Poméranie , est 
décrit par M. Dannenberg, Mitiheilungen der numisma- 
tischen Gesellschaft in Berlin, M1, p. 185. 

On connaît de ce même évêque plusieurs monnaies frap- 
pées à Metz, et il me paraît qu'il faut lui attribuer aussi le 
denier publié par M. J. Laurent (Revue num., 1848, 
t. XIII, pl XIV, n° 4). Cette monnaie, portant sur le revers 
le nom de saint Pierre , est probablement frappée à Remi- 
remont. Vous avez, cher ami, le mérite d’avoir introduit 
Marsal dans la numismatique en publiant le demer de 
Louis de Saxe avec + MARSALLO VICO (Monnaies fran- 
çaises de la collection Rousseau. p. 229, n° 565). 





ET DISSERTATIONS. 3h4 


la ville de Marsal jouit-elle pendant quelque temps d’une 
certaine indépendance qui lui permit de battre monnaie 
sans le nom de l'évêque, ou faut-il considérer notre denier 
comme frappé sede impedita ? 


Épinal. 


12. Buste de l’évêque mitré et bénissant, à gauche; de- 
vant, une rosace. 

R. ESPIRAVS (sic). Croix pattée. — Denier. (PI. XII, n° 9.) 

Le nom d’Epinal, écrit ESPINAVS, se lit sur une monnaie 
de Renaud de Bar, évêque de 1302 à 1316 (de Saulcy, 
Supplément, pl. IV, n° 152), et sur une autre que notre 
savant ami attribue à Ademar de Monthil, évêque de 1327 
à 1361 (ibid., n° 140). Notre denier est évidemment plus 
ancien que la seconde de ces pièces. 

Après la mort de Renaud, empoisonné comme on pense, 
le siége de Metz resta vacant pendant presque deux ans, 
jusqu'à ce que le pape Jean XXII le conféra à Henri IJ, dau- 
phin de Viennois, frére de Humbert. Cet évéque Henri I, 4 
ce qu’assure Dom Calmet dans sa dissertation sur la mon- 
naie de Metz, céda, par lettres patentes de 1321, l’admi- 
nistration de sa monnaie d’Epinal à un bourgeois de cette 
ville. «Il existe donc, dit M. de Saulcy, une monnaie 
d'Henri frappée à Épinal ; je ne la connais pas, non plus 
que celle qu'il a pu faire faire à Metz» (p. 56). 

Notre monnaie anonyme remplit cette lacune. Si elle 
appartenait à l’époque du siége vacant, elle offrirait sans 
doute le buste ou la figure de saint Étienne; mais la figure 
de l’évèque indique que ncus avons là un denier fabriqué 
sous le gouvernement d'un évêque, et qui nous paraît bien 
répondre à l'idée qu'on peut se faire de monnaies aban- 

1862. — 5. 24 


842 MÉMOIRES 


données à l'exploitation d’un particulier. Nous ne voyons 
ici ni les types guerriers du belliqueux Renaud, ni la croix 
cléchée empruntée aux armes de Monthil pour le denier 
d’Ademar. Henri I résigna l'évêché après le 24 novem- 
bre 1324; il eut pour successeur, en 1325, Louis I de Poi- 
tiers, comte de Valentinois et de Dié. 

Espinaus est une vieille forme française '. Le cinquième 
caractère est distinctement un R, ce qui donnerait Espiraus, 
mais il paraît que le graveur du coin s’est trompé de poin- _ 
gon en prenant un R au lieu d'un N. Si cette explication 
n'était pas admise, il faudrait chercher quel mot un imita- 
teur a pu trouver pour approcher autant que possible de 
la légende ESPINAVS. A cette époque si fertile en copies 
monétaires, on avait recours à de singulières combinaisons 
pour tromper l'œil du public. 


Rambervillers. 


43. Buste mitré d’un évéque tenant le livre des Evangiles 
et la crosse, 4 gauche. 

N. + RAMBERVILL’. Croix pattée. — Denier. (Pl. XII, 
n° 40.) 

Rambervillers, Remberviller, Remberti villare, petite 
ville des Vosges, à 28 kilomètres d’Epinal , est un lieu fort 
ancien où les rois de France avaient une maison au Ix* siècle. 
Elle était chef-lieu d’une châtellenie du temporel des évé- 
ques de Metz. Etienne de Bar l’entoura de palissades en 
4125, et Jacques de Lorraine y ajouta, en 1260, vingt- 
quatre tours et des murailles dont on voit encore quelques 


' Voy. plus haut, p. 300, les exemples de syllabe AL changée en AV, et 
ponr l’S, marque du nominatif singulier, Revue num , 1859, p. 268; 1860, 
p. 430, et 1862, p. 295. 


ET DISSERTATIONS. 343 


vestiges. Nous ne savons rien concernant le droit de mon- 
nayage exercé dans cette ville, et dont notre monnaie est 
l'unique preuve. Elle appartient au commencement du 
xiv‘ siècle, et paraît être contemporaine du denier avec la 
légende Espiraus. 

D'autres monnaies de Metz sont publiées dans les Mé- 
moires de Saint-Pétersbourg, Ill, pl. XI et IV, p. 52 et suiv. 
Comme ces Mémoires ne sont pas trop connus en France, je 
répète ici une courte description des monnaies en question. 

44. (N° 267.) ..ST..HANVS. Tête diadémée à gauche. 

À. *M* 

ETTI 
S — Denier. 

15. (N° 268 ) +S.STEPHAN. Buste avec tonsure et crosse. 

à. Main bénissante sur une croix, à côté de laquelle 
sont placées les lettres A—™. — Denier. 

* 

Le premier denier (n° 267), imitation des monnaies 
anglaises d'Aethelred II ou de Canut le Grand, paraît 
appartenir à l’époque du siége vacant entre Thierry II et 
Adalbéron III, en 1046. Le second est peut-être frappé du 
temps des troubles pendant le séjour d'Hériman en Italie, 
de 1085 à 1088. | 

16. (N° 269.) + GEOGER... Croix cantonnée de quatre 
globules. 

A. mAINAL. Portail avec coupole. — Denier. 

47. (N° 270.) GEOGE...w. Croix cantonnée de globules 
au second et quatrième cantons. 

À. wP.NA. Même édifice. — Denier. 

Ces deux pièces sont de Thierry I, de 965 à 984. Les 
légendes sont rétrogrades; celle du revers du n° 270 com- 
mence au-dessous du portail. L'atelier monétaire d'Epinal, 


ET DISSERTATIONS. 345 


Monelu nova Yve, ainsi qu'une troisième frappée à Neuf- 
chateau en Lorraine, ont été publiées par Duby (pl. CII, 
n° het 6) et M. Poey d'Avant (Monnaies seigneuriales, 
p. 334 et 885). Neufchâteau appartint au douaire de la 
femme du connétable Gaucher, Isabelle de Rumigny, veuve 
de Thibaut II et mère de Ferry III, duc de Lorraine. Gau- 
cher fit battre dans cette petite ville encore d’autres mon- 
paies portant le type lorrain. (Voir Revue num., 1836, t. I, 
p. 189 et 1842, t. VII, p. 276.) M. Poey d'Avant ne sait pas 
où chercher la localité Yve, indiquée sur l’esterlin de sa col- 
lection. Mais Yves et Florennes sost deux localités pour les- 
quelles Thibaut II, duc de Lorraine, obtint en 1298 le-droit 
de battre monnaie, du roi Albert I** d’ Allemagne, son com- 
père, puisque son fils Ferry IV était marié plus tard à la fille 
d'Albert, Élisabeth d'Autriche. Ce droit fut reconnu et ap- 
prouvé en 1300, par Hugues de Châlon, évèque de Liége, 
suzerain de Thibaut. M. Chalon, qui donne ces renseigne- 
ments dans son savant article sur le gros de Thibaut de Bar 
(Revue belge, 11° série, V, p. 35’) dit, que l'évêque Thibaut 
de Bar, voulant empêcher le duc de Lorraine de battre- 
monnaie à Florennes et à Yves, signa avec lui, en 1307, une 
transaction qui paraît avoir fait cesser le monnayage à Flo- 


1 Voici une variété du gros de Thibaut, publié par notre savant ami : 

Légende intérieure: + ThB EPISCOPVS. 

Légeude axtérieure : + BEnEDICTVmiSITinOmEniDnliDEI nRI. Au. 
milieu, croix dans un grènetis. 

W. TVInVS MONETA. Type ordinaire de Tours. — Gros tournois. 

L'exemplaire de M, Chalou diffère du nôtre par deux feuilles de trèfle sé- 
parant les mots ThB et EPISCOPVS, ainsi que par la légende Benenedictum 
sit nomen Dnl:IhV:XPI , tandis que notre gros offre Dnl'DEI nRI. Thibaut 
occupa le siége de Liége de 1303 à 1312. Thuin, où ce gros a été frappé, est 
une petite ville sur la Sambre qui jusqu'en 1794 a fait partie des terres de 
Pévéohé de Liége. . 


846 MÉMOIRES 


rennes, appartenant au duc du chef de sa femme Isubelle 
de Rumigny. Ce même savant fait mention d’un gros de 
Florennes, frappé par le duc; il ne connaît pas encore une 
monuaie ducale d'Yves. Thibaut II mourut en 1312, sa 
veuve épousa en 4313 le connétable de France qui, du chef 
de sa femme, devint seigneur de Florennes, d'Yves et de 
Neufchâteau. Nos monnaies prouvent que Gaucher ne re- 
connut pas valable la transaction de 1307, puisqu'il exerça 
le droit de monnayage à Florennes et à Yves. 

L'esterlin d'Yves que je possède offre une petite variété 
de celui publié par M. Poey d'Avant. On y lit sur le revers: 
MON | GTN | OVA | YVE |, tandis que les exemplaires 
connus de Duby et M. Poey d'Avant portent MONETA 
NOVA YVE. Une pièce semblable à la mienne est dé- 
crite dans l'ouvrage de Snelling: English Princes. struck 
in France and counterfeit sterlings, Londres, 1769, et dans 
le Numismatic Chronicle, vol. XVIII, p. 126. 


Tonnerre. 
ELEONORE DB SAVOIE, TUTRICE, 1304-4308. 


23. + ALIGNOR:xCOM.... Croix à douze pointes avec 
une rosace au premier canton. 

à. + MONETA TORNOD. Croix semblable, mais sans 
rosace. — Denier. (PI. XII, n° 12.) 

M. V. Duhamel a le mérite d’avoir introduit Éléonore 
dans la numismatique (Revue, 1843, t. VIII, pl. XVIII, 
n° 4). Mais la pièce publiée par ce savant et reproduite 
par M. À. de Barthélemy, Revue, nouv. série, 1861, t. VI, 
pl. XVI, n° 9, diffère de la nôtre par les légendes, qui 
sont + ALIENORD.D.SABAD. et MONETA.TORNODORV et 


ET DISSERTATIONS. 347 


par la croix clechée pleine et au droit, cantonnés d’une 
rosace au second canton. Sur notre denier le second mot 
de la légende au droit paraît être comes. 

Eléonore, fille d’Amédée V le Grand, comte de Savoie et 
veure de Guillaume de Châlon, comte d'Auxerre et de Ton- 
nerre, gouverna ces comtés pour son fils mineur Jean II, 
jusqu’en 4308, époque où elle contracta un second mariage. 


Tournus. 
Henri le" DE France, 1031 à 1060. 


2h. + HINRICVS RX. Dans un grénetis, croix cantonnée 
de quatre globules. | 

H. VALERIAN. Croix ancrée. — Obole. (PI. XII, 
n° 13.) 

Le nom qu'on lit au revers de cette obole pourrait 
être celui d’un monétaire comme Gislebert qui d'après les 
recherches d'un numismatiste distingué, M. C. Robert, fa- 
briquait à Mâcon des deniers pour le roi de France 
Henri I. Cependant je suis plus porté à eroire que le nonr 
en question indique le saint, patron de l'abbaye de Tour- 
nus-sur-Sadne et qu'en conséquence, notre monnaie a été 
frappée à Tournus. Dans l’ancien style ecclésiastique on 
supprime assez souvent le mot sanctus, et actuellement en- 
core la cour de Rome emploie le terme Chaire de Pierre 
pour désigner le Saint-Siége. Toutefois je pense que le 
module exigu de notre obole a pu être une cause détermi- 
nante de la suppression du mot sanctus. 

L'abbaye de Tournus est très-ancienne : le roi Eudes lui 
accorda déjà en 889 le droit de monnayage. On en connaît 


348 MÉMOIRES 


ET DISSERTATIONS. 349 


conservé pendant quelque temps dans la collection Reichel, 
avec laquelle il a passé à l'Ermitage. 

Le denier de l'évêque Heimo, de 988 à 1024, décrit par 
. M. Clouet, porte le nom de l'empereur Othon III; nous 
voyons que le second successeur d'Heimo, Richard, se 
dispensa de mettre sur ses monnaies le nom du roi alle- 
mand. Hatton Chatel (Hattonis Castrum), dont on con- 
paît aussi des monnaies de l’évèque Richer (de 1089 
à 4107), est une ville située sur un rocher, elle eut au- 
trefois un château fortifié, fut cédée en 1564 par l'évêque 
Nicolas II, Pseaume, au duc de Lorraine et érigée en mar- 
quisat par l’empereur Maximilien I]. 


Verdun. 
Louis 11 pb Haravcourt, 1430-1437 et 1449-1456. 


26. + LVDOVICVS, CPS’, VIRDVNS’. Dans un encadre- 
ment composé de trois angles et autant d’arcs de cercle, 
un écu écartelé portant un lion au premier et au quatriéme, 
et plein aux deux autres quartiers. 

R. MON | ETA, | , VIR | DVN’, |. Croix cantonnée de 
quatre astres à six rayons.e— Demi-gros (?). (PI. XII, 
n°45). 

Les monnaies des évêques de Verdun sont très-rares. 
M. Poey d'Avant ne connaît que des pièces de Thierry 
(1047-1088), de Richer (1088-1107), puis d’Eric de 
Lorraine Vaudemont (1593-4610) et de Charles II de Lor- 
raine Chaligny (1610-1622). La nôtre sert à remplir la 
lacune de presque cinq siècles entre Richer et Eric; elle 
ne peut pas être de Louis III de Lorraine qui succéda le 


360 MÉMOIRES 


42 juin 1508 à Warich de Dammartin et résigna l'évêché 
en 1522, puisqu'on n’y voit pas les armes de la maison de 
Lorraine, et doit être attribuée à la seconde époque de 
Louis II, d'Haraucourt, entre le 2 avril 1430 et le 4 oc- 
tobre 1456. 

Ne connaissant l'ouvrage de M. Clouet que par le compte 
rendu qu’en a fait M. A. de Barthélemy, Revue, 1853, 
t. XVIII, p. 158 et suiv., j'ignore si une pièce semblable 
y est décrite. | 


B. pe KOEHNE. 


ET DISSERTATIONS. 353 


« ladite monnoye blanche, duquel demy denier d’or mondit 
« seigneur prendra pour son seignourage de chacun marc 
«dor, quatorze gros de Flandres comme dessus. » 

« Desquelz deniers la traitte dudit marc d'or fin, tel que 
« dessus, est quinze livres dix-huit solz trois deniers dix- 
« huit mites et dix-huit dixneufiesme de mites gros dont 
« l'on donra aux changeurs et marchans pour chacun 
« marc dor tel que dit est quatre vingz huit desdis florins 
«et ung quart, qui valent à quarante-deux gros pièce, 
« quinze livres huit solz dix deniers et ob. gros; ainsi de- 
« meure pour seignourage et ouvrage pour chacun marc 
« dudit or fin, neuf sous, cinq deniers dix-huit mites et 
« dix-huit dix-neufiesmes de mite gros dont laloy montera 
« cing sols trois deniers gros, reste quil demeure pour 
a ledit seignourage et ouvrage, quatre solz deux deniers, 
« dix-huit mites et dix-huit dix-neufiesmes de mites gros. » 

a Jiem est ordonné estre fait ung denier d'argent fin à 
« onze deniers argent le roy et de soixante-dix-sept et 
« demi d'iceulx deniers de taille ou marc de Troyes qui 
« aura cours pour quatre gros de Flandres, dont la traitte 
« est vingt-huit solz 11 d. gros dont l'on donra au marchant 
« pour chacun marc d'argent le roy vint et septsolz quatre 
« deniers gros, demeure pour seignourage et ouvrage dix 
«a deniers huit mites m1 quars de mite' gros dont 
« mondit seigneur aura pour son seignourage ung gros et 
« demi, pour remède ung grain en aloy et ung demi d'iceux 
« deniers en poix sur chacun marc d’euvre et non plus les- 
« quelz remèdes appartendront à mondit seigneur comme 
« dessus. » 


1 Il y aici une erreur de calcul que j'ai préféré laisser subsister, ne sachant 
où devait porter la correction. 


ET DISSERTATIONS. «8B 


« Et ung autre denier nommé quart de gros à deux 
« deniers xv1 grains d’aloy argent le roy et de vingt et 
« sept solz en taille; duquel denier la traitte est trente 
« solz quatre deniers ob. gros, dont l’on donra au marehant 
« vingt et six solz onze deniers gros, ainsi demeure pour 
« seignourage et ouvrage trois solz cing deniers gros, à 
« ung grain de remède en aloy et à huit d’iceulx deniers 
« en poix pour marc d euvre, appartenant à mondit seigneur 
«comme dessus. » 

« Item a esté aussi ordonné estre fait ung noir denier 
« nommé courte ou double mite qui sera à dix grains d’aloy 
« argent le roy et de dix et sept solz en taille au mare de 
« Troyes, à ung grain de remède en aloy et à douze 
a deniers en poix pour marc d'eavre, duquel denier les 
« douze auront cours pour ung gros de Flandres et dont la 
« traitte du marc d'argent est quarante selz neuf deniers 
« quatorze mites gros, et si donra len au marchant vingt- 
« six solz onze deniers du marc d'argent comme dessus, 
« demeure pour seignourage et ouvrage quatorze solz dix 
«deniers quatorze mites‘ gros, lesdits remèdes appar- 
« tenant à mondit seigneur comme dessus. » 

« Item ung autre denier noir appelé mite qui sera à six 
« grains d'aloy argent le roy et de vingt deux solz en 
‘«taille, à ung grain de remède en aloy et& vingtet quatre 
«a d’'iceulx deniers en poix pour marc -deuvre, duquel 
« denier les vingt et quatre auront cours pour ung gros de 
« Flandres, dont la traitte du marc d'argent est de quarante 
« quatre solz sept deniers gros, demeure pour seignourage 
«et ouvrage dix et sept solz huit deniers gros’ lesdits 


t Encore erreur de calcul. 
2 On a omis l'indication du prix à donner aux marchands, qui est, comme 
dans les autres, XVI 8. XI d. gros. 





ET DISSERTATIONS. 357 


dounance rendue à Malines le 27 octobre 1474. Après avoir 
réglé le taux des monnaies ayant cours ‘, il ordonne l’émis- 
sion de nouvelles monnaies d'argent, savoir : 1° un denier 
ayant d'un côté deux lions et de l'autre côté ses armes, 
courant pour quatre gros ; 2° un denier ayant d'un côté un 
lion tenant l’écusson de Bourgogne-Flandre, et de l’autre 
une croix accostée de deux fusils, et des enseignes du pays 
où ils auront été faits, lesquels deniers auront cours pour 
deux gros ; 3° un autre denier ayant d'un côté une tête de 
lion et de l’autre une croix, ayant cours pour un gros. Il 
n’est pas question de monnaies d’or; mais l'instruction 
donnée en suite de cette ordonnance les mentionne positi- 
vement. Voici, du reste, les passages de cette instruction 
qui ont trait à la fabrication des monnaies : 

« Primo, le maistre particulier de la monnoye fera ou- 
« vrer le florin de Bourgogne tel que par ci devant a esté 
« fait en la manière qui s'ensuit. Assavoir, à xix caras no- 
« bles d'Angleterre Henricus comptéz pour fins aliés de 
« quatre caras d'argent et ung carat de cuivre de six solz 
«au marc de taille dont l’esguille qui se baillera audit 
« maistre est aliée au mesme aloy au remède de ung grain 
«et demi d'or en aloy et de demi estrelin en pois sur 
« chacun marc d'euvre; lesquelz deniers il fera beaulz et 
« Tons et tailliez de bons recours : c'est assavoir que le plus 
« foible sera taillié à ung assequin plus fort que le droit au 
a remède de trois fors et de trois foibles; lesdiz trois foi- 


' Le prix de l'or s'était élevé; on exportait les deniers du duc, et l’on en 
importait d’autres de moindre valeur; il en résultait que la monnaie blanche, 
fabriquée pour avoir cours en même temps que le florin, restait sans être 
employée. Aussi le duc augmente-t-il dans cette ordonnance la valeur du 
double patard et du simple patard. Le premier, au lieu de courir pour 4 gros, 
vaudra 4 gros 1/2, et le second, au lieu d'être estimé 2 gros, le sera pour 
2 gros 6 mites. 


1862. — 5. 25 


358 MÉMOIRES 


« bles, trois vite de frelin et non plus, et lesdiz trois fours, 
« trois vit de frelin sans quelconque autre remède de fors 
« ni de foibles. » 

« Item ledit maistre devra aux marchans de leur marc 
« d'or tel que dessus 11* vin |. cing s. d’empirance, et si 
« leur donra de chacun marc d'aloy v 1. xis. dite mon- 
« noye d’empirance. » 

« Item ledit maistre payera au prouffit de monseigneur 
« le duc tous les remèdes qu'il aura prins en pois et en 
« aloy, et si payera au prouffit de mondit seigneur pour son 
« droit de seignourage de chacun marc d’or fin qu'il fera 
«ouvrer en ladite monnoye xviii d. gros. » 

« [tem ledit maistre fera ouvrer ung denier à x d. d’ar- 
« gent le roy et de vis. vit d. au marc de taille au remède 
« de ung grain en aloy et d'un demi d'iceulx deniers en 
« pois sur le marc d’euvre lesquelz deniers il fera ouvrer 
« beaulx et rons et tailliéz de bon recours; c’est assavoir, 
le plus foible sera taillié à ung vite de frellin près du 
« droit, et le plus fort à ung vu‘ de frellin plus fort que le 
adroit, au remède de quatre foibles et quatre fors; qui 
« pourront estre plus foibles, lesdits quatre foibles, demi 
« frellin et non plus, et lesdits quatre fors demi frellin sans 
« quelconque autre remède de fors ni de foibles; et donra 
a ledit maistre aux marchans du marc d'argent le roy xxx s. 
a VII d. gros. » 

« Item ledit maistre fera ouvrer ung denier à v d. argent 
«le roy et de vis. viii d. au marc de taille, au remède de 
«ung grain en aloy et d'un demi d’iceulx deniers en pois 
« sur le marc d’euvre, lesquelz deniers il fera ouvrer beaulx 
«et rons et tailliéz de bon recours, c'est assavoir, que le 
« plus foible sera taillié à ung vit de frellin près du droit, 
¢ et le plus fort sera taillié à ung vine de frellin plus fort 


ET DISSERTATIONS. 359 


« que le droit; au remède de quatre fors et quatre foibles, 
« qui pourront estre plus foibles, lesdits quatre foibles, ung 
« demi frellin, et non plus et lesdits quatre fors, ung demi 
« frellin, sans quelconque autre remède de fors ni de foi- 
« bles et donra ledit maistre aux marchans du marc d’ar- 
« gent le roi xxx s. uid. gros » 

« Item ledit maistre fera ouvrer ung autre denier à 111 d. 
a argent le roy et de x s. x1 d. au marc de taille, au re- 
« mède de ung grain en aloy et de deulx d'iceulx deniers 
« en pois sur chacun marc d’euvre lesquelz deniers il fera 
« ouvrer beaulx et rons, et tailliés de bon recours; c'est 
« assavoir, que le plus foible sera taillié à ung quart de 
« frellin près du droit, et le plus fort sera taillié à ung quart 
« de frellin plus fort que le droit. au remède de six fors et 
« six foibles, qui pourront estre plus foibles lesdits six 
« foibles, ung frellin et demi et non plus, et lesdits six fors, 
« ung frellin et demi sans quelconque autre remède de fors 
«ni de foibles et donra ledit mmistre aux marchans du 
« marc d'argent le roy xxx s. 11d. gros. Et se ledit muistre 
« excéde lesdits remédes, ce sera sur telle pugnicion et 
« correction qu'il appartiendra, » 

« Item payera ledit maistre pour le droict de seignourage 
« de mondit seigneur, de chacun marc d'argent le roy qui 
« sera ouvré à ladite monnoye, vi d. gros; et ne sera faite 
« icy nulle mention des deniers de demi gros, quars de gros 
«ne autre noire monnoie, mais s’il venoit bas billon à la 
« monnoie, les gardes le signifieront aux généraux maistres, — 
« lesquels y pourveoieront lors comme il sera besoin pour 
« le bien de la chose *. » | 


1 Le dernier passage de cette instruction est cité par M. J. Rouyer, Revue 
num., 1848, p. 430. 


360 MÉMOIRES 


I] résulte par conséquent de ce passage qu'on ne devait 
plus fabriquer de monnaie noire jusqu'à nouvel ordre. Pro- 
bablement que la quantité en circulation était suffisante 
pour les besoins du commerce. 

L’instruction que nous venons de voir est du 8 mars 
4474 (v. st.). Depuis cette époque jusqu'à la mort de 
Charles le Téméraire, nous ne trouvons plus d'autres do- 
cuments monétaires, si ce n'est une ordonnance du 3 sep- 
tembre 1475, par laquelle le duc interdit dans ses États, 
et notamment dans la ville et les foires d Anvers, le cours 
des deniers d’or et d'argent, tant anciens que nouveaux 
sortant des forges d'Utrecht et de Frise. Ces monnaies 
étaient d'un aloi inférieur. Il défend en même temps de 
hausser le prix des espèces tolérées par les précédentes 
ordonnances. 

Les monnaies de Charles le Téméraire ne sont pas dif- 
ficiles à classer. Il est évident que celles émises en vertu 
de l'instruction de 14@7 devaient être semblables aux 
deniers de Philippe le Bon. Ce sont d’ailleurs les seules de 
la série qui nous occupe que l'on puisse attribuer à cette 
époque ; celles de 1474 sont parfaitement définies par l’or- 
donnance qui en prescrit la fabrication. Aussi nous ne 
pouvons ici retomber dans les mêmes incertitudes que nous 
avons rencontrées pour les monnaies des prédécesseurs du 
duc Charles. 

61. SANCTVS: ANDREAS. Saint André occupant le champ 
de la piéce. 

Rh, Ecusson à sept quarts placé sur une croix patée tra- 
versant la légende : KAROLVS:DEI:GRA:CO.FLAND. 

Florin d'or, poids 62 grains forts (PI. IV, n° 57°.) 


1 Le poids légal est de 64 grains 1/3. — V. Duby, pl. LVI, n° 2, Le poids 


ET DISSERTATIONS. 361 


62. SANCTVS::ANDREAS: Saint André dans une position 
un peu différente du précédent. 

R. Identique au n°61. 

Florin d’or, poids 68 grains. (PI. IV, n° 58.) 

Ce second florin d'or pourrait bien être celui fabriqué 
en vertu de l'ordonnance de 1474. 

63. Méme type et même légende qu'au n° 61. 

À. Écusson à sept quarts dans un entourage d’arc de 
cercle. Légende + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO FLA. 

Demi-florin d’or : Poids ; 34 grains. (PI. IV, n° 59 :.) 

64. Écu à sept quarts, entouré de la légende -+ KA- 
ROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO:FLA. 

à. * Croix fleuronnée portanten cœur une fleur de lis. — 
Légende + SIT:NOMEN:DOMINI:BENEDICTVM: (briquet). 
Double patard ; poids : 60 grains. (Pl. IV, n° 60°.) 

65. Armoiries à sept quarts vccupant tout le champ, en- 
tourées de la légende + KAROLYS: DEI:GRA:DVX:BG’ :COM: 
FL. 

à. Croix longue portant en cœur une fleur de lis, can- 
tonnée de deux fleurs de lis et de deux lions. La croix par- 
tage la légende en quatre parties : + MONETA:NA:COMIT: 
FLAND. 

Double gros; Poids, 54 grains. (Pk IV, n° 61°.) 
indiqué par cct auteur est 63 grains. — Voy. aussi Serrure, op. cit. 
p. 249. 

* Poids légal ,.32 graine fort. — Dessiné par Duby, pl. LVIII, n° 5, d’a- 
près Van Alkemade. — V. Serrure, p. 249, et Den Duyts, pl. XII, n° 72. 

2 Poids légal, 60 grains faible. — V. Serrure, p. 249, et Den Duyts, 
pl. XII, n° 75. — Duby donne, pl. LVIII, n° 8 et 9, deux dessins du double 
patard, dont la différence consiste en ce que, eur le premier, la légende du 
revers n’est pas terminée par un briquet. Cette piece ne paraît pas reproduite 
d’après l'original. 

Serrure, op. cit. — Den Duyts, pl. XII, n° 76. — Poids légal, 54 grains 
trois quarts. 


ET DISSERTATIONS. 363 


69 Deux lions assis en regard séparés par un briquet 
d'où s'échappent des étincelles, sous a plinthe inférieure, 
une molette d'éperon. — Légende + KAROLVS:DEI:GRA: 
DVX:BORG:CO:FLAN. 

À. Écusson à sept quarts sur une croix dont les extré- 
.mités fleuronnées traversent la légende, SALVVM FAC:PO- 
PVLV:TVV:DNE: 1474. 

Double briquet. — Poids 57 grains. (PI. XIII, n° 65’. ) 

Il existe beaucoup de variétés de coins pour cette pièce. 
Voici celles qui sont venues à ma connaissance. 

70. Même type avec quelques variétés dans le dessin 
des lions. — Légende + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG: 
CO:F. 

À. Quelques différences dans les ornements de la croix. 
— Poids 57 grains. 

71. Comme ci-dessus. — Légende + KAROLVS:DEI: 
GRA:DVX:BORG:CO:FLA. 

A. Comme le précédent. — Poids, 52 grains. 

72. Semblable aux précédentes, sauf quelques variétés 
de coin. — Légende + KAROLVS:DEI:GRA:)VX:BVRG: 
CO:FL. 

R. Comme ci-dessus. — Méme poids. 

73. Une autre variété de l’année 1475, avec CO:FL au 
droit. 

74. Une autre variété de la même année 1475 avec CO: 
F*. 

Serrure, op. cit., p. 251. — Poids légal, 57 grains trois quarts environ. 

? M. Serrure, p 251, indique un double briquet de 1476 avec la légende du 
revers SALVVM.FAC:POPVL.TVV.DNE. 

Den Duyts, pl. XII, n° 3, donne un double briqnet avec la date 1477. Je 
présume qu'il y 2 erreur dans la lecture. Charles le Téméraire étant mort le 


5 janvier 1476 (v. st.) et l’année commençant à Pâques, il ne peut y avoir de 
monnaies frappées à son nom à la date de 1477. 


364 MEMOIRES 


75. Lion assis tenant l’écusson du duc, à sept quarts. 
Légende : + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BORG:CO:FLAND. 

R. Croix dont les extrémités sont formées par des fleurs 
de lis et des feuillages très-épanouis, et portant au centre 
une fleur de lis. Légende : +:BENEDIC:HEREDITATI:TVE: 
4474: | 

Double gros. Poids, 54 grains. (PI. XIII, n° 66.) 

L'ordonnance indiquait que la croix du revers de ces 
monnaies devait être accostée de deux fusils et des enseignes 
du pays où elles auraient été faites. Au lieu de cela, 
nous ne voyons que la fleur de lis au centre de la croix, 
indiquant que cette pièce a été frappée pour la Flandre. 
J'ignore pourquoi ces monnaies n'ont pas été fabriquées 
conformément à l'ordonnance précitée. 

Il existe plusieurs variétés de coin de cette monnaie, mais 
aucune de celles que j'ai eues sous les yeux ne porte une 
autre année que 1474. Les variétés consistent surtout dans 
la pose des lions au droit, et les ornements de la croix du 
revers. J'ai donc jugé inutile de la faire dessiner. Quant 
aux légendes, ce sont les suivantes : 

76. + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO:FLAN *. 

77. + KAROLVS:DEI:GRA:DVX:BVRG:CO:FL. 

78. Lion à mi-corps, ayant sous la traverse d'où il 
émerge, et en exergue une molette d'éperon accostée de 
deux croisettes. Légende : + KAROLVS: DEI: GRA: DVX: 
BV:CO:F. 

à. Croix dont les extrémités sont fleuronnées; au centre 


1 Duby donne, pl. LIX, n° 7, un dessin de cette pièce d’après l'ouvrage de 
Joachimi. Il est très-incorrect, et il y a erreur de date; c’est 1474 et non 1471 
qu'on doit lire. — V. aussi Serrure, op. cit., p. 251, La pièce indiquée par cet 
auteur no porte pas de date, sans doute par oubli. 

3 Den Duyts, pl. XII, n° 74. 


ET DISSERTATIONS. 367 
ment, « dominus infans. » En février 1343, dans l’acte de 
mariage de ce prince, il est à plusieurs reprises appelé 
« dominus Ferrandus infans '. » 

Les monnaies de Ferrand de Majorque, comme prince de 
Morée, ne peuvent manquer de rester assez rares, car elles 
n'ont été forgées qu'entre le mois de mai 1345 et le mois 
de juillet de l’année suivante. Je rappellerai brièvement 
ici la vie très-agitée, de ce prince qui ne fut qu'un chef 
d'aventuriers auquel manqua le succès. 

Ferrand de Majorque était fils puîné de Jacques I d’Ara- 
gon, roi de Majorque, et de Sclaramonde de Foix : dès 
4305, nous le voyons paraître dans l'histoire : à cette 
époque, du côté de Carcassonne et de Limoux il tentait de 
se mettre à la tête des populations méridionales peu favo- 
rables aux conquêtes des Français *. 

Deux ans après, à la tête de quelques galères, il par- 
courait la Méditerranée, cherchant à supplanter en Grèce 
les conquérants français : 11 combattait alors pour l'empe- 
reur d'Orient. Défait à Negrepont, il fut livré par les Fran- 
çais au duc d'Athènes, qui l’enferma dans une forteresse 
voisine de Thèbes : cédant ensuite aux instances des rois 
d'Aragon et de Majorque, le duc d'Athènes confia la garde 
du captif à Robert, roi de Naples, qui bientôt le rendit à 
son père. Ferrand, en 1309, se distinguait an siége d’Al- 
mérie : à cette époque, on songeait à lui faire épouser 
Clémence de Hongrie, qui monta sur le trône de France en 
donnant sa main au roi Louis X. — Il avait la seigneurie 
de Montpellier, et le roi Robert de Naples, en 1343, lui 
avait donné viagèrement celle de Catane. 


1 Buchon, Nouvelles recherches historiques sur la principauté de Moree, t. 1], 
p. 385 et 390. 
9 Bullet'n de ia Soc. scientif. agricole, etc., des Pyrénées-Orientales, t. 1X. 


; ET DISSERTATIONS. 369 


nière union de Ferrand était né un fils, du même nom que 
son pére, qui fut vicomte d’Aumelas (arrondissewent de 
Lodève, Hérault) '. 


Louis DE SAVOIE, ROL DE CHYPRE. 


......S DEI GRACIA.E. Personnage couronné, tenant un 
sceptre et un globe crucigère, assis sur un trône; à sa 
droite, S; à sa gauche, E. 

R. .....SALEM. CIPRI. ET. ARME.... Type ordinaire des 
besants de Chypre. (PI. XIV, n° 2.) 

LYDOV...S...G...1A RE. Méme type. 

R. + TERVSAL.......ET..MEN.. Même type des besants. 
Cette piéce a été dorée : la lecture de ses légendes serait 
compléte si quatre contremarques ne les avaient pas cou- 
pées. { PI. XIV, n° 3.) 

Ces deux monnaies se complètent l’une par l’autre, et 
il est facile de reconnaître qu'il s’agit ici d'un roi de 
Chypre, de Jérusalem et d'Arménie nommé Louis; tout 
s'accorde, du reste, pour confirmer mon attribution : les 
légendes écrites en latin, l'absence d’écusson armorié au- 
près du personnage assis, enfin la désignation du royaume 
d'Arménie, qui parut senlement après l'année 1393 : ce 


1 «J'ai veu, dit Ducange, des lettres de Sancie, reine de Hierusalem ct de 
« Sicile, données à Naples le 15 de mars 1338, par lesquelles eette reine 
« donne à Fernand de Maiorques, vicomte d'Omellas , frère du roi de Ma- 
« jorque, qni avoit épousé depuis peu Ecive, fille du roi de Cipre, et qu’elle 
« avoit élevé en sa maison, une somme de 50,000 florins d'or pour employer 
«en l'achat d'une terre. Quelques autres mémoires de Ja chambre des 
« comptes de Paris portent que Hugues, roi de Cipre, donna 30,600 besans 
« d’or de rente à sa fille Eschive, qui avoit épousé Fernand, infant de Ma- 
« jorque, et les assigna sur un casal près de Nicosie, l'an 1340. » (Ms. de Du- 
cange, cité par M. de Mas-Latric, dans son Histoire de l'ile de Chypre.) 


370 MEMOIRES 


fut à cette date en effet que, par suite de la mort de Livon, 
roi d'Arménie, Jacques I‘ de Chypre prit et transmit 
à ses successeurs le titre purement honorifique de roi 
d'Arménie. Jusqu'à ce jour il n’était connu, dans la numis- 
matique chypriote, que par une pièce de billon attribuée à 
Jacques II par M. de Saulcy. — Notons que le roi Janus 
(1398-1432) est le premier qui supprima l'écu armorié 
auprès de l'effigie, et que le roi Jean II est aussi le premier 
qui ait repris les légendes latines. Depuis Hugues Hl 
(1267-1284), les rois de Chypre, sur les monnaies du 
genre de celles dont je m'occupe n'avaient employé que 
la langue romane ‘. 

J'avoue l'impossibité de donner le sens des lettres qui 
accostent l'effigie : sont-ce les initiales d'un atelier 
monétaire ou d'un saint particulièrement honoré en 
Chypre? 

_ Louis de Savoie, comte de Génevois et de Romont, après 

avoir répudié la fille du roi d'Écosse, avait obtenu la main 
de Charlotte de Lusignan, fille unique de Jean Il et de sa 
seconde femme, Hélène, elle-même fille de Théodore Paléo- 
logue , despote de Misithra : à peine si Charlotte put jouir 
deux années de l'héritage paternel, de 1458 à 1460. 

Charlotte et Louis avaient fait des démarches pour empé- 
cher la nomination de Jacques, frère naturel de la reine, à 
l'archevèché de Nicosie : Jacques s’en vengea en allant 
demander des secours au soudan de Babylone : il débarqua 
à Nicosie en septembre 1460, et força bientôt, les armes à 
Ja main, sa sœur et son beau-frère à chercher un asile dans 
le château de Cérines. Le soudan prétendait qu'il n’appar- 
tenait pas à une femme de succéder à la couronne de 


1 Num. des Croisades, p. 103, 108 et 109, pl XII, Let 8, 


ET DISSERTATIONS. 371 


Chypre; mais au fond, les intrigues des Vénitiens et des 
Florentins n'étaient pas étrangères à ces désordres. 

Laissant à son époux le soin de prolonger la lutte en 
Chypre, Charlotte de Lusignan se rend à Rome, puis à 
Florence, à Bologne et en Savoie pour obtenir des troupes, 
de l'argent et des vivres : ses efforts multipliés, sans être 
complétement nuls, ne semblent pas cependant avoir eu 
des résultats bien efficaces. Le roi Louis quitta Chypre et 
se retira à Rhodes en 4462 : il faut rendre aux chevaliers 
hospitaliers la justice de reconnaître qu'ils soutinrent de 
tout leur pouvoir la cause des Lusignan. Il était d'ailleurs 
assez naturel que les chevaliers de Rhodes tinssent contre 
Yusurpateur qui comptait un souverain musulman parmi 
ses principaux alliés. 

Le château de Cerines capitula en 1463. - Le roi Louis, 
retiré en Savoie, se vit obligé de recourir à l'empereur 
d’Allemagne pour essayer de rentrer en possession d'une 
parcelle de l'héritage paternel qui lui revenait : à la mort 
de son compétiteur le roi Jacques I, en 1473, il essaya 
encore de rentrer en Chypre ; mais le eoneours des Génois 
ne semble pas avoir pu aider assez paissamment le faible 
parti qui le rappelait dans l'ile : il mourut paurre à Ripaille 
en 1482, et y fut enterré. 

En 1485, le 25 février, la reine Charlotte céda à son 
neveu Charles I*", duc de Savoie, tous ses droits sur Chypre 
moyennant une pension viagère de 4,300 florins assignés 
sur les gabelles de la ville de Nice. C’est par suite de cette 
cession que, jusqu'à nos jours, les ducs de Savoie, depuis 
rois de Sardaigne, ont persisté à porter les titres de Chypre 
et de Jérusalem '. 


1 Hist. de Vile de Chypre sous le règne des princes de la maison de Lusiynan, pas 


372 MÉMOIRES 

M. le chevalier D. Promis a bien voulu me communiquer 
l'empreinte d’un besant blanc attribué à Louis de Savoie, 
conservé dans la riche collection dont il est conservateur. 
Cette monnaie, d'un autre coin que celles que je publie ici, 
a été frappée deux fois, de sorte que les légendes sont diffi- 
ciles à déchiffrer : le personnage assis au droit n’est pas 
accompagné des initiales SE; les lettres, de forme plus 
moderne, sont plutôt analogues à celles des monnaies de 
Jacques II, et je serais porté à croire que le besant du 
Cabinet de Turin, postérieur à ceux que je possède, se 
rattache à la seconde tentative du roi Louis de Savoie pour 
reconquérir l'île de Chypre en 1473. 

Dans les publications spéciales, je n’ai pas retrouvé de 
besants blancs des successeurs de Louis de Savoie : il en 
existe probablement dans les collections, et il serait inté- 
ressant de comparer ceux du roi Jacques II, par exemple, 
avec les variétés que je signale dans cette note. 





Sous les n°’ 4 et 5, je donne deux variétés inédites de 
monnaies qui font partie de la numismatique des croisa- 
des : ces pièces, qui ont une certaine rareté, n’ajoutant 
aucun fait nouveau à ce que l'on sait déjà au point de vue 
historique, je me borne donc à donner la description de ce 
denier tournois et de ce demi-besant *. 

NICOLA ...... Châtel tournois: au commencement de 
la lévende on aperçoit une fleur de lis. 

R. + NICOLA ..... Croix : la légende commence et finit 
par une étoile. (Pl. XIV, n° 4.) 


N. de Mus-Latrie, t. II, p. 82 à 182. — Voy. aussi Monumenta historia patrix, 
scriptorum, t. II. 
1 Ces pièces m'ont été communiquées par M. Charvet, ainsi que le n° 6. 


ET DISSERTATIONS. 373 


C'est une variété des monnaies de Nicolas, comte de 
Campibassi, sur l'identité duquel on n a pas encore de cer- 
titude : M. de Saulcy; très-judicieusement, penche à croire 
qu’il faut le chercher au commencement du xiv° siècle 
dans l'Italie méridionale. 

PIER..... REID. Le roi assis sur un trône, à sa gauche, - 
son écu. | 

R. + DIER...... EDCIPRE. Croix dite de Jérusalem. 
Cette division n’a pas été connue de M. de Saulcy *. 
(PI. XIV, n°5.) 


Monnaie obsidionale de Nice. 


Duby, dans ses Récréations numismaliqurs, a gravé, 
pl. 21, n°3, une pièce obsidionale d'or, frappée à Nice, 
dont voici la description : 

KROLVS.SECVNDVS. DVX.SABAVDI. Ecu portant la croix 
de Savoie et timbré d'une couronne ducale. 

A. Dans le champ, NIC.A.TVRC ET.GAL.OBS. 1543. 

Voici une monnaie d'argent qui a la même origine. 
Dans le champ KROLVS.II D. SABAVDI, entre deux roses. 

R. NIC.A.TVRC.ET.GAL.OBS. 1543. (PI. XIV, n° 6.) 
Cette pièce, forgée négligemment ou frappée deux fois, 
n'est pas parfaitement nette. 

Le siége de Nice dura environ deux mois et demi, depuis 
le 46 juin jusqu'au 7 septembre 1543 : le comte d'Enguien, 
qui commandait les troupes françaises, avait d’abord espéré 
s'emparer de cette place par une surprise ; mais ses projets 
ayant été dévoilés au prince de Piémont, il fallut faire un 
siége en règle : malgré le concours d'un nombreux renfort 


1 Num. des Croisades, pl. XI. 
1862. — 6. 26 


374 MEMOIRES 


turc, les Français ne purent s’emparer du château: le 
22 aout, la ville avait capitulé, mais la forteresse défendue 
vaillamment tint jusqu’au moment où un secours envoyé 
par l'empereur força les assiégeants à se retirer. 

Pierre Lambert, seigneur de la Croix, président de la 
chambre des comptes de Savoie, a laissé un journal dé- 
taillé de ce siége qui est inséré dans le Monumenta histo- 
riz patriz, tome Ill, col. 912 et seq. 

Il est à remarquer que dans presque tous les ouvrages 
que j'ai consultés, le duc de Savoie alors régnant est dé- 
signé sous le nom de Charles III; sur les monnaies de 
Nice, nous lisons sur l’une, en toutes lettres, Karolus se- 
cundus, sur l’autre Karolus /I: cette confusion vient de 
ce que certains auteurs ont donné le nom de Charles II à 
Charles-Jean-Amédée (1490-1496), qui mourut d’une 
chute âgé de six ans. La numismatique ici vient fixer la dé- 
signation officielle du malheureux duc de Savoie qui eut 
tant à souffrir des luttes de l’empereur Charles-Quint et 
du roi François, ainsi que des intrigues intéressées de ses 
propres parents. 

La monnaie obsidionale de Nice, en rappelant naturel- 
lement le vif désir que François I** avait conçu de réunir 
ce comlé à la Provence, est une preuve de plus que les faits 
les plus récents de notre histoire sont la réalisation de 
projets séculairement conçus par la monarchie fran- 


çaise 1, 


1 Cette notice était imprimée lorsque j'ai su que la monnaie obsidionale de 
Nice avait déjà été publiée par M. le chevalier Promis dans le tome XXIX 
des Mémoires de l'Académie des sciences de Turin. Mes lecteurs voudront bien 
pardonner ms réédition : je pourrais alléguer en ma faveur l'opportunité de 
faire figurer dans un recueil français une monnaie devenue française, et qui 
n'était encore connue que par des publications italiennes, 


376 MÉMOIRES 


tions, dis-je, auraient manqué leur but si elles avaient été 
faites un demi-siècle ou un siècle plus tard. 


Teston de Charles IX frappé par les huguenots à Orléans. 
Un numismatiste à la fin du XVF siècle. 


Le n° 8 de la planche XIV représente un teston de 
Charles IX frappé en 1563 : il diffère des monnaies du 
même genre par le buste qui est exceptionnellement tourné 
à droite, et par la lettre A comprise dans un O que l'on re- 
marque sous l'effigie royale. Ce teston a été décrit dans 
«le Catalogue raisonné des monnaies de France» sous le 
n° 898, avec la date de 1562. 

Nous trouvons une interprétation du monogramme AQ 
dans le Registre-Journal de Pierre de l’Estoile: il était 
gravé sur des testons qui, alors, étaient désignés sous le 
nom de morveus. Les testons morveus furent fabriqués par 
les protestants, et Pierre de l’Estoile recherchait cette cu- 
riosité pour sa collection : le 19 juillet 1608, il crut avoir 
trouvé ce qu'il convoitait, mais il eut une déception numis- 
matique qu'il raconte ainsi : « M. de Montaut m'a fait re- 
« couvrir un teston morveus forgé à Saint-Messans par les 
« huguenos, comme il apparoist par la lettre de T qui est 
«la marque de la monnoie de ladite ville, frappé 
« l'an 4573 après la Saint-Berthelemi, en dettestation du 
«massacre de ladite journée et dérision du roy Charles IX, 
« qu ils apeloient morveus ; que jay serré avec les autres 
« pour mémorial et marque de nos fureurs civiles. J’ay 
« baillé audit Montaut, en trocq dudit teston, deux de mes 
« petites médalles d'argent des familles; mais depuis jay 
«sceu que ledit teston n’est point de ceux-là, et ne le peult 
«estre, tant pour ce que les huguenos en ladite année ne 


ET DISSERTATIONS. 377 


« tenoient pas Saint-Messans, que pour ce que lesdits tes- 
« tons morveus furent fabriqués par les huguenos à 
« Orléans, au commencement des troubles, 1562, et depuis 
« ne s'en est point fait; et ay trouvé entre mes pièces un 
« demi teston morveus de ce temps et an 1562, dont j’ay 
« renvoié audit Montaut son teston, qui demeure toute- 
« fois opiniastre en son opinion encores qu'elle soit notoi- 
« rement fausse. » Le 22 avril 1609, l’Estoile avait enfin 
un vrai teston morveux, et il fournit un détail qui nous 
permet de donner l'attribution de celui que je publie au- 
jourd hui. « j'ai recouvert ung teston du feu roy Charles IX, 
a de ceux que les huguenos firent forger à Orléans, pen- 
a dant les premiers troubles. I! a la teste tournée autre- 
-« ment que les autres, et d'un meilleur argent beaucoup, 
« parce qu'ils ont esté faits de ces ustensiles et reliques des 
« églises que les huguenos firent fondre en ladite ville ; et 
«y a au bout dudit teston un pelit A et un O, qui veut 
«dire à Orléans, dont peu de gens s'aviseroïent. » 

Puisque je viens de parler de Pierre de l'Estoile, et de 
son goût pour les pièces curieuses, mes lecteurs me per- 
mettront de mettre sous leurs yeux un aperçu de ce qu était 
sa collection, d'après son journal 

Pierre de l’Estoile, né en 1546 et mort en 1611 avait 
acheté en 1569 Ja charge de grand audiencier de la Chan- 
cellerie de France, qu'il conserva jusqu’en 1601 : je ne 
parlerai pas de ses écrits qui sont entre les mains de tous 
ceux qui s'occupent de l'histoire des xvi° et xvu* siècles : 
ici, je ne veux le considérer que comme numismatiste, bien 
qu'il ait été plutôt collectionneur qu'érudit. Aujourd'hui 
encore le simple collectionneur qui n'a d'autre occupation 
que d'acheter, se qualifie de numismatiste comme celui 
qui, à force de travail, ne cherche dans l'étude des vieilles 


378 MÉMOIRES 


monnaies ane des matériany anthenfianee nanr l'histnire 


ET DISSERTATIONS. 379 


échanges ; ainsi, en octobre 4609, il se réjouissait d'avoir 
obtenu de M. de Montaut la compensation d'une certaine 
« bourse de vieilles médalies de bronze qu'il lui avoit 
« baillées il y a longtemps à la charge de lui en bailler 
« d'autres à la première veüe et commodité qui se présen- 
« teroit. I] m'a donné deux getons d'argent, dont il y en a 
« un où sont gravées des faucilles, assez rares et curieu- 
« ses, avec une autre petite pièce d'argent que je ue connois 
« pas non plus que lui: En tels trocgs on perd toujours à 
« faire l'honneste, ce qui m'est avenu asses de fois aussi 
« bien que celle cy. » C’est sans doute dans un autre mo- 
ment où ce chroniqueur, assez frondeur de caractère, re- 
grettait encore d'être trop honnête qu'il écrivait ces mots 
que plusieurs de nos contemporains penseraient, mais ne: 
diraient pas aussi franchement : « J'ai vendu (le 9 mai 1611) 
«aM. de Montaut, la plupart de mes petites médalles d’or 
« qu’on disoit estre antiques ; et ce à raison de 36 livres 
« l'once ausquelles je n’ay autre regret, sinon pour ne les 
« avoir assez vendues, et tiré de la bourse dudit Montaut. 
« comme mien ami, au prisde 40 livres l'once (qui est le bout 
« toutefois de tout ce qui s'en peult tirer des plus curieus, 
« quelques belles et antiques que soient les médalles) : 
« Car on m a dit que jen eusse eu autant de lui si j'eusse eu: 
« un peu plus de patience, encore que lesdites pièces ne le 
« valussent pas; mais bien pour lui, qui m'a desia affiné 


« vens de tous costés ; et y a escrit numine freta, licet rumpere infracta manebo. 
« Et à l’entour de ladite pièce sont gravés ces mots du psuume 101 fort déli- 
« catement et lisiblement : pour estre à moy qui droite vote ira me servira. Elle 
« fast forgée l’an 1566, lorsque le pape, à raison de la profession de la reli- 
« gion et establissement d’icelle en les pays de Navarre et de Béarn, publia 
« une monition contre laditte royne à laquelle le roy Charles 1X s’opposa, In 
« prenant en sa protection comme sa sujette et parente. » 


380 MÉMOIRES 


« deux fois de ce costé là ; ce ne sera pas à la troisiesme 
« qu’il y reviendra, si je puis. » 

On a déjà pu voir que l'Estoile ne faisait pas grand cas 
des médailles antiques ': il préferait les monnaies et mé- 
dailles modernes, et surtout les jetons d'argent qu'il collec- 
tionnait depuis vingt années, et dont il avait 228 variétés : 
il avait aussi des statuettes : j'ai cité Je buste de Faustine ; 
il parle aussi d'un bronze grec qu'il échangea avec le 
sieur Ménestrier, contre une médaille de Maximilien et sa 
femme valant 35 ou 40s. d'argent au poids, et d'un petit 
Bacchus de cuivre fort antique qui portait une inscription 
vetotropto:, que ni Casaubon, ni Guischard, ni Du Pui ne 
pouvaient traduire, 

Parmi les médailles, nous remarquons dans le journal 
de l’Estoile la mention de celle de Diane de Poitiers que lui 
avait donnée Peiresc. « D’un costé est la figure de ladite 
«dame avec cette inscription Diana duc. Valentinorum 
« clarissima; de l'autre avec un beau revers est escrit 
« omnium victorem vici. » Nous voyons aussi les médailles 
de Charles IX pour la Saint-Barthélemy, de Grégoire XIII 
en 1572 pour le même événement”, et le portrait de Jean 


1 L’Estoile dit quelque part, avec assez de franchise « Le mardi dernier de 
« ce mois (31 août 1610 ), j'ay vendu à un curieus, fd est à un fol comme moi, 
« pour 50 frans de vieilles médalles de bronze et de cuivre qu'on tenoit pour 
« antiques : car de moi je confesse que je n'y connois rien du tout, et n’y a 
« que l'opinion en cela. » 

2 A propos de cette médaille, il est curieux de transcrire le passage du 
journal de l'Estoile : les sentiments anti ligueurs du bourgeois parisien per- 
cent dans ces lignes, et lui font faire tout simplement une fausse pièce d’or : 
« Le lundi 30 juin, je rencontrai par hasard sur un fondeus où nous étions 
« allés M. Courtin et moi, le plomb de la pièce que le pape Grégoire XIII fist 
« faire à Romme en 1572 à la Saint-Berthelemi pour approbation et congratu- 
« lation du massacre fait en ceste journée à Paris et par toute la France des 
« huguenos. Le pourtraict du pape avec sou inscription y est d’un costé; et de 


ET DISSERTATIONS. 381 


Hus en argent « avec son dicton, arrest et supplice, et 
« est ladite pièce singulière et originalle. » 

Les monnaies curieuses de l'Estoile étaient le teston 
morveux d'Orléans, dont j'ai parlé au commencement de 
ce paragraphe, le quart d’écu frappé à Saint-Quentin, 
pro Christo et rege, en 1589 par le duc de Longueville ; 
le teston de Henri II frappé & La Rochelle sur lequel 
« lesclat de la lance dont il fust frappé en l'œil s’y void 
« emprainte‘ » le pistolet du pape Jules II, à la légende 
« Bonus pater Julius a tyranno liberat, que I Estoile con- 
« sidére comme la réponse au perdam Babylonis nomen de 
« Louis XT/, laquelle pièce, ajoute-t-il, qui est rare et se 
«trouve à grande difficulté , j'ay dès longtemps et la garde 
« soigneusement ; mais désirerois bien que le pistolet de 
« Jules lui tinst compagnie (que je ne crois pas estre si mal- 
« aisé à recouvrir que le ducat du perdam) ; et pourtant ay 
« mis gens en besongne pour le trouver. M. de Montaut en 
« a recouvert depuis peu de temps un par hasard, d'un 
« orfévre qui ne scavoit que c’estoit non plus que lui, des 
« mains duquel (il le vouloit mettre au rebut), il seroit bien 
« malaisé aujhourdui de le tirer. » Notons encore la 
pièce d'or, pesant 3 écus du roi d'Angleterre Jacques I*, 
avec la légende faciam eos in gentem unam autour des 
armes de France, d'Écosse et d'Irlande, et la pièce des 


« l’autre au revers de ladite pièce y a un ange figuré tenant d’une main la 
« croix et de l’autre une espée avec laquelle il tue et assassine force gens, et y 
« a escrit : Ugonotorum strages 1572. J'ai trouvé cette pièce si papale et si re- 
« marquable, qu’aiant acheté ce plomb un teston, l’ay fait mouler en or au dit 
« fondens, et baillé six escus que j'ay retirés de la vente de quelques petites 
« pièces d'or et d’argent que j’avois. » 

2 « Ce que pensant estre avenn fortuitement par défaut de coing, ai appris 
« certainement des changeurs et autres des monnoies qu'il a esté fait expres, et 
« qu'il en a esté frappé ct forgé desdits testuns à La Rochelle en 1550, » 


382 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS. 


gueus de Flandre, à la légendre fidéies au roy jusques à la 
bezace. 

Outre les jetons d'argent de chaque année renfermés 
dans une bourse de velours vert, l’Estoile recueillait aussi 
des jetons de cuivre ou d’argent des familles : ainsi il en 
avait un « fort ancien, sur lequel on lisait Guill. de Mont- 
moranci premier baron de France ; d’autres d Anne de Bre- 
tagne « où les fleurs de lis s’y voient mi-partis d'hermi- 
nes ; » des présidents de Thou dont l'un avec la légende 
redde rationem villicationis tux; de la reine Elisabeth 
femme de Charles IX, avec la légende spes mea Deus in 
ætlernum ; d'Henri IV, en 1600 avec la légende quz Cæsa- 
ris Cæsari et quæ Dei Deo, et au revers in numeris ordo ; 
de G. du Bosc de Montreville avec ses armes et les mots 
au victorieux '. | 

Je n’ai trouvé aucun détail numismatique dans le frag- 
ment du journal de Pierre de l’Estoile que vient- d'éditer 
M. E. Halphen, et qui comprend l'intervalle entre 1598 
et 1602. 

ANATOLE DE BARTHELEMY, 


1 Ce jetou qui, ainsi que celui de Guillaume de Montmorency, fait partie 
de la série du Cabinet impérial, porte un cartouche chargé d’une croix can- 
tonnée de quatre lions ou léopards. 


38À BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


la perfection des planches dues aux dessins originaux de l’aw- 
teur, tout concourt à justifier la distinction que l’Académie des 
inscriptions et belles-lettres a décernée à cet ouvrage. 

Cambrai offre un ensemble de monuments métalliques qui 
forment une suite complète et variée comme son histoire même, 
depuis l’époque franque jusqu'à nos jours : d’abord les tiers de 
sou d’or méruvingiens, puis l'empire de Charlemagne. puis les 
rois germains. Viennent ensuite les évêques à dater du com- 
mencement du x° siècle jusqu’au milieu du xvi‘; le chapitre qui 
frappait monnaie depuis 1252 pendant les vacances du siége; 
les monnaies obsidionales de 1581, 1595, 1649 et 1657. les 
monnaies françaises de 1588 et 1589, le papier-monnaie de la 
Révolution; rien n’a échappé aux investigations de M. Robert, 
qui a aussi recueilli les médailles, les jetons et les méreaux 
relatifs à l'histoire numismatique de Cambrai. 

Les questions si délicates qui touchent au monnayage car- 
lovingien et au commencement du monnayage féodal, sont 
traitées par M. Robert avec une lucidité et une sobriété re- 
marquables : Pauteur sait rappeler les opinions contradictoires 
de ses devanciers, les discuter et exposer ensuite son opinion 
personnelle avec cette courtoisie académique que l’on aime à 
rencontrer dans les livres sérieux. 

Je hasarderai une observation au sujet d’une opinion qui est 
très-généralement répandue, et que je retrouve dans la Numis- 
matique de Cambrai : c'est qu'à dater du capitulaire de Kierst 
qui consacra Uhérédité des offices et des bénéfices, la fabrication 
de la monnaie commença à s’éparmiller. 

Le capitulaire de Kiersi, en 877, à mon avis, n’avait d'autre 
but que de reconnaître, dans certains cas, l’hérédité des fonc- 
tions amovibles, sans que la transmission héréditaire de la dignité 
donnat de droits sur la propriété du sol. C'était quelque chose 
d’analogue à ce que l’on désignait par le mot survivance aux 
xvu* ct xvm° siècles. En feuilletant les anciens historiens, ou 
l'Art de vérifier les dates, on peut facilement constater que l’hé- 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 385 


rédité des fonctions amovibles existait bien avant 877.— A cette 
date, Charles le Chauve partait pour Italie pour secourir le pape 
contre les musulmans : il voulait auparavant pourvoir à l’admi- 
nistration et à la sûreté de ses Etats pendant son absence. Dans 
ce but il convoqua une assemblée solennelle de ses barons, et 
l’un des articles du capitulaire qui fut arrêté dans cette réunion 
est ainsi conçu : 

« Si un comte de notre royaume vient à mourir et si son fils 
« est avec nous, notre fils et nos fidèles veilleront à choisir parmi 
« les plus proches parents du défunt la personne qui adminis- 
« trera le comté de concert avec les officiers et l’évêque jusqu’à 
« ce que, averti du fait, nous ayons pu confier à lhéritier du 
a défunt, notre compagnon, les dignités de son père. Si le dé- 
« funt a un fils puiné, celui-ci administrera de concert avec ics 
a officiers du comté et l'évêque jusqu’à ce que nous en ayons 
a décidé. Si le défunt ne laisse pas d'héritier, notre fils et nos 
« fidèles choisissent l’administrateur du comté qui fonctionnera 
a jusqu’à ce que nous ayons avisé : et celui qui aura ainsi exercé 
a un mandat temporaire, ne devra pas avoir de ressentiment si 
« nous choisissons ensuite un autre que lui. » 

Un autre article du même capitulaire édicte que «si un de 
« nos fidèles veut renoncer au monde, et s’il a un fils ou un 
« proche parent qui puisse dignement servir l'État, il con- 
« viendra de donner ses dignités à celui qu'il préférera. Et s’il 
a veut se retirer paisiblement dans son aleu, on ne doit y mettre 
a aucun empêchement, ni exiger dorénavant de lui d’autre obli- 
« gation que celle de défendre le pays. n 

Ne résulte-t-il pas de ces textes que le capitulaire de Kiersi 
mentionne simplement une faveur destinée a récompenser les 
compagnons d’annes de Charles le Chauve, et par conséquent 
une exception? Remarquons aussi que le roi, en admettant le 
cas où ke fils peut succéder aux dignités du père, se réserve 
expressément le droit d’investiture qui maintient à la fonction 
son caractère d’amovibilité. 


386 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


La thèse que je propose dans les lignes qui précèdent sera 
étudiée plus tard avec détail : subsidiairement j'essayerai de 
fixer le véritable point de départ du monnayage féodal : je me 
hâte d'ajouter que cette divergence d'opinion que je soumets à 
mon savant confrère ne porte, par le fait, que sur un point très- 
secondaire de son beau travail; en le suppliant de me pardonner 
mon importunité, il me permettra de rendre encore une fois 
hommage au mérite de son livre et à la sûreté de ses appré- 
ciations. 

ANATOLE DE BARTHELEMY. 


388 CHRONIQUE. 


nouveaux, j'ai cru utile d’en donner ici l'indication et le poids, 
en me référant aux numéros d’ordre de mon mémoire. 


3. — FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes. 

Ry. CONCORDIA PRAETORIANORVM. La Concorde debout. 
MR. 

Poids, Turin, collection du roi, 3°,33; pièce fourrée, chez 
M. Hoffmann. 

7.— FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes. 

x. FIDES PRAETORIANORVM. Même type. Æ. 

Poids, Rome, bibliothèque du Vatican, 3®",37, 3°*,40, 3&°,54 
et 38,46; — Turin, collection du roi, 25",10. 

8.— VESTA P.R.QVIRITIVM. Buste de Vesta. 

gl. FIDES EXERCITVVM. Deux mains jointes. Æ. 

Poids, Rome, 3,16; — Turin, collection du roi, 3,29. 


42. — VESTA P.R.QVIRITIVM. Buste de Vesta. 

#. L.O.MAX.CAPITOLINVS. Jupiter assis dans un temple. MR. 

Poids, Turin, collection du roi, 25,50. 

47. — ROMA RESTITVTA. Buste de Rome. 

n. IVPPITER L{\(be)RA(tor). Jupiter assis. AX. 

Poids, Turin, collection du roi, 38,35. 

23 — GENIO P. R. Tête du Génie du peuple. 

5. MARTI VLTORI. Mars. Æ. 

Poids, ma collection, 3%,35, pièce récemmment achetée de 
M. Hoffmann. 

30. — BON.EVENT. Tête de la Félicité. 

y. PACI P.R. Deux mains join'es tenant un caducée. Æ. 

Poids, Turin, musée Lavy, 38,40. Museo numism. Lavy, 
vol. II, p. 78, n° 846. 

36. — LIBER(tas) P.R. Buste de la Liberté à droite. 

R. RESTITVTA. Bonnet de la Liberté entre deux poignards. 
R. | 

Poids, Rome, 35°,22. 

Cette pièce ne se trouvant pas au Cabinet de France, ni à 


CHRONIQUE. 389 


Vienne, ni à Londres, nous n'en avions pu indiquer le poids 
(supra, p. 210). Nous en mettons ici un dessin sous les yeux 
des lecteurs. 





39. — BON El{vent). Tête de Bonus Eventus. 

}. ROM.RENASC. Rome debout. 

Poids, Turin, collection du roi, 3°34. 

45.— MARS VLTOR. Téte casquée de Mars. 

R. SIGNA P.R Aigle romaine près d’un autel, entre deux 
enseignes militaires. Æ. 

Poids , Rome, 3,40, 2¢°,12 ' et 3,26 ; — Turin, collection 
du roi, 2%",95, pièce usée; — /bid., musée Lavy, 25,70. Museo 
numism. Lavy, vol. Il, p, 78, n° 847. 

_ 35. — LIBERTAS RESTITVTA. Tête de la Liberté. 

y. S.P.Q.R. sur un bouclier dans une couronne de chêne. Æ. 

Poids, Rome, 35,58. 

62. — ROMA. Tête nue de Rome à droite. 

B. S.P.Q.R. dans une couronne de chéne. Æ. 

Poids, Turin, collection du roi, 3,17. 

Cette pièce n’a été décrite (supra, p. 217) que d’après Mo- 
rell; nous en meltons un dessin sous les yeux du lecteur. 





1 Je suis porté à croire que l’exemplaire pesant seulement 25,12 doit être 
une pièce fourrée, à moins que ce ne soit un exemplaire rogné et usé 


1862,— 5. 27 


390 | CHRONIQUE. 


64. — SALVS GENERIS HVMANE. Victoire à gauche. 

#. S.P.Q.R. dans une couronne de chêne. Æ. 

Poids, Rome, 39,27; — Turin, collection du roi, 3",48. 

73, — 1.0 M .CAPITULINVS. Buste de Jupiter. 

R. VESTA P.R.QVIRITIVM. Vesta assise. Æ. 

Poids, Rome, 3£",48. | 

Toutes les pièces décrites ci-dessus comme existant à Rome 
font partic des collections du Vatican. Les empreintes obtenues 
de la complaisance de M. Tessieri, conservateur du médaillier 
pontifical, m'ont été envoyées par M. Joseph Lovatti, qui nras- 
sure que toutes ces pièces sont d'argent et non fourrées. Il ne 
me reste des doutes que relativement à nn des deniers décrits 
sous le n° 4%. Quant au denicr n° 8, gravé pl. VII, n° 7, dont je 
connaissais déjà trois exemplaires d'argent, à Vienne, à Turin 
et à Berlin, il est également d'argent. M. Cohen ( Vitellius, 
n° 102), ne layant décrit que d’après Morell, supposait que 
c'était une pièce fourrée. 

Quant aux médailles des diverses collections de Turin, j’en 
dois la communication à M. A. Fabretti. 

Les quatre pièces de Turin indiquées dans mon mémoire aux 
ne 3, 7, 8 ct 48, font partie du médaillier de l'Université de 
Turin. Bracas D'AuLps. 


Ayant regu de M. l'abbé Cavedoni quelques observations 
nouvelles sur les médailles autonomes romaines, je me suis em- 
pressé de traduire ces observations de l'italien en français pour 
les communiquer aux lecteurs de la Revue. J. W. 


J'ai lu avec un véritable plaisir le mémoire numismatique 
de M. le duc de Blacas, intitulé : Æssat sur les inédailles auto- 
nomes romaines de l'époque impériale. Ce travail rempli de doctes 
et judicieuses remarques, m'a d'autant plus intéressé que moi- 
même j'avais parlé de ces médailles à deux reprises différentes, 


CHRONIQUE. 391 


d’abord dans le Bulletin archéologique de Naples, année V, 1847. 
p.8, et ensuite dans les Annales de l'Institut de correspon- 
dance archéologique, t. XXII, 4851, p. 248-251. 

En tous points je me range à Davis du savant auteur, même 
quand il dit que j’ai eu tort de manifester un léger scrupule à 
l’encontre d’un avis de M. Cohen qui restitue à l'époque de 
Gaiba deux deniers au type de la famille Junia '. Toutefois je 
ne saurais admettre la supposition de M. Mommsen, adoptée 
par M. le duc de Blacas, qu’une partie des monnaies fourrées 
de cette série aurait été émise avec l'autorisation du sénat 
romain ( ef. Bull. arch. italiano, anno I, p. 58 ).. 

Ce qui est remarquable dans cette série, c’est l’imitalion ser- 
vile des têtes et des types des monnaies de la république, imi- 
tation que je serais tenté d’appeler un plagiat numismatique. 
Ces types appartiennent pour la plupart au vu‘ siècle de Rome et 
aux premières années du siècle suivant. L'auteur a déjà fait cette 
remarque ; j'ajouterai ici quelques autres observations à l’appui 
de ses raisonnements pour prouver les emprunts dont il s’agit. 

16. — VIRT. Tête de la Valeur roiffée d’un casque décoré de 
deux ornements en forme de spirale. Ce type ressemble beau- 
coup à celui des deniers qui portent les légendes L.IVLI.L.F. 
CAESAR et Q. THERM.M.F., sinon que sur ces deniers le casque 
est orné en plus de deux plumes. 

47. — ROMA RESTITVTA. Buste de Rome avec un casque à: 
criniére. Ce casque ressemble tout à fait à celui de la tête qui figure 
sur les deniers portant la légende M. POBLICI.LEG.PRO PR. , frap- 
pés en Espagne l’an 679 pour le service de l’armée de Pompée. 

23. — La corne d’abondance placée près de l’épaule droite du 
Génie du peuple romain est un attribut pris de la figure debout 
du même Génie représenté sur les deniers de P. Lentulus :. 
P.LENT.P.F. 

28 et 29. ROMA. Tête de la déesse Rome avec les cheveux 


1 Supra, p. 228. 


392 CHRONIQUE. 


tressés, relevés et réunis par un nœud sur le sommet. Cette dis- 
position est une imitation de la tête de Rome des deniers de 
Caton : M.CATO PRO PR., frappés en Afrique en l’an 707 par 
Caton d’Utique. 

39. — BON.EVENT. Téte de Bonus Eventus avec un large 
bandeau sur le front. La légende et la tête sont copiées des de- 
niers de Scribonius Libo. Ce bandeau sur le front donne à con- 
naître que la statue de Bonus Eventus était dans l’origine un 
ouvrage de travail étrusque. Cf. Ragguaglio dei ripostigli, 
p. 128. 

40. — SALVS PVBLICA. La tête laurée de la Santé est copiée 
de celle qui se voit sur les deniers de M. Acilius, ACILIVS IIT 
VIR, magistrat monétaire vers l’an 700 de Rome. 

54 et 55. — LIBERTAS RESTITVTA. La disposition des che- 
veux de la Liberté est celle qui se voit sur le denier de M. Brutus 
ayant au revers le consul marchant accompagné de trois lic- 
teurs. 

Maintenant je dirai quelqnes mots des types et des symholes 
particuliers. 

2.— Le sanglier désigné sous le nom de sus gallicus devrait, 
ce me semble, être noinmé plutôt sus celtibericus, par la raison 
que le sanglier était l'enseigne propre à la Tarragonaise et par- 
ticulièrement à la ville de Clunia'. Cf. Borghesi, Decad., VE, 
oss., 9, 10. 


1 C’est l'avis d'Eckhel ( D. N., VI, p. 298}, et l'ou ne peut nier que le porc 
ne soit un emblème de Ja Tarragonaise; il figure sur les médailles coloniales 
de Clunia. Florez, Medallas de Espana, tab. XX, n° 4. Ce fut à Clunia que 
Galba recut les auspices et les présages les plus favorables pour l’engager à 
prendre les rênes de l'empire. Sueton., Galba, 9. Il existe une médaille de 
grand bronze dont le type fait allusion à ce fait : HISPANIA CLVNIA 
SVL.S.C. L'empereur assis tenant le parazonium ; en face, l'Espagne per 
sonnifiée debout, la tête tourrelée et tenant une corne d’abondance, lui 
présente la Victoire. Eckhel, D. N., VI, p.294.— Cohen, Monnaies de l'empire 
romain, t. 1, p. 232, et pl. XIII, n° 130. — Florez (I. cit., tab. LVI, n° 5) a 
publié une médaille à légende celtibérienne, au revers de laquelle est repré- 


CHRONIQUE. 303 


5. — Le lituus à large ouverture placé derrière la tête de la 
Gaule paraît être instrument qu’on désignait sous le nom de 
xdpvov, xépvuË, et qui est appelé saAmy§ istopurj¢ par Diodore de 
Sicile, Hist., V, 30. Cf. K. 0. Müller, Die E'trusker, t. Ul, p. 207, 
209, 211. | 

41. — VESTA P.R.QVIRITIVM. Vesta se trouve naturelle- 
ment associée à Jupiter Capitolin , 1.0.M.CAPITOLINVS, parce 
que les Romains avaient l’habitude de jurer par Jupiter Capitolin, 
par Vesta et par Mars Pater. Cf. Bull. arch. Nap., ann. V, 
p. 8. 

52. — S.P.Q R. Légende inscrite autour d'un bouclier rond 
posé sur deux hastes croisées en forme d’X. L’auteur a oublié, 
dans sa description, de signaler les deux hastes croisées placées 
sous le bouclier, quoique dans le dessin (pl. IX, n° 39) elles 
soient bien visibles, et encore plus distinctement indiquées sur 
la médaille correspondante de Galba, dans la gravure de Morell. 
(Fam. Sulpicia, tab. IF, F. — Cf. Cohen, Médailles impériales, 
t. I, p. 219, n° 9). Le bouclier joint aux deux hastes ou à la 
haste et au parazonium étaient les insignes distinctifs du prince 
de la jeunesse, princeps juventutis, titre donné à Auguste après 
la bataille d’Actium et qui aura été probablement conféré aussi 
à Galba, quoique déjà avancé en âge, dans le moment où il 
se contenta de changer le titre de legatus en celui de César. 


senté un cavalier portant l’enseigne surmontée du sanglier. Le sanglier figure 
aussi sur les deniers de Ja famille Cœlia, près d'une enseigne qui porte la 
légende HIS{pania). Voir Cohen, Médailles de la république romaine, pl. XIII, 
Calia, n° 5 et suiv. — Cf. ce que dit M. de la Saussaye (Revue num , 1840, 
p. 259) sur les rares médailles de Celti, d’Obulco et d’Ostur au type du san- 
glier. — C’est l’analogie du type de la médaille de Vienne n° 2 avec celui 
du denier n° 5, où l’on voit aussi l'enseigne surmontée du porc au revers du 
buste de la Gaule, qui a engagé M. le duc de Blacas à reconnaître de préfé- 
rence sur les deux pièces le sus gallicus, et en se fondant sur les recherches 
de M. de la Saussaye, Revue num., 1840, p. 240 et suiv. Tout en inclinant 
plutôt pour la Gaule, il se pourrait toutefois qu’un des sangliers se rapportat 
a l'Espagne, tandis que l’autre serait l'emblème de la Gaule. J. W. 


394 CHRONIQUE. 


Sueton, Galba. 44. — Cf. Annales de l’Institut arch., t. XVIIB, 
1846, p. 123-128, ett. XXIII, p 250, n° 9. 

63. — SALVS GENERIS HVMANI. Galba fut acclamé par 
l'accord du genre humain, consensus generis humani, dit Tacite 
( Hist., 1, 30); et dans une inscription de la grande Oasis 
Corpus inser. gr., n° 4957, vs. 7 et 65), il est dit qu'il parut 
pour le salut de tout le genre humain, tnt ri owrnplg cod raveoc 
avôpwrwv yévous. — Cf. Ann. de UInst. arch.,t. XXI, 1851, 
p. 249, n° 6. 

69. — SALVS ET LIBERTAS. Pallas debout, tenant une haste 
dans la main droite et de la gauche appuyée sur un bouclier, 
peut recevoir l’épithète de Pallas Hygie (Tyle) ou Medica. Voir 
Paciaudi, Monum. Pelopon., t. Il, p. 455. —Cf. Corp. inser. 
gr., n° 478. | | 

73.—I.0.M.CAPITOLINVS. Buste de Jupiter barbu et dia- 
démé, avec une petite palme placée sur la poitrine. Cette parti- 
cularité se rapporte à un rite sacré; le triomphateur devait au 
Capitole poser une palme ou une branche de laurier sur Îles 
genoux de Jupiter, laurum aut palmam deponebat in Capitolio, 
palmam dabat , lauream in gremio Jovis Capitolini collocabat. 
Marini, Fratres Arvales, p. 642. 

Puissent ces courtes observations être agréées par l’auteur du 
mémoire sur les médailles autonomes romaines comme un 
hommage rendu à ses recherches pleines de sagacité et d’éru- 
dition ! 

C. Cavepont. 


NECROLOGIE. 


La Revue vient de perdre un de ses plus anciens et plus zélés 
collaborateurs, M. le baron de Crazannes, décédé à Castelsar- 
razin le 15 août dernier, alors qu’il venait de voir s’accomplir 
sa quatre-vingtième année. 


CHRONIQUE. 396 


Jean-Marie-César-\lexandre Chaudruc de Crazannes était né 
au chateau de Crazannes, près de Saintes, le 31 juillet 1782. 1 
fit ses études au collége militaire de Sorréze; mais il embrassa 
une carriére civile. D’abord secrétaire du préfet du Gers, il 
devint ensuite secrétaire général de la préfecture d’Orléans, 
puis sous-préfet à Figeac, à Lodève, à Castelsarrazin, maître 
des requêtes au conseil d’État. 

Il avait été aussi inspecteur-conservateur du musée d’Antiques 
de la Rochelle, et eut toujours pour l’archéologie une passion 
qui survécut à ses emplois. Nommé chevalier de la Légion 
d'honneur en 1814, il fut, trente et un ans plus tard, promu au 
grade d’officier. li était, depuis le 9 mars 1808, correspondant 
de Ia Société impériale des antiquaires de France, et depuis 
4837, correspondant de l'Institut, Académie des inscriptions et 
belles-lettres. 

Outre divers écrits littéraires, M. de Crazannes a publié un 
travail intitulé : Antiquités de la ville de Saintes ct du départe- 
ment de la Charente-Inférieure, 1820, et des articles nombreux 
dans la Revue archéologique, la Revue a’ Aquitaine et autres re- 
cueils périodiques. Ceux qu’il a donnés à notre Revue se classent 
ainsi : 


1838. Nouveaux éclaircissements sur l'attribution d'une monnaie 
de Béarn. — Triens mérovingiens des villes d Auch, Bazas et 
Saintes. — Médailles gauloises trouvées à Saintes. — Lettre sur 
les médailles des Santons. 

1839. Lettre sur les monnaies gauloises au type de la roue ou de 
la croix.— Monnaies mérovingiennes de Cahors. — Monnaies 
épiscopales et municipales de Cahors. — Notice sur un piéfort 
frappé à Figeac par le Prince Noir. 

4842. Médaille Contoutos. 

4844. Attribution à Solonium, Solonum ou Solo de la médaille 
avec la légende SOLLOS. — Sur la monnaie des évêques de 
Lodève. 


306 CHRONIQUE. 


1845. Notice sur une médaille inédite de Lucterius, chef des 
Cadurci. 

1847. Attribution aux Elusates d'Aquitaine d’une monnaie trou- 
vée sur leur territoire. 

1848. Sur une médaille d’André Gritti, doge de Venise. 

1849. Médailles de Marseille. — Triens de Toulouse. 

1850. Cabellio et Abellio. 

4851. Deniers de Cahors. 

4854. Denier d’Amauri 11, comte de Fezensac. 

1855. Monuments graphiques sur le protestantisme. 

1856. Ju cheval-enseigne sur les médailles gaulotses, et parti- 
culterement sur celles de l'Aquitaine. 

1857. Note sur la découverte faite en Normandie d'une monnaie 
d’or classée parmi les médailles de Pannonie.— Lettre à M. de 
Witte sur quelques médailles des deux Tétricus. — Lettre de 
a M. Adr. de Longpérier) au sujet de sa dissertation sur ['S 
barré de Henri IV. 

1858. Sur un statère d'or de Philippe II, roi de Macédoine, 
découvert en Saintonge. 

1839. De l’emploi alternatif de deux différentes monnaies sei- 
gneuriales du moyen âge dans les mêmes actes. 

1860. Lettre sur un médaillon d’or de Constantin le Jeune. 


M. le baron Chaudruc de Crazannes portait à notre recueil 
un vif intérêt qu’il n’a cessé de manifester jusqu’à la fin de sa 
vie, tant par sa constante collaboration que dans la vaste cor- 
respondance qu’il entretenait avec les anciens et nouveaux 
directeurs de la Revue, et un grand nombre de savants anti- 
quaires de tous les pays. 

A. L. 


MÉMOIRES ET DISSERTATIONS. 


a 


DISTATÈRE D'OR DE PHILIPPE II, 


ROI DE MACEDOINE. 


Dans son bel ouvrage sur la Numismatique d'Alexandre 
et de Philippe, M. Müller dit, à propos des monnaies de 
ce dernier prince : «Il n'existe point de doubles statères 
« de Philippe 11 comme il en existe d'Alexandre le Grand. 
«Une pièce d'or fourrée qui se trouve dans le musée 
« Thorwaldsen ' fait pourtant conclure que de telles mon- 
« naïes avaient été frappées *. » 

La magnifique pièce que nous publions aujourd'hui et 
qui se trouve entre les mains de MM. Rollin et Feuardent, 
vient combler la lacune que le savant antiquaire de Co- 
penhague signalait dans la série monétaire du premier 


4 Müller, Description des médailles du musée Thorwaldsen, p. 101, n° 608. 
2 Numismatique d'Alezandre, p. 336, note 7. 


1862. — 6, 2 


CS D eee eee ee 


398 . MÉMOIRES 


auteur de la puissance macédonienne. C'est un distatère 
au nom et aux types de Philippe If, du plus admirable 
travail et indubitablement frappé dans les Etats mémes du 
prince dont il porte la légende. Cette monnaie, dont l’au- 
thenticité ne saurait étre mise un seul instant en doute, 
ne pèse, dans l'état actuel, que 155.200, tandis que les 
simples statères de Philippe donnent de 475°,000 à 175,200 
pour le taux normal du distatére, le système attique étant 
celui que le père d'Alexandre employait pour ses monnaies 
d'or; mais elle a notablement perdu de son poids primitif 
par suite du trou dont elle est percée, et d’un fort coup de 
lime qui se remarque sur le bord du droit, au-dessous de 
Ja tête d'Apollon. 

Le lieu d'émission est indiqué par le symbole du serpent 
que l'on voit au revers sous les pieds des chevaux, qui 
traînent le bige allusif aux victoires de Philippe dans les 
jeux d'Olympie. M. Müller * attribue ce symbole à Tricca 
de Thessalie, ville célèbre par le temple d'Esculape qui y 
attirait constamment un grand concours de pèlerins *. Mais 
dans le petit type du serpent, figuré dans le champ d’un 
grand nombre de pièces de Philippe et d'Alexandre, il im- 
porte, selon nous, de distinguer deux figures clairement 
différentes, que M. Müller a confondues. Tantôt le serpent 
est représenté dressant sa tête et une partie de son corps 
sur sa queue enroulée en un seul peloton, dans une atti- 
tude de vigilance qui est donnée fréquemment par les 
monuments antiques au serpent d’Esculape; tantôt, comme 
aur notre distatére , il déroule ses anneaux et s élance par 
un mouvement presque horizontal sur une proie ou sur un 


1 Numismalique d'Alexandre, p. 188. 
? Strab., IX, p. 437. — Themist., Orat., XXVI, p. 333 c. 


ET DISSERTATIONS. 899 


ennemi, attitude qui ne saurait convenir à la couleuvre 
sacrée du dieu de la médecine. Ce sont deux symboles 
distincts et qui ne doivent pas désigner le même atelier 
monétaire. Entre les deux, il y a au moins autant de diffé- 
rence qu'entre les deux casques qui, sur les pièces des 
mêmes rois désignent, l’un Scioné de Macédoine !, l’autre 
Mésembria de Thrace *, qu'entre les deux tridents qui dé- 
signent, l'un Phalasarna de Crète”, et l'autre Priène 
d’Ionie *. Le serpent d'Esculape se retrouvant comme sym- 
bole accessoire sur les monnaies de rois de Macédoine 
postérieurs au partage de l'empire d'Alexandre”, ne peut 
être que la marque d’une ville de la Macédoine proprement 
dite ou de la Thessalie, et par conséquent on doit y recon- 
naître avec M. Müller l'indication de l'atelier de Tricca. 
Le serpent s’élançant sur sa proie se rapporte à une cité où 
Philippe II, Alexandre et Philippe Arrhidée ont seuls battu 
monnaie, c'est-à-dire à une cité de Ja Grèce ou de la 
Thrace. Mais la véritable attribution de ce symbole est . 
fournie par les pièces de Philippe * et d'Alexandre ’, où 
nous le trouvons associé au bouclier béoticn. C'est une: 
seconde manière de désigner l'atelier de Thèbes, et on 
doit y reconnaître le fameux serpent de Mars qui gardait 
la fontaine de Dircé en dévorant tous ceux qui en appro- 
chaient, que combattit et tua Cadmus, et dont les dents, 
semées en terre, produisirent les Spartes, premiers habi- 


1 Müller, Alerandre, n° 191. 

2 Jbid., u® 431- 486. 

3 Jbid., n° 909. 

4 Jbid., n°* 1026-1032. 

s Müller, atlas, p. XXXIV. 

¢ Müller, Philippe, n°* 203 et 204. 
1 Müller, Alexandre, n° 754, 


h0O0 MÉMOIRES 


tants de Thèbes ‘. Bien que la plupart du temps les villes 
n'eussent qu'une seule et constante figure pour marque de 
leurs ateliers dans la numismatique des rois grecs, il en 
est cependant quelques-unes que nous trouvons en posses- 
sion d'un double et triple symbole, qui s'exprime tantôt 
par la réunion de ces divers objets sur une même pièce, 
tantôt par l'un ou l’autre exprimé isolément. Ainsi Amphi- 
polis se désignait tantôt par un flambeau de course, tantôt 
par un bucrane dont une corne est élevée et l'autre abaissée*. 
C'est de la même manière que nous croyons que le serpent 
de Mars et le bouclier étaient deux symboles appartenant 
l'un et l’autre à l'officine monétaire de Thèbes. Nous pen- 
sons même qu'il faut donner à cette ville le statère de 
Philippe II * et les deux drachmes d'Alexandre ‘, où l'on voit 
un thyrse exactement disposé comme sur le tétradrachme 
d’ Alexandre *, où il est uni au bouclier béotren, ne dési- 
gnant pas l'alliance monétaire avec une autre cité, mais 
faisant allusion au culte du Dionysus thébain. 

Nous considérons donc le distatère de MM. Rollin et 
Feuardent comme frappé à Thèbes, et cette attribution est 
confirmée par deux circonstances importantes. La pre- 
mière, que le style de cette pièce n’est eu aucune façon 
celui des monnaies de Philippe frappées en Macédoine, en 
Thrace ou en Thessalie. Cette particularité se remarque 
surtout dans la tête du droit, où l'on reconnaît à des signes 


1 Hellanio. et Pherecyd., ap. Schol. ad Euripid., Phœniss., v. 657 et 662.— 
Apollodor., III, 4, 1.— Ovid., Metam., ITI, v. 60 et seq. — Pausan., IX 5, 1. 
— Hygin., Fab. 178. 

2 Müller, p. 127-132. 

3 Müller, Philippe, n° 268. 

+ Müller, Alexandre, n° 662 ct 663., 

& [bid., n° 756. 


ET DISSERTATIONS. 401 - 


incontestables le travail d’un artiste peu habitué à retracer 
le type de l’Apollon à cheveux courts d’Ichne dans la 
Piérie ', dieu national des Macédoniens, et plus familiarisé 
avec l’image de l’Apollon intonsus des Hellènes. La seconde 
considération, encore plus puissante que la première, est 
que l'or de cette pièce n’est ni l’or rouge à 0,99 de fin que 
l’on monnayait tel qu'il sortait des mines du mont Pangée’, 
ni l'or jaune à 0,98 de fin, que l’on distingue facilement du 
premier et que l’on tirait probablement des mines ouvertes 
par Philippe en Thessalie *. C’est au contraire l'or blanc et 
fortement allié d'argent des statères de Thèbes, fabriqués 
peu de temps avant l'invasion du conquérant macédonien. 

Le lieu d'émission étant ainsi déterminé d’une manière 
qui nous semble incontestable, notre distatère prend une 
date certaine et se rapporte à un événement historique 
précis. Ce fut, en effet, en 338 avant l'ère chrétienne, qu’à la 
suite de la bataille de Chéronée Philippe entra dans Thèbes, 
qu'il traita en ville cenquise, et mit une garnison macédo- 
nienne dans la citadelle de la Cadmée *. C'est seulement entre 
cette date et celle de 336 où il mourut, c'est-à-dire dans 
un intervalle de deux années, que des monnaies purent 
être frappées en son nom dans la grande cité de la Béotie. 


Francois LENORMANT. 


1 Herodot., VII, 123. — Hesych., Suid. et Steph. Byz., v. lyvaios. 
? Diod. Sic., XVI, 8. 

3 Justin., VIII, 3. 

* Diod. Sic., XVI, 87. — Justin., 1X, 4. 








402 MÉMOIRES 


NOTICE SUR QUELQUES PLOMBS ANTIQUES. 


(PI. XV et XVI.) 


Parmi les milliers de plombs antiques qui m'ont passé 
sous les yeux depuis quatorze ans, il m'a paru que ceux 
que je publie ici ont quelque intérêt. Ils sont presque tous 
iuconnus et ils joignent à ce mérite celui d'appartenir à 
des classes diverses, ce qui me fournira l’occasion de rap- 
peler quelquefois les observations que j'ai faites dans mon 
ouvrage, intitulé : Piombi antichi, publié à Rome en 1847, 
et de corroborer par de nouvelles preuves ou de discuter 
les opinions que j y ai émises. 

Et d'abord je dois supposer comme fait suffisamment 
connu que les anciens se servaient du plomb pour sceller 
les actes publics ou particuliers, pour faire des poids, pour 
tessères ou billets d'entrée aux spectacles, pour amulettes 
(quAaxtipux); nous avons sur ces diverses classes de plombs 
des témoignages indubitables, et je crois en avoir dit assez 
dans mes Plombs antiques déjà cités. Toutefois c’est à tort 
que j'ai cherché à établir que les petits disques de plomb 
qu’on trouve habituellement en si grand nombre dans les 
terres aux environs de Rome, étaient tous des tessères et 
que j'ai rangé parmi les essais de coins une classe parti- 
culière de plombs qui pour les types ne diffère en rien 


ET DISSERTATIONS. 405 


des monnaies: en conséquence j'étais d'avis que jamais à 
Rome, ni en Grèce on n’avait frappé de monnaie de plomb. 
D'ailleurs je me trouvais précédé dans cette opinion par 
E. Q. Visconti, Eckhel, Sestini, Labus et Stieglitz, qui ont 
soutenu que tous les petits disques de plomb sans excep- 
tion aucune étaient des tessères, tandis que le plus grand 
nombre des antiquaires donne le nom d'essais de coin aux 
plombs portant des types connus par les monnaies. Je ne 
savais pas que le seul Stieglitz avait adopté une manière 
de voir qui tient en quelque sorte le milieu entre ces opi- 
nions extrêmes. fi était porté à croire que quelques-uns de 
ces plombs pouvaient avoir servi comme tessères, non- 
obstant qu'ils reproduisent des types identiques à ceux 
qu'on trouve sur les monnaies. - 

Le fait est que nous sommes obligés de reconnaître dans 
certains de ces plombs des monnaies véritables, quand 
méme les types ne se voient sur aucun des trois métaux, 
l'or, l’argent et le bronze. fl est donc positif que chez 
quelques peuples on frappait des monnaies de plomb, que 
ces monnaies tenaient lieu de ta inonnaie légale, soit que 
certaines familles eussent Ie privilége d'en frapper, soit 
que ce droit fût réservé aux surintendants de la monnaie 
pour un temps déterminé jusqu’à ce que. devenue nuisible 
au commerce, une telle mesure eût été supprimée par une 
loi. Nous trouverons quelques exemples de ces plombs 
parmi ceux que je vais tâcher d'expliquer *. Je ne veux pas 
pour cela dire que quelques-uns de ces plombs ne sont pas 
l'ouvrage de faussaires anciens dont le travail est facile 


iM. Deville ( Revue numism., 1846, p. 165 ) a déjà publié deux monnuies de 
plomb appartenant aux anciens Gaulois.— Voir aussi supra, p. 169 et 170.-— 
M. de Longpérier a signalé l’existence d'autres monnaies de plomb, dans la 
Revue numismatique de 1861, p. 253 et 408 ct suiv. J. W. 


hOh MÉMOIRES 


à reconnaitre aux erreurs dans les légendes et à la jexta- 
position d’un type au droit et d’un revers appartenant à 
des époques différentes; je crois pouvoir fourni deux 
exemples de ces plombs fabriqués par des faussaires. 


Je connais deux plombs de Jules César dont les revers 
n'ont rien de commun avec ceux de ses monnaies. Le pre- 
mier de ces plombs a été signalé par Stieglitz * et porte 
au droit la téte du dictateur, tournée 4 droite; devant 
DIV.....; derrière, le lituus augural. Que si l'on compare 
ce type avec la pièce de Voconius Vitulus, monétaire de 
César *, on voit qu il faut compléter la légende en lisant 
DIVi Juli. Stieglitz lisait au revers SEX.P.IMP. et croyait y 
voir une femme nue, placée près d’un autel allumé, tenant 
dans la main droite deux cornes d’abondance, et dans la 
gauche un flambeau renversé ; à droite dans le champ un 
autre flambeau. Mais quelle que soit Ja figure. l’objet placé 
dans le champ paraît plutôt être un carquois accompagné 
de l'arc et non un flambeau. 

Le second plomb montre la tête Jaurée de Jules César, 
tournée à droite; devant Ja légende tronquée ..... DICT. 
PERPE..... et autour un grènetis de globules ou de perles. 
Quant à la légende, on doit la compléter, ce me semble, 
en la comparant avec Îles deniers frappés par les moné- 
taires Lucius Buca, Caïus Maridianus, Publius Macer, et de 
la manière suivante : Caesar DICT.PERPEtuo *. Le revers 


1 Arch, Untersuch,, pl. IX, 5. 
$ Cohen, Monnates de la république romaine, pl. XLII, Voconia, n° 2. 
8 Cf, Cohun, Monnaies de ls république romaine, p. 160. 


ET DISSERTATIONS. h0O5 


également entouré d’un grènetis montre un aigle placé 
sur un autel orné d’une guirlande et au moment de sen- 
lever de terre pour prendre son vol; à côté de lui est une 
palme qui semble s'élever de l'autel et s'incline vers la 
droite; à côté, à droite, on lit CON. ou CONS. Ce plomb 
appartient à M. L. Saulini (pl. XV, n° 1). 

Je remarque sur la première comme sur la seconde pièce 
des abréviations ou sigles insolites. On devrait lire SEX. 
PIVS IMP. oa SEX.POMP. et nous trouvons au contraire 
SEX.P.IMP. et sur le second plomb COV, mot qui ne peut 
avoir aucun sens raisonnable si on ne le rapporte au cin- 
quiéme consulat de César qui tombe dans l’année même 
dans laquelle il se fit proclamer dictateur perpétuel, et qui 
fut la dernière de sa vie. 

Je crains bien que ces deux plombs n'aient été fabriqués 
par des faussaires anciens, et ce qui me confirme dans cette 
opinion c'est l'étrange association d’un portrait de Jules 
César divinisé sur le premier avec le nom de Sextus Pompée 
et les symboles de la paix, à moins pourtant qu’on ne doive 
mettre cette prétendue monnaie à l’année 715, année dans 
laquelle la paix fut conclue entre Octave et Sextus 
Pompée. 

Quant au second plomb, si l’on veut que la dernière des 
trois lettres du revers soit un N qui a perdu le jambage 
de gauche, le plomb ayant en effet souffert de ce côté, et 
que par conséquent il faille lire CONsecratio, je ferai ob- 
server que la légende du droit s'oppose à cette lecture, 
car avec la consécration se trouve toujours l’épithète de 
divus. Dans ce cas il faudrait donc admettre que les deux 
faces de la monnaie sont en désaccord. Et d’ailleurs il me 
paraît hors de toute vraisemblance de supposer que la lé- 
gende CONSECRATIO commence, contre le bon sens, là où 


406 MÉMOIRES 


elle devrait finir '. D’après ces considérations il est plus 
probable que les trois lettres COV doivent s’interpréter 
par COS.V ou bien encore que cette pièce est une monnaie 
illégale. 


Il. 


Le plomb suivant (pl. XV, n° 2) appartient à M. Léon 
Nardoni. On y voit la tête de Vitellius, accompagnée de 
la légende A. VITELLIVS GERM.IMP.AVG.TR.P. Au revers 
sont placés en regard les portraits de ses deux fils; autour 
on lit : LIBERI IMP.GERM.AVG. Il est singulier mais nulle- 
ment nouveau dans la numismatique que les deux champs 
du droit et du revers soient de diamètres différents ; au 
droit c'est le module trois, au revers le module cinq. Je ci- 
terai comme exemple la monnaie attribuée à Palaciam et 
publiée par Sestini *, et une pièce incertaine de l’Étrurie 
dans la collection Kircher *. Une telle disposition se 
rencontre fréquemment sur les monnaies frappées en 
Sicile par les proconsuls romains. Spanheim’ a fait 
graver un aureus aux mêmes types que le plomb que je 
publie ici; mais le coin n’en est pas exactement semblable. 


1 A moins pourtant qu'il n’y ait eu Ja Ja légende Juppiter conserrator ou Jovi 
conservatori. J. W. 

2 Descript. nummorum veter., tab. I, n° 2. — Cf. Carelli, tab. XII, 
u® 5. 

3 G. Marchi e P. Tessieri, L'Æs grave del museo Kircheriano, incerte, tav. IV, 
A, ne 4. 

+ De præst. et usu numism., II, p. 327, ed. Amstel., 1717.— Non-seulement 
le plomb publié ici est semblable à la pièce d’or du recueil de Spanheim, mais 
aux autres pièces d'or et d'argent qui existent dans plusieurs collections. 
Voir Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'empire romain, 
t. I, p. 268. JW. 


ET DISSERTATIONS. 407 


HI. 


Le plomb (pl. XV, n° 3) dessiné par les soins de Millingen, 
en la possession duquel il était, appartient à Adana de la 
Cilicie, ville dont les médailles ont été illustrées dans un 
mémoire de l’abbé Belley *. Ce savant pense qu’ Adana est 
la ville que les anciens géographes ont désignée sous le 
nom d’Antiochia ad Sarum. I] n’a connu aucune monnaie 
portant les types de notre plomb où l’on voit au droit la 
tête de Sérapis et au revers le fleuve Sarus nageant’, ac- 
compagné de la légende : AAANEQN. Sur une autre 
monnaie de l’époque de Maximin, on voit la ville d’An- 
tioche de Cilicie assise, ayant à ses pieds le fleuve Sarus *, 
figurée comme Antioche sur l'Oronte. La légende se lit : 
MAZSIMEINIANON AAANEON. I] me paraît hors de doute 
que les monnaies que je viens de décrire, celle de Vitellius 
et celle d'Adana, n’ont pas été frappées avec les coins lé- 
gaux comme le sont au contraire les nombreuses pièces de 
plomb grecques et romaines qu’on trouve chaque jour aux 
environs de Rome. Je me rappelle avoir vu récemment 
parmi ces plombs, un entre autres à l'effigie d'Hiéron, sem- 
blable à la pièce d’or gravée dans l'ouvrage de Torremuzza*, 
et un de Crotone, analogue au didrachme d'argent avec la 
téte de Junon Lacinienne au droit et l'Hercule assis au re- 
vers, pièce publiée dans les planches de Carelli *, J'ai fait 


1 Mémoires de l'Acad. des inscript. el belles-letires,t XXXV, p. 610 et suiv. 

? Mionnet (t. III, p. 562, no 121 bis) décrit une pièce de bronze du mo- 
dule 3, tout à fait semblable. J. W. 

3 Museo Tiepolo, 1], p. 1035. — Cf. Mionnet, t. III, p. 563, n° 132. 

* Tab. XCVII, n° 1. 

5 Tab. CLXXXIV. 


408 MEMOIRES 


le catalogue de ces pièces et d’un grand nombre d’autres 
dans le supplément que je me propose de donner & mes 
plombs antiques (Appendice ai piombi antichi) ,ouvrage déjà 
préparé pour l'impression. 


IV. 


La darique de plomb (pl. XV, n° 4) tirée des dessins 
préparés par Millingen et restée inédite comme la pièce 
précédente, est une chose tout à fait nouvelle. J'ignore en 
quelles mains ont passé les originaux; car c'est d'une 
épreuve de planche gravée qui m'a été communiquée par 
M. Bossi que j'ai tiré les dessins des deux plombs ayant 
appartenu à Millingen. Nous apprenons d'Hérodote ' que 
Darius fit frapper la première monnaie d'or pur qui prit 
de lui le nom de darique, et que la pièce d'argent pur fut 
fabriquée par Aryandès, gouverneur de l'Égypte pour le 
roi de Perse, et se nomma aryandique. Les écrivains * 
donnent le nom d’archer à la figure que Darius fit mettre 
sur cette monnaie, et pour cette raison on appelait ces 
pièces également toËora. Mais cette figure est l'image 
méme du roi Darius. Les piéces d’or qui nous ont été ap- 
portées de la Perse sont en général globuleuses et épaisses, 
d'une configuration presque informe et oblongues, et mar- 
quées d’un côté de la figure de l'archer royal. On y dis- 


1 IV, 166. — Cf. ce que dit M. Waddington (Revue numism., 1856, p. 49) 
sur l’histoire d'Aryandés. Le crime du satrape, aux yeux de Darius, n'aurait 
pas été d’avoir fait frapper des monnaics, mais d'avoir attaché son nom à une 
monnaie qui rivalisait par sa pureté avec celle qui portait le nom de Darius. 

J. W. 

3 Plutarch., Agesil., 15 et Apophthegm. Lacon., p. 211. — Æliun., Var. 

histor,, 1,22, — Cf. Eckhel, D. N., IL, p. 551. 


ET DISSERTATIONS. 109 


tingue clairement la cidaris radiée comme sur notre plomb: 
au revers est un carré incus. Sur quelques-unes d’une fa- 
brique plus récente et frappées pour les satrapies , on voit, 
au lieu du simple carré creux, l'empreinte d’une proue de 
navire ; sur la darique publiée par M. le duc de Luynes ‘, 
l'objet figuré dans le carré est incertain; Je savant interprète 
croit y reconnaître un large bassin dans lequel s’agitent 
des flots, et il attribue cette pièce à quelque cité maritime 
de l'Ionie ou de la Carie. Notre darique de plomb offre donc 
une représentation nouvelle : on y a figuré, à ce qu'il 
semble, un bassin carré dans l’intérieur duquel on voit 
des boules, qui peut-être font allusion au tribut de dariques 
d'or payé au roi par les peuples soumis à son empire ’. 


V. 


Je ne connais aucune monnaie ni italiote ni sicilienne 
qui se rapproche davantage du plomb gravé sous le n° 5 
que la monnaie d'Himéra, sur laquelle est figuré ordinai- 
rement un coq; mais cependant il faut convenir que si les 
monnaies d’Himéra ressemblent par le type et par les glo- 
bules à ce plomb, elles en diffèrent dans d'autres parties. 
Car si sur ces pièces le coq occupe le droit et les globules 
le revers, sur le plomb, au contraire, te coq et les globules 
sont figurés au droit, et le revers ne montre qu'un seul 
globule placé au milieu et le reste du champ est lisse. De 
plus, sur les monnaies connues d'Himéra, les globules sont 
au nombre de six, disposés sur deux lignes, tandis que le 


1 Annales de P Inst. arch.,t. XIII, 1841, p. 165, et Monum. inédits, t, III, 
pl. XXXV, n° 33. 
2 Cette explication nous semble du moins douteuse. J. W. 


h10 MÉMOIRES 


plomb en fait voir pour la première fois dix, tous rangés 
dans le champ dont le milieu est occupé par la figure du 
coq. Quant au module, les bronzes d'Himéra sont du 
sixième module et le plomb du septième. Voyons mainte- 
nant ce qui résulte du poids. 

Aristote, d’après le témoignage de Pollux’, disait, dans 
son ouvrage sur les républiques. que les habitants de la 
Sicile ne divisaient pas, comme les autres Grecs, l’obole ni 
en six ni en huit chalques, mais en douze. Le Père Romano * 
fait observer qu'Aristote peut-être n’a voulu parler que des 
seuls habitants d’Himéra, et promet de démontrer com- 
ment, dèsles commencements, la ville d'Himéra suivit pour 
son monnayage d'autres règles que le système monétaire 
de Syracuse, dont elle ne se rapprocha que plus tard, après 
avoir émis des monnaies d'argent et de bronze dans un 
système particulier. Comme j'ignore quel système le docte- 
religieux compte exposer, je suis toutefois charmé de lui 
offrir, dans le plomb gravé pl. XV, n° 5, un monument qui 
ne peut laisser que d'avoir une certaine importance pour 
l’histoire monétaire de la Sicile *. 


VI. 


Ce sixième plomb (pl. XV, n° 6) est tiré de la collection 
choisie de M. l'avocat Joseph Lovatti. Je serai obligé d'en- 


1 Onomast., IX, 6, 87. — Le passage d'Aristots mentionné par Pollux est 
peu clair, et il ne me semble pas possible d’en tirer les conclusions que l’au- 
teur y cherche. J. W. 

2 Dei pesi e delle monete state in uso antic, in Sicilia, art. III, p. 15. 

4 Rien ne prouve que ce plomb appartienne à Himéra. Le coq se voit non- 
seulement sur les médailles d’Hadria du Picenum, maïs encore sur les mon- 
naies de plusieurs villes de ie Campanie, Cales, Teanum, Venafrum. J. W. 


ET DISSERTATIONS. AAA 


trer dans qnelques développements au sujet de ce plomb, 
attendu la grande importance qu'il a pour la numismatique. 

I] me paraît qu'en niant le monnayage légal du plomb 
et de l’étain, on est trop porté à affirmer que jamais il n’y 
a eu de monnaie fabriquée avec ces deux métaux. Il fau- 
drait passer sous silence la loi Cornelia de falso , promul- 
guée par Sylla en 673, par laquelle il est prouvé qu'on 
frappait pour servir de monnaie le plomb et l'étain en 
même temps que les trois autres métaux reconnus d'une 
manière légale. Cette loi défendait d'acheter ou de vendre 
des monnaies d'étain ou de plomb, et puisque cette dé- 
fense y est exprimée, il en résulte forcément qu'on en 
frappait de temps en temps dans ces deux métaux et que 
ces monnaies entraient dans la circulation , et si l'on n’a- 
vait pas eu en vue de réprimer un abus de cette espéce, 
il n'aurait pas été nécessaire de faire une loi. Ulpien’ 
dit : Lege Cornelia..... exprimitur, ne quis nummos stagneos 
plumbeos emere vendere dolo malo vellet. Or, ici nous avons 
un fait. et la question de savoir si l'émission de cette mon- 
naie était légale ou non n’entre pour rien dans cette dis- 
cussion. On a encore une autre considération à faire valoir. 
Il ne me paraît nullement preuvé que les Romains n'aient 
pas fondu ou frappé des monnaies de plomb ou d’étain dans 
certaines circonstances extraordinaires, quand le bronze ou 
l'argent venaient à manquer. Nous savons que dans ces 
circonstances on diwinuait la valeur effective de la mon- 
naie par la diminution du poids ou par l’alliage de métaux 
à bas titre. D'un autre côté, la diminution du poids et le. 
métal de bas aloi ne constituaient pas seulement une valeur 
temporaire, mais permanente ; et quand on veut démontrer 


1 L. 1, De lege Corn. de faiso. 


hi2 MEMOIRES 


l'impossibilité des monnaies d’étain et de plomb, il serait 
nécessaire de démontrer en même temps qu'à aucune 
époque une valeur temporaire en métal ou en toute autre 
matière n'a été substituée à la monnaie courante. Par 
exemple dans les temps modernes nous avons le papier 
monnaie que les gouvernements mettent en circulation, 
non pour toujours, mais dans des moments de crise, et par 
cela même cette monnaie fictive est d’une valeur précaire. 
Il convient de rappeler que nous trouvons dans l'antiquité 
plus d’un exemple de ces expédients; Aristote en parle ‘. De 
ce nombre est l'exemple de Denys tyran de Syracuse, qui 
fit frapper des monnaies d’étain; l'Athénien Timothée émit 
de la monnaie de bronze, et l'un et l’autre employèrent 
ce moyen pour remplacer l'argent, et en promettant de 
changer cette monnaie contre de la monnaie légale aussitôt 
que le besoin de cette émission temporaire viendrait à cesser. 

Après ces observations préliminaires, examinons le 
plomb gravé sur la pl. XV, n° 6. Dans le territoire de 
Viterbe * ou dans les terres qui s'étendent un peu au dela, 
on a trouvé tout récemment treize pièces de monnaie 
dont une seule de bronze, neuf de plomb et trois d’étain. 
Toutes les treize ont au droit une tête barbue, et au revers 
un cheval en course ; mais sur la pièce de bronze la tête est 
ceinte du diadéme, tandis que sur les autres elle est laurée 


§ Aécon., I], 2. — Cf. Poll., Onomast., IX, 6, 79. 

* Ou pourrait avoir quelques doutes sur l'authenticité de cette trouvaille: 
car il peut se faire que ces pièces aient été apportées d’ Afrique et enfonies ré- 
cemment dans les environs deViterbe. Ces sortes de pièces, soit en bronze, soit 
en plomb, se trouvent par milliers aux environs de Constantine. Voir Duchalais, 
Mémoires de ta Société des antiquaires de France, t, XIX , p. 429 et suiv.— Cf. ce 
qu'a dit M. le docteur Judas, dans la Recue numism., 1856, p. 391 et suiv., et 
pl. XTII; cf. pl. IV, ne 8, J. W. 


ET DISSERTATIONS. h13 


et au revers on voit de plus une palme placée au-dessus 
du cheval et inclinée vers la droite. Parmi les pièces d'é- 
tain, une seule a au droit un entourage de globules ou de 
perles; il y a également un globule au revers à la place 
où sur les autres on voit une légende en caractères puni- 
ques composée de deux lettres, plus ou moins bien conser- 
vée sur les différents exemplaires. Il est évident par là 
qu on avait fabriqué plus d'un coin à ce type. 

Beger ‘ et d'Orville * ont publié une pièce de bronze qui, : 
quant aux types et aux autres particularités, correspond 
tout à fait à la pièce d'étain que j'ai décrite plus haut en 
disant qu'il ne s’y trouvait pas de légende , et qu'à la place 
de la légende il y avait un globule. Les deux érudits que 
je viens de nommer pensent que la pièce qu'ils publient a 
été frappée en Sicile ; ils regardent la tête comme repré- 
sentant le héros Panormus ou bien Jupiter Éleuthérius, 
et Havercamp* se range presque entièrement à leur avis 
en publiant un troisième exemplaire de cette médaille. 
Un quatrième se trouve gravé dans le recueil d’Arigoni °. 
La tête est laurée, et au revers, au-dessous du cheval, on 
voit les deux lettres Y#. Mais aucun de ces auteurs 
pe s’est rendu compte, ce me semble, du caractère de cette 
tête, qui a le front déprimé et plein de rides, les cheveux 
courts et crépus, la barbe sèche et frisée, de manière à ce - 
que l'ensemble s'éloigne trop de la configuration des habi- 
tants de la Sicile, et montre plutôt un type parfaitement 
africain ‘. Et cette observation se trouve pleinement confir- 


1 Thesaurus Brand., 1, p. 369. 

1 Sicula, p. 470, tab. XVIII. 

3 Ad Paruta, Sicilia numismatica, tab, XVIII, n° 175 p. 83. 

+ LIT, Nummi puniti, tab. WT, n° 17. | 

3 11 n’est pas possible que cette tête soit celle de Zeb Éheubé:toç, nom pro- 


1862.—6, . 29 


1h MÉMOIRES 


mée par la présence des lettres puniques qui, sur douze de 
nos pièces, se lisent plus ou moins distinctement. Si donc 
on veut croire que ces pièces ont été fabriquées en Sicile, 
on doit admettre qu’elles ont été frappées par les Africains. 
Mais il me semble que ceci ne peut être accepté, quand on 
considère que les traits du visage annoncent un véritable 
portrait; et un personnage tantôt lauré, tantôt diadémé 
ne peut être qu'un roi’, et ainsi on est forcé de conclure 
que les monnaies dont il est question ont été frappées hors 
de la Sicile. Qui ne sait que les rois et les tyrans de Sicile 
sont toujours représentés sans barbe sur les monnaies sici- 
lrennes, tandis qu'au contraire les rots africains sont pres- 
que toujours figurés avec la barbe, tant sur les monnaies 
déjà connues que sur les pièces inédites? I] faut ajouter 
que les rois africains, tantôt ont la tête entourée du dia- 
dème, tantôt ont une couronne de laurier, et que le type 
du cheval au galop paraît souvent sur ces pièces, par 
exemple sur la médaille encore inédite du roi Hamud, 
d'après la lecture de M. le duc de Luynes, dont je ne pos- 
sede pas la notice *. 

Par toutes ces considérations et parce que les Cartha- 
ginois ne se servaient pas de monnaie dans leur répu- 
blique * et n’eurent jamañ: ni rois ni tyrans à la tête de leur 


posé par Beger, parce que sur une médaille d’argent montrant une tête barbue 
et laurée. tournée à gauche et au revers un cheval sautant, médaille publiée 
par M. le duc de Luynes (Choix de médailles grecques , pl. VIl, n° 19:,.on lit 
Zeyd EAB vee proc, 

' Duchalais (loc. cit., p. 434 et suiv.) y reconnaît la tête d'Hercule. —M. le 


docteur Judas (loc. cit.) se range de l'avis de Duchalais. JW 
3 Un exemplaire de cette rare médaille d'argent se trouve au Musée Bri- 
tannique. J. W. 


4 Il est reconanu anjourd’hui que les Carthaginois ont frappé des monnuies 
en or, en argent et en bronze. Voir le tel ouvrage de M, Ludwig Miller, Ne- 


ET DISSERTATIONS. hid 


gouvernement, nous sommes amenés à ranger nos treize 
pièces dans la classe des monnaies des rois de Numidie dont 
on possède des médailles. Mais nous aurons une plus grande 
difficulté à détermimer le sens du mot jx ‘, tant qu'on ne 
sera pas certain que la légende indique uu nom de roi ou 
un rom de ville, et si l'absence du mot n2520n suffit pour 
décider la question. D’un autre côté, nous pouvons affirmer 
en toute sûreté que nos monnaies ont précédé les temps 
de Jugurtha, époque où s'était déjà introduit en Numidie 
le nouvel alphabet que nous voyons exclusivement employé 


sur les monnaies du roi Juba. C'est guidé par ces considé- . 


rations que M. le duc de Luynes a démontré de la manière la 
plus complète, contre le sentiment de Gesenius, que les mon- 
naies attribuées par le savant allemand à Juba II * ne peu- 
vent lui appartenir. Dans une lettre qu'il m'a fait l'honneur 
de m'adresser, il rectifie la lecture de la légende et attribue 
ces pièces au roi Syphax. Le caph et le noun inscrits sur nos 
pièces ressembient aux caractères que Gesenius désigne 
sous le nom d’athéniens de la seconde époque, aux carac- 
tères des monnaies de Citium et aux légendes asmonéennes 
qu'on peut voir dans l'ouvrage de M. de Saulcy *. Cepen- 
dant je ne déis pas omcttre dé diré que quant à l'épaisseur 


mismatique de l'ancienne Afrique, t. II, p. 66 et suiv. — Cf. Revue numism., 
1856, p. 169. J. W. 

1 Mina était ure ville de'la Mauritanie Césarienne, située entre Cala et Ru- 
succurum. Voir Motcelli, Africa’ christ., p. 230. M. Judas | Langue phénic., 
p. 156) lit sur des plombs semblables On on 79 ; et attribue les premiers à 
Jol ou Césarée, en se fondant str Ja découverte d'un grand nombre de ces 
monnaies faite en 1842 à Constantine, et les seconds à Cirta. Toutefois je ne 
saurais admettre que l'émission de ces monnaies ait eu lieu au temps de Jube 1], 
vu qu’à cette époque l'alphabet qui s’y voit n'était pas en usage. 

s Monum, phanic., tab, XLII. 

3 Numismatique judaique, pl. IT, n° 1 et 2. 


A16 MÉMOIRES 


des traits et à la manière dont les lettres se terminent en 
pointe, ces caractères ont une grande ressemblance avec 
ceux des monnaies de la Sicile. Toutes ces considérations 
concourent à démontrer que ces monnaies doivent avoir 
appartenu aux soldats africains employés dans Ja seconde 
guerre punique qui seront venus en Étrurie, et très-vrai- 
semblablement avec Hannibal en 544, quand le général 
carthaginois pilla le temple de la déesse Feronia aux envi- 
rons de Capène'. Maintenant. en réfléchissant à ce qui a été 
dit plus haut, ce n'est pas le pressant besoin de numéraire 
destiné à payer la solde de ses soldats qui aurait forcé Han- 
nibal de frapper des monnaies de plomb et d’étain; toutes 
ces monnaies, au contraire, ont été fabriquées en Afrique, 
d'où il sera démontré qu'aux temps anciens ces deux mé- 
taux étaient employés pour le monnayage par les Numides, 
de même que les nègres actuels de Ja Libye ont une mon- 
naie de plomb à laquelle ils donnent le nom de maiuli. 


VIT: 


Parmi les intéressantes anecdotes racontées par Suétone, 
on lit que Tibère, lorsqu'il servait dans les armées, était 
grand buveur, et que ses camarades, en changeant mali- 
cieusement quelques lettres, lui donnaient le nom de 
Biberius Caldius Moro. Voici le texte : /n castris tiro etiam 
tum propter nimiam vini avidilatem pro Tiberio Biberius, 
pro Claudio Caldius, pro Nerone Mero vocabatur *. 

Millingen possédait un plomb que j'ai fait graver pl. XV, 
n° 7, d'après un dessin qui m'est tombé entre les mains. 
Ce plomb est précieux parce qu'il confirme la véracité du 


1T. Liv. XXVI, 11, 
2 Sueton., Tilerius, 42. 


ET DISSERTATIONS. AA7 : 
récit que nous devons a cet histerien, auquel on voudrait 
aujourd hui qu'on n’accordat pas en général grande con- 
fiance. Au droit on voit la téte de Tibére et les lettres P.M. ; 
au revers on lit: HOG VALET AD BIBERRIVM, nous lais- 
sant dans l'incertitude si l’on doit rapporter cette légende 
à l'objet qui y est représenté ou bien au plomb lui-même, 
qui aurait eu une certaine valeur aux yeux de Tibère. Cela 
pourra se décider quand on saura quelle espèce d'objet est 
ici figuré ; il semblerait, d'après les appendices ou espèces 
de nœuds qui y sont attachés, que ce n’est pas un buffet 
ou armoire de bois, comme on pourrait le croire d'après le 
dessin, mais plutôt quelque objet qui ressemble à une 
pbalére Quant au portrait représenté au droit, on ne sau- 
rait douter qu'il ne soit celui de Tibère. Ceci établi, on se 
demande quel sens peuvent avoir les deux lettres qui se 
trouvent placées dans le champ de chaque côté. Personne 
ne pensera d'interpréter ces deux lettres P. M. par Pentifez. 
Mazimus, titre que ne pouvait prendre Tibère du vivant 
d’ Auguste. D'autre part, pourquoi ce titre, là où l'on aurait 
dû indiquer le nom du personnage qu'on avait voulu re- 
présenter? J'avoue qu'en supposant véritable la lecture de 
Millingen , je ne saurais deviner le sens de ces deux sigles; 
on pourrait croire, dans une matière aussi fragile que le 
plomb, que l'endroit et se trouve la lettre P a pu avoir 
souffert, et à dire mon avis, au lieu d'un P, il aurait pu y. 
avoir un B. En ce cas, les sigles B. M. s’expliqueraient 
parfaitement par Biberius Mero. 


VIN. 


Ce plomb remarquable a été trouvé à Ostie, et c'est grace 
à l'obligeance de M. le commandeur P. E. Visconti qu'il 


* 418 MÉMOIRES 


m'a été permis d'en faire prendre un dessin. On y yoit la 
téte couronnée de laurier de Commode, tournée à droite, 
et autour se lit la légende STAT.FERR.FOR.OST. C plomb 
est de l'espèce de ceux qu'on désigne sous le nom de sceaux ; 
on y voit distinctement le trou par lequel passait le cordon 
qui attachait le sceau. Un témoignage ancien très-singulier 
nous guidera pour proposer une explication de la légende ; 
car si Je sens des deux premiers mots est clair et prouvé, 
et qu’on puisse les compléter par STATionis FERRariz, la 
leçon FERRartarum ne pouvant être proposée pour Ostie, 
on pourrait avoir des doutes, au contraire, pour savoir si 
ici par les mots FOR. OST on a voulu indiquer le forum on 
un autre endroit de la ville. Mais nous apprenons par une 
inscription latine, répétée sur quelques cippes sculpiés 
sous le règne des deux empereurs Marc-Aurèle et Com- 
mode ‘, et ensuite de Commode seul et de Sévère Alexan- 
dre *, qu’on avait établi un droit pour l’entrée des marchan- 
dises, droit qui était payé une seule fois anx fermiers, quand 
les marchands faisaient un dépôt dans les magasins appelés 
foricæ ou foriculi, d'où cet impôt prenait le nom de fori- 
cularium, comme qui dirait droit d'emmagasinage. Notre 
plomb nous apprend, comme d’ailleurs c’est tout naturel, 
qu'il se trouvait de ces magasins, foriculi, à Ostie, et de 
plus que l'introduction du fer comptait à part, quand il 
était expédié pour la ville éternelle et qu'on se servait dans 
ce cas d’un sceau particulier portant l'image du prince et 
la légende Stationts ferrariz foriculorum Ostiensium. L’an- 
cien Scholiaste de Juvénal” a parlé de ces magasins aux 
mots conducunt foricas, mais d'une manière confuse, réu- 


' Orelli, Inscript. lat. select., n° 3347. 
* Henzen, dans Je troisiem2 volume du recueil d'Orelli, p. 329, ad n° 3347. 
> Ad Satir. III, ce. 38. 


ET DISSERTATIONS. A19 


nissant les explications diverses qui appartenaient à des 
commentateurs plus anciens; parmi ces explications, il est 
à remarquer que par foricæ d'autres entendaient que ces 
sortes de magasins étaient situés dans le voisinage du 
forum : Alii (abernas dicunt foro vicinas, (PI. XV, n° 8.) 


IX. 


C'est à la belle collection de plombs antiques, rassemblée 
par M. l'avocat Lovatti, qu'appartient le gceau reproduit 
pl. XVI, n° 9, et qui certes est un des monuments les plus 
singuliers de cette collection; il est très-bien conservé à 
l'exception de l'effigie impériale du revers. Quant à l’empe- 
reur, représenté au droit, on ne saurait avoir des doutes; 
on reconnait facilement les traits de Septime Sevère ; et ceci 
posé, il est probable que le second buste est celui de son fils 
Caracalla. Celui qui s’est servi de ce sceau était chargé, à 
ee qu il paraît, d'envoyer à Rome le grain. Ceci semble ré- 
sulter de la légende : RAT.FR. si on lit Rationis frumentariz. 
La charge dite ratio frumentaria se trouve indiquée dans 
le fragment II, § 2, du Digeste de Justinien, qui porte pour 
titre : De administratione rerum ad civilales perlinentium. 


X. 


Il est rare de trouver des plombs sur lesquels sont écrits 
des noms propres ou en entier ou en abrégé, de manière 
à ce qu'il soit facile de les compléter. De ce nombre est le 
beau plomb gravé pl. XVI sous le n° 10, lequel peut se lire de 
deux manières : Felict Saline Auguste Hadriani salutem 
ou Felix Sabinz Auguste Hadriani salve. Le mot salutem 
ou salre n’est pas moins latin que le mot feliciter placé sur 


420 HEMOIRES 


un plomb publié par Ficoroni ', et que j'ai vu dans plu- 
sieurs collections avec les légendes : G PR FELICITER, et 
sur un autre publié par Visconti *: SODALIbus VELITERnis 
FELiciter GERANO CVRAtori FELIciter, et sur un troisième 
plomb plusieurs fois publié, maïs d’une manière inexacte, 
avec la légende Sentiam feliciter, et où l’on doit lire 
SENTIANAE FELICITER. Mais sur notre plomb, il paraitrait 
qu'on a mis SAL à-cause de la rencontre du nom de FELix 
que portait l'affranchi de Sabine auquel on voulait adresser 
une acclamation. Je n’ai trouvé jusqu'ici qu'un seul exem- 
ple d’affranchis honorés de cette manière sur des plombs, 
c'est celui qui est gravé dans Ficoroni * : TIF AVG LB, où 
il est nécessaire de changer les lettres TIF en TFL pour 
trouver le sens: Tito FLavio AVGusti Liberio B....'; car tl 
ny a pas parmi les empereurs un seul Auguste qui à l'ini- 
tiale du nom de famille F[/atia] joigne le prénom Tlberius. 
Le plomb qui semble mentionner un esclave dans la lé- 
gende : PRIMI CAESAR SERFO AGR est très-singulier ; qu on 
lise soit PRIMI CAESARis SERvi FO.AGR..... soit plutôt 
PRIMltivo CAESARis SERFO AGRippiano, où serfo serait 
écrit pour SERIO, d'après la nouvelle orthographe du 
temps de Claude. Il est possible que les affranchis ou les 
esclaves de la maison impériale recevaient ces honneurs à 


1 J piombi antichs , p. lI, tav. VII, 1. 

* Opere varie, t. II, tav. IV, 2. 

§ Loc. cit., p. II, tav. XXV, 10. 

+ La légende doit se lire peut être sans aucun changement Tlto Flamo 
AVGusti LiBerto. On a des monnaies à légendes grecques qui donnent la 
forme TI pour Titus, prénom d’Antonin le Pieux. TI pour Titus se lit sur les 
médailles de Samosate, de Zeugma de la Commagéne et de Laodicée du Syrie. 
Mionnet, t. V, p. 118, n° 49, AYTO.KAI.TI.AIA.AAPI.ANTWNEÏINOC CEB. 
ErcE ,et p. 125, n° 82, AYTO.K.AI.TI.AAP.ANTUNINOC CEB., et p. 251, 
n°* 737, 740, etc. J. W. 


ET DISSERTATIONS. h91 


l’occasion de fêtes qu'ils faisaient célébrer à leurs frais, 
ou parce qu'ils remplissaient quelque charge dans les col- 
léges de jeunes gens, ce qui nous est impossible de déter- 
miner. 


XI. 


J'ai publié dans mes Plombs antiques ', un plomb du re- 
cueil de Ficoroni qui fait mention de deux consuls; mais 
ce plomb appartient à une classe assez analogue à celle 
des sceaux ou cachets; celui que je publie ici est du nombre 
de ceux auxquels on donne le nom de tessères, et il semble, 
si je ne me trompe, rappeler dans les deux sigles V Q qui 
précèdent le mot COSS. deux surnoms de consuls. En effet, 
si l’on cherche dans les Fastes deux noms de consuls parmi 
ceux que l’on connaît, on trouve à l’an 167 de l’ère chré- 
tienne, Vero IIT et Quadrato coss. et à Yan 272, Valdum- 
niano et Quielo coss. Les initiales de ces noms repondent 
aux sigles V.Q. marqués sur le plomb. Je m’en tiens aux 
deux premiers consuls Verus et Quadratus, nonobstant le 
mot coss. qui est écrit ici avec deux s, parce que je connais 
un exemple de ce redoublement de I's appartenant à une 
époque antérieure *. D'autre part, l'omission du troisième 
consulat de Verus n'est pas un obstacle, parce que la men- 
tion en est également omise dans les inscriptions. Quant à 
la forme énigmatique des sigles, je remarquerai d'après 
Marini *, et d’autres l'ont déjà fait observer aussi, qu'il était 
d'usage d'indiquer seulement le nombre des consulats, en 
supprimant entièrement les noms des consuls ; par exemple: 


1 Piombi antichi, Roma, 1847, 
> Voir mes Graffiti di Pompei, p. #17. 
3 Jscris. alb., p. 49. 


h22 MEMOIRES 


DD.NN.X ET HI.COS. c'est-à-dire Dominis nostris (Con- 
stantio) X et (Claadio Juliano Cesare) IIT consulibus, — 
an 360. Un fabricant de tuiles du pays des Marses emploie 
une autre méthode, marquant seulement les acclamations 
impériales et le nombre des consulats, sans faire mention 
du nom de l'empereur. L'inscription imprimée en creux 
au revers et au milieu d'une tuile se trouve à Vico, petit 
village sur le lac Fucin: 11 209 IIX. MI. Il faut, ce me 
semble, dans la copie de cette inscription qui m'a été adres- 
sée, corriger le chiffre XIII et mettre en place XII, ce qui 
nous reporte à l'an 194, quand Sévère avec Albin, au 
commencement de l’année, réunit à son second consulat la 
douzième puissance tribunitienne, circonstance qui d'ail- 
leurs ne se rencontre pour aucun autre empereur ; i] n'existe 
aucun exemple qui donne la réunion du second consulat 
avec la treizième puissance tribunitienne. 


XI. 


Depuis Morell et Séguin personne n’avait vu le plomb 
reproduit sous le n° 42 de la pl. XVI. Séguin, qui en donne 
la description à la page 200 de ses Selecta nummismaia, 
a oublié la légende qui est au droit. Dans la gravure de 
Morell‘ il y a au revers un jeune homme nu et casqué, te- 
nant une haste de la main gauche et un rameau de la 
droite, tandis que réellement on y voit un Jupitet barbu, 
avec le sceptre et l'aigle. Séguin le premier a cru que dans 
le nom de PAVLLIN inscrit au revers, on doit reconnaître 
Suetonius Paullinus, le vainqueur des Bretons, sous le. 


1 Thes., miscellanes, tab. VI, 20. 


ET DISSERTATIONS. 428 


règne de Néron ‘. C'est également l'avis d’Eckhel’ et de 
M. l'abhé Cavedoni ’. 


XIII. 


Le seul plomb connu qui représente Britannicus est 
l'exemplaire qui a appartenu à Ficoroni, et que cet anti- 
quaire a fait graver dans la pl. III, n°6, de la seconde 
partie de son ouvrage. Mais ce plomb ne se voit pas dans 
la collection de Ficoroni aujourd'hui au Vatican, et la 
” raison en est que le possesseur en avait fait don au che- 
valier Fontana. comme il dit à la page 91. Cela fait que ce 
plomb se trouve actuellement entre les mains de M. Depo- 
letti. Le nom de Britannicus est écrit avec deux t, non- 
seulement sur ce plomb, mais cette méme forme se voit sur 
deux médailles de moyen bronze à l’effigie d’Hadrien, 
BRITTANNIA *, et sur un autre de grand bronze à l'effigie 
de Septime Sévére, VICTORIAE BRITTANNICAE’. Et ce- 
pendant les poëtes emploient la première syllabe comme 
bréve, et les savants établissent une différence entre les 
mots Brittones et Britanni, le premier servant à désigner 
les Bretons, et le second indiquant les habitants de la 
Grande-Bretagne. 

XIV. 


Le plomb gravé pl. XVI, n°44, doit avoir une certaine 
importance, ce me semble, parce qu’il sert à confirmer ce 


* Tepit., dngal., XIV, 37. 

* D N., VI, p. 265; VIII, p. 320. 

3 Bullet. arch. Nap., 1860, p. 7. 

® Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'empire romain, 
t. II, p. 185, n° 678 et 679. 

® Cohen, J. cit., t. IH, pl. VII et p. 318, n° 650. 


h2h | MÉMOIRES 


qu'on a écrit sur les disques ou palets jetés au peuple dans 
les solennités des jeux et des spectacles, telles que tessères 
d'échange destinées à obtenir des vêtements, de l'argent, 
des chevaux , des meubles ou d’autres choses semblables. 
Xiphilin' appelle ces tessères coaytz Evdwa puxpx, et il 
est probable que cet auteur a pris dans le texte même de 
Dion Cassius les expressions dont il s'est servi. Il n’y a, 
ce me semble , aucun doute possible à avoir sur le sens des 
‘quatre globules qu'on voit de chaque côté de la palme. Tout 
ce qui est représenté sur ce plomb fait allusion aux jeux, la 
Victoire tenant la palme et les couronnes, le gladiateur ou 
l'aurige du cirque, qu'on ne saurait désigner d'une ma- 
nière positive, avec les mains tendues vers la déesse et la 
palme gravée au revers. Donc les quatre globules doivent 
également faire allusion aux jeux, et par conséquent ne 
peuvent être regardés que comme des tesséres; car on ne 
supposera pas que ces globules soient des objets à l'usage 
des bateleurs, lesquels sont représentés sur des dipty- 
ques d’ ivoire où ils sont occupés à lancer en l'air des 
boules. 


XV. 


Tuscula sacra, tel était le titre de livres, mentionnés 
par Varron , dans lesquels se trouvaient les rites prescrits 
pour le culte de certaines divinités, au nombre desquelles 
nous savons aujourd’hui qu'étaient Hercule et Junon Lu- 
cine, d'après le témoignage de deux inscriptions de Tifata *. 

Les particularités du cérémonial avaient sans doute 


1 Hist., LXVI, 25. 
2 Bull, arch. Napolitano, V11, p.18.—Cf. Annal de l'Inst. arch., 1860, 
p. 232. 


ET DISSERTATIONS. h25 


prescrit la manière de faire les statues de ces divinités, ce 
qui donna lieu d'attribuer le surnom de tusculanes à ces di- 
vinités spéciales figurées d'après les prescriptions des rites 
de Tusculum. Le plomb que nous avons sous Jes yeux 
(pl. XVI, n° 16) en présente un exemple dans la Vénus qui, 
enveloppée à moitié dans une draperie, se regarde dans un 
miroir et arrange ses cheveux, déesse qui prend rang au 
nombre des divinités tusculanes honorées par des rites par- 
ticuliers ; car sur le revers de ce plomb, on lit VEN.TVSC. 
On sera disposé à mettre en rapport avec cette déesse le 
collège des femmes qui sont nommées sur les plombs 
SODALES TVSCVLANAE. Aucune autre inscription ne nous 
avait jusqu'à ce jour appris ce que nous enseigne ce plomb; 
d'où il résulte qu'aucun monument antique n'est à dédai- 
gner, puisque les plus humbles peuvent fournir d’utiles 
renseignements. 
R. GaRRuccl. 


426 MÉMOIRES 


LETTRE À M. A. DE LONGPERIER 


sn ox 


MONUMENT NUMISMATIQUE INEDIT, DU RÈGNE DES 
EMPEREURS DIOCLETIEN ET MAXIMIEN. 


Mon cher Adrien, 


La Saône, vous le savez, offrait naguère daus son par- 
cours à travers la ville de Lyon, et précisément sous les 
arches médianes du pont de Nemours, un banc de rochers 
aussi nuisible à la navigation que favorable aux inonda- 


ET DISSERTATIONS. 227 


tions. Les anfractuosités de ces rochers, quand elles étaient 
à nu, pendant les sécheresses, recélaient ordinairement 
de petits monuments de l'antiquité et du moyen âge, que 
les grandes eaux y avaient déposées, et où les curieux 
faisaient quelquefois de riches découvertes. C'était un 
fonds inépuisablé, parce qu'il se renouvelait sans cesse. 
La collection Commarmont, si malheureusement dispersée, 
contenait un assez grand nombre de pièces de cette prove- 
nance, et notamment de ces médailles gauloises globu- 
leuses, publiées. dans la Revue de 1838, p. 1-7, pl. I. 

Les efforts des ingénieurs sont parvenus, après de longs 
travaux, à détruire l’enrochement du pont de Nemours et 
à tarir, par conséquent, cette mine précieuse, qui vient 
de fournir son dernier tribut aux archéologues. Le savant 
et zélé conservateur du musée des Antiques de Lyon y a 
recueilli d'intéressants monuments dont il a fait l'objet de 
communications successives à l’Académie Jvonnaise, et 
M. Vaganay, antiquaire bien connu des curieux, a réuni 
particulièrement tout ce qui tenait à la numismatique. Si 
sa récolte contient peu de médailles antiques, elle renferme 
de nombreuses suites de méreaux, depuis les temps méro- 
viagiens jusqu'au xv‘ siècle, quelques moanaies du moyen 
âge, des plombs de bulles et de corporations, ete. 

Mais, parmi ces objets, de plus ou moins d'intérêt, 
brille, au premier rang, une véritable merveille numis- 
matique : c'est le plomb dont le dessin figure en tête 
de cette lettre, et où deux sujets sont représentés en deux 
tableamx, placés l'un au-dessus de l’autre, et partageant le 
champ en deux parties égales. C'est évidemment l'essai 
du coin d’un revers de médaillon, frappé en l'honneur de 
deux empereurs. Quels étaient ces empereurs ? La ténuité 
du dessin peut rendre l'attribution douteuse. Vous avez 





428 MÉMOIRES 


bien voulu m'aider vous-même à la trouver, en me four- 
nissant les rapprochements suivants : 

La légende SAECVLI FELICITAS se voit sur la monnaie de 
divers personnages impériaux , tels que Faustine la Jeune, 
Sep. Sévère, Julia Domna, Mesa, Mamæa, Gordien III, Trébo- 
nien-Galle, Valérien, Gallien, Postume, Marius, Victorin, : 
Aurélien, Probus, Carus, Carin, Constance-Chlore, Maxence, 
Constantin et Crispus Cæsar, son fils, mort avant lui. Elle 
s'arrête donc au règne de Constantin. 

Sur une médaille d’or que possède le musée impérial de 
Vienne, on lit d’un côté, autour du buste de Maximien- 
Hercule, MAXIMIANVS P.F.AVG, et de l’autre, FELICITAS 
SAECVLI AVGG. NN., accompagnant deux Victoires soute- 
nant une couronne de laurier dans laquelle sont inscrits ces 
mots : VIG.AVGG. Ce type se retrouve sur une monnaie 
d'or de Sévère portant la qualité d'auguste, c'est-à-dire 
frappée en 306. On voit donc Ja la légende Felicitas 
sæcul appliquée à la victoire remportée par deux empe- 
reurs, dont l'un est Maximien-Hercule. C'est un premier 
pas de fait vers l'explication de notre médaillon. 

Le nimbe qui décore la tête de nos empereurs existe 
déjà sur une médaille d'Antonin le Pieux; on le trouve 
dans les peintures de Pompeï, antérieurement, par consé- 
quent, à l'an 79:il ne peut donc fournir d'époque, ou, 
pour mieux dire, le nimbe est de toutes les époques. Il est 
vrai qu'on le trouve employé, avec une certaine persis- 
tance, sur cing médaillons d'or de Valens, conservés au 
musée de Vienne *. Nous voyons encore le nimbe sur un 
médaillon d’Arcadius et sur le grand disque d’argent qui 


1 Tanini, Num. imper, rom., suppl., p. 206, 233 et tab. IV. 
* Steinbiichel , Not. sur les médatlions en or du musée I. et fi. de Vienne, — Cf. 
Vaillant, ¢. O1, p. 259, et Tanini, tab, VII. 


MÉMOIRES 429 


représente Théodose et ses fils, monument découvert a 
Almendralejo et publié par notre bon ami et confrère de . 
l'Académie royale de Madrid, don Antonio Delgado’. 

Le pont, uni à une tour de défense, couverte d’un toit 
hémisphérique , est connu sur le grand médaillon de 
bronze de Constantin le Grand, conservé au musée impérial 
de Vienne. On lit au-dessous : DANVVIVS *. La dimension 
de ce médaillon (55 millim. ) le rapproche singulièrement 
de notre plomb, dont le grènetis a 75 millimètres de dia- 
mètre. Le sujet offre aussi beaucoup d'analogie. Les mé- 
daillons d’or de Valens ont 72, 75 et 97 millimètres. Vous 
vous rappelez le grand Tetricns et le grand Justinien de 
8h millimètres” qui existaient au Cabinet des médailles 
avant le vol de 1831. La dimension du plomb de Lyon 
convient donc bien à un médaillon. 

Les monnaies d'argent de Maximien-Hercule, de Dioclé- 
tien, de Constance-Chlore nous montrent le camp prétorien 
avec des tours surmontées de toits semblables à ceux que 
nous voyons ici. - . 

M. Francois Lenormant, qui avait examiné notre plomb 
chez M. Vaganay, il y quelques mois, n'avait pas hésité à 
voir dans les deux personnages nimbés, Dioclétien et Maxi- 
mien-Hercule. Sans avoir été averti de cette circonstance, 


1 Memoria historico-critica sobre el gran disco de Theodosio encontrado en 
Almendralejo. Madrid, 1849, in-4*. — Cf. pour les empereurs ayant le nimbe 
autour de Ja tête, le travail spécial de M. Ludolf Stephani, Nimbus und 
Strahlenkrans in den Werken der alten Kunst, p. 131 et suiv. Suint-Pétersbourg, 
H859, in-4°, extrait des Mémoires de l'Académie impériale des sciences. 

2 Joseph de France, Numism. cimelii Cæsarei regii, pars IT, pl. 105. | 

> Le méd. de Tetricus, dans un mémoire de G. de Boze, Acad, des inscript., 
tome XXVI, p. 504,— reproduit par H. Cohen, Descript. des monn, impér., 
tome V, pl. VI; — et celui de Justinien, publié par G. do Boze, Mem. de 


1862.— 6. 30 


h30 - MEMOIRES 


vous les avez reconnus également sur l'empreinte que je 
vous ai apportée, et en l'étudiant à la loupe, on ne peut mé- 
connaître, en effet, les profils de ces deux empereurs. C’est 
bien l'époque qu'indique le style du monument; nous 
allons voir que les événements de l'histoire ne s’y rappor- 
tent pas moins. 

L'an 288 de notre ère, Maximien-Hercule, qui venait de 
repousser des bandes de barbares, venues presque sous 
les murs de Trèves, où il résidait alors, résolut de les 
poursuivre jusque sur leur territoire. 11 passa le Rhin, ra- 
vagea par le fer et par le feu la Germanie, y fit de nom- 
breux captifs, et si l’on en croit Mamertin, son panégyriste, 
-Soumit une grande partie du pays. 

Vous verrez avec moi, je pense, dans le tableau in- 
férieur de notre plomb, Maximien, guidé par la Vic- 
toire, traversant le Rhin, au retour de son expédition, 
et sortant de Cassel, CASTELlum , château - fort bâti 
par Drusus sur la rive droite du Rhin, FL.RENVS*, pour 
servir de tête-de-pont à la place fortifiée de Mayence, 
.MOGONTIACVM ?. 

‘Le tableau supérieur nous montre la Ville de Rome, cas- 
quée, présentant aux deux empereurs les prisonniers ger- 
mains, 


l'Acad, des inacr., tome AXVI (1759), p. 528, — et reproduit par Pinder et 
Friedländer, Die Munzen Justinians, Berlin, 1843, pl. 11. 

1 V. Mamert., ap. Paneg. cet. 

2 Hal Étecov ( pou; tov, castellum) tv Xderor; rap’ aütp to nv. Dio Cass., 
Hist., LIV, 33. 

® C'était presque toujours par le pont de Mayence que s’effectunit le pas- 
sage du Rhin quand une expédition était entreprise contre les Germains. On 
voit encore, dans le lit dn fleuve, les ruines de ce pont, dont l'origine doit 
remenier à l’époque de la fondation de Ja ville forte de Mayence par Clau- 
djus-Drasus Germanicus, 


ET DISSERTATIONS. h31 


Je serais bien heureux, mon cher Adrien, si le curieux 
monument dont je viens d'essayer l'explication recevait sa 
première publicité dans le recueil que j'ai édité si long- 
temps, et qui doit à notre excellent confrère J. de Witte et 
à vous une nouvelle vie et une autorité qui grandit tous 
les jours. 

Agréez, je vous prie, l’assurance de mon perdurable 
attachement pour vous et pour notre chère Revue. 


L. DE LA SAUSSAYE. 
Paria, 22 décembre 1862. 


h39 ‘ MÉMOIRES 


DESCRIPTION 


MONNAIES MÉROVINGIENNES DU LIMOUSIN. 
(PI. XVII.) 


Onzième et dernier article, — Voir p. 235. 


LIMOGES. 


422. LIMOVEGA2 :. Tête à droite, ceinte d’un long ban- 
deau perlé; buste habillé et orné de trois rangs de perles ; 
le tout dans un grènetis. 

à. + ANSOINIO MONETAI. Croix potencée; la légende 
est gravée entre deux cercles de grènetis. 

Tiers de sou d'or fin. Poids, 15,25. Deuxième quart dn 
vie siècle. — Cabinet de M. Ponton d’Amécourt. 

Nous avons décrit, sous le n° 9, un triens de Limoges 
signé du monétaire Ansoinaus*; malgré la ressemblance 


t On pourrait lire LIMOIVEGA2 on LIMOTVEGAe2, si on ne considérait 
pas la barre perpendiculaire gravée à la suite de la syllabe MO comme faisant 
partie du vêtement du buste, 

2 Cette pièce, qui appartenait naguère à M. Maurice Ardant , est actuelle- 
ment dans le beau médaillier de M, d'Amécourt. L'excellente empreinte que 
nous nvons sous Jes yeux nous fait voir que la gravure que nous eu avons 


ET DISSERTATIONS. 433 


ou plutôt l'identité des noms qui figurent sur les deux 
pièces , il nous paraît manifeste, d’après la fabrique, que 
celle que nous donnons ici est de beaucoup antérieure à 
Pautre, et n’a guére pa être frappée par Ie même moné- 
taire qui a signé le n° 9. 

À l'égard du nom de Limovegas, on remarquera qu’en 
adoucissant le c en g, le graveur du coin: a rapproché ce 
vocable de la forme Limotgas de la période féodale et du 
nom actuel de Limoges. 


NOUÏC ou NOVIC (localité déjà mentionnée) 


123. + FLAVLEVen (Flaulfus). Tète à droite, ceinte 
d'un bandeau perlé; le col orné d’un collier; le buste 
habillé. 

&. + NOVOVICO. Monogramme posé sur un globule et 
composé d'une croix, à la haste de laquelle sont appendus, 
d'un côté un R, et de l’autre un G. 

Tiers de sou d'or inédit. Poids, 4,15. Troisième quart 
du vu° siècle. — Cabinet de M. Ponton d’Amécourt. | 

C’est 14 une nouvelle et curieuse monnaie de Nouïc ou 
Novic. En décrivant plus haut deux triens à la légende 
Novovico et signés du même monétaire Flaulfus (n° 77 et 
78), nous avons expliqué le monogramme qui remplit le 
champ du n° 78, par Crux gloriosa : le monogramme ci- 
dessus lui serait identique, s’il n’y manquait un A placé 
dans le n° 78 sous la deuxième branche de la croix : il n’en 
doit pas moins recevoir la même interprétation. 


donnée nela reproduit pas avec une fidélité complète. On n'y trouve, en effet, 
ni Ja houppe sur le front de l'effigie, ni la croix fourchue du revers, que li 
pièce présente. C'est pourquoi nous croyons devoir la faire graver sur notre 
planche supplémentaire sous le n° 9. 


A3h MEMOIRES 
CISSAC. 


124. CICIVI+0 ..OI (Ciciaco moi). Tête à droite, ceinte 
d'un long diadème perlé recourbé à son extrémité. 

R. TEVDOVALDO M. Croix longue, cantonnée des let- 
tres L. E. M. O, posée sur un point, et séparée de la légende 
par une couronne de feuillage. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 4:',20. Fin du troisième 
quart du vur° siècle. — Cabinet de M. Ponton d’Amécourt. 

L'origine limousine de cette pièce est attestée par les 
lettres inscrites dans le champ du revers, et qui sont les 
initiales de LEMO(vices). Le Ciciacum de la légende me 
paraît être le même que la villa Ciciagum mentionnée, dans 
une charte de l’an 861, comme dépendant de la vicairie 
d'Espagnac ‘, et appelée de nos jours Cissac ; c’est un ha- 
meau situé au sud-est et dans la commune de Saint-Sylvain, 
canton d’Argentat, arrondissement de Tulle (Corrèze). Il est 
à peine besoin de faire observer que le g du vocable car- 
lovingien n'est qu'un adoucissement du c de Ciciacum, 
tel que celui qui s’est produit pour Lemovecas, changé en 
Limovegas *. 


CHOISS (?). 


426. CHOilwmwl +. Tête à droite, ceinte d’un ban- 
deau ; buste habillé, dans un grènetis. 

à. THIbAIO  FICI (Thibaio m. fici). Croix égale dans 
une couronne de feuillage, cantonnée des lettres L.E.e.0. 


1 « Cedo.... hoc est ecelesiam in honore S, Silvani martiris, in pago Limovi- 
cino, in vicaris Spaniacense, in loeo qui est situs super fluvium Summenia..... 
in Ciciago similiter cedo, etc. » Cartulaire de Beaulieu, charte CLXXI. 

3 Voir ci-dessus, n° 122. 


ET DISSERTATIONS. h35 


Tiers de sou d'or pâle. Poids, 45,26. Fin du vu siècle. 
— Cabinet de M. Ponton d’Amécourt. 

Les lettres qui sont dans le champ du revers nous dis- 
pensent de démontrer l’origine limousine de cette monnaie. 
On pourrait rapprocher de la légende Choisss les noms de 
lieux suivants : Choués le haut et Choués le bas, situés 
au sud-ouest de La-Forest-du-Temple, dans la partie nord- 
est de l’ancien diocèse de Limoges’; le Chez, au nord- 
ouest du même bourg; le Chès-de-Lavaud, près et au 
nord-ouest d’Ajain *; Chauseix, au sud de Toy-Viam * ; 
Cheix, au sud-est de Thorion et de Bostmorand, au sud- 
est de Bourg-Salagnac ‘, et le Cheissou ‘. Nous ne connais- 
sons point d’ailleurs de mention de ces localités dans les 
titres du moyen âge : le seul terme latin qui s'en rapproche 
dans les chartes limousines est Chauci ‘; mais ce nom 
désigue une dépendance de la vicairie de Puy-d'Arnac, 
appelée de nos jours Chauses, commune et canton de 
Meyssac, arrondissement de Brive (Corrèze). 


GLANNE ov GLENY (?). 


426. GFANONNO (Glanonno). Tête à droite, ceinte 
d'un long bandeau terminé au sommet par une grosse 
perle ; le col orné d'un collier qui se rattache sous l'oreille 
au bandeau; l'effigie est séparée de la légende par six 


1 Cassini, feuiile n° 12. 

2 Ibid, 

3 Ibid. 

® Jbid., f. n° 13. 

5 Jbid., f. u° 32. 

* Commune de Bujaleuf ( Haute-Vienne}. 

T Cartulaire de Beaulieu, churte CLX XVII], ann. 936. 


-h36 MÉMOIRES 


points rangés le long de la face, et par un nombre égal 
rangé du côté opposé; le buste est habillé. 

R. +}..DICHISILO M. Croix latine potencée. 

Tiers de sou d'or pur. Poids, 1.05. Dernier tiers du 
"vi siècle. — Cabinet de M. Ponton d’Amécourt. 

Le style de cette pièce ne semble permettre aucun doute 
sur son origine. L'effigie, semblable à celle du n° 114 
( Cornilio) ; le long bandeau dont elle est ornée. comme 
dans les monnaies de Limoges et d'Yssandon (n° 6 et 115); 
sa croix allongée dans un champ bien espacé, comme sur 
les triens de Limoges, Chervix, Magnac, Ambazac, Brive, 
Espagnac, Fursac, etc. (n* 8, 18, 49, 30, 31, 63, 84), 
en déterminent l'attribution au Limousin. 

Nous connaissons deux noms de lieux de l’ancien dio- 
cése de Limoges qu’on peut rapprocher de la légende Gla- 
nonno : 1° Glény, mentionné dans une charte de l'an 875 
sous le nom de Glanigo ', et situé près et à l’ouest de Ser- 
vières , arrondissement de Tulle (Corrèze); 2° Glanne, ap- 
pelé Glanna dans une charte de l'an 893*, et situé dans le 
‘canton de Bretenoux, arrondissement de Figeac (Lot). 
Nous préférons cette dernière localité, malgré la terminai- 
son féminine de son vocable, parce qu'il a pu être avec le 
temps abrégé de Glanonnum, tandis que Glanigum est un 
nom très-vraisemblablement conservé dans son état pri- 


t «In pago Torninse, in vicaria Spaniaeense, in vilia Campaniaco.......…. 
cedimus in ipso loco, in ipsa patria, in villa que dicitur Glanigo, cum mansis...» 
Charte de l’abbaye de Charroux. Mss. Biblioth., impér. Dépôt des chartes 
mss.subann 875.— Mémoires de ta Société des antiquaires de l'Ouest, t. IV, p. 5. 
— Le pagus Torninsis et la vicaria Spaniacensis désignent le pays de Turenne 
et la vicairie d’Espagnae. 

2 « Similiter in ipsa vicaria (Vertedensi), et in alio loco, in villa que dicitur 
Glanna, mansum ubi Gauzbertus manet, et alium mansum, etc. » Cartulaire 
de Beaulieu, charte LXTII. 


ET DISSERTATIONS. A37 


mitif, et ne saurait guére étre identifié avec celui de notre 
légende. Ajoutons que l'effigie a de la ressemblance avec 
celle du triens n° 4147, de Rouffiac, qni est non loin de 
Glanne. Néanmoins, nous ne croyons pas pouvoir nous pro- 
noncer définitivement sur l'attribution de la monnaie dont il 
s'agit. 

SALAGNAC ( localité déja mentionnée". 


427. + SELANIACO. Tête à droite, ceinte d’un bandeau 
prolongé sur la nuque où il est recourbé en volute ; che- 
velure rejetée en arrière; buste habillé. 

À. .. ADO MON. (+ Ado monetarius? ). Croisette à 
branches égales, patée, accostée de deux points sous les 
bras, et séparée par un grénetis de la légende, qui est elle- 
même entourée d'un grènetis. 

Tiers de sou d'or. Poids, 45,28. Troisième quart du 
vie siècle. — Cabinet des médailles de la Bibliothèque im- 
périale. 

Cette pièce porte le nom d’un atelier inscrit déjà sur 
notre n° 33, et 1] suffit de la rapprocher de cette dernière 
monnaie ainsi que des n* 34 à 42, pour reconnaître tout 
aussitôt qu'elle donne, sur les deux faces, un nouveau 
spécimen du type de notre cinquième groupe. Nous n’avons 
donc rien à ajouter pour justifier son classement dans la 
série limousine. 


BERCHAT ou BERSAC ? 


428. + BRECIA:.0 FI. Tête à droite, buste nu, sur 
lequel est le T renversé qui termine le mot FIT. 

R. + VRZVLFO MO. Croix latine dans le champ. 

Tiers de sou d’or inédit. — Collection de M. Trimolet, 
a Lyon. 


438 MÉMOIRES 


Ce triens, que M. Martin Daussigny , conservateur du 
musée de Lyon a communiqué à M. Adrien de Longpérier, 
et dont ce dernier a eu l'obligeance de nous transmettre 
l'empreinte, présente, suriout au revers, le type limousiu 
bien caractérisé. Voyez le dessin de cette pièce pl. XVII’, 
n°128. La partie supérieure du second C est coupée par fe 
bord du flan. 

Nous ne connaissons jusqu'ici dans l'ancien diocèse 
de Limoges aucun lieu du nom de Breciacus. Nous avons 
la mention de deux localités appelées : 1° Bersac, canton 
de Bessines, arrondissement de Bellac (Haute-Vienne ), 
qui , d’après les pouillés du diocèse, eut de toute ancien- 
neté une église paroissiale dépendante de l’archiprètré 
de Rancon'; Bersac est l’exacte traduction de Bercia- 
cus, comme Tersac de Terciacus, Marsac de Marciarus; 
2 Berchat, commune de Sainte-Feréolle, canton de Donze- 
nac, près Brive (Corrèze), et qui est désigné avec le titre 
de villa (village) dans une charte du 1x° ou x° siècle *. 

Ne peut-on pas admettre que, dans la gravure de la lé- 
gende de aotre monnaie, l’ouvrier aura interverti l'ordre 
des lettres et placé l’R de Breciaco avant l'E, au lieu de le 
mettre après? Dans ce cas, les mots Bersac et Berchat 
traduiraient exactement le nom de la légende. 

On ne peut néanmoins accueillir cette attribution qu'à 
titre conjectural, et il nous paraît prudent de réserver en- 
core la question d'attribution définitive. 


5 Mss. Biblioth. imp., fonds Saint-Germain français, n° 878, t. Il. 

* . Et in alia vicaria Brivense, in villa quæ dicitur Berciaco, mansum ubi 
Costavolus manet. + Cartulatre de l'ubbaye de Beaulieu, ch. CLXXXIX, 
p. 268. 


ET DISSERTATIONS. 439 


UZERCHE ( localité déjà mentionnée ). 


499. + T..LA10. Tête à droite ornée d’un chaperon 
perlé; buste habillé. 

R. V...RCA. Croix égale potencée, cantonnée de quatre 
points. 

430. + TELAIC. Tête à droite, avec un chaperon 
perlé; buste habillé. 

ñ. A@..RGA. Petite croix à branches égales, potencée, 
cantonnée de quatre points. 

Deniers d'argent inédits, pesant, le premier, 45,10, le 
deuxième, 46,40 fort. vur° siècle. — Médaillier de M. Morel 
Fatio, à Paris. 

Jusqu'à ces derniers temps nous ne connaissions que des 
monnaies d'or dans la série mérovingienne du Limousin. 
Grâce à l’obligeance de M. Morel Fatio, qui a bien 
voulu nous communiquer la riche trouvaille faite dans 
l'ancien comté de Nice, et récemment acquise par lui, 
nous pouvons éditer aujourd'hui les deux pièces d'argent 
ci-dessus décrites. 

Ces pièces ont été frappées à Uzerche , qui possède déjà 
sept tiers de sou d’or (voir les n°’ 47 à 52 et 119). En 
combinant leurs légendes, on trouve au revers de la pre- 
mière VS..RCA, et au revers de la seconde VS..RGA, où 
le G représente une forme adoucie du C. Or nous ne con- 
naissons pas d'autre localité que le castrum mérovingien 
d'Userca qui puisse en revendiquer l'attribution. 

Le chaperon perlé de l'effigie est, il est vrai, étranger 
au type limousin; mais il ne faut pas perdre de vue qu'au 
vin: siècle les types locaux ont à peu près disparu, ou du 
moins ont perdu avec leur caractère tranché leur impor- 
tance primitive. 


AO MÉMOIRES 


2° PIÈCES INCERTAINES. 
ARGENTAT?!. 


87. ARGENTAITOI. Tête à droite, ornée d’un double 
bandeau perlé : buste orné de plusieurs rangs de perles. 

R. COSIA...IANI (Custantiani?). Aigle aux ailes 
éployées, la tête tournée à droite; posé sur un degré et 
une console *, accostés chacun d'un point à leurs extré- 
mités. 

Tiers de sou d'or. Poids, 48,30. Vers le milieu du 
vue siècle. 

Bouteroue, Recherches curieuses des monnoies de France, 
p. 184. 

D'après les énonciations des numismatistes *, cette mou- 
naie appartiendrait au Cabinet des médailles de la Biblio- 
thèque impériale : mais nous n’avons pu l'y découvrir, et 
nous avons di nous borner à reproduire sur nos planches 
Ja gravure qu’en a donnée Bouteroue. Quant à son origine, 
nous ferons remarquer : 4° la houppe sur le front, qui est 
si commune sur nos triens (2, 5, 44, 15, 18, 25, 52, 62, 
70, 81); 2° le double bandeau perlé, semblable à celui des — 
n* 20, 85, 90, 104 et 110; 3° les ornements du buste, 
identiques avéc ceux de Limoges, de Chervix, de Magnac, 
du Palais et surtout de Rouffiac (n° 6 sur la planche XVIII 
de 1858, 18, 19, 21 et 117). Les monnaies du nord-est et 


t Chef-lieu de canton, arrondissement de Tulle (Corrèze). 

2 Ou un M que Bouterone et MM. Cartier et Conbrouse y ont vu, et qui 
seruit naturellement l'initinle de Monetarius. 

3 MM. Cartier et Guillemot, dans les listes qu'ils ont publiées, et Conbrouse, 
Atlas des monn, nation, Calal, des Mcroring , n° 76. 


ET DISSERTATIONS. hhA 


en particulier du pays alsacien, auquel on a voulu attri- 
buer notre pièce ‘, ne nous présentent point de types ainsi 
ornés, et n autorisent guère cette opinion; son dessin rap- 
pelle assez bien , au contraire, la manière des ouvriers 
limousins, et nous permet d'y voir, tout au moins avec 
quelque vraisemblance, un produit de cette province. 

De plus, la légende Argenta vic ou vici ne peut s’accor- 
der ni avec le nom ancien de Colmar, qui est Argentuai ia 
et plus tard Argentaria, ni avec celui de Strasbourg, qui 
fut d'abord Argentoratum * seul, puis au vi° siècle, dans Gré- 
goire de Tours, concurremment avec Sirasburgus. Nous 
savons d'ailleurs, quant à cette dernière ville, d’après un 
triens publié par J. Lelewel, que les monnayers qui y frap- 
paient dans les temps mérovingiens inscrivaient sur les 
espèces tantôt Argentorat ”, tantôt Stradiburg, et que ce 
dernier vocable fut usité dès le milieu du viu* siècle simulta- 
nément avec Argentoratum; la forme Argentina civitas ap- 
partient au x° siècle *. | 

En outre, le titre de vicus (bourgade), qui est gravé à la 
suite d'Argenta, ne saurait convenir à Colmar, qui est qua- 
lifié au moyen Age castrum Argentariense*, et encore 
moins à Strasbourg, ville épiscopale, mentionnée comme 


t Bouteroue dit que c'est peut-être là « le nom de Colmar en Alsace, sur la 
rive d’Ell, appelé en latin Argentuuria , peut-être aussi Strasbourg, Argento- 
ratum, » Loc. cit. 

2 Dans la Géoyraphie de Ptolémée, où il est nommé ’Agyevedgatov ; dans l'Iti- 
néraire d'Autcnin et sur la Table de Peutinger Argentoratum.—Cf. la Notice des 
Gaules d’Adrien de Valois, p. 41, col. 2. 

> Numismatique du moyen âge, pl. IV', n° 62. 

4 Cf. à ce sujet un mémoire de M. Adr. de Longpérier sur les Monnaies 
épiscopales de Strasbourg et de Constance, dans la Revue numism., nouv, série, 
année 1857, p. 319 à 326. 

4 Voir dans Valois, ubi supra, col. 1. 


hh? MEMOIRES 


civitas dans la Notice des provinces romaines de l’an 396 :. 
On aurait, il est vrai, la ressource de prétendre qu'au lieu 
de vic la légende, dans le sens rétrograde, ferait civ. ; 
mais il faudrait supposer que le premier mot de l’in- 
scription doit être lu de gauche à droite, et le deuxième 
de droite à gauche. Cette interprétation n’est pas inadmis- 
sible ; mais on reconnaîtra qu'à prioré elle n'est point vrai- 
semblable. Et méme dans ce cas il faudrait que la monnaie 
portat Argentorat, Argentora ou du moins Argentor, et non 
pas Argenta, qui n'en représente nullement la forme con- 
tractée. 

Quant à Argenton en Berry et Argentan en Normandie, 
que l’on a indiqués concurremment comme pouvant être 
le lieu d'émission de notre triens, nous ferons observer : 
4° qu Argenton est appelé, dans les Itinéraires romains * et 
sur une monnaie mérovingienne °, Argentomagus ; que ce 
vocable a formé par contraction Argentomus on Argento- 
mum, d où sont provenus Argenfonium et le nom actuel: 
2° que le monnayage du nord-ouest et spécialement celui 
de Normandie n'offre point d’affinité avec le type orné 
d'Argenta; qu Argentan reçoit tour à tour au moyen age les 
dénominations d'Argentomus et d’Argentonium castrum *, 
ce qui est en désaccord avec la légende Argenta et avec 
la qualité de vicus assignée à ce lieu par notre triens. 


1 « Civitas Argentoratensium. » Voir l'édition de cette Notice publiée par 
M. B. Guérard, Essai sur le système des divis. territ., p. 19. 

® Sur la voie d’Ausritum ( contracté d’Augustoritum) Limoges, à Acaricum, 
Bourges, voir les différentes éditions de l’Jtinéraire d'Antonin et la Table de 
Peutinger, notamment dans l'Annuaire de la Société des antiquaires de France, 
ann, 1850, p. 250. 

* Conbrouse, Recueil supplément., pl. XLIX, n° 13. 

+ Orderic Vital, Chroniq, des ducs de Normandie, liv. XI, XII et XIII. — Cf. 
Valois, loc. rit, 


ET DISSERTATIONS. hh3 


H existe en Limousin une petite ville fort ancienne, 
qui semble pouvoir revendiquer plus justement peut-être 
l'attribution de la pièce dont il s’agit. C'est Argentat, qui 
était déjà à l’état de village, villa, au commencement du 
1° siècle, lorsque saint Sadroc (Sacerdos), évôque de 
Limoges, vint y mourir ‘; qui, aux 1x° et x* siècles, était le 
chef-lieu d’une circonscription administrative du Limousin, 
nommée vicaria Argentadensis * ; qui à la fin du x: siècle 
est qualifié de cicus, comme sur notre triens ? ; et qu'enfin 
une notice du même temps mentionne sous cette forme, 
Argentat *, qu'il a toujours conservée depuis. 

On peut objecter à notre proposition que : 4° la légende 
porte le mot Argenta, et non Argentat; 2° que cette légende 
étant connue seulement par la gravure que Bouteroue nous 
en à transmise, il est permis de supposer que le dessina- 
teur ou le graveur ont ajouté au deuxième A la barre 
transversale, et on aurait peut-être ainsi, au lieu des let- 
tres liées A! (AV), les lettres liées N (IN), ce qui don- 
nerait la légende Argentini ci(vitate), laquelle désignerait 
Strasbourg. 
= Nous répondrons : 4° que le ¢ final d’Argentat a pu être 
* omis comme cela arrive fréquemment dans les légendes 
mérovingiennes ; 2° qu'il est dangereux de substituer à la 
légende reproduite par Bouteroue une légende conjecturale, 
et qu'on serait par là engagé dans la voie des suppositions 
les plus arbitraires ; 3° que jusqu'ici l'usage de la forme 


1 Vit. S. Sacerdot., apud Boiland, Acta $S., mers. Maii, t. JL p. 16. 

2 Cartulaire de Beaulieu, chartes LXXV et CLXXVI.— Cartulaire de Tulle, 
dans Baluze, Hist. Tutel., append,, coll. 334 et 344. 

3 Vit. B. Geraldi Aureliac., apud Biblioth. Cluntac, col. 101. 

+ Baluze, Hist. Tutel., col. 347.— Cf. uu acte de 1263, dans Justel , His 
généalogique de la maisou de Turenne, pr. p. 56, 


hah MEMOIRES 


du,nom de Strasbourg, Argentina civilas, n'a été constaté 
qu'à partir du x° siécle’; que l'on n'a trouvé sous la 
deuxième race, et particulièrement dans le monnayage 
mérovingien, que les vocables Argentorat et Stradiburg, et 
que dès lors on n’est guère autorisé à y ajouter sans preuve 
celui d'Argentina. : 

Toutefois, nous devons reconnaitre l'importance des 
objections que soulève notre attribution, et c'est pourquoi 
nous avons rangé la pièce dont il s agit parmi nos incer- 


taines. 
MONTCEIX (?}. 


89. IN CEwEM. Tête diadémée et buste barbares; le tout 
dans un grènetis. 

H. + LEODARDO N. Croix égale ; le tout dans une cou- 
ronne ou grènetis. 

Tiers de sou d'or. Poids, 45,20. Fin du vri° siècle ou 
commencement du vui.— Cabinet de M. Hyrvoix. 

M. Fillon, en publiant cette pièce, a proposé de l’attri- 
buer à Souesme , bourg du département de Loir-et-Cher *. 
Mais, d’une part, ce nom nè paraît pas être une traduction 
vraisemblable de Cesem; d'autre part, le revers, avec sa, 
croix au-dessus d'une croisette, dans un champ bien espacé, 
rappelle assez bien la fabrique limousine. Il existe dans 
l'ancien diocèse de Limoges, archiprétré de la Porcherie, . 


1 Voir le mémoire précité de M. Adr, de Longpérier sur les Monnaies épis- 
copales de Strasbourg et de Constance ( Recue numism., ann. 1857, p. 319-326). 

? Lettres à M Dugast-Matifeux sur quelques monnaies françaises, p. 84, pl. X, 
n° 6. — Cf. Lelewel, Num. du moyen dge, pl. III, n° 43, — M. Fillon fait mention 
d'un triens du musée de la ville de Saintes portant au droit In Cesemo, et au 
revers Boseleno m, et qui, suivant cet habile antiquaire, se rapprocherait par 
le style des monnaies d'Orléans; mais nous n'avons pu nous en procurer 
d'empreinte. 


ET DISSERTATIONS. 45 


sur ja rive droite de la Soudéne, à 5 kilomètres environ 
au nord-nord-est de Chambéret ', un lieu actuellement ap- 
pelé Montceix (Saint-Nicolas-de-), et à la fin du moyen âge, 
Montcese*, qui est évidemment formé des deux mots Mont 
et Cese*, comme cela a lieu dans Monte-Mediano, Monte- 
Bello, Monte-Broallo; si l’on replace les mêmes mots dans 
un ordre inverse qui est plus usité, comme dans Bello- 
Monte, Mediano-Monte, on trouve la légende de notre 
triens, Cese-M{(onte). Montcèse ou Montceix possédait un 
prieuré qui est mentionné dans les anciens pouillés du 
Limousin. Ce n’est cependant qu’à titre conjectural que 
nous proposons cette attribution. 


NONTRON (?). 


94. NONTRON ( Nontronx ou Nontroni). Tête barbare 
à droite. 

R. AVILALDVe . Croix ancrée à branches égales, poten- 
cée, avec deux points sous les bras. 

À. Tiers de sou d'or. Poids, 45,20. Commeneement du 
vin siècle. — Cabinet de M. le comte de Gourgue. 

Cette pièce, qui a été découverte à la Beaugisière en 
Vendée, est attribuée par M. Fillon, qui l'a publiée, à la 
ville de Nontron , aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement 


' Canton de Treignae, arrondissement de Tulle (Corrèze). 

2 Mss. Biblioth. impér., fonds Saint-Germain français, n° 878, t. II, et 
cart. 135 Ce lieu est nommé, en 1303, Montcesigo. Mas. Biblioth. impér., 
collect. Gaignières, t. 185, p. 25. 

® Cese désigne peut-être ici une montagne coupée, tranchée, dans uri but de 
fortification, comme cela a lieu au Puy-d’Arnac et au Puy-Saint-Clair à 
Talle, où existent deux coupures profondes pour isoler le proméntoire qui 
portait le castrum, et qu'on appelle encore dans les deux endroits Col du 
Tranchat, 7 


1862. — 2. 31 


h46 MÉMOIRES 


dans le département de la Dordogne, avant 1789 chef-lieu 
d’archiprétré et d’archidiaconé daas le diocèse de Limoges. 

Nontron est un lieu fort ancien, mentionné, dès 785 dans 
le testament du comte Roger, avec le titre de castrum Nun- 
tronense, et au commencement du xii° siècla, dans une 
bulle du pape Urbain II, sous le nom de castrum de Non- 
tron ‘, c'est-à-dire sous sa dénomination actuelle, identique 
avec celle de la légende de notre triens. Il fut, au x° siècle, 
le chef-lieu d'une centaine, circonscription judiciaire du 
Limousin”, et il n'a cessé d’avoir depuis une certaine im- 
portance dans l’ordre administratif comme dans l'ordre 
ecclésiastique. 

Malgré ces considérations, nous ne pouvons attribuer la 
monnaie dont il s'agit à Nontron en Limousin qu'avec ré- 
serve et à titre de conjecture, par le motif que l'effigie est 
d’un style orléanais très-caractérisé, et que ce n'est qu'à 
défaut de position géographique convenable dans ce pays 
que nous l’admettons provisoirement dans notre série. 


PAULIAC ( Corrèze ou Charente } ? 


92. PAOLIA<O. + Tête à droite, ceinte d’un double ban- 
deau perlé terminé sur la nuque par une double bande- 
lette; buste habillé, orné d’un rang de perles. 

À. GVNDOVALD —(?). Croix ancrée, fichée sur un globe. 

Tiers de sou d’or. Fin du deuxième-tiers du vr° siècle. 


1 « Dono etiam in Lemovicensi pago castrum Nunironense,» Dans Besly, 
Hist. des comtes de Poitou ef ducs de Guyenne, appendice; et dans Mabillon, 
Analecta actor. veter. — Mabillon, Acta SS. ordin. S. Bened. ,t. II, p. 663, a 
écrit Netronense (castrum |. 

3 Kx-chartul, S. Martini Turon., ch. an. 921. Mss. Biblioth. impér., résidu 
Saint-Gesmain, re 969, fol. 98-99, 


ET DISSERTATIONS. hh? 


Conbrouse, Recueil des monétaires des rois mérovingiens, 
pl. XXXVE, n° 2. — Atlas des monn. nation. de France 
(mérovingiennes ), pl. CLVIII, lettre E, n° 2. 

Cette pièce, que nous ne connaissons que par la gravure 
qu'en a fournie M. Conbrouse, rappelle assez peu les espèces 
limousines pour que nous hésitions à la réunir à notre 
série. Mais, d'un autre côté, on n’y voit pas de signe ca- 
ractéristique du monnayage d’un autre diocèse, et nous 
devons dès lors produire les témoignages écrits concernant 
deux lieux anciens du Limousin qui ont porté le nom de 
l'atelier inscrit en légende sur ce triens. C’est d’abord 
la villa Paotiacus, mentionnée au x° siècle comme étant 
eontenue dans la vicairie de Brive, et donnée au monas- 
tère de Tulle : « Et villam quæ est in vicaria Brivensi, Pao- 
« liacum dictam, cum vineis et omnibus ad ipsam perti- 
a nentibus... que omnia jn comitatu Lemovicensi, dono | 
a sancto Martino et monachis ejus'.» Ce village est Pauliac, 
près et au nord d’Aubazine, à l’est-nord-est de Brive (Cor- 
réze). Il est une autre localité appelée Pauliagus dans une 
charte du 1x* ou du x° siècle , et désignée comme faisant 
partie de la vicairie de Chassenon en Limousin : «In urbe 
« Lemovicino, in vicaria Cassanommense. ... Pauliagus villa 
a major *. » Cest de nos jours Pauliac, village au sud-ouest 
de Chassenon. Chacun sait que Paoliacus et Pauliacus ou 
Pauliagus ne sont qu'un seul et même mot’, et qu'il n’y a 
pas beaucoup d’importance à ajouter à ces orthographes 


t Testament. Ademari vicecomitis, circa ann, 930, dans Baluze, Hist. Tutel,, 
append., col. 334. 

2 Mss. Biblioth. impér., cart. 135, t. I*, p. 122. 

3 Nous avons la preuve direete de l'identité de Pacliacus et du Pauliacus dans 
ce fait que Pauliac sur Dordogne (canton de Bretenoux, arrondissement de 
Figeac (Lot) ), est appelé Pauliacus dans deux chartes du x‘ siècle (Cartulaire 


h48 MÉMOIRES 


différentes. Aussi, quoique la seconde des localités ci-dessus 
indiquées ne porte pas, comme la première, un vocable 
absolument identique au nom de notre atelier, nous croyons 
devoir la préférer par le motif : 1° que les ornements du 
buste se rapprochent de ceux des bustes poitevins, et que 
Chassenon est voisin du diocèse de Poitiers ; 2° qu’il existe 
déjà deux triens du Limousin (n* 83 et 84) signés d'un 
Gondovald comme celui de Pauliac, et qu'ils ont été frap- 
pés à Fursac, dans le nord du Limousin, c’est-à-dire à 
l'extrémité opposée à celle où se trouve le. Pauliac de 
l'arrondissement de Brive. 

Mais ces indications, cette préférence, nous ne les pro- 
duisons qu’à titre de conjectures , et jusqu’à ce qu'il nous 
soit permis de vérifier sur le métal même ou sur une bonne 
empreinte le style de la pièce dont il s’agit, nous n’enten- 
dong point exclure les lieux du même nom qui sont en 
grand nombre dans l’ancienue Gaule‘. Nous croyons pou- 
voir seulement restreindre la concurrence entre les villes 
et villages du Midi; car, autant qu'on peut en juger d'après 
la gravure de M, Conbrouse, notre triens est de fabrique 
méridionale. 


de Beaulieu, ch. XXX VIII et LXXILT), et qu'un manse tout voisin et dépen- 
dant de Pauliac prend, dans une charte du x1° siècle, le nom de Gauzbert 
— PAOLIACO, qui est évidemment une variante du nom de Pauliac. (Ibid. 
ch. LXXXII. ) 

1 Nous citerons entre beaucoup d’autres : 

1° Pauliac sur Dordogne, dans le Quercy septentrional , qui a été chef-lieu 
d'une vicairie aux 1x° et x* sièoles (Cartulaire de Beaulieu, ch. XXX VIII et 
LXXIII ) ; 

2° Pauliac sur la Gironde, qui a une importance commerciale considé- 
rable ; 

&° Paulhac, arrondissement et canton de Saint-Flour (Cantal). 


ET DISSERTATIONS. Ako 
PAGEAS (?). 


93. + PATICASO VIGO. Tête barbare à droite, teinte 
d'une couronhe terminée par trois bandelettes au sommet 
et deux bandelettes sûr la nuque; buste habillé. 

8. RACNVLFO M. + Croix tongue, ancrée, posée sur un 
point ou globule: 

Tiers de sou d’or. Fin du vir* siècle ou commencement 
du viir*. — Cabinet de M. Poey d’Avant'. 

94. + PATIGAwO. Tête nue à droite. 

ñ. DEORRICILO. Croix égale, avec un point aux quatre 
cantons, dans une couronne de perles d'où s échappent 
deux bandelettes. | 

Tiers de sou d'or. Fin du vit siècle ou commencement 
du vrn°. 

Revue numism., année 1838, p. 272, pl. X, n° 13. 

M. de Saulcy, en publiant la deuxième de ces pièces 
dans la Revue, n’a pas cru pouvoir en déterminer l’attribu- 
tion ; il a seulement indiqué comme pouvant la recevoir, 
Pageas, près de Chalus en Limousin (Haute-Vienne), et 
Patinges en Berry, arrondissement de Saint-Amand (Chet) *. 

En présence de dessins sf grossiers, qui annoncent l'ap- 
proche du vin siècle, il est bien difficile de déméler le 
type de nos deux pièces. Le mot de Patinges en Berry 
convient assez bien, car il ne nous offre qu'une n de plus 
que la légende du n° 94. Mais Pageas, chef-lieu de paroisse 


. 1 Les légendes seules ont été éditées par M. Fillon dans ses Études numism., 
p. 139. 

* M. Conbrouse parait avoir pré ifere Patinges ; toutefuis il accompuyñe ce 
nom du signe du doute (?). Rec. des monét. méroc., pl. XXXVF, n° 1. — 
Atlas, pl. 158, lettre E, n° 1. — Calal, rais., p. 89, n° 612, 


&50 MEMOIRES 


de l’ancien diocèse de Limoges, ne conviendrait pas moins : 
car suivant la loi générale, le nom primitif de Patigasum 
se serait naturellement contracté en Patgasum, puis Pagas 
et Pageas. 


SOL....CNOL (?) (lieu inconnu du Limousin). 


416. + 20L....CNOT (rétrograde). Tête à droite, ceinte 
d’un bandeau perlé terminé au sommet par une grosse 
perle ; buste orné de perles. 

+ ACEFEMARV™ (Adelemarus). Croix longue ancrée, 
baussée sur deux degrés; le tout dans une couronne. 

Tiers de sou d’or inédit. Or pur. Poids, 15,80. Fin du 
deuxième tiers du wii siècle — Cabinet de M. Ponton 
d’Amécourt. 

Le légende du droit de ce triens donne, dans le seus 
rétrogade (qui me paraît le plus vraisemblable), Sol....eno 
f (2), et dans l’autre Lonc....tos ou onc... .tos (2). Nous 
pe pouvons indiquer même conjecturalement son attri- 
bution géographique. Néanmoins, l'effigie, la couronne et 
le buste présentent, plus encore que ne le ferait juger la 
gravure que nous reproduisons, le style de la fabrique 
limousine. Les ornements ayant de la ressemblance avec 
ceux d’une monnaie de Brilliau-Fa (n° 108) et surtout 
d’une pièce de Vallière (n° 118), nous serions disposé à 
penser que le lieu d'émission de notre triens n'est pas fort 
éloigné de cette dernière bourgade. 


Arrivé au terme de notre description, nous devons passer - 
rapidement en revue les pièces qui ont été attribuées 
au Limousin par quelques auteurs, et que nous rejetons 
de notre série. 


ET - DISSERTATIONS. h51 


4° Les trois triens qui portent, dans la Kgende de droit, 
le nom d’ Areduno vico, et, au revers, les noms des moné- 
taires Fantolenus, Magnoaldus et Teodulfus ‘, ont été, dans 
le principe, attribués à Saint-Yrieix. Mais, d’une part, nous 
savons que cette ville du Limousin a été appelée primitive- 
ment Atanum, et sur les pièces mérovingiennes Scus (Sanc- 
tus) Aredius *; d’autre part, on a reconnu que le véeable du 
droit désignait Ardin en Poiteu (département des Deux- 
Sèvres), et c’est un point qui paraît aujourd'hui irrévoca- 
blement fixé. 

% Nous avons montré, à propos de nos triens dé Saïnt- 
Yrieix, que l’on ne pouvait pas non plus atwibuer à cette 
localité la monnate qui porte, d'un côté le nom de Clo- 
taire II, et de l’autre celui d’Aredi*: celai-ci désigne, à 
notre sens, un monnayer et non une localité, 

3° Deux triens de Bellomonte, avec les monétaires Au- 
diernus et Ermoaldus ‘. On a cru pouvoir placer dans l’une 
des localités limousines appelées Belmont ou Beaumont 
l'atelier d’où sont sorties ces deux pièces”, Des chartes 
de la deuxième race signalent en effet dans notre province 
des bourgades nommées Bellusmons. Mais cé vocable et les 
noms modernes qui y correspondent sont trés-répandus sur 
toute la surface de l’ancienne Gaule, et, si l’on s’en tenait 
à cette ressemblance ou même à l'identité de nom, on tom- 
berait dans un embarras inextricable. C’est alors, nous ne 


1 Revue numism., t. V, 1840, p. 105, pl. VI; t. VIT, 1842, p. 436. pi. MH; 
t. IX, 1844, p. 387 ct vignettes. 

2 Voir ci-deesns, dans le V* groupe, la description des n°° 42, 48 et 44. 

3 Obs supra. 

* Pièces du Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale. Cf. Bar- 
thélemy, Manwel de numismatique moderne, atlas des monn. méroving., n° 182. 

3 Bulletin de la Société historique et littéraire du Limousin, t, TV, p. 176. 


452 MÉMOIRES 


saurions trop le répéter, que l'étude des types et des styles 
diocésains est du plus grand secours. Or, dans l'espèce, 
les triens de Bellomonte ne présentent point le caractère 
de la fabrication limousine, et l’on a eu tort de les faire 
provenir de cette cité. 

4° Nous avons montré, à propos de Briva vico', que, 
par suite d'une mauvaise leçon de lettres liées, on attri- 
buait inexactement au bourg de Brive-la-Gaillarde une 
pièce qui, en réalité, portait au droit Brivate, et sortait 
de Brioude en Auvergne. 
. 6° La monnaie qui porte Bri+is ( Brizis), que l'on a lu 
Britis, a été attribuée à Bridiers, dans la Creuse (nord- 
est du Limousin). Mais, en premier lieu, Bridiers s’est 
appelé Brideriis ou Brideris, et non Britis; en second lieu, 
ce n’est pas ce mot qu'il faut lire, mais Brizis, l'x étant 
représenté par la croix qui vient après le premier i*. Il 
existe une autre pièce frappée à Brexis *, dont Brixis n’est 
qu’une variante; et ce mot, qui s'écarte tout a fait de 
Bridiers, s'applique très-bien à Bréche (Indre-et-Loire) 
dans la Touraine. 

6° On connaît deux tiers de sou d'or au nom de Raciate’. 
M. Maurice Ardant, qui en a acquis un récemment, croit 
qu'il est originaire de Razé, bourg situé en Limousin, au 
nord de Limoges * : c’est là, suivant nous, une opinion 


1 Voir plus haut la description du VII° groupe, et notamment des n* 62 
et 63. 

9 Cf. Revue numiom., 1840, p. 103, pl. VI. 

3 Jbid., 1839, p. 437, pl. XVIII. 

4 Ibid., 1845, p. 314, vignette. — Fillon, Considerations hist. ef artist. sur les 
monn. de France et Lettres à M. Dugast-Matifeur sur quelques monn. françaises 
inédites. ; 

3 Compte rendu des séances du congrès scientifique de France (session de 1859), 
t. Ier, p. 275-276. 


ET DISSERTATIONS. 463 


tout à fait erronée. D'un côté Razé n'est connu, dans les 
titres du xI° ou du xir* siècle, que sous le nom de Rases. 
: La petite ville de Rézé en Poitou, sur la rive gauche de la 
Loire, est incontestablement le Ratiatum (Pœriarov ), que 
Ptolémée place chez les Pictones, et le Ratiatinsis vicus de 
Grégoire de Tours au vi siècle. Mais ce qui est à mes yeux 
plus décisif encore, c’est le style de la pièce, qui n’a rien 
du Limousin, et présente , au contraire, le style du Poitou 
dans sa période de dégradation la plus avancée. 

7° La monnaie qui porte en légende Silaniaco — Alun- 
dantius (n° 97) est, ainsi que nous l'avons expliqué à 
propos du cinquième groupe et de Selaniaco (n° 33), com- 
plétement étrangère à notre série. 

| Max. DELocne. 


454 MÉMOIRES 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE LIEUX 


Inscrits en légende sur les monnaies mérovingiennes du Limousin. 











NUMÉROS | 
des pièces sar . . 
| NOM LATIN. les planches POSITION DE L'ATELIER, 
et dans le texte. 
| 
Abrianaco ! (dans le 
chanip Lomo). » Abriac (Corrèze ) ? 
[Peut - tire le même 
| qu Aprianco, | 
jAgenno. .. ...,.. 80 Ajain : Creuse). | 
pAmbaciaco. . . .. . .| 30,31 Ambazae ( Haute-Vienne). 
JAnaliaco, . . ...., 27 Naillac ( Creuse ). 
Aprianco,....... 37 Abriac ( Corraze ). 
Peut - être le même | 
| qu’ Abrianaco | 
Argenta vic. . . .. .. ro Argentat ( Corrèze )?. 
Artonaco. . ...... 
Artunaco oico. . . . .. os ber Arnac-Pompadour ( Corrèse |. | 
Baracillo. , ... 29,111 ours 
Le même que Bricilloo, 108° 109, 110 | Brillisu-Fa (Creuse ). 
Barro castro. .... 88° Bar-sur-Corréze (Corrèze ). | 
| Binenate pago.” .... 68 Beynat ( Corrèze). 
| Blatomago. .. . . . . .| 73,74,75 | Blon ou Blond Haute-Vienne). 
| Blatomo Sci Mart ini 76 Blon ou Blond ( Église de ) ( Haute- | 
Boneculias ou Bonecu- Vienne }. | 
lius. . ..... .. 86 Bonœil ( Indre ). 
Breciaco (pour Berciaco: 128 Berchat (Corréze) ou Bersac (Haute | 
ienne ) 
. Voir plus ‘haut Baracillo, le meme | | 
| Bricilloo. . . .. . .. 108, 109, 110 ne Brici illoo. 
|Brlliaco. . . ..... 85 | Brillac ( Charente). 
Briona, ss... 2 | Brionne ( Creuse ). 
Brioa vico. . . . . .. 62,63 Brive-la-Guaillarde ( Corréze ). 
Cabanisio........ 46 Crabanais dk nev, € 
+ . habrac . Voir Cantriaco 
Cabiriaco vico.. . . .. 54 n° 55 L Curisiaco u° 5. | 
Cabrianevco. ...... 35, 36 Chabrignac ( Corrèze). 
Cantriacocico.. . . . . 55 | 
Pour Cabiriaco vico? . n Voir Cabiriaco. | 
{Carovicus. . .... +. 18 Chervix ( Haute-Vienne ). 
[Cese monte (In)?. . 89 Voir In Cese m{onts) ? | 
| 


1 Deux tiers de sou appartenant à M. le comte de Chasteigner, de Bordeaux, | 
portent cette inscription en légende. Com me nous n'en avons pas eu les empreintes | 
à notre disposition, nous n'avons pu ni les décrire ni les faire graver sur nos plan- [ 

1 ches. Nous les indiquons d'après le Comp/e rendu du congrès scientifique de France 
| (session de 1859), t. 1°", p. 373, 





ET DISSERTATIONS. 











NUMÉROS | 
des pièces sur | . . . 
NOM LATIN les planches POSITION DE L'ATELIER. 
et dans le texte. | 
Choisser, . . . . + 125 Lieu inconnu du Limousin. 
ICiciaco. . . ... .... 124 Cissac ( Corrèze ). 
[Cintiniaco.. . . . . .. 38 Co 
| : Place décrite d'a- ! Chignac (Corréze}. 
| Cintinaco. . . . . . .. près Coal | go 
]Cociaco. . . . . . . .. 34 Coussac-Bonneval ( Haute-Vienne). 
IConpriniaco. . . . . . . 11 Compreignac ( Haute-Vienne). 
}Cornilio castro. , 64,114 Corn‘l ( Corrèze ). 
Curisiaco vico.. ... 56, 57.58 | Curaac ( Haute-Vienne). 
| Danacohi vic.(Dahinaco) 104 Dagnac ou Dignac (Corrèze }? 
| Eburio castro ‘E.R. dans 
i le champ, Ecclesiæ 
Ratio). ....... 53 Eyburie (Corrèze. ) 
[Egalo. . ........ 121 Eyjaux ( Haute-Vienne). 
| Esandone ss. , 115 Yssandon ( Corrèze ). | 
}iepaniace., . . . . . . 70 . 
Le même que Spaniaco. 71 Espagnac ( Corrèze). 
| Evira vico 61 { Lien inconnu dn Limousin, dans le | 
| Ferruciacs. 90.8 | voisinage de Naves ( Corrèze). 
| Ferruciaco....... . , 83 
i Le mêmeque Firruciac. 84 | Fursac ( Creuse ). | 
IGoemehaco.. .. . . . . 16, 90, 99 ; 
| Le même que Gemiliaco| 14,15 Jamillac (Grand- ) ( Dordogne ). | 
{Glanonno. . . . . , .. 126 Glanne (Lot) ou Glény (Corrèze;. 
iin Cese m(onte?). . . . 89 Montceix (St. Nicolas-de-) (Corréze) 
Lemovecas.,...... §,6,7,8 ! 
j[ Le] movicrs o. 10 
; ot - | 
| Lim... Civi. . . . .. 4 Limoges ( Haute- Vienne). 
| et 
ILimodecas.. . ....,. 91 
ILimovegas. . . . . . . 122 i 
| Lemoviz (Rutio Eclisiæ). 1 | Limoges ( Egli-e de). | 
[Loco Sancto...... - 3 | ! 
ILe même que Luco 
| Santco........ 24,101 Liew inconnu du Limousin. 
et 
Loco Santo. . . . .. | 22, 102, 103 
Marciaco..... ‘ 20,105 Marsao ( Creuse ). 
| Maugonaca. . ..... 19 Magnac-Bonrg ( Hante- Vienne). 
| Medianocta....... 17 Maïsonnais ( Charente). 
[Montiniaco. ....., 79 Montignac ( Creuse ). 
| Nontrony on Nontroni ? 91 Nontron ( Dordogne )? 
iNovoaniru. .. ., .. 120 Nouhant (Creuse ). 


| 


2 Tl existerait en outre, d'après le témoignage de MM. Conbrouse et Guillemot, 
1 deux triens de Lemoveeae qui ne sont pas gravés dans nos planches. Le ne 6 figure 
deux fols sur nos planches : la bonne gravure est sur l'avant-dernine planche. 
$ Cette pièce figure deux fois sur nos planehes : ls boane gravure est dans ja 
| dernière planche. 


456 MÉMOIRES 


| NUMÉROS 








| 
NOM LATIN. pe anche POSITION DE L'ATELIER. 
et dansietexte. 
[Novo vico 1 ,..... 77, 78,123 | Nouïe ou Novic ( Haute:Vienne } | 
| Palatium ( Eclis[iae] Ra- 
1) eee 21 Le Palais (H aute- Vienne. 
| Paoliaco. cs... 2 Pauliac ( Corréze ) ? | 
aticaso vigo. ..... 
| Le même que Patigaso. Pageas | Hante-Vienne ) ? 
| Petraficta........ 25 Peyrafiche ( Haute-Vienne). | 
[Pino. ... ..,. ....1 106,107 Pineau ( Haute-Vienne ). ! 
tl Potento. . .....,. 95 Château-Ponsat (Haute-Vienne). | 
Racio Aeclis-L.E.M.O. . 2 | 
Racio Aeciusme ( lisez ‘ : 
Aeclisiae).. . € .. 3 Fa de Limoges. | 
Ratio Aeclis.-Lemoviz. . 1 | 
R.E. (Racio Ecclesi). - 53 Voir Eburio. 
Rico Dunin. . ., ..; 45 Rieu près Dun ( Creuse ). 
Ricisum (?). . . .. \ 65 Lien inoonnu situé dans Ja Corrèze. | 
Rufiacu. ........ 117 Rouffiac (Cantal }. | 
Sagilions ou Sugilione 
icO.. . . . . . . oe 81 Voir Sugilione. | 
Sagraciaco. , . . . .. 40 
Le même que Saraciaco " Voir Saraciaco. | 
Sagraciaco(*). . 96 
Douteux qu'il soit le | 
même que Saractaco. ” 
Sa....co (Saltiaco? ) * 2. 66 Seilhac ( Corrèze). 
Salviaco.. .. . . eee 26 Sauviac ( Haute-Vienne ). 
Saraciaco.. , 39 | | 
Le méme que Sagra- | Sarersc (Dordogne ). 
ciaco. . . . . . .. 40 Dord ) où Sa | 
S....niaco (Saviniaco on! Savignao ( Dordogne ) ou lagnac | 
"Santa, eee es al Corrèze). Voir Selaniaco. 
Sci Martiini) Blatomo. . 76 Eg opt Blon ou Blond. Voir Blato- | 
Sco Aredio. . .,. 42,43 
Le même que Sco Aro- Saint-Yrieix ( Haute-Vienne ). 
dio 3. . e * e e 6 e e 44 
Selaniaco........ 33,127 Salagnac (Corrèze). Voir S.. 
Sennamauro*,..... 12 Sennur (Morterol-) (Haute-V ionue) 
Serotennum,...... 13 
Seroenno. . . . . . .. 69 
et Sarrou ( Corrèze). 
Sironno. . . . . : . .. 100 
Silaniaco. . . . 5. :. 97 { Lieu étranger au Limousin, proba- 


{ blement en Orléanais. | 
i 
i Jl existe une quatrième pièce de Noulc ( Novovico ) signée du même monétaire 
que les nee 77, 78 et 125.et décrite par Conbrouse (Atlas des monn. nat. méroving.). 
3 La Bibliothèque impériale possè te un second triens décrit dans notre texte. 
3 Il y a aussi une pièce à ls légende Scus Aredi, décrite d'après Bouteroue. 
à Un deuxième triens, décrit dans le texte, cst absent de nos planches. 


ET DISSERTATIONS. 457 


POSITION DE L'ATELIER. 


Localité dn Limousin encore incon- | 
nue. 


Voir Espaniaco. 


Lieu inconnu du Limousin. 
| Teillol { Corrèze ). 
Turenne ( Corrèze |. 


Uzerche ( Corrèze ). 
1 Userca rastrum. . ... 
| Ussalia C. (rastrum). . Ussel ( Corrèze ). 
Vallarta vico 1 Vallière ( Creuse ). 
i See | 113 Lieu inconnu du Limousin. 


1 ll existe au cubinet des médailles un troisième triens avec la même légende. | 





458 MEMOIBES 


TABLE DES NOMS DE PERSONNAGES 


Inscrits sur les monnaies mérovingiennes du Limousin. 


Nota. Sauf le nom Clodoveus inscrit sur les n** 4 et 67, et qui désigne le roi 
Clovis II, tous les noms de personnages doivent être, suivant nous, considérés 
comme étant ceux de monnayers. 


NOMS NUMÉROS NOMS NUMÉROS | 








des pièces sur des pièces 
| PES FERSONNAGES. les planches. DES FRESONNAGBS. les Planches. 
} Abundantius.. . . . .. 97! Charvaricus.. . . . .. 32 
lAcolenus. ... .... 76 Clodoveus, rez. . . . . 4 
LAcu...von 50? .. . . . . 81 Clodoveus. . oe 67 
| Adelemarws.. ..... 116 Costa...ianus (Constan- 
Ado... . 2. ee ee 128 tianus). . . . . . . . 87 
| Aeguifos.. ce ee eee 29 Cudovaldus. .... 124 
 Ansomnaus . . . . . . 9 Cundovaldus où Gunde- 
Ansoinius. . . . . ... 122 vaidus. Voir Gande- 
LArrilordus.. .. 2.6. 8 value, . cece .. 17 
f Ascaricus.. . .. ... 7 Decoaldas,. . . .. + -| 23,24.102 | 
| Audoaidus.-. . . . +. 38 [Daco}etdus (7). cs... 103 | 
Audobodus.. . . . .. . 27 dus. .... 101 
Ausontus . . . . . .. 14 Daocolum.. . ..... 59 
Autharius . . ... . . .| 35 36,37 || Dawlfus........ 5 
Actlaidue,...- cee 91 Deorricilus. . . . . . - 94 
Batdenus. ......-| %54,55,56 || Diacioaldio pour Da- 
Baselinnus........ 50 coaldo...... ee 22 | 
| Basthanss.. . ..... 49 Domulfus. . . .... 2 | 
| Boudegiseius. . . . .. 100 E..dechisilus. . . . .. 126 | 
| et Elian(us| ?. 113 | 
Bavdigiselus. . . . . .| 13et69 = || Elicit pour Eligius dans 
Baudolefius %. .. ... 43 le champ. ... .. 4 
pBaudolenus... . . .. 42 Eodulfus........{ 79,120 
Betto......... . 33 Eosevius.. . . . . . .. 96 | 
Bobbolus. . ... eee 80 Eperinus. .. . . . .. 85 
Bodo. . .,.. .... 89 E....udrive ou F....0- | 
Bonoaldus.. , . ... . 34 drius .....,.. 44 | 
| Bonus... ....... 64,114 Falco........,.,: 63 
| Boselinus a. . “ Flanulfus®,.... 2. " | 
Dose 10 77,78, 123 et | 
| Bosolenus |. 66 Flaulfus. ... 1... peut-être 86 | 
| Cadolefius (gravé à tort Fravardus.. . , . . . .] 67,58 
pour Baudolefius) . 43 Glavio. .......| 72,498 
[Ceranius, so. 20,105 ||Gondolenos....... 70 


| ‘ Cette pièce n'a pas été frappée en Limousin ( voir dans la table précédente au | 
| mot Silaniaco ). 

9 On a gravé C'adolefus, mais à tort. 
| 3 Pfèce décrite dans le texte, mais non gravée sur nos planches. 
] + Pièce décrite dans le texte, mais absente de nos planches. 


ET DISSERTATIONS. 459 


7 | 
NOMS NUMÉROS | NOUS NUMÉROS 


| des pièces sur! des pièces surf 
| DES PERSONNAGES. les planches. DES PERSONNAGSS. les pianches. | 
| 


iGruellus ou Gruello. . 61 | Paseincius.. wee. 
Gundoaldus...... 83, 84 | Plooridus. ce ee 
Gundorald.. ...... 92 | Racnulfue..... 
1 Gundovaldus ou Cundo- | Ridulfus.. . . . . 

| Satornus. . . . 


| Teodoa ou Telafus. . : 


eee Teodoaldus, ..... 
oo 1 Teodolenus. . . . . 


rn 51 ee 
| Moderaius.. . . . . . .| 28,108,109 | roe ce 
iMod ...uus (corrompu | Vadolenus 3. . 


de Moderatus). . . 
?). 








460 MÉMOIRES 


ESSAI 


SUR 


L'HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE 
DE LA MAISON DE BOURGOGNE, 


ET DESCRIPTION DE LEURS MONNAIES D'OR ET D'ARGENT. 
(PI. XVIII.) 


Sixième et dernier article. — Voir page 351. 


Mame (1477-1484). 


A la mort de Charles le Téméraire ', les vastes possessions 
des ducs de Bourgogne devinrent l'héritage d'une jeune 
fille, Marie, qui se trouvait ainsi subitement devoir faire 
face aux nombreuses complications qui allaient surgir de 
cet événement inattendu. Je n'ai pas l'intention d'entrer 
dans le détail des moments difficiles que la princesse eut 


1 Depuis la publication du chapitre sur les monnaies de Charles le Témé- 
raire, M. Dewismes est devenu possesseur d’un double briquet de ce prince, 
qui est une variété notable des n° 69: à 74; pl. XI, n° 65. Cette variété 
consiste en ce que, du côté des deux lions affrentés, on lit la légende SALVV : 
FAC:POPVLV:TVV:DOMINE: 1474: et que du oôté de l’écusson la légende 
est: KAROLVS.DEI:GRA:.DVX:BORG:COM:FL. Les types sont d’ailleurs 
les mémes, il n’y a que la transposition des légendes, comme on le voit; c'est 
donc un coin essentiellement différent des autres qui a dû précéder, du moins 
je le pense, ceux que je viens de rappeler. 


4 


ET DISSERTATIONS. h61 


à traverser dans le commencement de son règne ni des 
avanies que lui firent subir les Flamands révoltés et parti- 
culièrement les Gantois ; cela sortirait entièrement de mon 
sujet. Il paraît d’ailleurs peu probable qu'au milieu de tous 
ces troubles et des chagrins qu'ils lui causaient, Marie ait 
eu le loisir et méme la pensée de s occuper de ses monnaies. 
I] pourrait même se faire que les Gantois, un moment vic- 
torieux après la mort d'Hugonnet et d’Himbercourt, aient 
pris sur eux de faire continuer le système monétaire adopté 
par Charles le Téméraire en changeant seulement le nom. 
Cependant tel n'est pas mon avis, et je pense que les ré- 
voltés eussent regardé à deux fois à usurper des attribu- 
tions appartenant essentiellement au souverain; je crois 
aussi que la princesse, vu les embarras nombreux dont elle 
était assaillie, ne put s'occuper qu'ascez tard de ses mon- 
naies. Du moins jusqu’à présent nous ne connaissons pas 
de pièces au nom de Marie portant la date de 1476, ce qui 
aurait pu être à la rigueur. son avénement ayant eu lieu 
à la mort de son père, le 5 janvier, et l’année finissant à 
Pâques, c'est-à-dire le 6 avril. D'un autre côté, il me paraît 
également certain que la reprise du monnayage au nom 
de la duchesse eut lieu avant son mariage avec Maximilien, 
archiduc d'Autriche, dans Je mois d’aodt 1477, car nous 
trouvons dans les registres aux mémoires de la chambre 
des comptes de Lille la mention suivante : « Le 12 juin 
4477, Gérart Soyet, maître général des monnaies de la 
duchesse, avertit messieurs des co.nptes qu’il ne pourra 
assister à la journée du 15 assignée aux monnayeurs pour 
être présent à l'ouverture des boîtes, qu'il demande de 
remettre au 1* juillet’. » 


1 Ragistre côté M 24 (1478-1500 ), f. xxvi v°. 
1862.— 6. 32 


hoe MÉMOIRES 


Les documents monétaires relatifs à la période que nous 
examinons en ce moment sont très-rares. Les archives de 
la chambre des comptes de Lille, qui avaient été d’un si 
grand secours jusqu'ici, nous laissent presque compléte- 
ment sans ressources, Ce fait s'explique lorsque l’on saura 
que depuis Je mois de février 4473 (v. st. ), les chambres 
des comptes de Lille et de Bruxelles se trouvèrent réunies 
à Malines jusqu'au mois de juillet 4479. Durant cette 
période, on comprend que l'envoi des instructions moné- 
taires et autres documents du même genre dut être fait à 
la nouvelle chambre des comptes et non aux anciennes. 

Bien que nous n’ayons pas la première instruction déli- 
vrée aux maîtres particuliers de la monnaie de Flandre, 
sous le gouvernement de Marie de Bourgogne, comme l’in- 
spection des monnaies de cette princesse, où désormais 
les dates d'émission sont indiquées, nous permet de nous 
assurer qu'elle ne changea pas de types ni de système tant 
qu’elle vécut, il n'est pas, je pense, téméraire d'avancer 
que cette instruction devait être identique, sinon par les 
termes, du moins pour le fond. à celle du 4 décembre 1480, 
dont je parlerai plus loin en son lieu et place. Ce même 
examen des monnaies nous fait connaître qu’elles portent 
toutes exclusivement le nom de Marie, et jamais celui de 
Maximilien. Il n'est pas probable que les États de Flandre, 
à l'instigation desquels ce mariage s'était accompli, eussent 


1 Que sont devenues les archives des deux chambres réunies ? C’est ce que 
j'ignore : elles ne sont pas aux archives du royaume, à Bruxelles, car M. Ga- 
chard, directeur général desdites archives, n’a pu nous fournir que l'indication 
d'ordonnances monétaires relatives au Brabant, en date du 10 novembre 1477 
et du 1° avril 1479. Je lui dois néanmoins des remerciments pour l’obligeance 
qu’il a eue en cette occasion. Peut-être que le renseignement que je donne, 
puisé dans le registre aux mémoires précités, mettra-t-il sur la voie de la dé- 
couverte des archives de cette période. 


ET DISSERTATIONS. h63 


toléré qu’un nom autre que celui de leur souveraine parût 
sur les monnaies, contrairement au précédent qu'avait 
établi Philippe le Hardi lors de son avénement au comté de | 
Flandre. Mais ce fait n’empéchait pas que les ordonnances 
monétaires, de même que toutes les autres, fussent rendues 
au nom de Maximilien et de Marie. C'est en effet ce que 
nous voyons dans celle du 12 octobre 1478, où le duc et 
la duchesse fixent le cours des monnaies d’or et d'argent 
dans toute l’étendue de leur domination. Cette ordonnance, 
qui relatait l'indication et la valeur des monnaies dans 
leurs États, contenait en outre plusieurs mesures de police 
‘ destinées à empêcher le renchérissement arbitraire du prix 
des espèces, et l'exportation du billon, Voici, du reste, 
quelques-unes des dispositions principales qui y sont ren- 
fermées. 

Les officiers du souverain sont autorisés à faire des visites 
domiciliaires chez ceux que l’on soupçonnerait capables de 
changer le coin de la monnaie, ou de se livrer à l’exporta- 
tion du billon. — Les changeurs auront publiquement sur 
leur comptoir ou table d'échange des rasoirs pour couper 
immédiatement les pièces hors de cours qui leur seront 
présentées. — L'achat du billon en petite quantité ne sera 
plus permis sans des lettres spéciales du souverain, et 
ceux qui se livreront à ces opérations seront tenus de 
porter sur-le-champ le billon à la monnaie, — Les mon- 
paies déclarées hors de cours seront considérées comme 
démonétisées par le fait même et le jour de la publication 
de l'ordonnance. — Une amende assez forte, outre la 
confiscation des pièces, est prononcée contre ceux qui 
mettraient en circulation les monnaies prohibées. Si les 
contrevenants sont trésoriers, receveurs, aubergistes, 
changeurs, etc., etc., ils payeront un tiers en sus de 


AGA MÉMOIRES 


l'amende. En cas de récidive, la peine est le double de 
l'amende, et le bannissement pour dix aus. — Tous ceux 
qui exporteraient du billon en fraude seront punis d'une 
amende de 42 livres de gros par marc d'or, et de 6 florins 
de Bourgogne par marc d'argent. L'action judiciaire contre 
eux pourra s'étendre pendant un an et un jour. pendant 
laquelle durée ils seront passibles de l’amende s'ils sont 
convaincus du fait, et de plus bannis pendant cinq ans 
s'ils ne retrouvent pas le billon. — L'introduction des mon- 
naies étrangères prohibées, et leur mise en circulation pour 
une valeur plus grande est défendue sous peine d'amende, 
outre la confiscation. — Il en sera de même à l'égard de 
ceux qui transporteraient ou seraient soupçonnés trans- 
porter aux monnaies étrangères les espèces ayant cours. 
— Les maitres particuliers des monnaies qui n'ont pas 
encore fourni de cautionnement, seront tenus d’en verser 
un entre les mains du président de la chambre des 
comptes ?. 

Tel est sommairement ce règlement, qui montre l'im- 
portance qu'attachaient le duc et la duchesse au bon 
maintien des monnaies dans leurs Etats, et fait connaître 
les mesures qu'ils croyaient devoir prendre dans l'intérêt 
du commerce. 

La ferme des monnaies avait lieu ordinairement pour 
trois ans, et il est naturel de penser que le bail passé peu de 
temps après l’avénement de Marie de Bourgogne était expiré 
dans le cours de l’année 1480. En effet, nous trouvons dans 
les registres aux mémoires de la chambre des comptes la 
mention suivante : « 17 novembre 1480: La monnoie de 


Archives de la chambre des comptes de Bruxelles, reg. 135, f 136 (charte 
ep flamani ). 


ET DISSERTATIONS. A65 


« Flandres der. forgée à Bruges, à présent vacant, a esté 
« publyée tant aud. Bruges que en ceste ville de Lille et 
« ailleurs à bailler à ferme, et demourer au dernier rabais- 
a sant icelle à la chandeille que pour ce sera allumée en 
« ceste chambre des comptes le xxvi* jour de novembre 
« mil 1° nn“ prochainement pour y entrer xv jours 
« après'.v Mention qui est bientôt suivie d'une autre 
constatant que l’adjudivation de ladite monnaie a eu lieu 
le 5 décembre à Nicolas le Vingneteur, fils de Marc, bour- 
geois demeurant à Bruges, au prix de xxili gros par marc 
d'or, et vi gros par marc d'argent, pour droit de seigneu- 
rage. Le bail était fait pour trois ans, à moins, est-il ajouté, 
que Mons” fasse faire un nouveau pied de monnaie d'or et 
d'argent, auquel cas, ladite ferme cesserait. 

Ce fut en suite de cette adjudication que fut donnée 
l'instruction suivante, qui porte, je ne sais trop pourquoi, 
dans le registre de la chambre des comptes la date du 
h décembre ; à moins que ce ne soit celle qui ait servi de 
base à l’adjudication ; ce qui pourrait être, vu la différence 
que l'on remarque entre le droit de seigneurage pour la 
monnaie d’argent et celui mentionné dans la note rap- 
portée ci-dessus. Quoi qu'il en soit, voici cette instruc- 
tion : 

« Premièrement le maistre particulier de ladite monnoye 
« fera ouvrer le florin de Bourgoigne tel que par cy devant 
« en la manière que s'ensiet : Assavoir à dix neuf karas, 
« nobles d'Angleterre Henricus comptéz peur fin, aliéz de 
« quatre karas d'argent et ung karat de euivre; de six sols 
« au marc de taille dont l’aguille se baillera audit maistre 
«et aliée au mesme aloy et au reméde d’ung grain et demy 


+ Registre M, cité ci-dessus, {° 2x1111. 


466 MÉMOIRES 


«en aloy et de demy esterlin en poix sur chacun marc 
« d'œuvre. Lesquelz deniers il fera ouvrer beaux et ront et 
« taillé de bon recours ; c'est assavoir que le plus feble 
« sera taillé à ung asquin près du droit, et le plus fort à 
« ung asquin plus fort que le droit, au remède de trois 
« fors et trois febles, qui pourront estre plus febles, les- 
« dits trois febles trois vin‘ de ferlin et non plus, et lesdits 
« trois fors, trois vir* de ferlin sans quelconque autre re- 
-« mède de fort ne de feble. » 
a Item ledit maistre donnera aux marchans de leur marc 
« d’or tel que dessus 111 vu |. vs. d’empirance et si leur 
« donnera de chacun marc d’aloy v |. xr1 s. dite monnoye 
« d’empirance. » 
« Item ledit maistre payera au prouffit de monseigneur 
« le duc tous les remèdes qu’il aura prins es poix et en 
« aloy et si paiera au prouffit de mondit seig' pour son 
a droit de seignouraige de chacun mare d’or fin qu’il aura 
a ouvré en ladite monnoye xxl gros compté ledit florin 
« de Bourgoigne pour quatre sols gres. » 
« Item ledit maistre fera ouvrer ung denier blanc nommé 
« double patart à dix deniers argent le roy et de six sols 
« huit deniers au marc de taille au remède d'ung grain 
«en aloy et d’ung demy d’iceulx deniers en poix sur le 
a marc d’euvre, leque} denier il fera ouvrer bel et ront et 
« taillier de bou recours : c'est assavoir le plus feble sera 
a taillié à ung var‘ de ferlin près du droit, et le plus fort à 
« ung vi‘ de ferlin plus fort que le droit, au remède de 
« quatre fors et quatre febles, qui peurrent estre plus 
« febles, lesdits quatre febles demy ferlin et nen plus, et 
« lesdits quatre fors demy ferlin sans quelconque autre 
«remède de fort ne de feble; et donnera ledit maistre 
«aux marchans, d’ung marc d argent le roy, trente sols 


* 


ET DISSERTATIONS. 207 


« huit deniers gros, à compter ledit denier pour quatre. » 

« Item ledit maistre fera ouvrer ung denier blanc nommé 
a patart à cinq deniers argent le roy, et de six sols huit 
« deniers au marc de taille. au remède d'ung grain en aloy 
«et d’ung demy d'iceulx deniers en poix pour Je marc 
« d'œuvre, lequel denier il fera ouvrer bel et ront et taillier 
« de bon recours. C’est assavoir que le plus feble sera 
« taillié à ung vin de ferlin près du droit et le plus fort 
a sera taillié à ung vuir* plus fort que le droit au remède de 
u quatre fors et quatre febles, qui pourront estre plus 
« febles lesdits quatre febles demy ferlin et non plus, et 
« lesdits quatre fors demy ferlin sans quelconque autre 
« remède de fort ne de feble, et donnera ledit maistre aux 
« marchans du marc d’argent le roy qui est au dessoubs de 
«six deniers d’aloy, trente sols quatre deniers gros, à 
« compter ledit denier pour 41 gros. » 

« Item ledit maistre fera ouvrer ung aultre denier blanc 
« nommé gros à trois deniers x11 grains d'argent le roy et 
« de dix sols onze deniers au marc de taille au remède 
« d’ung grain en aloy et de deux d’iceulx deniers en poix 
« sur chacun marc d'œuvre en taille, lequel denier il fera 
« ouvrer bel et ront et taillier de bon recours ; c’est assavoir 
« que le plus feble sera taillié à ung quart de ferlin près du 
« droit et le plus fort sera taillié à ung quart de ferlin 
« plus fort que le droit, au remède de six fors et de six ° 
« febles, qui pourront estre plus febles Jesdits six febles, 
« ung ferlin et demy et non plus, et lesdits six fors ung 
« ferlin et demy sans quelconque autre remède de fort ne 
ede feble dont Ja traitte du marc d'argent le roy sera de 
a XXXNIS. 111 d. v mittes et ung tiers laquelle traitte reva- 
« luée à monnoye courant à cause du 1x° denier de creue 
a qui monta xxxVL S. vd. Lu inittes gros pour équipoler 


h68 MÉMOIRES 


« ledit denier gros qui depuis le denier du double et simple 
« patart a esté fait & cause de ladite creue : ledit maistre 
« donnera aux marchans de ladite monnoye courant 
« XXXITI 8. 1d. ob. courans. » _ 

_ « Item ledit maistre fera ouvrer ung autre denier blanc 
« nommé demy gros à trois deniers d’aloy argent le roy et 
« de dix huit solz ung denier en taille pour chacun marc, 
« au remède d'ung grain en aloy et de huit d'iceulx deniers 
« en poix pour chaeun marc d'œuvre lequel denier il fera 
« ouvrer bel et ront et taillier de bons recours, c'est assa- 
« voir que le plus feble sera taillié à ung quart de ferlin 
« près du droit et le plus fort sera taillié à ung quart de 
« ferlin plus fort que le droit, au remède de huit fors et 
« huit febles, qui pourront estre plus febles lesdits visi fe- 
« bles, demy ferlin et non plus, et lesdits huit fors demy 
« ferlin sans quelconque autre remède de fort ne de feble, 
« dont la traitte du marc d'argent le roy sera de xxx s. 
« Wid. xut mites et ung tiers. laquelle traitte revaluée à 
« monnoye courant à cause dudit 1x° denier de creue, mon- 
atant xxxvui s. x d. gros pour équipoler ledit denier 
« comme dessus, qui depuis le denier du double et simple 
« patart a esté fait à cause de ladite creue : ledit maistre 
« donnera au marchant de ladite monnoye courant xxxuini s. 
«id. ob. courans, » 

.« Flem ledit maistre fera ouvrer ung autre denier blanc 
«nommé gigot à deux deniers d'aloy argent le roy et de 
«xxv s. vid. en taille pour chaeun marc au remède d'ung 
« grain eu aloy et de dix d’iceulx deniers en poix ; lequel 
« denier il fera ouvrer bel et ront et taillier de bon recours. 
« C’est assavoir que le plus feble sera taillié à ung quart 
« de ferlin prés du droit, et le plus fort sera taillié plus 
« fort que le droit ung quart de ferlin au reméde de dix 


ET DISSERTATIONS. 469 
a fors et de dix febles qui pourront estre plus febles, lesdits 
a febles deux ferlins et demy, et lesdits fors plus fort deux 
a ferlins et demy sans quelconque autre remède de fort 
« ne de feble; dont la traitte du marc d'argent le roy sera 
« de xxxil1s. vd. vint mittes; laquelle traitte revaluée à 
« monnoye courant à cause dudit 1x° denier de creue mon- 
a tant XXXVIN 8. IX d. gros pour équipoler ledit denier 
«gros comme dessus qui depuis le denier du double et 
« simple patart a esté fait à cause de ladite creue; ledit 
« maistre donnera au marchant, de ladite monnoye cou- 
@ rant xxxili1s. 1d. ob. gros. » 

« {tem ledit maistre fera ouvrer ung denier noir nominé 
« courte en valeur de deux mittes à vil grains de loy argent 
« le roy et de xvui s. en taille pour chacun marc d'œuvre 
« au remède d’ung grain en aloy et de douze d’iceulx de- 
« niers en poix ; lequel denier il fera ouvrer bel et ront et 
a taillier de bon recours; c'est assavoir que le plus feble 
« sera taillié à ung quart de ferlin près du droit et le plus 
a fort sera taillié plus fort que le droit ung quart de ferlin, 
« au remède de douze fors et douze febles sans plus; dont 
‘a la traitte du marc d'argent le roy sera de xLvint s., la- 
« quelle traitte revaluée à monnoye courant à cause du 
« 1x° denier de creue montant Lil S. gros pour équipoler 
« ledit 1x° denier gros comme dessus qui depuis le denier 
« du double et simple patart a esté fait à cause de ladite 
« creue ; ledit maistre donnera au marchant de ladite mon- 
« Doye Xxx! 8. 1 d. ob. gros monnoye courant. » 

« Jtem ledit maistre sera tenu de paier à monseigneur 
«le duc tous ies remèdes qu’il aura prins en poix et en 
« aloy sur tous les deniers et si paiera au prouffit de mondit 
« seigneur, pour son droit de seignouraige de chacun marc 
« d'argent le roy qui sera ouvré en ladite monnoye, sept 


470 MÉMOIRES 


« gros six mittes à compter le double et simple patart 
« pour li et pour H gros. » 

On remarquera, dans cette instruction, les noms adoptés 
généralement pour la désignation des monnaies, ce que 
nous n'avions pas encore vu jusqu à présent. De plus, afin 
d'empêcher Ja disproportion qui pourrait surgir entre le 
nombre des monnaies mises en circulation, le duc et la 
duchesse ont soin de stipuler ce qui suit : 

« Item et affin que chacun puist estre sorty desdites 
« menues monnoyes et aussy que l’on n’en soit trop multi- 
« plié ne fourny. ledit maistre ne pourra forgier que contre 
« cent mars de semples patars, cinquante mars de gros, et 
« contre cinquante mars de gros dix mars de demy gros 
a et à l’encontre de dix mars de demy gros, cing mars de 
« gigos et ce jusques à ce que aultrement y soit ordonné 
« par les généraulx maistres desdites monnoyes qui lors y 
« pourvoiront selon les bas billons qui lors viendront à 
« ladite monnoye pourveu toutevoyes qae ledit maistre 
« pourroit bien forgier plus largement de semples patars 
« sans forgier des gros ne autre menue monnoye à I'ave- 
« nant se bon luy semble, mais ne pourroit forgier icelle 
«menue monnoye sans forgier à l'avenant iceulx cent 
« mars de semples patars comme dit est. .» 

Le bail fait avec le maître particulier Nicolas le Vingne- 
teur ne put avoir toute sa durée, puisque la duchesse Marie 
mourut des suites d’une chute de cheval, le 27 mars 1482 
(4481 v. st.). Peu de temps avant sa mort, elle avait re- 
nouvelé, conjointement avec son mari, l’archiduc Maximi- 
lien, les ordonnances antérieures relatives au cours des 
monnaies. L’ordonnance nouvelle est du 4° mars, mais 
elle ne fut publiée a Lille que dans le courant d’avril, par 
couséquent après le décès de la duchesse. 


ET DISSERTATIONS. 471 


‘Il nous reste maintenant à examiner les monnaies frap- 
pées au nom de Marie de Bourgogne. 


80. :SANCTVS:.ANDREAS: Saint André, vu de face. 

à. Ecusson à sept quarts posé sur une croix patée, par- 
tageant la légende MARIA DVCISSA:BG’.CO:FLAD’... 

OR. Florin au saint André. Poids d’un exemplaire un peu 
usé, 64 grains faibles ‘. (Pl. XIII, n° 68. ) 

81. Variété, avec quelques différence de coin et de lé- 
gende, au revers, ainsi conçue : MARIA DVCISSA.BG :CO. 
FLAN. 

82, Mémes type et légende qu'au n° 80. 

&. Ecusson à sept quarts entouré de la légende : (fleur de 
lis) : MARIA.DVCISSA.BG.CO.F. 

OR. Demi-florin. Poids, 32 grains fort. (Pl. XIII, 
n° 69. ) ; 

L’instruction de 1480 ne fait pas mention des demi-flo- 
rins. Je ferai à ce sujet remarquer que l’ordonnance du 
42 octobre 1478, dont j'ai parlé ci-dessus, en rappelant les 
pièces dont la circulation est autorisée, ne parle jamais des 
divisions des monnaies d’or qui n’étaient pourtant pas dé- 
monétisées. 


83. Deux lions affrontés, séparés par un briquet d’où 
s'échappent des étincelles. Légende : -+ MARIA:DVCISSA: 
BG’.COMIT’.FLAD’. 

à. Ecusson à sept quarts sur une croix dont on ne voit 
que les extrémités fleuronnées. Légende : SALVV’. FAC: 
PPLM’.TVV’ DNE 1477. 

A. Double briquet, désigné dans l'instruction sous le 


1 L’instruction de 1480 donne 635,30 pour le poids du forin de Bourgogne 
au Suint-André, 


h72 MÉMOIRES 


nom de double patard. Poids, 55 à 57 grains, suivant les 
exemplaires. (Pl. XVIII, n° 70 ‘.) 


Beaucoup de variétés existent de cette pièce. En voici la 
description : 

84. + MARIA:DVCISSA:BG:COMIT:F: Même type qu'au 
numéro précédent. 

À. +SALVV’.FAC:PPLM’.TVV’ DNE 1478. Variétés dans 
les fleurons de la croix. 

85. Autre de la même année avec la légende du droit 
se terminant par les mots COMIT:FLAD *. 

86. Autre de la mème année avec COMIT FL, les mots 
séparés par deux étoiles au lieu de deux croisettes *. 

87. Émission de 1479, comme le n° 86, sauf la date. 

88 et 89. Deux variétés de l’année 1480, avec COMIT:F 
et COMIT:FL. 

Les pièces des trois années 4478, 1479 et 1480 n'ont 
aucune marque au-dessous des deux lions comme celle qui 
se trouve reproduite au n° 70 de la pl. XVIII. 

90 et 91. Deux variétés pour l’année 1481 semblables à 
celles de 1480 : sous les deux lions, il y a un trèfle ou nœud 
comme celui qui se trouve auprès du lion dans les pièces 
suivantes. 


1 Le poids fixé par l'instruction est de 575,86. Ces pièces sont désignées 
dans les placards ultérieurs sous le nom de doubles fusicgs. 

Ce double briquet a-t-il eu une division? c’est oe qu'on ne peut affirmer : 
cependant cela semblerait résulter du passage suivant de l'ordonnance de 
police de 1481 : ..... Le double patart Karolus et le double Marie à deux lyons, 
tous deus à quatre gros et demi, le simple d'icelui à deux gros siz miltes, les demi 
d'iceulz demourant à ung gros. Il peut se faire néanmoins qu'il soit ici question 
du demi-patard dont on parlera plus Join. 

3 Serrure, op. cit., p. 252, n° 118. 

3 Serrure, op. cit., p. 252, n°119. — Den Duyts, pl. XIII, n° 81. — 
Daby, pl. LXXXIL, n° 1. 


ET DISSERTATIONS. 473 


92. +MARIA:DVCISSA:BG:COMIT:FL. Lion, la tête vue 
de face, tenant un écusson à sept quarts. Au bas, entre 
l’écusson et les pattes de derrière, un nœud ou trèfle. 

À. Croix fleuronnée portant au centre une fleur de lis. 
Légende : + BENEDIC:HEREDITATI:TVE 1480. 

/R.. Patard. Poids, 54 grains. (PI. XVIII, n° 71 *.) 

93. Autre variété du même, avec seulement COMIT:F. 

94. + MARIA:DVCISSA:BG:COMIT:FLA. Lion assis, la 
tête tournée de profil à gauche, et tenant un écusson à 
sept quarts. | 

ñ. Comme le précédent. 

A. Variété du n° 93. (PI. XVIII, n° 72.) 

Il est trés-difficile de dire, à moins d’en faire l’essai, 
laquelle des pièces aux types précédents est le double 
patard et le simple patard des instructions monétaires, la 
taille étant la même. Seulement les monnaies que l’on 
connaît sous le nom de doubles briquets paraissant plus 
blanches d'aspect, j’ai cru pouvoir leur appliquer la dési- 
gnation de double patard. Une preuve à l'appui de mon 
appréciation, c'est que dans le placard de 1633 pour les 
changeurs, les doubles briquets figurent parmi les pièces 
pour lesquelles on est tenu de payer à l'avenant de neuf 
deniers treize grains, et que les autres désignées sous le 
nom de vieux lions de Flandre, sont comprises dans la 
catégorie de celles pour lesquelles on paye à l'avenant de 
quatre deniers seize grains; ce qui est bien en rapport, 
dans les deux cas, avec l’aloi fixé par l'instruction de 1480. 

95. + MARIA:DVCISSA:BG:CO:FLA. Grand M gothique 
dans un entourage de quatre arcs de cercle accompagnés 
d’angles à leurs points de rencontre. 


1 Le poids légal devait être 576,86. 


7h MÉMOIRES 


À. Croix ornée portant en cœur une fleur de lis, et en- 
tourée de la légende + BENEDIC:AIA:MEA:DNO 1478. 

A. Gros. Poids moyen de plusieurs exemplaires, 
34 grains. (PI. XVIII, n° 78°.) 

96. Variété avec les mots CO FL terminant la légende 
du droit, dont les mots sont séparés par une étoile au lieu 
de deux croisettes. Le revers est le méme que le précédent. 

97. Variété avec CO F. Les mots du droit et du revers 
sont séparés par une étoile. 

98 et 99. Deux autres pièces de l’année 1479 offrent 
les variétés de légendes indiquées ci-dessus, et les mots 
séparés par une étoile. 

100. Gros semblable de 1480, avec la légende terminée 
par CO FL. 

J'ai jugé convenable de reproduire Ja date de cette 
pièce sous le n° 74 de la pl. XVIII, à cause de la forme 
du A qui est tout à fait celle en usage aujourd'hui, ce qui 
est au moins rare à cette époque. 

401. + MARIA.DVCISSA.BG.COMIT.F. Le reste comme 
aux précédents, mais avec la date de 1481 °. 

Je ne connais pas de gros à I'M portant la date de 4477. 
Taut me porte à croire que ces pièces ne furent émises 
qu'après le mariage de la duchesse de Bourgogne avec 
Yarchiduo Maximilien. Auparavant, et pendant le temps 
qui suivit la mert de Charles le Téméraire, Marie se con- 
tenta probablement d'émettre des pièces semblables à 
celles de son père, où les légendes pieuses, extraites du 
cantique de saint Ambroise, semblaient appeler la protec- 
tion du ciel sur l'orpheline assaillie de tous côtés par les 


1 Duby, pl. LXXXII, n° 2.— Serrure, op. cit., p. 252 et 253, n° 120 et 121. 
— Den Dayts, pl. XIII, n° 82, 
4 Den Duyts, pl. XIII], n° 83, 


ET DISSERTATIONS. 475 
ennemis du dedans et du dehors. La légende des nouveaux 
gros, Benedic anima mea Domino, témoigne au contraire 
de sa gratitude, lorsque, après son mariage, elle se voyait 
sûre d’un appui qui pourrait la protéger et la défendre, et 
qu'elle entrevoyait dass som union avec un époux préféré 
un avenir plus heureux. 

Les divisions du système monétaire que nous examinons 
ne contiennent, du reste, plus de légendes significatives ; 
il me reste à les décrire. 

402. (Fleur de lis) MARIA.COMIT.FLAND , entourant 
une M majuscule, dont il faut remarquer la forme ; car elle 
est la même que celle qui commence la signature du fa- 
meux peintre flamand, Memling, et vient ainsi à l'appui de 
la véritable lecture de son nom. 

R. Croix aux extrémités fleuronnées, entourée de la lé- 
gende : (fleur de lis) : IN. NOMINE. DOMINI.A. 

AR. Demi-gros Poids, 21 grains'. (PI. XVIII, n° 75. ) 

103. M majuscule, entourée de la légeade : (fleur de lis) : 
MARIJA.COMIT.FLAN. 

à. Croix très-simple, avec la légende :( fleur de lis) : 
IN. NOMINE. DOMIN. 

A. Gigot. Poids, 13 grains *. (PI. XVIII, n° 76.) 

Enfin, j’ajouterai à la description qui précède celle d’une 
monnaie noire ou courte, qui a échappé à M. J. Rouyer. Cet 
auteur disait que la monnaie noire de Marie de Bourgogne 
ressemblait à celle de Louis de Mâle, en ce sens que le nom 
était inscrit du côté de la croix, et que sur le côté opposé 
se trouvait l’initiale dudit nom’. La pièce que je doune 


1 Le poids légal est 21 grains 1/3. La pièce que j'ai dessinée est très-usée. 

2 Le poids légal est 15 grains fort. — V. Den Duyts, pl. XIIIT, n° 84. 

3 Revue numismatique, année 1848, p. 434. 

On pourrait peut-être admettre qne ce retour au type de Louis de Mâle avait 


476. MÉMOIRES 


porte, au contraire, comme les monnaies d'argent, le nom 
autour de l’initiale. En voici la description : 

404. M gothique, entourée de la légende : MARIA. 
COMIT.FLAN. 

R. Croix courte, avec la légende : (fleur de lis) : IN 
NOMINE. DOMINI. 

Billon noir, courte. Poids, 20 grains 3/4. (PI. XVIII, 
n° 77.) 

Je donne en même temps, sous le n° 78, comme point 
de comparaison, le dessin de la courte publiée par 
M. Rouyer, et pris sur l’exemplaire de la Bibliothèque 
impériale. 

Les monnaies d'argent précédentes, sauf le double bri- 
quet, portent toutes l'indice monétaire de l'atelier de 
Bruges; la fleur de lis. 

A la mort de Marie, finit la série des comtes de Flandre 
de la maison de Bourgogne. Son fils, Philippe le Beau, fait 
partie de la maison d'Autriche. Ici donc s'arrête le travail 
que j'avais entrepris. Puisse-t-il avoir intéressé quelque 
peu les lecteurs de la Revue! Sit en était ainsi, peut-être 
cela m’eucouragerait-il à faire une suite à ce travail, en 
essayant également l'histoire monétaire des comtes de 
Flandre de la maison d'Autriche, si toutefois mes loisirs 
me le permettent. 

L. DescHamps DE Pas. 


ici un autre but. La duchesse peut avoir voulu profiter de la circonstanee, 
présentée par le nom Ge son mari qui avait la même initiale que le sien, pour 
tromper la défiance des Flamands et faire figurer l’archiduc avee elle sur ses 
monnaies. Ceci n’est, au reste , qu'une hypothèse que je donne sous toutes ré- 
serves. 


ET DISSERTATIONS. 


TABLEAU RÉCAPITULATIF 


47 


Des monnaies d'or et d'argent émises par les comtes de Flandre 


de la maison de Bourgogne, de 1384 à 1481. 


| DATE ANNÉE 

probable 

des ordonnances où s'est DÉSIGNATION DES PIÈCES. 
ou terminée 


nstructionsmonétaires.| l’émission. 








PHILIPPE LE HARDI. 


| 
| 
1384 ” Deniers d’or de convention frap 

aux noms de Philippe le Hardi et 

de Jeanne de Brabant... ... 

Doubles gros, gros et demi-gros 

du même système, . .. .. , 

18 avril 1385 (?). 1386 |Chaise ou réal d'or au nom de 

Philippe le Hardi. ....... 


_ Double gros botdraeger. , .,.. 
( Le gros et le demi gros man 
quent. ) 


3 avril |Doubies heaumes d’or....... 
29 octobre 1386. 1386 [Doubles gros avec deux écussons 
(v. #t.)?! surmontés du mot FUADRES, . 
Gros au méme type... ... 6. 
( Le demi-gros manque. ) 
, 8 avril 1386. 1389 | Anges et demi-anges d’or, . . .. 
_ 1390 |Double gros et gros à l’aigle tenant 
! denx écussons. , . ee es ee e 
Le” octobre 1388. 1404 |Nobles, demi-nobles et quart de 
nobles de Flandre. eeeeeee 
Double gros au lion assis , portant 
& sou col une mante ou volet aux 
armes de Bourgogne. ..... 
Gros et demi-gros au même type. 
Double mite, ....,...,.. 


| JEAN SANS PEUR. 


1406 1409 {Doubles écus d'or, demi-écus et 
quarts d'écu (ces pièces man 
quent ). 


Double gros (manque). 


Gros au iion debout, surmonté de 


l'écu de Bourgogne, entouré 

d’une bordure de fleurs de lis. . 

Demi-gros et quart de gros du 

même systéme.........-. 

}7 août 1409. 1410 |Noble de Flandre......... 

— 1416 (?) |Deniers d’or de 53 de taille au 
marc de Troyes ( manquent). 


| 


NUMÉROS À 


des 


planches. 





1862. — 6. 33 


478 MÉMOIRES 





































DATE ANNÉE | 
. probable . 
des ordonnances À ou scat DÉSIGNATION DES PIÈCES. 
ou terminée 


Instructions monétaires. |l'émission 


ce fi 
ee ‘ 


JEAN SANS PEUR ( suite). 


17 août 1409. 1416 (?) [Double gros aux deux écus sur- 
montés d’un heaume...... - 

Gros, demi gros et quart de gros 

du même systeme........ 

23 décembre 1410, ” Deniers d’or appelés écus de Jehan 

et demi-deniers d’or; doubles 
gros, demi-gros et quart de gros. 
Doubles mites et mites. ° 
( Toutes ces pièces n'ont pas 
été retrouvées.) 

21 décembre 1412. ” Monnaies frappéesdans le système 
arisis, en vertn de l'octroi de 
barles VI, de cette date jau- 

oune n'existe aujourd’hui |. 

6 décembre 1416. | 1418 |Nobles d’or, demi-nobles et quarts 

de noble'sembiables pour le type 
à ceux de 1409, et différents seu. 
lement par le poids ) 

Doubles gros, gros, demigros et 
quarts de gros {semblables à 
ceux de l’année 1409; la diffé- 
rence pour les monnaies d'argent 
de cette émis-ion consiste en ce 
que tous les À sont barrés ). 

19 avril 1418, 1419 |Heaume d'or... ......... 

Double gros kromstaert , au type 
du lion debout, portant l’écusson 
de Bourgogne sur le flanc. . . 

Gros et quart de gros. . .. . .. 

( Le demi-gros manque. } 


PHILIPPE LE BON. 


Novembre 1419. 1425 |Heaume d'or et demi-heaume ( ce 
dernier manque)........ 
Double gros kromstaert, gros, 
demi-gros (manque) et quart de 
- Be. os 
22 juin 1425, 1426 |Nobles d'or semblables à ceux de 
Philippe le Hardi, sauf les ar. 
moiries.. 2 . . . ee ee = + » « 
Demi-nobles et quarts de noble 
( voir les placards). 
Double gros aux deux écus sur- 


montés d'un huaume. . . . .. 
8 novembre 1426. 1427 |Ecus d'or de Hollande, dits klin- 
kaerts. . ,...... en tee 


Demi-klinkaert d’or........ 


ET DISSERTATIONS. 


DATE 
des ordonnances probable 
où s'est 
ou terminée 


iostroctions monétaires.| l'émission. 





14 septembre 1427 | 1428 
7 novembre 1428 1433 
12 octobre 1433 1453 
— 1467 

18 janv. 1453{v.st).| 1466 
le" juillet 1456. 1466 
29 mai 1466. 1467 
1467 1477 







DESIGNATION DES PIECES, des 





PHILIPPE LE BON (suite). 


Nobles d’or, demi-nobles et quarts 
de noble; la différence avec les 
premiers de Philippe le Bon 

tait que, sur la face, il y avait 
un lion sortant de la poupe du 
vaisseau, et, au revers, le centre 
de la croix devait se trouver com- 
plétement vide. (Ces pièces man- 
quent totalement.) 

Doubles gros, gros, demi-gros et 
quarts de gros, identiques , sui- 
vant toute apparence, à ceux de 
1419. 

Noble d'or et demi-noble, sembla- 
bles à ceux de |’émission précé- 
dente, sauf que le milieu de la 
croix contient une rose, et que 
du côté dela face l'A de FLAN- 
DRIA est barre... 2... 2. 

(Le quart de noble n’a pas été 
retrouvé, | 


42,43 


et 


ridders, et demi-ridders d'or. . 
Donble gros vierlander, gros, 
demi-gros. quart de gros, double 
mite et mite... . 2... eee 
Lion d'or et lionceau ( double tiers 
de lion). . . .. rs... 
Lion d'or, lionceau (double tiers 
de lion ) et tiers de lion, (Le tiers 
de lion avait été déjà frappé à 
Malines, en vertu de l’instruc- 
tion du 11 juin 1454). ..... 
Florin d'or de Bourgogne. . . .. 
Demi-florin d'or. (Cette pièce n'est 
pas parvenue ma connais- 
sar:ce ). 


Dagble patard d'argent. . .... 
CRABLES LE TEMERAIRE. 


Florin et demi-florin d'or. .... 
Double patard. . .. 


479 
= 


NUMEROS | 
| 


planches. 


| 
| 
| 
| 
} 
| 


480 
| DATE ANNEE 
. 
| des ordonnances probable 
où s'est 
ou terminée 


finstructions monétaires | l'émission. 


| 
| 





1467 1474 
27 octobre 1474 1477 


1477 1481 


a ee 


= — _ - a eee - 





-— —— ae ee a —S— ——-- 


MÉMOIRES 


NUMÉROS 
DÉSIGNATION DES PIÈCES. des 


planches. 








CHARLES LE TÉMÉRAIRE (suite). 


Double gros vierlander, gros, demi-; 61, 62, 
gros et quart de gros. . . . . .| 68, 64 
Florin d'or (peut-être le n° 58 pré- 
cédent) et demi-florin d’or. 
Double patard d'aryent,connu sous 
le nom de double briquet. . . . 
Double gros au lion tenant un écus- 
BOB 0e 66 
Gros ou simple briquet. . . . . .| 67 
MARIE. 


Florin d’or et demi-florin. . . . .| 68,69 

Double patard d'argent, ou double 

EE AE CRE PE 
a , ou double gros. . .. .. , 72 

Gros à l'M. s *e @ @ = @ 8 @ @ e 

Demi-gros à l'M. .....,....| 75 

Gigot, ou quart de gros, . . . . 

Courte ou double mite. . . 


ET DISSERTATIONS. A81 


MÉREAUX DE LA SAINTE CHAPELLE DE PARIS. 


(PI. XIX et XX.) 


Aucun souvenir de la sainte Chapelle n'est dépourvu 
d'intérêt. Il n'est pas jusqu’à ses méreaux qui ne soient 
recherchés avec une sorte de prédilection. Le hasard nous 
permettant d'en faire connaître plusieurs dont l'existence 
n'avait pas été signalée, ou dont l'origine n'avait pas été 
déterminée, nous profitons de l’occasion pour donner à 
leur sujet une courte monographie. 

Nous n'apprendrons à personne dans quelles circon- 
stances saint Louis réédifia la chapelle du palais de Paris 
pour en faire la sainte Chapelle, dont on admire encore 
aujourd'hui l’élégante structure. Mais le roi pieux ne se 
borna pas à élever ce monunent à la gloire de la couronne 
d'épines, d'une portion de la croix, et des autres reliques 
de la passion du Sauveur qu'il avait obtenues de l'empereur 
de Constantinople, Baudouin de Courtenay : il attacha, de 
plus, à l'établissement un certain nombre d’ecclésiastiques 
pour la garde des reliques et l’accomplissement du ser- 
vice divin. | 

Ces ecclésiastiques, d’après les ordonnances d'institution 
de 1245 et 1248, et si l'on s’en tient à une esquisse très- 
sommaire de la composition du personnel, étaient des cha- 
pelains prêtres ou chapelains principaux, des sous-chape- 


h82 MEMOIRES 


lains prétres, et des clercs diacres ou sous-diacres. Un 
chapelain-mattre avait la surveillance de tout le personnel. 

Plus tard, sous Philippe le Long, quelques dénominations 
changèrent. Le chapelain-maître fut appelé trésorier, les 
chapelains principaux devinrent des chanoines, et les sous- 
chapelains devinrent des chapelains. En outre, on donnait 
le nom de chapelains perpétuels aux titulaires de quelques 
bénéfices fondés postérieurement à saint Louis. Le même 
Philippe le Long porta de huit à treize le nombre des cha- 
noines, et augmenta en même temps le nombre des cha- 
pelains et des clercs. 

Le collége que formaient les chanoines ne reconnaissait 
qu'un dignitaire, qui était le trésorier. I] y avait bien aussi 
à la sainte Chapelle un chantre ou grand chantre, comme 
le savent assez tous ceux qui ont lu le Lulrin; mais la 
chantrerie était moins une dignité qu’un office, et le grand 
chantre, pendant longtemps, ne fut pas même toujours 
choisi parmi les chanoines. 

En dernier lieu, et lorsque arriva la Révolution, qui de- 
vait le disperser, le personnel de la sainte Chapelle, bien 
qu'ayant successivement subi plusieurs dimiriutions, com- 
portait encore un trésorier, un grand chantre, onze cha- 
noines, vingt chapelains et clercs, six ehapelains perpé- 
tuels, et un certain nombre de suppdts dont nous n’avons 
pas à nous occuper. 

Pour plus de renseignements sur les faits historiques, 
nous renvoyons à l'ouvrage qu'a publié sur la sainte Cha- 
pelle le chanoine Morand ’, travail dont les preuves nous 
serviront particulièrement pour cet articlé. 

Les ecclésiastiques de Ia sainte Chapelle, entre autres 


* Histoire de la Sainte-Chapelle royale du Palais. Paris, 1790. in-4>. 


ET DISSERTATIONS. 483 


moyens d’existence qui leur étaient assurés, ont joui pen- 
dant trés-longtemps de distributions quotidiennes pour 
assistance aux offices. Voici, d'après les ordonnances de 
saint Louis et modification faite des dénominations des 
membres, les sommes auxquelles chacun avait droit pour 
assistance aux offices primitivement fondés * 


ee ee ee M ee | 


DISTRIBUTIONS | 














POUR ASSISTANCE 
| TOTAL 
| PAR JOUR. 
| | 
den parisis. | den. parisis. | den. porials. | dep. parieis 
Chanoines . 6 3 3 12 
Les jours ordinaires. , { Chapelains. 2 1 l 4 
Clercs. . . 1 1 1 3 
Les dimanches et fétes (Gp hanoincs 8 î ‘ 16 
à neuf leçons. . . pertains. 
yons. . Cleres.. . 2 1 1 4 
Chanoiïnes. 8 5 § 18 
Les f8tes semi-doubles. { Chapelains. 4 2 2 8 
Cleres... 4 1 1 6 
{ Chanoines . 12 6 6 24 
Les fêtes doubles. . À Chapelaine. 6 2 2 10 
‘lc Clercs. . . 4 2 2 8 
Chanoines. 24 fi 6 36 
Les fêtes annuelles. . Chapelains 8 3 3 14 
Clercs. . . 6 2 2 10 





Tout chanoine, chapelain ou clerc pouvait manquer par 
jour à deux des heures autres que matines sans rien perdre 
des distributions. Le droit aux distributions était égale- 
ment conservé à ceux qui ne pouvaient assister aux offices 
pour cause de maladie ow d’empéchement légitime. 


' Il résulte d'un règlement de François 1°", de l’année 1520, dont il sera 
question pins bas, que les distributions pour assistance aux offices d’ancienne 
fondation étaient enoore à cette époque les mêmes qu'au temps de saint Lows, 
au moins en ce qui concernait les chapelains et les.cleres. 


48h MEMOIRES 


Le trésorier, dans les distributions, touchait le double 
d’un chanoine. Quant au chantre, des distributions spé- 
ciales avaient été affectées à son office par une ordonnance 
de Philippe le Long, de 1320. Il avait droit, pour sa pré- 
sence aux offices, à 2 sols 4 deniers parisis par jour, dont 
5 deniers pour matines, 4 pour la messe, 4 pour les vé- 
pres, et 3 deniers pour chacune des autres heures, prime, 
lierce, sexte, none et complies. Ses distributions étaient 
doublées aux vingt-deux fétes annuelles; elles étaient 
augmentées de 12 deniers aux soixante-dix fêtes doubles, 
et de 6 deniers aux dix fétes semi-doubles. 

En 4404, Charles VI institua de nouvelles distributions, 
spéciales aux petites heures, et c'est à cette occasion qu'il 
est pour la premiére fois question de méreaux dans les 
titres que nous connaissons de la sainte Chapelle. Dans 
des lettres du 18 juillet de cette année, Charles VI manifes- 
tait l’intention de faire exécuter de son vivant une clause 
de son testament, ainsi conçue ' : . 

« Item, voulons et ordonnons, pour parfaire et accom- 
plir la fondation de la saincte Chapelle de notre Palais de 
Paris, et pour remédier aux fautes du divin service qui 
sont maintefois en icelle, fonder et ordonner distributions 
pour les heures non fondées *, c'est à scavoir prime, tierce, 


* Cette clause est reproduite, mais avee quelques légères variantes, dans 
deux diplômes différents, relatifs aux petites heures, donnés par Morand dans 
ses preuves, celui de 1401 dont il vient d’être parlé, et un autre, dont nous nous 
occuperons bientôt, du 6 octobre 1402. Il en est fait mention dans le Glossaire 
de Ducange et dans les recherches de M. Hermanä et de M. de Fontenay sur 
les méreaux : c’est jusqu'ici le titre le plus ancien que l’on connaisse, où il soit 
explicitement questiôn de l'usage des méreaux dans les églises. 

# Après les détails donnés plus haut, on peut se demander ce qu'il faut ici 
entendre au juste par heures non fondées. Nous ne nous arrêterons pas eur ce 
point, qui n'est pas, du reste, d’un intérêt essentiel pour l'objet de notre notice. 


ET DISSERTATIONS. ASA 


midi, none et complies, selon la forme et manière qui se- 
ront plus à plain exprimées es lettres qui sur ce seront 
faites: et que auxdittes heures et chacune d'icelles les 
chantre ‘, chapelains et clercs de notre chapelle fassent 
entrée dedans le premier Gloria Patri, et demeurent jus- 
qu'à la fin; et, outre ce, que le distributeur, qui pour ce 
faire aura par chacun au trente sols parisis, ne baille les 
mereaux jusqu'à la fin des heures de Notre-Dame, quand 
on les dira à notte au chœur; et que les deffautz desdites 
heures soient comptés au samedy avec les autres deffautz, 
suivant l'ordonnance que monsieur sainct Louis fist en 
ce cas... » 

Dans ses lettres précitées, connues sous le titre de pre- 
mière réformation de la sainte Chapelle, Charles VI entrait 
dans de grands détails pour stimuler l’assiduité des chape- 
lains et clercs aux matines et aux autres heures. « Statui- 
mus insuper, y disait le roi, quod omnes ex prædiclis in 
choro, dum ibi divina celebrabuntur, debitum suum factendi 
negligentes, dormientes aul inhonesté fabulantes, seu etiam 
chorum sine ralionabili causd aul licentia exeunles, et in 
thesauro seu revesliario se tenentes, commodo horæ priven- 
tur; distributort merellorum in vim præslili per eum jura- 
menti inhibentes ne personis hxc committentil.us pro horis 
quibus aliqua pramissorum committent distributiones ali- 
quas exsolvere prxsumat; qui si contrarium fecerit, ipsum 
super hoc per vos puniri præcipimus. » 

Les lettres mêmes de fondation de distributions spéciales 
aux petites heures sont du 6 octobre 1402. Il y était réglé 
que les distributions aux présents seraient, pour chacune 


1 Le mot chantre, dans lu reproduction de ce passage, a purfois été im- 
primé au pluriel, ce qui altère entièrement le sens. 


486 MÉMOIRES 


de ces heures, de deux deniers parisis à chaque chanoine, 
de deux deniers parisis également au chantre, et d'un de- 
nier parisis à chaque chapelain ou clerc. On remarque que, 
_pour jouir des distributions des petites heures ', les chape- 
lains et les clercs étaient tenus d'y être au plus tard avaat 
le Gloria Patri du premier psaume et d'y rester jusqu'à la 
fin, tandis que les chanoines pouvaient n’arriver qu'avant 
la collecte. Le roi, en réglant ainsi les choses, avait eu 
particulièrement égard à ce que ces derniers étaient par- 
fois retenus pour les affaires temporelles de la sainte 
Chapelle , et aussi à ce que, dans toutes les églises cathé- 
drales ou collégiales du royaume, les chanoines jouissaient 
d'honneurs et prérogatives les distinguant des autres ecclé- 
siastiques, leurs inférieurs. Quant au chantre, qui devait, 
par la fondation de son office, assister à tout le service 
divin de jour et de nuit, il était astreint, pour profiter des 
distributions de chacune des petites heures, aux mémes 
conditions de présence que les chapelains et clercs, sur 
lesquels il exercait sa surveillance au cheeur. 

Un statut dont on ne connaît pas au juste la date. mais 
que cependant on doit croire du xv* siècle, porte ce qui 
suit * : 

u Sctendum est quod in quolibet sabbato anni, omnes 
canonici, capellani et clerici conveniunt in camera solulionis, 
et debent merellos suos ibi asportare, ut videatur quid et quod 
eorum unusquisque fuerit lucratus, et procuraloris papyro 
ascribatur, pro sibi solutione de lucro faciendà ad terminum 
inde sequentem, et quid in defectibus compulelur ; et quicum- 


1 Statut de Charles VI, de 1407: « De introttu in exitu horarum canonicarum.~ 
2 « De defectibus qui distribuuntur inter presentes.» ( Morand, Preuves, 
p. 225. ) 


ET DISSERTATIONS. h&7 
que non veneril ilid hord, videlicet ante conclustonem com- 
poli, perdet sex denarins in hebdomata sequenti......» 

On a de François I** un règlement de 1520, qualifié de 
seconde réformation de la sainte Chapelle, qui est en gé- 
néral un rappel aux disposition antérieures pour assistance 
aux offices, nécessité par le défaut d’assiduité des cha- 
noines, des chapelains et des clercs, qu’on voyait à cette 
époque plus occupés de différends qui les divisaient que 
du régulier accomplissement de leurs obligations reli- 
gieuses. I] résulte de ce titre que les distributions ma- 
nuelles instituées par saint Louis et par Charles VI exis- 
taient toujours ‘. Deux articles y font mention des méreaux. 
Il est dit dans l’un que les méreaux gagnés par les cha- 
noines, les chapelains et les clercs pour assistance aux 
heures doivent être distribués au chœur, et qu'il ne doit 
être rien payé des distributions à chacun qu’à raison des- 
dits méreaux, « de quibus justa et æqua fiet computatio on- 
tequam ad solulionem procedatur effectualem.» L'autre 
article spécifie que le payement des distributions de cer- 
taine procession fondée par le chantre Jean Mortis * sera 
fait au moyen de méreaux : « Fiel tamen solutio distribu- 
tionum processionis fundalz in dicta Capcllà sanctà per 
defunctum magistrum Joannem Mortis, cantorem illius, per 


¥ Le règlement de François le’, qui reproduit le détail des distributions aux- 
quelles avaient droit les chapelains et les clercs, n’en fait pas autant pour 
celles des chanoines, ce qui avait sans doute été jugé moins nécessaire; mais 
cette même pièce contient un article ainsi conçu : 

« Insuper, canonici dictz sacrosantæ Capellæ nihil percipient de distributtonibus 
ordinatis pro magnis et parvis horis dicendis, nisi intersint in illis. » 

3 Reçu chanoine de la sainte Chapelle en 1438, Jean Mortis fut fait chantre 
de cette église l’année suivante : il devint plus tard conseiller au parlement. 
Mortis décéda en 1481, laissant par son testament tous ses biens à Ja sainte 
Chapelle pour être employés à l'entretien du service divin. 


h88 MEMOIRES 


merellos et per distributorem dictæ Capellz.» Le réglement 
ne fait pas connaître s’il existait des méreaux spéciaux 
pour cette procession. Quant au distributeur des méreaux 
de la sainte Chapelle, on y voit qu'il était commis par le 
trésorier, qui devait le choisir parmi les habitués, c’est-a- 
dire parmi les chapelains ou les clercs. 

Nous devons maintenant examiner ce qu étaient maté- 
riellement les méreaux de la sainte Chapelle. 

Ceux qui nous sont connus sont en cuivre, ou plutôt en 
laiton. 

Ils représentaient diverses valeurs, combinées de ma- 
nière à faciliter les comptes quotidiens, et ceux employés 
pour les chanoines et le chantre étaient différents de ceux 
employés pour les chapelains et les clercs, comme cela 
résulte notamment de l'acte suivant, extrait d'un registre 
capitulaire de la sainte Chapelle : : 

« Le penultiesme jour de mars ITII°XLVIII après Pasques 
furent bailliez à messire Jehan Rigolet, chapelain perpe- 
tuel de la saincte Chapelle du Palais de Paris et distribu- 
teur des mereaulx la somme de VIII°IX mereaulx pour les 
prebendes et pour la chantrerie d’icelle, qui ont en la pille 
chacun une croiz longue et à l’entour une couronne d'es- 
pine. C'est assavoir : 

« Du nombre de II d., XIII douzaines ; 

« Du nombre de III d., VII douzaines III mereaulx ; 

« Du nombre de VI d., VIII douzaines III mereaulx : 

« Du nombre de VII d., VI douzaines IX mereaulx; 


1 Ce registre, des années 1409 à 1449, est conservé aux Archives de l'Em- 
pire, sous la cote LL, 587. ‘ 

Nous devons à l’obligeance de M. Douet d’Arcq la connaissance du docu- 
ment que nous reproduisons, tout particulièrement intéressant pour la classi- 
fication des méreaux de la sainte Chapelle. 


ET DISSERTATIONS. 189 


« Du nombre de VIII d., XIII douzaines ; 

« Du nombre de X d., VII douzaines; 

« Du nombre de XII d., X douzaines II mereaulx. 

« Somme toute LXVII douzaines et cinq mereaulx. 

« Item cedit jour furent, oultre ce que dit est, bailliez 
audit distributeur pour les chapelains et clercz de l’église, 
ung cent et demi de mereaulx qui ont en la pille chacun 
une couronne de roy, differans de ceulz de mess” les pre- 
bendez et de la chantrerie. C’est assavoir : 

« Du nombre de six, ung cent; 

« Et du nombre de III d., demi cent. 

« Et paravant avoient oultre ce esté bailliez audit distri- 
buteur pour lesdits chapelains et clercz, et à semblable 
pille de couronne de roy, cinq cens et cinquante mereaulx 
de divers nombre. 

« Somme toute des mereaulx des chapelains et clercz 
est VIF mereaulx. 

« Et est à scavoir que par exprez a esté deffendu que 
desoresmaiz tous autres mereaulx anciens et d'autres pilles 
que les dessusdiz, tant pour les prebendes, chantrerie, que 
chapelains et clercz d’icelle, n'auront en quelque manière 
cours ne lieu doresneavant, maiz seront tous fonduz. 

« Fait ledit penultiesme de mars IIII* XLVIII aprez Pas- 
ques. » 

Nous considérons comme ayant été faits pour le service 
de la sainte Chapelle. de cet établissement éminemment 
royal, divers méreaux que l’on rencontre dans les collec- 
tions parisiennes, présentant d'un côté, pour type. des 
fleurs de lis, et de l’autre côté une indication de valeur. 
Nous donnons comme spécimen , pl. XIX, fig. À à 4, une 
série assez curieuse de méreaux de ce genre, ayant valu 
un, deux, trois et quatre deniers, et où le nombre de fleurs 


90 MÉMOIRES 


de lis gravées au droit correspond au chiffre de la valeur 
indiquée au revers'. Le méreau, fig. 5, où l’on voit d’un 
côté l'écu de France, à trois fleurs de lis et au revers le 
chiffre INT, fait partie d'une autre série. Celle-ci a pu 
d'ailleurs avoir cours en même temps que celle dont il 
vient d'être question, mais elle était sans doute affectée, 
ainsi que donnent lieu de Je penser les iuitiales N F gravées 
autour du chiffre, à certains offices compris dans la caté- 
gorie dite des nouvelles fondations, »ovz fundationes, fun- 
dationes de novo factz, dans les titres de la sainte Chapelle. 
Un méreau semblable à notre fig. 5 pour le droit, porte au 
revers le chiffre II, avec les mêmes initiales N F. 

Nous n'avons pas de preuve bien concluante à donner 
à l'appui de l'attribution des six méreaux que nous 
venons de décrire, et nous le reconnaissons sans peine ; 
mais on remarquera qu'il n'était guère d'usage au moyen 
âge de mettre d'indication de valeur sur les méreaux 
qu'autant que ce fussent des méreaux d'église; et il ne 
peut paraître plus surprenant que l'on ait choisi les fleurs 
de lis ou l’écu de France pour type de méreaux de la sainte 
* Chapelle, que la couronne, cet autre insigne royal qui for- 
mait en 1448 le type des méreaux des chapelains et des 
clercs *. 


1 La forme des chiffres, au revers, tantôt unis et tantôt remplis de hachures 
croisées, fait supposer que les quatre méreaux représentés en tête de la 
planche XIX ont dû appartenir à deux émissions différentes. 

3 Nous ne confondrons pas avec lcs méreaux d'attribution plus on moins 
probable à Ja sainte Chapelle de Paris ceux où est représentée, au re- 
vers de l'indication de la valeur, une fleur de lis brochant sur deux petits 
chênes. Nous avons quelque raison de penser que ces derniers, dont on a 
publié le chiffre 1] comme émanant ‘de la ville de Mantes, et dont nous possé- 
dons les chiffres I et VII, proviennent de la sainte Chapelle de Vincennes, 
fondée par Charles V en 1379. 


ET DISSERTATIONS. Agi 


Les méreaux au type des fleurs de lis étaient sans doute 
de ceux dont le cours fut supprimé par l'acte de 1448 
transcrit ci-dessus. Nous pensons qu'ils étaient affectés au 
service des chapelains et des clercs. Mais il existe quelques 
méreaux d’un tout autre genre, échappés aussi à la fonte 
ordonnée par le même acte, et qui, si on les rapproche de 
ceux qu on sait positivement avoir été affectés à l'usage 
des chanoines, ont avec eux trop d’analogie pour qu'on 
puisse ne pas leur reconnaître le même objet. 

C'est dans la collection de M. Legras que nous avons 
rencontré le plus ancien des méreaux dont nous voulons 
parler. 1] remonte facilement, pour le moins, à l'époque 
de Charles VI. Il est sans légende et présente, du côté prin- 
cipal, une croix longue, accostée d'un fer de lance et d’un 
clou, posés en pal. (Pl. XIX, fig. 6.) 

Dans un document du xiv° siècle, où il est question de 
la sainte Chapelle ', il est fait mention, parmi les reliques 
que l'on y conservait , de quelques-uns des instruments de 
la passion de Jésus-Christ : 


“ Sa croix, sa couronne et li cleu 
« Laiens sont mis en noble lien. + 


Ge passage suffirait pour expliquer la présence d'un des 
clous de la passion sur notre méreau, si l’on ne savait aussi 
que la sainte Chapelle portait trois clons sur ses armoiries *. 


‘ Pièce de vers remontant à 1325, publiée par M. Bordier dans les Églises et 
monastères de Puris. 

2 Nous devons cependant faire reraarquer que les elous de la Passion ne 
sont pas au numbre des reliques de la s1inte Chapelle le plus souvent citées 
pour leur célébrité. On n'en voit même figurer aucun comme faisant partie 
de son trésor dans les vingt-cinq qui étaient censés provenir de la vraie croix et 
qu’énumére Fontanini dans sa Dissertatio de Corond ferred. Rome, 1717. 





h92 MÉMOIRES 


Quant à la lance, un fragment en a toujours nommément été 
au nombre des reliques cédées par Baudouin de Courtenay 
à saint Louis, et déposées par celui-ci à la sainte Chapelle. 

La pièce dont nous venons d'examiner le type porte au 
revers le chiffre VI, formé au moyen de caractères remplis 
de hachures croisées, comme aux fig. 4 et 2. On doit 
croire qu'elle faisait partie d’une suite dont les autres 
chiffres restent à retrouver. Il en est de même du méreau 
suivant : 

+ CAPELLA:REGALIS. Croix à double traverse, accostée 
d'un fer de lance et d'un clou, posés en pal. 

R. Même légende, entourant le chiffre VI. (Pl. XIX, 
fig. 7.) 

Ce méreau, que nous pensons appartenir aux séries qui 
ont immédiatement précédé les émissions dont il est ques- 
tion dans l'acte de 1448 , est, dans l’état de nos connais- 
sances, celui qui présente le plus d’analogie avec le type 
des anciens sceaux de la sainte Chapelle, publiés par 
M. Douet d’Arcq ‘ et par M. Troche *. Comme sur les sceaux, 
la croix y est à double traverse * et accostée de reliques. 
Mais sur ceux-ci, où le champ est moins rétréci, la croix 
est entourée d'un plus grand nombre des instruments de la 
Passion, à savoir, de Ja lance, de l'éponge , de la couronne 
d’épines et de deux clous, sans compter cinq autres reliques, 
qui devaient sans doute , comme presque toutes celles dont 
il vient d'être question, faire partie des objets de dévotion 
donnés par Baudouin à saint Louis. 


1 Revue archéologique, 1848. 

? La sainte Chapelle de Paris, notice historique, 1854. 

3 Cette forme était également celle du reliquaire dans lequel était con- 
servée, à la sainte Chapelle, la portion la plus cousidérable du bois de la vraie 
eroix. 


ET DISSERTATIONS. 493 


L'acte de 1448 mentionne, pour l'usage des chanoines, 
et comme ayant en la pile «une croiz longue et à l'entour 
une couronne d’espines, » des méreaux aux chiffres Il, Il, 
VI, VII, VIN, X et XII. Nous n'avons encore rencontré 
aucun méreau de cette série aux chiffres IT, HI et VII. 
Voici la description des méreaux aux autres chiffres : 

4. + CAPELLA REGVALIS. Croix longue avec une con- 
ronne d’épines passée entre les branches. 

R. —+ PALACII PARISIENSIS. Le chiffre VI surmonté 
d'une couronne et entouré de trois fleurons. (Pl. XIX, 
fig. 8.) 

2. Exemplaire avec le chiffre VIII , au lieu du chiffre VI. 
(PI. XIX, fig. 9.) 

8. Autre avec le chiffre X. 

A. Autre avec le chiffre XII. (Pl. XIX, fig. 40.) 

Les méreaux au type général que nous venons de dé- 
crire nous paraissent avoir eu un cours trés-long. On en 
connaît des variétés de coins. M. Hucher’ en a publié une 
où le chiffre VI est accosté de deux couronnes, substituées 
aux fleurons qu'on remarque le plus ordinairement à la 
même place. M. d'Affry possède une variété du chiffre XII, 
sur laquelle ce chiffre n'est accosté d'aucun ornement. 

Pour ce qui concerne les méreaux des chapelains et 
clercs en usage en 1448, on voit, par l'acte que nous avons 
déjà si souvent cité, qu'ils avaient pour type une « cou- 
ronne de roy,» et qu'ils étaient de valeurs diverses, mal- 
heureusement non désignées, à l'exception de celles de 
quatre et de six deniers. Nous en avons retrouvé les deux 
exemplaires suivants, l’un de trois deniers et l’autre de 
quatre : 


L Recue numismatique, 1848, pl. XVI. 
1862 — 6, 34 


AOA __ MÉMOIRES 


4. Couronne royale. 

à. Le chiffre III entre deux lignes. Des rinceaux dans le 
champ. (PI. XX, fig. 11.) 

2. Pièce semblable à la précédente, sauf le chiffre, qui 
est TIT]. (Pl. XX, fig. 12. ) 

Nous considérerions encore volontiers comme ayant été 
frappée avant la fin du xv‘siécle, pour les chapelains et 
clercs, la piéce suivante , dont on retrouvera sans doute 
les analogues avec indication d autres valeurs. 

Le chiffre V entre deux filets, accompagné de fleurons 
ouvragés comme on en voit sur d'autres méreaux de la 
sainte Chapelle et de deux fleurs de lis, l’une au dessus, 
l'autre au-dessous. dont la première est couronnée. Ce type 
est répété des deux côtés de la pièce. (PI. XX, fig. 13.) 

L'ordre chronologique appelle de nouveau l'attention sur 
des méreaux faits pour le service des chanoines. Nous pen- 
sons qu'il s'agit cette fois de pièces de l'époque de Fran- 
çois I‘. Les coins du droit, où la légende est en caractères 
romains, ont seuls été gravés pour cette émission ; les 
revers sont encore à légende gothique, comme dans les 
émissions antérieures : 

4. +CAPELLA.REGALIS. Croix longue, ornée de la cou- 
ronne d’épines ; dans le champ, le chiffre X. 

KR. — PALACII. PARISIENSIS. Le chiffre X surmonté d’une 
couronne et accompagné de fleurons. 

2. Exemplaire ne différant guère du précédent que par 
le chiffre XII, qui remplace des ceux côtés le chiffre X. 
(PI, XX, fig. 14 ) 

On remarque que dans cette série, qui ne reste que trop 
à compléter, le chiffre de la valeur gravé au revers de 
chaque méreau est reproduit du côté de la croix. Cette 
innovation dans la disposition des méreaux aflectés à 


ET DISSERTATIONS. h95 


l'usage des chanoines avait évidemment pour objet d’ob- 
vier à l'inconvénient que présentait dans les séries pré- 
cédentes l'emploi, pour l'un des côtés, d’un coin commun 
aux méreaux des différentes valeurs, qui pouvaient ainsi 
être trop aisément confondus les uns avec les autres, et 
donner lieu à des erreurs de compte. 

Sous le règne de Charles IX, les méreaux de la sainte 
Chapelle furent encore une fois changés. De cette époque, 
ceux à l'usage des chanoines que nous avons jusqu'ici ren- 
contrés sont de sept valeurs différentes : 

4. CAPELLA REGALIS. Croix longue, ornée de la cou- 
ronne d'épines, et percée de trois clous à l'extrémité des 
bras et du pied. Dans le champ, le chiffre IIII et la date 
4570. 

À. PALACII PARISIENSIS. Le chiffre III, surmonté d’une 
couronne royale fermée: au-dessous, une fleur de lis‘. 
(PI. XX, fig. 15.) - 

2. Exemplaire avec le chiffre V, remplaçant des deux 
côtés le chiffre III], sans autre différence bien notable. 

3. Autre, avec le chiffre VI *. 

. Autre, avec le chiffre VIII. 

. Autre, avec le chiffre X. (PI. XX, fig. 46. ) 

. Autre, avec le chiffre XI. 

. Autre, avec le chiffre XII. (PI. XX, fig. 47.) 


GE 


1 Avec des clichés en étain de ce méreau de quatre deniers, des amateurs 
ont eu la malencontreuse idée, en grattant et enlevant en partie l'indication 
de la valeur, et en bronzant ensuite le métal, de s'amuser à simuler des mé- 
reaux de trois et de deux deniers Nous ne notons le fait que pour prévenir 
des méprises, et sans préjuger d’ailleurs la question de savoir s’il peut ou non 
exister des méreaux de trois et Ge deux deniers avec la date de 1570 parfaite- 
ment authentiques. 

2 Ce méreau a été publié par M. de Fontenay dans son Manvel de l'amateur 
de jetons. 


h96 MÉMOIRES 


Nous croyons, à cause de leur air de famille, de la sainte 
Chapelle et du mème temps que ceux dont il vient d’être 
immédiatement question , mais spéciaux aux chapelains et 
clercs, les méreaux dont nous donnons deux spécimens 
pl. XX, fig. 18 et 19. On y trouve l'indication de la va- 
leur, accompagnée , au-dessus, d'une couronne fermée, et 
d'une fleur de lis au-dessous. Le même type est répété 
des deux côtés. Nous connaissons de ces pièces aux chif- 
fres III, VI, VII, VII et VIII. 

Nous ne savons pas d'une manière bien exacte quand 
l'usage des méreaux a cessé à la sainte Chapelle; mais 
on peut croire qu'il était abandonné dès l’époque de 
Louis XIV, et que les présences ou les absences aux offices 
ne furent plus désormais constatées qu’au moyen d’un 
pointage ’. Les distributions elles-mêmes, qui avaient été 
en partie supprimées, ne furent rétablies qu'avec des mo- 
difications considérables dans leurs bases et dans leur taux *. 

La pièce qui termine nos planches (fig. 20) a moins les 
caractères d’un méreau que d'une médaille de dévotion ou 
d’un jeton capitulaire : 

_ O.CRVX.AVE.SPES. VNICA. Croix longue, aux branches 
terminées en fleurs de lis, et haussée sur trois degrés. 

à. O BONE. IESV. 1700. Clou posé en pal et entouré de la 
couronne d'épines. 

Les coins de cette pièce, dont il existe d'anciens exem- 
plaires en argent et un bien plus grand nombre en cuivre, 
sont encore conservés à la Monnaie de Paris. Elle a déjà été 
attribuée à la sainte Chapelle par M. de Fontenay, et nous 


4 Voir l'arrêt de règlement du 19 mui 1681, produit par Morand dans ses 


Preuves, p. 223 et suiv. 
* Voir le même arrêt de règlement de 1681 et celui du 28 janvier 1730. 


{ Morand, Preures, p. 230 et 231.) 


ET DISSERTATIONS. A97 


pensons que c’est avec toute raison, La croix fleurdelisée et 
haussée, que l’on trouve d’un côté, rappelle le dernier sceau 
de cet établissement tel que Morand l’a reproduit. Quant au 
type de la couronne d’épines entourant un clou mis en pal, 
il présente, avec les armoiries que la sainte Chapelle por- 
tait à cette époque, un rapport trop évident peur pouvoir 
être méconnu. 

Les collections particulières de Paris, riches en méreaux 
de la sainte Chapelle, sont, outre celle de M. Legras, 
dont les exemplaires ont servi à composer presque entière- 
ment nos planches, celles de M. d’Affry et de M. Duleau. 
Le n° 10, pl. XIX, fait partie de la collection de M. d'Affry. 
Les n° 7, pl. XIX, et 41, pl. XX, nous appartiennent. 


J. Rouyer. 


CHRONIQUE. 





COLLECTIONS DE M. LE DUC DE LUYNES. 


Le Morateur du 3 décembre annonçait que la Bibliothèque im- 
périale venait d’être autorisée par un décret rendu sur la propo- 
sition du ministre d’État, le 30 novembre 1862, à accepter le don 
que M. le duc de Luynes lui a fait de ses magnifiques collections. 

Il appartient à la Revue numismatique de rendre un hommage 
tout particulier à cette grande et patriotique générosité; c’est un 
devoir que nous accomplissons avec empressement. Jamais don 
pareil n’a été fait en France à une collection publique. Nous ne 
voulons en parler que sous le rapport scientifique; & ce point 
de vue, les collections de M. te duc de Luynes ont une valeur 
inappréciable ; il convient pourtant d’ajouter que l’importance 
de ce don, tout à fait exceptionnel, est portée, sans exagéra- 
tion, à environ deux millions de franes. 

M. le duc de Luynes est un des plus anciens et des plus sa- 
vants collaborateurs de notre recueil; nombre de ses articles 
ont été imprimés dans la Revue. Si ses collections sont célè- 
bres, son nom ne l’est pas moins, car ses travaux archéologi- 
ques l'ont placé au rang des premiers savants de l’Europe. 

Les collections de M. le duc de Luynes se composent, d’après 
la note du Moniteur, de 6,893 médailles antiques, 373 pierres 
gravées, camées et intailles, y compris les cylindres, les cônes et 
autres pierres de travail oriental, 188 bijoux d’or, 39 statuettes 
de bronze, 43 armures et armes antiques, 85 vases peints de tra- 
vail grec et étrusque et d’un grand nombre d’autres monuments 
de nature diverse. 

On sait avec quel goût et quelle rare intelligence ont été choi- 
sies et rassemblées les richesses archéologiques qui composent 


CHRONIQUE. h99 


les collections du donateur. La Revue doit se borner à signaler 
les suites monétaires, parmi lesquelles on remarque particulière- 
ment : 


4° Les médniltes de la Grande-Grèce et de la Sicile, suite ad- 
mirable tant par la beauté des types que par la conservation des 
pièces ; | 

2° Les médailles des rois grecs de Macédoine, de Thrace, de 
Syrie, du Pont, d'Égypte. Il y a dans cette série des pièces de Iv 
plus grande rareté ; 

3° Les séries à légendes phéniciennes, les rois d’Orient, les 
princes nabatéens ; 

4° Les monnaies cypriotes ; 

5° La suite gauloise. C’est la totalité de la collection de notre 
regrettable collaborateur M. le marquis de Lagoy. 


Les amis de la scienee se réjouissent de voir ces trésors con- 
servés à la France dans leur intégrité. Le Cabinet des médailles. 
qui à juste titre est regardé conrme la première collection nu- 
mismatique du monde entier, va s’enrichir d'une manière no- 
table par ce don. Puisse ce noble exemple avoir des imitateurs ! 
On n’aurait pas la douleur de voir des colleetions formées avec 
got et savoir dispersées après la mort de leurs possesseurs. 
Maïs à côté de la satisfaction qu’on éprouve en songeant à l’ave- 
nir des collections de M. le duc de Luynes, il y a des regrets 
qu’il me sera permis d'exprimer ici. Cet abandon de ses collec- 
tions ne peut-il pas faire craindre que l’illustre donateur ne re- 
nonce entièrement à des études si fécondes par les progrès 
qu’elles ont fait faire à la science, études auxquelles pendant 
plus de trente ans il a pris une part si active ? Espérons que ces 
suppositions seront démenties. 

Nous pensons faire une chose agréable aux lecteurs de la 
Revue en donnant ici les litres des travaux numismatiques publiés 
par M. le duc de Luynes; cette liste peut donner une idée de Futi- 
lité des collections recucillies par l’illustre ct éminent académi- 
cien; c’est la façon la plus positive et la plus éloquente de 


500 CHRONIQUE. 


montrer la fécondité de pareilles richesses, un grand nombre des 
médailles ayant été acquises dans le but exprès de préparer ces 
travaux. Cette liste d’ailleurs offrira d’autant plus d'intérêt que 
plusieurs de ces précieux ouvrages tirés à petit nombre sont in- 
trouvables dans le commerce. 

Métaponte. Paris, 1833, in-fol. — Études numismatiques sur _ 
le culte d’Hécate, 1835, in-4°. — Choix de médailles grecques, 
47 pl., 1840, in-fol. ?. — Æssai sur la numismatique des satra- 
pies et de la Phénicie, sous les rois Achæménides, 16 pl., 1846, 
in-4°. — Numismatique et inscriptions cypriotes, 12 pl., 1852, 
in-4. | 
Voici maintenant la liste des articles numismatiques-publiés 
par M. le duc de Luynes dans les deux recueils auxquels il a 
l’habitude de les adresser : les Annales de l’Institut de correspon- 
dance archéologique et la Revue numismatique. 


ANNALES DE L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE. 


1829, p. 150. Sur quelques médailles des Campaniens de 
Sicile. — 1830, p. 81. Du Démarétion. — P. 301. Compte rendu 
de l'ouvrage : Ancient coins of greek cities and kinys, by James 
Millingen. — P. 337. Médailles de Tarente relatives à Apollon 
Hyacinthien. — 4833, p. 4. Recherches sar la ville de Pandosia. 
— 4841 p. 129. Médailles inédites ?. — P. 296. Arsinoé Phila- 
delphe *. — 1855, p. 92. Recherches sur l'emplacement de 
l’ancienne ville de Motya. 


NouvaLLes ANNALES publiées par la section française de l’Institut 
archéologique. 
4837, p. 372. Monnaies incuses de la Grande-Grèce *. — 


1 Voir le compte rendu de cet ouvrage dans la Recue numism., 1840, 
p. 164. 

2 Compte rendu de cet article, Revue, numism., 1845, p. 396 et 463, et 1846, 
p. 61. ; 

2 Compte rendu, Recue numism., 1846, p. 67. 

+ Compte rendu, Rerue numism., 1844, p. 149. 


CHRONIQUE. | 501 


1838, p. 85. Mémoire sur l’ouvrage intitulé : Sylloge of ancient 
unedited coins of greek cities and kings de M. J. Millingen. 


REVUE NUMISMATIQUE. 


1838, p. 334. Remarques sur les symboles et les noms 
propres que l’on voit sur les drachmes de Dyrrachium. — 1840, 
p. 21. Médailles de Syracuse. — P. 85. Médailles d’Emporium. 
— 1843, p. 1. Numismatique de Syracuse, — 1845, p. 253. Mé- 
dailles inédites d’Amyntas roi de Galatie. — 1850, p. 309. Mé- 
dailles grecques. — 1858, p. 292 et 362. Monnaies des Naba- 
téens. — 1859, p. 322. Le nummus de Servius Tullius. 

Je ne parlerai pas ici des autres travaux de l’éminent académi- 
cien, de tant d’ouvrages historiques et archéologiques entrepris 
sous ses auspices. Je dois ajouter pourtant que c’est M. le duc 
de Luynes qui a signalé le premier les noms d’artistes qu’on lit 
sur quelques belles médailles grecques et entre autres ceux de 
Cimon et d’Evenéte qui ont gravé les magnifiques et incompa- 
rables médaillons de Syracuse '. J. ve Witte. 


L’Académie des Inscriptions et belles-letires de l'Institut im- 
périal de France, dans sa séance du vendredi 19 décembre, a 
élu correspondant, en remplacement de M. le baron Chaudruc 
de Crazannes. notre collaborateur M. C. Robert, intendant mili- 
taire de la cinquième division, à Metz. Tons les lecteurs de la 
Revue seront heureux avec nous de cette justice rendue à un 
numismatiste éprouvé, aussi distingué par son caractère que 
par son savoir. 


s Voir Raoul-Rochette , Lettre à M. le duc de Luynes sur les graveurs des 
monnaies grecques. Paris, 1831, in-4°. — On connaissait le nom de Nevantus 
sur les médailles de Cydonia de Crète. Eckhel, D. N., II, p. 308. 


TABLE 


MÉTHODIQUE DES MATIÈRES 


CONTENUES 


DANS LA REVUE NUMISMATIQUE. 


ANNÉE 1862. 
NOUVELLE SERIE. TOME SEPTIÈME. 
NUMISMATIQUE ANCIENNE. 


Médailles des Peupies, Viltes et Bois. 


Lettres à M. de Longpérier sur la numismatique 
gauloise, par F. pe Sautcy. XIV. Trouvaille de 


Chantenay (pl. 1)... . .. . . . . .. 1—31, 
— XV. Monnaies des Lixoviates (pl. vi). . . .. 
— XVI. Votomapatis, roi des Nitiobriges. . . . . 


Distatère d’or de Philippe IT, roi de Macédoine, par 
Fr. Lenonmant ( vignette). . . . . . . . . . . .. 
Médailles inédites frappées par Démétrius I™ Soter, 
avec les noms de deux villes de Syrie, par Fru- 
ARDENT (vignettes). . ... ........... 
Tétradrachme inédit de Ptolémée Philadelphe, par 


Anneaux et rouelles des Gaulois, 157-164. — Médaille à la 
légende KAA€TEAONT, 164-166. — Monnaies de plomb gallo- 


89—103 
477—189 
325— 330 


397—401 


190—196 


331 — 333 


TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


romaines, 167-170 (vignette). — Monnaies grecques ayant 
pour type le signe Taw, 301-305. — Médailles grecques trou- 
vées à Zougra en Achaïe, 170-171. — Monnaies d’or d’Aga- 
thocle, d'argent de Larissa de Thessalie, de bronze de Meli- 


bœa, d'Ægosthènes, de Cyaneæ, 171.— Plombs d’Adana, d'une — 


darique, d’Himera ou d'Hadria du Picenum, de l'Afrique, 
407—416, pl. XV. n® 3, 4,5 et 6. 


Médaities romaines. 


De quelques médailles de Marcus Vipsanius Agrippa, 
par Adr. de LoncPéRIER. . . . . . . . . . .. . 

Médailles romaines , par J. de Wirre. Agrippa et 
Auguste, Vespasien, Hadrien et Ælius César, 
Faustine la jeune, Caracalla (pl. m). . 

Essai sur les médailles autonomes romaines de l’é- 
poque impériale, par le duc ne Bracas (pl. vit, vin. 
ixetx). . . . . .. ce . 

Médailles de Cologne (Colonia Agrippinensis , F par 
J. de Wrrrs (vignettes). . . . . . . . . . . .. . 

Notice sur quelques plombs antiques, par R. Gar- 
Rucci ( pl. xv et xvi). set wee ec ee 

Lettre de M. L. de la Saussaye a M. Adrien de 
Longpérier sur un monument numismatique iné- 
dit du règne des empereurs Dioclétien et Maxi- 
mien (vignette), ... ............. 
Monnaies autonomes romaines de l’époque impériale , 387- 

394 (vignettes). — Médailles impériales (Néron, Clodius Macer, 

Galba, Vitellius, Vespasien, Domitien, Trajan, Hadrien, Ælius 

César, Antonin le Pieux, Faustine mère, Marc-Aurèle), 

70-82, 306-315. — Monnaies de Clodius Macer, 224-225. — 

Monnaies d’or romaines trouvées à Pourville ( Seine-Infé- 


rieare ) ( Valentinien Ie, Valens, Théodose, Arcadius, Hono- 
rius), 171-172, — Monnaics byzantines, 316—318. 


503 


J2— 40 


104—112 


197—234 


4i— 50 


402—425 


426—431 


504 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


NUMISMATIQUE DU MOYEN AGE. 


Mennaies françaises. 


PREMIÈRE RACE. 


Description des monnaies mérovingiennes du Li- 
mousin, par Max. Derocue. X. Arnac-Pompa- 
dour, Yssandon, Rivisum, Seilhac, Turenne, 
Beynat, Espagnac, Vallière, Blon, Novic ou 
Nouic, Montignac, Nouhant, Ajain, Fursac, Bril- 
lac, BonϾil, Rouffiac, Bar, Chateau-Ponsat, Ey- 
JAUX. sos... 


— XI. Limoges, Nouïc ou Novic, Cissac, Choiss, 
Glanne ou Glény, Salagnac, Berchat ou Bersac, 
Uzerche, Argentat, Montceix, Nontron, Pau- 
liac, Pageas (pf. xvi), 6 . . . . . : . : . ... 


Monnaies mérovingiennes, 51-52, pl. II, n° }; 279, pl. XI, 
n° 1; 384-336, pl. XII, n° 1, 2, 3. 


SECONDE RACE. 


Notice sur diverses monnaies du viu* au xv° sièclé, 
par Fevarpent. (Pépin, Charlemagne , Louis le 
Débonnaire, Lothaire, Robert.) (pl. 1, n° 2, 3, 


TROISIÈME RACE: 


Monnaie de Charles VIII frappée à Marseille, pat 
Fernand Maur ( vignette). . re 
Deuxième lettre de M. Ch, Robert à M. Adr. de 
Longpérier sur des collections d’Italie (Louis À Xl, 
Francois I**) { vignettes). . . . . . . . . . . :. 
Monnaies de Philippe I*t et d'Henri Ie", 338, 347, pl. XII, 
n° 13. — Dénéraux du xin° siècle, 113-116 ( vignettes). — 


Essai de monnaie ou piéfort de Charles VIT, 60-62, pl. 11, n° 11. 
— Monnaies de Louis XI, Charles VIII, Louis XII, 283-291, 


235—274 


432—430 


51— 62 


275—278 


63— 69 


TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


pl. XI, ne° 7, 8, 9, 10. — Monnaies d'or de Louis XII, Fran- 
çois Ie”, Charles 1X, trouvées à Candecôte ( Seine-Inférieure), 
324. — Teston de Charles IX, 376-382, pl. XIV, n° 8. 


Monnaies provinciales. 


Quelques monnaies rares ou inédites de la biblio- 
thèque de Marseille et de la collection de M. le 
comte de Clapiers, par A. Canrentin (pl. x1). . . 

Lettre de M. le baron de Kæhne à M. A. de Long- 
périer sur quelques monnaies françaises rares ou 
inédites (pl. xu). . sos. 

Essai sur l’histoire monétaire des comtes de Flandre 
de la maison de Bourgogne et description de leurs 
monnaies d’or et d'argent, par L. Deschamps px Pas. 
IT. Philippe le Bon (suite) (pl. w)...... 

—IV. Charles le Téméraire (pl. xm)... . . . . . 

— V. Marie (pl. xuu). ............. 

Notice sur quelques monnaies et méreaux de Bar, 
de Lorraine et de Champagne, par Léon Maxe- 
Wencr (pl. v)........... ss... 
Denier de Mirecourt, 83-87 (vignette). — Numismatique bé- 


thunoise, 318-322 — Numismatique de Cambrai, 383-386. — 
Monnaie de Guillaume IJ, sire de Vierzon, 375, pl. XIV, n°7. 


Monnaies étrangères. 


Monnayeurs français dans la Grande-Bretagne aux 

xu* et xiu* siècles, par Adrien de LonGPÉRIER. . . 
Monnaies du moyen âge inédites , par Anatole de 

BanTHÉéLemMY | pl. xiv). . . . . . . . sé... 

Monnaies des rois longbards Astelfe et Didier, 55-57, pl. I!, 
n° 4 et 5. — D’Edouard III et de Henri V, rois d'Angleterre, 
58-60, pl. II, n°° 9 et 10. — De Louis XII et de Frunçois 1°" 
frappées à Milan, 63-69, vignettes. — Monnaies d'or de Fer- 
dinand V et d'Isabelle, de Jeanne et Cliarles, de Charles-Quint, 
de Philippe II, de Jean IT] et de Sébastien I* de Portugal , de 


505 


279—29 | 


334 — 350 


417—143 
334—365 
460— 480 


144-156 


292 — 300 


366—382 


506 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


Mathias Corvin, d’Alphonse [*" et d'Hercule II, ducs de Fer- 
rare, de Genève, trouvées à Caudecdte | Seine-Inférieure ), 824, 
— Histoire métallique des Pays Bas, 87-88. — Besançon et 
Riga, 172-174, 


Poids, Méreaux et Jetons. 


Sur deux dénéraux du xm‘ siècte , par Ed. Lawsen? 


(vignettes), 2... ewe ee we ee ee eee 


Méreaux de la Sainte-Chapelle, par J. Rovyer 
(pl. xixetxx). 2... ee ee ee 
Méreaux de Reims, 155-156, pl. V, ne* 9 et 10. — Méreaux 

des corperations de métiers, 174-176. — Histoire sigillaire de la 

ville de Saint-Ouen, 88. — Sceaux et bulles conservés dans les 


archives des Bouches du Rhône, 88. — Méreaux de Béthune, 
318-322. 


RULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 


Des anneaux et des rouelles, antique monnaie des 
Gaulois. Notice par le comte Hippolyte de Wi- 
dranges, et note sur la médaille à la légende 
KAA€T€AOY. ( Article de M. E. Hucmern). . . . .. 

Examen des monnaies grecques ayant pour type le 
signe Tau, par Ludwig Müller. ( Article de 
M. Apr. DE LONGPÉRIER.). . . . . . . . . . . . 

Description historique des monnaies frappées sous 
l'empire romain, par M. Henry Cohen. (Articles 
de M. l’abbé Cavepom.) . . . . . . .. 70—82, 

Description générale des monnaies byzantines frap- 
pées sous les empereurs d’Orient, par J. Sabatier. 


(Article de M. Anatotg pg BARTHÉLENMY. ). . . . . 
Numismatique béthunoise, par L. Dancoisne. (Ar- 
ticle de M. J. Rouxer.). .. . . . .. . .. . .. 


Numismatique de Cambrai, par Ch. Robert {article 
de M. A. de Banréceuy). .. .... ... 2 


143—116 


481—497 


437 —166 
301—308 
306—315 


316—318 
318—322 


383 —386 


TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 


CHRONIQUE. 


Prix de numismatique. . . .. . . . . . . . . .. 
Collections de M. le duc de Luynes. (J. W.). . .. 
Lettre à M. de Witte sur une monnaie de plomb 
gallo-romaine, par M. Gustave d’Amicount (vign.). 
Collection nationale des médailles à Athènes. (J. W.) 
Monnaies d'or romaines trouvées à Pourville, près 
de Dieppe (Seine-Inférieure). (J. W. ). 
Monnaies autonomes romaines de l’époque impériale 
(vignettes) (duc de Bracas, C. Cavænoni). . . . 
Rectification numismatique. Besançon et Riga. 
(A. L.).. 
Lettre de M. Laprevote à M. Ch. “Robert sur un de- 
nier de Mirecourt (vignette). . . . . . . . . . . 
Découverte de monnaies d’or du xvi* siècle dans la 
chapelle de Caudecôte, près Dieppe. (J. W.). . . 
Continuation de l’ouvrage de Van Loon, Histoire 
métallique- des Pays-Bas. . . . . . . . . . . . . 
Histoire sigillaire de la ville de Saint-Omer, par 
Louis DescHamps De Pas. . . . . . .. . . . . .. 
Iconographie des sceaux et builes conservés dans 
les archives des Bouches-du-Rhône, par Biancarp. 
Méreaux des corporations de inétiers. (A. L.). .. 
M. Ch. Robert nommé correspondant de Académie 
des Inscriptions et belles-lettres.. . . . . . . .. 


NÉCROLOGIE. 
Le baron Chaudrue de Erazannes. (A. L.). . . .. 


387 
498—501 


167—170 
470—174 


471—172 


387—394 


472—174 


83 — 87 


323—324 


87— 88 


88 


88 
474—176 


DOr 


394 — 396 


ERRATA 


DE LA REVUE NUMISMATIQUE. 





Page 41, ligne 11, trente-six ans, lises trente-sept ans. 
— 81, — 13, La disputo de Palla, lisez de Pallas. 
— M1, — 8, 13, 20, pl. V, lisez pl. IV. 
"— 204, — 9 et suivantes, rétablisses ainsi : 
1.0.M.CAPIPOLINVS. Jupiter assis à gauche dans un temple à deux co- 
lennes et tenant un foudre et un sceptre. AR. 
Poids, Vienne, 95,46, et pièce fourrée; — ma collection, pièce fourrés. 
12. — Pièce semblable avec ].0.MAX, au revers. AR. (Cohen, Vitellius, 
n° 103). 
Poids, France, 35,25, 35,37 ; — Londres, 35,62; — Berlin, 35",32; — Co— 
penhague, 35,10. 
Page 216, ligne 12, debout à gauche, lisez marchant à droite, 





Paris. — imprimé par E. Tauxor et C*, rue Racine, 26 


1862. = REVUE NUMISMATIQUE PLI 





Z Dardel dal et re Pare. Imp J Chardco ane . 


GAUL@JSES, TROUVAILLE DE CHANTENAY 


882 REVUE NUMISMATIQUE PL I 












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Det re. Faris op F Charon au. 


DU VIDE SIÈCLE AU XYE 


PL.IIL. 


NUMISMATIQUE 


REVUE 


1852 

















1852 . REVUE NUMISMATIQUE PL.IV. 











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FLANORE: MAISON DE BOURGOGNE. 








REVUE NUMISMATIQUE 














DA! A UNE 


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REVUE NUMISMATIQUE PL VI 

















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LOXOVIATES 





862 REVUE NUMISMATIQUE PL.VIL 














362 REVUE NUMISMATIQUE DL VIL 





Dardel del et se. Imp F. Chardon wae. 


AUTONOMES ROMAINES 


REVUE NUMISMATIQUE PL.IX 


1852. 
















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AUTONOMES ROMAINES 


369 REVUE NUMISMATIQUE PLE 





AUTONOMES ROMAINES 








REVUE NUMISMATIQUE 











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PROVENCE, SIGILES 


PL. XI, 


REVUE NUMISMATIQUE 


1852 





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MONNAIES FRANCAISES 


1862 REVUE NUMISMATIQUE PL XL. 














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FLANDRE. MAISON DE BOURGOGNE. 


REVUE NUMISMATIQUE 











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1862 REVUE NUMISMATIQUE PLE 

















AUTONOMES ROMAINES 





1852 REVUE NU 





ISMATIQUE 




















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PROVENCE, SIGILES 


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1862 REVUE NUMISMATIQUE PL. XML 

















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NONNAIES FRANCAISES 


1862 REVUE NUMISMATIQUE PL XL. 








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FLANDRE. MAISON DE BOURGOGNE. 


502 REVUE NUMISMATIQUE 


PL XIV 
















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Paris Imp F Chanton gine 


MISSELLANÉES 


1862 REVUE NUMISMATIQUE PL. XV. 

















A7 770 : Fine InpP Chardon eae 


PLOMBS ANTIQUES 


1862 REVUE NUMISMATIQUE PL. XVI. 





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PLOW BS ANTIQUES 


1862. REVUE NUMISMATIQUE PL XVI 





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MONNAIES DU LIMOUSIN 





1852 REVUE NUMISMATIQUE PL. XVII. 

















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FLANDRE: MAISON DE BOURGOGNE 














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REVUE NUMISMATIQUE 

















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